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Revue publiée avec le soutien du Centre National du Livre
Toute reproduction de cet ouvrage, autre que celles prévues à l’article L. 122-5 du
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Revue trimestrielle, t. 171-II, juin 2013
ISSN : 0007-4730
CPPAP : 0112 G 86537
ISBN : 978-2-901837-45-9
Diffusion : Éditions A. & J. Picard, 82, rue Bonaparte, 75006 Paris
Tél. librairie 01 43 26 96 73 - Fax 01 43 26 42 64
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TA B L E
D E S M AT I È R E S
ARTICLES
Architecture dominicaine et promotion de nouveaux saints : autour de la tombe de Clément IV à Santa Maria in Gradi (Viterbe),
par Haude Morvan.........................................................................................................................................................................
99
Le cycle peint du château de Cruet (Savoie, vers 1307) : une représentation du roman de Girart de Vienne ? par Térence Le Deschault
de Monredon............................................................................................................................................................................... 107
L’abbaye de moniales cisterciennes de Clairefontaine (Luxembourg). Synthèse archéo-historique des quatre phases de construction,
XIIIe-XVIIIe siècle, par Davy Herremans et Thomas Coomans............................................................................................................. 117
MÉLANGES
Entre art et technique : les innovations « à la française » d’un fervent visiteur de l’Italie, Geoffroy Tory. À propos d’une exposition du
Musée de la Renaissance d’Écouen, par Marie Madeleine Fontaine.............................................................................................. 141
LIBRE-PROPOS
Fontainebleau avant 1541. Observations sur l’article de Thomas Clouet, par Françoise Boudon et Jean Guillaume............................ 149
ACTUALITÉ
Doubs. Besançon. État des études sur les caves médiévales (XIIe-XVe siècle) [Jean-Denis Clabaut]........................................................... 151
Loiret. Orléans. Étude d’une maison en pan de bois de la fin du XIVe siècle, 25, rue de la Poterne (Clément Alix)................................... 155
Haute-Vienne. Limoges. Découverte d’un mausolée de l’Antiquité tardive au sein de la nécropole de Saint-Martial, 1, rue de la
Courtine (Xavier Lhermite).............................................................................................................................................................. 160
CHRONIQUE
Époque médiévale. Architecture civile et religieuse. Topographie ecclésiale du haut Moyen Âge dans le sud-ouest de la
Grande-Bretagne (Élisabeth Lorans). — Boves (Somme) : étude du mobilier archéologique et des marques de calibrage
lapidaire (Catherine Brut). — Église Saint-Laurent de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire) [Yves Blomme]. — Signalement :
entre Strasbourg et Orléans, retour sur le « dessin 21 » de l’Œuvre Notre-Dame (Benoît Jordan).................................................... 163
Architecture castrale. Le château de Sanzay (Deux-Sèvres) : nouvelle datation (Dominique Hervier)..................................................... 165
Histoire urbaine. Pontoise au Moyen Âge : méthodes d’étude de la ville ordinaire (Ezéchiel Jean-Courret)............................................ 166
Histoire du costume. Ornementations métalliques du vêtement médiéval : deux sources inédites concernant les ceintures
(Nadège Gauffre Fayolle).......................................................................................................................................................... 166
Époque classique. Architecture civile et religieuse. L’urbanisme parisien et le mécénat artistique de Marie de Médicis
(Ronan Bouttier). — L’évolution du statut de l’architecture sous le règne de Louis XIV : le rôle de Charles Le Brun
(Marianne Cojannot-Le Blanc). — Le projet de Jadot pour la Hofburg (Bertrand Jestaz)......................................................... 167
Architecture XIXe et XXe siècle. Signalement : un avant-gardiste de l’architecture néo-renaissance (Dominique Hervier). — Repenser
l’architecture religieuse en Belgique au XXe siècle (Alain Nafilyan)............................................................................................... 169
BIBLIOGRAPHIE
Cluny. Neil Stratford (dir.), Cluny 910-2010. Onze siècles de rayonnement ; Neil Stratford (dir.), Corpus de la sculpture de Cluny.
Tome 1. Les parties orientales de la Grande Église Cluny III ; Nicolas Reveyron (dir.) avec la collab. de Gilles Rollier, Hugues
de Semur (1024-1109). Lumières clunisiennes (Christian Gensbeitel) ....................................................................................... 171
Architecture. Frédéric Boutoulle, Dany Barraud et Jean-Luc Piat (éd.), Fabrique d’une ville médiévale. Saint-Émilion au Moyen Âge
(Anne-Laure Napoléone). — Anne Baud (dir.), Espace ecclésial et liturgie au Moyen Âge (Yann Codou). — Ewa Luziniecka,
Zygmunt Swiechowski et Robert Kunkel, Architektura opactw cysterskich. Maloposkie filie Morimond / The architecture of
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Kavaler et Norbert Nußbaum (dir.), Le Gothique de la Renaissance (Étienne Faisant). — Mathieu Lours, L’autre temps des
cathédrales, du concile de Trente à la Révolution française (Stéphanie Diane Daussy). — Nicolas Courtin, L’art d’habiter à Paris
au XVIIe siècle : l’ameublement des hôtels particuliers (Mark Girouard).......................................................................................... 174
Ingénieurs et architectes. Philippe Bragard, Dictionnaire biographique des ingénieurs des fortifications. Pays-Bas espagnols, principauté
de Liège, Franche-Comté, 1504-1713 (David Buisseret). — Robin Middleton et Marie-Nöelle Baudouin-Matuszek,
Jean Rondelet : The Architect as Technician (Patrick Ponsot). — Jean-Yves Andrieux, (dir.), Arthur Regnault architecte (1839-1932) :
la quintessence de l’art sacré (Antoine Le Bas).......................................................................................................................... 182
Vitraux. Karine Boulanger, Les vitraux de la cathédrale d’Angers (Christine Hediger). — Bruno Togni et al., Carrelages et
dallages du XIIe au XIXe siècle (Martine Diot)................................................................................................................................ 185
RÉSUMÉS ANALYTIQUES.......................................................................................................................................................................... 187
LISTE DES AUTEURS ............................................................................................................................................................................... 190
Achevé d’imprimer sur les presses
de l’imprimerie de Montligeon
à Saint-Hilaire-le-Châtel
en juin 2013
N° d’impression : 26 001
Dépôt-légal : juin 2013
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine
(Luxembourg)
synthèse archéo-historique des quatre phases de construction,
xiiie-xviiie siècLe
davy herremans et thomas coomans *
À la mémoire de Johnny De Meulemeester **
d
ans un vallon reculé, entouré
de bois et traversé par le ruisseau de clairefontaine, à
moins d’un kilomètre de son
confluent avec l’eisch qui marque la frontière entre la belgique et le grand-duché
de Luxembourg, se trouve le site d’une abbaye cistercienne méconnue (fig. 1) 1. La
topographie du site, le nom de l’abbaye, lié
à la pureté et à l’eau, et la fondation par
une pieuse comtesse qui la dota de ses largesses et s’y fit inhumer rattachent clairefontaine au « scénario type » de tant de
fondations d’abbayes de moniales cisterciennes au xiiie siècle. henri v, fils de la
fondatrice ermesinde, consolida l’abbaye
et en fit la nécropole des comtes de Luxembourg, symbole de leur identité et de leur
pouvoir dynastique. fondée vers 1247,
l’abbaye connut un premier siècle faste,
comme berceau de la maison de Luxembourg qui, au xive siècle, fut élevée au rang
ducal, accéda à la couronne royale de bohême et fournit quatre empereurs au saintempire romain germanique avant de
péricliter au xve siècle 2. La suite de l’histoire de clairefontaine jusqu’à sa suppression par les français en 1796, malgré des
hauts et des bas spirituels et matériels, resta
liée à l’identité princière de la fondation et
à la noblesse des moniales qui se faisaient
appeler « dames » 3. après la suppression,
l’abbaye fut rasée et ne survécurent que la
ferme et le moulin, jusqu’à ce que les
Bulletin Monumental Tome 171-2 • 2013
Jésuites acquièrent le site en 1874, décident d’exhumer les restes de la comtesse
ermesinde et de construire une chapelle
néo-romane dédiée à sa mémoire et à notredame de clairefontaine.
1997, année du 750e anniversaire de la
fondation de l’abbaye, donna lieu au lancement de fouilles programmées sous la
direction de Johnny de meulemeester
pour le compte de la direction de
l’archéologie du service public de
Wallonie. dix campagnes annuelles ont
mis au jour la plus grande partie de l’abbaye et révélé une évolution architecturale
peu habituelle. si les résultats des
campagnes furent régulièrement présentés
aux journées d’études d’Archaeologia
mediaevalis 4 et publiés dans la Chronique
de l’archéologie wallonne 5, la mort prématurée de Johnny de meulemeester priva
clairefontaine de la synthèse qu’il lui avait
promise.
basé sur les notes du maître et sur la
participation aux fouilles 6, le présent article présente une synthèse de l’évolution
architecturale de l’abbaye. ne se limitant
pas à la description des vestiges mis au jour,
l’article les interprète et les contextualise
en se fondant sur des sources, des faits
historiques et de la culture matérielle. en
outre, l’architecture de clairefontaine est
mise en perspective dans le paysage monastique féminin particulièrement dense des
anciens pays-bas. L’histoire architecturale
du complexe monastique se décline en
quatre étapes qui sont nommées selon le
système de numérotation conventionnel en
histoire de l’architecture monastique 7. de
clairefontaine i au milieu du xiiie siècle à
clairefontaine iv au xviie et au début du
xviiie siècle, en passant par clairefontaine
ii au xive siècle et clairefontaine iii au xvie
siècle, chaque phase repose sur des
évidences archéologiques et des sources
historiques. outre le plan de synthèse des
fouilles et de l’état présent du site (fig. 2),
quatre plans à la même échelle permettent
de suivre l’évolution des phases successives
(fig. 4, 8, 12 et 15). L’article présente une
synthèse archéo-historique de l’architecture
et renvoie à d’autres publications pour
l’étude du matériel archéologique qui, pour
certaines phases, s’est avéré abondant 8.
CLAIREFONTAINE I – UNE ÉGLISE ET UN
CLOÎTRE OUVERT AU XIIIe SIÈCLE
Le récit de fondation rapporte que la
comtesse ermesinde, lors d’une promenade dans un bois près d’arlon, se reposa
près d’une source et fit un rêve dans lequel
apparaissait une jeune femme portant un
enfant dans les bras et suivie de douze
brebis marquées de croix noires. À son
réveil, ermesinde raconta sa vision à un
ermite qui lui expliqua que la vierge marie
lui demandait de fonder une abbaye
117
davy herremans et thomas coomans
statuta du chapitre général de cîteaux.
ceux-ci prouvent que la procédure d’affiliation jalonnée de visites d’inspection par
des abbés dura quatre ans, de 1247 à
1251 16.
cl. d. herremans, 2008.
fig. 1 - clairefontaine, site de l’abbaye et chapelle commémorative vus depuis le sud.
cistercienne à côté de la source 9. ce récit
légendaire n’est pas connu dans une version
antérieure au début du xviie siècle, époque
où un pèlerinage marial et la visite à la
source de clairefontaine furent promus
dans le contexte de la contre-réforme.
118
Les études historiques de michel margue
ont établi que la fondation de
clairefontaine, abbaye de lignage et lieu de
mémoire familiale de la maison de
Luxembourg-Limbourg, résulte de la
combinaison des objectifs politiques et
spirituels d’henri v, dit le Blondel, comte
de Luxembourg de 1247 à 1281 10. un
document de 1252, décrivant la confirmation par henri et son épouse marguerite
de bar des donations opérées par sa mère
ermesinde, est une autre source qui confirme la fondation de l’abbaye 11. La figure
d’ermesinde, fille unique d’henri iv,
dit l’Aveugle, comte de namur et de
Luxembourg, est centrale car son règne, de
1197 à 1247, marque la fin de la maison
de namur-Luxembourg et la naissance de
celle de Luxembourg-Limbourg 12. de
cette transition, le territoire ancestral
luxembourgeois ressortit consolidé notamment par l’acquisition du marquisat
d’arlon et des anciens comtés de Laroche
et de durbuy et échut à henri le blondel.
en fondant une abbaye de lignage au cœur
même du territoire luxembourgeois consolidé, à la frontière de l’ancien comté de
Luxembourg et des territoires nouvellement acquis, henri honorait la mémoire
de sa mère et créait un nouveau symbole
identitaire familial et territorial.
La fondation d’une nécropole familiale,
dont les religieuses étaient chargées d’entretenir la mémoire des fondateurs et de
prier pour le salut de leur âme, était aussi
un acte religieux. il s’inscrivait d’ailleurs
dans un mouvement général de fondations
d’abbayes funéraires princières qui, dans les
pays-bas médiévaux, étaient peuplées par
des moniales cisterciennes dont les prières
et l’ascèse faisaient les intercesseurs privilégiés 13. La plupart de ces communautés
n’étaient pas cisterciennes au début et
demandaient leur affiliation à l’ordre de
cîteaux. Le chapitre général examinait la
demande et, malgré des réticences par
rapport à ces abbayes particulières, finissait
généralement par accepter à cause de l’influence des princes territoriaux et de l’appui des papes 14. clairefontaine suivit le
même scénario. La date précise de la fondation de la communauté n’est pas connue,
mais elle est mentionnée dès 1247 dans le
testament d’ermesinde 15 et dans trois
La famille comtale offrit le terrain et les
moyens pour la construction des bâtiments
ainsi que des privilèges et des donations qui
permettaient à une communauté de se
former et de mener une vie monastique
régulière conformément à la coutume de
cîteaux. en raison, notamment, des règles
de clôture en vigueur pour les communautés féminines, celles-ci étaient fondées près
ou dans des bâtiments existants 17. À
clairefontaine, les premières moniales
s’étaient installées dans des bâtiments
offerts par la comtesse ermesinde et cités
comme des dépendances de son château de
bardenburg. si ce château a disparu, le
toponyme a toutefois survécu jusqu’à nos
jours et désigne une colline dominant la
vallée de clairefontaine à quelques
centaines de mètres au sud du site monastique. Le bardenburg n’était plus occupé à
l’époque d’ermesinde. La mise au jour de
plusieurs fragments de céramique protohistorique et romaine, les recherches
archéologiques ont démontré que les
moniales ne s’établirent pas dans un désert.
de plus, l’aile sud-ouest de clairefontaine i
intégrait un bâtiment plus ancien dont les
fondations massives pourvues de quatre
contreforts sur son côté septentrional se
distinguent sans équivoque (fig. 3).
