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IX de la Fraternité Polaire
NUMÉRO 1
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PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
M A R S -A V R IL
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*B O N N E M E N TS ANNUELS
1938
( France et Colonies . . . .
3 3 fr,
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Adresser la correspondance au
‘ TARIAT GÉNÉRAL DE LA FRATERNITÉ POLAIRE, 36, Avenue Junot, PARIS (18*)
C . C . P O S T A U X l P A R IS 1 9 5 1 -8 B .
n u mér o
1
la Fraternité
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
MARS-AVRIL 1938
( France et Colonies . . . .
3 3 fr.
;
ABONNEMENTS ANNUELS j Unjon posfa|e ................ 3 6 fr.
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V
Adresser la correspondance au
"i ÎIARIAT GÉNÉRAL DE LA FRATERNITÉ POLAIRE. 34. Av.ru. Jurol, PARIS (18 I
c . C . P O ST A U X « P A R I S 1 9 5 1 -8 5 .
RÈGLE
POLAIRE
I. • La Groupe Polaire a pour but suprême la Fraternité Univer
selle. Il est essentiellement adogmatique et apolitique.
II. - La Fraternité Polaire est établie au-dessus de toute passion
religieuse, politique ou sociale. Les mots « Frère » et
« Sœur » doivent véritablement correspondre à un état
d'âme.
III. - La Fraternité Polaire ne peut servir de tremplin à aucune am
bition personnelle. Un Polaire ne doit jamais oublier qu il
a des devoirs à remplir envers ses Sœurs et Frères, e t non
point des droits égoïstes à taire valoir puisque, seuls, les
besoins de ses frères les hommes constituent pour lui un
droit sacré.
IV. - Le Polaire doit mettre la fraternité en pratique par un sacri
fice constant, c'est-à-dire par une lutte continuelle contre
son propre égoïsme. Il doit préparer les mentalités pour
l'application du principe Polaire, posant formellement qu'un
minimum doit être assuré à chaque homme pour lui garan
tir la possibilité de vivre son existence terrestre. C e mini
mum doit être un droit et non une charité.
V. - La Vérité étant
laires doivent
de l'Egoïsme.
consolation là
dans l'Esprit de la Fraternité Pure, les Po
porter la Lumière là où sont les Ténèbres
Ils doivent porter la parole fraternelle de
où. est la douleur.
VI. - Le Polaire doit mener une vie sobre, moralement saine. Il
doit respecter la Femme. Il doit aide e t protection à l'En
fant.
VII. • Le Polaire ne doit pas oublier que les animaux sont ses frères
inférieurs.
V III. - Le devoir absolu du Polaire est d'aider à la propagation de
l'Idée Polaire par la pensée, par la parole, par l'action.
IX. - La Fraternité Polaire est contre toute violence. Elle veut la
Paix sur terre sous le signe de la Justice pour tous les peu
ples, car les Polaires sont non seulement les fils affectueux
du pays où ils sont nés, mais ils sont aussi les Citoyens du
Monde.
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TiU t-.s l ut NUAliUNH
An IX de la Fraternité Polaire
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>luméro 1
L
LES CAHIERS
DE
LA
FRATERNITÉ POLAIRE
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
M A R S -A V R IL
1938
La Fratern ité Polaire es{ essentiellement adogviatlque.
Elle ne saurait donc prendre parti pour ou contre les idées et théories
développées dan s les articles publiés dans ces Cahiers, articles dont le»
auteurs gardent l’entière responsabilité.
La Fr at er n it é Polaire
prend ce nom du fa it que, de tout
.
temps, la Montagne Sacrée, c'est-àdire
l'emplacement
symbolique
des
Centres Initiatiques, a toujours été qua
lifiée de « polaire » par les différentes
-
traditions. Et il se peut fo rt bien que
c e tte
M ontagne
a it été
réellement
« polaire » au sens géographique du
m ot —
puisqu'il est affirm é partout
que la Tradition boréale — ou Tradition
Primordiale, source de toutes les Tra
ditions, — eut to u t d'abord son siège
dans les régions hyperboréennes.
•
Adresser la correspondance au
SECRETARIAT GENERAL DE LA FRATERNITE POLAIRE
36, Avenue Junot, Paris (I8 ‘)
C.C. Postaux : Paris 1951-85
— 3 —
A NOS AMIS, A NOS FRÈRES
'abonnement de l'an n ée dern ière s'e st terminé avec le
N° 6 d e Jan v ier-Fév rier 1938. Si, au cours de cette
année écoulée, quelque omission s'est produite dans
l'envoi de notre bulletin, nous serons très reconnaissants à
nos lecteurs de bien vouloir nous en informer, nous leur
adresserons immédiatement les numéros mentionnés.
Ces Cahiers de Mars-Avril 1938 commencent le nouvel
abonnement et ouvrent la neuvième année Polaire. Q u e dire
à nos Amis, à nos Frères, à tous nos Lecteurs, sinon toujours
cette même chose concernant la multiplication de nos
abonnements, la propagation de notre revue fraternelle,
pour l'extension du Mouvement Polaire !
Aujourd'hui, si ce n'était le lien qu'ils maintiennent e t
renforcent entre nous, si ce n'était l'ordre supérieur que
nous avons de les faire paraître ainsi — puisqu'ils sont tou
jours l'écho de la « Voix qui crie dans le désert » pour
sauver ceux qui veulent encore l'être — nos Cahiers pour
raient cesser d'exister dans leur présente form e d'appel !...
Car l'enseignement fut donné aux hommes de notre ère il
y aura bientôt deux mille ans. Tout fut redit maintes fois
depuis lors ; nos Cahiers, à nouveau, ont répété l'enseigne
ment, montré la voie simple du véritable amour, annoncé la
venue de l'Esprit, préparé les âmes au monde qui va
naître !...
Pour chaque période importante de la vie des hommes,
des époques sont prévues, fixant le dernier term e de c e tte
période. En ce qui nous concerne, nous sommes près de
l'une de ces dates.
Mais l'ère de l'appel ne dure pas toujours ! Elle se clôt
— pour un Temps — de même que l'ère de la G râ c e,
lorsque nous parvenons à un achèvement e t que la sélec
tion s'accomplit.
De tout notre fraternel amour pour les êtres, nous sou
haitons, qu'à travers nos Cahiers, beaucoup comprennent
pendant qu'il en est encore l'heure !
L
LE DIRECTEUR DES C A H IE R S .
4
PAROLES D'UN SAGE D'OCCIDENT1’
Q
ue la nouvelle année Polaire soit féconde pour l’ini
tiation de celui qui aspire à pénétrer plus profon
dément au cœur de la Lumière I L’enfantement se
fa it dans la douleur, et les épreuves de l’Initiation antique
sont le symbole des épreuves physiques et morales que doit
supporter vaillamment le néophyte avant de parvenir à la
Maîtrise.
L’initiation véritable fa it gravir à l’être les degrés succes
sifs qui l’élèvenf au-dessus du croyant intransigeant et
sectaire, seulement confiné dans les dogmes et les rites de
sa propre religion ; et à chacun de ces degrés l’adepte
réalise la synthèse — toujours plus parfaite — des diverses
religions qui, bien que marchant par des chemins différents,
visent cependant à un unique but.
Je ne verrais pour ma part qu'avec le plus grand respect
e t ne consentirais pas, par exemple, à reléguer au fond d'un
tiro ir le buste de Bouddha ; la Connaissance nous apprenant
à vénérer tous les cultes dont les objets garnissent la table
au moment de l'évocation consciente.
La voie de l'initiation est partout pour les yeux de
l'Esprit, pour les yeux dessillés, ouverts à la Connaissance !
Elle est dans la sagesse des maîtres de l'Orient, dans la
prodigieuse science de l'Egypte, symbolisée, matérialisée
— pourrait-on dire — dans ses monumentales construc
tions. Elle est dans les merveilleux Vers Dorés de Pythagore
qui re tra ça it la route plusieurs siècles avant que Jésus ne
paraisse. Elle est to u t entière dans l'Evangile, cette sublime
Révélation donnée pour tous les hommes. Elle est vivante
parm i nous, dans toute la création, pour ceux qui savent
vo ir ! ■
Mais le néophyte qui croirait entrer de plain-pied dans
le Temple sans subir des secousses, sans souffrir, sans éprou
ver un peu des amertumes du Maître au Jardin des Oliviers,
se tro m p e ra it lourdement.
( 1) Fragm en ts tirés de la correspondance d’un membre Polaire.
—5—
'
Jésus lui-même, le Grand Initié, n'a-t-il pas subi les chocs
les plus terribles ? Ne s'y est-il pas soumis ? N'a-t-il pas
donné ouvertement aux hommes la preuve de cette soumis
sion depuis la marche triomphale du Jour des Rameaux
jusqu'au Golgotha ! Il n'a rien écrit, mais ses paroles et ses
actes nous indiquent toujours la voie pure et glorieuse :
Amour et Sacrifice ! de son enseignement initiatique.
Vous savez que tout s'accorde à la sincérité, à l'humilité,
à la bonté ; ainsi, tou t être qui recherche la Lumière et la
Vérité, qui arrive jusque sur les parvis du Temple, d o it avoir
assez de foi pour en faire ouvrir les Portes ! Mais soyons
prudents. Prométhée n'a:t-il pas été enchaîné à son rocher
sanglant pour avoir ravi le feu du ciel !
