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L’abbaye de moniales cisterciennes de Clairefontaine (Luxembourg). Synthèse archéo-historique des quatre phases de construction, XIIIe-XVIIIe siècle

2013, Bulletin monumental, 171-2, 2013, p. 117-139 [ISSN: 0007-4730]

Near Arlon in Belgium (province of Luxembourg), the site of Clairefontaine, the ancient abbey of the Cistercian nuns, has been under excavation for ten years. Combining archaeological evidence and historical sources, the article presents an architectural synthesis of the monastic complex, rebuilt four times: Clairefontaine I (ca. 1247), Clairefontaine II (first half of the 14th century.), Clairefontaine III (first half of the 16th century), Clairefontaine IV (late 17th-early 18th century), and finally its total destruction following the suppression of monasteries by the French in 1796. Such a stratigraphy is rare for a nuns' church, but is exceptional for the buildings around a cloister, because few feminine abbeys have been the object of programmed excavations on the scale of Clairefontaine. Each change is related to particular historical context, linked with the successive princes who reigned in Luxembourg: the countess Ermesinde, Henri le Blondel, John the Blind, Christophe de Bade, Pierre-Ernest de Mansfeld, as well as the archdukes Albert and Isabelle who were great patrons and powerful protectors of this dynastic abbey inhabited by a small community of Cistercian noble women.

b u l l e t i n m o n u m e n t a l 1 71 13 s o c i é t é f r a n ç a i s e d ’ a r c h é o l o g i e b u l l e t i n m o n u m e n t a l 71 13 s o c i é t é f r a n ç a i s e d ’ a r c h é o l o g i e Revue publiée avec le soutien du Centre National du Livre Toute reproduction de cet ouvrage, autre que celles prévues à l’article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle, est interdite, sans autorisation expresse de la Société française d’archéologie et du/des auteur(s) des articles et images d’illustration concernés. 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Picard, 82, rue Bonaparte, 75006 Paris Tél. librairie 01 43 26 96 73 - Fax 01 43 26 42 64 [email protected] www.librairie-picard.com TA B L E D E S M AT I È R E S ARTICLES Architecture dominicaine et promotion de nouveaux saints : autour de la tombe de Clément IV à Santa Maria in Gradi (Viterbe), par Haude Morvan......................................................................................................................................................................... 99 Le cycle peint du château de Cruet (Savoie, vers 1307) : une représentation du roman de Girart de Vienne ? par Térence Le Deschault de Monredon............................................................................................................................................................................... 107 L’abbaye de moniales cisterciennes de Clairefontaine (Luxembourg). Synthèse archéo-historique des quatre phases de construction, XIIIe-XVIIIe siècle, par Davy Herremans et Thomas Coomans............................................................................................................. 117 MÉLANGES Entre art et technique : les innovations « à la française » d’un fervent visiteur de l’Italie, Geoffroy Tory. À propos d’une exposition du Musée de la Renaissance d’Écouen, par Marie Madeleine Fontaine.............................................................................................. 141 LIBRE-PROPOS Fontainebleau avant 1541. Observations sur l’article de Thomas Clouet, par Françoise Boudon et Jean Guillaume............................ 149 ACTUALITÉ Doubs. Besançon. État des études sur les caves médiévales (XIIe-XVe siècle) [Jean-Denis Clabaut]........................................................... 151 Loiret. Orléans. Étude d’une maison en pan de bois de la fin du XIVe siècle, 25, rue de la Poterne (Clément Alix)................................... 155 Haute-Vienne. Limoges. Découverte d’un mausolée de l’Antiquité tardive au sein de la nécropole de Saint-Martial, 1, rue de la Courtine (Xavier Lhermite).............................................................................................................................................................. 160 CHRONIQUE Époque médiévale. Architecture civile et religieuse. Topographie ecclésiale du haut Moyen Âge dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne (Élisabeth Lorans). — Boves (Somme) : étude du mobilier archéologique et des marques de calibrage lapidaire (Catherine Brut). — Église Saint-Laurent de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire) [Yves Blomme]. — Signalement : entre Strasbourg et Orléans, retour sur le « dessin 21 » de l’Œuvre Notre-Dame (Benoît Jordan).................................................... 163 Architecture castrale. Le château de Sanzay (Deux-Sèvres) : nouvelle datation (Dominique Hervier)..................................................... 165 Histoire urbaine. Pontoise au Moyen Âge : méthodes d’étude de la ville ordinaire (Ezéchiel Jean-Courret)............................................ 166 Histoire du costume. Ornementations métalliques du vêtement médiéval : deux sources inédites concernant les ceintures (Nadège Gauffre Fayolle).......................................................................................................................................................... 166 Époque classique. Architecture civile et religieuse. L’urbanisme parisien et le mécénat artistique de Marie de Médicis (Ronan Bouttier). — L’évolution du statut de l’architecture sous le règne de Louis XIV : le rôle de Charles Le Brun (Marianne Cojannot-Le Blanc). — Le projet de Jadot pour la Hofburg (Bertrand Jestaz)......................................................... 167 Architecture XIXe et XXe siècle. Signalement : un avant-gardiste de l’architecture néo-renaissance (Dominique Hervier). — Repenser l’architecture religieuse en Belgique au XXe siècle (Alain Nafilyan)............................................................................................... 169 BIBLIOGRAPHIE Cluny. Neil Stratford (dir.), Cluny 910-2010. Onze siècles de rayonnement ; Neil Stratford (dir.), Corpus de la sculpture de Cluny. Tome 1. Les parties orientales de la Grande Église Cluny III ; Nicolas Reveyron (dir.) avec la collab. de Gilles Rollier, Hugues de Semur (1024-1109). Lumières clunisiennes (Christian Gensbeitel) ....................................................................................... 171 Architecture. Frédéric Boutoulle, Dany Barraud et Jean-Luc Piat (éd.), Fabrique d’une ville médiévale. Saint-Émilion au Moyen Âge (Anne-Laure Napoléone). — Anne Baud (dir.), Espace ecclésial et liturgie au Moyen Âge (Yann Codou). — Ewa Luziniecka, Zygmunt Swiechowski et Robert Kunkel, Architektura opactw cysterskich. Maloposkie filie Morimond / The architecture of cistercian Abbeys. Morimond filiations in Little Poland (Éliane Vergnolle). — Monique Chatenet, Krista De Jonge, Ethan Matt Kavaler et Norbert Nußbaum (dir.), Le Gothique de la Renaissance (Étienne Faisant). — Mathieu Lours, L’autre temps des cathédrales, du concile de Trente à la Révolution française (Stéphanie Diane Daussy). — Nicolas Courtin, L’art d’habiter à Paris au XVIIe siècle : l’ameublement des hôtels particuliers (Mark Girouard).......................................................................................... 174 Ingénieurs et architectes. Philippe Bragard, Dictionnaire biographique des ingénieurs des fortifications. Pays-Bas espagnols, principauté de Liège, Franche-Comté, 1504-1713 (David Buisseret). — Robin Middleton et Marie-Nöelle Baudouin-Matuszek, Jean Rondelet : The Architect as Technician (Patrick Ponsot). — Jean-Yves Andrieux, (dir.), Arthur Regnault architecte (1839-1932) : la quintessence de l’art sacré (Antoine Le Bas).......................................................................................................................... 182 Vitraux. Karine Boulanger, Les vitraux de la cathédrale d’Angers (Christine Hediger). — Bruno Togni et al., Carrelages et dallages du XIIe au XIXe siècle (Martine Diot)................................................................................................................................ 185 RÉSUMÉS ANALYTIQUES.......................................................................................................................................................................... 187 LISTE DES AUTEURS ............................................................................................................................................................................... 190 Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie de Montligeon à Saint-Hilaire-le-Châtel en juin 2013 N° d’impression : 26 001 Dépôt-légal : juin 2013 L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) synthèse archéo-historique des quatre phases de construction, xiiie-xviiie siècLe davy herremans et thomas coomans * À la mémoire de Johnny De Meulemeester ** d ans un vallon reculé, entouré de bois et traversé par le ruisseau de clairefontaine, à moins d’un kilomètre de son confluent avec l’eisch qui marque la frontière entre la belgique et le grand-duché de Luxembourg, se trouve le site d’une abbaye cistercienne méconnue (fig. 1) 1. La topographie du site, le nom de l’abbaye, lié à la pureté et à l’eau, et la fondation par une pieuse comtesse qui la dota de ses largesses et s’y fit inhumer rattachent clairefontaine au « scénario type » de tant de fondations d’abbayes de moniales cisterciennes au xiiie siècle. henri v, fils de la fondatrice ermesinde, consolida l’abbaye et en fit la nécropole des comtes de Luxembourg, symbole de leur identité et de leur pouvoir dynastique. fondée vers 1247, l’abbaye connut un premier siècle faste, comme berceau de la maison de Luxembourg qui, au xive siècle, fut élevée au rang ducal, accéda à la couronne royale de bohême et fournit quatre empereurs au saintempire romain germanique avant de péricliter au xve siècle 2. La suite de l’histoire de clairefontaine jusqu’à sa suppression par les français en 1796, malgré des hauts et des bas spirituels et matériels, resta liée à l’identité princière de la fondation et à la noblesse des moniales qui se faisaient appeler « dames » 3. après la suppression, l’abbaye fut rasée et ne survécurent que la ferme et le moulin, jusqu’à ce que les Bulletin Monumental Tome 171-2 • 2013 Jésuites acquièrent le site en 1874, décident d’exhumer les restes de la comtesse ermesinde et de construire une chapelle néo-romane dédiée à sa mémoire et à notredame de clairefontaine. 1997, année du 750e anniversaire de la fondation de l’abbaye, donna lieu au lancement de fouilles programmées sous la direction de Johnny de meulemeester pour le compte de la direction de l’archéologie du service public de Wallonie. dix campagnes annuelles ont mis au jour la plus grande partie de l’abbaye et révélé une évolution architecturale peu habituelle. si les résultats des campagnes furent régulièrement présentés aux journées d’études d’Archaeologia mediaevalis 4 et publiés dans la Chronique de l’archéologie wallonne 5, la mort prématurée de Johnny de meulemeester priva clairefontaine de la synthèse qu’il lui avait promise. basé sur les notes du maître et sur la participation aux fouilles 6, le présent article présente une synthèse de l’évolution architecturale de l’abbaye. ne se limitant pas à la description des vestiges mis au jour, l’article les interprète et les contextualise en se fondant sur des sources, des faits historiques et de la culture matérielle. en outre, l’architecture de clairefontaine est mise en perspective dans le paysage monastique féminin particulièrement dense des anciens pays-bas. L’histoire architecturale du complexe monastique se décline en quatre étapes qui sont nommées selon le système de numérotation conventionnel en histoire de l’architecture monastique 7. de clairefontaine i au milieu du xiiie siècle à clairefontaine iv au xviie et au début du xviiie siècle, en passant par clairefontaine ii au xive siècle et clairefontaine iii au xvie siècle, chaque phase repose sur des évidences archéologiques et des sources historiques. outre le plan de synthèse des fouilles et de l’état présent du site (fig. 2), quatre plans à la même échelle permettent de suivre l’évolution des phases successives (fig. 4, 8, 12 et 15). L’article présente une synthèse archéo-historique de l’architecture et renvoie à d’autres publications pour l’étude du matériel archéologique qui, pour certaines phases, s’est avéré abondant 8. CLAIREFONTAINE I – UNE ÉGLISE ET UN CLOÎTRE OUVERT AU XIIIe SIÈCLE Le récit de fondation rapporte que la comtesse ermesinde, lors d’une promenade dans un bois près d’arlon, se reposa près d’une source et fit un rêve dans lequel apparaissait une jeune femme portant un enfant dans les bras et suivie de douze brebis marquées de croix noires. À son réveil, ermesinde raconta sa vision à un ermite qui lui expliqua que la vierge marie lui demandait de fonder une abbaye 117 davy herremans et thomas coomans statuta du chapitre général de cîteaux. ceux-ci prouvent que la procédure d’affiliation jalonnée de visites d’inspection par des abbés dura quatre ans, de 1247 à 1251 16. cl. d. herremans, 2008. fig. 1 - clairefontaine, site de l’abbaye et chapelle commémorative vus depuis le sud. cistercienne à côté de la source 9. ce récit légendaire n’est pas connu dans une version antérieure au début du xviie siècle, époque où un pèlerinage marial et la visite à la source de clairefontaine furent promus dans le contexte de la contre-réforme. 