L’interprétation de ces fondations reste
difficile mais leur morphologie fait penser
à un bâtiment turriforme du type de la
maison forte. il est dès lors tentant d’établir
un rapport entre cette structure antérieure
à l’abbaye et le manoir comtal : était-elle
une dépendance juridique du bardenburg,
une composante de sa basse-cour ou
simplement une tour près du ruisseau
verrouillant la vallée ? il est toutefois
remarquable que la chartre de 1252 dans
laquelle henri v et son épouse marguerite
de bar ratifient et dénombrent les donations faites par ermesinde ne mentionne
pas de château 18. on ne peut donc pas
entièrement exclure que le lien entre le
château, l’origine de l’abbaye et la fondatrice du Luxembourg ait été inventé plus
tard pour des raisons politiques.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
Le caractère destructif des activités de
construction ultérieures complique l’analyse du monastère primitif. La charte de
1252 mentionne que des travaux étaient
encore en cours : « nous henri, comte de
Luxembourg et de la roche et marquis
d’arlon, et nous marguerite sa femme (…)
faisons connaître en vertu des présentes
qu’ermesinde de pieuse mémoire, notre
mère et comtesse de Luxembourg ayant
commencé de construire le cloître de
clairefontaine, près d’arlon, elle l’a pareillement doté de son patrimoine avec notre
consentement » 19. Les fouilles n’ont livré
aucune trace de constructions en bois qui
caractérisent souvent les phases primitives
de fondations cisterciennes 20. L’archéologie montre au contraire que les premiers
bâtiments de clairefontaine, ou tout au
moins leurs fondations, étaient en pierre.
bénéficiant du patronage de la famille
comtale et du pape, soutenue par la
noblesse régionale en échange des prières
d’intercession, l’abbaye, peuplée de filles de
119
fig. 2 - clairefontaine, état actuel du site, avec murs mis au jour (en couleur) et bâtiments du xixe siècle (d. herremans, topographie d. bossicard,
©spW-dpat). 1 : voie publique et accès au site ; 2 : chapelle notre-dame du bel amour ; 3 : maison ; 4 : ferme.
davy herremans et thomas coomans
est l’un des meilleurs exemples conservés
d’église à nef unique et à tribune occidentale (Nonnenchorempore) 27. de nombreuses
dalles funéraires y couvrent le sol de l’espace sous la tribune. il est évident que la
disposition et l’architecture de l’église de
clairefontaine étaient d’un type courant au
xiiie siècle. Les fouilles ont révélé différents
fragments d’architecture, baies géminées et
chapiteaux « romans tardifs » provenant
de l’église et du premier cloître en pierre
(fig. 6). quelques chapiteaux à feuilles
d’acanthe s’apparentent au type roman
rhénan 28 et révèlent l’influence impériale
dans les projets architecturaux des comtes
de Luxembourg au milieu du xiiie siècle.
cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat.
fig. 3 - clairefontaine, fondations d’un bâtiment antérieur à l’abbaye intégrées dans le bâtiment de
cuisine du xiiie siècle. La présence de lourds contreforts suggère qu’il s’agit d’une tour.
la noblesse luxembourgeoise, semble avoir
rapidement atteint son niveau de stabilitas
et développé une architecture et une
culture matérielle de qualité 21.
120
au cœur de la nécropole comtale,
l’église primitive était en pierre et se
présentait comme un bâtiment à nef
unique large de 10,50 m et divisé en deux
parties distinctes (fig. 4). À l’est se trouvait
le sanctuaire dont la longueur et la forme
du chevet restent inconnus en raison du
bouleversement de cette partie du site lors
de la construction de la chapelle commémorative par les Jésuites en 1875 22. À
l’ouest, la nef superposait deux niveaux :
un espace inférieur voûté, dont le tracé des
voûtes sur un mur latéral montre qu’il ne
dépassait guère 3 m de hauteur, et un
espace supérieur dont ne subsiste plus rien.
L’espace inférieur, d’environ 10,50 m de
large sur 14,50 m de long, était, d’après les
bases de colonnes mises au jour, subdivisé
en trois nefs de quatre travées, soit douze
modules plus ou moins carrés d’environ
3,50 m de côté, voûtés d’arêtes ou d’ogives.
cette configuration à deux niveaux n’était
pas inhabituelle dans des églises de
moniales 23 : l’espace inférieur, semblable à
celui d’une crypte, était réservé aux
converses, tandis que la tribune à l’étage
était occupée par le chœur et les stalles des
moniales. celles-ci avaient une vue plon-
geante sur le sanctuaire et le maître-autel,
ne pouvaient s’approcher du prêtre officiant et restaient cachées aux regards des
laïcs qui avaient accès à l’espace inférieur
et regardaient dans la même direction 24.
comme dans la plupart des nécropoles
familiales, les sépultures des fondateurs,
ermesinde, henri v et marguerite de bar,
se trouvaient dans le sanctuaire de
l’église 25 mais la présence de la chapelle
de 1875 à l’emplacement présumé du
tombeau d’ermesinde ne permet pas d’en
préciser la configuration initiale.
inversement, l’espace sous la tribune occidentale pouvait accueillir les sépultures d’autres membres de la familia, surtout des
bienfaiteurs laïcs nobles 26. L’organisation
exacte des sépultures de clairefontaine aux
xiiie et xive siècles demeure un point de
discussion étant donné les transformations
subies par l’église et le déplacement de
plusieurs tombes au xvie siècle. Les deux
modules sud-ouest de l’espace sous la
tribune sont isolés par des murets maçonnés entre les supports, formant une sorte de
chambre funéraire qui pourrait avoir été
réservée aux membres de la famille comtale.
À une soixantaine de kilomètres de
clairefontaine, dans l’eifel, l’abbatiale de
moniales cisterciennes de sankt-thomas an
der Kyll (fig. 5), également du xiiie siècle,
Le premier monastère en pierre n’avait
pas de cloître fermé mais se composait d’un
seul corps de bâtiment accolé à la partie
occidentale de l’église et s’étendant jusqu’à
la rivière au sud, accompagné de plusieurs
bâtiments utilitaires isolés au sud-ouest
(fig. 4). ce long bâtiment ou aile conventuelle couvrait une surface de 42 m sur
10 m. Le mur occidental ne montre aucun
seuil ; les quelques ouvertures primitives
reconnaissables apparaissent toutes dans le
mur opposé et la circulation entre les différentes pièces devait emprunter une galerie
longeant le côté oriental. Le rez-dechaussée comprenait trois espaces. au
nord, une première salle d’environ 17 m
sur 10 m, sans doute partagée en deux nefs
par une rangée de supports, serait la salle
capitulaire si l’on en juge par les deux
ouvertures vers la galerie. une deuxième
salle, longue d’environ 15 m sur 10 m,
possédant une cheminée chaînée dans le
mur méridional, était sans doute une
chambre multifonctionnelle. La troisième
salle, d’environ 5 m sur 10 m, serait le
réfectoire primitif car elle est proche de la
cuisine. enfin, au sud du bâtiment,
quelques murs suggèrent l’existence d’un
corps de latrines en connexion avec le ruisseau et accessible par la galerie. Le confort
des espaces domestiques faisait partie des
préoccupations des moniales nobles, au
même titre que les constructions imposées
par les bienfaiteurs laïcs 29. Les fouilles ont
montré que les pièces du rez-de-chaussée
furent profondément transformées au
xive siècle puis détruites au xvie siècle.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
121
fig. 4 - clairefontaine i, plan de l’abbaye au xiiie siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat).
1 : nef de l’église et bases des colonnes portant la tribune ; 2 : fontaine saint-bernard ; 3 : galerie de cloître ; 4 : salle capitulaire ; 5 : salle de travail ;
6 : réfectoire ; 7 : latrines ; 8 : annexe de la cuisine ; 9 : cuisine avec foyer central ; 10 : tour antérieure à l’abbaye, intégrée au bâtiment de la cuisine.
L’étage du bâtiment conventuel abritait
sans aucun doute le dortoir et devait être
accessible par un ou deux escaliers qui
desservaient également le chœur des dames
dans la partie occidentale de l’église.
au sud-ouest du bâtiment conventuel,
plus ou moins en angle droit mais détaché
de celui-ci, se trouvait une grande cuisine
d’environ 10 m sur 7 m, à foyer central
entouré de quatre colonnes qui soutenaient
une hotte (fig. 7). Les cuisines de ce type
étaient courantes dans les abbayes 30. La
pièce principale était accompagnée d’annexes : petite cuisine au nord possédant
une cheminée avec un sol en schiste réfractaire ; au sud-ouest se trouvait l’ancienne
« tour » de l’époque antérieure à l’abbaye,
transformée en cave et intégrée au bâtiment utilitaire. Le long du mur nord de
l’ancienne « tour », onze sépultures de
converses ou d’aides laïcs ont été mises au
jour.
Les religieuses n’étaient pas seules à
clairefontaine car des hommes, religieux
et laïcs, demeuraient et travaillaient dans
davy herremans et thomas coomans
même, comme nous le verrons, se déplacer
dans l’église suite à des transformations et
des adaptations de la clôture. ce phénomène est mal connu car il est relativement
peu étudié, d’autant plus que les fouilles de
bâtiments non ecclésiastiques d’abbayes de
moniales restent exceptionnelles. Les
recherches comparatives en france 38, en
allemagne 39, en angleterre 40, en suisse 41
et aux pays bas 42 montrent que les abbayes
des religieuses cisterciennes étaient rarement construites dès leur fondation selon
le plan monastique standardisé 43. Les
cl. d. herremans.
fig. 5 - église de l’abbaye de sankt thomas an der Kyll, tribune des religieuses dans la partie
occidentale de la nef.
122
des parties spécifiques de l’enclos. un
moine d’himmerod ou d’orval était
présent à demeure pour célébrer la messe
et conférer les sacrements. si les travaux
domestiques à l’intérieur du cloître étaient
accomplis par les sœurs converses, des
frères laïcs et des employés avaient des
tâches spécifiques à l’intérieur de l’enclos.
La clôture fut renforcée par la bulle
Periculoso, fulminée par boniface viii en
1299. auparavant, les moniales étaient
surtout liées à la clôture de manière symbolique 31. Les dames de clairefontaine jouissaient d’un certaine autonomie, comme
l’atteste un acte de 1292 mentionnant un
voyage d’affaires de quelques sœurs à
metz 32. après 1299, un procureur allait
régler les affaires des moniales 33. L’abbaye
possédait aussi une basse-cour où travaillaient les domestiques sous la direction de
quelques frères convers. citée en 1302 dans
une charte de marguerite de bar, comtesse
de Luxembourg 34, cette basse-cour se trouvait soit en aval dans la vallée, soit à l’est de
l’église, à l’emplacement de la ferme actuelle
dont les plus anciens bâtiments ne remontent qu’au xviie siècle.
clairefontaine i se composait donc de
trois bâtiments principaux : l’église, le bâtiment conventuel et le bâtiment de service,
disposés en ‘s’ à angles droits, l’église au
point haut et la cuisine le long de la rivière.
Le bâtiment conventuel, avec ses pièces de
jour au rez-de-chaussée (chapitre, salle
chauffée et réfectoire) et son dortoir à
l’étage, était lié à l’église par la galerie
unique du cloître et communiquait, à
l’étage, avec le chœur des moniales sur la
tribune. un escalier, sans doute dans la
travée près de l’église, reliait le dortoir et la
galerie. inversement, la cuisine était séparée
du bâtiment principal afin d’éviter la
propagation d’incendies. il est difficile de
préciser comment s’opérait la séparation
entre les sœurs et les converses au sein du
bâtiment conventuel. La taille de la
communauté au moyen Âge est inconnue
mais devait s’établir à une douzaine ou une
quinzaine de dames et cinq ou six
converses 35.
fonctionnel et dicté par l’emplacement
du chœur des moniales dans la partie occidentale de l’église, ce plan général ne
correspond pas à la configuration habituelle autour d’un cloître, calquée sur
les abbayes d’hommes 36. contrairement
aux chœurs monastiques des abbayes
d’hommes qui occupent toujours la partie
orientale de l’église et sont de plain-pied 37,
les chœurs monastiques d’abbayes de
femmes pouvaient se trouver à différents
emplacements et niveaux de l’église et
cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat.
fig. 6 - clairefontaine i, chapiteau mis au jour
dans l’église.
cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat.
fig. 7 - clairefontaine, cuisine : les deux bases
de colonnes (a) appartiennent à la cheminée
centrale de clairefontaine i, tandis que la base
de la paroi (b) date du xive siècle ; les autres
murs appartiennent à des transformations
ultérieures.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
statuta de l’ordre cistercien ne contiennent
pas de règlements explicites sur la construction des abbayes des moniales. sans aucun
doute, les quelques préceptes en matière
architecturale contenus dans la règle de
saint benoît, notamment pour la porterie,
le moulin et la basse-cour 44, s’appliquaient-ils également aux abbayes féminines. toutefois, le cadre social et les
objectifs des fondations féminines pendant
le xiie, et surtout au xiiie siècle, différaient
intrinsèquement des fondations des moines.
Les communautés, plus restreintes, étaient
fondées et entretenues par un patron et sa
famille. Les activités quotidiennes des sœurs
se limitaient surtout à la prière pour les âmes
de leurs bienfaiteurs 45. inversement, les
grandes abbayes de moines étaient des entités économiques d’envergure, fondées par
des grands seigneurs féodaux pour l’exploitation de leurs domaines 46. on peut donc
présumer que la configuration de
clairefontaine i, pour inhabituelle qu’elle
puisse paraître, était assez courante dans les
phases primitives.
CLAIREFONTAINE II – LE DÉPLACEMENT
ET LA FERMETURE DU CLOÎTRE AU
XIVe SIÈCLE
en 1340, Jean ier, dit l’Aveugle, roi de
bohême et comte de Luxembourg, émit
officiellement le vœu de se faire inhumer à
clairefontaine 47. pour cette raison, l’abbaye subit des transformations architecturales très importantes que nous appelons
clairefontaine ii. malgré leur souhait, ses
prédécesseurs, henri vi, comte de
Luxembourg († 1288), et henri vii,
comte de Luxembourg et empereur romain
germanique († 1313), n’avaient pas rejoint
la nécropole familiale car leurs corps avaient
été perdus sur les champs de bataille de
Worringen et de buonconvento 48. Jean
l’aveugle avait sans doute fixé son choix
dès son accession au trône en 1310 si l’on
en juge à sa générosité constante. après
avoir confirmé les donations faites par ses
ancêtres 49, il augmenta régulièrement le
patrimoine de l’abbaye jusqu’à la veille de
sa mort à la bataille de crécy en 1346 50. La
générosité des élites luxembourgeoises
s’ajoutait à celle du prince 51. Les premiers
travaux commencèrent vraisemblablement
en 1315, année marquée par le début
d’une longue dispute entre la communauté
religieuse et les habitants du village
d’eischen, situé à quelques kilomètres de
l’abbaye, à propos de l’abattage de bois
d’œuvre. ce conflit se termina en faveur
des moniales en 1328 lorsque Jean
l’aveugle déclara que l’abbaye pouvait tirer
tous les bois nécessaires pour le chauffage
et la construction des bâtiments 52.
clairefontaine ii se caractérise par un
changement profond du concept-même de
clairefontaine i. au cloître ouvert de la
phase initiale se substitua un cloître fermé
autour duquel se répartirent les espaces
fonctionnels et religieux (fig. 8). La
première phase des travaux consista en la
reconstruction quasi totale de l’église en
vue de la future sépulture prestigieuse. La
tribune occidentale fut rasée jusqu’aux
bases des supports et le niveau inférieur fut
rehaussé d’une vingtaine de centimètres
comme le montrent les enduits du xiiie
siècle conservés derrière les terres de
rehaussement (fig. 13). Le sanctuaire de
l’église fut allongé vers l’est. si la largeur de
la nef fut maintenue, les murs latéraux
furent prolongés, portant la longueur de
l’édifice à quelque 25 m. La forme du
nouveau chevet demeure incertaine 53. au
sud du sanctuaire s’élevait une chapelle
latérale contenant au moins trois
tombeaux. Le mur méridional de l’église
fut reconstruit, intégrant la porte vers la
galerie primitive et servant d’appui à la
galerie septentrionale du nouveau cloître.