Formons autour de nous cette « aura » protectrice qui
nous préservera contre toutes les attaques et les tentations
de l'Hostile dans notre vie terrestre et, plus encore, au
moment de notre désintégration. Créons-la, cette aura, par
nos belles pensées, par notre culture intellectuelle et morale,
par notre culture artistique qui affine nos sens et leur per
met d'entrer plus facilement en astral.
Dans l'invisible, il n'y a pas que des forces et des esprits
de lumière mais aussi des forces mauvaises, parfois très
puissantes ; il y a donc avantage, je dirais même « néces
sité », à constituer également sa « chaîne en astral » pour
être préservés contre les éléments contraires et les défail
lances qui nous assaillent, au cours de la vie. Il nous faut
apprendre aussi que les batailles de la Conscience doivent
être gagnées par celle-ci, que les premières sont les plus
dures et que, de la volonté, levier qui remue le monde,
dépendent l'accroissement ou l'extinction de l'Etincelle
divine en nous.
La Conscience, que nous possédons touà, se développe
ou s'émousse en raison directe de notre volonté. La pre
mière fois où nous nous laissons aller à des choses incorreçtes, elle proteste violemment, mais si nous persévérons
dans le mal, ses protestations deviennent de plus en plus
faibles, pour disparaître ensuite complètement.
Au contraire, si nous obéissons totalem ent à notre
conscience, il nous devient impossible de com mettre des
actes blessant seulement une fibre de notre sensibilité supé-
— 6—
rieure. C 'est ainsi, du reste, que l’on constitue « i’aura p ro
tectrice » dont je parlais tout à l'heure, qui nous défendra
et sera comme la Lumière où viendra se briser la fureur
des papillons du mal. « Celui qui est affamé de justice en
sera rassasié ! » En effet, il ne nous servira de rien, dans
l'invisible, d ’être habile, fortuné, dissimulé... nous ferons
partie de la catégorie que nous aurons choisie dans notre
vie terrestre par nos pensées et nos actes, et rien ne pourra
nous faire planer dans une sphère supérieure si nous n'y
sommes pas préparés. L'initié lui-même peut, parfois,
s'élever durant sa vie vers un plan très nettement supérieur
dont il entrevoit la beauté, mais il ne peut pas toujours s’y
maintenir malgré ses désirs, parce que sa pensée n'est pas
suffisamment évoluée !...
Je crois que nous n'obéissons jamais assez à nos voix
intérieures. Cultivons donc notre « moi » véritable, il sera,
tom m e notre conscience, plus puissant à mesure que nous
lui obéirons davantage, et nous retrouverons un peu de ce
sens in tu itif qui a été en partie perdu, et qui sera rendu
dans sa plénitude à la Restitution !
« Evidemment, si nous étions plus parfaits — me disait
un sage ami — nous ne serions pas sur cette terre, cette
planète étant une planète inférieure, et il est bien d ifficile
(à p a rt quelques êtres) d'arriver à une grande perfection
dans le cours d'une existence... »
Mais faisons appel avec foi aux forces puissantes et bien
faisantes ; les Maîtres de l'invisible, dont nous demandons
parfois le secours dans les circonstances périlleuses de notre
existence, nous perm ettront de franchir cette période
redoutable qui se nomme : la « Transition ».
Ayons confiance ! Essayons de corriger autant que nous
le pouvons les imperfections de notre nature, afin d'aider
au triom phe des forces morales et spirituelles de vie sur les
puissances de ténèbre et de mort, afin de nous élever vers
la Lumière Intégrale !
Ah ! que le champ est vaste et que la récompense est
belle pour le cœ ur simple et pur qui peut « savoir » !
J'ai repris fortem ent contact avec cette simplicité de la
terre, grande nourricière du corps, régulatrice de la pensée
saine et forte, do nt les effluves vivifient. Rien n'est aussi
si ap aisan ts cour nos âmes inqu r^Tr^v AT
aucvr ses
c>ac rviâûîÊS
c^c ^rr>r!P v,(
avec
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a o èn éirer ie m ystère * calme, silencieuse,
j
*ans precloltatlon, a ie a o lt patiem m ent, sans arrêt. M ême
Lhlxer, où eJJe para?! sommeiller, elle p rép aré une vie ncuvefe. La ieoenoe d ’A n tée e st etem eJiem ent vraie.
J ’aî ■terminé mes travaux cham pêtres en o 'a n ta n t des
arbres fruitiers, e t le n aurais pas fa it honneur a !a Science
Véritable, ni suivi !a Tradition, sî le n avais prononcé, en les
arrosant, Quelques paroles rîtu e:!es : « Q u e le soleil te pro
digue ses rayons vivifiants, que la te rre féco n d é te p e rm e tte
d e donner d e beaux fruits, source d e vie, d e santé, d e
bonheur pour les hommes d e bonne volonté e t d e paix, e t
■que les M aîtres invisibles te g ard e n t I »
La paix am ène la paix, la violence c rée une a u tre vio
lence. Les em blèm es d e haine, d e violence, a ttire n t les
puissances du mal, d e la discorde, qui sont souvent à l'ori
gine d e nos souffrances. Vénérons les symboles d e paix en
nous en entourant, ils a ttire n t près d e nous ces M aîtres
spirituels qui nous p ro tè g en t.
J e souhaite q u e le mauvais disciple soit toujours éloigné
d e votre C e n tre Fraternel. Au bon disciple, à celui qui e s t
rempli d e bonne volonté, d e foi ard en te, l’avenir don n era
les plus belles joies, les satisfactions les plus élevées, il le
dédom m agera d e ses effo rts courageux en l'a id a n t à a tte in
d re e t à réaliser v o tre noble Idéal Polaire, to u t d 'A m o u r, d e
Paix e t d e Beauté !
S. M.
8
L'HOMM E
VÉRITABLE
ut-il jam ais une période de 1 histoire du monde où l'homme
se soit demandé, avec autant d'angoisse qu'aujourd'hui, en
présence des menaces qui l'assaillent de toutes parts : « Où
donc allons-nous ? Qu'allons-nous donc devenir ? ».
Car , manifestement, tout s écroule autour de nous. Tous les prin
cipes qui, jusqu’ici, serv aient de base à notre civilisation occidentale,
s effondrent les uns après les autres. Les traditions les plus respec
tables, celles de la famille, celles de la cité, celles de la patrie,
celles de l'humanité, sont moquées, bafouées, vilipendées ! L’autorité,
condition indispensable de toute vie sociale organisée, est partout
| audacieusement tenue en échec par ceux-là qui s’y trouvent naturel
lement subordonnés !
P artou t s'affich e l’impudente prétention de s’imposer soi-même
à autrui, san s égard aux préceptes les plus élémentaires de la charité,
sinon de la simple équité. Et partout aussi les déchaînements de
la h ain e, les appétits brutaux cyniquement étalés, l’aveu bestial que
seules, désormais, sont appréciées les concupiscences de la matière !
O r, cette méconnaissance flagrante de leurs devoirs essentiels par
les collectivités humaines résulte, à n’en pas douter, de ce que les
hommes, pris individuellement, ont oublié — chacun en ce qui le
concerne — l'impérieuse nécessité de satisfaire aux obligations
qu'exige la dignité humaine. Affirmons donc avec hardiesse que la
loi divine est violée le plus souvent par nos frères les hommes,
parce que, la transgressan t, ils « ne savent vraiment pas ce qu’ils
font ». Ils le sauraient, ils le comprendraient, s'ils -savaient ce
qu’ils sont en vérité, c'est-à-riire ce qu'est : « l’Homme Véritable » !
San s doute, le sujet n’est pas nouveau. Toutes les philosophies,
toutes les métaph ysiques en ont disserté. Toutes les religions proposent
leur Credo explicatif de cette formidable énigme, que la Sagesse
an tique gravait au fronton des temples : « Connais-toi toi-même et
tu con n aîtras tous les Dieux ». c’est-à-dire les vérités transcendantes
de l’Un ivers.
Q u e disent don c, sur cette question d importance capitale, les
religions et les philosophies ? Pour le catholicisme, l'homme unit
en lui un corps et une âme, tous deux promis finalement, par la
résurrection, à l'immortalité. El il faut dire que cette conception,
agrégée à tout un ensemble de préceptes s'appliquan t à toutes
F
circonstances de la vie, de la naissance à la mort, constitue un
admirable code de vie morale, et un merveilleux instrument d ’édifi
cation spirituelle.
Toutefois, cette vue sommaire d ’un homme « duel » n ’était pas
celle de Sain t-P au l, qui savait que l’homme est triple : à la fois
corps, âme et esprit. Il n ’en est pas moins vrai que le cath olique
sincère peut se satisfaire de l’affirmation dogmatique qui lui est
faite sur la nature de l’homme, parce qu’elle s’accom pagn e de tout
le rayonnement spirituel émané de la figure sublime du Christ
Rédempteur !
M ais, que doit penser à cet égard le non-chrétien, le non-catho
lique, et aussi ceux-là mêmes — très nombreux — nés dan s la
gran de religion de l’Occident, mais dont la foi s’est émoussée, dont
la croyance est ébranlée ?