118 Les études historiques de michel margue ont établi que la fondation de clairefontaine, abbaye de lignage et lieu de mémoire familiale de la maison de Luxembourg-Limbourg, résulte de la combinaison des objectifs politiques et spirituels d’henri v, dit le Blondel, comte de Luxembourg de 1247 à 1281 10. un document de 1252, décrivant la confirmation par henri et son épouse marguerite de bar des donations opérées par sa mère ermesinde, est une autre source qui confirme la fondation de l’abbaye 11. La figure d’ermesinde, fille unique d’henri iv, dit l’Aveugle, comte de namur et de Luxembourg, est centrale car son règne, de 1197 à 1247, marque la fin de la maison de namur-Luxembourg et la naissance de celle de Luxembourg-Limbourg 12. de cette transition, le territoire ancestral luxembourgeois ressortit consolidé notamment par l’acquisition du marquisat d’arlon et des anciens comtés de Laroche et de durbuy et échut à henri le blondel. en fondant une abbaye de lignage au cœur même du territoire luxembourgeois consolidé, à la frontière de l’ancien comté de Luxembourg et des territoires nouvellement acquis, henri honorait la mémoire de sa mère et créait un nouveau symbole identitaire familial et territorial. La fondation d’une nécropole familiale, dont les religieuses étaient chargées d’entretenir la mémoire des fondateurs et de prier pour le salut de leur âme, était aussi un acte religieux. il s’inscrivait d’ailleurs dans un mouvement général de fondations d’abbayes funéraires princières qui, dans les pays-bas médiévaux, étaient peuplées par des moniales cisterciennes dont les prières et l’ascèse faisaient les intercesseurs privilégiés 13. La plupart de ces communautés n’étaient pas cisterciennes au début et demandaient leur affiliation à l’ordre de cîteaux. Le chapitre général examinait la demande et, malgré des réticences par rapport à ces abbayes particulières, finissait généralement par accepter à cause de l’influence des princes territoriaux et de l’appui des papes 14. clairefontaine suivit le même scénario. La date précise de la fondation de la communauté n’est pas connue, mais elle est mentionnée dès 1247 dans le testament d’ermesinde 15 et dans trois La famille comtale offrit le terrain et les moyens pour la construction des bâtiments ainsi que des privilèges et des donations qui permettaient à une communauté de se former et de mener une vie monastique régulière conformément à la coutume de cîteaux. en raison, notamment, des règles de clôture en vigueur pour les communautés féminines, celles-ci étaient fondées près ou dans des bâtiments existants 17. À clairefontaine, les premières moniales s’étaient installées dans des bâtiments offerts par la comtesse ermesinde et cités comme des dépendances de son château de bardenburg. si ce château a disparu, le toponyme a toutefois survécu jusqu’à nos jours et désigne une colline dominant la vallée de clairefontaine à quelques centaines de mètres au sud du site monastique. Le bardenburg n’était plus occupé à l’époque d’ermesinde. La mise au jour de plusieurs fragments de céramique protohistorique et romaine, les recherches archéologiques ont démontré que les moniales ne s’établirent pas dans un désert. de plus, l’aile sud-ouest de clairefontaine i intégrait un bâtiment plus ancien dont les fondations massives pourvues de quatre contreforts sur son côté septentrional se distinguent sans équivoque (fig. 3). L’interprétation de ces fondations reste difficile mais leur morphologie fait penser à un bâtiment turriforme du type de la maison forte. il est dès lors tentant d’établir un rapport entre cette structure antérieure à l’abbaye et le manoir comtal : était-elle une dépendance juridique du bardenburg, une composante de sa basse-cour ou simplement une tour près du ruisseau verrouillant la vallée ? il est toutefois remarquable que la chartre de 1252 dans laquelle henri v et son épouse marguerite de bar ratifient et dénombrent les donations faites par ermesinde ne mentionne pas de château 18. on ne peut donc pas entièrement exclure que le lien entre le château, l’origine de l’abbaye et la fondatrice du Luxembourg ait été inventé plus tard pour des raisons politiques. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) Le caractère destructif des activités de construction ultérieures complique l’analyse du monastère primitif. La charte de 1252 mentionne que des travaux étaient encore en cours : « nous henri, comte de Luxembourg et de la roche et marquis d’arlon, et nous marguerite sa femme (…) faisons connaître en vertu des présentes qu’ermesinde de pieuse mémoire, notre mère et comtesse de Luxembourg ayant commencé de construire le cloître de clairefontaine, près d’arlon, elle l’a pareillement doté de son patrimoine avec notre consentement » 19. Les fouilles n’ont livré aucune trace de constructions en bois qui caractérisent souvent les phases primitives de fondations cisterciennes 20. L’archéologie montre au contraire que les premiers bâtiments de clairefontaine, ou tout au moins leurs fondations, étaient en pierre. bénéficiant du patronage de la famille comtale et du pape, soutenue par la noblesse régionale en échange des prières d’intercession, l’abbaye, peuplée de filles de 119 fig. 2 - clairefontaine, état actuel du site, avec murs mis au jour (en couleur) et bâtiments du xixe siècle (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : voie publique et accès au site ; 2 : chapelle notre-dame du bel amour ; 3 : maison ; 4 : ferme. davy herremans et thomas coomans est l’un des meilleurs exemples conservés d’église à nef unique et à tribune occidentale (Nonnenchorempore) 27. de nombreuses dalles funéraires y couvrent le sol de l’espace sous la tribune. il est évident que la disposition et l’architecture de l’église de clairefontaine étaient d’un type courant au xiiie siècle. Les fouilles ont révélé différents fragments d’architecture, baies géminées et chapiteaux « romans tardifs » provenant de l’église et du premier cloître en pierre (fig. 6). quelques chapiteaux à feuilles d’acanthe s’apparentent au type roman rhénan 28 et révèlent l’influence impériale dans les projets architecturaux des comtes de Luxembourg au milieu du xiiie siècle. cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat. fig. 3 - clairefontaine, fondations d’un bâtiment antérieur à l’abbaye intégrées dans le bâtiment de cuisine du xiiie siècle. La présence de lourds contreforts suggère qu’il s’agit d’une tour. la noblesse luxembourgeoise, semble avoir rapidement atteint son niveau de stabilitas et développé une architecture et une culture matérielle de qualité 21. 120 au cœur de la nécropole comtale, l’église primitive était en pierre et se présentait comme un bâtiment à nef unique large de 10,50 m et divisé en deux parties distinctes (fig. 4). À l’est se trouvait le sanctuaire dont la longueur et la forme du chevet restent inconnus en raison du bouleversement de cette partie du site lors de la construction de la chapelle commémorative par les Jésuites en 1875 22. À l’ouest, la nef superposait deux niveaux : un espace inférieur voûté, dont le tracé des voûtes sur un mur latéral montre qu’il ne dépassait guère 3 m de hauteur, et un espace supérieur dont ne subsiste plus rien. L’espace inférieur, d’environ 10,50 m de large sur 14,50 m de long, était, d’après les bases de colonnes mises au jour, subdivisé en trois nefs de quatre travées, soit douze modules plus ou moins carrés d’environ 3,50 m de côté, voûtés d’arêtes ou d’ogives. cette configuration à deux niveaux n’était pas inhabituelle dans des églises de moniales 23 : l’espace inférieur, semblable à celui d’une crypte, était réservé aux converses, tandis que la tribune à l’étage était occupée par le chœur et les stalles des moniales. celles-ci avaient une vue plon- geante sur le sanctuaire et le maître-autel, ne pouvaient s’approcher du prêtre officiant et restaient cachées aux regards des laïcs qui avaient accès à l’espace inférieur et regardaient dans la même direction 24. comme dans la plupart des nécropoles familiales, les sépultures des fondateurs, ermesinde, henri v et marguerite de bar, se trouvaient dans le sanctuaire de l’église 25 mais la présence de la chapelle de 1875 à l’emplacement présumé du tombeau d’ermesinde ne permet pas d’en préciser la configuration initiale. inversement, l’espace sous la tribune occidentale pouvait accueillir les sépultures d’autres membres de la familia, surtout des bienfaiteurs laïcs nobles 26. L’organisation exacte des sépultures de clairefontaine aux xiiie et xive siècles demeure un point de discussion étant donné les transformations subies par l’église et le déplacement de plusieurs tombes au xvie siècle. Les deux modules sud-ouest de l’espace sous la tribune sont isolés par des murets maçonnés entre les supports, formant une sorte de chambre funéraire qui pourrait avoir été réservée aux membres de la famille comtale. À une soixantaine de kilomètres de clairefontaine, dans l’eifel, l’abbatiale de moniales cisterciennes de sankt-thomas an der Kyll (fig. 5), également du xiiie siècle, Le premier monastère en pierre n’avait pas de cloître fermé mais se composait d’un seul corps de bâtiment accolé à la partie occidentale de l’église et s’étendant jusqu’à la rivière au sud, accompagné de plusieurs bâtiments utilitaires isolés au sud-ouest (fig. 4). ce long bâtiment ou aile conventuelle couvrait une surface de 42 m sur 10 m. Le mur occidental ne montre aucun seuil ; les quelques ouvertures primitives reconnaissables apparaissent toutes dans le mur opposé et la circulation entre les différentes pièces devait emprunter une galerie longeant le côté oriental. Le rez-dechaussée comprenait trois espaces. au nord, une première salle d’environ 17 m sur 10 m, sans doute partagée en deux nefs par une rangée de supports, serait la salle capitulaire si l’on en juge par les deux ouvertures vers la galerie. une deuxième salle, longue d’environ 15 m sur 10 m, possédant une cheminée chaînée dans le mur méridional, était sans doute une chambre multifonctionnelle. La troisième salle, d’environ 5 m sur 10 m, serait le réfectoire primitif car elle est proche de la cuisine. enfin, au sud du bâtiment, quelques murs suggèrent l’existence d’un corps de latrines en connexion avec le ruisseau et accessible par la galerie. Le confort des espaces domestiques faisait partie des préoccupations des moniales nobles, au même titre que les constructions imposées par les bienfaiteurs laïcs 29. Les fouilles ont montré que les pièces du rez-de-chaussée furent profondément transformées au xive siècle puis détruites au xvie siècle. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) 121 fig. 4 - clairefontaine i, plan de l’abbaye au xiiie siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : nef de l’église et bases des colonnes portant la tribune ; 2 : fontaine saint-bernard ; 3 : galerie de cloître ; 4 : salle capitulaire ; 5 : salle de travail ; 6 : réfectoire ; 7 : latrines ; 8 : annexe de la cuisine ; 9 : cuisine avec foyer central ; 10 : tour antérieure à l’abbaye, intégrée au bâtiment de la cuisine. L’étage du bâtiment conventuel abritait sans aucun doute le dortoir et devait être accessible par un ou deux escaliers qui desservaient également le chœur des dames dans la partie occidentale de l’église. au sud-ouest du bâtiment conventuel, plus ou moins en angle droit mais détaché de celui-ci, se trouvait une grande cuisine d’environ 10 m sur 7 m, à foyer central entouré de quatre colonnes qui soutenaient une hotte (fig. 7). Les cuisines de ce type étaient courantes dans les abbayes 30. La pièce principale était accompagnée d’annexes : petite cuisine au nord possédant une cheminée avec un sol en schiste réfractaire ; au sud-ouest se trouvait l’ancienne « tour » de l’époque antérieure à l’abbaye, transformée en cave et intégrée au bâtiment utilitaire. Le long du mur nord de l’ancienne « tour », onze sépultures de converses ou d’aides laïcs ont été mises au jour. Les religieuses n’étaient pas seules à clairefontaine car des hommes, religieux et laïcs, demeuraient et travaillaient dans davy herremans et thomas coomans même, comme nous le verrons, se déplacer dans l’église suite à des transformations et des adaptations de la clôture. ce phénomène est mal connu car il est relativement peu étudié, d’autant plus que les fouilles de bâtiments non ecclésiastiques d’abbayes de moniales restent exceptionnelles. Les recherches comparatives en france 38, en allemagne 39, en angleterre 40, en suisse 41 et aux pays bas 42 montrent que les abbayes des religieuses cisterciennes étaient rarement construites dès leur fondation selon le plan monastique standardisé 43. Les cl. d. herremans. fig. 5 - église de l’abbaye de sankt thomas an der Kyll, tribune des religieuses dans la partie occidentale de la nef. 122 des parties spécifiques de l’enclos. un moine d’himmerod ou d’orval était présent à demeure pour célébrer la messe et conférer les sacrements. si les travaux domestiques à l’intérieur du cloître étaient accomplis par les sœurs converses, des frères laïcs et des employés avaient des tâches spécifiques à l’intérieur de l’enclos. La clôture fut renforcée par la bulle Periculoso, fulminée par boniface viii en 1299. auparavant, les moniales étaient surtout liées à la clôture de manière symbolique 31. Les dames de clairefontaine jouissaient d’un certaine autonomie, comme l’atteste un acte de 1292 mentionnant un voyage d’affaires de quelques sœurs à metz 32. après 1299, un procureur allait régler les affaires des moniales 33. L’abbaye possédait aussi une basse-cour où travaillaient les domestiques sous la direction de quelques frères convers. citée en 1302 dans une charte de marguerite de bar, comtesse de Luxembourg 34, cette basse-cour se trouvait soit en aval dans la vallée, soit à l’est de l’église, à l’emplacement de la ferme actuelle dont les plus anciens bâtiments ne remontent qu’au xviie siècle. clairefontaine i se composait donc de trois bâtiments principaux : l’église, le bâtiment conventuel et le bâtiment de service, disposés en ‘s’ à angles droits, l’église au point haut et la cuisine le long de la rivière. Le bâtiment conventuel, avec ses pièces de jour au rez-de-chaussée (chapitre, salle chauffée et réfectoire) et son dortoir à l’étage, était lié à l’église par la galerie unique du cloître et communiquait, à l’étage, avec le chœur des moniales sur la tribune. un escalier, sans doute dans la travée près de l’église, reliait le dortoir et la galerie. inversement, la cuisine était séparée du bâtiment principal afin d’éviter la propagation d’incendies. il est difficile de préciser comment s’opérait la séparation entre les sœurs et les converses au sein du bâtiment conventuel. La taille de la communauté au moyen Âge est inconnue mais devait s’établir à une douzaine ou une quinzaine de dames et cinq ou six converses 35. fonctionnel et dicté par l’emplacement du chœur des moniales dans la partie occidentale de l’église, ce plan général ne correspond pas à la configuration habituelle autour d’un cloître, calquée sur les abbayes d’hommes 36. contrairement aux chœurs monastiques des abbayes d’hommes qui occupent toujours la partie orientale de l’église et sont de plain-pied 37, les chœurs monastiques d’abbayes de femmes pouvaient se trouver à différents emplacements et niveaux de l’église et cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat. fig. 6 - clairefontaine i, chapiteau mis au jour dans l’église. cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat. fig. 7 - clairefontaine, cuisine : les deux bases de colonnes (a) appartiennent à la cheminée centrale de clairefontaine i, tandis que la base de la paroi (b) date du xive siècle ; les autres murs appartiennent à des transformations ultérieures. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) statuta de l’ordre cistercien ne contiennent pas de règlements explicites sur la construction des abbayes des moniales. sans aucun doute, les quelques préceptes en matière architecturale contenus dans la règle de saint benoît, notamment pour la porterie, le moulin et la basse-cour 44, s’appliquaient-ils également aux abbayes féminines. toutefois, le cadre social et les objectifs des fondations féminines pendant le xiie, et surtout au xiiie siècle, différaient intrinsèquement des fondations des moines. Les communautés, plus restreintes, étaient fondées et entretenues par un patron et sa famille. Les activités quotidiennes des sœurs se limitaient surtout à la prière pour les âmes de leurs bienfaiteurs 45. inversement, les grandes abbayes de moines étaient des entités économiques d’envergure, fondées par des grands seigneurs féodaux pour l’exploitation de leurs domaines 46. on peut donc présumer que la configuration de clairefontaine i, pour inhabituelle qu’elle puisse paraître, était assez courante dans les phases primitives. CLAIREFONTAINE II – LE DÉPLACEMENT ET LA FERMETURE DU CLOÎTRE AU XIVe SIÈCLE en 1340, Jean ier, dit l’Aveugle, roi de bohême et comte de Luxembourg, émit officiellement le vœu de se faire inhumer à clairefontaine 47. pour cette raison, l’abbaye subit des transformations architecturales très importantes que nous appelons clairefontaine ii. malgré leur souhait, ses prédécesseurs, henri vi, comte de Luxembourg († 1288), et henri vii, comte de Luxembourg et empereur romain germanique († 1313), n’avaient pas rejoint la nécropole familiale car leurs corps avaient été perdus sur les champs de bataille de Worringen et de buonconvento 48. Jean l’aveugle avait sans doute fixé son choix dès son accession au trône en 1310 si l’on en juge à sa générosité constante. après avoir confirmé les donations faites par ses ancêtres 49, il augmenta régulièrement le patrimoine de l’abbaye jusqu’à la veille de sa mort à la bataille de crécy en 1346 50. La générosité des élites luxembourgeoises s’ajoutait à celle du prince 51. Les premiers travaux commencèrent vraisemblablement en 1315, année marquée par le début d’une longue dispute entre la communauté religieuse et les habitants du village d’eischen, situé à quelques kilomètres de l’abbaye, à propos de l’abattage de bois d’œuvre. ce conflit se termina en faveur des moniales en 1328 lorsque Jean l’aveugle déclara que l’abbaye pouvait tirer tous les bois nécessaires pour le chauffage et la construction des bâtiments 52. clairefontaine ii se caractérise par un changement profond du concept-même de clairefontaine i. au cloître ouvert de la phase initiale se substitua un cloître fermé autour duquel se répartirent les espaces fonctionnels et religieux (fig. 8). La première phase des travaux consista en la reconstruction quasi totale de l’église en vue de la future sépulture prestigieuse. La tribune occidentale fut rasée jusqu’aux bases des supports et le niveau inférieur fut rehaussé d’une vingtaine de centimètres comme le montrent les enduits du xiiie siècle conservés derrière les terres de rehaussement (fig. 13). Le sanctuaire de l’église fut allongé vers l’est. si la largeur de la nef fut maintenue, les murs latéraux furent prolongés, portant la longueur de l’édifice à quelque 25 m. La forme du nouveau chevet demeure incertaine 53. au sud du sanctuaire s’élevait une chapelle latérale contenant au moins trois tombeaux. Le mur méridional de l’église fut reconstruit, intégrant la porte vers la galerie primitive et servant d’appui à la galerie septentrionale du nouveau cloître. La porte de l’église vers le cloître était ornée de colonnettes groupées par quatre, placées de biais dans l’ébrasement. La reconstruction de l’église alla de pair avec la construction d’un nouveau monastère. À l’est du bâtiment conventuel primitif et au flanc de l’extension de l’église se développa un cloître fermé d’environ 20 m sur 25 m, soit de plan légèrement trapézoïdal. Les galeries étaient pavées de gros blocs de pierre et, d’après les contreforts mis au jour, elles étaient voûtées. À l’est du nouveau cloître s’élevait le nouveau bâtiment des moniales qui n’a pas pu être fouillé car il se trouve sous les annexes de la ferme actuelle. on peut imaginer que ce bâtiment comprenait la salle capitulaire et le dortoir des moniales, c’est-à-dire qu’il reprenait une partie des fonctions du bâtiment conventuel du xiiie siècle. celui-ci, désormais à l’ouest du cloître et privé de contact avec le chœur de l’église étant donné la destruction de la tribune occidentale, fut partiellement réaffecté aux converses. plusieurs murs intérieurs furent détruits et d’autres érigés, entraînant une redistribution des pièces. Le bâtiment conservait une longueur de quelque 40 m et une largeur d’environ 10 m, tandis qu’une nouvelle porte fut percée vers l’église, donnant un accès direct sans passer par le cloître. La première pièce contre l’église était une salle voûtée, définie par un nouveau mur transversal, de moins de 5 m sur 10 m et dotée d’un sol en chaux. Les murs de la pièce étaient enduits et décorés d’un faux appareillage régulier de couleur ocre à joints blancs, rehaussé de petites croix rouges 54. Les pièces suivantes, longues d’environ 7,5 m chacune, étaient séparées par un passage transversal pavé reliant le cloître à la cour à l’ouest de l’abbaye. une colonne légèrement décentrée indique la présence d’un escalier dans le coin sud-ouest de la salle méridionale. La quatrième et dernière salle possédait une cheminée monumentale le long de son côté occidental. Longue de près de 15 m, cette salle était divisée en deux nefs voûtées par une rangée de colonnes. contiguë à la cuisine, cette salle servait de réfectoire aux moniales car il n’y avait pas d’autre construction au sud du cloître. si la reconstruction de l’église peut être liée au vœu de Jean l’aveugle, les raisons précises de la transformation de l’abbaye ne sont pas claires. il n’est pas impossible que la bulle pontificale Periculoso de 1299 relative à la clôture des moniales ait favorisé la construction du cloître fermé. peut-être était-ce simplement une augmentation du nombre de moniales et le support de leurs familles qui était à l’origine des agrandissements ? À moins que l’ambition du comte ne se limitât pas à l’église funéraire et visât à faire de l’abbaye l’une des plus belles du Luxembourg ? La recherche archéologique corrobore cette troisième hypothèse. 123 davy herremans et thomas coomans 124 fig. 8 - clairefontaine ii, plan de l’abbaye au xive siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : nef de l’église sans tribune ; 2 : fontaine saint-bernard ; 3 : préau du cloître ; 4 : bassin du cloître ; 5 : galeries du cloître ; 6 : locaux pour les converses ; 7 : passage transversal ; 8 : réfectoire, 9 : latrines ; 10 : annexe de la cuisine ; 11 : vieille tour ; 12 : cuisine ; 13 : annexe avec bassin ; 14 : cuisine annexe. en effet, les fouilles ont révélé que l’achèvement du quadrilatère, c’est-à-dire la construction du bâtiment au sud du cloître n’eut lieu qu’au xvie siècle, lors des grandes transformations suivantes que nous nommons clairefontaine iii. ce hiatus de près de deux siècles semble avoir été provoqué par une interruption brutale des travaux dont la cause n’est pas difficile à identifier. Jean l’aveugle fut tué à la bataille de crécy en 1346 et son fils, charles iv, négligeant la volonté de son père, fit enterrer son corps dans l’abbaye de neumünster 55. ce revirement entraîna l’arrêt du financement des travaux. une charte de 1385 témoigne d’un endettement croissant, que solda le comte Wenceslas ier 56. dans un document de 1386, l’ab- besse de clairefontaine rappelait des frais restés impayés, remontant aux travaux de l’abbatiale en vue de l’enterrement de Jean l’aveugle 57. ces problèmes budgétaires révèlent que la base économique de la communauté de clairefontaine était fragile car elle manquait de revenus propres et dépendait trop de la générosité de bienfaiteurs. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) La décision de charles iv marqua le début du déclin de l’abbaye qui perdait son statut de nécropole dynastique. charles iv, roi de bohême et empereur romain germanique († 1378), fut enterré à prague, nouveau centre du pouvoir politique de la maison de Luxembourg. Le prestige de la cathédrale gothique de prague, alors en construction au milieu du complexe palatin de la capitale de la bohême, était sans commune mesure avec l’abbaye de moniales perdue dans une vallée du Luxembourg 58. L’abbaye continuera toutefois d’assumer son rôle identitaire culturel et politique au niveau luxembourgeois mais de manière symbolique à partir de la seconde moitié du xive siècle. il reste peu des sources historiques concernant clairefontaine au xve siècle 61 mais la communauté était en pleine décadence, souffrant de l’insécurité dans la région, de la crise religieuse en occident, de l’hostilité du village voisin 62 et du tarissement des vocations 63. en 1497, l’abbaye ne comptait plus que quatre religieuses, se débattait avec des problèmes financiers et souffrait d’une crise morale 64. Les fouilles n’ont pas révélé d’activité de construction entre clairefontaine ii, depuis le milieu du xive siècle, et la reconstruction de clairefontaine iii au xvie siècle, si ce n’est la transformation du bâtiment des cuisines au sud-ouest du complexe. des sources matérielles mises au jour lors des fouilles de ce bâtiment révèlent que les enjeux des successions dynastiques restaient une préoccupation de l’abbaye luxembourgeoise au xve siècle. L’ancienne cuisine du xiiie siècle et ses annexes partiellement fondées sur la vieille « tour » restèrent en usage jusqu’au début du xvie siècle. néanmoins, pour des raisons pratiques, ces bâtiments furent transformés à plusieurs reprises (fig. 9). sans doute dès le xive siècle, le foyer central de la grande cuisine fit place à une cheminée pariétale CLAIREFONTAINE AU XVe SIÈCLE : CHANGEMENTS DYNASTIQUES ET CARREAUX DE POÊLE La seconde moitié du xive et le xve siècle furent difficiles pour l’abbaye de clairefontaine qui ne faisait désormais plus l’objet des faveurs du prince. Les comtes de Luxembourg, élevés au rang de ducs en 1354, participant à la grande politique de la bohême et de l’empire, se désintéressaient de leur terre ancestrale d’ailleurs bien marginale sur l’échiquier de l’empire. seul un frère de charles iv, Wenceslas ier, duc de Luxembourg, duc de brabant et de Limbourg, joua un rôle important dans les pays-bas mais sa mort prématurée et sans descendance firent échouer le mouvement d’unification territoriale qu’il avait entrepris à partir de bruxelles 59. Wenceslas mourut de la peste à Luxembourg en 1384 et ne fut pas inhumé à clairefontaine mais dans le chœur de l’abbaye cistercienne d’orval, nécropole des comtes de chiny dont il avait acquis le territoire et le titre en 1364 60. son successeur, Wenceslas ii, donna en 1388 le duché en gage, créant une situation confuse entre les ducs portant le titre et ceux qui exerçaient le pouvoir réel. philippe le bon, duc de bourgogne, allait profiter de cette situation et parvint à acquérir le droit de gage sur le duché en 1441 et à l’unifier aux pays-bas bourguignons en 1457. fig. 9 - clairefontaine ii, plan de la cuisine transformée au xve siècle, essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : vieille tour ; 2 : couloir ; 3 : boulangerie ; 4 : cuisine ; 5 : parloir ; 6 : four ; 7 : puisard. 125 cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat. fig. 10 - clairefontaine ii, cuisine au xve siècle. a : sol du bâtiment annexe du xive siècle ; b : traces des poutres du sol en bois du xve siècle ; c : base de la paroi ; d : fondation du poêle aux carreaux ; e : cheminée ; f : four. davy herremans et thomas coomans hongrie aimaient donner des carreaux de poêle à leur effigie comme cadeau diplomatique. on en trouve dans les résidences de leurs relations politiques en bohême et bien au-delà : des fouilles ont mis au jour des carreaux avec les emblèmes de l’empereur sigismond (1385-1437), de son petitfils Ladislas de habsbourg, dit le Posthume (1444-1457), et de matthias corvin (1458-1490) 70. des tuiles étaient produites dans la basse-cour de la résidence de ce dernier à budapest 71. cl. d. herremans et J. angenon. fig. 11 - clairefontaine, carreaux de poêle trouvés sur le site. a : Ladislas d’hongrie, roi de bohême ; b : élisabeth de frantz, abbesse du clairefontaine ; c : aigle ducal de bohême ; d : maximilien ier de habsbourg, empereur ; e : armoiries de pierre-ernest, comte de mansfeld et de marguerite de bréderode ; f : charles quint, aigle impérial et toison d’or ; g : éléonore de habsbourg ; h : duché de Luxembourg. 126 de presque 4 m de largeur et, à l’ouest, derrière une cloison, fut aménagée une pièce avec un grand bassin. À l’ouest de la cuisine fut construite une nouvelle pièce. Le sol de la petite cuisine annexée au nordest fut dallé avec des fragments d’architecture provenant du premier ensemble monastique. dans une deuxième phase, dont la datation sera discutée plus loin, furent effectués des réaménagements plus profonds. La petite cuisine annexée au nord-est fut détruite et un puisard établi à cet endroit 65. La grande cheminée centrale fut rasée et s’y substitua un four à pain de plus de 2 m de diamètre, flanqué d’un couloir pavé qui reliait la cuisine au cloître. La pièce occidentale du bâtiment fut élargie de 4 m vers le nord et le nouvel espace divisé en deux par une cloison en bois. La partie méridionale, d’environ 4 m sur 6 m, fut aménagée en cuisine avec un plancher, une cheminée, et un four extérieur chargeable par une cheminée à l’intérieur de la pièce. La chaleur ainsi produite était conduite vers un poêle à carreaux dans la pièce voisine. cette chambre chauffée servait vraisemblablement de parloir et de salle de réception. Le cartulaire de l’abbaye mentionne des travaux de construction vers le milieu du xve siècle. un document de 1457 rapporte un conflit entre les sœurs de clairefontaine et le village d’eischen à propos de l’abattage de bois de construction 66. L’iconographie des carreaux de poêle permet de dater la transformation du bâtiment du milieu du xve siècle, plus précisément de 1451 à 1457, soit sous l’abbatiat d’élisabeth d’autel 67. Les carreaux les plus anciens portent l’image d’un roi de hongrie, identifiable à son globe, son sceptre et sa couronne aux lys d’anjou 68 (fig. 11 : a). Le don de carreaux de poêle décorés de portraits royaux et d’emblèmes héraldiques avait pour but principal la représentation et l’affirmation de réseaux sociaux et politiques. La coutume naquit sans doute dans les cours royales d’europe centrale, le foyer de la céramique du poêle, et fut adoptée ensuite par les élites ailleurs en europe au xve siècle 69. Les rois de Les carreaux de clairefontaine renvoient vraisemblablement à Ladislas le Posthume. avec la mort de l’empereur sigismond en 1437 s’éteignait la brillante lignée des Luxembourg. sa fille unique, élisabeth de goerlitz, avait pris possession du duché en 1411 avec son mari antoine, duc de brabant et de Limbourg, fils cadet de philippe le hardi, duc de bourgogne. antoine fut tué à la bataille d’azincourt en 1415 et élisabeth, criblée de dettes, finit par se tourner vers son neveu philippe le bon, le grand artisan de la construction des pays-bas bourguignons. L’acquisition du Luxembourg et de la Lorraine faisait partie de ses priorités car ces territoires permettaient de relier la bourgogne aux pays-bas et consolidaient l’unité de son état. par le traité de hesdin, philippe racheta à élisabeth l’engagère du Luxembourg en 1441, devenant mambour et gouverneur, sans toutefois pouvoir porter le titre ducal qui faisait encore partie des titres héréditaires de la famille royale de hongrie et de bohême. c’est ainsi que Ladislas de bohême revendiqua le Luxembourg à partir du décès d’élisabeth en 1451 jusqu’à sa mort en 1457 72 ; ensuite les droits de philippe le bon ne furent plus contestés. Les carreaux de clairefontaine se situent précisément entre 1451 et 1457, lorsque Ladislas chercha le soutien de la noblesse luxembourgeoise contre la politique centralisatrice du bourguignon 73. malgré sa décadence, clairefontaine restait un symbole : tant les membres de la communauté religieuse que ses bienfaiteurs appartenaient à la noblesse du Luxembourg. de plus, l’abbesse élisabeth appartenait à la famille d’autel qui étaient des gens de confiance des rois de bohême. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) son père, huart ii d’autel, avait servi Wenceslas et avait été gouverneur du Luxembourg mais les bourguignons lui avaient confisqué ses biens et rasé son château en 1412 74. Le château d’autel se trouvait à moins de 3 km de l’abbaye de clairefontaine. un frère de l’abbesse, huart iii d’autel, mena une révolte contre les bourguignons entre 1441 et sa mort en 1443 75 et son cousin gilles d’autel, bravant les menaces de philippe le bon, se serait rendu aux états de Luxembourg convoqués par Ladislas le 20 décembre 1452 suite au décès d’élisabeth de goerlitz 76. en 1355, Ladislas donna la seigneurie de Koerich en fief à gilles d’autel 77. ainsi, l’effigie de Ladislas sur le poêle du parloir ou de la salle de réception de l’abbesse exprimait l’influence de la famille d’autel à clairefontaine et la position de l’abbaye dans la querelle pour la succession d’élisabeth de goerlitz 78. après la mort de Ladislas et la reconnaissance de philippe le bon par les états de Luxembourg en 1462, tous ses successeurs, bourguignons et habsbourg, furent considérés comme souverains légitimes du Luxembourg et de ses villes dont ils s’engageaient à respecter les libertés et les privilèges 79. Le Luxembourg était la province la plus vaste mais aussi la plus pauvre des pays-bas et valait surtout par sa position géostratégique. peu urbanisé, le duché maintint pendant des siècles la structure sociale attachée à l’horizon familial et au cadre seigneurial 80. pour cette raison, tout pouvoir centralisé était difficile à établir au Luxembourg et les souverains consacraient consciemment leurs discours de propagande aux anciens symboles seigneuriaux. parmi ceux-ci, les abbayes luxembourgeoises pouvaient également compter sur la protection des souverains. en 1480, maximilien d’autriche et sa femme marie de bourgogne confirmaient les privilèges de l’abbaye de clairefontaine. dans ce document, les nouveaux souverains se présentaient comme les successeurs naturels des fondateurs : « (…) l’abbaye fondée par nos prédécesseurs, les comtes et ducs de Luxembourg » (monasterium fuisse et esse fundatum a praedecessoribus nostris, comitibus et ducibus Lucemburgiae) 81. ce n’est pas tout. maximilien d’autriche était aussi présent dans la culture matérielle de l’abbaye car plusieurs carreaux de poêle décorés de son emblème y furent retrouvés 82 (fig. 11 : c). La confirmation des privilèges de l’abbaye s’accompagna vraisemblablement d’un don de carreaux et le remplacement de l’effigie de Ladislas par l’emblème de maximilien. d’autres carreaux portent les armories familiales d’élisabeth de frantz, abbesse à clairefontaine en 1480 83 : de sable à la croix pleine d’or (fig. 11 : b). CLAIREFONTAINE III – UNE RECONSTRUCTION TOTALE AU XVIe SIÈCLE après le décès de l’abbesse sophie de muel en 1497, le chapitre général de cîteaux décida de transférer les quatre dernières moniales de clairefontaine à l’abbaye de differdange et des les remplacer par une communauté de moines provenant de l’abbaye cistercienne de himmerod. ainsi, pendant dix ans, de 1497 à 1507, clairefontaine fut une abbaye d’hommes dirigée par deux abbés successifs 84. Les raisons de ce grand changement sont à la fois locales et conjoncturelles. d’une part, gofrinum, religieux d’himmerod, procureur et confesseur de l’abbaye, dilapida les finances et mena une vie scandaleuse avec l’abbesse au point que le chapitre général dut intervenir en 1489 suite à une plainte des moniales 85. L’affaire traîna jusqu’en 1496 et accéléra la décadence morale et financière de l’abbaye. À un niveau moins local, ce changement de communauté s’inscrit dans le mouvement de réforme des abbayes de moniales cisterciennes aux xve et début du xvie siècle dans les anciens pays-bas, sous l’influence de la Devotio moderna. La réforme visait à affermir la vie régulière par le renforcement de la clôture, la réduction de l’ingérence des familles des moniales à l’intérieur des cloîtres, le retour à l’austérité matérielle et l’élévation du niveau de la vie spirituelle. dans le diocèse de Liège, la réforme démarra en 1406 à l’abbaye de marche-les-dames, près de namur, se propagea à l’abbaye de soleilmont en 1415, puis à une quinzaine d’autres avant 1500 86. La réforme rencontra l’opposition de certaines communautés ou de certaines moniales au sein de communautés, obligeant le chapitre général de cîteaux, qui encourageait la réforme, à ordonner des transferts de religieux et de religieuses dans différents sens afin de constituer des communautés homogènes et viables. tantôt des abbesses étaient déposées et les communautés étaient « mises au pas » par l’arrivée de moniales réformées. tantôt avaient lieu des échanges de bâtiments : des moines lassaient leur abbaye, mieux située et plus propice à la réforme, à une communauté de moniales et s’installaient dans l’abbaye d’origine de ces dernières 87. « L’esprit de réforme ne s’épuisa pas, même si les communautés avaient bien souvent besoin d’encouragements et d’initiatives originales pour se maintenir. par esprit de solidarité, cisterciens et cisterciennes s’associaient en confréries de prières. ce mouvement se poursuivit au-delà du xve siècle et marqua les annales de chaque maison, qui situaient, dès lors, les événements ‘avant’ ou ‘après’ l’introduction de la réforme » 88. Les réformes s’accompagnaient volontiers de constructions qui participaient à la dynamique d’un nouvel élan : généralement le sanctuaire, le chœur et les stalles étaient transformés et stimulaient la réforme spirituelle 89 mais il arrivait également que d’autres parties des abbayes, notamment la salle capitulaire, lieu de l’autorité abbatiale, soient reconstruites 90. ce qui se passa précisément à clairefontaine reste obscur, d’autant plus que l’abbaye se trouvait dans le diocèse de trèves où la réforme cistercienne n’a pas fait l’objet d’études comparables à celles menées dans les diocèses de Liège ou d’utrecht. quoi qu’il en soit, la communauté d’hommes quitta clairefontaine après dix ans et le chapitre général de cîteaux autorisa le retour des quatre dames de 1497, sous la direction de l’abbesse catherine de berentzeim 91. celle-ci allait gouverner l’abbaye de 1507 à 1551, restaurer les finances, augmenter l’effectif de la communauté et reconstruire les bâtiments. elle put compter sur l’aide du gouverneur 127 davy herremans et thomas coomans 128 fig. 12 - clairefontaine iii, plan de l’abbaye au xvie siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : nef de l’église ; 2 : chapelle notre-dame ; 3 : chapelle sainte-marguerite ; 4 : fontaine saint-bernard ; 5 : préau du cloître ; 6 : bassin du cloître ; 7 : galeries du cloître ; 8 : locaux des converses ; 9 : passage ; 10 : réfectoire ; 11 : cuisine et annexes ; 12 : latrines ; 13 : quartier de l’abbesse. de Luxembourg, christophe de bade, dont il sera question plus loin. La reconstruction quasi complète de l’abbaye sous catherine de berentzeim correspond à la phase que nous appelons clairefontaine iii 92. étant donné l’envergure des travaux, il n’est pas exclu que les moines donnèrent l’impulsion de la reconstruction de l’abbaye dès avant 1507 mais les archives lacunaires ne permettent pas d’établir de chronologie précise. en 1516, une nouvelle dispute éclata entre l’abbaye et les villageois d’eisschen à propos de l’abattage d’arbres pour la construction 93. La nouvelle église basilicale ne fut vraisemblablement pas achevée avant 1552, lorsque, sous l’abbatiat d’élisabeth de rottart de Wiltz, le tombe d’ermesinde fut déplacée et pourvue d’un nouveau mausolée sculpté 94. en un demi-siècle, l’abbaye médiévale disparut complètement et s’y substitua un ensemble neuf et monumental qui exprimait le dynamisme retrouvé de la L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) communauté dont le nombre passa de quatre dames en 1507 à treize en 1551. mis à part le mur méridional de la nef, séparant l’église du cloître, toute l’abbaye fut rasée et reconstruite selon un nouveau projet comprenant une église à trois nefs et transept, un cloître agrandi et des nouveaux corps de bâtiments à l’ouest, au sud et à l’est du cloître (fig. 12). seul ce dernier, situé sous la ferme actuelle, n’a pas été fouillé. Le plan légèrement trapézoïdal du cloître primitif fut transformé et étendu vers l’est, devenant un carré presque parfait de 25 m de côté. À cette fin, l’aile orientale de l’abbaye fut rasée et reconstruite 3,50 m plus à l’est. L’angle sud-ouest du cloître, aigu, fut mis à 90°, ce qui permettait de reconstruire l’aile méridionale sur un axe redressé. heureusement pour les archéologues, les travaux s’accompagnèrent d’un rehaussement du terrain suite auquel les fondations, les soubassements et même les pavements de l’état antérieur furent conservés. La nouvelle église adoptait un parti architectural radicalement différent : de type basilical, à bas-côtés et transept non saillant, elle se terminait par un sanctuaire à chevet plat, flanqué par deux chapelles latérales dans le prolongement des bascôtés. Le tout s’inscrivait dans un grand rectangle d’environ 50 m sur 20 m, soit une emprise au sol de plus du double de l’église de clairefontaine i. d’après leurs fondations et leurs bases, les colonnes de la nef étaient de fortes dimensions. Les fondations des supports de la croisée n’ont pas été mises au jour car elles se trouvent sous la chapelle de 1875 mais les bases des colonnes engagées dans le mur sud de l’église situent l’axe du transept et fixent sa largeur à 5 m. La tombe d’ermesinde se trouvait vraisemblablement sous la croisée et était entourée des stalles des moniales. La chapelle latérale au sud du sanctuaire était dédiée à sainte-marguerite, la patronne d’ermesinde ; la chapelle septentrionale était sans doute dédiée à la vierge marie. Le niveau intérieur de l’église fut surélevé une seconde fois d’environ 60 cm, comme le suggèrent les enduits conservés derrière les terres de rehaussement 95 (fig. 13). L’aile occidentale du cloître, dite des converses 96, fut rebâtie de fond en comble. son système de proportions est le même que celui de l’aile sud et on peut imaginer que sa façade occidentale, accolée à celle de la nouvelle église, avait une certaine allure. À l’intérieur, la distribution des pièces n’avait plus rien à voir avec celle du bâtiment précédent. Le passage qui divisait le bâtiment en son centre fut déplacé vers le sud, dans le prolongement de la galerie méridionale du cloître. deux grandes pièces de plus de 10 m de long occupaient le rezde chaussée et une troisième pièce, contre l’église, fut également agrandie. Leur fonction reste indéfinie et leur affectation aux converses ne se base que sur la disposition typologique conventionnelle. dans la partie septentrionale du bâtiment, un couloir parallèle au cloître permettait d’atteindre l’église sans devoir passer par le cloître. sans doute cette circulation dérobée était-elle destinée aux converses ou à des hôtes. La même question de l’affectation se pose pour le nouveau bâtiment au sudouest du cloître qui prit la place de l’ancien bâtiment des cuisines et de la « tour » médiévale. bien aligné sur la nouvelle aile sud et accolé aux bâtiments autour du cloître, ce nouveau bâtiment qui comprenait une galerie, deux belles pièces, une série de cellules et des latrines du côté de la rivière était vraisemblablement le quartier de l’abbesse. un escalier d’angle menait sans aucun doute à l’étage de l’ancienne « tour ». en effet, l’emplacement à l’ouest du cloître, tourné vers la zone d’accueil de l’abbaye, ainsi qu’en lien direct avec le réfectoire, le cloître et, au-delà, l’église sont à l’interface de la stricte clôture et du monde extérieur, du spirituel et du temporel. un rare exemple de quartier d’abbesse bâti entre 1519 et 1548 est conservé à l’abbaye noble de herkenrode, près de hasselt (fig. 14). également distinct du cloître, il se compose d’un couloir desservant plusieurs pièces d’apparat, voûtées d’ogives et décorées de rinceaux et de motifs héraldiques gothiques tardifs peints 97. un logis abbatial du même type existait à l’abbaye de soleilmont vers 1500 98. si ces logis du début du xvie siècle furent souvent remplacés aux xviie et xviiie siècles par des quartiers aux allures de demeures de plaisance, comprenant souvent une hôtellerie pour les hôtes de marques, leur emplacement privilégié remonte à la fin du moyen Âge 99. on notera que certaines abbayes d’hommes se dotèrent de quartiers abbatiaux du même type au début du xvie siècle, également situés en avant de l’aile occidentale du fig. 13 - fragment du mur sud de l’église (extrémité ouest) conservé en élévation et traces des niveaux successifs de clairefontaine i, ii et iii (relevé a. de meulemeester et g. vermeiren, digitalisé par d. herremans ©spW-dpat). 129 davy herremans et thomas coomans cl. thoc, avril 2007. fig. 14 - Logis de l’abbesse cistercienne de herkenrode, construit par mechtilde de Léchy entre 1519 et 1548. cloître et pourvus d’une galerie 100. À l’intersection des ailes occidentale et méridionale du cloître, accolé au quartier de l’abbesse, se trouvait le réfectoire, grande pièce d’environ 7 m sur 11 m, directement accessible depuis le cloître et pourvue de latrines au sud. À l’est du réfectoire, dans l’aile méridionale, se trouvait la nouvelle cuisine pourvue d’une grande cheminée pariétale. au nord du réfectoire, un passage reliait l’angle du cloître et le jardin à l’ouest, le long du logis de l’abbesse. 