La porte de l’église vers le cloître était ornée
de colonnettes groupées par quatre, placées
de biais dans l’ébrasement.
La reconstruction de l’église alla de pair
avec la construction d’un nouveau monastère. À l’est du bâtiment conventuel primitif et au flanc de l’extension de l’église se
développa un cloître fermé d’environ 20 m
sur 25 m, soit de plan légèrement trapézoïdal. Les galeries étaient pavées de gros
blocs de pierre et, d’après les contreforts
mis au jour, elles étaient voûtées. À l’est du
nouveau cloître s’élevait le nouveau bâtiment des moniales qui n’a pas pu être
fouillé car il se trouve sous les annexes de la
ferme actuelle. on peut imaginer que ce
bâtiment comprenait la salle capitulaire et
le dortoir des moniales, c’est-à-dire qu’il
reprenait une partie des fonctions du bâtiment conventuel du xiiie siècle.
celui-ci, désormais à l’ouest du cloître
et privé de contact avec le chœur de l’église
étant donné la destruction de la tribune
occidentale, fut partiellement réaffecté aux
converses. plusieurs murs intérieurs furent
détruits et d’autres érigés, entraînant une
redistribution des pièces. Le bâtiment
conservait une longueur de quelque 40 m
et une largeur d’environ 10 m, tandis
qu’une nouvelle porte fut percée vers
l’église, donnant un accès direct sans passer
par le cloître. La première pièce contre
l’église était une salle voûtée, définie par un
nouveau mur transversal, de moins de 5 m
sur 10 m et dotée d’un sol en chaux. Les
murs de la pièce étaient enduits et décorés
d’un faux appareillage régulier de couleur
ocre à joints blancs, rehaussé de petites
croix rouges 54. Les pièces suivantes,
longues d’environ 7,5 m chacune, étaient
séparées par un passage transversal pavé
reliant le cloître à la cour à l’ouest de l’abbaye. une colonne légèrement décentrée
indique la présence d’un escalier dans le
coin sud-ouest de la salle méridionale. La
quatrième et dernière salle possédait une
cheminée monumentale le long de son
côté occidental. Longue de près de 15 m,
cette salle était divisée en deux nefs voûtées
par une rangée de colonnes. contiguë à la
cuisine, cette salle servait de réfectoire aux
moniales car il n’y avait pas d’autre
construction au sud du cloître.
si la reconstruction de l’église peut être
liée au vœu de Jean l’aveugle, les raisons
précises de la transformation de l’abbaye ne
sont pas claires. il n’est pas impossible que
la bulle pontificale Periculoso de 1299 relative à la clôture des moniales ait favorisé la
construction du cloître fermé. peut-être
était-ce simplement une augmentation du
nombre de moniales et le support de leurs
familles qui était à l’origine des agrandissements ? À moins que l’ambition du comte
ne se limitât pas à l’église funéraire et visât
à faire de l’abbaye l’une des plus belles du
Luxembourg ? La recherche archéologique
corrobore cette troisième hypothèse.
123
davy herremans et thomas coomans
124
fig. 8 - clairefontaine ii, plan de l’abbaye au xive siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat).
1 : nef de l’église sans tribune ; 2 : fontaine saint-bernard ; 3 : préau du cloître ; 4 : bassin du cloître ; 5 : galeries du cloître ; 6 : locaux pour les converses ;
7 : passage transversal ; 8 : réfectoire, 9 : latrines ; 10 : annexe de la cuisine ; 11 : vieille tour ; 12 : cuisine ; 13 : annexe avec bassin ; 14 : cuisine annexe.
en effet, les fouilles ont révélé que
l’achèvement du quadrilatère, c’est-à-dire
la construction du bâtiment au sud du cloître n’eut lieu qu’au xvie siècle, lors des
grandes transformations suivantes que
nous nommons clairefontaine iii. ce
hiatus de près de deux siècles semble avoir
été provoqué par une interruption brutale
des travaux dont la cause n’est pas difficile
à identifier. Jean l’aveugle fut tué à la
bataille de crécy en 1346 et son fils,
charles iv, négligeant la volonté de son
père, fit enterrer son corps dans l’abbaye de
neumünster 55. ce revirement entraîna
l’arrêt du financement des travaux. une
charte de 1385 témoigne d’un endettement
croissant, que solda le comte Wenceslas
ier 56. dans un document de 1386, l’ab-
besse de clairefontaine rappelait des frais
restés impayés, remontant aux travaux de
l’abbatiale en vue de l’enterrement de Jean
l’aveugle 57. ces problèmes budgétaires
révèlent que la base économique de la
communauté de clairefontaine était fragile
car elle manquait de revenus propres et
dépendait trop de la générosité de bienfaiteurs.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
La décision de charles iv marqua le
début du déclin de l’abbaye qui perdait son
statut de nécropole dynastique. charles iv,
roi de bohême et empereur romain germanique († 1378), fut enterré à prague,
nouveau centre du pouvoir politique de la
maison de Luxembourg. Le prestige de la
cathédrale gothique de prague, alors en
construction au milieu du complexe palatin de la capitale de la bohême, était sans
commune mesure avec l’abbaye de
moniales perdue dans une vallée du
Luxembourg 58. L’abbaye continuera toutefois d’assumer son rôle identitaire culturel
et politique au niveau luxembourgeois
mais de manière symbolique à partir de la
seconde moitié du xive siècle.
il reste peu des sources historiques
concernant clairefontaine au xve siècle 61
mais la communauté était en pleine décadence, souffrant de l’insécurité dans la
région, de la crise religieuse en occident,
de l’hostilité du village voisin 62 et du tarissement des vocations 63. en 1497, l’abbaye
ne comptait plus que quatre religieuses, se
débattait avec des problèmes financiers et
souffrait d’une crise morale 64. Les fouilles
n’ont pas révélé d’activité de construction
entre clairefontaine ii, depuis le milieu du
xive siècle, et la reconstruction de
clairefontaine iii au xvie siècle, si ce n’est
la transformation du bâtiment des cuisines
au sud-ouest du complexe. des sources
matérielles mises au jour lors des fouilles
de ce bâtiment révèlent que les enjeux des
successions dynastiques restaient une
préoccupation de l’abbaye luxembourgeoise au xve siècle.
L’ancienne cuisine du xiiie siècle et ses
annexes partiellement fondées sur la vieille
« tour » restèrent en usage jusqu’au début
du xvie siècle. néanmoins, pour des raisons
pratiques, ces bâtiments furent transformés
à plusieurs reprises (fig. 9). sans doute dès
le xive siècle, le foyer central de la grande
cuisine fit place à une cheminée pariétale
CLAIREFONTAINE AU XVe SIÈCLE :
CHANGEMENTS DYNASTIQUES ET
CARREAUX DE POÊLE
La seconde moitié du xive et le xve siècle
furent difficiles pour l’abbaye de
clairefontaine qui ne faisait désormais plus
l’objet des faveurs du prince. Les comtes de
Luxembourg, élevés au rang de ducs en
1354, participant à la grande politique de
la bohême et de l’empire, se désintéressaient de leur terre ancestrale d’ailleurs bien
marginale sur l’échiquier de l’empire. seul
un frère de charles iv, Wenceslas ier, duc
de Luxembourg, duc de brabant et de
Limbourg, joua un rôle important dans les
pays-bas mais sa mort prématurée et sans
descendance firent échouer le mouvement
d’unification territoriale qu’il avait entrepris à partir de bruxelles 59. Wenceslas
mourut de la peste à Luxembourg en 1384
et ne fut pas inhumé à clairefontaine mais
dans le chœur de l’abbaye cistercienne
d’orval, nécropole des comtes de chiny
dont il avait acquis le territoire et le titre en
1364 60. son successeur, Wenceslas ii,
donna en 1388 le duché en gage, créant
une situation confuse entre les ducs
portant le titre et ceux qui exerçaient le
pouvoir réel. philippe le bon, duc de
bourgogne, allait profiter de cette situation
et parvint à acquérir le droit de gage sur le
duché en 1441 et à l’unifier aux pays-bas
bourguignons en 1457.
fig. 9 - clairefontaine ii, plan de la cuisine transformée au xve siècle, essai d’identification des
fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat). 1 : vieille tour ; 2 : couloir ;
3 : boulangerie ; 4 : cuisine ; 5 : parloir ; 6 : four ; 7 : puisard.
125
cl. J. de meulemeester, ©spW-dpat.
fig. 10 - clairefontaine ii, cuisine au xve siècle. a : sol du bâtiment annexe du xive siècle ; b : traces
des poutres du sol en bois du xve siècle ; c : base de la paroi ; d : fondation du poêle aux carreaux ;
e : cheminée ; f : four.
davy herremans et thomas coomans
hongrie aimaient donner des carreaux de
poêle à leur effigie comme cadeau diplomatique. on en trouve dans les résidences
de leurs relations politiques en bohême et
bien au-delà : des fouilles ont mis au jour
des carreaux avec les emblèmes de l’empereur sigismond (1385-1437), de son petitfils Ladislas de habsbourg, dit le Posthume
(1444-1457), et de matthias corvin
(1458-1490) 70. des tuiles étaient produites
dans la basse-cour de la résidence de ce
dernier à budapest 71.
cl. d. herremans et J. angenon.
fig. 11 - clairefontaine, carreaux de poêle trouvés sur le site. a : Ladislas d’hongrie, roi de bohême ;
b : élisabeth de frantz, abbesse du clairefontaine ; c : aigle ducal de bohême ; d : maximilien ier
de habsbourg, empereur ; e : armoiries de pierre-ernest, comte de mansfeld et de marguerite de
bréderode ; f : charles quint, aigle impérial et toison d’or ; g : éléonore de habsbourg ; h : duché
de Luxembourg.
126
de presque 4 m de largeur et, à l’ouest,
derrière une cloison, fut aménagée une
pièce avec un grand bassin. À l’ouest de la
cuisine fut construite une nouvelle pièce.
Le sol de la petite cuisine annexée au nordest fut dallé avec des fragments d’architecture provenant du premier ensemble
monastique. dans une deuxième phase,
dont la datation sera discutée plus loin,
furent effectués des réaménagements plus
profonds. La petite cuisine annexée au
nord-est fut détruite et un puisard établi à
cet endroit 65. La grande cheminée centrale
fut rasée et s’y substitua un four à pain de
plus de 2 m de diamètre, flanqué d’un
couloir pavé qui reliait la cuisine au cloître. La pièce occidentale du bâtiment fut
élargie de 4 m vers le nord et le nouvel
espace divisé en deux par une cloison en
bois. La partie méridionale, d’environ 4 m
sur 6 m, fut aménagée en cuisine avec un
plancher, une cheminée, et un four extérieur chargeable par une cheminée à l’intérieur de la pièce. La chaleur ainsi produite
était conduite vers un poêle à carreaux dans
la pièce voisine. cette chambre chauffée
servait vraisemblablement de parloir et de
salle de réception.
Le cartulaire de l’abbaye mentionne des
travaux de construction vers le milieu du
xve siècle. un document de 1457 rapporte
un conflit entre les sœurs de clairefontaine
et le village d’eischen à propos de l’abattage de bois de construction 66.
L’iconographie des carreaux de poêle
permet de dater la transformation du bâtiment du milieu du xve siècle, plus précisément de 1451 à 1457, soit sous l’abbatiat
d’élisabeth d’autel 67. Les carreaux les plus
anciens portent l’image d’un roi de
hongrie, identifiable à son globe, son sceptre et sa couronne aux lys d’anjou 68 (fig.
11 : a). Le don de carreaux de poêle décorés de portraits royaux et d’emblèmes
héraldiques avait pour but principal la
représentation et l’affirmation de réseaux
sociaux et politiques. La coutume naquit
sans doute dans les cours royales d’europe
centrale, le foyer de la céramique du poêle,
et fut adoptée ensuite par les élites ailleurs
en europe au xve siècle 69. Les rois de
Les carreaux de clairefontaine
renvoient vraisemblablement à Ladislas le
Posthume. avec la mort de l’empereur
sigismond en 1437 s’éteignait la brillante
lignée des Luxembourg. sa fille unique,
élisabeth de goerlitz, avait pris possession
du duché en 1411 avec son mari antoine,
duc de brabant et de Limbourg, fils cadet
de philippe le hardi, duc de bourgogne.
antoine fut tué à la bataille d’azincourt en
1415 et élisabeth, criblée de dettes, finit
par se tourner vers son neveu philippe le
bon, le grand artisan de la construction des
pays-bas bourguignons. L’acquisition du
Luxembourg et de la Lorraine faisait partie
de ses priorités car ces territoires permettaient de relier la bourgogne aux pays-bas
et consolidaient l’unité de son état. par le
traité de hesdin, philippe racheta à
élisabeth l’engagère du Luxembourg en
1441, devenant mambour et gouverneur,
sans toutefois pouvoir porter le titre ducal
qui faisait encore partie des titres héréditaires de la famille royale de hongrie et de
bohême. c’est ainsi que Ladislas de
bohême revendiqua le Luxembourg à
partir du décès d’élisabeth en 1451 jusqu’à
sa mort en 1457 72 ; ensuite les droits de
philippe le bon ne furent plus contestés.
Les carreaux de clairefontaine se
situent précisément entre 1451 et 1457,
lorsque Ladislas chercha le soutien de la
noblesse luxembourgeoise contre la politique centralisatrice du bourguignon 73.
malgré sa décadence, clairefontaine restait
un symbole : tant les membres de la
communauté religieuse que ses bienfaiteurs appartenaient à la noblesse du
Luxembourg. de plus, l’abbesse élisabeth
appartenait à la famille d’autel qui étaient
des gens de confiance des rois de bohême.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
son père, huart ii d’autel, avait servi
Wenceslas et avait été gouverneur du
Luxembourg mais les bourguignons lui
avaient confisqué ses biens et rasé son
château en 1412 74. Le château d’autel se
trouvait à moins de 3 km de l’abbaye de
clairefontaine. un frère de l’abbesse,
huart iii d’autel, mena une révolte contre
les bourguignons entre 1441 et sa mort en
1443 75 et son cousin gilles d’autel,
bravant les menaces de philippe le bon, se
serait rendu aux états de Luxembourg
convoqués par Ladislas le 20 décembre
1452 suite au décès d’élisabeth de
goerlitz 76. en 1355, Ladislas donna la
seigneurie de Koerich en fief à gilles
d’autel 77. ainsi, l’effigie de Ladislas sur le
poêle du parloir ou de la salle de réception
de l’abbesse exprimait l’influence de la
famille d’autel à clairefontaine et la position de l’abbaye dans la querelle pour la
succession d’élisabeth de goerlitz 78.
après la mort de Ladislas et la reconnaissance de philippe le bon par les états
de Luxembourg en 1462, tous ses successeurs, bourguignons et habsbourg, furent
considérés comme souverains légitimes du
Luxembourg et de ses villes dont ils s’engageaient à respecter les libertés et les privilèges 79. Le Luxembourg était la province
la plus vaste mais aussi la plus pauvre des
pays-bas et valait surtout par sa position
géostratégique. peu urbanisé, le duché
maintint pendant des siècles la structure
sociale attachée à l’horizon familial et au
cadre seigneurial 80. pour cette raison, tout
pouvoir centralisé était difficile à établir au
Luxembourg et les souverains consacraient
consciemment leurs discours de propagande aux anciens symboles seigneuriaux.
parmi ceux-ci, les abbayes luxembourgeoises pouvaient également compter sur
la protection des souverains.
en 1480, maximilien d’autriche et sa
femme marie de bourgogne confirmaient
les privilèges de l’abbaye de clairefontaine.
dans ce document, les nouveaux souverains se présentaient comme les successeurs
naturels des fondateurs : « (…) l’abbaye
fondée par nos prédécesseurs, les comtes et
ducs de Luxembourg » (monasterium fuisse
et esse fundatum a praedecessoribus nostris,
comitibus et ducibus Lucemburgiae) 81. ce
n’est pas tout. maximilien d’autriche était
aussi présent dans la culture matérielle de
l’abbaye car plusieurs carreaux de poêle
décorés de son emblème y furent retrouvés 82 (fig. 11 : c). La confirmation des
privilèges de l’abbaye s’accompagna vraisemblablement d’un don de carreaux et le
remplacement de l’effigie de Ladislas par
l’emblème de maximilien. d’autres
carreaux portent les armories familiales
d’élisabeth de frantz, abbesse à clairefontaine
en 1480 83 : de sable à la croix pleine d’or
(fig. 11 : b).
