Geo-Eco-Trop, 2011, 35: 51-68
Estimation de la qualité du liège en pile selon la méthode de l’IPROCOR :
Application à une pile du liège tunisien
Estimation of the cork quality by the IPROCOR method :
Application to a sampling of Tunisian cork
SGHAIER Tahar(1), GARCHI Salah(1), AMMARI Youssef(1), KHOUAJA Ali(2),
SANTIAGO Ramon(3) et ROSELLO Miguel Elena(3)
Abstract: This work constitutes a description of the technique adopted by the IPROCOR, for the estimate of the
cork quality and its application to a pile of Tunisian cork. In addition to the steps to be followed for the test
sample selection, their treatments and their measurements and observations, the various stages of the statistical
analyses of the results obtained are presented. The average quality of the analyzed pile is 7,95 with a standard
error of 0,72. This average quality is comparable with that obtained by the IPROCOR starting from thousands of
samples in the area of Extramadure (Spain) which is 8,1 with a standard error of 0,14. It is to be announced that
the margin obtained between the maximum and minimum values on real samples in Extramadure is arranged
between qualities 3 and 14. In addition, the distribution expressed as a percentage of the whole of the samples of
the pile according to the commercial classes of quality showed that 6,5% of the boards can be used to
manufacture natural stoppers of 24 mm, 24,5% to manufacture natural stoppers of 24 mm and 21 mm, 29% to
manufacture stoppers of 24 mm and 21 mm, 7,3% to manufacture discs and finally 32,7% for the grinding
(chipboard).
Key words: IPROCOR Method, Quality of Tunisian cork
Résumé : Le présent travail constitue une description de la technique adoptée par l’IPROCOR, pour l’estimation
de la qualité du liège en pile et son application à une pile du liège tunisien. Outre les démarches à suivre pour le
prélèvement des échantillons, leurs traitements et leurs mesures et observations, les différentes étapes des
analyses statistiques des résultats obtenus sont présentées. La qualité moyenne de la pile analysée est de 7,95
avec une erreur standard de 0,72. Cette qualité moyenne est comparable à celle obtenue par l’IPROCOR à partir
de milliers d’échantillons dans la région de l’Extramadure (Espagne) qui est de 8,1 avec une erreur standard de
0,14. Il est à signaler que la marge obtenue entre les valeurs maximales et minimales sur des échantillons réels se
situe en Extramadure entre les qualités 3 et 14. D’autre part, la répartition en pourcentage de l’ensemble des
échantillons de la pile en fonction des classes commerciales de qualité a montré que 6,5% des plaques de la pile
peuvent être utilisées pour fabriquer des bouchons naturels de 24 mm, 24,5% pour fabriquer des bouchons
naturels de 24 mm et de 21 mm, 29% pour fabriquer des bouchons colmatés de 24 mm et de 21 mm, 7,3% pour
fabriquer des rondelles et finalement 32,7% pour la trituration (agglomérés).
Mots-clés: Méthode IPROCOR, Qualité du liège tunisien
INTRODUCTION
La superficie mondiale de chêne liège est de l’ordre de 2,16 millions d’hectares. La totalité de
cette superficie qui représente les forêts de chêne liège à l’état naturel se trouve répartie sur sept pays
du pourtour méditerranéen, à savoir : le Portugal, l’Espagne, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Italie et
la France. Avec ses 100 000 hectares environ de forêt de chêne liège dont 45 500 ha de chêne liège pur
(DGF, 1995), la Tunisie occupe la cinquième position mondiale de point de vue superficie (4,6%), la
sixième position de point de vue production (2,9%) et finalement la quatrième position de point de vue
rendement (90 kg/ha). Il est à noter que le liège est classé comme un produit stratégique. En effet, les
prix par quintal de liège de reproduction ont passé de 11,495 DT en 1990 à 98,122 DT en 2002. C’est
pour cette raison que des efforts ont été déployés pour acclimater cette espèce en dehors de son aire
_________________________________________________________________________________
(1)
Institut National de Recherches en Génie Rural, Eaux et Forêts, BP n° 10, 2080 Ariana, Tunisie
Institut National Agronomique de Tunisie. 43 Avenue Charles Nicolle, Cité El Mahrajène, Tunis, Tunisie.
(3)
Instituto del Corcho, la Madera y el Carbon Vegetal, Junta de Extremadura, Poligono Industrial « El Prado »,
s/n.Apartado 437, 06800 Merida, Espagne
(2)
naturelle notamment par les U.S.A. (Californie), l’U.R.S.S. (zone de la mer noire), le Japon, le Chili,
l’Argentine, l’Uruguay, l’Afrique de Sud et enfin l’Australie (MESSAOUDI, 2003).
Le liège qui représente l’écorce de l’arbre de chêne liège est un tissu végétal constitué de
micro-cellules mortes alvéolées, composé à 90% de matière gazeuse qui lui confère une densité
extrêmement faible. D’un point de vue thermique, acoustique et vibratoire, le liège est un très mauvais
conducteur. Aujourd’hui, le liège est concassé pour former des granulés qui, portés à 300°C, se
dilatent et s’agglomèrent avec sa propre résine sans adjonction d’aucun liant. Sous cette forme, il est
utilisé en panneaux d’isolation thermique mais aussi acoustique. La grande concentration de liège en
subérine rend les cellules de ce tissu imperméables aux liquides et aux gaz. Grâce à ces propriétés, le
liège devient le matériau idéal pour le bouchage des bouteilles. Le liège, chimiquement inerte ne porte
pas préjudice à la santé et résiste à l’usure du temps. Il conserve intact son élasticité naturelle et assure
une étanchéité totale à la bouteille qu’il bouche.