130 clairefontaine iii donnait à la communauté des moniales un cadre matériel neuf et prestigieux. cet investissement considérable s’accompagnait de nouveaux moyens et d’une restructuration de l’économie de l’abbaye. son budget instable avait trop longtemps dépendu de la seule générosité des comtes, soucieux ou non de l’entretien de la memoria de leurs ancêtres, et des donations de nobles dont les filles étaient entrées à l’abbaye. Les sources historiques révèlent une réorganisation fondamentale du domaine monastique au début du xvie siècle, les fermages remplaçant désormais le système d’exploitation seigneuriale 101. toutefois, la reconstruction de l’abbaye au xvie siècle n’aurait pas pu avoir lieu sans soutiens princiers au plus haut niveau. il est notoire que les habsbourg développèrent une politique de mise en valeur des tombes de leurs prédécesseurs et des nécropoles des dynasties dont ils portaient désormais le titre 102. Le cas de l’abbaye prémontrée de middelburg, en Zélande, est comparable à celui de clairefontaine. L’abbaye fut entièrement reconstruite par ordre de maximilien ier et charles quint pendant la première moitié du xvie siècle et un nouveau mausolée fut érigé dans la nouvelle église pour guillaume ii, comte de hollande et de Zélande et roi des romains († 1256). ce tombeau de prestige dynastique, réalisé entre 1542 et 1546, était situé le long d’un des murs latéraux du chœur, sous une architecture de style renaissance 103. il n’est pas inutile de rappeler ici le tombeau de charles le téméraire dont le corps fut rapatrié de nancy par charles quint et placé dans un magnifique tombeau au milieu du chœur de l’église notre-dame à bruges en 1553 104. L’intervention de charles quint à clairefontaine en 1531 et le nouveau tombeau d’ermesinde à clairefontaine inauguré en 1552 s’inscrivent à l’évidence dans ce mouvement dynastique et identitaire. christophe, margrave de bade et gouverneur de Luxembourg († 1517), favorisa le retour des moniales à clairefontaine en 1507. neveu de georges de bade, évêque de metz, et de Jean de bade, archevêque de trèves, il avait fait partie de la légation envoyée par son oncle l’empereur fréderic iii dans les pays-bas pour préparer le mariage de l’archiduc maximilien d’autriche et de marie de bourgogne. en 1488, maximilien nomma son cousin stathouder et gouverneur de Luxembourg à titre héréditaire et lui donna plusieurs fiefs dans le Luxembourg 105. en 1531, charles quint confirma les privilèges des sœurs de clairefontaine, sans doute par l’entremise de bernard de bade qui avait succédé à son père en 1517 106. en 1547, christophe de bade, frère de bernard, et sa femme marguerite de mamer faisaient une donation considérable à l’abbaye, comme dot lors de la prise d’habit de leur fille élisabeth 107. peu après la confirmation de charles quint, bernard de bade tombait en discrédit et était forcé à renoncer au titre de gouverneur de Luxembourg 108. un de ses successeurs apparaît aussi dans la culture matérielle de l’abbaye. sur un fragment de carreau de poêle, on peut reconnaître le blason du comte pierre-ernest de mansfeld († 1604), confident de charles quint, gouverneur de Luxembourg depuis 1545, grand mécène et bâtisseur d’une cour somptueuse à Luxembourg 109. La présence des armoiries de sa première épouse, marguerite de bréderode, décédée en 1554, permit de dater le fragment entre 1545 et 1554 110 (fig. 11 : e). Le gouverneur offrit donc un poêle à carreaux à la communauté de clairefontaine à l’époque de la consécration de la nouvelle église de clairefontaine en 1552. d’autres carreaux du même poêle portent une iconographie liée à charles quint et aux habsbourg (fig. 11 : f) et l’effigie et le nom d’éléonore de habsbourg, sœur de l’empereur (fig. 11 : g). plusieurs carreaux de poêle et des carreaux de pavement en majolique aux armoiries de mansfeld et de charles quint furent également trouvés à l’abbaye de neumünster, nécropole de la première dynastie de L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) Luxembourg et lieu de sépulture de Jean d’aveugle, située dans la ville de Luxembourg et reconstruite en 1561 111. un fragment de carreau de la même série porte l’emblème de Luxembourg et les lettre Lu qui faisaient partie de Lutcen 112 (fig. 11 : h). CLAIREFONTAINE IV – TRANSFORMATIONS À LA SUITE DES INONDATIONS DU XVIIe SIÈCLE contrairement au nord et au centre des anciens pays-bas, le Luxembourg ne fut pas le théâtre de la guerre civile entre catholiques et protestants au xvie siècle. aussi, la contre-réforme put-elle se développer sans opposition et influencer durablement la société luxembourgeoise. Le culte des saints et les pèlerinages étaient largement stimulés par l’église et clairefontaine n’échappa pas au mouvement. Les archiducs albert et isabelle, fers de lance de la contre-réforme et promoteurs du culte marial dans les pays-bas méridionaux, furent les derniers souverains à confirmer les privilèges de l’abbaye 113. c’est dans ce contexte, en 1633, qu’un chroniqueur local mentionna pour la première fois la légende, déjà évoquée, selon laquelle la vierge marie aurait demandé à la comtesse ermesinde de fonder clairefontaine 114. La statue mariale qui se trouvait dans l’église depuis le xiiie siècle fit désormais l’objet d’un culte, associé aux prières mémorielles pour la fondatrice ainsi qu’à la dévotion à saint bernard. Le nom de ce dernier fut associé à la source de la légende, dite « source saint bernard », concrétisée par une fontaine aménagée dans la galerie nord du cloître, contre le mur de l’église à hauteur du sanctuaire. À partir de 1671, l’abbaye devint également un lieu de pèlerinage officiel à saint antoine, confirmé par le pape clément x à la demande de l’abbesse marguerite de pouilly 115. L’abbaye possédait également une riche collection de reliques 116, notamment des cheveux de marie, du sang du christ et quelques pierres de la lapidation de saint étienne, tachées du sang du martyr. La ceinture de sainte marguerite était exposée chaque année le 20 juillet et attirait les femmes enceintes de la région qui souhaitaient une délivrance heureuse. contrastant avec le merveilleux de la vie spirituelle, la réalité matérielle de l’abbaye, également liée à l’eau, prenait une tournure préoccupante. au cours du xviie siècle, le vallon de clairefontaine continua à se combler progressivement, entraînant des inondations de plus en plus fréquentes. ainsi, le 29 mai 1617, six maîtres ouvriers constatèrent des dégâts aux maçonneries et des avaries aux conduits et aux fondements souterrains suite à un gros orage 117. il est difficile d’estimer l’envergure des travaux subséquents mais il est clair que la zone des latrines au sud ouest du cloître fut adaptée 118. Le quartier de l’abbesse, fondé sur l’ancienne cuisine médiévale, fut rasé et un nouveau mur de clôture établi à sa place. Le lit du ruisseau fut repoussé de quelques mètres vers le sud et un nouveau bâtiment comprenant des latrines fut construit audessus du ruisseau, au sud du réfectoire. À la fin du xviie siècle, l’abbaye fut affectée par des inondations plus destructrices qu’auparavant, au point que le rezde-chaussée de l’abbaye devint invivable. Les moniales décidèrent une fois encore de reconstruire leur abbaye, ce qui donna lieu à l’état clairefontaine iv (fig. 15). de 1695 à 1728, un long conflit opposa une nouvelle fois l’abbaye aux villageois d’eisschen au sujet de l’abattage d’arbres pour la construction 119. La durée de la dispute correspond à peu près à celle des travaux. en 1731, l’abbé de clairvaux en visite canonique à clairefontaine félicitait publiquement l’abbesse margueriteJosèphe de La fontaine pour les grands ouvrages en bonne voie d’exécution 120. Les travaux de déblaiement et les sondages entrepris par les Jésuites à la fin du xixe siècle leur avait permis de dresser un plan sommaire de l’abbaye avant sa suppression et sa destruction 121. ce plan est utile, en particulier pour l’interprétation du sanctuaire de l’église dont les fondations furent détruites lors de la construction de la chapelle commémorative. il donne également une image complète de la basse-cour de l’abbaye, reconstruite en 1734 à l’est de l’église. aujourd’hui, le quartier des hôtes, le moulin et quelques bâtiments de l’exploitation agricole subsistent dans la ferme contemporaine. par rapport au plan des Jésuites, les fouilles archéologiques récentes ont surtout apporté des précisions sur les transformations des bâtiments conventuels. avant les travaux, le terrain fût rehaussé d’environ 1,50 m pour en finir avec les problèmes d’eau et faire face aux torrents de boue qui envahissaient régulièrement l’abbaye. clairefontaine iv était donc surélevée et possédait un système hydraulique ingénieux qui approvisionnait la communauté en eau, tout en assurant l’évacuation des eaux usées et le drainage du préau 122. une partie du système hydraulique était déjà en place depuis le xive siècle mais les transformations profondes du xviiie siècle ne permettent pas de reconstituer avec précision les phases antérieures et leur évolution. il est évident que les problèmes d’eau constituaient un souci permanent pour la communauté et que des travaux ponctuels intervinrent également en dehors des quatre grandes phases de construction de l’abbaye. au centre du préau du cloître, un grand bassin central à ciel ouvert fut établi à l’emplacement d’un bassin remontant au xvie voire au xive siècle. on construisit autour du bassin un mur qui retient encore aujourd’hui les terres de rehaussement (fig. 16). au xixe siècle, cet ensemble reçut le nom de vieux lavoir par opposition à un nouveau lavoir couvert aménagé dans une des caves de l’aile méridionale de l’abbaye 123. Le long de la façade occidentale de l’aile des converses, une rigole en pierre évacuait les eaux depuis l’angle de l’église vers les latrines au sud. des descentes d’eau dans les angles nord-est et sud-est du cloître collectaient les eaux de pluie des toitures et les évacuaient par des canalisations souterraines vers le bassin du préau. dans la cour de la ferme fut aménagé un lavoir alimenté en eau par un canal souterrain branché sur celui de la source saintbernard avant qu’il alimente les bassins du préau. rehaussés de 1,50 m, les bâtiments autour du cloître furent réaménagés et la 131 davy herremans et thomas coomans disposition des pièces adaptée aux nouveaux besoins. Les sources mentionnent la présence de converses au nombre à peu près constant de six au xviiie siècle 124. un nouveau passage monumental large de 3 m traversait l’aile occidentale et ouvrait sur le cloître. il devait ressembler à la porte, toujours existante, menant à la ferme depuis l’angle opposé du cloître. L’agrandissement du réfectoire, à l’angle des ailes occidentale et méridionale, fut une des transformations majeures de cette partie de l’abbaye suite à la destruction du quartier de l’abbesse. Les nouveaux appartements de l’abbesse occupaient désormais l’aile orientale de l’abbaye qui, elle aussi, fut entièrement rebâtie 125. elle comprenait également la salle capitulaire ainsi qu’un niveau de caves voûtées 126. Les cuisines dans l’aile sud furent réorganisées et un passage transversal établi pour relier le cloître au jardin vers la rivière. La moitié orientale de l’aile sud fut reconstruite au-dessus du rez-de-chaussée voûté du 132 fig. 15 - clairefontaine iv, plan de l’abbaye aux xviie et xviiie siècles et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : nef de l’église ; 2 : chapelle notre-dame ; 3 : chapelle sainte-marguerite ; 4 : fontaine saint-bernard ; 5 : préau du cloître ; 6 : lavoir ; 7 : galeries du cloître ; 8 : locaux des converses ; 9 : réfectoire ; 10 : cuisine et annexes ; 11 : caves ; 12 : latrine ; 13 : passage ; 14 : porte de la ferme avec caves. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) cl. thoc, juillet 2007. fig. 16 - bassins au milieu du préau et murs de soutènement du niveau exhaussé de clairefontaine iv ; à l’arrière-plan, la chapelle du xixe siècle. siècle, transformant celui-ci en caves. ces caves voûtées subsistent toujours. ailleurs, les portes et les fenêtres furent bouchées. d’après le plan sommaire des Jésuites 127, l’aile orientale comprenait une sacristie au revers du chevet de l’église, un parloir au nord et la salle capitulaire au sud. plus à l’est, la basse-cour avait environ deux fois la superficie du préau du cloître et était entourée d’écuries, de communs, d’une grange, d’une remise à voitures et d’une aumônerie. La porterie, dite de saintehombeline, se trouvait encore plus à l’est. xvie L’église de clairefontaine iv était celle de la première moitié du xvie siècle mais le sol du chœur monastique était rehaussé. À distance suffisante du ruisseau et située plus haut que le cloître, l’église était moins exposée aux inondations et ne souffrait que de la nappe phréatique et des sources. La combinaison des fouilles récentes, des constatations des Jésuites et des sources historiques permet de localiser un certain nombre des tombeaux et des cénotaphes dans l’église et dans le cloître du xviiie siècle. Les tombes des familles comtales et apparentées avaient probablement déjà été déplacées au xvie siècle. dans l’église, les Jésuites identifièrent la tombe d’henri v à celle qui se trouvait devant le maître-autel. celle de son épouse, marguerite de bar, se trouvait aussi dans le chœur des moniales. une troisième tombe, un peu plus au sud, était sans doute celle d’ermesinde. dans le bas-côté sud se trouvait le cénotaphe de marguerite, catherine et Jeanne de Luxembourg, trois filles de henri et marguerite. Jeanne avait d’ailleurs été la deuxième abbesse de clairefontaine. Les fouilles ont révélé plusieurs tombes des xvie, xviie et xviiie siècles, appartenant à des bienfaiteurs laïcs qui n’ont pas été identifiés. dans la galerie orientale du cloître, en face de la salle capitulaire, se trouvaient les cénotaphes d’un fils de henri et marguerite ainsi que de renaud de bar, beau-frère d’henri v. pierre-alexandrecyprien merjai, avocat et bourgeois de Luxembourg, visita clairefontaine en 1786 et fit des dessins de ces monuments funéraires 128. une série de sépultures de religieuses, curieusement orientées nord-sud, a été mise au jour dans la galerie septentrionale du cloître, près de la « source de saint bernard ». Le frontispice de la première monographie sur clairefontaine, publiée par le père jésuite camille-Jean Joset en 1935, présente un essai de reconstitution de l’abbaye avant sa suppression (fig. 17). malgré quelques imperfections, ce dessin donne une bonne image de l’abbaye tapie dans le vallon, du jeu des volumes dominés par celui de l’église et de l’inhabituelle disposition de la basse-cour à l’est de l’église et des bâtiments monastiques. APRÈS LA SUPPRESSION : LE SITE DE CLAIREFONTAINE AUX XIXE ET XXE SIÈCLES au moment de sa suppression par les français, la communauté comptait une abbesse, sept dames de chœur, une professe et quatre converses. L’histoire raconte que l’abbaye fut pillée en 1793 et incendiée en 1794 129 mais les fouilles n’ont mis au jour aucune trace d’incendie. quoi qu’il en soit, l’abbaye fut supprimée par le directoire en 1796 et divisée en lots qui furent vendus à différents propriétaires. si la ferme et les moulins continuèrent leur activité, les bâtiments monastiques servirent de carrière de matériaux et furent démolis par la population des environs. ainsi, une porte monumentale de l’abbaye de clairefontaine iv fut reconstruite à l’église de habergy en 1818, puis déplacée à nouveau sur la « montée royale » à arlon où elle se trouve toujours 130. un certain françois simonet développa une forge sur le site qui ne manquait pas d’eau. neuf ans après la révolution belge de 1830, le Luxembourg 133 fig. 17 - reconstitution de clairefontaine iv au xviiie siècle, vue depuis le sud (dessin de g. Ledent, dans c.-J. Joset, 1935). davy herremans et thomas coomans des saints cisterciens et les trois fondateurs contribuent à l’atmosphère commémorative. fig. 18 - clairefontaine, site de l’abbaye en 1854 avec la dernière travée de l’église correspondant à la chapelle sainte-marguerite de clairefontaine iii (lithographie de f. damoiseaux, arlon). 