Accepteront-ils la thèse, dogmatique également, m ais entièrement
dépourvue de toute infrastructure morale, des doctrines matérialistes
en honneur tout au long du X I X e siècle, et qui le sont h élas ! trop
encore aujourd’hui ?
Q u ’est cette thèse ? On pourrait la croire issue de la fam euse
réflexion de Clau d e Bern ard : « Je n ’ai jam ais trouvé l’âm e sous
mon scalpel ! » L a science expérimentale, surtout depuis l’époque
romantique, rejette à priori comme inexistant tout ce qui éch appe
à l’investigation permise p ar les procédés de laboratoire.
Le « fait moral », le « fait intellectuel », tous les phénomènes
dont l’âme est le siège sont, au x yeux de cette science, des m an i
festations consécutives au fait matériel, au fait ph ysique, seules
réalités dan s l’Univers. Ain si, la pensée ne sera plus considérée que
sous l’aspect d ’une « secrétion cérébrale » ! L a théorie évolutionniste
de Darw in fortifie, du moins apparemmen t, cette « explication »
matérialiste du Cosmos, qui sert de base à une philosoph ie pure
ment déterministe d ’où toute liberté humaine est nécessairement
exclue.
Il va san s dire que cette esquisse sommaire ne peut nous faire
oublier, qu ’en marge de ces deux pôles extrêmes de la conception
de la nature de l’homme, gravitent un gran d nombre de systèmes
pouvant être considérés comme des transitions possibles entre le
matérialisme scientifique et le spiritualisme à b ase religieuse. M ais
ces doctrines sont accueillies par des cercles intellectuels dont le
rayonnement est trop limité pour exercer une influence appréciable
sur les foules, aussi ne nous y arrêterons-nous pas.
N ’y a-t-il donc p as une autre thèse, moins simpliste que celle
offerte par la religion, plus capab le par là de recueillir l’attention
des esprits, si nombreux, qui aspirent à conn aître la vérité, cap a- •
— 10 —
ble aussi de concilier dan s une synthèse supérieure les vérités
spirituelles religieuses, et les doctrines les plus h autes proposées par
la recherche scientifique ?
Assurém en t, cette thèse existe ! E.st-il besoin d’indiquer que,
non plus, elle n’est p as nouvelle ? Beaucoup la connaissent, qui
en ont éprouvé eux-mêmes l’absolue réalité, ou l’ont étudiée dan s
les traités d ’occultisme, tous con cordants quan t à l’essentiel. Q u ’il
s’agisse, en effet, de la Sagesse antique enseignée d an s les mystères
égyptien s ou orph iques, d e la Gn ose des Kabb alistes et des RoseCroix, ou d e celle de nos modernes théosophes, l’explication de
l’H om m e, don n ée p ar ces diverses bran ch es de l’Un ique En sei
gnement prim ordial, est partout et toujours la même !
L ’homme est une étincelle spirituelle, issue de l’inconcevable
divin, qui doit parven ir au terme d’une prodigieuse évolution, à
réaliser une parfaite soi-conscience dan s tous les plan s de l’Univers !
Il dispose, pour atteindre à ce but sublime, d’un ensemble de
vêtements, ou corps, qui peuvent être ramenés à trois (bien qu’ils
soient sept en réalité). Ce sont les véhicules physique, astral (ou du
désir), et mental (ou de la pen sée). Cette triple enveloppe de
l’Esprit p ar aît coïncider avec la surface du corps physique.
Effectivem en t, les deux corps supérieurs interpénètrent intime
ment les cellules de notre organisme physique, mais la vision clair
voyante permet de distinguer, par leurs formes et leurs couleurs
propres, les diverses au r as qui marquent à l’extérieur la limite péri
phérique atteinte par les corps astral et mental. Il ne saurait être
question d ’entrer dan s de longs développements sur les caractéristiques
et les attributs, fort nombreux et complexes, de chacun de ces
véhicules. Il y fau drait des volumes qui, d ’ailleurs, existent, et que
ch acun peut aisément se procurer.
Il ne s’agit ici que d ’une succinte an alyse ayan t pour objet de
montrer qu e l’H om m e Véritable, l’Ego pensant et libre, peut et doit,
6*il veut se conformer à la Loi universelle — expression de la
volonté divine — se servir de ses divers véhicules en vue de son
enrichissement spirituel et ne jam ais, p ar conséquent, se laisser asser
vir p ar eux.
L a tâch e ainsi en visagée n’est p as aisée, nous nous en doutons
bien. Ch acu n de ces véhicules, mis à la disposition de l’Ego,
tend naturellement à vivre d ’une vie non seulement indépendante,
mais aussi tyran n ique à l’égard des autres et à l’égard de l’Esprit.
Celui-ci doit lutter san s cesse pour imposer sa loi à des serviteurs
toujours prêts à l’insubordination, et qu’il faut contraindre à colla
borer harmonieusement pour le succès final de l’Œ uvre divine en
nou» I Cette tâche paraîtra plu» facile si nou» n om souvenons du
rôle imparti, par ta nature même, a ch acun de no* véhicule*.
A ppelé, au stade actuel de l’évolution, â agir sur le plan
physique, l’Ego utilité un Corpt m atériel qui le met en relation a v<v;
le monde extérieur par tet organ e» tcntuclt. A fin que le* connaît~
tance» ainti obtenuet soient Je* plut nom breutet et le* plut variée*,
l'Ego doit veiller tan t cette (comme un bon cav alier fait de
ta m onture) h ce que ton corpt phy tique rec/jive une alim entation
taine, et pratique une hygiène susceptible de leur conserver le
plut longtcm pt pottible le m axim um de vigueur et d ’élasticité.
JLe corjtt attral (ou du détir) a pour objet de rapporter â I I,go
le» imprettiont captéet par le* organ et ten tuelt, et de Je» trarnm uer
en tentation» agréablet ou pénible». Il ett au **i le véhicule et le
milieu où naittent le» émotion» et le» sentiments. M oin » dév eloppé,
au point de la courlje évolutive où nou» »om m e», que Je corp*
phytique, il tera, a une époque prodigieusem ent éloign ée, le véhicule
le plu» inférieur de l’Ego, et nou» perm ettra al or» de rapporter â
notre « moi 3» lupérieur, en pleine conscien ce, le» im prettion t du
m onde attral où nou» vivront, et dont il ne nou» e»t p at po**ibJe d 'en
trevoir toute la fabuleute richesse.
Notre corpt attral »e « nourrit » de no» ten tation * et de no*
tentiment», com m e le corpt ph y tique te nourrit de Y alim en tation
tirée du m onde phy tique am bian t. JLa « »an té » d e notre corp*
attral dépend, en conséquence, de la <c qualité » bon ne ou m au
vaise de* sensation» et émotion» que l’E go est *u*ceptibJe de Jui
fournir ou d ’accepter. Si nou» voulons nou» con form er a la Lo i divine,
nou* veilleront avec un soin jalou x â la qualité d e* impressions, de*
tentiment» et de» ém otion* qui ton t, répétons-le, Ja nourriture de
l’âm e, du corps attral.
il en est de même, enfin, pour le corps men tal ou corp* d e no»
pensées. Em bry on n aire chez la plupart d e* homme», m ai» appelé
au plu* m erveilleux épanouissement, il a pour fonction d ’élaborer,
sur le» données transmise» p ar le corp» astral, les pen sées con crètes
perm ettant la com préhension, l'intelligence rationn elle des ph én o
mènes du monde sensible.
En association avec Je* réactions affectives du corp* du désir, il
peut se nourrir de pensée» ou idée» vraie» ou fau sses, bon n e* ou
mauvaises, resplendissante* ou hideuses, selon l'u sage que l'E g o veut
faire de ce magnifique instrument I O n acceptera plus aisém en t la
nécessité de contrôler les corp* astral et mental si l'on sait — et cette
notion surprend toujours un peu les profan e» — que le» émotion s et
le* pensée* sont, au sens plein du terme, de véritable» être» vivan t»
dont l'existence, après leur création en nous et p ar nous, se poursuit
— 12
in dependan te (Juin \e% région» corre»pon daniex d e* plan * »»lraJ es
mental. fcuçt y agissent en cw ilw n it/' de» loi* un ivcriellc* d'attraction
ef 'Je répulsion, s'agrégean t a leurs sembla bJe* (d'ots Je» fvgr égoresj,
entrant en lutte féroce ayec leur* an tagon iste*, Jyrurt effet» continuent
donc d'influencer le» être» et Je» ch ose* 'Je» plan * invi*ible», et auvti
le* véhicule» invisible* qui sont en n 'en le» intfrument* 'Je J'f >go.
N oublion* donc jarn ai* qu'un ls/n xenUmenl., une bonne pensée,
continuent Jongterop* leu< action bienfai*an*e (d'ou efficacité 'Je»
prier ex ferventet) ; mai* songeon* au»*i tan t cesse aux re*pon*abihté»
que nout eneouron», du fait de mauvais sentiment* et de m auvaise*
pensée*, IJ devient facile al"r t de comprendre tout le ten t de
l'apostrophe de Jé»u * ; * Celui qui convoite la femme de ton pro
chain a déjà cornrni» l'adultère dan» ton cœur ».