CLAIREFONTAINE III –
UNE RECONSTRUCTION TOTALE AU
XVIe SIÈCLE
après le décès de l’abbesse sophie de
muel en 1497, le chapitre général de
cîteaux décida de transférer les quatre
dernières moniales de clairefontaine à l’abbaye de differdange et des les remplacer
par une communauté de moines provenant
de l’abbaye cistercienne de himmerod.
ainsi, pendant dix ans, de 1497 à 1507,
clairefontaine fut une abbaye d’hommes
dirigée par deux abbés successifs 84. Les
raisons de ce grand changement sont à la
fois locales et conjoncturelles. d’une part,
gofrinum, religieux d’himmerod, procureur et confesseur de l’abbaye, dilapida les
finances et mena une vie scandaleuse avec
l’abbesse au point que le chapitre général
dut intervenir en 1489 suite à une plainte
des moniales 85. L’affaire traîna jusqu’en
1496 et accéléra la décadence morale et
financière de l’abbaye.
À un niveau moins local, ce changement de communauté s’inscrit dans le
mouvement de réforme des abbayes de
moniales cisterciennes aux xve et début du
xvie siècle dans les anciens pays-bas, sous
l’influence de la Devotio moderna. La
réforme visait à affermir la vie régulière par
le renforcement de la clôture, la réduction
de l’ingérence des familles des moniales à
l’intérieur des cloîtres, le retour à l’austérité matérielle et l’élévation du niveau de la
vie spirituelle. dans le diocèse de Liège, la
réforme démarra en 1406 à l’abbaye de
marche-les-dames, près de namur, se
propagea à l’abbaye de soleilmont en
1415, puis à une quinzaine d’autres avant
1500 86. La réforme rencontra l’opposition
de certaines communautés ou de certaines
moniales au sein de communautés, obligeant le chapitre général de cîteaux, qui
encourageait la réforme, à ordonner des
transferts de religieux et de religieuses dans
différents sens afin de constituer des
communautés homogènes et viables.
tantôt des abbesses étaient déposées et les
communautés étaient « mises au pas » par
l’arrivée de moniales réformées. tantôt
avaient lieu des échanges de bâtiments : des
moines lassaient leur abbaye, mieux située
et plus propice à la réforme, à une communauté de moniales et s’installaient dans
l’abbaye d’origine de ces dernières 87.
« L’esprit de réforme ne s’épuisa pas, même
si les communautés avaient bien souvent
besoin d’encouragements et d’initiatives
originales pour se maintenir. par esprit de
solidarité, cisterciens et cisterciennes s’associaient en confréries de prières. ce
mouvement se poursuivit au-delà du xve
siècle et marqua les annales de chaque
maison, qui situaient, dès lors, les événements ‘avant’ ou ‘après’ l’introduction de la
réforme » 88. Les réformes s’accompagnaient volontiers de constructions qui
participaient à la dynamique d’un nouvel
élan : généralement le sanctuaire, le chœur
et les stalles étaient transformés et stimulaient la réforme spirituelle 89 mais il arrivait également que d’autres parties des
abbayes, notamment la salle capitulaire,
lieu de l’autorité abbatiale, soient reconstruites 90.
ce qui se passa précisément à
clairefontaine reste obscur, d’autant plus
que l’abbaye se trouvait dans le diocèse de
trèves où la réforme cistercienne n’a pas
fait l’objet d’études comparables à celles
menées dans les diocèses de Liège ou
d’utrecht. quoi qu’il en soit, la communauté d’hommes quitta clairefontaine
après dix ans et le chapitre général de
cîteaux autorisa le retour des quatre dames
de 1497, sous la direction de l’abbesse
catherine de berentzeim 91. celle-ci allait
gouverner l’abbaye de 1507 à 1551, restaurer les finances, augmenter l’effectif de la
communauté et reconstruire les bâtiments.
elle put compter sur l’aide du gouverneur
127
davy herremans et thomas coomans
128
fig. 12 - clairefontaine iii, plan de l’abbaye au xvie siècle et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard, ©spW-dpat).
1 : nef de l’église ; 2 : chapelle notre-dame ; 3 : chapelle sainte-marguerite ; 4 : fontaine saint-bernard ; 5 : préau du cloître ; 6 : bassin du cloître ;
7 : galeries du cloître ; 8 : locaux des converses ; 9 : passage ; 10 : réfectoire ; 11 : cuisine et annexes ; 12 : latrines ; 13 : quartier de l’abbesse.
de Luxembourg, christophe de bade, dont
il sera question plus loin. La reconstruction
quasi complète de l’abbaye sous catherine
de berentzeim correspond à la phase que
nous appelons clairefontaine iii 92. étant
donné l’envergure des travaux, il n’est pas
exclu que les moines donnèrent l’impulsion de la reconstruction de l’abbaye
dès avant 1507 mais les archives lacunaires
ne permettent pas d’établir de chronologie
précise. en 1516, une nouvelle dispute
éclata entre l’abbaye et les villageois
d’eisschen à propos de l’abattage d’arbres
pour la construction 93. La nouvelle église
basilicale ne fut vraisemblablement pas
achevée avant 1552, lorsque, sous l’abbatiat
d’élisabeth de rottart de Wiltz, le tombe
d’ermesinde fut déplacée et pourvue d’un
nouveau mausolée sculpté 94.
en un demi-siècle, l’abbaye médiévale
disparut complètement et s’y substitua
un ensemble neuf et monumental qui
exprimait le dynamisme retrouvé de la
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
communauté dont le nombre passa de
quatre dames en 1507 à treize en 1551.
mis à part le mur méridional de la nef,
séparant l’église du cloître, toute l’abbaye
fut rasée et reconstruite selon un nouveau
projet comprenant une église à trois nefs et
transept, un cloître agrandi et des nouveaux corps de bâtiments à l’ouest, au sud
et à l’est du cloître (fig. 12). seul ce dernier,
situé sous la ferme actuelle, n’a pas été
fouillé. Le plan légèrement trapézoïdal du
cloître primitif fut transformé et étendu
vers l’est, devenant un carré presque parfait
de 25 m de côté. À cette fin, l’aile orientale
de l’abbaye fut rasée et reconstruite 3,50 m
plus à l’est. L’angle sud-ouest du cloître,
aigu, fut mis à 90°, ce qui permettait de
reconstruire l’aile méridionale sur un axe
redressé. heureusement pour les archéologues, les travaux s’accompagnèrent d’un
rehaussement du terrain suite auquel
les fondations, les soubassements et même
les pavements de l’état antérieur furent
conservés.
La nouvelle église adoptait un parti
architectural radicalement différent : de
type basilical, à bas-côtés et transept non
saillant, elle se terminait par un sanctuaire
à chevet plat, flanqué par deux chapelles
latérales dans le prolongement des bascôtés. Le tout s’inscrivait dans un grand
rectangle d’environ 50 m sur 20 m, soit
une emprise au sol de plus du double de
l’église de clairefontaine i. d’après leurs
fondations et leurs bases, les colonnes de la
nef étaient de fortes dimensions. Les
fondations des supports de la croisée n’ont
pas été mises au jour car elles se trouvent
sous la chapelle de 1875 mais les bases des
colonnes engagées dans le mur sud de
l’église situent l’axe du transept et fixent sa
largeur à 5 m. La tombe d’ermesinde se
trouvait vraisemblablement sous la croisée
et était entourée des stalles des moniales.
La chapelle latérale au sud du sanctuaire
était dédiée à sainte-marguerite, la
patronne d’ermesinde ; la chapelle septentrionale était sans doute dédiée à la vierge
marie. Le niveau intérieur de l’église fut
surélevé une seconde fois d’environ 60 cm,
comme le suggèrent les enduits conservés
derrière les terres de rehaussement 95
(fig. 13).
L’aile occidentale du cloître, dite des
converses 96, fut rebâtie de fond en comble.
son système de proportions est le même
que celui de l’aile sud et on peut imaginer
que sa façade occidentale, accolée à celle de
la nouvelle église, avait une certaine allure.
À l’intérieur, la distribution des pièces
n’avait plus rien à voir avec celle du bâtiment précédent. Le passage qui divisait le
bâtiment en son centre fut déplacé vers le
sud, dans le prolongement de la galerie
méridionale du cloître. deux grandes pièces
de plus de 10 m de long occupaient le rezde chaussée et une troisième pièce, contre
l’église, fut également agrandie. Leur fonction reste indéfinie et leur affectation aux
converses ne se base que sur la disposition
typologique conventionnelle. dans la partie
septentrionale du bâtiment, un couloir
parallèle au cloître permettait d’atteindre
l’église sans devoir passer par le cloître. sans
doute cette circulation dérobée était-elle
destinée aux converses ou à des hôtes.
La même question de l’affectation se
pose pour le nouveau bâtiment au sudouest du cloître qui prit la place de l’ancien
bâtiment des cuisines et de la « tour »
médiévale. bien aligné sur la nouvelle aile
sud et accolé aux bâtiments autour du cloître, ce nouveau bâtiment qui comprenait
une galerie, deux belles pièces, une série de
cellules et des latrines du côté de la rivière
était vraisemblablement le quartier de l’abbesse. un escalier d’angle menait sans
aucun doute à l’étage de l’ancienne
« tour ». en effet, l’emplacement à l’ouest
du cloître, tourné vers la zone d’accueil de
l’abbaye, ainsi qu’en lien direct avec le
réfectoire, le cloître et, au-delà, l’église sont
à l’interface de la stricte clôture et du
monde extérieur, du spirituel et du temporel. un rare exemple de quartier d’abbesse
bâti entre 1519 et 1548 est conservé à l’abbaye noble de herkenrode, près de hasselt
(fig. 14). également distinct du cloître, il se
compose d’un couloir desservant plusieurs
pièces d’apparat, voûtées d’ogives et décorées de rinceaux et de motifs héraldiques
gothiques tardifs peints 97. un logis abbatial du même type existait à l’abbaye de
soleilmont vers 1500 98. si ces logis du
début du xvie siècle furent souvent remplacés aux xviie et xviiie siècles par des quartiers aux allures de demeures de plaisance,
comprenant souvent une hôtellerie pour les
hôtes de marques, leur emplacement privilégié remonte à la fin du moyen Âge 99. on
notera que certaines abbayes d’hommes se
dotèrent de quartiers abbatiaux du même
type au début du xvie siècle, également
situés en avant de l’aile occidentale du
fig. 13 - fragment du mur sud de l’église (extrémité ouest) conservé en élévation et traces des niveaux successifs de clairefontaine i, ii et iii (relevé
a. de meulemeester et g. vermeiren, digitalisé par d. herremans ©spW-dpat).
129
davy herremans et thomas coomans
cl. thoc, avril 2007.
fig. 14 - Logis de l’abbesse cistercienne de herkenrode, construit par mechtilde de Léchy entre 1519
et 1548.
cloître et pourvus d’une galerie 100. À l’intersection des ailes occidentale et méridionale du cloître, accolé au quartier de
l’abbesse, se trouvait le réfectoire, grande
pièce d’environ 7 m sur 11 m, directement
accessible depuis le cloître et pourvue de
latrines au sud. À l’est du réfectoire, dans
l’aile méridionale, se trouvait la nouvelle
cuisine pourvue d’une grande cheminée
pariétale. au nord du réfectoire, un passage
reliait l’angle du cloître et le jardin à
l’ouest, le long du logis de l’abbesse.
130
clairefontaine iii donnait à la communauté des moniales un cadre matériel neuf
et prestigieux. cet investissement considérable s’accompagnait de nouveaux moyens
et d’une restructuration de l’économie de
l’abbaye. son budget instable avait trop
longtemps dépendu de la seule générosité
des comtes, soucieux ou non de l’entretien
de la memoria de leurs ancêtres, et des
donations de nobles dont les filles étaient
entrées à l’abbaye. Les sources historiques
révèlent une réorganisation fondamentale
du domaine monastique au début du xvie
siècle, les fermages remplaçant désormais
le système d’exploitation seigneuriale 101.
toutefois, la reconstruction de l’abbaye
au xvie siècle n’aurait pas pu avoir lieu sans
soutiens princiers au plus haut niveau. il
est notoire que les habsbourg développèrent une politique de mise en valeur des
tombes de leurs prédécesseurs et des
nécropoles des dynasties dont ils portaient
désormais le titre 102. Le cas de l’abbaye
prémontrée de middelburg, en Zélande,
est comparable à celui de clairefontaine.