La principale utilisation actuelle du liège est la fabrication du « bouchon naturel pour vins
tranquilles ». Une planche de liège est considérée comme de bonne qualité, si l’on peut y maximiser la
production de bouchons naturels. Pour cela il faut limiter le volume de déchets généré. Si les autres
applications sont nombreuses, parfois aussi valorisantes unitairement que le bouchon, elles restent
néanmoins secondaires en terme de production. En effet, les utilisations de liège sont multiples : il est
utilisé pour se protéger du froid et de l'humidité dans la fabrication des chaussures. Dans la décoration,
produit naturel, il réchauffe et enrichit tous les types d'intérieurs. Dans l'industrie du froid, il est
employé pour la construction des chambres froides, l'isolement des bacs réfrigérés, comme couvretubes. Dans les activités de loisirs, il sert pour les manches de cannes à pêche, flotteurs, différents
types de balles, raquettes de tennis de table, cibles des jeux de fléchettes, bourres des cartouches,
jouets, gadgets, tableaux pense-bêtes, plateaux, dessous de plats. Dans la confection et la maroquinerie
: vêtements, portefeuilles, sac, nécessaires de bureau, etc. Dans la musique, ses qualités d'isolant
acoustique sont intéressantes pour éliminer les bruits parasites notamment des instruments à vent tels
que hautbois, clarinette, saxophone, etc. Dans les industries automobile, électrique, ingénierie et
aéronautique, il est souvent utilisé pour ses propriétés d'isolant (isolation sur de faibles dimensions) et
pour sa forte résistance à la chaleur (capacité à retarder l'entrée en feu). L'exemple le plus étonnant
dans ce domaine, est son utilisation comme bouclier de protection sur les navettes spatiales afin de les
protéger contre la température élevée provoquée par le frottement, quand la fusée rentre dans
l'atmosphère.
Le liège présente des qualités très différentes à des prix et pour des utilisations tout aussi
différents. C’est pour cela que l’industrie de première transformation (préparateur) classe le liège à
partir de son épaisseur et de son aspect, constituant ainsi après triage, des lots homogènes qui
correspondent et répondent à la demande des différents industriels de la seconde transformation. Ceuxci peuvent ainsi se procurer directement la matière première qui possède les caractéristiques précises
correspondant à leur besoin.
L’objectif de cet article et de présenter les techniques utilisées pour estimer la qualité du liège
sur pile après la récolte, en commençant par l’échantillonnage, en passant par le traitement des
échantillons et leurs analyses et en terminant par le traitement statistique des résultats. C’est sur la
base de la qualité du liège de chaque pile que le gestionnaire forestier peut négocier le prix de vente
avec les industriels de la filière liège.
MATERIEL ET METHODES
Matériel étudié
Le matériel étudié est constitué de 75 plaques de liège 20x20 cm prélevées sur des planches
dans une pile de liège d’une longueur de 18,7 m, d’une largeur de 4,1 m et d’une hauteur moyenne de
2,9 m, soit un volume total d’environ 222 m3. Les planches de liège de la pile étudiée proviennent de
la récolte de 2004 dans la forêt de Bellif (Tunisie).
La forêt de Bellif s’intègre dans la chaîne montagneuse des Mogods au nord-est de la Tunisie.
Cette forêt, qui couvre environ 3 200 ha est dominée par le chêne-liège qui représente plus de 70% de
la superficie arborée, à côté d’autres essences comme le pin pignon, l’eucalyptus et du maquis. Les
sols de la forêt sont dominés par des textures fines (argiles du flysch oligocène et argiles calcaires de
52
l’éocène). La région relève de l’étage bioclimatique humide inférieur à hiver doux. La pluviométrie
moyenne annuelle dépasse les 800 mm et la température annuelle moyenne est de 17,4°C. La
température moyenne du mois le plus froid (7°C) est enregistrée en février et la plus chaude (34°C) en
août (D.G.F., 1997). Du point de vue floristique, le groupement à Quercus suber, Pistacia lentiscus et
Erica arborea avec un faciès à Pteridium aquilinum et Brachypodium silvaticum est individualisé au
sein de cette forêt.
Enumération et description des méthodes utilisées pour l’estimation de la qualité du liège en pile
L’empilage consiste à placer convenablement les planches de liège, de façon à ce qu’elles
puissent être stockées dans de bonnes conditions, et cela le temps nécessaire jusqu’à leur transport vers
l’usine. Différentes méthodes sont utilisées pour l’estimation de la qualité de liège en pile. Ces
méthodes sont décrites brièvement dans les paragraphes suivants (IPROCOR, 1999) :
Méthode traditionnelle de l’industrie
Il s’agit de réaliser un examen extérieur de la pile suivi d’un sondage en différents endroits
afin d’en tirer les principales informations suivantes :
-
absence de morceaux de liège de pied et de liège de première reproduction dans la pile,
pourcentage de planches de liège rebuts (déchets),
présence de pièces de 1ère et 2ème catégorie bouchonnable,
épaisseur moyenne du liège de la propriété (parcelle, forêt, etc.).
En se basant sur ces données et sur l’expérience de l’opérateur, l’acheteur se fera une idée sur
la qualité moyenne de la pile et de sa valeur potentielle. Tout dépendra de l’objectivité avec laquelle la
pile aura été montée et sera présentée. Dans ce cas, l’estimation de la qualité dépendra, en grande
partie, de l’intuition et de l’expérience de l’opérateur (ou acheteur). Le fait de manquer d’expérience
ou de connaissances suffisantes de la région réduit les probabilités d’optimiser les opérations d’achat.
Méthode de la Direction Générale des Forêts du Portugal
La pile de liège est divisée en parallélépipèdes en tenant compte des conditions suivantes :
-
un nombre pair de divisions aussi bien en hauteur qu’en largeur,
des dimensions identiques, dont le minimum sera égal à 1 m,
atteindre : 2x100/n supérieur ou égale à 1%.
Parmi tous les parallélépipèdes possibles, on en sélectionnera deux, de façon aléatoire, afin de
les sonder. Pour cela, on divise horizontalement le parallélépipède en deux, afin de pouvoir contrôler,
après l’avoir extrait, un lot de planches par moitié. On attribue à chacune des planches un numéro
d’ordre et on tire au sort la première qui sera à sonder. Pour les suivantes, les planches sondées seront
situées à un intervalle correspondant à un multiple des 1/10 du nombre total de planches de
l’échantillon sélectionné. Les morceaux sont à nouveau redécoupés 20x20 et classés.
Cette méthode qui se veut exhaustive dans la manière de sélectionner les échantillons, ne tient
pas compte de valeurs moyennes de la qualité du liège de secteur. La façon de choisir les échantillons
n’utilise aucune base statistique. De plus, en ne choisissant que deux blocs, elle n’élimine pas non plus
l’éventuel écart de qualité qu’un liège peut avoir sur un même arbre. Cependant, il s’agit d’un système
laborieux sur le terrain puisqu’il exige le démontage partiel d’une pile pour pouvoir sonder les deux
échantillons sélectionnés.