J elle» «ont, schématiquement présentée*, le» n '/ion » élémentaire*
qui »e rapportent â l'H om m e Véritable, et dont la connaissance doit
pouvoir être utilisée pour notre perfectionnement individuel, P lu *
gran d *era le nombre de ceux qui Je* accepteront sincèrement, plus
gran de* deviendront le» ch an ce* d ’une rénovation gériérale de rwXre
pauvre humanité.
Parm i Je* bon s ouvrier* qui s'adonnent de tout cceur â la plus
urgente et la plus sacrée des tâch es, nous savon * que nos très chier»
Frère* et Soïu r* Polaire» sont et demeurent, sou* le «gn e p r l e c
teur de l’Etoile, semblable» à ce* ouvrier» que Jésu s en voyait à
la première heure d an * *a vigne, m ai* qui ne réclament d'autre
salaire que le bonheur de s'employer au service de* homme*, pour
la plus gran de gloire de Dieu !
TAM AR.
V J /S Y /U
S J S / 'J J /
y / JJ J / 7 /
LE SENS DE LA LIBERTÉ
A
VANT d'entrer dans ce sajet si épineux, si riche en difficultés,"
fl faut nous faire une idée claire de ce que nous entendons
par le mot Liberté !
Il y a d'abord la liberté de choisir entre le bien et le mal. Il y a
ensuite la liberté qui sous-entend que nous ne sommes sujets a aucune
force ou volonté autre que la nôtre, c’est-à-dire que nous pouvons
toutes choses que nous voulons. La première liberté est uniquement
morale. La seconde embrasse notre vie entière. Or, fl est certain que
dans le dernier sens du mot nous ne sommes pas libres, et celui qui
nie la liberté de l’homme en pensant a cette liberté complète et
suprême a raison de le faire.
Ce n’est donc pas de cette liberté-là que je veux parler aujourd’hui,
liberté que l’homme pourra peut-être acquérir un jour, mais qui reste
un sujet de spéculation hypothétique de l’avenir. C’est la liberté
morale qui sera le sujet de ma causerie d’aujourd’hui.
Existe-t-elle ? Et s’il est vrai qu’elle existe, a-t-elle des limites, ou
bien s'étend-elle à tous les hommes et à toutes les circonstances de
la vie ? Si je réponds à ma première question de façon affirmative,
fl s’agit de trouver une conciliation entre la prédestination que sem
ble nous révéler la clairvoyance et la possibilité de choisir entre deux
actes également possibles. Et en répondant à ma deuxième question,
il faudra que je m’efforce cTétablir l’équilibre entre les limitations qui
sont imposées, même à la liberté morale, par les circonstances m até
rielles de la vie, et cette liberté morale elle-même.
D ’abord, la liberté existe-t-elle t Peut-on prouver que nous som
mes libres ? Que nous dit la science à ce sujet ? Ces dernières ques
tions se rattachent de façon immédiate à la précédente : la liberté
existe-t-elle ? Or, prouver son existence de façon purement scientifi
que et empirique, nous ne le pouvons pas. Si elle existe, c’est dan s
une sphère ou les instruments de précision et d ’an alyse ne peuvent
pas pénétrer.
M ais fl n’est p as davan tage possible de prouver que l’homme est
une machine déterminée, qu’il n’est possible de prouver qu’il est libre.
Lorsqu’il t'agit de liberté matérielle, la question appartient à notre
monde physique et le problème peut se résoudre. M ais lorsqu’il
s’agit de liberté morale, de lutte intérieure, de conflits de conscience,
les hommes de science qui nient cette liberté ont beau nous dire que
fl) Z xtn .lt» d’une conférence faite par l’auteur au Centre Polaire de Ge
nève.
— 14
tel acte est la conséquence nécessaire et prédéterminée de telle cir
constance de la vie, ils sont incapables de prouver que le résultat
n’aurait p a s pu être différent. C ar ils ne peuvent pas prédire la dé
termination qu’un homme prendra» avec la même certitude avec
laquelle ils prédisent le déroulement d’une expérimentation physique.
Les actes vraim ent libres et imprévisibles ne sont pas très nom
breux, Je préciserai leurs qualificatifs tout a l’heure. Il est donc assez
naturel que la science de quelques hommes fasse confusion entre ces
actes vraim ent libres et les actes innombrables que nous croyons être
libres et qui ne le sont pas. A y a n t découvert que nous nous faisons
illusion en de nombreuses circonstances, ils veulent étendre le déter
minisme à notre vie entière. H érédité, influences diverses, conditions
physiques ou morales seraient les guides réels de notre vie et de
toutes nos actions- Ils adm ettront que l’erreur dans la prédiction d’un
acte est toujours possible, mais ils attribueront cette possibilité à
la subtilité, à l’enchevêtrement inextricable des causes multiples qui
agissent sim ultaném ent sur l’homme, et affirmeront encore que la plus
forte l’em portera toujours !
M a is ce n ’est là q u ’un e h ypoth èse. L ’im puissan ce de prédire avec
certitude reste, p a r elle-m êm e, un e preuve d e l’impuissan ce de prou
ver n otre prédestin ation p a r ces m oyen s-là, ou même de distinguer
d an s un act e exactem en t prévu : s’il est vraiment le résultat des
cau ses su p p osées ou le résu ltat d e la libre volonté.
L a Scien ce M ét ap sy ch iqu e, que certain s de vous connaissent
certain em en t, se b ase sur un e autre raison extrêmement intéressante
pour affir m er la prédéterm in ation des actes humains.
L e D O st i, d an s un article paru il y a quelque temps dan s la
R e çu e M ét ap sy ch iq u e, p ar le de la liberté p ar rapport à la clair
voyan ce. A u m oyen d ’une suite d ’études et d e notes qui s’étendent
sur plusieurs an n ées, il montre comment un clairvoyan t extraordin ai
rement dou é a pu prédire des événements ju squ ’à dix an s à l’avan ce,
événements com plètem en t imprévisibles p ar le mode de déduction
usuel. Le D r O sti con clut, de ces preuves évidentes de connaissance
de l’aven ir, qu e l’h om m e doit être une entité spirituelle, mais aussi
une entité don t les actes son t prédéterminés puisqu’ils sont prévisibles
par la clairvoyan ce.
Le EX O sti con clut égalem en t, de ses études entièrement scientifi
ques de la clair voyan ce, que le clairvoyan t lit Fa venu dan s l’esprit
de celui qui le con sulte et que, p ar conséquent, ch aque homme doit
connaître son propre aven ir dan s une sphère de Fam é impénétrable
à notre con scien ce h abituelle ; une sphère avec laquelle le clair
voyant peut pren dre con tact, et qui se révéle même quelquefois
à l’homme ordin aire d ’une façon voilée, sous la forme de pressenti
ments, de rêves prémon itoires, etc...
Ce qui nous intéresse est donc de savoir si vraiment la prémoni
tion entraîne la négation de la liberté des actes humains. L a réponse
m’apparaît comme affirmative et négative à la fois. N os actions
seraient prédéterminées... oui. M ais ce serait une prédétermination
libre, prédétermination due à notre propre choix et volonté. En effet,
les études indiquées ci-dessous soulignent que l’aven ir se lit dans
l’âme du consultant, que c’est celui-ci qui sait son propre avenir,
et que le clairvoyant n’a pas d ’autre moyen de le con n aître que celui
de puiser dans ces régions de la supra-conscience h umain e. Vous,
moi, nous tous nous savons donc notre avenir. D an s une sphère de
la conscience que nous ne pouvons habituellement attein dre, le pré
sent et l’avenir se rejoignent en un point. D an s cette région il n’y a
pas de temps, il n’y a qu’un perpétuel présent. L a conscien ce supra
normale est en cela semblable à la conscience que nous attribuons
à Dieu.
Vous pouvez me faire l’objection : « Comment est-il possible de
savoir sans avoir conscience de son savoir ? » M ais con sidérez donc
le cas de l’hypnotisé qui, à son réveil, ne sait rien de ce qu ’il a dit,
fait et su pendant son sommeil hypnotique. Il y a bien là un exem
ple frappant de la possibilité de la co-existence de deu x consciences
dan s une même personne, consciences hermétiquement closes l’une
à l'autre. Si donc nous acceptons cette explication , et si d an s une
sphère retirée de l’âme l’avenir est présent, il s’agit de savoir si, en
conséquence, une nécessité s’impose de nier la liberté h umain e. Il sem
blerait que non.
Dan s le domaine de la supra-conscience tout doit se p asser comme
les choses se passent lorsqu’une tentation (dont les circon stan ces m até
rielles ne se réaliseront que plus tar d) nous est vivement présente
aujourd’hui, et que nous luttons au jou rd’hui même pour arriver à
une décision qui n’affectera que le lendemain. D an s ces circon stan ces
il est évident que la liberté entre en jeu maintenant, que la décision
de demain est prise à l'instant même où le com bat intérieur se dé
roule, et que l’acte futur dépendra de l’attitude adoptée au jou r
d'hui.
O r, si tout l’avenir, avec ses tentations, est présent à l’homme au
moment où la prédétermination de son existence a lieu, c’est à ce
moment-là aussi qu’on pourrait placer la pleine respon sabilité de tous
les actes qui, ensuite, se dérouleraient dan s le temps ; actes qui alors
seraient prédéterminés, mais prédéterminés p ar nous-mêmes, actes
accomplis dan s ce cas librement puisque c’est nous-mêmes qui les
aurions choisis et voulus.