134 fut divisé en deux selon un critère linguistique : la partie francophone devenant la province de Luxembourg belge, la partie germanophone le grand-duché. clairefontaine tombait dans cette dernière mais l’industriel simonet, redoutant la concurrence de la sidérurgie luxembourgeoise naissante, fit jouer son influence pour que clairefontaine se trouve du côté belge 131. une lithographie publiée en 1854 à arlon (fig. 18) montre qu’à cette date il ne restait plus rien de l’abbaye hormis un arc et un chapiteau gothiques de l’église du début du xvie siècle, correspondant à la chapelle sainte-marguerite entre le sanctuaire de l’église et la galerie nord du cloître 132. À l’arrière-plan, le volume de la ferme s’impose désormais au site ravagé. en 1874, la province méridionale belge de la compagnie de Jésus, qui possédait à arlon un grand noviciat depuis 1855, acquit le site de clairefontaine et bâtit une maison de campagne au sommet du versant sud. Le père hippolyte goffinet, éditeur en 1877 du cartulaire de clairefontaine fréquemment cité dans le présent article, nota également le tracé des murs visibles sur le site avant la construction de la chapelle qui détruisit une partie des fondations anciennes de l’église 133. voulant honorer la mémoire de la comtesse ermesinde et restaurer le culte marial de Notre-Dame du Bel Amour sur le site profané, les Jésuites érigèrent en 1875 une chapelle à l’emplacement de la tombe de la comtesse, sous la croisée de l’église du xvie siècle 134. des fouilles mirent au jour un caveau et un squelette que l’on identifia aux restes d’ermesinde 135. L’analyse établit qu’il s’agissait d’une femme âgée, d’assez grande taille, ayant engendré plusieurs enfants, mais cela ne suffit pas à confirmer avec certitude l’identité du squelette 136. La chapelle notre-dame tourne sa façade sommée d’un clocheton effilé vers la route qui longe le site au nord-ouest. conçue par l’architecte de l’état grand-ducal, charles arendt, la chapelle est de style néo-roman et comprend deux niveaux : un haut soubassement formant la crypte au niveau de l’ancienne église et le sanctuaire au niveau de la route 137 (fig. 19). son plan tréflé se réfère aux plans centraux des édifices funéraires. À l’intérieur, une tombe à gisant en marbre blanc et une série de vitraux des années 1930 et 1940 présentant La période entre les deux guerres fut un temps de réveil monastique en belgique. ainsi deux abbayes cisterciennes de la stricte observance furent fondées dans la province de Luxembourg et reprirent le nom de deux abbayes historiques : orval en 1926, à côté des ruines de l’abbaye médiévale 138, et clairefontaine en 1935, sur un autre site près de bouillon 139. étant donné que cette dernière est une nouvelle fondation sur un autre site, sans autre lien avec l’abbaye médiévale que la reprise de son nom, il n’est pas permis de la considérer comme « clairefontaine v ». en 1947, le 700e anniversaire de la mort d’ermesinde fut commémoré avec grand faste par les deux pays qui, au lendemain de la guerre, avaient signé le traité formant le benelux. clairefontaine acquérait une nouvelle dimension symbolique comme « lieu de mémoire » et de conscience luxembourgeoise transfrontalière 140. en 1997, le 750e anniversaire de la fondation de l’abbaye de clairefontaine par la comtesse ermesinde donna non cl. thoc, juillet 2007. fig. 19 - clairefontaine, chapelle de notredame construite à l’emplacement de la tombe de la comtesse ermesinde, sur le site de l’église abbatiale en 1875. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) seulement lieu à la restauration de la chapelle commémorative et au début des fouilles de grande envergure sur le site de l’abbaye, mais suscita également la réflexion sur les origines médiévales des comtés d’arlon et de Luxembourg. dans le cadre des projets d’échanges de la communauté européenne, clairefontaine fut choisie pour un projet de collaboration transfrontalière entre la Wallonie, le grand-duché de Luxembourg et la rhénanie-palatinat 141. Les travaux archéologiques, dirigés par Johnny de meulemeester 142, se déroulèrent en collaboration étroite avec les amis de l’abbaye noble de clairefontaine et les Œuvres du doyenné d’arlon, propriétaire du site. À partir de 1999, la direction de l’archéologie de la division du patrimoine de Wallonie a non seulement pris en charge la poursuite des fouilles, mais elle s’est également occupée de la mise en valeur du site archéologique. pendant une décennie, le chantier de clairefontaine a figuré au programme des stages d’étudiants en histoire et archéologie venant de différents horizons universitaires européens 143. au terme de la dernière campagne de 2007, la plus grande partie de l’abbaye avait été dégagée, à l’exception de la zone à l’est du cloître, située sous la ferme actuelle. CONCLUSION Le cas des quatre abbayes successives de clairefontaine est un bel exemple de recherche archéo-historique, combinaison des résultats de dix campagnes de fouilles avec, d’une part, les sources historiques permettant la contextualisation des structures mises au jour et, de l’autre, des comparaisons typologiques avec d’autres abbayes de moniales dans la région. Les fouilles ont considérablement élargi les connaissances de l’histoire du site, cadre matériel d’une communauté de moniales de 1247 à 1794, avec une courte interruption de 1497 à 1507, soit durant 537 ans. Lieu de mémoire dynastique, l’abbaye de clairefontaine présente une stratigraphie fascinante, bien conservée grâce aux exhaussements successifs des niveaux de sol des bâtiments. il en résulte une histoire architecturale d’une grande complexité, divisée en quatre grands chapitres correspondant à autant de reconstructions. si les grandes lignes du plan général de l’abbaye au xviiie siècle étaient connues grâce aux travaux des pères jésuites au xixe siècle, les fouilles récentes ont permis de dater l’église du xvie siècle et de mettre au jour les fondations des églises du milieu du xiiie siècle et du xive siècle. ces apports fondamentaux montrent les étapes d’un agrandissement centrifuge par rapport au cloître, menant à un doublement de la superficie de l’église. Le chœur des dames occupa trois emplacements successifs, d’abord sur une tribune occidentale, puis dans la partie orientale de l’église, enfin sous la croisée. si une telle stratigraphie est peu courante pour une église de moniales, elle est tout à fait exceptionnelle pour l’ensemble des bâtiments autour du cloître, étant donné que peu d’abbayes féminines ont fait l’objet de fouilles programmées de l’ampleur de celles de clairefontaine 144. Les résultats et surtout l’envergure des fouilles livrent une contribution assez inédite dans la recherche européenne sur l’architecture des moniales cisterciennes. Le passage de clairefontaine i avec un cloître ouvert et son plan en ‘s’ à angles droits, à clairefontaine ii, avec un plan plus standardisé est peu courant. La recherche archéologique a révélé que ce n’est qu’à partir du xive siècle que fut mis en œuvre le projet de réorganisation selon le schéma monastique classique 145. Les fouilles ont montré que l’abbaye de clairefontaine fut un chantier presque continuel mais subit également des interruptions comme lors de la mort de Jean l’aveugle en 1346. Les travaux devaient se dérouler en phases afin de ne pas perturber la vie régulière des moniales. par exemple, la cuisine du xiiie siècle et ses dépendances restèrent en fonction jusqu’au xvie siècle lorsqu’une nouvelle cuisine fut construite dans l’aile méridionale du cloître, permettant au quartier abbatial de se développer à l’emplacement de la cuisine. on doit imaginer des déplacements de ce type tout au long de la construction de clairefontaine iii, qui dura un demi-siècle et affecta au quotidien la vie de deux générations de dames. nous avons pu établir une relation entre chaque changement du cadre matériel des moniales et un contexte historique particulier, intimement lié aux princes successifs qui régnèrent sur le Luxembourg. ermesinde, henri le blondel, Jean l’aveugle, christophe de bade, pierreernest de mansfeld ainsi que les archiducs albert et isabelle furent des grands commanditaires et des puissants protecteurs. À travers eux se lit la destinée remarquable de la maison de Luxembourg et de la mémoire de ses fondateurs, puis de leurs remplaçants « étrangers » au xvie siècle qui surent s’adapter à la spécificité sociétale du Luxembourg. tous les princes ne furent pas également fidèles à cette mémoire dynastique, que les moniales continuaient d’entretenir par leurs prières. plus difficiles à établir, les liens avec les familles de la noblesse luxembourgeoise furent à coup sûr aussi importants et tributaires du prestige de leurs princes. malgré les circonstances environnementales hostiles à partir du xviie siècle, les moniales se maintinrent sur le site de clairefontaine car il avait acquis la signification symbolique et sacrée d’un « lieu de mémoire ». NOTES * davy herremans est assistant doctorant au département d’archéologie de l’université de gand (universiteit gent) et aspirant fnr Luxembourg (bfr06-80, the material culture of clairefontaine abbey). thomas coomans est professeur au département d’architecture et d’urbanisme de l’université de Leuven (Ku Leuven). ** Johnny de meulemeester (alost 1946 – gand 2009), professeur d’archéologie médiévale à l’université de gand, castellologue et pilier des rencontres de château-gaillard, avait obtenu son doctorat à l’université de caen en 1996. figure de proue de l’archéologie médiévale en belgique, au grand-duché de Luxembourg et dans le bassin méditerranéen, il forma une génération d’archéologues sur ses nombreux chantiers de fouilles, notamment à clairefontaine de 1997 à 2007. a. matthys, « prof. dr. John de meulemeester : sa vie, son œuvre, et une bibliographie thématique », dans m. dewilde, a. ervynck et fr. becuwe (dir.), Cenulae recens factae. Een huldeboek voor John De Meulemeester, gand, 2010, p. 1-12. 135 davy herremans et thomas coomans 1. village d’autelbas, fusionné depuis 1977 avec la ville d’arlon, province de Luxembourg, belgique. description dans l’inventaire : Le patrimoine monumental de la Belgique. Wallonie. 19. Province du Luxembourg. Arrondissement d’Arlon, Liège, 1994, p. 60-61. 2. m. margue, « du comté à l’empire: origines et épanouissement du Luxembourg », dans g. trausch (dir.), Histoire de Luxembourg. Le destin européen d’un ‘petit pays’, toulouse, 2003, p. 7-145. 3. a. despy-meyer, « abbaye de clairefontaine à autelbas », dans Monasticon Belge, 5. Province de Luxembourg, Liège, 1975, p. 263-296. 136 4. J. de meulemeester, « La vallée de clairefontaine à arlon – l’approche archéologique (Lux.) », Archaeologia mediaevalis. Kroniek / Chronique, 21, 1998, p. 23-25 ; J. de meulemeester, « L’abbaye noble de clairefontaine, l’approche archéologique », ibid., 22, 1999, p. 22-25 ; J. de meulemeester, « L’abbaye noble de clairefontaine à autelbas (arlon) (Lux.) », ibid., 23, 2000, p. 22-25 ; th. coomans, J. de meulemeester, J.-m. poisson et K. van iseghem, « L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (arlon) (Lux.) », ibid., 24, 2001, p. 26-31 ; J. de meulemeester, r. budd, W. dhaeze, J.-m. poisson et m. siebrand, « L’abbay cistercienne de moniales de clairefontaine (arlon, Lux.) », ibid., 25, 2002, p. 1116 ; r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (Lux.) », ibid., 26, 2003, p. 21-26 ; r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (Lux.) », ibid., 27, 2004, p. 5-8 ; i. daghelet, J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (Lux.) », ibid., 28, 2005, p. 9-13 ; h. butler, J. de meulemeester, J. eiroa, J.-m. poisson, r. shqour et a. vanden bremt, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (Lux.) », ibid., 29, 2006, p. 137138 ; h. butler, J. de meulemeester, d. herremans, J.-m. poisson et r. shqour, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (Lux.) », ibid., 30, 2007, p. 137-138 ; d. herremans, J. de meulemeester, h. butler et J.-m. poisson, « L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (arlon, Lux.) », ibid., 31, 2008, p. 128-133. 5. J. de meulemeester, « arlon/autelbas : la vallée de clairefontaine, l’approche archéologique », Chronique de l’Archéologie wallonne, 6, 1998, p. 137-139 ; J. de meulemeester, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne noble de clairefontaine », ibid., 7, 1999, p. 141-144 ; J. de meulemeester et th. coomans, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 8, 2000, p. 177-181; J. de meulemeester, J.-m. poisson, th. coomans et K. van iseghem, « arlon/autelbas : L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 9, 2001, p. 175179 ; J. de meulemeester, r. budd, W. dhaese, J.-m. poisson et m. siebrand, « arlon/autelbas: l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 10, 2002, p. 204-209 ; r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 11, 2003, p. 156-161 ; r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 12, 2004, p. 181-187 ; J. de meulemeester, c. Larbalestrier et J.-m. poisson, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 13, 2006, p. 210-215 ; b. helen, J. de meulemeester, J. eiroa, J.-m. poisson, r. shqour et a. vanden bremt, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 14, 2007, p. 167-168 ; d. herremans, J. de meulemeester, b. helen, J. eiroa et J.-m. poisson, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 15, 2008, p. 176-178. 6. davy herremans participa aux campagnes de 2005 à 2007 et thomas coomans visita régulièrement les fouilles à partir de 2000 et en discuta certaines hypothèses d’interprétation. Les auteurs remercient particulièrement andré matthijs, Jean-michel poisson et philippe mignot pour leur rôle majeur dans le déroulement des fouilles. avec une grande conscience scientifique, philippe mignot et Jean plumier ont continué à encourager les études du matériel archéologique après la mort de Johnny de meulemeester. Les auteurs sont également redevables aux autres chercheurs qui ont contribué aux publications intermédiaires des fouilles : roland budd, helen butler, Wouter d’haese, Jorge eiroa, christophe Larbalastrier, reem shqour, michel siebrand, an van den bremt, Katrien van iseghem, ainsi que l’équipe de fouilleurs de l’entreprise mangen : yves bar, roland et christophe titeux et le machiniste Jean-Luc bar. L’intérêt et l’aide des membres de l’asbL Amanoclair, en particulier Jean-pierre mandy et david colling, furent appréciés et appréciables. 7. th. coomans, « cistercian architecture or architecture of the cistercians ? », dans m. birkedalbruun (dir.), Cambridge Companion to the Cistercian Order, cambridge university press, 2012, p. 151-169. 8. voir notes 4 et 5. 9. J.p. mandy, Clairefontaine. Histoire des ruines de la vallée de Clairefontaine, Luxembourg, 2000, p. 112. 10. m. margue, « politique monastique et pouvoir souverain : henri v, sire souverain, fondateur de la principeauté territoriale Luxembourgeoise ? », dans p. dostert, m. pauly, p. schmoetten et al. (dir.), Le Luxembourg en Lotharingie – Luxembourg im Lotharingischen Raum, Luxembourg, 1993, p. 403432 ; m. margue, « de la fondation priviligiée à la nécropole familiale : l’abbaye de clairefontaine. réflexions préliminaires à l’étude d’un lieu de mémoire dynastique », Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg, 42, 1995, p. 59-91. 11. h. goffinet, Cartulaire de Clairefontaine. Recueil de documents presque tous inédits concernant cette ancienne abbaye, arlon, 1877, p. 14. 