Méthode de AEFCS (Administration des Eaux et Forêts du Maroc)
53
C’est une méthode adaptée aux types de piles caractéristiques d’Afrique du Nord. Les étapes
d’appréciation sont comme suit :
-
reconnaissance visuelle de l’épaisseur sur l’extérieur de la pile,
reconnaissance des principaux défauts,
sondage de la pile réalisé tous les 20 m. L’échantillon correspond à un cube de 1 m de large
sur 1,5 m de profondeur et sur une hauteur qui est celle de la pile. La première classification
en produit est réalisée selon la méthode de l’IPROCOR à laquelle est appliquée un tarif de
prix spécifique.
Cette méthode ne peut s’appliquer qu’à des piles de petites largeurs. Elle n’a pratiquement pas
de fondement statistique et exige la manipulation d’une grande quantité de liège.
Méthodes de l’Agence de l’environnement de l’Andalousie (Espagne)
Sondage de sections de piles
On divise la pile en n sections identiques et on y prélève dans chacune de façon aléatoire une
série d’échantillons (10x10 cm). Statistiquement, ce sondage est réalisé en deux phases. L’estimation
de la qualité du liège (calcul de l’indice Q) se calcule avec la formule de l’IPROCOR qui est par la
suite pondérée avec le poids réel du liège pour chaque catégorie.
Il s’agit d’un système fastidieux qui oblige à démonter toutes les sections de piles. Le choix
aléatoire dans chaque section ne suit pas une méthode précise. Toutefois, d’un point de vue statistique,
les résultats obtenus présentent une certaine fiabilité, même s’il n’est pas possible de le confirmer.
Sondage au hasard en pile
Cette méthode permet de prélever des échantillons de façon aléatoire répartis sur toute la pile.
On calcule la longueur de chaque section et la somme de l’ensemble est divisée par le nombre
d’échantillons déterminé au préalable. Ceci nous permet d’obtenir la valeur de l’espacement moyen
entre deux échantillons. A chaque sondage, on détermine la profondeur où sera prélevée la planche
sélectionnée. Une fois celle-ci retirée, on découpe un « Calas » (échantillon de liège brut) dans son
angle gauche.
Il s’agit d’une technique d’appréciation analogue à celle qui est utilisée sur le terrain. Dans la
réalité elle facilite le travail, du fait que les piles sont rarement défaites, sauf si, parfois, le choix se
porte sur des planches situées à l’intérieur de pile.
Il s’agit d’une méthode qui ne prend pas en compte les empilages mal intentionnés de
planches. En effet, dans la réalité de ce type de sondage le liège contrôlé est celui qui se voit, c'est-àdire celui qui est le plus souvent de meilleure qualité.
Méthodes de l’IPROCOR (Merida – Espagne)
Estimation proportionnelle au poids
Cette méthode est quelque peu désuète. Elle consiste à extraire 100 kg de liège pour chaque
500 quintaux castillans (un quintal castillan = 46 kg). Les planches sont sélectionnées au hasard sur
toute la profondeur et sur toute la largeur. On procède à la classification en cru selon l’épaisseur. Pour
chaque épaisseur, on établit un classement divisé en neuf catégories. Si une planche présente
clairement plus d’une catégorie, on la divise en autant de catégories appréciées. Ensuite on vérifie le
poids et on découpe sur les planches un nombre d’échantillons par catégorie proportionnel à sa
fréquence. Finalement, à l’atelier on procèdera au bouillage et à la classification définitive des
échantillons.
Cette méthode manque de fondement statistique clair qui puisse justifier le sondage. Elle
oblige à réaliser, sur le terrain, une classification des planches dont le résultat peut être modifié après
54
55
le bouillage. La sélection des planches dans la pile n’est pas bien établie, d’ailleurs il semble parfois
compliqué de connaître le poids exact d’une pile de liège. De plus, il est nécessaire de peser sur le
terrain l’échantillon ainsi que les sous échantillons par catégorie.
Sondage Stratifié
Les échantillons sont représentatifs des planches sélectionnées dont ils sont issus, et présentent
une section de 20x20 cm. Le fondement statistique est fiable, l’erreur relative est inférieure à 15%.
Les échantillons sont prélevés sur le pourtour et à l’intérieur de la pile. En plus du volume total, du
volume intérieur et de celui du pourtour, il faut tenir compte de la fraction d’échantillonnage à
l’intérieur et sur le pourtour. Toutes ces données permettent de réaliser des calculs statistiques qui
détermineront la qualité de la pile de liège.
L’échantillonnage du pourtour consiste à effectuer un sondage systématique de la couronne.
On sélectionne de façon aléatoire le point de départ de l’échantillonnage et le nombre d’échantillons à
obtenir.Pour l’intérieur de la pile, étant donné qu’il serait trop complexe de réaliser un échantillonnage
aléatoire ou systématique, on peut opter pour un échantillonnage réalisé en deux étapes (deux degrés) :
-
d’abord on sélectionne un certain nombre de blocs (de 2 à 6) pour le sondage d’un volume de
1 m3,
ensuite, on sélectionnera systématiquement les blocs à partir d’un choix de départ, au-dessus
ou en dessous d’une ligne imaginaire situé au milieu de la pile.
Il s’agit d’un système ou d’une méthode d’estimation de la qualité du liège d’application plus
ou moins simple, mais avec des calculs complexes. Il faut choisir un nombre significatif d’échantillons
afin d’avoir une marge d’erreur de 15% et une marge de confiance de 90%. D’autre part, l’extraction
de certaines planches sur le pourtour pourrait être délicate. En effet, selon la manière dont elles auront
été calées, elles peuvent se fendre et se déprécier.
Ce système d’appréciation semble fiable tout en ayant un bon rendement (1 à 2 heures par
pile). Il donne de bons résultats d’appréciation quant à la qualité réelle de la pile sondée. De plus, il
permet d’identifier les mauvais empilages qui chercheraient à dissimuler des planches de mauvaise
qualité.
Cette méthode limite d’une part les lourdes manipulations nécessaires pour démonter
complètement de grandes sections de pile et d’autre part les erreurs d’appréciation occasionnées par
des sondages statistiquement peu fiables. C’est cette dernière technique d’échantillonnage que nous
avons utilisé dans notre étude.