L’abbaye fut entièrement reconstruite par
ordre de maximilien ier et charles quint
pendant la première moitié du xvie siècle
et un nouveau mausolée fut érigé dans la
nouvelle église pour guillaume ii, comte
de hollande et de Zélande et roi des
romains († 1256). ce tombeau de prestige
dynastique, réalisé entre 1542 et 1546,
était situé le long d’un des murs latéraux
du chœur, sous une architecture de style
renaissance 103. il n’est pas inutile de
rappeler ici le tombeau de charles le
téméraire dont le corps fut rapatrié de
nancy par charles quint et placé dans un
magnifique tombeau au milieu du chœur
de l’église notre-dame à bruges en
1553 104. L’intervention de charles quint
à clairefontaine en 1531 et le nouveau
tombeau d’ermesinde à clairefontaine
inauguré en 1552 s’inscrivent à l’évidence
dans ce mouvement dynastique et identitaire.
christophe, margrave de bade et
gouverneur de Luxembourg († 1517),
favorisa le retour des moniales à
clairefontaine en 1507. neveu de georges
de bade, évêque de metz, et de Jean de
bade, archevêque de trèves, il avait fait
partie de la légation envoyée par son oncle
l’empereur fréderic iii dans les pays-bas
pour préparer le mariage de l’archiduc
maximilien d’autriche et de marie de
bourgogne. en 1488, maximilien nomma
son cousin stathouder et gouverneur de
Luxembourg à titre héréditaire et lui donna
plusieurs fiefs dans le Luxembourg 105. en
1531, charles quint confirma les privilèges des sœurs de clairefontaine, sans
doute par l’entremise de bernard de bade
qui avait succédé à son père en 1517 106.
en 1547, christophe de bade, frère de
bernard, et sa femme marguerite de
mamer faisaient une donation considérable à l’abbaye, comme dot lors de la prise
d’habit de leur fille élisabeth 107. peu après
la confirmation de charles quint, bernard
de bade tombait en discrédit et était forcé
à renoncer au titre de gouverneur de
Luxembourg 108.
un de ses successeurs apparaît aussi
dans la culture matérielle de l’abbaye.
sur un fragment de carreau de poêle, on
peut reconnaître le blason du comte
pierre-ernest de mansfeld († 1604), confident de charles quint, gouverneur de
Luxembourg depuis 1545, grand mécène
et bâtisseur d’une cour somptueuse à
Luxembourg 109. La présence des armoiries
de sa première épouse, marguerite de
bréderode, décédée en 1554, permit de
dater le fragment entre 1545 et 1554 110
(fig. 11 : e). Le gouverneur offrit donc un
poêle à carreaux à la communauté de
clairefontaine à l’époque de la consécration de la nouvelle église de clairefontaine
en 1552. d’autres carreaux du même poêle
portent une iconographie liée à charles
quint et aux habsbourg (fig. 11 : f) et l’effigie et le nom d’éléonore de habsbourg,
sœur de l’empereur (fig. 11 : g). plusieurs
carreaux de poêle et des carreaux de pavement en majolique aux armoiries de
mansfeld et de charles quint furent également trouvés à l’abbaye de neumünster,
nécropole de la première dynastie de
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
Luxembourg et lieu de sépulture de Jean
d’aveugle, située dans la ville de
Luxembourg et reconstruite en 1561 111.
un fragment de carreau de la même
série porte l’emblème de Luxembourg et
les lettre Lu qui faisaient partie de Lutcen 112 (fig. 11 : h).
CLAIREFONTAINE IV –
TRANSFORMATIONS À LA SUITE DES
INONDATIONS DU XVIIe SIÈCLE
contrairement au nord et au centre des
anciens pays-bas, le Luxembourg ne fut
pas le théâtre de la guerre civile entre
catholiques et protestants au xvie siècle.
aussi, la contre-réforme put-elle se développer sans opposition et influencer durablement la société luxembourgeoise. Le
culte des saints et les pèlerinages étaient
largement stimulés par l’église et
clairefontaine n’échappa pas au mouvement. Les archiducs albert et isabelle, fers
de lance de la contre-réforme et promoteurs du culte marial dans les pays-bas
méridionaux, furent les derniers souverains
à confirmer les privilèges de l’abbaye 113.
c’est dans ce contexte, en 1633, qu’un
chroniqueur local mentionna pour la
première fois la légende, déjà évoquée,
selon laquelle la vierge marie aurait
demandé à la comtesse ermesinde de
fonder clairefontaine 114. La statue mariale
qui se trouvait dans l’église depuis le xiiie
siècle fit désormais l’objet d’un culte, associé aux prières mémorielles pour la fondatrice ainsi qu’à la dévotion à saint bernard.
Le nom de ce dernier fut associé à la source
de la légende, dite « source saint bernard »,
concrétisée par une fontaine aménagée
dans la galerie nord du cloître, contre le
mur de l’église à hauteur du sanctuaire. À
partir de 1671, l’abbaye devint également
un lieu de pèlerinage officiel à saint
antoine, confirmé par le pape clément x
à la demande de l’abbesse marguerite de
pouilly 115. L’abbaye possédait également
une riche collection de reliques 116, notamment des cheveux de marie, du sang du
christ et quelques pierres de la lapidation
de saint étienne, tachées du sang du
martyr. La ceinture de sainte marguerite
était exposée chaque année le 20 juillet et
attirait les femmes enceintes de la région
qui souhaitaient une délivrance heureuse.
contrastant avec le merveilleux de la
vie spirituelle, la réalité matérielle de l’abbaye, également liée à l’eau, prenait une
tournure préoccupante. au cours du xviie
siècle, le vallon de clairefontaine continua
à se combler progressivement, entraînant
des inondations de plus en plus fréquentes.
ainsi, le 29 mai 1617, six maîtres ouvriers
constatèrent des dégâts aux maçonneries et
des avaries aux conduits et aux fondements
souterrains suite à un gros orage 117. il est
difficile d’estimer l’envergure des travaux
subséquents mais il est clair que la zone des
latrines au sud ouest du cloître fut adaptée 118. Le quartier de l’abbesse, fondé sur
l’ancienne cuisine médiévale, fut rasé et un
nouveau mur de clôture établi à sa place.
Le lit du ruisseau fut repoussé de quelques
mètres vers le sud et un nouveau bâtiment
comprenant des latrines fut construit audessus du ruisseau, au sud du réfectoire.
À la fin du xviie siècle, l’abbaye fut
affectée par des inondations plus destructrices qu’auparavant, au point que le rezde-chaussée de l’abbaye devint invivable.
Les moniales décidèrent une fois encore de
reconstruire leur abbaye, ce qui donna lieu
à l’état clairefontaine iv (fig. 15). de
1695 à 1728, un long conflit opposa une
nouvelle fois l’abbaye aux villageois
d’eisschen au sujet de l’abattage d’arbres
pour la construction 119. La durée de la
dispute correspond à peu près à celle des
travaux. en 1731, l’abbé de clairvaux en
visite canonique à clairefontaine félicitait
publiquement l’abbesse margueriteJosèphe de La fontaine pour les grands
ouvrages en bonne voie d’exécution 120.
Les travaux de déblaiement et les
sondages entrepris par les Jésuites à la fin
du xixe siècle leur avait permis de dresser
un plan sommaire de l’abbaye avant sa
suppression et sa destruction 121. ce plan
est utile, en particulier pour l’interprétation du sanctuaire de l’église dont les
fondations furent détruites lors de la
construction de la chapelle commémorative. il donne également une image
complète de la basse-cour de l’abbaye,
reconstruite en 1734 à l’est de l’église.
aujourd’hui, le quartier des hôtes, le
moulin et quelques bâtiments de l’exploitation agricole subsistent dans la ferme
contemporaine. par rapport au plan des
Jésuites, les fouilles archéologiques récentes
ont surtout apporté des précisions sur les
transformations des bâtiments conventuels.
avant les travaux, le terrain fût rehaussé
d’environ 1,50 m pour en finir avec les
problèmes d’eau et faire face aux torrents
de boue qui envahissaient régulièrement
l’abbaye. clairefontaine iv était donc
surélevée et possédait un système hydraulique ingénieux qui approvisionnait la
communauté en eau, tout en assurant
l’évacuation des eaux usées et le drainage
du préau 122. une partie du système
hydraulique était déjà en place depuis le
xive siècle mais les transformations
profondes du xviiie siècle ne permettent
pas de reconstituer avec précision les phases
antérieures et leur évolution. il est évident
que les problèmes d’eau constituaient un
souci permanent pour la communauté et
que des travaux ponctuels intervinrent
également en dehors des quatre grandes
phases de construction de l’abbaye.
au centre du préau du cloître, un
grand bassin central à ciel ouvert fut établi
à l’emplacement d’un bassin remontant au
xvie voire au xive siècle. on construisit
autour du bassin un mur qui retient encore
aujourd’hui les terres de rehaussement
(fig. 16). au xixe siècle, cet ensemble reçut
le nom de vieux lavoir par opposition à un
nouveau lavoir couvert aménagé dans une
des caves de l’aile méridionale de l’abbaye 123. Le long de la façade occidentale
de l’aile des converses, une rigole en pierre
évacuait les eaux depuis l’angle de l’église
vers les latrines au sud. des descentes d’eau
dans les angles nord-est et sud-est du cloître collectaient les eaux de pluie des
toitures et les évacuaient par des canalisations souterraines vers le bassin du préau.
dans la cour de la ferme fut aménagé un
lavoir alimenté en eau par un canal souterrain branché sur celui de la source saintbernard avant qu’il alimente les bassins du
préau.
rehaussés de 1,50 m, les bâtiments
autour du cloître furent réaménagés et la
131
davy herremans et thomas coomans
disposition des pièces adaptée aux
nouveaux besoins. Les sources mentionnent la présence de converses au nombre à
peu près constant de six au xviiie siècle 124.
un nouveau passage monumental large de
3 m traversait l’aile occidentale et ouvrait
sur le cloître. il devait ressembler à la porte,
toujours existante, menant à la ferme
depuis l’angle opposé du cloître.
L’agrandissement du réfectoire, à l’angle
des ailes occidentale et méridionale, fut
une des transformations majeures de cette
partie de l’abbaye suite à la destruction du
quartier de l’abbesse. Les nouveaux appartements de l’abbesse occupaient désormais
l’aile orientale de l’abbaye qui, elle aussi,
fut entièrement rebâtie 125. elle comprenait
également la salle capitulaire ainsi qu’un
niveau de caves voûtées 126. Les cuisines
dans l’aile sud furent réorganisées et un
passage transversal établi pour relier le
cloître au jardin vers la rivière. La moitié
orientale de l’aile sud fut reconstruite
au-dessus du rez-de-chaussée voûté du
132
fig. 15 - clairefontaine iv, plan de l’abbaye aux xviie et xviiie siècles et essai d’identification des fonctions (d. herremans, topographie d. bossicard,
©spW-dpat). 1 : nef de l’église ; 2 : chapelle notre-dame ; 3 : chapelle sainte-marguerite ; 4 : fontaine saint-bernard ; 5 : préau du cloître ; 6 : lavoir ;
7 : galeries du cloître ; 8 : locaux des converses ; 9 : réfectoire ; 10 : cuisine et annexes ; 11 : caves ; 12 : latrine ; 13 : passage ; 14 : porte de la ferme avec
caves.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
cl. thoc, juillet 2007.
fig. 16 - bassins au milieu du préau et murs de
soutènement du niveau exhaussé de
clairefontaine iv ; à l’arrière-plan, la chapelle
du xixe siècle.
siècle, transformant celui-ci en caves.
ces caves voûtées subsistent toujours.
ailleurs, les portes et les fenêtres furent
bouchées. d’après le plan sommaire des
Jésuites 127, l’aile orientale comprenait une
sacristie au revers du chevet de l’église, un
parloir au nord et la salle capitulaire au sud.
plus à l’est, la basse-cour avait environ deux
fois la superficie du préau du cloître et était
entourée d’écuries, de communs, d’une
grange, d’une remise à voitures et d’une
aumônerie. La porterie, dite de saintehombeline, se trouvait encore plus à l’est.
xvie
L’église de clairefontaine iv était celle
de la première moitié du xvie siècle mais le
sol du chœur monastique était rehaussé. À
distance suffisante du ruisseau et située
plus haut que le cloître, l’église était moins
exposée aux inondations et ne souffrait que
de la nappe phréatique et des sources. La
combinaison des fouilles récentes, des
constatations des Jésuites et des sources
historiques permet de localiser un certain
nombre des tombeaux et des cénotaphes
dans l’église et dans le cloître du xviiie
siècle. Les tombes des familles comtales et
apparentées avaient probablement déjà été
déplacées au xvie siècle. dans l’église, les
Jésuites identifièrent la tombe d’henri v à
celle qui se trouvait devant le maître-autel.
celle de son épouse, marguerite de bar, se
trouvait aussi dans le chœur des moniales.
une troisième tombe, un peu plus au sud,
était sans doute celle d’ermesinde. dans le
bas-côté sud se trouvait le cénotaphe de
marguerite, catherine et Jeanne de
Luxembourg, trois filles de henri et
marguerite. Jeanne avait d’ailleurs été la
deuxième abbesse de clairefontaine. Les
fouilles ont révélé plusieurs tombes des
xvie, xviie et xviiie siècles, appartenant à des
bienfaiteurs laïcs qui n’ont pas été identifiés. dans la galerie orientale du cloître, en
face de la salle capitulaire, se trouvaient les
cénotaphes d’un fils de henri et
marguerite ainsi que de renaud de bar,
beau-frère d’henri v. pierre-alexandrecyprien merjai, avocat et bourgeois de
Luxembourg, visita clairefontaine en 1786
et fit des dessins de ces monuments funéraires 128. une série de sépultures de religieuses, curieusement orientées nord-sud,
a été mise au jour dans la galerie septentrionale du cloître, près de la « source de
saint bernard ».
Le frontispice de la première monographie sur clairefontaine, publiée par le père
jésuite camille-Jean Joset en 1935,
présente un essai de reconstitution de l’abbaye avant sa suppression (fig. 17). malgré
quelques imperfections, ce dessin donne
une bonne image de l’abbaye tapie dans le
vallon, du jeu des volumes dominés par
celui de l’église et de l’inhabituelle disposition de la basse-cour à l’est de l’église et des
bâtiments monastiques.
APRÈS LA SUPPRESSION : LE SITE DE
CLAIREFONTAINE AUX XIXE ET XXE SIÈCLES
au moment de sa suppression par les
français, la communauté comptait une
abbesse, sept dames de chœur, une professe
et quatre converses. L’histoire raconte que
l’abbaye fut pillée en 1793 et incendiée en
1794 129 mais les fouilles n’ont mis au jour
aucune trace d’incendie. quoi qu’il en soit,
l’abbaye fut supprimée par le directoire en
1796 et divisée en lots qui furent vendus à
différents propriétaires. si la ferme et les
moulins continuèrent leur activité, les bâtiments monastiques servirent de carrière de
matériaux et furent démolis par la population des environs. ainsi, une porte monumentale de l’abbaye de clairefontaine iv
fut reconstruite à l’église de habergy en
1818, puis déplacée à nouveau sur la
« montée royale » à arlon où elle se trouve
toujours 130. un certain françois simonet
développa une forge sur le site qui ne
manquait pas d’eau. neuf ans après la
révolution belge de 1830, le Luxembourg
133
fig. 17 - reconstitution de clairefontaine iv au xviiie siècle, vue depuis le sud (dessin de g. Ledent,
dans c.-J. Joset, 1935).
davy herremans et thomas coomans
des saints cisterciens et les trois fondateurs
contribuent à l’atmosphère commémorative.
fig. 18 - clairefontaine, site de l’abbaye en 1854 avec la dernière travée de l’église correspondant à
la chapelle sainte-marguerite de clairefontaine iii (lithographie de f. damoiseaux, arlon).