12. héritière en 1198, à 11 ans, elle perdit le comté de namur mais réunit le comté de Luxembourg à celui de Limbourg par son alliance avec Waleran de Limbourg. elle consolida le Luxembourg par les apports des comtés de Laroche et de durbuy ainsi que du marquisat d’arlon. m. margue, « du comté à l’empire: … », op. cit. note 2, p. 117-120. 13. Le phénomène de la memoria au moyen Âge est particulièrement bien étudié dans les anciens pays-bas par le projet Medieval Memoria Online. Commemoration of the Dead in the Netherlands until 1580. site et bibliographie en ligne : http://memo.hum.uu.nl/pages/products.html [consulté le 2 novembre 2012]. également : d. herremans et W. de clercq, « de herinnering blijft : memoria en materiële cultuur in de monastieke ruimte van clairefontaine », Volkskunde, 113-3, 2012, p. 283-305. 14. th. coomans, « cistercian nuns and princely memorials: dynastic burial churches in the cistercian abbeys of the medieval Low countries », dans m. margue (dir.), Sépulture, mort et symbolique du pouvoir au Moyen Âge / Tod, Grabmal und Herrschaftsrepräsentation im Mittelalter. Luxembourg, 2006, p. 683-734 ; th. coomans, « moniales cisterciennes et mémoire dynastique : églises funéraires princières et abbayes cisterciennes dans les anciens pays-bas médiévaux », dans ch. Kratzke et J. Jall (dir.), Sepulturae Cistercienses. Burial, Memorial and Patronage in Medieval Cistercian Abbeys / Sépulture, Mémoire et Patronage dans les monastères cisterciens au Moyen Âge / Grablegen, Memoria und Patronatswesen in mittelalterlichen Zisterzienserklöstern, n° thématique de Cîteaux, Commentarii cistercienses, 56, 2005, p. 87146. 15. c.-J. Joset, L’Abbaye Noble de Notre-Dame de Clairefontaine 1216-1796, bruxelles, 1935, p. 42-43. 16. Statuta 1247, 39, 1250, 41 et 1251, 31. J.-m. canivez, Statuta Capitulorum Generailum Ordinis Cisterciensis : ab anno 1116 ad annum 1786, vol. 2, Louvain, 1934, p. 322, 354 et 365-366. 17. c. Jäggi et u. Lobbedey, « church and cloister. the architecture of female monasticism in the middle ages », dans J.f. hamburger et s. marti (dir.), Crown and Veil. Female Monasticism from the Fifth to the Fifteenth Centuries, new york, 2008, p. 119. 18. L’original étant perdu, le testament n’est connu que par des copies dont le contenu a pu être adapté. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 13. 19. Ibid., p. 13 : Nos Henricus, comes Luccenburgensis, Rupensis, et marchio de Arlunensis ; et nos Margaretha, comitissa Luccenburgensis et marchionissa Arlunenensis, tenore presentium memorie committimus futurorum quod, - cum felicis memorie Ermensendis, comitissa Luccenburgensis, mater nostra, ob remedium anime sue et suorum, claustrum quod Clarusfons appellatur, situm prope Arlunum, duwerit construendum, idemque hereditate sua dotaverit, super hoc nostro accedente consensu (…). 20. g. coppack, « ‘according to the form of the order’ : the earliest cistercian buildings in england and their context », dans t.n. Kinder (dir.), Perspectives for an Architecture of Solitude. Essays on Cistercians, Art and Architecture in Honour of Peter Fergusson (Medieval Church studies, 11), turnhout, 2004, p. 35-45. 21. g. coppack, The White Monks: The Cistercian in Britain 1128-1540, stroud, 1998 ; g. coppack, « sawley abbey, an english cistercian abbey on the edge of stabilitas », Cîteaux. Commentarii cistercienses, 52, 2001, p. 319-336. 22. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 59-70. L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) 23. J. tibbets schulenberg, « strict and active enclosure and its effects on the female monastic experience (500-1100) », dans J.a. nichols et L.t. shank (dir.), Distant Echoes. Medieval Religious Women (Cistercian Studies Series, 71), Kalamazoo, 1984, p. 201-203 ; p.d. Johnson, Equal in Monastic Profession. Religious Women in Medieval France (Women in Culture and Society), chicago, 1991, p. 150-163. 24. c. mohn, Mittelalterliche Klosteranlagen der Zisterzienserinnen. Architektur der Fraunklöster im Mitteldeutschen Raum, berlin, 2006, p. 28-32 ; m. untermann, Ausgrabungen und Bauuntersuchungen in Klöstern, Grangien und Stadthöfen. Forschungsbericht und Kommentierte Bibliographie, bamberg, 2003, p. 53-68 ; J.f. hamburger, « enclosure and the cura monalium : prolegomena in the guise of a postscript », Gesta, 31/2, 1992, p. 111-114 ; e. coester, Die einschiffigen Cistercienserinnenkirchen West- und Süddeutschlands von 1200 bis 1350 (Quellen und Abhandlungen zur mittelrheinischen Kirchengeschichte, 46), mayance, 1984 ; a. dimier, « L’architecture des églises de moniales cisterciennes », Cîteaux, Commentarii cistercienses, 25, 1974, p. 8-23 ; cl. Kosch, « organisation spatiale des monastères de cisterciennes et de prémontrées en allemagne et des les pays germanophones au moyen Âge. églises conventuelles et bâtiments claustraux », dans b. barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les femmes (rencontres à royaumont), grâne, 2000, p. 19-39. 25. th. coomans, « cistercian nuns and princely memorials… », op. cit. note 14, p. 704-705 ; th. coomans, « moniales cisterciennes et mémoire dynastique… », op. cit. note 14, p. 87-146. 26. th. coomans, « cistercian nunneries in the Low countries: the medieval architectural remains », dans m.p. Lillich (dir.), Studies in Cistercian art and architecture (Cistercian Studies Series, 194), Kalamazoo, 2005, p. 61-131. 27. e. coester, Die einschiffigen Cistercienserinnenkirchen…, op. cit. note 24, p. 30-38. 28. cl. Kosch, « organisation spatiale des monastères de cisterciennes… », op. cit. note 24, p. 25. 29. r. gilchrist, Gender and Material Culture. The Archaeology of Religious Women, Londres–new york, 1993, p. 27 ; s. evangelisti, Nuns. A History of Convent Life 1450-1700, oxford, 2007, p. 53-54. 30. th. coomans, L’abbaye de Villers-en-Brabant. Construction, configuration et signification d’une abbaye cistercienne gothique (Studia et documenta, 11), bruxelles-brecht, 2000, p. 373-376 et 389-390. 31. J. tibbets schulenberg, « strict and active enclosure… », op. cit. note 23, p. 201-203 ; J.f. hamburger, « enclosure and the cura monialium: prolegomena in the guise of a postscript », Gesta, 31/2, 1992, p. 108-134. 36. point de vue, notamment, de : m. aubert et m.J. de maillé, L’architecture cistercienne en France, vol. 2, paris, 1943, p. 195-205 ; J.-J. bolly, J.-b. Lefèvre et d. misonne, Monastères bénédictins et cisterciens dans les Albums de Croÿ (1596-1611), bruxelles, 1990, p. 215-226 (essais de « plans types féminins »). 37. m. untermann, Forma Ordinis. Die mittelalterliche Baukunst der Zisterzienser, berlin, 2001, p. 49-59. 38. b. chauvin, m. heddebaut et e. Louis, « À travers les sources illustrées de quatre abbayes cisterciennes féminines de flandres française », dans b. barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les femmes…, op. cit. note 24, p. 99-120 ; a. bonis et m. Wabont, « cisterciens et cisterciennes en france du nord-ouest : typologie des fondations, typologie des sites », ibid., p. 151-178. 39. h.p. eydoux, L’architecture des églises cisterciennes d’Allemagne, paris, 1952, p. 151-161 ; c. mohn, Mittelalterliche Klosteranlagen der Zisterzienserinnen. Architektur der Fraunklöster im Mitteldeutschen Raum, berlin, 2006 ; m. mersch, « gehäuse der frömigkeit. Zuhause der nonnen: Zur geschichte der Klausurgebäude zisterziensischer frauenklöster im 13. Jahrhundert », dans f. eisermann, e. schotheuber et v. honemann (dir.), Studien und Texte zur literarischen und materiellen Kultur der Frauenklöster im später Mittelalter : Ergebnisse eines Arbeitsgesprächs in der Herzog August Biblothek Wolfenbüttel, 24-26 März 1999, Leiden, 2004, p. 56-102. 40. r. gilchrist, Gender and Material Culture…, op. cit. note 29, p. 92-95. 41. excepté : Zisterzienserbauten in der Schweiz. Neue Forschungsergebnisse zur Archäologie und Kunstgeschichte. 1: Frauenklöster (Veröffentlichungen des Instituts für Denkmalpflege an der Eidgenössischen Technischen Hochschule Zürich, 10/1), Zurich, 1990; en particulier : h.r. sennhauser, « Kirchen und Klöster der Zisterzienserinnen in der schweiz », ibid., p. 9-49. 42. th. coomans, « cistercian nunneries in the Low countries… », op. cit. note 26, p. 61-131 ; th. coomans, « the medieval architecture of cistercian nunneries in the Low countries », Bulletin van de Koninklijke Nederlandse Oudheidkundige Bond (KNOB), 103/3, 2004, p. 62-90. 43. c. Jäggi et u. Lobbedey, « church and cloister… », op. cit. note 17, p. 109-131. 44. L. vandenheede et th. coomans, « Les moulins à eau de l’enclos monastique entre ardenne et flandre », dans th. coomans (dir.), Moulins abbatiaux entre Rhin et Escaut / Abdijmolens tussen Rijn en Schelde / Abteimühlen zwischen Rhein und Schelde (clavis Kunsthistorische monografieën, 19), utrecht, 2003, p. 69-100. 34. Ibid., p. 103. 45. m. Lauwers, « Le sépulcres des pères et les ancêtres. note sur le culte des défunts à l’âge seigneurial », Médievales, 31, 1996, p. 67-78 ; h. röckelein, « founders, donors and saints. patrons of nuns’ convents », dans J.f. hamburger et s. marti (dir.), Crown and Veil…, op. cit. note 17, p. 211. 35. chiffres connus à partir de 1507 ; voir clairefontaine iii et iv. 46. a. verhulst, Landschap en landbouw in middeleeuws Vlaanderen, bruxelles, 1995. 32. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 8687. 33. Ibid., p. 98. 47. Primo videlicet sepulturam corporis nostri eligimus in monasterio monialium de Clarofonte, ordinis Cisterciensis, Treverensis diocesis prope Arlunum, ad quod monasterium corpus nostrum ubicumque mori nos contingeret, ordinamus et volumus apportari, ibidem sepeleri. g. Kurth, Le tombeau d’Ermesinde à Clairefontaine, Liège, 1880, p. 43-48 ; h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 168-169. 48. m. margue, « mort et pouvoir : le choix du lieu de sépulture (espace meuse-moselle, xie-xiie siècles) », dans m. margue (dir.), Sépulture, mort et symbolique du pouvoir au Moyen Âge / Tod, Grabmal und Herrschaftsrepräsentation im Mittelalter, Luxembourg, 2006, p. 295-296. 49. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 122. 50. Ibid., p. 172-173. 51. Ibid., p. 122-169. 52. Ibid., p. 141-142 et 155-156 53. L’amorce d’un mur courbe suggère la présence d’une abside. 54. Les constructeurs se sont vraisemblablement servis des bois récupérés sur les bâtiments primitifs pour brûler la chaux car la datation c-14 faite sur des charbons de bois trouvés dans les enduits renvoie au milieu du xiiie siècle (950-1280 ad avec 99,7% de certitude). 55. m. margue, « Fecit Carolus ducere patrem suum in patriam suam. die Überlieferung zu bestattung und grab Johanns der blinden », dans v. schwarz (dir.), Grabmäler der Luxemburger. Image und Memoria eines Kaiserhauses, echternach, 1997, p. 79-96. 56. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 189188. 57. ibid., p. 190-191. 58. p. péporté, « emperor sigismund and the Land of his forefathers », dans m. pauly et f. reinert (dir.), Sigismund von Luxemburg. Ein Kaiser in Europa. Tagungsband des internationalen historischen und kunsthistorischen Kongresses in Luxemburg, 8.-10. Juni 2005, mayence, 2006, p. 62-69. 59. sur le mécénat de ce prince : th. coomans, « entre france et empire : l’architecture dans le duché de brabant au temps de Jeanne de brabant et de Wenceslas de Luxembourg (1355-1406) », Revue de l’Art, 166, 2009, p. 9-25. 60. th. coomans, « moniales cisterciennes et mémoire dynastique… », op. cit. note 14, p. 130-131. 61. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 193226 ; c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 220-233. 62. toujours avec le village de eisschen à propos de l’abatage de bois, en 1457 par exemple : h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 212. 63. ce phénomène était général : a. bonis, s. dechavanne et m. Wabont, « introduction », dans b. barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les femmes…, op. cit. note 24, p. 12-14. 137 davy herremans et thomas coomans 64. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 225226. 75. p. péporté, « emperor sigismund … », op. cit. note 58, p. 62. 65. puisard relié par un canal au mur oriental de l’ancienne « tour » où étaient vraisemblablement récupérées les eaux de pluie. 76. hypothèse fondée sur des noms de bénéficiaires mentionnés dans fr.-x. Würth-pacquet, «table chronologique des chartres… », op. cit. note 74, p. 1-3. 66. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 212. 77. Ibid., p. 112. 67. J. Kelecom et J.c. muller, « Les abbesses de clairefontaine : liste chronologique, inventaire héraldique et sigillographique », Bulletin trimestriel de l’institut archéologique du Luxembourg – Arlon, 86/3-4, 2010, p. 212-213. 78. d. herremans et W. de clercq, « de herinnering blijft… », op. cit. note 13, p. 283-305. 68. e. marosi, « Reformatio Sigismundi. Künslerische und politische repräsentation am hof sigismunds von Luxemburg », dans i. takacks (dir.), Sigismundus. Rex et imperator. Kunst und Kultur zur Zeit Sigismunds von Luxemburg. 1387-1437, mayence, 2006, p. 21-39. 69. d. a. hinton, « palaces and palace Life in the north », dans m. carver et J. Klápště (dir.), The Archaeology of Medieval Europe. Vol. 2. Twelfth to Sixteenth Centuries, aarhus, 2011, p. 157-158 ; r. frantz, Der Kachelofen. Entstehung und junstgeschichtliche Entwicklung vom Mittelalter bis zum Ausgang des Klassizismus, graz, 1981, p. 51-52 ; W. de clercq, J. dumolyn et J. haemers, « ‘vivre noblement’ : material culture and elite identity in Late medieval flanders », Journal of Interdisciplinary History, 38, 2007, p. 22-30 ; s. ostkamp, « symbolen van huwelijk en familie op de materiële cultuur van de hoogste adel (ca. 1400-1525) », dans p. Woltering, W. verwers et g. scheepstra (dir.), Middeleeuwse toestanden : archeologie, geschiedenis en monumentenzorg, amersfoort, 2002, p. 305-337. 70. p. voit et i. holl. i., Old Hungarian Stove Tiles, budapest, 1963, p. 27-30 ; t. sabjan, « hungarian vernacular stoves of the Late middle ages in a regional context », dans J. Klápště et p. sommer (dir.), Arts and Crafts in Medieval Rural Environment, Ruralia VI, turnhout, 2007, p. 154-155 ; J.-p. minne, La céramique de poêle d’Alsace médiévale, strasbourg, 1977, p. 229-233. 71. p. voit et i. holl, Old Hungarian Stove Tiles, budapest, 1963, p. 27-30. 138 72. g. trausch, « comment rester distincts dans le filet des pays-bas ? », dans g. trausch (dir.), Histoire de Luxembourg. Le destin européen d’un ‘petit pays’, toulouse, 2003, p. 150-154. 73. Ibid., p. 154. 74. p. péporté, « emperor sigismund … », op. cit. note 58, p. 62 ; fr.-x. Würth-pacquet, « table chronologique des chartres et diplômes relatifs à l’histoire de l’ancien pays de Luxembourg. Ladislas, roi de hongrie, de bohême et duc de Luxembourg, philippe, duc de bourgogne, tenant le pays de Luxembourg par engagère. du 3 août 1451, jour du décès d’elisabeth de görlitz, au 23 novembre 1457, jour du décès du roi Ladislas’ », Publications de la section historique de l’Institut royal grand-ducal de Luxembourg, 31, 1877, p. 1-3 ; g. Wymans, « La rébellion des nobles Luxembourgeoise contre antoine de bourgogne, seigneur-gagiste du duché (1411-1415) », Tablettes d’Ardenne et Eifel, 2/1, 1963, p. 7-34. 