Technique d’échantillonnage utilisée et analyses des données adoptées
La technique d’échantillonnage utilisée dans cette étude pour déterminer la qualité moyenne
de la pile de liège est celle de l’échantillonnage stratifié utilisée par l’IPROCOR (Instituto del Corcho,
la Madera y el Carbon Vegetal). Cette méthode consiste à extraire environ 100 kg de liège pour
chacun des 500 quintaux castillans empilés. Les planches échantillons sont sélectionnées sur toute la
profondeur et sur toute la largeur de la pile. D’après l’expérience de l’IPROCOR, un échantillon de 75
plaques par pile permet d’avoir, avec une marge de probabilité de 90%, une erreur relative de moins
de 15%. Il est à rappeler que pour un échantillonnage aléatoire est simple, la relation qui lie la taille
de l’échantillon n, le coefficient de variation de la variable mesurée et l’erreur relative est la suivante
(DAGNELIE, 1998) :
n=
t12−α x CV % 2
2
E%2
Avec :
-
-
t est le test de STUDENT avec n-1 degrés de libertés
CV% est le coefficient de variation en pourcentage
E% est l’erreur relative
56
Si Q est la qualité moyenne et σ
^
est l’écart type estimé :
CV % =
σ
x 100
Q
E% =
^
et
t1−α x σ
^
2
Qx n
x 100
Pour effectuer l’échantillonnage sur pile, les plaques doivent être prélevées sur des planches de
liège à raison d’une plaque par planche. L’emplacement de la plaque sera choisi sur la partie la plus
représentative de la planche à échantillonner. Les 75 échantillons seront répartis entre la couronne et
l’intérieur de la pile avec 35 échantillons pour la couronne et 40 échantillons pour l’intérieur. La figure
1 schématise une pile de liège avec ces différentes caractéristiques et sur laquelle figure
l’emplacement des échantillons à prélever sur la couronne et au milieu.
V = LxH x A
Vi = Li x Ai x H
Volume total :
Volume intérieur :
Volume couronne :
Vc = 2( L + Ai ) x H x (
Poids de l' intérieur : W int = Vi / V
Poids de la couronne : Wc = Vc / V
A − Ai
)
2
Echantillonnage de la couronne de la pile
Pour l’échantillonnage de la couronne (pourtour), on commence par calculer le pas horizontal
d’échantillonnage qui est comme suit :
a=
P
35
avec P = 2 L + 2 A
(P périmètre de la couronne)
Pour déterminer le pas vertical d’échantillonnage, On mesure la hauteur réelle de la pile en
plusieurs endroits et on détermine la hauteur moyenne H puis on calcule le pas vertical comme
b=
4H
35
Le coefficient 4 est utilisé pour parcourir la hauteur de la pile quatre fois et rendre ainsi la
distribution du réseau de points d’échantillonnage homogène sur toute la couronne.
Il faut en plus déterminer les coordonnées (x, y) du premier point à échantillonner (point de
départ). Pour le faire, on procède de la façon suivante :
x = a x nombre aléatoire (0,1)
y = b x nombre aléatoire (0,1)
Le premier échantillon de la couronne sera donc prélevé à partir de la planche située au point
de départ de coordonnées x et y. Le deuxième échantillon sera prélevé à partir de la planche située à
droite de la première et ayant comme coordonnées x + a et y + b. La troisième échantillon aura comme
coordonnées x + 2a et y + 2b, etc. Lorsqu’ on arrive au sommet de la pile, on recommence à partir de
la base est ainsi de suite jusqu’à ce qu’on termine les 35 échantillons nécessaires.
Echantillonnage du milieu de la pile
On commence par mesurer la longueur Lp et la largeur lp de plusieurs planches de liège
choisies aléatoirement tout le long de la face supérieure du mur de la plie. On détermine par la suite les
57
valeurs moyennes Lp et lp. On délimite la partie centrale de la pile qui aura comme longueur (Li = L –
Lp) et comme largeur (Ai = A – Lp). On divise par la suite la partie centrale en blocs d’environ un stère
chacun, ce qui correspond à peu près à 1 m3.
Quatre blocs seront choisis dans la partie centrale de la pile. Le premier bloc est choisi
aléatoirement, par contre les trois autres sont choisis d’une façon systématique. Soit Nb le nombre
total des blocs, le pas utilisé pour la détermination des trois derniers blocs est calculé comme suit :
Pb =
Nb
4
Soit Nb1 le numéro du premier bloc choisi aléatoirement :
Nb1 = Pb x nombre aléatoire (0,1)
Les trois autres blocs auront les numéros suivants :
Nb2 = Nb1 + Pb ; Nb3 = Nb1 + 2Pb ; Nb4 = Nb1 + 3Pb
On prélève par la suite dans chaque bloc 10 échantillons. Le premier est prélevé d’une façon
aléatoire et les 9 autres d’une façon systématique. Pour ce faire, on compte en plusieurs endroits sur
toute la hauteur de la pile le nombre de planche et on détermine le nombre moyen de planche Np. On
détermine par la suite le pas d’échantillonnage dans le sens vertical :
b' =
Np
10
La première planche tirée aléatoirement aura le numéro :
Np1 = b’ x nombre aléatoire (0,1)
Les autres planches auront les numéros :
Np2 = Np1 + b’ ; Np3 = Np1 + 2b’ et … Np10 = Np1 + 9b’
En pratique on peut prendre b’ = 3 pour le pas vertical, car en moyenne un ester contient
environ 33 planches situées l’une sur l’autre.
Estimation des qualités moyennes de la pile et précision des estimations
Estimations pour la couronne
1 p
∑ Nci x Qi
Nc i =1
∑ Nci = Nc
La qualité moyenne de la couronne est calculée comme suit (DAGNELIE, 1998):
Qc =
p
avec
i =1
Le nombre total d’échantillons prélevés dans la couronne Nc est égal en principe à 35, le
paramètre Qi correspond à la qualité attribuée à l’échantillon i (il y à 9 classes de qualité, p = 9).