134
fut divisé en deux selon un critère linguistique : la partie francophone devenant la province de Luxembourg belge, la
partie germanophone le grand-duché.
clairefontaine tombait dans cette dernière
mais l’industriel simonet, redoutant la
concurrence de la sidérurgie luxembourgeoise naissante, fit jouer son influence
pour que clairefontaine se trouve du côté
belge 131. une lithographie publiée en 1854
à arlon (fig. 18) montre qu’à cette date il
ne restait plus rien de l’abbaye hormis
un arc et un chapiteau gothiques de l’église
du début du xvie siècle, correspondant à
la chapelle sainte-marguerite entre le
sanctuaire de l’église et la galerie nord
du cloître 132. À l’arrière-plan, le volume
de la ferme s’impose désormais au site
ravagé.
en 1874, la province méridionale belge
de la compagnie de Jésus, qui possédait à
arlon un grand noviciat depuis 1855,
acquit le site de clairefontaine et bâtit une
maison de campagne au sommet du
versant sud. Le père hippolyte goffinet,
éditeur en 1877 du cartulaire de
clairefontaine fréquemment cité dans le
présent article, nota également le tracé des
murs visibles sur le site avant la construction de la chapelle qui détruisit une partie
des fondations anciennes de l’église 133.
voulant honorer la mémoire de la comtesse
ermesinde et restaurer le culte marial de
Notre-Dame du Bel Amour sur le site
profané, les Jésuites érigèrent en 1875 une
chapelle à l’emplacement de la tombe de la
comtesse, sous la croisée de l’église du xvie
siècle 134. des fouilles mirent au jour un
caveau et un squelette que l’on identifia
aux restes d’ermesinde 135. L’analyse établit
qu’il s’agissait d’une femme âgée, d’assez
grande taille, ayant engendré plusieurs
enfants, mais cela ne suffit pas à confirmer
avec certitude l’identité du squelette 136. La
chapelle notre-dame tourne sa façade
sommée d’un clocheton effilé vers la route
qui longe le site au nord-ouest. conçue par
l’architecte de l’état grand-ducal, charles
arendt, la chapelle est de style néo-roman
et comprend deux niveaux : un haut
soubassement formant la crypte au niveau
de l’ancienne église et le sanctuaire au
niveau de la route 137 (fig. 19). son plan
tréflé se réfère aux plans centraux des
édifices funéraires. À l’intérieur, une tombe
à gisant en marbre blanc et une série de
vitraux des années 1930 et 1940 présentant
La période entre les deux guerres fut un
temps de réveil monastique en belgique.
ainsi deux abbayes cisterciennes de la
stricte observance furent fondées dans la
province de Luxembourg et reprirent le
nom de deux abbayes historiques : orval
en 1926, à côté des ruines de l’abbaye
médiévale 138, et clairefontaine en 1935,
sur un autre site près de bouillon 139. étant
donné que cette dernière est une nouvelle
fondation sur un autre site, sans autre
lien avec l’abbaye médiévale que la reprise
de son nom, il n’est pas permis de la considérer comme « clairefontaine v ». en
1947, le 700e anniversaire de la mort
d’ermesinde fut commémoré avec grand
faste par les deux pays qui, au lendemain
de la guerre, avaient signé le traité formant
le benelux. clairefontaine acquérait une
nouvelle dimension symbolique comme
« lieu de mémoire » et de conscience
luxembourgeoise transfrontalière 140.
en 1997, le 750e anniversaire de la
fondation de l’abbaye de clairefontaine
par la comtesse ermesinde donna non
cl. thoc, juillet 2007.
fig. 19 - clairefontaine, chapelle de notredame construite à l’emplacement de la tombe
de la comtesse ermesinde, sur le site de l’église
abbatiale en 1875.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
seulement lieu à la restauration de la
chapelle commémorative et au début des
fouilles de grande envergure sur le site de
l’abbaye, mais suscita également la
réflexion sur les origines médiévales des
comtés d’arlon et de Luxembourg. dans
le cadre des projets d’échanges de la
communauté européenne, clairefontaine
fut choisie pour un projet de collaboration transfrontalière entre la Wallonie,
le grand-duché de Luxembourg et la
rhénanie-palatinat 141. Les travaux
archéologiques, dirigés par Johnny de
meulemeester 142, se déroulèrent en collaboration étroite avec les amis de l’abbaye
noble de clairefontaine et les Œuvres
du doyenné d’arlon, propriétaire du site.
À partir de 1999, la direction de
l’archéologie de la division du patrimoine
de Wallonie a non seulement pris en charge
la poursuite des fouilles, mais elle s’est
également occupée de la mise en valeur du
site archéologique. pendant une décennie,
le chantier de clairefontaine a figuré au
programme des stages d’étudiants en
histoire et archéologie venant de différents
horizons universitaires européens 143. au
terme de la dernière campagne de 2007, la
plus grande partie de l’abbaye avait été
dégagée, à l’exception de la zone à l’est du
cloître, située sous la ferme actuelle.
CONCLUSION
Le cas des quatre abbayes successives de
clairefontaine est un bel exemple de
recherche archéo-historique, combinaison
des résultats de dix campagnes de fouilles
avec, d’une part, les sources historiques
permettant la contextualisation des structures mises au jour et, de l’autre, des
comparaisons typologiques avec d’autres
abbayes de moniales dans la région. Les
fouilles ont considérablement élargi les
connaissances de l’histoire du site, cadre
matériel d’une communauté de moniales
de 1247 à 1794, avec une courte interruption de 1497 à 1507, soit durant 537 ans.
Lieu de mémoire dynastique, l’abbaye
de clairefontaine présente une stratigraphie fascinante, bien conservée grâce aux
exhaussements successifs des niveaux de sol
des bâtiments. il en résulte une histoire
architecturale d’une grande complexité,
divisée en quatre grands chapitres correspondant à autant de reconstructions. si les
grandes lignes du plan général de l’abbaye
au xviiie siècle étaient connues grâce aux
travaux des pères jésuites au xixe siècle, les
fouilles récentes ont permis de dater l’église
du xvie siècle et de mettre au jour les
fondations des églises du milieu du xiiie
siècle et du xive siècle. ces apports fondamentaux montrent les étapes d’un agrandissement centrifuge par rapport au cloître,
menant à un doublement de la superficie
de l’église. Le chœur des dames occupa
trois emplacements successifs, d’abord sur
une tribune occidentale, puis dans la partie
orientale de l’église, enfin sous la croisée.
si une telle stratigraphie est peu
courante pour une église de moniales, elle
est tout à fait exceptionnelle pour l’ensemble des bâtiments autour du cloître, étant
donné que peu d’abbayes féminines ont
fait l’objet de fouilles programmées de
l’ampleur de celles de clairefontaine 144.
Les résultats et surtout l’envergure des
fouilles livrent une contribution assez
inédite dans la recherche européenne sur
l’architecture des moniales cisterciennes. Le
passage de clairefontaine i avec un cloître
ouvert et son plan en ‘s’ à angles droits, à
clairefontaine ii, avec un plan plus standardisé est peu courant. La recherche
archéologique a révélé que ce n’est qu’à
partir du xive siècle que fut mis en œuvre le
projet de réorganisation selon le schéma
monastique classique 145. Les fouilles ont
montré que l’abbaye de clairefontaine fut
un chantier presque continuel mais subit
également des interruptions comme lors de
la mort de Jean l’aveugle en 1346. Les
travaux devaient se dérouler en phases afin
de ne pas perturber la vie régulière des
moniales. par exemple, la cuisine du xiiie
siècle et ses dépendances restèrent en fonction jusqu’au xvie siècle lorsqu’une
nouvelle cuisine fut construite dans l’aile
méridionale du cloître, permettant au
quartier abbatial de se développer à l’emplacement de la cuisine. on doit imaginer
des déplacements de ce type tout au long
de la construction de clairefontaine iii,
qui dura un demi-siècle et affecta au quotidien la vie de deux générations de dames.
nous avons pu établir une relation
entre chaque changement du cadre matériel des moniales et un contexte historique
particulier, intimement lié aux princes
successifs qui régnèrent sur le Luxembourg.
ermesinde, henri le blondel, Jean
l’aveugle, christophe de bade, pierreernest de mansfeld ainsi que les archiducs
albert et isabelle furent des grands
commanditaires et des puissants protecteurs. À travers eux se lit la destinée remarquable de la maison de Luxembourg et de
la mémoire de ses fondateurs, puis de leurs
remplaçants « étrangers » au xvie siècle qui
surent s’adapter à la spécificité sociétale du
Luxembourg. tous les princes ne furent pas
également fidèles à cette mémoire dynastique, que les moniales continuaient d’entretenir par leurs prières. plus difficiles à
établir, les liens avec les familles de la
noblesse luxembourgeoise furent à coup
sûr aussi importants et tributaires du prestige de leurs princes. malgré les circonstances environnementales hostiles à partir
du xviie siècle, les moniales se maintinrent
sur le site de clairefontaine car il avait
acquis la signification symbolique et sacrée
d’un « lieu de mémoire ».
NOTES
* davy herremans est assistant doctorant au département d’archéologie de l’université de gand
(universiteit gent) et aspirant fnr Luxembourg
(bfr06-80, the material culture of clairefontaine
abbey). thomas coomans est professeur au département d’architecture et d’urbanisme de l’université de
Leuven (Ku Leuven).
** Johnny de meulemeester (alost 1946 – gand
2009), professeur d’archéologie médiévale à l’université de gand, castellologue et pilier des rencontres de
château-gaillard, avait obtenu son doctorat à l’université de caen en 1996. figure de proue de l’archéologie médiévale en belgique, au grand-duché de
Luxembourg et dans le bassin méditerranéen, il forma
une génération d’archéologues sur ses nombreux
chantiers de fouilles, notamment à clairefontaine de
1997 à 2007. a. matthys, « prof. dr. John de
meulemeester : sa vie, son œuvre, et une bibliographie thématique », dans m. dewilde, a. ervynck et
fr. becuwe (dir.), Cenulae recens factae. Een huldeboek
voor John De Meulemeester, gand, 2010, p. 1-12.
135
davy herremans et thomas coomans
1. village d’autelbas, fusionné depuis 1977 avec la
ville d’arlon, province de Luxembourg, belgique.
description dans l’inventaire : Le patrimoine monumental de la Belgique. Wallonie. 19. Province du
Luxembourg. Arrondissement d’Arlon, Liège, 1994,
p. 60-61.
2. m. margue, « du comté à l’empire: origines et
épanouissement du Luxembourg », dans g. trausch
(dir.), Histoire de Luxembourg. Le destin européen d’un
‘petit pays’, toulouse, 2003, p. 7-145.
3. a. despy-meyer, « abbaye de clairefontaine à
autelbas », dans Monasticon Belge, 5. Province de
Luxembourg, Liège, 1975, p. 263-296.
136
4. J. de meulemeester, « La vallée de clairefontaine
à arlon – l’approche archéologique (Lux.) »,
Archaeologia mediaevalis. Kroniek / Chronique, 21,
1998, p. 23-25 ; J. de meulemeester, « L’abbaye
noble de clairefontaine, l’approche archéologique »,
ibid., 22, 1999, p. 22-25 ; J. de meulemeester,
« L’abbaye noble de clairefontaine à autelbas (arlon)
(Lux.) », ibid., 23, 2000, p. 22-25 ; th. coomans, J.
de meulemeester, J.-m. poisson et K. van iseghem,
« L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine
(arlon) (Lux.) », ibid., 24, 2001, p. 26-31 ; J. de
meulemeester, r. budd, W. dhaeze, J.-m. poisson et
m. siebrand, « L’abbay cistercienne de moniales de
clairefontaine (arlon, Lux.) », ibid., 25, 2002, p. 1116 ; r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine (Lux.) », ibid., 26, 2003, p. 21-26 ;
r. budd, J. de meulemeester et c. Larbalestrier,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine (Lux.) », ibid., 27, 2004, p. 5-8 ; i.
daghelet, J. de meulemeester et c. Larbalestrier,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine (Lux.) », ibid., 28, 2005, p. 9-13 ;
h. butler, J. de meulemeester, J. eiroa, J.-m.
poisson, r. shqour et a. vanden bremt,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine (Lux.) », ibid., 29, 2006, p. 137138 ; h. butler, J. de meulemeester, d. herremans,
J.-m. poisson et r. shqour, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine
(Lux.) », ibid., 30, 2007, p. 137-138 ; d. herremans,
J. de meulemeester, h. butler et J.-m. poisson,
« L’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine
(arlon, Lux.) », ibid., 31, 2008, p. 128-133.
5. J. de meulemeester, « arlon/autelbas : la vallée de
clairefontaine, l’approche archéologique », Chronique
de l’Archéologie wallonne, 6, 1998, p. 137-139 ; J. de
meulemeester, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne noble de clairefontaine », ibid., 7, 1999,
p. 141-144 ; J. de meulemeester et th. coomans,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine », ibid., 8, 2000, p. 177-181; J. de
meulemeester, J.-m. poisson, th. coomans et K. van
iseghem, « arlon/autelbas : L’abbaye cistercienne de
moniales de clairefontaine », ibid., 9, 2001, p. 175179 ; J. de meulemeester, r. budd, W. dhaese,
J.-m. poisson et m. siebrand, « arlon/autelbas:
l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine »,
ibid., 10, 2002, p. 204-209 ; r. budd, J. de
meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas :
l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine »,
ibid., 11, 2003, p. 156-161 ; r. budd, J. de
meulemeester et c. Larbalestrier, « arlon/autelbas :
l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine »,
ibid., 12, 2004, p. 181-187 ; J. de meulemeester,
c. Larbalestrier et J.-m. poisson, « arlon/autelbas :
l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine »,
ibid., 13, 2006, p. 210-215 ; b. helen, J. de
meulemeester, J. eiroa, J.-m. poisson, r. shqour et
a. vanden bremt, « arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales de clairefontaine », ibid., 14,
2007, p. 167-168 ; d. herremans, J. de
meulemeester, b. helen, J. eiroa et J.-m. poisson,
« arlon/autelbas : l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine », ibid., 15, 2008, p. 176-178.
6. davy herremans participa aux campagnes de 2005
à 2007 et thomas coomans visita régulièrement les
fouilles à partir de 2000 et en discuta certaines hypothèses d’interprétation. Les auteurs remercient particulièrement andré matthijs, Jean-michel poisson et
philippe mignot pour leur rôle majeur dans le déroulement des fouilles. avec une grande conscience scientifique, philippe mignot et Jean plumier ont continué
à encourager les études du matériel archéologique
après la mort de Johnny de meulemeester. Les
auteurs sont également redevables aux autres chercheurs qui ont contribué aux publications intermédiaires des fouilles : roland budd, helen butler,
Wouter d’haese, Jorge eiroa, christophe Larbalastrier,
reem shqour, michel siebrand, an van den bremt,
Katrien van iseghem, ainsi que l’équipe de fouilleurs
de l’entreprise mangen : yves bar, roland et
christophe titeux et le machiniste Jean-Luc bar.
L’intérêt et l’aide des membres de l’asbL Amanoclair,
en particulier Jean-pierre mandy et david colling,
furent appréciés et appréciables.
7. th. coomans, « cistercian architecture or
architecture of the cistercians ? », dans m. birkedalbruun (dir.), Cambridge Companion to the Cistercian
Order, cambridge university press, 2012, p. 151-169.
8. voir notes 4 et 5.
9. J.p. mandy, Clairefontaine. Histoire des ruines de la
vallée de Clairefontaine, Luxembourg, 2000, p. 112.
10. m. margue, « politique monastique et pouvoir
souverain : henri v, sire souverain, fondateur de la
principeauté territoriale Luxembourgeoise ? », dans p.
dostert, m. pauly, p. schmoetten et al. (dir.), Le
Luxembourg en Lotharingie – Luxembourg im
Lotharingischen Raum, Luxembourg, 1993, p. 403432 ; m. margue, « de la fondation priviligiée à la
nécropole familiale : l’abbaye de clairefontaine.
réflexions préliminaires à l’étude d’un lieu de
mémoire dynastique », Annales de l’Institut archéologique du Luxembourg, 42, 1995, p. 59-91.