Ce que je viens d ’exposer n’est cependan t qu’une h ypothèse et
non p as une preuve de notre liberté. Ce n’est qu’une affirm ation de
sa possibilité. M ais peut-on aller plus loin et prouver quelque ch ose
— 16 —
j
de positif ? Malheureusement, les essais faits pour prouver la liberté
ne sont p as plus concluants que les essais contraires..., tout au moins
tant qu’ils restent dan s le plan de la science pure.
M ais il y a en nous autre chose que ce qui se prête aux examens
microscopiques, il y a en nous tout un monde dont nous-mêmes per
cevons l’existence, mais qui échappe aux analyses de la physique.
Nous sentons que nous sommes libres, nous sentons la lutte, la ten
tation, la culpabilité. Les psychologues matérialistes ont sans doute
nombre d ’explications à nous donner sur l’origine de ces sentiments ;
mais, d ’un côté, leurs explications ne donnent aucune preuve abso
lue et, d ’un autre côté, ces sentiments de lutte, de faute, de responsa
bilité, affirment avec ténacité que nous savons que nous sommes li
bres, quoiqu’en disent les savants. Il nous est même psychologique
ment impossible d ’agir avec persévérance comme si nous ne l’étions
pas.
Cela parait être un argument bien pauvre. M ais l’est-il vraiment ?
Lorsque nous voulons nous renseigner sur la couleur d ’un objet,
est-ce que nous nous servons de l’oreille pour le faire ? Et si nous
voulons ju ger de la qualité du son d ’un instrument, est-ce aux yeux
que nous avon s recours ? Ch aque sens n’est-il pas le meilleur juge
dan s son propre domaine ? Et le sens de la liberté ne serait-il pas,
peut-être, le juge le plus sûr de cette question tant discutée ?
L a liberté appartien t à l’âme spirituelle, donc à une sphère qui
n’est p as destinée au x explorations de la science matérielle. Nous
pouvons, il est vrai, faire nos déductions de l’examen des manifes
tations de l’âm e, mais nous ne pouvons pas examiner scientifique
ment l’âme elle-même. C ’est à l’âme qu’il convient de s’examiner,
de se connaître, et de comparer le résultat de ces observations intros
pectives avec celles de la science, de chercher un équilibre de juge
ment qui ne soit au détriment ni de l’un, ni de l’autre. Je ne parle
pas en ce moment, bien entendu, du point de vue de l’homme de
science qui ne doit p as sortir du cercle étroit des méthodes unique
ment scientifiques tant qu’il veut parler le lan gage de ses confrères.
Je parle du point de vue de l’homme comme être humain qui cher
che la vérité sur sa destinée et le sens de la vie, et qui ne doit pas
se contenter d ’une seule source ou d ’une seule méthode de connaître.
Essayon s maintenir d ’établir jusqu’à quel point, de quelle façon
nous sommes libres, et si la liberté est capable de se développer. Exa
minons, par exemple, une journée quelconque de notre vie : on se
lève à telle heure, on accomplit tels travaux, on prend ses repas à
un moment fixe, etc. Tous ces actes-là sont-ils libres ? D ’un certain
point de vue, oui ! D ’un autre point de vue, non ! Certes, on pour
rait ne p as les accomplir, mais sans une intervention exceptionnelle,
l’homme suit son train-train ordinaire, de sorte qu’il est extrêmement
— 17 —
'S S S S * S S y
é v /s </
v:
facile de prévoir et de déterminer comment il agira à ch aque mo
ment de la journée.
Dan s une telle journée il n’y au ra peut-être p as une seule action
que je qualifierai de libre de fait, quoique toutes le sont peut-être
potentiellement. Car tous les actes énumérés se sont déroulés avec
la régularité et l’infaillibilité que nous retrouvons dan s le monde des
causes et effets de la science naturelle. L a liberté n ’intervient pas.
Pour que la liberté intervienne, il faudrait qu’il y ait lutte ou con s
cience. C ’est dan s la lutte que la liberté est le plus sensible, m ais elle
n ’est cependant p as une condition indispensable. O n peut aussi
accomplir des actes faciles avec une volonté ferme et un but déter
miné, c ’est-à-dire avec conscience de ce que l’on fait. M ais combien
d ’entre nous dirigent leur vie au lieu de la subir ? Bien peu, san s
doute !
C ’est pourquoi j ’ai dit que les actes vraiment libres sont rares, et
c ’est pourquoi le philosophe matérialiste, qui préten d que tout est
déterminé dan s la vie et que nos actions ne sont qu’une relation de
cause et d ’effet, ne se trompe pas en ce qui concerne un gr an d
nombre des actions humaines. Cela n ’empêche p as que nous avon s
cependant le pouvoir de résister à l’automatisme et de rendre ces
actions libres p ar la pensée dont nous les animerons, et p ar la vo
lonté qui les ordonnera.
M ais notre liberté a des limites. L ’homme peut-il, en effet, tou
jours résister à la tentation de faire ce qu ’il considère comme étan t
mal ? L ’humanité a l’h abitude d ’agir comme si la réponse était in va
riablement affirmative, car elle est sévère dan s les jugem en ts qu ’elle
porte sur ses semblables.
Cepen dan t, si nous voulions appliquer au x autres la même mesure
que nous appliquon s à nous-mêmes, il faudrait reconnaître q u ’il y a
des limites à notre possibilité d ’action ou de résistance. Cette limite
est différente pour chacun. D ’abord tous les êtres n ’ont p as un e vo
lonté également forte ; ensuite ch aque homme a son caractère pro
pre, ses penchants bons ou m auvais desquels dépendent la qu alité
et le degré de sa liberté. Tou t le monde n’a p as le cou rage du m ar
tyr, ni celui de vivre la vie d ’un anach orète, même si au plu s pro
fond de l’âm e on se croyait appelé à ces choses !
J ’ai pris là des exemples extrêmes pour démontrer qu ’il y a des
limites à notre liberté, et j ’ajoute que tous les degrés de liberté ou
d ’esclavage de l’âm e s’échelonnent, depuis ces cas extraordin aires,
ju squ ’à l’exemple de l’ivrogne qui ne peut résister à sa bouteille.
Le s uns abusent de leur faiblesse en déclaran t impossible même ce
qui ne l’est p as. Les autres sont les victimes de dram es intérieurs ter
ribles, se croyan t appelés à ce qui est au-dessus de leur force m orale,
et pen san t être en faute où ils sont irresponsables. L ’homme doit
— 18 —
donc apprendre à être patient, juste et sincère envers soi-même et
envers les autres, il doit tendre toujours au maximum de ses possibi
lités, car nous allons le voir plus loin, la liberté est susceptible de
développement.
Si nous ne pouvons pas toujours résister à la tentation, nous ne
pouvons pas non plus toujours agir avec une volonté consciente. Vou
loir toujours avec motif et conscience exigerait de nous une vie de
concentration continuelle. Il y a eu des saints, sans doute, dont tous
les actes étaient libres puisque jam ais ils ne perdaient de vue le but
qu’ils s’étaient posé, et que chaque action de leur vie, loin d’être
une réaction automatique à cause physique, était dirigée par eux di
rectement vers une fin supérieure et voulue, avec toute la force de
leur âme. M ais pour le commun des mortels, il y a toujours un grand
nombre d ’actes qui se déclenchent avec une régularité automatique,
et il faut arriver à remplacer ces réactions automatiques physiques
par une obéissance automatique aux ordres de l’esprit.
J ’ai dit que notre but devait être librement choisi, et voici que nous
touchons à la question : Même nos actions volontaires et conscientes
sont-elles libres entièrement ? C ’est-à-dire libres dans le choix du but
proposé ? Car nos actions conscientes dépendent de notre pensée, et
notre pensée est-elle bien libre ? Pensons-nous vraiment ce que nous
voulons et comme nous voulons ? Les savants matérialistes disent
que non ! C ’est même le principal argument dont ils se servent pour
nier la liberté. Tou t en ne niant point que la pensée dicte l’action,
aussi souvent peut-être qu’une cause matérielle, ils ajoutent cepen
dant que la pen sée elle-même est dictée par la lecture, les conver
sations et les influences si diverses de la vie. Et, sans doute, sont-ils
encore portés à généraliser ce qui si souvent est la vérité ! Il n’y a,
en effet, qu ’un petit nombre d ’entre nous qui ne suit pas le sentier
des préjugés, de l’autorité, de la dogmatique, de l’éducation, en
somme d ’un enseignement qui est imposé au lieu d’être librement
choisi et voulu.
Il fau t don c que ce soit notre individualité, notre « moi », qui
volontairement accepte une vérité et s’adonne à un idéal. Pour faci
liter la compréhension de cette pensée, considérons, je vous prie,
la différence qu ’il y a entre une foi passivement acceptée telle, par
exemple, qu ’elle est acceptée dan s l’enfance, et une foi vécue telle
qu’elle l’a été p ar les saints. O u bien la différence qu’il y a entre
un idéal que nous poursuivons p ar conviction logique et un idéal qui
nous est si foncièrement propre, qu’aucun raisonnement ne pourra
jam ais nous en détourner. D an s le premier cas nous sommes à la
merci des circonstan ces de la vie. Dan s le second cas c’est nousmêmes, notre « moi » individuel et propre, qui est devenu le guide
de notre existence...,' et nous sommes vraiment libres. La raison de
— 19 —
nos actions a sa source dès lors dans le Moi supérieur et intuitif...,
elle n’est plus dictée et imposée de l’extérieur ou par l’homme physi
que.