La variance estimée de la couronne est la suivante (DAGNELIE, 1998) :
σC =
^ 2
p
1
Nci x (Qi - Qc) 2
∑
Nc − 1 i =1
σ c= σC
^ 2
^
et l’écart type de la couronne est :
58
Dans ce cas, la variance de la qualité moyenne de la couronne est : σ Qc =
^ 2
σc
Es.c =
Ainsi, l’erreur standard de la couronne est :
σC
Nc
^ 2
^
Nc
Estimation pour l’intérieur
La qualité moyenne par bloc est calculé comme suit :
1 p
∑ Nij x Qij avec
10 i =1
1 4
et la qualité moyenne de l’intérieur est : Q int = ∑ Qj
4 j =1
Qj =
∑ Ni j = 10
p
i =1
Pour le calcul de la précision, on considère être en présence d’un échantillonnage à deux
degrés. Les n blocs représentent le premier degré et les m plaques superposées l’une sur l’autre par
bloc représentent le deuxième degré. Pour un échantillon de n blocs et m plaques par bloc, le calcul de
la précision se fait de la manière suivante (COCHRAN, 1977) :
∑ (Qj − Q int )
n
Dans ce cas, la variance entre blocs b est : σ 1 =
^ 2
∑∑ (Qjk − Qj )
n
et la variance dans les blocs : σ 2 =
^ 2
j =1
m
2
n −1
2
j =1 k =1
n(m − 1)
La variance de la qualité moyenne de l’intérieur est : σ Q int
^ 2
N −n σ1 M −m σ 2
=
x
+
x
N
n
NxM
m
Ainsi, l’erreur standard de l’intérieur est : Es. int = σ Q int =
^ 2
^ 2
^ 2
N −n σ1 M −m σ 2
x
+
x
N
n
NxM m
^ 2
^ 2
Estimation pour la totalité de la pile
Pour l’estimation de la qualité moyenne et la précision des mesures pour la totalité de la pile,
on considère qu’on est en présence d’un échantillonnage stratifié (COCHRAN, 1977).
Dans ce cas, la qualité moyenne de la pile est :
Q = Wc x Qc + Wint x Q int
avec une variance de la qualité moyenne de la pile :
σ
^ 2
Q
=W
2
C
xσ
^ 2
Qc
+W
2
int
σ
^ 2
Q int
59
= W C2 x Es .c 2 + W int2 x Es . in t 2
Es. p = σ Q
^ 2
et une erreur standard de la pile :
L’erreur de mesures de la pile (demi intervalle de confiance) :
E = t1−α x Es. p
2
t est le t de STUDENT avec comme degrés de libertés la taille de l’échantillon global moins le
nombre de strates. Pour une probabilité de 90%, un échantillon de 75 plaques prélevées dans deux
strates (degrés de libertés = 73), la valeur de t = 1,67
L’erreur relative de mesures de la pile est:
E% =
E
x 100
Q
Préparation des échantillons et détermination de la qualité du liège
A partir de chaque planche de liège sondée, un échantillon 20x20 cm est prélevé sur la partie
la plus représentative de la planche. Après leur numérotation, les plaques de liège sont trempées dans
de l’eau chaude à 100 °C pendant une heure et demi (bouillage). Après 24 heures de séchage, une fine
couche est prélevée à l’aide d’un couteau bien aiguisé sur les bordures des plaques du liège. Ainsi, les
plaques sont prêtes aux mesures et observations nécessaires pour la détermination de leur qualité.
L’épaisseur est une des caractéristiques majeures pour l’appréciation de la
qualité «Bouchonnable» d’une planche de liège. L’IPROCOR classe le liège en cinq classes
d’épaisseur et 8 classes d’aspect (IPROCOR, 1999). Le tableau 1 présente les 5 classes d’épaisseur et
leur dénomination.
Tableau 1 – Classification du liège selon son épaisseur (IPROCOR).
Classe
Epaisseur en lignes
Epaisseur en mm
Appellation
1
2
3
4
5
Plus de 19 lignes
Entre 15 et 19 lignes
Entre 13 et 15 lignes
Entre 11 et 13 lignes
Moins de 11 lignes
42,75 mm
33,75 à 42,75 mm
29,75 à 33,75 mm
24,75 à 29,75 mm
24,75 mm
Grueso
Media marca
Imperial
Delgado
Pour chaque classe d’épaisseur, les échantillons des plaques du liège sont classés en huit
classes selon leur aspect. Les 8 classes d’aspect sont : première, deuxième, troisième, quatrième,
cinquième, sixième, septième et rebut. Cette seconde classification doit être effectuée par un
spécialiste en tenant compte de l’ensemble des défauts observés sur la plaque. Le tableau 2 présente
les défauts qu’on peut rencontrer sur les plaques de liège et sur la base desquels s’effectue la
classification de ces dernières selon l’aspect.
Le croisement des 5 classes d’épaisseur avec les 8 classes d’aspect donne lieu à 40
combinaisons différentes. Cette classification s’avère trop complexe pour être utilisée dans la pratique.
Pour cela, une nouvelle classification beaucoup plus simple et plus facile à mettre en place a été
élaborée à partir de regroupement par destination commune des 40 combinaisons de départ. Le tableau
3 et la figure 2 présentent cette nouvelle répartition en 9 catégories.
60
Tableau 2 – Liste et caractérisation des défauts qui déprécient la qualité des planches de liège.
Code
A
Altération
Définition
Décoloration jaunâtre du
Tâche jaune
(Mancha amarilla) tissu avec odeur
B
Défaut du ventre
(Barriga)
C
Ver du liège
(Culebra)
D
Liège sur âgé
(Corcho criado)
irrégularités prononcées
dans la surface intérieure
des planches
Galeries avec des restes
durcis dans le secteur de
la mère ou à l'intérieur de
liège
Liège de douze ans ou
plus
Défaut du dos
(Espalda)
Fissures dans la surface
extérieure du liège
F
Liège soufflé
(Flojera)
Canaux lenticulaires
extrêmement grands
G
Tâche de vinaigre
(Avinagrado)
Fourmi
(Hormiga)
E
H
I
Pores boisés ou
ligneux
(Inclusiones
maderosas)
J
Oiseau
(Pajero)
M
Tâche
(Mancha)
P
Pores terreux très
intenses (Pasmo)
S
Blessures dans la
mère (Santo)
T
Pores terreux
(Poro terroso)
V
X
Liège vert
(Verde)
Couches séparées
(Exfoliation)
ICMC-1998
Coloration de tons
mauves, semblables au
vin.
Galeries à l’intérieur du
liège.
Accumulation des
cellules sclérotiques dans
le liège.
Origine
Importance
Utilisation
Ne doit pas être
utilisé dans les
applications en
contact avec
l’alimentation
Classes de faible
qualité et/ou
calibre, pour
trituration
Environnement humide
Peu fréquent, il peut provoquer
des changements
organoleptiques des vins
Discontinuité dans la
formation des pores
Réduit le calibre nécessaire
pour les bouchons
Coléoptère Craebus
undatus
Difficultés de déboucher.
Réduit le calibre utile pour les
bouchons
Généralement sans
grandes restrictions
Déviations dans le
comportement physique du
liège
Dans de rares cas,
inadéquat pour les
bouchons
Liège non prélevé au
cours de la rotation
prévue
De grandes croissances
en calibre sur les pieds de
diamètres moyens
ou faibles
Augmentation du calibre
du liège. Spécialement
dans des stations de haute
qualité.