11. h. goffinet, Cartulaire de Clairefontaine. Recueil
de documents presque tous inédits concernant cette
ancienne abbaye, arlon, 1877, p. 14.
12. héritière en 1198, à 11 ans, elle perdit le comté
de namur mais réunit le comté de Luxembourg à
celui de Limbourg par son alliance avec Waleran de
Limbourg. elle consolida le Luxembourg par les
apports des comtés de Laroche et de durbuy ainsi que
du marquisat d’arlon. m. margue, « du comté à
l’empire: … », op. cit. note 2, p. 117-120.
13. Le phénomène de la memoria au moyen Âge est
particulièrement bien étudié dans les anciens pays-bas
par le projet Medieval Memoria Online.
Commemoration of the Dead in the Netherlands until
1580. site et bibliographie en ligne :
http://memo.hum.uu.nl/pages/products.html
[consulté le 2 novembre 2012]. également :
d. herremans et W. de clercq, « de herinnering
blijft : memoria en materiële cultuur in de monastieke
ruimte van clairefontaine », Volkskunde, 113-3, 2012,
p. 283-305.
14. th. coomans, « cistercian nuns and princely
memorials: dynastic burial churches in the cistercian
abbeys of the medieval Low countries », dans
m. margue (dir.), Sépulture, mort et symbolique du
pouvoir au Moyen Âge / Tod, Grabmal und
Herrschaftsrepräsentation im Mittelalter. Luxembourg,
2006, p. 683-734 ; th. coomans, « moniales cisterciennes et mémoire dynastique : églises funéraires
princières et abbayes cisterciennes dans les anciens
pays-bas médiévaux », dans ch. Kratzke et J. Jall
(dir.), Sepulturae Cistercienses. Burial, Memorial and
Patronage in Medieval Cistercian Abbeys / Sépulture,
Mémoire et Patronage dans les monastères cisterciens au
Moyen Âge / Grablegen, Memoria und Patronatswesen
in mittelalterlichen Zisterzienserklöstern, n° thématique
de Cîteaux, Commentarii cistercienses, 56, 2005, p. 87146.
15. c.-J. Joset, L’Abbaye Noble de Notre-Dame de
Clairefontaine 1216-1796, bruxelles, 1935, p. 42-43.
16. Statuta 1247, 39, 1250, 41 et 1251, 31.
J.-m. canivez, Statuta Capitulorum Generailum
Ordinis Cisterciensis : ab anno 1116 ad annum 1786,
vol. 2, Louvain, 1934, p. 322, 354 et 365-366.
17. c. Jäggi et u. Lobbedey, « church and cloister.
the architecture of female monasticism in the middle
ages », dans J.f. hamburger et s. marti (dir.), Crown
and Veil. Female Monasticism from the Fifth to the
Fifteenth Centuries, new york, 2008, p. 119.
18. L’original étant perdu, le testament n’est connu
que par des copies dont le contenu a pu être adapté.
h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 13.
19. Ibid., p. 13 : Nos Henricus, comes Luccenburgensis,
Rupensis, et marchio de Arlunensis ; et nos Margaretha,
comitissa Luccenburgensis et marchionissa Arlunenensis,
tenore presentium memorie committimus futurorum
quod, - cum felicis memorie Ermensendis, comitissa
Luccenburgensis, mater nostra, ob remedium anime sue et
suorum, claustrum quod Clarusfons appellatur, situm
prope Arlunum, duwerit construendum, idemque hereditate sua dotaverit, super hoc nostro accedente consensu (…).
20. g. coppack, « ‘according to the form of the
order’ : the earliest cistercian buildings in england
and their context », dans t.n. Kinder (dir.),
Perspectives for an Architecture of Solitude. Essays on
Cistercians, Art and Architecture in Honour of Peter
Fergusson (Medieval Church studies, 11), turnhout,
2004, p. 35-45.
21. g. coppack, The White Monks: The Cistercian in
Britain 1128-1540, stroud, 1998 ; g. coppack,
« sawley abbey, an english cistercian abbey on the
edge of stabilitas », Cîteaux. Commentarii cistercienses,
52, 2001, p. 319-336.
22. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 59-70.
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
23. J. tibbets schulenberg, « strict and active
enclosure and its effects on the female monastic
experience (500-1100) », dans J.a. nichols et
L.t. shank (dir.), Distant Echoes. Medieval Religious
Women (Cistercian Studies Series, 71), Kalamazoo,
1984, p. 201-203 ; p.d. Johnson, Equal in Monastic
Profession. Religious Women in Medieval France (Women
in Culture and Society), chicago, 1991, p. 150-163.
24. c. mohn, Mittelalterliche Klosteranlagen der
Zisterzienserinnen. Architektur der Fraunklöster im
Mitteldeutschen Raum, berlin, 2006, p. 28-32 ; m.
untermann, Ausgrabungen und Bauuntersuchungen in
Klöstern, Grangien und Stadthöfen. Forschungsbericht
und Kommentierte Bibliographie, bamberg, 2003,
p. 53-68 ; J.f. hamburger, « enclosure and the cura
monalium : prolegomena in the guise of a
postscript », Gesta, 31/2, 1992, p. 111-114 ;
e. coester, Die einschiffigen Cistercienserinnenkirchen
West- und Süddeutschlands von 1200 bis 1350 (Quellen
und Abhandlungen zur mittelrheinischen Kirchengeschichte, 46), mayance, 1984 ; a. dimier,
« L’architecture des églises de moniales cisterciennes »,
Cîteaux, Commentarii cistercienses, 25, 1974, p. 8-23 ;
cl. Kosch, « organisation spatiale des monastères de
cisterciennes et de prémontrées en allemagne et des
les pays germanophones au moyen Âge. églises
conventuelles et bâtiments claustraux », dans b.
barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les femmes
(rencontres à royaumont), grâne, 2000, p. 19-39.
25. th. coomans, « cistercian nuns and princely
memorials… », op. cit. note 14, p. 704-705 ; th.
coomans, « moniales cisterciennes et mémoire dynastique… », op. cit. note 14, p. 87-146.
26. th. coomans, « cistercian nunneries in the Low
countries: the medieval architectural remains »,
dans m.p. Lillich (dir.), Studies in Cistercian art and
architecture (Cistercian Studies Series, 194),
Kalamazoo, 2005, p. 61-131.
27. e. coester, Die einschiffigen Cistercienserinnenkirchen…, op. cit. note 24, p. 30-38.
28. cl. Kosch, « organisation spatiale des monastères
de cisterciennes… », op. cit. note 24, p. 25.
29. r. gilchrist, Gender and Material Culture. The
Archaeology of Religious Women, Londres–new york,
1993, p. 27 ; s. evangelisti, Nuns. A History of
Convent Life 1450-1700, oxford, 2007, p. 53-54.
30. th. coomans, L’abbaye de Villers-en-Brabant.
Construction, configuration et signification d’une abbaye
cistercienne gothique (Studia et documenta, 11),
bruxelles-brecht, 2000, p. 373-376 et 389-390.
31. J. tibbets schulenberg, « strict and active
enclosure… », op. cit. note 23, p. 201-203 ;
J.f. hamburger, « enclosure and the cura monialium:
prolegomena in the guise of a postscript », Gesta,
31/2, 1992, p. 108-134.
36. point de vue, notamment, de : m. aubert et m.J. de maillé, L’architecture cistercienne en France, vol.
2, paris, 1943, p. 195-205 ; J.-J. bolly, J.-b. Lefèvre
et d. misonne, Monastères bénédictins et cisterciens
dans les Albums de Croÿ (1596-1611), bruxelles, 1990,
p. 215-226 (essais de « plans types féminins »).
37. m. untermann, Forma Ordinis. Die mittelalterliche
Baukunst der Zisterzienser, berlin, 2001, p. 49-59.
38. b. chauvin, m. heddebaut et e. Louis, « À
travers les sources illustrées de quatre abbayes cisterciennes féminines de flandres française », dans
b. barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les
femmes…, op. cit. note 24, p. 99-120 ; a. bonis et
m. Wabont, « cisterciens et cisterciennes en france
du nord-ouest : typologie des fondations, typologie
des sites », ibid., p. 151-178.
39. h.p. eydoux, L’architecture des églises cisterciennes
d’Allemagne, paris, 1952, p. 151-161 ; c. mohn,
Mittelalterliche Klosteranlagen der Zisterzienserinnen.
Architektur der Fraunklöster im Mitteldeutschen Raum,
berlin, 2006 ; m. mersch, « gehäuse der frömigkeit.
Zuhause der nonnen: Zur geschichte der
Klausurgebäude zisterziensischer frauenklöster im 13.
Jahrhundert », dans f. eisermann, e. schotheuber et
v. honemann (dir.), Studien und Texte zur literarischen und materiellen Kultur der Frauenklöster im
später Mittelalter : Ergebnisse eines Arbeitsgesprächs in
der Herzog August Biblothek Wolfenbüttel, 24-26 März
1999, Leiden, 2004, p. 56-102.
40. r. gilchrist, Gender and Material Culture…,
op. cit. note 29, p. 92-95.
41. excepté : Zisterzienserbauten in der Schweiz.
Neue Forschungsergebnisse zur Archäologie und
Kunstgeschichte. 1: Frauenklöster (Veröffentlichungen des
Instituts für Denkmalpflege an der Eidgenössischen
Technischen Hochschule Zürich, 10/1), Zurich, 1990;
en particulier : h.r. sennhauser, « Kirchen und
Klöster der Zisterzienserinnen in der schweiz », ibid.,
p. 9-49.
42. th. coomans, « cistercian nunneries in the
Low countries… », op. cit. note 26, p. 61-131 ;
th. coomans, « the medieval architecture of
cistercian nunneries in the Low countries », Bulletin
van de Koninklijke Nederlandse Oudheidkundige Bond
(KNOB), 103/3, 2004, p. 62-90.
43. c. Jäggi et u. Lobbedey, « church and cloister…
», op. cit. note 17, p. 109-131.
44. L. vandenheede et th. coomans, « Les moulins
à eau de l’enclos monastique entre ardenne et
flandre », dans th. coomans (dir.), Moulins abbatiaux entre Rhin et Escaut / Abdijmolens tussen Rijn en
Schelde / Abteimühlen zwischen Rhein und Schelde
(clavis Kunsthistorische monografieën, 19), utrecht,
2003, p. 69-100.
34. Ibid., p. 103.
45. m. Lauwers, « Le sépulcres des pères et les ancêtres. note sur le culte des défunts à l’âge seigneurial »,
Médievales, 31, 1996, p. 67-78 ; h. röckelein,
« founders, donors and saints. patrons of nuns’
convents », dans J.f. hamburger et s. marti (dir.),
Crown and Veil…, op. cit. note 17, p. 211.
35. chiffres connus à partir de 1507 ; voir
clairefontaine iii et iv.
46. a. verhulst, Landschap en landbouw in middeleeuws Vlaanderen, bruxelles, 1995.
32. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 8687.
33. Ibid., p. 98.
47. Primo videlicet sepulturam corporis nostri eligimus
in monasterio monialium de Clarofonte, ordinis
Cisterciensis, Treverensis diocesis prope Arlunum, ad
quod monasterium corpus nostrum ubicumque mori nos
contingeret, ordinamus et volumus apportari, ibidem
sepeleri. g. Kurth, Le tombeau d’Ermesinde à
Clairefontaine, Liège, 1880, p. 43-48 ; h. goffinet,
Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 168-169.
48. m. margue, « mort et pouvoir : le choix du lieu
de sépulture (espace meuse-moselle, xie-xiie siècles) »,
dans m. margue (dir.), Sépulture, mort et symbolique
du pouvoir au Moyen Âge / Tod, Grabmal und
Herrschaftsrepräsentation im Mittelalter, Luxembourg,
2006, p. 295-296.
49. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11,
p. 122.
50. Ibid., p. 172-173.
51. Ibid., p. 122-169.
52. Ibid., p. 141-142 et 155-156
53. L’amorce d’un mur courbe suggère la présence
d’une abside.
54. Les constructeurs se sont vraisemblablement servis
des bois récupérés sur les bâtiments primitifs pour
brûler la chaux car la datation c-14 faite sur des charbons de bois trouvés dans les enduits renvoie au
milieu du xiiie siècle (950-1280 ad avec 99,7% de
certitude).
55. m. margue, « Fecit Carolus ducere patrem suum in
patriam suam. die Überlieferung zu bestattung und
grab Johanns der blinden », dans v. schwarz (dir.),
Grabmäler der Luxemburger. Image und Memoria eines
Kaiserhauses, echternach, 1997, p. 79-96.
56. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 189188.
57. ibid., p. 190-191.
58. p. péporté, « emperor sigismund and the Land of
his forefathers », dans m. pauly et f. reinert (dir.),
Sigismund von Luxemburg. Ein Kaiser in Europa.
Tagungsband des internationalen historischen und kunsthistorischen Kongresses in Luxemburg, 8.-10. Juni
2005, mayence, 2006, p. 62-69.
59. sur le mécénat de ce prince : th. coomans,
« entre france et empire : l’architecture dans le duché
de brabant au temps de Jeanne de brabant et de
Wenceslas de Luxembourg (1355-1406) », Revue de
l’Art, 166, 2009, p. 9-25.
60. th. coomans, « moniales cisterciennes et
mémoire dynastique… », op. cit. note 14, p. 130-131.
61. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 193226 ; c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 220-233.
62. toujours avec le village de eisschen à propos de
l’abatage de bois, en 1457 par exemple : h. goffinet,
Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 212.
63. ce phénomène était général : a. bonis, s.
dechavanne et m. Wabont, « introduction », dans
b. barrière et m.-é. henneau (dir.), Cîteaux et les
femmes…, op. cit. note 24, p. 12-14.
137
davy herremans et thomas coomans
64. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 225226.
75. p. péporté, « emperor sigismund … », op. cit.
note 58, p. 62.
65. puisard relié par un canal au mur oriental de l’ancienne « tour » où étaient vraisemblablement récupérées les eaux de pluie.
76. hypothèse fondée sur des noms de bénéficiaires
mentionnés dans fr.-x. Würth-pacquet, «table chronologique des chartres… », op. cit. note 74, p. 1-3.
66. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 212.
77. Ibid., p. 112.
67. J. Kelecom et J.c. muller, « Les abbesses de
clairefontaine : liste chronologique, inventaire héraldique et sigillographique », Bulletin trimestriel de l’institut archéologique du Luxembourg – Arlon, 86/3-4,
2010, p. 212-213.
78. d. herremans et W. de clercq, « de herinnering
blijft… », op. cit. note 13, p. 283-305.
68. e. marosi, « Reformatio Sigismundi. Künslerische
und politische repräsentation am hof sigismunds von
Luxemburg », dans i. takacks (dir.), Sigismundus. Rex
et imperator. Kunst und Kultur zur Zeit Sigismunds von
Luxemburg. 1387-1437, mayence, 2006, p. 21-39.