Les hommes, en majorité, non seulement agissent, mais aussi pen
sent comme des machines, au lieu de vivre comme des êtres libres.
Mais qu’on me comprenne bien : ce n’est pas la conformité d ’un
choix, ou d ’une idée, avec la tradition, ou l’éducation reçue, qui
l’empêche d ’être libre !
La liberté d ’un choix ou d ’une idée consiste dan s son mobile, et
dépend de ce dernier suivant qu’il a son origine dan s des circons
tances extérieures au Moi ou non. Beaucoup de nos actions sont,
en réalité, un mélange où s’enchevêtrent le libre et le non-libre ; à
leur choix doit présider le Moi supérieur et libre qui, seul, n’est p as
esclave du désir et de la crainte, mais qui est la spontanéité, l’origi
nalité mêmes, et le divin dans l’homme. Car nous avon s bien cons
cience qu’il y a deux êtres en nous : l’an ge et la bête, et que c ’est
entre ces deux êtres que l’âme spirituelle se débat !
Voyons maintenant si cette liberté que nous avons ne serait p as
susceptible de progrès ? Si elle peut grandir, si elle peut reculer les
frontières de ses possibilités actuelles, et en quoi consisterait son évo
lution achevée ? Cette liberté complète ne représenterait-elle p as alors
la perfection de l’homme ? Dès lors le but, la fin de notre vie, ne
serait-ce pas de tendre vers l’acquisition de cette liberté par faite ?
S ’il en était ainsi, le moral et l’immoral prendraient un sens n ou
veau. Tout ce qui conduirait à la liberté serait moral. Tou t ce qui
entraverait son évolution serait immoral. Cette conception de la liberté
donnerait ainsi son sens à la vie. Celle-ci nous aurait été donnée
pour que nous la domptions, pour que, p ar elle et p ar notre victoire
sur elle, nous devenions son maître, et pour que, soumise à l’homme,
celui-ci la soumette à son Moi libre et divin !
L ’homme entièrement libre ce serait le surhomme de Nietzsch e,
l’homme dont la nature n’oppose plus d'obstacles à l’écoulement et
à l’activité de la vie supérieure qui est en lui. Ce serait l’homme uni
au M oi supérieur qui, dorénavant, dicterait et réglerait ses action s !
Cet avenir serait l'accomplissement de la transformation du n aturel
en surnaturel. La lutte des deux forces opposées en nous se serait
résolue dan s l’union. La vie spirituelle supérieure régnerait partout,
les divisions, les défaites, les conflits auraient cessé. Le triomphe de
la liberté, c’est la victoire de l'Esprit, c’est la liberté des en fan ts de
Dieu dont parle l’écriture sainte !
L ’idéal de la liberté complète ne serait donc p as une chimère,
même si son avènement est peut-être encore lointain. C ’est un idéal
pour lequel nous pouvons et devons travailler, idéal qui non seule-
— 20 —
ment sera notre perfection achevée, mais aussi notre puissance, notre
bonheur complet et indestructible.
La liberté achevée et parfaite est un des nombreux aspects de la
sainteté. 11 n’y a que l’homme libre qui puisse ainsi dicter, diriger
et modérer ses actions. La liberté parfaite comporte donc aussi la
sainteté ! Du coup j ’élève la liberté à une hauteur et dans une sphère
où nos esprits ont peine à suivre. Car la sainteté est l’œuvre de la
vie de Dieu en nous, et pour comprendre la liberté telle que je la
conçois il faut, par conséquent, remonter jusqu’à Dieu !
Dieu est amour. Dieu est aussi liberté. Liberté et amour dan s
la sphère de l’être simple se rejoignent donc et ne font plus qu’un.
Liberté et amour dan s l’homme complètement évolué se rejoignent
aussi, et ne feront plus qu’un ! L ’amour véritablement désintéressé
est san s motif ; dès que le motif intervient, le désintéressement de
vient impossible, puisque l’homme ne peut pas avoir d ’autre motif
que lui-même. D e même, la liberté véritable est sans motif. Dès que
le motif intervient, la liberté cesse d ’être libre. L a liberté donc, comme
l’amour, est une impulsion, une force spontanée, une vie indépen
dan te et propre.
P a r là se justifie la conduite de l’homme qui n’obéit plus à la rai
son, m ais à lui-même, à l’inspiration qui lui vient de son Moi supé
rieur, à la facu lté intuitive qui appartien t à l’âme, et qui est au-des
sus de la raison , puisqu’elle vient d ’une région inaccessible au déter
minisme d e la matière. L ’amour, la liberté et la foi se rejoignent et
s’unissent en une seule expression : « Je veux parce que je veux ! »
M ais... comment y parven ir ? L a libération de la crainte et du
désir prépareron t à cette communication avec le plan spirituel, car
lorsqu’il n ’y a plus de motifs et influences extérieurs, l’homme devient
plus apte à percevoir les volontés du M oi divin.
Je n’oublie p as en disan t cela que l’intuition peut tromper ou, plu
tôt, elle n ous trompe parce que nous croyons à une inspiration ou à
une con n aissan ce d ’ordre supra-normal, lorsqu’il s’agit seulement
d ’une activité subconsciente qui dépen d entièrement du moi physi
que. M ais il existe un juste milieu entre vouloir suivre toujours et
absolumen t les données de la raison, et vouloir toujours se baser sur
ce que l’on appellera, souvent à tort, l’intuition.
C ’est pourquoi, dan s nos efforts actuels, il faudrait plutôt tendre
à enlever les obstacles que de vouloir prématurément prétendre à
une commun ication avec l’esprit — qui n’est point encore établie —
mais qui se développera san s doute à mesure que nous arriverons à
lui soumettre notre personnalité physique. Nous arriverons ainsi au
premier degré de la liberté. Ce premier degré pourra ouvrir la porte
au secon d degré, à celui de la communication intuitive avec l’esprit.
E t peut-être existe-t-il un troisième degré de liberté qui don n era
— 21 —
à l’homme la maîtrise physique des forces de la nature ! Le s miracle»!
des Saints, les pouvoirs supra-normaux des Yogis In dien s, le» (j0n|l
mystérieux des médiums, l’influence surprenante de la pensée 8Ur
la santé que nous enseigne la médecine moderne, tout cela nous fait
pressentir que les pouvoirs potentiels de l’esprit doivent s’étendre bien
au delà de ce que nous imaginons.
Peut-être que ma méfiance vis-à-vis d ’une dictature de la raison
semble mal fondée à quelques-uns d ’entre vous. M ais n’est-il pas
vrai qu’elle nous trompe aussi bien que nos intuitions ? Le s données,
les vérités de la raison ne changent-elles pas ch aque siècle ? Il ne faut
sans doute pas mépriser la raison, mais il fau t recon n aître ses limi
tes, et le savoir idéal est celui qui puise au x deux sources de la raison
et de l’intuition. La dernière doit inspirer la première, et la première
doit exprimer la seconde.
Il n’est pas facile d ’appliquer à la vie pratique la conception du
moral et de la perfection comme étant identique avec le « libre ».
Peut-être même que des efforts en ce sens vous paraissen t, non seule
ment difficiles, mais légèrement absurdes du moment que nos actes
sont déjà déterminés ? Et pourtant ce déterminisme est un mystère
qui ne devrait jam ais entraver la lutte pour le Bien . C a r si la liberté
existe de la manière dont je l’ai supposé, il fau t accepter san s com
prendre les deux vérités inconciliables selon lesquelles pour le M oi
terrestre, le temps s’écoule et les événements se succèden t, tan dis que,
pour le Moi spirituel, il y a un présent perpétuel. Ce mystère fait
pendant au mystère de la prédestination et du libre arbitre qui préoc
cupe la Th éologie Chrétienne. L ’application du principe n’est p as
absurde, mais il est vrai qu’elle est difficile.
Cepen dan t, dan s ce Centre Polaire, ce qui nous occupe ce n'est
p as tel ou tel moyen particulier, mais la fin elle-même. Ce que nous
voulons, c’est éveiller dan s le cœur des hommes le désir de cette fin
et susciter l’effort pour y parvenir. L ’Idéal P olaire, c'est la fraternité
universelle, c’est donc le règne de l’amour. Et le règne de l’am our
c’est le règne de la liberté !
Nos pensées d ’amour et de liberté feront naître dan s d ’autres âm es
des aspirations semblables, car il y a solidarité spirituelle comme
il y a solidarité matérielle entre les hommes, et personne ne traverse
la vie san s laisser — 1 partout où il a passé — une trace de son être
sur tout ce qui l’entoure. Q ue la beauté, la gran deur de notre but,
nous portent à y tendre avec toujours plus de ténacité et que, tou
jours plus, nous ouvrions nos cœurs au M oi qui est Am ou r et Li
berté l
J. R I C K E - H I D D I N G R
— 22
LA
VIE
POLAIRE
PARTIE CONSACRÉE AUX GROUPES DE IA FRATERNITÉ POLAIRE
Siège : 36, Avenue Junot, PARIS (18®)
Jours et heures de réception :
Le C e n tre Polaire est ouvert le lundi, de I5 à I8 heures.