Inconnu.
Nidification du
Crematogaster
scutelaris.
Inconnu, probablement
d’origine
environnementale.
Perforation de la planche. L’oiseau picore le liège à
Disposition systématique la cherche de la larve e C.
Unatus
des trous.
Infection fongique à
travers les canaux
Tâches bleutées
(contamination fongique) lenticulaires due à
Melophia ophiospora
(Sacc).
Lignes de cellules très
dissociées
Inconnu.
Rendements des bouchons plus Sans restrictions
bas
Non très commun. Baisse de
la qualité et du rendement en
bouchons.
Rare. Altère seulement
l'esthétique du bouchon et non
son comportement physique
Relativement fréquent. Il
invalide la planche pour les
bouchons
Dommages dans les
enrouleurs. Distorsions dans la
compressibilité.
Secteur nautique,
balises et flotteurs.
Sans restrictions
Agglomérés
Partiellement dans
des agglomérés et
dans tous les autres
secteurs.
Exclut le liège pour l'utilisation
du bouchon
Agglomérés
Altération de l’aspect visuel
Sans restrictions
Sans restrictions
Réduit la quantité avec le
calibre utile pour l'obtention du
bouchon
Parties de la mère qui
Extraction du liège à sève Problèmes pour les agglomérés Agglomérés de
à cause des impuretés
faible qualité. Tous
adhèrent à la planche
arrêtée ou avec des
les autres secteurs
galeries de C. Undatus.
Dans de rares cas
Contenu pulvérulent dans Inconnu. Eventuellement Dommages dans les
enrouleurs. Impuretés.
non utilisable pour
les canaux lenticulaires
due aux conditions du
les bouchons.
sol.
Inconnu. Eventuellement Influe sur la qualité mécanique Ne doit pas être
utilisé dans les
du bouchon due à des
due à des altérations des
Partie avec taux
applications en
contractions. Possibles
structures cellulaires.
d’humidité supérieur à
contact avec
problèmes de saveurs.
400%.
l’alimentation
Défoliation intense due
Exclut le liège pour l'utilisation Agglomérés
aux attaques d’insectes
Discontinuité entre les
du bouchon
(Lymantria) ou à un
litières et les cellules.
incendie. Eventuellement
la sécheresse.
61
Tableau 3 – Classification du liège par destination
Cat.
Classe (en ligne)
Classes
(aspect)
1
Plus de 24 lignes
1, 2, 3, 4, 5, 6
2
Entre 15 et 19 (Media marca)
1, 2, 3, 4, 5
Bouchon naturel de 24 mm de diamètre
3
Entre 15 et 19 (Media marca)
6
Bouchon colmaté de 24 mm de diamètre
4
Entre 13 et 15 (Imperial)
1, 2, 3, 4, 5
Bouchon naturel de 24 mm de diamètre
5
Entre 13 et 15 (Imperial)
6
Bouchon colmaté de 24 mm de diamètre
6
Entre 11 et 13
1, 2, 3, 4, 5
Bouchon naturel de 21 mm de diamètre
7
Entre 11 et 13
6
Bouchon colmaté de 21 mm de diamètre
8
Moins de 11 (Delgado)
9
Tous
Utilisation
1, 2, 3, 4
Rebut
Bouchon naturel, Bouchon de cruche.
(Beaucoup de déchets)
Rondelle naturelle, papier, bouchon 2 pièces
Trituré
Formules de la qualité
La classification du liège exprimée dans les 9 catégories citées précédemment, donne une idée
approximative de la qualité du liège d’une exploitation. Il semble primordial de pouvoir calculer, par
pile, les valeurs commerciales de leur production respective tous produits confondus.
C’est cela qui a été mis au point par l’IPROCOR à partir des valeurs moyennes de vente de
différents lots de liège pratiquées par l’industrie de première transformation de l’Extramadure
(Espagne).
Q=
5 9
∑ Ai Qi
100 i =1
où :
Q : indice qualité du liège.
Ai : valeur moyenne en pesetas/kg du liège des catégories 1 à 9 bouilli et mis en balles
(à partir des valeurs 1993).
A1 = 220
A4 = 380
A7 = 100
A2 = 390
A5 = 130
A8 = 240
A3 = 140
A6 = 225
A9 = 30
Cette formule a donc une valeur maximum théorique pour tout le liège de catégorie « Media
marca » de :
et une valeur minimum de :
Q=
5
x 390 = 19,5
100
Q=
5
x 30 = 1,5
100
En Extramadure (Espagne), la marge obtenue entre les valeurs maximales et minimales sur des
échantillons réels se situe entre Q = 14 et Q = 3.
62
Les 9 catégories de liège (tableau 3) sont groupées par la suite en 5 classes commerciales.
Cette classification définitive est reprise dans le tableau 4.
Tableau 4 - Classification du liège en classes de qualité commerciale avec les utilisations de
chaque classe.
Classe commerciale
Utilisations
Bouchons naturels de 24 mm
Epais (Grueso* )
(Q1)
Bouchonnable (Bueno*, Enrasado*)
(Q2+Q4+Q6)
Faible (Flaco*)
(Q3+Q5+Q7)
Bouchons naturels de 24 mm et de 21 mm
Bouchons colmatés de 24 mm et de 21 mm
Mince (Delgado*)
(Q8)
rondelles
Triturations (agglomérés)
Rebut (Refugo*)
(Q9)
* Appellation Espagnole
RESULTATS ET DISCUSSION
Caractéristiques de la pile de liège analysée
La pile de liège analysée possède les caractéristiques suivantes :
Longueur totale
: L = 18,70 m
Largeur totale
: A = 4,10 m
Hauteur moyenne : H = 2,90 m
Longueur moyenne d’une planche : Lp = 1m
Largeur moyenne d’une planche
: lp = 0,30 m
Longueur de l’intérieur : Li = L – 2 x Lp = 16,70 m
Largeur de l’intérieur
: Ai = A – 2 x Lp = 2,10 m
Volume total :
V = L x H x A = 222,34 m3
Volume intérieur :
Vint = Li x Ai x H = 101, 70 m3
Volume couronne :
Vc = 2(L + Ai) x H x Lp = 120,64 m3
Poids de l’intérieur :
Wint = Vint/V = 0,46
Poids de la couronne :
Wc = Vc/V = 0,54
Après calcul des paramètres d’échantillonnage comme indiqué au paragraphe 3, les 75 échantillons à
analyser ont été pris dans la pile de liège à raison de 35 échantillons pour le pourtour ou la couronne et
40 échantillons pour le milieu.