69. d. a. hinton, « palaces and palace Life in the
north », dans m. carver et J. Klápště (dir.), The
Archaeology of Medieval Europe. Vol. 2. Twelfth to
Sixteenth Centuries, aarhus, 2011, p. 157-158 ; r.
frantz, Der Kachelofen. Entstehung und junstgeschichtliche Entwicklung vom Mittelalter bis zum
Ausgang des Klassizismus, graz, 1981, p. 51-52 ; W.
de clercq, J. dumolyn et J. haemers, « ‘vivre noblement’ : material culture and elite identity in Late
medieval flanders », Journal of Interdisciplinary
History, 38, 2007, p. 22-30 ; s. ostkamp, « symbolen
van huwelijk en familie op de materiële cultuur van
de hoogste adel (ca. 1400-1525) », dans p. Woltering,
W. verwers et g. scheepstra (dir.), Middeleeuwse toestanden : archeologie, geschiedenis en monumentenzorg,
amersfoort, 2002, p. 305-337.
70. p. voit et i. holl. i., Old Hungarian Stove Tiles,
budapest, 1963, p. 27-30 ; t. sabjan, « hungarian
vernacular stoves of the Late middle ages in a
regional context », dans J. Klápště et p. sommer
(dir.), Arts and Crafts in Medieval Rural Environment,
Ruralia VI, turnhout, 2007, p. 154-155 ; J.-p. minne,
La céramique de poêle d’Alsace médiévale, strasbourg,
1977, p. 229-233.
71. p. voit et i. holl, Old Hungarian Stove Tiles,
budapest, 1963, p. 27-30.
138
72. g. trausch, « comment rester distincts dans le
filet des pays-bas ? », dans g. trausch (dir.), Histoire
de Luxembourg. Le destin européen d’un ‘petit pays’,
toulouse, 2003, p. 150-154.
73. Ibid., p. 154.
74. p. péporté, « emperor sigismund … », op. cit.
note 58, p. 62 ; fr.-x. Würth-pacquet, « table chronologique des chartres et diplômes relatifs à l’histoire
de l’ancien pays de Luxembourg. Ladislas, roi de
hongrie, de bohême et duc de Luxembourg,
philippe, duc de bourgogne, tenant le pays de
Luxembourg par engagère. du 3 août 1451, jour du
décès d’elisabeth de görlitz, au 23 novembre 1457,
jour du décès du roi Ladislas’ », Publications de la
section historique de l’Institut royal grand-ducal de
Luxembourg, 31, 1877, p. 1-3 ; g. Wymans, « La
rébellion des nobles Luxembourgeoise contre
antoine de bourgogne, seigneur-gagiste du duché
(1411-1415) », Tablettes d’Ardenne et Eifel, 2/1, 1963,
p. 7-34.
79. J.-m. yante, « économie urbaine et politique
princière dans le Luxembourg (1443-1506) », dans
J.-m. cauchies (dir.), Les relations entre princes et villes
aux XIVe-XVIe siècles : aspects politiques, économiques et
sociaux, neuchâtel, 1993, p. 107-128.
80. un bourg dominant les villages des alentours,
plusieurs bourgs formant une région. g. trausch,
« comment rester distincts… », op. cit. note 72, p. 170.
81. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11, p. 226228.
82. ces fragments sont postérieurs à 1477, date de
son mariage avec marie de bourgogne, car le blason
à l’aigle bicéphale est bordé du collier de la toison
d’or.
83. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 281.
84. a. despy-meyer, « abbaye de clairefontaine… »,
op. cit. note 3, p. 281-282 ; h. goffinet, Cartulaire…,
op. cit. note 11, p. 226-228.
85. Statuta 1489, 92 : J.-m. canivez, Statuta…,
op. cit. note 16, vol. 5, p. 708-709. aussi c.-J. Joset,
L’abbaye noble…, op. cit. note 15, p. 231.
86. J.-b. Lefèvre, « deux réformes régionales et leur
rayonnement », dans J.-J. bolly, J.-b. Lefèvre et
d. misonne, Monastères bénédictins et cisterciens…,
op. cit., p. 156-174.
87. Les abbayes féminines de saint-remy à
rochefort, du Jardinet, de moulins et de boneffe,
respectivement fondées en 1229, en 1232, en 1233
et au début du xiiie siècle, devinrent des abbayes
d’hommes respectivement en 1464, en 1430, en 1414
et en 1461. Les moniales de rochefort furent transférées à félipré (ardennes françaises), dont les moines
s’installèrent à rochefort. en 1441 fut fondée l’abbaye de nizelles avec des moines provenant de
moulins et du Jardinet.
88. m.-é. henneau, « un temps de réforme (15011565) », dans th. coomans (dir.), La Ramée. Abbaye
cistercienne en Brabant wallon, bruxelles, 2002, p. 4146 (cit. p. 43) ; m.-é. montulet-henneau, Les
Cisterciennes du pays mosan, moniales et vie contemplative à l’époque moderne, bruxelles-rome, 1990.
89. hypothèse développée dans : th. coomans,
« cistercian nunneries in the Low countries… »,
op. cit. note 26, p. 61-131 ; th. coomans, « the
medieval architecture of cistercian nunneries in the
Low countries… », op. cit. note 42, p. 74.
90. th. coomans, « Le pupitre de la salle du chapitre de soleilmont et l’abbesse Jeanne de trazegnies
(vers 1500) », Cîteaux, Commentarii cistercienses, 52,
2001, p. 121-138.
91. Statuta 1504, 36, 1513, 14 et 1514, 32: J.-m.
canivez, Statuta…, op. cit. note 16, vol. 6, p. 318,
437 et 462.
92. th. coomans, J. de meulemeester, J.-m. poisson
et K. van iseghem, « L’abbaye cistercienne de
moniales de clairefontaine (arlon) (Lux.) »,
Archaeologia mediaevalis. Kroniek / Chronique, 24,
2001, p. 29.
93. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 184.
94. Ibid., p. 63-64.
95. Le bas de la porte vers l’aile des converses fut
bouché et, derrière ce blocage, le sol fut également
rehaussé et pavé de carreaux et de pierres dont certains
sont des fragments d’architecture récupérés (notamment de nervures de voûte).
96. tout au long du xviie siècle, la communauté ne
comptait que 3 converses ; au xviiie siècle, le nombre
doubla et atteignit même 8 converses en 1748.
h. goffinet, « L’ancienne abbaye de clairefontaine.
notice historique », Annales de l’Institut Archéologique
du Luxembourg, 41, 1907, p. 117-156.
97. th. coomans, « cistercian nunneries in the
Low countries… », op. cit. note 26, p. 12-115 ;
th. coomans, « the medieval architecture of
cistercian nunneries… », op. cit. note 42, p. 74.
98. ph. buxant, « Les bâtiments conventuels de
l’ancienne abbaye notre-dame de soleilmont »,
Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain,
19, 1986, p. 131-134.
99. exemples prestigieux dans les abbayes de moniales
de La cambre (bruxelles), marche-le-dames,
argenton, solières, La ramée, val-notre-dame, La
paix-dieu, etc.
100. th. coomans, L’abbaye de Villers-en-Brabant…,
op. cit. note 30, p. 416-419 et 452.
101. première notion d’un système de fermage dans
un dénombrement du temporel pour la période
1515-1524. J.b. Weyrich, « un dénombrement
ignoré du temporel de l’abbaye de clairefontaine »,
Publications de la section des sciences historiques de
l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg, 71, 1950,
p. 259-274.
102. K. de Jonge, « Les fondations funéraires de la
noblesse des anciens pays-bas dans la première moitié
du xvie siècle », dans J. guillaume (dir.), Demeures
d’éternité. Églises et chapelles funéraires aux XVe et
XVIe siècles. Actes du colloque tenu à Tours du 11 au
14 juin 1996 (de architectura), paris, 2005, p. 125146.
103. e. dhanens, « het graf van rooms-koning
Willem ii en de rol van Jan gosssaert in de
wederuitrusting van de koorkerk te middelburg in
Zeeland », Academia Analecta. Mededelingen van de
Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en
Schone Kunsten van België, Klasse der Schone Kunsten,
46, bruxelles, 1985.
104. v. vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor
1576, brugge, 1976, vol. iii, cat. nr. 611, p. 686 ;
L. smolderen, « Le tombeau de charles le
L’abbaye de moniaLes cisterciennes de cLairefontaine (Luxembourg)
téméraire », Revue belge d’archéologie et d’histoire de
l’art, 49-50, 1980-1981, p. 21-53.
105. en 1491, christophe de bade devint chevalier
de la toison d’or et membre du conseil privé de
philippe le beau. h. cools, « quelques hommes de
cour originaires de pays germaniques aux pays-bas à
l’époque de maximilien ier », dans J.-m. cauchies
(dir.), Les relations…, op. cit. note 79, p. 161-170 ;
m. viton, Histoire chronologique, généalogique et politique de la maison de Bade, paris, 1807, p. 200-201.
106. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11,
p. 235-236.
107. Ibid., p. 240-241.
108. h. cools, « quelques hommes de cour… »,
op. cit. note 105, p. 167.
109. J. mousset et K. de Jonge (dir.), Un prince de la
Renaissance : Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1604),
Luxembourg : musée national d’histoire et d’art,
2007 ; K. de Jonge, « La place du château de
mansfeld dans la renaissance des anciens pays-bas »,
Hémecht : Zeitschrift für Luxemburger Geschichte /
Revue d’histoire luxembourgeoise, 56, 2004, p. 433449.
110. p. margue, Actes du colloque ‘Le château La
Fontaine de Pierre-Ernest de Mansfeld à Luxembourg’
du 17 au 18 mai 2004 au Musée national d’histoire et
d’art Luxembourg, n° thématique de Hémecht, 56,
Luxembourg, 2004 ; J.-L. mousset, Un prince de la
Renaissance – Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1605),
Luxembourg, 2007.
111. cl. dumortier, « majoliques retrouvées dans
l’ancienne abbaye de neumunster à Luxembourg »,
dans J.-L. mousset (dir.), Le passé recomposé.
Archéologie urbaine à Luxembourg, Luxembourg,
1999, p. 324-327 ; c. bis-Worch et J.-L. mousset,
« Les moyens de chauffage », ibid., p. 322-335.
112. des carreaux avec des emprunts similaires furent
retrouvés à arlon, sur le site de la « maison
hamelius » : r. borremans, « poêles en terre cuite de
la province de Luxembourg (xve-xvie siècles) »,
Archaeologia Belgica, 9, 1952, p. 25-26.
113. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11,
p. 250-252
114. J.-p. mandy, Clairefontaine…, op. cit. note 9.
115. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11,
p. 292.
116. Notes historiques manuscrites d’une sœur de l’abbaye (xviie-xviiie siècles), archives amanoclair. source
analysée dans J.-p. mandy, Clairefontaine…, op. cit.
note 9, p. 133.
117. h. goffinet, Cartulaire…, op. cit. note 11,
p. 252-253.
118. Le fond des latrines était constitué de planches
de chêne datées par dendrochronologie de 1595 et
1639. ces latrines furent encore réaménagées au
début du xviiie siècle.
119. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 144.
120. h. goffinet, « L’ancienne abbaye de
clairefontaine… », op. cit. note 96, p. 129.
121. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 54 et description p. 71-79.
122. J. de meulemeester et c. Larbalestrier,
« L’hydraulique de l’abbaye cistercienne de moniales
de clairefontaine », dans Les chemins de l’eau. Les
réseaux hydrauliques des abbayes cisterciennes du
nord de la France et de Wallonie, namur, 2004, p. 4349.
123. ces deux lavoirs sont reliés entre eux et le tropplein d’eau est dévié vers le ruisseau par un canal qui
traverse l’aile méridionale.
124. 3 en 1644, 4 en 1710, 7 en 1722, 8 en 1748, 6
en 1749, 6 en 1751, 6 en 1769, 6 en 1786, 5 en
1788, 4 en 1796. h. goffinet, « L’ancienne abbaye
de clairefontaine… », op. cit. note 96.
125. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 54.
126. L’accès à ces caves ne nous a pas été accordé.
127. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 54 et description p. 71-79.
128. é. guillaume, « clairefontaine 1786 : une lecture
critique du manuscrit de cyprien merjai (17601822) », Bulletin trimestriel de l’Institut archéologique du
Luxembourg – Arlon, 86, 3/4, 2010, p. 217-231.
129. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 307-333.
130. Le patrimoine monumental de la Belgique…,
op. cit. note 1.
trimestriel de l’Institut archéologique du Luxembourg –
Arlon, 86, 3/4, 2010, p. 201-206.
136. Le zèle des Jésuites à promouvoir le culte marial
local plaide pour la prudence. des analyses d’adn
pourraient contribuer à l’identification.
137. c.-J. Joset, L’abbaye noble…, op. cit. note 15,
p. 347-351.
138. cl. soetens (dir.), Orval 1926-1948. Entre
restauration et résurrection, Louvain-la-neuve, 2001.
139. abbaye de notre-dame de clairefontaine à
cordemoy, ville de bouillon, peuplée par des
trappistines françaises et belges.
140. p. péporté, Constructing the Middle Ages…,
op. cit. note 131, p. 135-140.
141. division du patrimoine du ministère de la
région wallonne (andré matthys) et du service des
sites et monuments nationaux du grand-duché
(georges calteux), assistés par le römischgermanisches Zentralmuseum de mayence (Konrad
Weidemann) et pour la recherche historique par le
ministère de l’éducation grand-ducal en la personne
de michel margue du cLudem, centre d’étude du
moyen Âge luxembourgeois, qui collabore dans ce
domaine avec le séminaire d’histoire médiévale de
l’université libre de bruxelles.
142. La recherche archéologique est dirigée par
Johnny de meulemeester (pour mrW et ssmn)
assisté sur le plan scientifique, administratif et technique de philippe mignot et de denis henrotay,
archéologues médiévistes de la région wallonne basés
dans la province de Luxembourg. L’aide du géomètre
dominique bossicard fut appréciable.
143. france (umr5648, Lyon ii/ ehess), irlande
(trinity college dublin) et espagne (universidad de
murcia). ces équipes d’étudiants participèrent aux
différents chantiers européens auxquels la région
wallonne collaborait par des aides techniques ou
financières.
134. g. Kurth, Le tombeau d’Ermesinde à
Clairefontaine, Liège, 1880.
144. en belgique, des fouilles d’une certaine ampleur
sur des sites d’abbayes de moniales cisterciennes ont
eu lieu à herkenrode (hasselt), La paix-dieu (amay),
bijloke (gand), et groeninge (courtrai) ; des fouilles
plus partielles vrouwenpark (rotselaar), rosendaal
(sint-Katelijne-Waver),
soleimont
(gilly),
maagdendale (flobecq), maagdendale (oudenaarde),
La cambre (bruxelles), nieuwenbos (heusden),
boneffe (eghezée), guldenberg (Wevelgem), Zwijveke
(termonde), roosendael (sint-Katelijne-Waver),
beaupré (geraardsbergen), valduc (beauvechain),
nazareth (Lierre), hemelsdaele (Werken) et muizen
(malines).
135. a. malavez, « Le squelette présumé de la comtesse
ermesinde : une approche anthropologique », Bulletin
145. abbatiale orientée est-ouest, avec son cloître
carré au sud entouré de corps de bâtiments.
131. p. péporté, Constructing the Middle Ages.
Historiography, Collective Memory, and NationBuilding in Luxembourg, Leiden-boston, 2011,
p. 133-135.
132. Lithographie de f. damoiseaux, datée de 1854,
éditée chez J. bourger, arlon.
133. ses notes furent utilisées par le père Joset qui
publia dans sa monographie de 1935 le plan
sommaire de l’abbaye au xviiie siècle.
139
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