Le Président de la Fraternité Polaire et les Membres de
la D irection reçoivent les autres jours sur rendez-vous.
DANS LES GROUPES
PA RIS
Les Groupes de Fran ce poursuivent avec une ferveur et une persé
vérance adm irables leur tâche Polaire. Rien ne diminue l’ardeur de
leurs membres, leur fidélité, leur assiduité dans la part de collabora
tion, volontairement et joyeusement apportée, à l’œuvre fraternelle.
Tou s ainsi. Polaires de tous pays (malgré tant de tribulations et
d ’cpreuves pour chacun !) nous avançons, et devons avancer plus
vite encore et plus haut, sur l’étroite mais lumineuse route qui, pa
reille à un trait de feu, trace, parmi la confusion des chemins d’om
bre de la terre, la seule voie de salut : celle de foi, de justice et
d ’amour pour tous l
Que rien ne nous désespère donc durant ce parcours, ni l’incerti
tude des jours, ni les haltes forcées, ni les souffrances générales ou
particulières ; mais allons, au contraire, avec un indomptable cou
rage vers le but fixé,, sachons bien clairement ce que nous voulons,
et n’oublions jam ais le grand honneur qui nous est fait d’être P o
laires !
Il vient un moment où il n’est plus demandé à l’homme de mon
trer sa connaissance et son savoir. Il lui est demandé de redevenir
un « petit enfant » pour obéir tout simplement, sans murmures, ni
complications, ni recherches d ’aucune sorte.
— 23 —
* J 'jL ,m * * * 1 * * * * * * * *
k / 4 t * ? /* * > * '
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J* <****, U P*M *A fU, U / A Uir W f **•■>■■/., U if,, f U
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25
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VISAGE
POLAIRE
JENNY
LIN D
LNNï Lmd fut une cantatrice de ttorjm . une rein e d u ch an t et
de la icene. e» même temps qu’une chrétienne d ’un e h au t e valeur
spirituelle par sa poursuite de la san ctification et p a r set ceuvres
de chanté, alliant ainsi, et harmonisant en elle, d es t r ait s gén éralemert tenus pour incompatibles ; c ’est pourquoi son n om a toujours
été entouré d une sorte d auréole, d ’une vénération acco r d é e au tan t
à la femme qu’à l’artiste.
J
Son talent, certes, était merveilleux et atteign ait au x p lu s sublim es
hauteurs de 1art, mais ta plus gran de force jaillissait d e la n oblesse
de son ame si pure. Elle a laissé dan s la mémoire d es h om m es le
souvenir d une personnalité qui sut être supérieure en core à ses don s
— si riche* et si précieux qu'ils fussent — et qu i éle v a son ar t à
une ai absolue perfection qu elle lui rendit son origin e divin e.
C e * ce qui explique 1 enthousiasme extraordin aire q u ’elle soû
le»a partout sur son passage et J admiration q u ’elle su scit a. Sa
mémoire en reçut une preuve éclatan te p ar l'érection d ’un m on uw a â * u gloire, dan» l'Abbaye de W estmin ster, le 2 0 avr il 1894.
jenny la id naquit a Stockholm le 6 octobre 1820, et gr an d it
dan* de* cond^ions précaire*. Tout en fan t, elle ne faisait q u e clian ter ha grand mère découvrit la première le don m u sical d e 1a petite
ldi* ; on Tamena a Crochias, professeur d e ch an t a u t h éâtr e de
la cour, et à lage de dix ans, elle jou ait des rôles d'en fan ts av e c
infiniment de feu, de grâce et d'esprit
M ae c e * le 7 mars 1858 que se révéla toute la p u issan ce de
/ artiste, a une représentation de Freisch .*/. où , pou r la prem ière
foi*. Jenny \ m A c h a ü a i le rôle d 'A gath e. Ja m a is encore elle
n'a va* tenu us rôle draœatique, d ie n 'y était m ême p a s p r ép ar ée
car tout ce quelle a »a i interprété jusque là était d'u n gen re bien
différent.
Ee soir de la représentation, soudainement inspirée elle jou a d ’une
m air ie s merveilleuse, * si étonnante, que l'en th ousiasm e fu t vén é
rai Sm effert, un voile l’é u * déchiré, d ie avait pris conscience du
pouvw qui lu* était donné. C é t a ü la force d e saisir, p a r tou tes
le» fibre* de son aine, IW /an pa/able lan gage de la m usique et d e
ha prêter une vo*x qui t av ai porti-, a tou* Je* c *u r s le m essage
m*paê O t a i la puissance de deviner ^ pen sée du poète, d e *'en
- 24
pén étrer assez p ar faitem en t pou r lui don n er toute von intensité d 'e x
pression et d'ém crtion , éveillan t un éch o d a m le* profon deur* le*
plu* secrète* d e l a me. C 'é t ait enfin le pouvoir de te plon ger u
entièrement d a m le rôle qu 'elle représen tait. que ce rôle n 'était plut
une fiction , m ai* un fr agm en t d e vie réelle. f j cette vie était *j
puittarite et si vr aie, qu e tou t ceu x qu i subissaien t ton cliarm e étaien t
émus, en th ou siasm és. su b ju gu és.
Cet t e soirée d e Fr eisch ü t z lui révéla pour la première fou le trétor qu elle p o ssé d ait t an t t en dou ter ) elle conn ut en même tem ps.
avec au t an t d e clar t é , la mission qui lui était don n ée sur 1a terre.
EJle com prit la r em on t ah ilit é qu i lui in com bait du fait qu 'elle posléd ait un tel p ou voir su r les coju rs et le* âm es. Fille sentit qu e D ieu
l'ap p e lait à r em plir un e sain te mission ; celle de ren dre à l'art
toute t a p u r et é et t a gr an d e u r sublim es. \ j t sceau de cette mission
t im prim a su r t a vie en tière et, ju sq u 'à la fin . elle porta bien h aut
la ban n ièr e d e set con viction s. C a r , pou r t a n ature élevée, un don
en traîn ait un d ev o ir ; au ssi, en se m esuran t avec 1e but qu 'elle
t'était p r o p osé , se ren dit-elle com pte d e ce qu i lui m an q u ai pour
être c a p a b le d e l'at t ein d r e. Com m e le dit av e c ju stesse O t t o Jah n .
la voix la p lu s b e lle et la p lu t rich e n 'est qu 'u n sim ple or gan e
qui, pou r être ren du a p t e à un u sage ar tistiqu e, doit être soumis a
F école la p lu t sévèr e.
D a n s le bu t d acq u é r ir les con n aissan ces désirées, elle se rendit
à P a r is où , a p r è s m ain t es d ifficu ltés, elle put tr availler av ec Garcia
qui p r o fe ssa i la p u r e m éth od e d e la belle époqu e italien n e. F*lu*
t ar d , elle écrivit c e s p ar o le s car act ér istiqu es ;
« J ai ac q u is m oi-m êm e, p a r un t r avail ininterrompu et en dépit
de p r od igieu ses d ifficu lt és, la p lu s gr an d e par t ie d e ce que je sais.
.Seul, G a r c ia m a en seign é qu elq u es poin ts im portan ts. Dieu avait
si n ettem en t écrit d a n s m on àm e ce qu e j'a v a is à étudier, et mon
id éal ét ait si élevé, q u e je n 'au r ais pu trouver au cu n mortel qu j
put r épon dr e le m oin s d u m on de à m es exigen ce*. C 'e st pou rqu oi j«
n e ch an te d a p r è s la m éth od e d e person n e, si ce n 'est au t an t q u *
possible, d 'a p r è s celle d e s oiseau x, leur M aît r e étan t le seul q ^
(misse sat isfair e à m on d ésir d e vérité, d e clar té, et d'expression . *
l- a voix d e Je n n y U n d , br illan te et pu issan te, s'éten dait, abso_
Jument h om ogèn e et p u r e d j si d 'en b as au sol au -dessu s d e 1*
portée, r éu n issan t l'am p le u r et la son orité d ’un sopr an o dr am atiqu e
la légèreté et la sou p lesse particu lières au sop r an o léger. La p U t *.
ch e d ésign ait en c e * ter m e* le ch an t d e Jen n y I Jn d ; « Ch aq u ^
n ote est un e p er le »,
f rois ou q u at r e son s d u m édium étaien t légèrem en t voilés, H a n *,
lich altril/u e ce voile d é licat au x voix ap p elées à exprim er le U n .
gage d ’un e àm e d é b o r d an t d 'u n e infinie rich esse d e sentimen t*.