63
Qualité moyenne de la couronne et précision des estimations
Après traitement (bouilli et séchage des échantillons), l’épaisseur et la classe de qualité de
chaque échantillon ont été déterminés. Le tableau 5 présente les caractéristiques des différents
échantillons du liège prélevés sur la couronne de la pile à analyser.
Tableau 5 – Caractéristiques des échantillons de la couronne.
Caractéristique
Valeur
minimale
Valeur
maximale
Valeur
moyenne
Ecart-type
14
1
59
9
31,45
6
10,671
2,676
Epaisseur (mm)
Classe de qualité (Q)
Le tableau 6 présente la répartition des échantillons de la couronne par classe de qualité.
Ce tableau montre que la qualité moyenne Qc de la couronne de la pile de liège analysée est de 8,5
avec une variance estimée σ C de 46,62, ce qui donne une variance de la qualité moyenne σ Qc de 1,32
et une erreur standard de la couronne de 1,15.
^ 2
^ 2
Tableau 6 – Répartition des échantillons de la couronne par classes de qualité et précision des
estimations.
Classe
de qualité
Symbole
classe
ValeurQ
i
Effectif
ni
%
19A-6ªA
15-19 5ªA
15-19 6ª
13-15 5ªA
13-15 6ª
11-13 5ªA
11-13 6ª
11a 4ªA
déchets
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
Q6
Q7
Q8
Q9
11
19,5
7
19
6,5
12,75
5
12
1,5
2
4
1
4
5
2
6
1
10
5,7
11,4
2,9
11,4
14,3
5,7
17,1
2,9
28,6
35
100
Total
Qc
σC
σ Qc
8,5
46,22
1,32
^ 2
^ 2
Qualité moyenne de l’intérieur et précision des estimations
Le tableau 7 présente les caractéristiques des différents échantillons du liège prélevés dans
chacun des 4 blocs à l’intérieur de la pile.
Le tableau 8 présente la répartition des échantillons de chacun des 4 blocs prélevés à
l’intérieur de la pile par classe de qualité.
La qualité moyenne Qj par bloc est égale à 7,2 ; 9,5; 6,0 et 6,6 respectivement pour les blocs 1,
2, 3 et 4. La qualité moyenne de l’intérieur Qint est égale dans ce cas à 7,3 avec une variance σ 1 entre
^ 2
les blocs de 2,37 et une variance σ 2 dans les blocs de 32,53. La variance de la qualité moyenne de
^ 2
l’intérieur σ Q int étant égale à 0,59 avec une erreur standard de l’intérieur Es.int de 0,77.
^ 2
64
Tableau 7 – Caractéristiques des échantillons de l’intérieur de la pile.
Bloc
Caractéristique
Valeur
minimale
Valeur
maximale
Valeur
moyenne
Ecart-type
1
Epaisseur (mm)
Classe de qualité (Q)
10
1
35
9
28,2
6,2
8,829
1,874
2
Epaisseur (mm)
Classe de qualité (Q)
18
1
48
9
30,9
6,1
10,027
3,143
3
Epaisseur (mm)
Classe de qualité (Q)
17
2
44
9
28,7
7,5
8,220
2,415
4
Epaisseur (mm)
Classe de qualité (Q)
21
1
55
9
32,4
6,9
11,394
2,558
Tableau 8 - Répartition des échantillons de l’intérieur par classes de qualité.
Classe
de qualité
Symbole
classe
Valeur
Qi
Bloc 1
ni
%
Bloc 2
ni
%
Bloc 3
ni
%
Bloc 4
ni
%
19A-6ªA
15-19 5ªA
15-19 6ª
13-15 5ªA
13-15 6ª
11-13 5ªA
11-136ª
11a 4ªA
déchets
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
Q6
Q7
Q8
Q9
11
19,5
7
19
6,5
12,75
5
12
1,5
1
5
1
1
2
2
1
2
2
3
0
1
1
1
1
6
1
1
2
1
1
4
Qualité moyenne/bloc (Qj)
10
50
10
10
20
7,15
20
10
20
20
30
9,5
10
10
10
10
60
5,98
10
10
20
10
10
40
6,60
Qualité moyenne de la totalité de la pile et précision des estimations
σ
La qualité moyenne de la pile totale est Q = 7,95 avec une variance de la qualité moyenne de
^ 2
Q
= 0 ,51 et une erreur standard Es.p = 0,72. L’erreur de mesures de la pile étant de E = 1,2 ce
qui donne un intervalle de confiance de [6,75 ; 9,15] et une erreur relative de E% = 15%.
Répartition de la quantité totale du liège de la pile en % de classes de qualités commerciales
Le tableau 9 présente la répartition en % de la totalité de la pile selon les 9 classes de qualités
techniques.
Les 9 classes de qualités techniques seront groupées en 5 classes commerciales. Le tableau 10
présente les résultats de ce regroupement.
65
Tableau 9 – Répartition en % de la totalité de la pile selon les 9 classes de qualité technique
Classe
de qualité
Symbole
classe
Valeur
Qi
19A-6ªA
15-19 5ªA
15-19 6ª
13-15 5ªA
13-15 6ª
11-13 5ªA
11-136ª
11 a 4ªA
déchets
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
Q6
Q7
Q8
Q9
11
19,5
7
19
6,5
12,75
5
12
1,5
Couronne
Effectif
%
2
4
1
4
5
2
6
1
10
Intérieur
Effectif
%
Pile
%
5,7
11,4
2,9
11,4
14,3
5,7
17,1
2,9
28,6
3
1
2
7
5
2
5
15
7,5
2,5
5,0
17,5
12,5
5,0
12,5
37,5
6,5
7,3
1,6
8,5
15,8
8,8
11,6
7,3
32,7
Total
35
100
NB : %pile = Wc x %Couronne + Wint x %Intérieur
40
100
100
Tableau 10 - Répartition en pourcentage des plaques de la pile de liège analysée par classe de qualité
commerciale avec les utilisations de chaque classe.