79. J.-m. yante, « économie urbaine et politique princière dans le Luxembourg (1443-1506) », dans J.-m. cauchies (dir.), Les relations entre princes et villes aux XIVe-XVIe siècles : aspects politiques, économiques et sociaux, neuchâtel, 1993, p. 107-128. 80. un bourg dominant les villages des alentours, plusieurs bourgs formant une région. g. trausch, « comment rester distincts… », op. cit. note 72, p. 170. 81. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 226228. 82. ces fragments sont postérieurs à 1477, date de son mariage avec marie de bourgogne, car le blason à l’aigle bicéphale est bordé du collier de la toison d’or. 83. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 281. 84. a. despy-meyer, « abbaye de clairefontaine… », op. cit. note 3, p. 281-282 ; h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 226-228. 85. Statuta 1489, 92 : J.-m. canivez, Statuta…, op. cit. note 16, vol. 5, p. 708-709. aussi c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 231. 86. J.-b. Lefèvre, « deux réformes régionales et leur rayonnement », dans J.-J. bolly, J.-b. Lefèvre et d. misonne, Monastères bénédictins et cisterciens…, op. cit., p. 156-174. 87. Les abbayes féminines de saint-remy à rochefort, du Jardinet, de moulins et de boneffe, respectivement fondées en 1229, en 1232, en 1233 et au début du xiiie siècle, devinrent des abbayes d’hommes respectivement en 1464, en 1430, en 1414 et en 1461. Les moniales de rochefort furent transférées à félipré (ardennes françaises), dont les moines s’installèrent à rochefort. en 1441 fut fondée l’abbaye de nizelles avec des moines provenant de moulins et du Jardinet. 88. m.-é. henneau, « un temps de réforme (15011565) », dans th. coomans (dir.), La Ramée. Abbaye cistercienne en Brabant wallon, bruxelles, 2002, p. 4146 (cit. p. 43) ; m.-é. montulet-henneau, Les Cisterciennes du pays mosan, moniales et vie contemplative à l’époque moderne, bruxelles-rome, 1990. 89. hypothèse développée dans : th. coomans, « cistercian nunneries in the Low countries… », op. cit. note 26, p. 61-131 ; th. coomans, « the medieval architecture of cistercian nunneries in the Low countries… », op. cit. note 42, p. 74. 90. th. coomans, « Le pupitre de la salle du chapitre de soleilmont et l’abbesse Jeanne de trazegnies (vers 1500) », Cîteaux, Commentarii cistercienses, 52, 2001, p. 121-138. 91. Statuta 1504, 36, 1513, 14 et 1514, 32: J.-m. canivez, Statuta…, op. cit. note 16, vol. 6, p. 318, 437 et 462. 92. th. coomans, J. de meulemeester, J.-m. poisson et K. van iseghem, « L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine (arlon) (Lux.) », Archaeologia mediaevalis. Kroniek / Chronique, 24, 2001, p. 29. 93. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 184. 94. Ibid., p. 63-64. 95. Le bas de la porte vers l’aile des converses fut bouché et, derrière ce blocage, le sol fut également rehaussé et pavé de carreaux et de pierres dont certains sont des fragments d’architecture récupérés (notamment de nervures de voûte). 96. tout au long du xviie siècle, la communauté ne comptait que 3 converses ; au xviiie siècle, le nombre doubla et atteignit même 8 converses en 1748. h. goffinet, « L’ancienne abbaye de clairefontaine. notice historique », Annales de l’Institut Archéologique du Luxembourg, 41, 1907, p. 117-156. 97. th. coomans, « cistercian nunneries in the Low countries… », op. cit. note 26, p. 12-115 ; th. coomans, « the medieval architecture of cistercian nunneries… », op. cit. note 42, p. 74. 98. ph. buxant, « Les bâtiments conventuels de l’ancienne abbaye notre-dame de soleilmont », Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, 19, 1986, p. 131-134. 99. exemples prestigieux dans les abbayes de moniales de La cambre (bruxelles), marche-le-dames, argenton, solières, La ramée, val-notre-dame, La paix-dieu, etc. 100. th. coomans, L’abbaye de Villers-en-Brabant…, op. cit. note 30, p. 416-419 et 452. 101. première notion d’un système de fermage dans un dénombrement du temporel pour la période 1515-1524. J.b. Weyrich, « un dénombrement ignoré du temporel de l’abbaye de clairefontaine », Publications de la section des sciences historiques de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg, 71, 1950, p. 259-274. 102. K. de Jonge, « Les fondations funéraires de la noblesse des anciens pays-bas dans la première moitié du xvie siècle », dans J. guillaume (dir.), Demeures d’éternité. Églises et chapelles funéraires aux XVe et XVIe siècles. Actes du colloque tenu à Tours du 11 au 14 juin 1996 (de architectura), paris, 2005, p. 125146. 103. e. dhanens, « het graf van rooms-koning Willem ii en de rol van Jan gosssaert in de wederuitrusting van de koorkerk te middelburg in Zeeland », Academia Analecta. Mededelingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België, Klasse der Schone Kunsten, 46, bruxelles, 1985. 104. v. vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor 1576, brugge, 1976, vol. iii, cat. nr. 611, p. 686 ; L. smolderen, « Le tombeau de charles le L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg) téméraire », Revue belge d’archéologie et d’histoire de l’art, 49-50, 1980-1981, p. 21-53. 105. en 1491, christophe de bade devint chevalier de la toison d’or et membre du conseil privé de philippe le beau. h. cools, « quelques hommes de cour originaires de pays germaniques aux pays-bas à l’époque de maximilien ier », dans J.-m. cauchies (dir.), Les relations…, op. cit. note 79, p. 161-170 ; m. viton, Histoire chronologique, généalogique et politique de la maison de Bade, paris, 1807, p. 200-201. 106. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 235-236. 107. Ibid., p. 240-241. 108. h. cools, « quelques hommes de cour… », op. cit. note 105, p. 167. 109. J. mousset et K. de Jonge (dir.), Un prince de la Renaissance : Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1604), Luxembourg : musée national d’histoire et d’art, 2007 ; K. de Jonge, « La place du château de mansfeld dans la renaissance des anciens pays-bas », Hémecht : Zeitschrift für Luxemburger Geschichte / Revue d’histoire luxembourgeoise, 56, 2004, p. 433449. 110. p. margue, Actes du colloque ‘Le château La Fontaine de Pierre-Ernest de Mansfeld à Luxembourg’ du 17 au 18 mai 2004 au Musée national d’histoire et d’art Luxembourg, n° thématique de Hémecht, 56, Luxembourg, 2004 ; J.-L. mousset, Un prince de la Renaissance – Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1605), Luxembourg, 2007. 111. cl. dumortier, « majoliques retrouvées dans l’ancienne abbaye de neumunster à Luxembourg », dans J.-L. mousset (dir.), Le passé recomposé. Archéologie urbaine à Luxembourg, Luxembourg, 1999, p. 324-327 ; c. bis-Worch et J.-L. mousset, « Les moyens de chauffage », ibid., p. 322-335. 112. des carreaux avec des emprunts similaires furent retrouvés à arlon, sur le site de la « maison hamelius » : r. borremans, « poêles en terre cuite de la province de Luxembourg (xve-xvie siècles) », Archaeologia Belgica, 9, 1952, p. 25-26. 113. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 250-252 114. J.-p. mandy, Clairefontaine…, op. cit. note 9. 115. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 292. 116. Notes historiques manuscrites d’une sœur de l’abbaye (xviie-xviiie siècles), archives amanoclair. source analysée dans J.-p. mandy, Clairefontaine…, op. cit. note 9, p. 133. 117. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 252-253. 118. Le fond des latrines était constitué de planches de chêne datées par dendrochronologie de 1595 et 1639. ces latrines furent encore réaménagées au début du xviiie siècle. 119. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 144. 120. h. goffinet, « L’ancienne abbaye de clairefontaine… », op. cit. note 96, p. 129. 121. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 54 et description p. 71-79. 122. J. de meulemeester et c. Larbalestrier, « L’hydraulique de l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », dans Les chemins de l’eau. Les réseaux hydrauliques des abbayes cisterciennes du nord de la France et de Wallonie, namur, 2004, p. 4349. 123. ces deux lavoirs sont reliés entre eux et le tropplein d’eau est dévié vers le ruisseau par un canal qui traverse l’aile méridionale. 124. 3 en 1644, 4 en 1710, 7 en 1722, 8 en 1748, 6 en 1749, 6 en 1751, 6 en 1769, 6 en 1786, 5 en 1788, 4 en 1796. h. goffinet, « L’ancienne abbaye de clairefontaine… », op. cit. note 96. 125. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 54. 126. L’accès à ces caves ne nous a pas été accordé. 127. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 54 et description p. 71-79. 128. é. guillaume, « clairefontaine 1786 : une lecture critique du manuscrit de cyprien merjai (17601822) », Bulletin trimestriel de l’Institut archéologique du Luxembourg – Arlon, 86, 3/4, 2010, p. 217-231. 129. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 307-333. 130. Le patrimoine monumental de la Belgique…, op. cit. note 1. trimestriel de l’Institut archéologique du Luxembourg – Arlon, 86, 3/4, 2010, p. 201-206. 136. Le zèle des Jésuites à promouvoir le culte marial local plaide pour la prudence. des analyses d’adn pourraient contribuer à l’identification. 137. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 347-351. 138. cl. soetens (dir.), Orval 1926-1948. Entre restauration et résurrection, Louvain-la-neuve, 2001. 139. abbaye de notre-dame de clairefontaine à cordemoy, ville de bouillon, peuplée par des trappistines françaises et belges. 140. p. péporté, Constructing the Middle Ages…, op. cit. note 131, p. 135-140. 141. division du patrimoine du ministère de la région wallonne (andré matthys) et du service des sites et monuments nationaux du grand-duché (georges calteux), assistés par le römischgermanisches Zentralmuseum de mayence (Konrad Weidemann) et pour la recherche historique par le ministère de l’éducation grand-ducal en la personne de michel margue du cLudem, centre d’étude du moyen Âge luxembourgeois, qui collabore dans ce domaine avec le séminaire d’histoire médiévale de l’université libre de bruxelles. 142. La recherche archéologique est dirigée par Johnny de meulemeester (pour mrW et ssmn) assisté sur le plan scientifique, administratif et technique de philippe mignot et de denis henrotay, archéologues médiévistes de la région wallonne basés dans la province de Luxembourg. L’aide du géomètre dominique bossicard fut appréciable. 143. france (umr5648, Lyon ii/ ehess), irlande (trinity college dublin) et espagne (universidad de murcia). ces équipes d’étudiants participèrent aux différents chantiers européens auxquels la région wallonne collaborait par des aides techniques ou financières. 134. g. Kurth, Le tombeau d’Ermesinde à Clairefontaine, Liège, 1880. 144. en belgique, des fouilles d’une certaine ampleur sur des sites d’abbayes de moniales cisterciennes ont eu lieu à herkenrode (hasselt), La paix-dieu (amay), bijloke (gand), et groeninge (courtrai) ; des fouilles plus partielles vrouwenpark (rotselaar), rosendaal (sint-Katelijne-Waver), soleimont (gilly), maagdendale (flobecq), maagdendale (oudenaarde), La cambre (bruxelles), nieuwenbos (heusden), boneffe (eghezée), guldenberg (Wevelgem), Zwijveke (termonde), roosendael (sint-Katelijne-Waver), beaupré (geraardsbergen), valduc (beauvechain), nazareth (Lierre), hemelsdaele (Werken) et muizen (malines). 135. a. malavez, « Le squelette présumé de la comtesse ermesinde : une approche anthropologique », Bulletin 145. abbatiale orientée est-ouest, avec son cloître carré au sud entouré de corps de bâtiments. 131. p. péporté, Constructing the Middle Ages. Historiography, Collective Memory, and NationBuilding in Luxembourg, Leiden-boston, 2011, p. 133-135. 132. Lithographie de f. damoiseaux, datée de 1854, éditée chez J. bourger, arlon. 133. ses notes furent utilisées par le père Joset qui publia dans sa monographie de 1935 le plan sommaire de l’abbaye au xviiie siècle. 139 Comité des publications Directeur des publications Rédacteur en chef Actualité Chronique Bibliographie Secrétaire de rédaction Infographie et P.A.O. Maquette graphique Marie-Paule ARNAULD Conservateur général du patrimoine honoraire Françoise BOUDON Ingénieur de recherches honoraire, CNRS Isabelle CHAVE Conservateur en chef du patrimoine, Archives nationales Alexandre COJANNOT Conservateur du patrimoine, Archives diplomatiques Thomas COOMANS Professeur, université de K.V. Leuven Thierry CRÉPIN-LEBLOND Conservateur général du patrimoine, directeur du musée d’Écouen Vincent DROGUET Conservateur en chef du patrimoine, château de Fontainebleau Nicolas FAUCHERRE Professeur, université d’Aix-Marseille Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP Général de corps d’armée (Armée de terre), docteur en Histoire de l’art et archéologie Étienne HAMON Professeur, université de Picardie-Jules Verne François HEBER-SUFFRIN Maître de conférences honoraire, université de Nanterre Paris ouest-La Défense Dominique HERVIER Conservateur général du patrimoine honoraire Bertrand JESTAZ Directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études Claudine LAUTIER Chercheur honoraire, CNRS Emmanuel LURIN Maître de conférences, université de Paris IV-Sorbonne Jean MESQUI Ingénieur général des Ponts-et-Chaussées, docteur en Histoire de l’art et archéologie Jacques MOULIN Architecte en chef des Monuments historiques Philippe PLAGNIEUX Professeur, université de Besançon Éliane VERGNOLLE Professeur honoraire, université de Besançon Marie-Paule ARNAULD Éliane VERGNOLLE Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP Dominique HERVIER Françoise BOUDON Nathalie LEBLOND David LEBOULANGER L’ARCHITECTURE GRAPHIQUE Les articles pour publication, les livres et articles pour recension doivent être adressés à la Société Française d’Archéologie, 5, rue Quinault, 75015 Paris E-mail : [email protected] Comité scientifique Jean-Pierre BABELON Françoise BERCÉ Gabrielle DEMIANS D’ARCHIMBAUD Peter KURMANN Willibald SAUERLÄNDER Neil STRATFORD COMITÉ D’HONNEUR Guy BARRUOL Georges COSTA Charles DUGUET Alain ERLANDE-BRANDENBURG Michel JANTZEN Jean-Claude ROCHETTE BUREAU Président Marie-Paule ARNAULD Vice-Présidents Éliane VERGNOLLE, Bertrand JESTAZ Secrétaire Général Isabelle CHAVE Secrétaires Généraux adjoints Philippe DUBOST, Françoise HAMON Trésorier Marc DE VLIEGER Trésorier adjoint Bruno CHAUFFERT-YVART Chargé de l’organisation des Congrès JEAN-PHILIPPE ROEBBEN CONSEIL D’ADMINISTRATION Marie-Paule ARNAULD, Jean-Pierre BABELON, Françoise BERCÉ, Jean-Louis BIGET, Françoise BOUDON, Quitterie CAZES, Jean CHAPELOT, Albert CHÂTELET, Monique CHATENET, Bruno CHAUFFERT-YVART, Isabelle CHAVE, Philippe CONTAMINE, Thierry CRÉPIN-LEBLOND, Marc DE VLIEGER, Frédéric DIDIER, Vincent DROGUET, Philippe DUBOST, Yves ESQUIEU, Nicolas FAUCHERRE, Bernard FONQUERNIE, Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP, Jean GUILLAUME, Françoise HAMON, Dominique HERVIER, Bertrand JESTAZ, Bernard JOLY, Vincent JUHEL, Jean-François LAGNEAU, Jean MESQUI, Claude MIGNOT, Jacques MOULIN, Jean-Marie PÉROUSE DE MONTCLOS, Philippe PLAGNIEUX, Michel RIVET, Jean-Philippe ROEBBEN, Élisabeth TABURET-DELAHAYE, Éliane VERGNOLLE. 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