— 27
I
différents retfistres étnient rfe lo u e é%nle pt HtUnitnIdêinéift
fon dus pu un seul tout.
fcwiïtfîM son n v n it uti iiin fiig »
Ini d ’une ifÿ iiiu tritiïfii p n ttit ithfite. I ,es n otes tle v té s ; putes (Oininé
une titp lip ttp il'fiiü p itii kvkté iit I p tirnUre pf In èfÂipiessé rie In vont
(jll ft/ssiV.no!, fit ((n otaien t leur MMl]0S$ ( p ln lift jllStpifi (fans l'és nuan
tes les (tins fines du pi n in is iititij I & tn e //o vo te fn is n it songer h In
fmrpe éolienne.A une fot( p extraord in aire, eeffe v oix m er veilleu se joign ait utié
dfrtifpufi tittp piitété et utip d ^ t aat e sse dp tirnUre (pii suh juKun ien t
tons les n ew s. b t t é sV tam ,ait p arfo is pu un essor gr an d io se puis,
soudain , t es oins, pu issan ts s ttêîü iiSfën î i t r an sp ar e n t s cotn riié un
souffle l/'t(Pt ilotii I#» tnuttnnip éfait ex t \uis Hit(si tfiiUiiië <ar esse,
I jp pian issimo étnit é%nIfitnfiiit p ar fait (In n s lo t is 1rs registres,
ttififtip d an s Ip s ruAes les plus /levées* pf fpiiritjii'it fut si su av e fit si
Mtipt rjw'il PT} étnit n pein e pprè£ptilde# on l'en t en d ait n pttrtn rtit dan s
lotis les t(ntis dp In plus vaste salle, f-,t pou rtn n t l'ar t ist e n ’nl/iisnit
put mis dp (Afin fn tu llé, m algré l’effet irrésistible (p a rtir. exerçait
sut les n nditeius, I e s traits les pUiè r ap id es, tan tôt lit s, tan tôt dttn -
élit ii roulaient tom m e sur dit velours, ou tin taien t (Jn irs fit ttfilt
cotntop In m an dolin e,
fin tethnnpie ttn it nl/sohunfint im peO rab lëi P ar t o u t et toujours
régnait nnp shrfitt m ath ém atique, | / - s p a ssa ge s 1rs p lu s n i dus, les
gam m es r h romatiques, Ifis toiilndfis les plu s ver tigin eu ses, 1rs stnt*
t at i les plus nudntieux, iif iii lu i sem blait un jfiit, I ,a n etteté, In
dituréut et Ip perlé dfi texte m erveilleuse vor alisafion p lon gèr en t dan s
or» tVninfitiifint san s égaI fous (eux (pu l'en tou raien t, I ,es t rilles, repo*
sni il sur n né sdeiue artistique intuitive, éblou issaien t p n r leur brillan t
M n ti ou ( barrnriient tom m e un
ffaitj Ilêriïëni d ’oispnu, f* n r une
((rtittrutitni pnttu uhfitfi de l« %or%fi, l’firfiftfp itn itn it pnrfnitcrnfint
Yfahb p IIp utilisait té talent principnlernent dnns les r h n n ls n or vt '
aipiis,
a (. pst ainsi, <iit I lansli/fia, i\u ê Ile n r^alis^ la f>rauf^ al>s//lnp
ilii tnSüi d une tnntnfitfi surprfinnntfi, éii titn sp fvn n t ses li($npr.cs pnr*
(nitetnent pures sans Ip laisspr^ tornher dnns n tn u n é fiXn% trntion, »
Même dnns | ps situations #lramati^ups pxtr^mps, la voix rrs tn it tou
jours Op IIp , jamais Ia lo u p né devint duré ou la douc.éut spnti»
uipntalê j jarnnis Ip rythma ne fut ue'&\i%e ou Ip f(m d sn e n h t k
)/> Idune, Il ne lui arrivait pas d 'n u e n tu e r Wp » nutp# ou des phrnses
de fp||p ln<,oti / ju ' p IIps prissput u u p itnportnucé tô n trn ire au sens de
Ip penste, laissant rl'antrPs passa^ps tout k fait flans I' o m Iii'p , KIIb
savait donner n tmitPs las partip# d ’un m otte.nu, tnerne aux plus
pptits fMtads, |pnrs jnstps f>ruf/Orlions,
Mais ta Oui plaçait è l tliaut amflassus de tout ce rpu avait été
entendu jusr|u« là at la randait si axtaptionnal, t'asf rjue l'artiste
~
2ft —
y f”épan dait son arné f**ut+
f\p \p\\p \fiî/iîu (\n'fitf l’htAitxtA,
Otl tiP Songeait fôt'ttlé plus « SOTl admirable îètjiiiVÂfê, ÔU à I» bêalrfé
(lu w<fi, on r/ohlinit f/fPft V/iiî |»> (\t)ift(t* (I* cette vont ti
ttirtif (U/ttifut-r p u t une »the vibrante /fut î f f f n s ÿ ' t f i f i n elle, fit
ÿfâ. # | , chm f, disait-elle, fit*
Un rVmVrViiuïivpïail s» f|arnrne et
un si merveilleux <U/n de IJiêu, ffôfâ fpUn f0 î 1e pfÂ&d'e, doif déf/ord *f d p 1 P 4 t S S n t U P
IP l / I I W f
yC/ Jf RI lt ROTI V IS» g e .
/‘/
Il tiP faut pas Oublier (.ûiuüiPril Jpfuiy j,md envisageait sa tâche,
ach ant, pfi effet, ce ({u p \\k pouvait fiifp, elle considérait côt Virne
un devoir devant IJ ip u dp faire tous
efforts pont atteindre h
cette p ë iië à itô ïii I oute sa vie (ut tiiiû& biéê à un travail assidu,
avec unp ardeur p1 uiï /etp infatigables, f'jfe aurait pu d u t âVéc
Mozart
d o iit p \\p (ut I une dés plut pures interprétés
; «v Je
vis dan s Ja rnusir/ue, je friVfi ôécupé toïite U journée, je cherché,
j étudie, je réfléchis ■; il né («ut p#* croire que mon art frfe soif
fazdle »,
lîien nu contraire, en ce zjui concerne Jenny Lind, car sa voix
n /tait p as souple et flexible par nature, et ses forces naturelles
n /taient pas or/nsidérables, Â Vingf-rjuafre ans elle /fait une frêle
et pâle jeune fille, nerveuse, sensible et gênée comme la plus timide
ries /colières. M ais lorsqu’elle se mettait â chanter, trait son être
/tait comme transfiguré par la flamme rin génie, elle oubliait toute
crainte et se laissait emporter par la puissance rie la musique, Si
elle poss/rlait au plus haut point Part rie bien respirer, la manière
dont elle prenait son souffle resta toujours une énigme ; elle s’en
servait pourtant avec une habileté consommée et devait à ce talent
la perfection de ses cféséèndô et rlirninuenrio ; résultat d'un travail
sans relâche dont les difficultés stimulaient son zèle.
Kl le ne s’inspirait que rie son propre génie, et ses créations furent
toujours nouvelles, grandioses, empreintes de poésie et de noblesse,
4 On frémissait devant la Norrna de la f’asta
disait un critb
f|ue célèbre
on frémit devant celle de Jenny l,ind. »
Comme tontes les natures profondes, elle aimait la solitude et la
simplicité, -v I ,a foi chrétienne satisfaisait absolument tous les désirs
rie mon cou r , disait-elle, Mlle m’enseigna à lire clairement dans
mon âme et devint mon conseiller supérieur aussi bien pour mon art
f|ue pour ma vie, »
Il faut chercher dan s cette foi chrétienne la raison principale de
sa retraite cle la scène. Toutefois, il ne faudrait pas croire que ce
désir lui fut inspiré par d ’étroitrs convictions religieuses, non I hile
obéit simplement an besoin spontané de son âme. Ainsi s'accomplit
cette elifrse extraordinaire et que l*ôn n’avait jamais encore vue ;
une cantatrice dé vingt-neuf ans, fctée, admirée, adulée, parvenue
au point culminant des plus grands triomphes, et renonçant de son
— 29 ~~
1 BOOGOU
plein gré aux séductions de la gloire, à ce sort brillant entre tous,
à seule fin de préserver la pureté de son âme !
M algré les tentatives in n om brables qui furen t fait e s p ou r l'é b r an
ler dan s sa résolution, Jen n y Lin d ne ch an t a p lu s q u e d an s les
concerts. M ais le domain e où elle acqu it d ésor m ais ses p lu s beau x
titres de gloire, fut l'O ratorio, la m usique sacr ée ét an t la seule
qui répondit le mieux à ses aspiration s élevées.
La reconnaissance était un des traits distin ctifs d u ca r ac t è r e de
Jenny Lin d. Elle était persuadée qu ’elle n ’av ait au cu n m érite per- *
sonne! et qu’elle recevait tout du Seign eu r ; elle n e ce ssait d e lui
rendre grâce en toute occasion , particulièrem en t d e lui perm ettre de
contribuer à l’édification et au bien d ’une au ssi gr an d e fou le. Et
c’est de ce sentiment de gratitude que n aqu it en elle la p lu s gr an d e
et la plus généreuse bonté qui lui faisait r ép an d r e à plein es m ain s
les bienfaits.
Celle dont la devise fut : « L ’art pou r le bien d es âm e s im m or
telles », s’endormait pour toujours, paisible et serein e, le 2 n ovem
bre 1887/ M ais son influence n’a p as disparu av e c elle, et elle ne
disparaîtra pas car elle s’appuie sur l'im m ortalité d ’un ar t m er
veilleux.
Ainsi, le noble visage de Jen n y Lin d resplen dit d a v a n t a g e à
travers 1e souvenir de son ch an t divin, de son âm e pu r e et d e sa
sublime charité !
H. M.
li est reppOiC à nos lecteurs que les articles publiés n 'o n t
aucun caractère officie! e t engagent la seule responsabilité
de leurs auteurs.
l*V 4*
4, #
U G h n u t : i . n u i MOI,.
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