Classe commerciale
%
Utilisations
Epais (Grueso* )
(Q1)
6,5
Bouchons naturels de 24 mm
24,5
Bouchons naturels de 24 mm et de 21 mm
Faible (Flaco*)
(Q3+Q5+Q7)
29
Bouchons colmatés de 24 mm et de 21 mm
Mince (Delgado*)
(Q8)
7,3
Rondelles
Rebut (Refugo*)
(Q9)
Appellation Espagnole
32,7
Triturations (agglomérés)
Bouchonnable (Bueno*, Enrasado*)
(Q2+Q4+Q6)
•
La figure 3 schématise les proportions des différentes classes de qualité.
Bouchonnable
24,5
Rebut
32,7
Mince
7,3
Epais
6,5
Faible
29
Figure 3 – Répartition des plaques de liège de la pile selon les cinq classes (commerciales) de qualité.
66
Finalement, le tableau 11 présente les défauts et couleur observés sur les échantillons
du liège analysés.
Tableau 11 – Défauts et couleurs des échantillons observés
Défauts
Tâche (Mancha )
Pores terreux (Poro terroso)
Liège souflé (Flojera)
Pores boisés ou ligneux (Inc. Maderosas)
Ver du liège (Culebra)
Fourmi (Hormiga)
Défaut du ventre (Barriga)
Liège vert (Verde)
Défaut du dos (Espalda)
Pores terreux très intenses (Pasmo)
Tâche jaune (Mancha amarilla)
N
%
58
64
12
43
11
3
29
13
21
6
3
77,3
85,3
16,0
57,3
14,7
4,0
38,7
17,3
28,0
8,0
4,0
N
%
8
1
66
10,7
1,3
88,0
Couleur
Rosé (Rosado)
Blanc (Blanco)
Foncé (Oscuro)
Distribution des plaques de liège de la pile selon leur épaisseur
Comme pour la qualité, la pile de liège peut également être caractérisée selon l’épaisseur de
ses plaques (tableau 12). D’après ce tableau, les planches de liège de cette pile ont une épaisseur
moyenne de 30,8 mm avec une erreur standard de 1,15 mm et intervalle de confiance de [28,9 mm;
32,7 mm].
Tableau 12 – Répartition des plaques de la pile de liège par
classes d’épaisseurs.
Clase
D’épaisseur
(mm)
Effectif
N
Fréquence
%
0 – 20
20 – 25
25 – 30
30 – 35
35 – 40
40 et plus
9
13
17
22
4
10
12,0
17,3
22,7
29,3
5,3
13,3
Total
75
100,0
67
La figure 4 présente la distribution des plaques de liège de la pile selon les classes
d’épaisseurs.
35
30
Fréquence en %
25
20
15
10
5
0
0 - 20
20 - 25
25 - 30
30 - 35
35 - 40
40 et +
Classe d'épaisseur (mm)
Figure 4 – Distribution des plaques de liège de la pile selon les classes d’épaisseurs.
CONCLUSIONS
Nous avons essayé de présenter dans cet article, d’une façon détaillée, une technique de
détermination de la qualité et de la classification du liège, basée sur le prélèvement des échantillons
dans une pile de liège. Les résultats obtenus ont monté que la pile du liège analysée présente une
qualité moyenne de l’ordre de 8. La qualité moyenne obtenue dans la région de l’Extramadure en
Espagne à partir de milliers d’échantillons est de l’ordre de 8,1 avec une marge de 3 à 14. Sur base des
proportions obtenues pour chacune des cinq classes de qualités commerciales de la pile du liège
tunisien analysée, il est apparu que 6,5% des planches peuvent être utilisées pour fabriquer des
bouchons naturels de 24 mm, 24,5% pour fabriquer des bouchons naturels de 24 mm et de 21 mm,
29% pour fabriquer des bouchons colmatés de 24 mm et de 21 mm, 7,3% pour fabriquer des rondelles
et finalement 32,7% pour la trituration (agglomérés). Du point de vue distribution des échantillons
selon l’épaisseur, la classe 30 – 35 mm qui représente environ 29% de la totalité des planches de la
pile analysée est la plus représentée. Les planches ayant une épaisseur qui atteint 40 mm et plus ne
représentent que 13%. D’autre part, on a constaté que les défauts les plus fréquents sont les pores
terreux qui représentent 85% des planches de la pile, les taches qui représentent 77% et finalement les
pores boisés ou ligneux qui représentent 57%. Les planches qui présentent des galeries de fourmis ne
représentent que 4% de la totalité de la pile.
Si la technique d’échantillonnage, le prélèvement, la préparation des échantillons et leur
classification selon les qualités d’épaisseur ne semblent pas poser de problème particulier, la
classification de ces derniers selon les classes d’aspect semble être plus délicat à réaliser. En effet,
répartir les échantillons de chaque classe d’épaisseur en 8 classes selon les défauts présents sur chaque
échantillon est le travail d’un vrai spécialiste bien expérimenté. Toutefois, comme l’équipement
nécessaire pour le traitement et la préparation des échantillons pour les mesures et observations est
facile à se procurer (une petite chaudière avec thermostat, des couteaux, etc.), il serait utile de monter
une petite unité de détermination de la qualité du liège même à titre expérimental. En effet, avoir des
informations sur la distribution des planches du liège selon leur épaisseur avec une appréciation de
leurs principaux défauts, même d’une façon grossière au départ, peut aider le gestionnaire à déterminer
l’ordre de grandeur du prix de vente de chaque pile d’un parc à liège. En attendant, une équipe de
techniciens forestiers pourra être formée dans la classification du liège selon son aspect et les défauts
qu’il présente. Cette formation pourra être assurée conjointement par un centre spécialisé tel que
l’IPROCOR et l’industrie du liège.
REFERENCES
COCHRAN, W. G., 1977. Sampling technics. Wiley, New York, 428 p.
68
DAGNELIE P., 1998. Statistique théorique et appliquée. Tome 2 : Inférence statistique à une et à deux
dimensions. Bruxelles, De Boeck, 660 p.
D.G.F., 1995. Résultats du premier inventaire forestier national en Tunisie. Direction Générale des Forêts, 88 p.
D.G.F. 1997 : Procès verbal d’aménagement de la forêt de Bellif : 138p. + annexes + cartes.
IPROCOR, 1999. Manuel didactique de l’éleveur et de l’ouvrier spécialisé dans les travaux d’exploitation du
chêne-liège. Instituto del Corcho, la Madera y el Carbon, Junta de Extramadura, 231 p.
MESSAOUDI Y., 2003 : Technique et procédures de la récolte du liège en Tunisie : situation et problématique.
Atelier Gestion des forêts de chêne liège, Tabarka 14-17 juillet, 2003 ; 9p.
69
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