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Pour une science de l'individu

Em m anuel Housset Cadm os nQ2- autom ne 2002 Ainsi saint Thom as nous apprend a ne plus penser la personne com m e un substantif et Ia singularite com m e un accident de Ja substance, pour nous rendre a cette relation a l'etre en m ontrant que c'est a partir de la lum iere de l'etre que l'hom m e peut devenir lui-m em e : la re]ation est la verite de ]a personne, ce qui veut dire qu'on ne Gerard Nissim Am zallag devient soi-m em e qu'en consentant a son eternelle vocation et que c'est ce consentem ent qui fait de la vie de chaque personne un dram e unique dans cette histoire qu'est le m onde. Un individu ou un peuple ne peuvent etre arraches abstraitem ent a Pour une science de l'individu Ieur histoire, m ais Ies Jiens qui definissent Ieur singularite ne sont ni ethniques, ni seulem ent historiques puisque ces liens en m arquant d'abord des separations sont Source de violence, m ais ce sont des liens spirituels dans lesquels ils se « com prennent com m e responsables de la justice dans Je m onde. Or, 1 parce que la m odernite a perdu ce sens de l'individualite en en faisant a nouveau la qualite d'une substance, eJJe a oublie qu'un individu ou I , r a etre im possible de se soustraire dans le deploiem ent de la justice pour tous. La per- sonnalite est ce qui est absolum ent exige de nous dans notre rapport situe l'histoire hors du cham p d'investigation scientifique. La ralson en est sim ple : alors qu'il n'y a de science que du general, il sem ble un peupJe ne sont pas J'histoire de ce qu'ils furent, m ais l'histoire de ce qu'ils ont r.:histoire n'a ni structure ni m ethode, et il est certain d'avance que toute theorie en ce dom aine est m ort-nee NMLKJIHGFEDCBA » . Une telle affirm a~ion a l'evenem ent singulier, l'unite, d: b~se d'un im m ense reseau d'interactions generant la tram e de 1 hlstolre. a J'etre et Ja personne ne peut etre elle-m em e, aupres d'elle-m em e, que la ou elJe ne s'appartient plus pour se donner. ! Cela ne signifie pas pour autant que l'investigation historique soit 1 denuee de rigueur, m ais que l'evenem ent singulier reste foncierem ent I irreductible. Les lois peuvent etre regardees com m e des principes d'econom ie dans la description d'un system e. Elles perm ettent, par exem ple, de decrire la trajectoire d'un projectile, non plus par l'enregistrem ent exact de sa position j 74 - • I a chaque instant, m ais au travers d'une equation, et ce m oyennant quelques inform ations sur les conditions initiales. En term es inform atiques, on pourrait parler d'une baisse du nom bre de ZYXWVUTSRQ b y te s necessaires pour decrire integralem ent le system e, et surtout pour en prevoir le devenir. \ Le m onde sem ble donc se diviser en deux types de realites : d'un j cote les « objets de la science ", pour qui la singularite n'est qu'un epi- phenom ene introduisant tout au plus un bruit dans l'expression d'une 1. Pau! Veyne, C o m m e n t 1 ‫ד‬ o n e c r i ‫ ו‬l'h is to ir e , Seui!, 1971, p. 160 . 75 Gerard Am zal1ag 10i, e~ de l.'autre les phenom enes presslble slngularite dem eure M ,ais cet~e classification blen au-dela que invitent des lim ites irreductibles la com posante est elle-m em e a generaliser », pour qui l'incom - m ajeure. des phenom enes rude a se lalsser condenser c~rtains historiens « Pour une science de l'individu plus vrai que les criteres en fonction a sujette de leur apti- caution. En effet de leur discipline. Paul Veyne affirm e ainsi 1a nature n'a pas de 10is scientifiques car el1e est aussi variable m e2 », ce q u i m ene a une conclusion pour Je m oins derouque l'hom 1a ta~te : «3 sc~ence se .cherche des objets, elle n'explique pas Jes objets A en crOlre ces propos, 1a ». qU'.une pieuse iJlusion entretenue, log1ques auxque1s conduit re qu'une " . lntegrallte, « « science du generaJ I I n'existerait rien donc d'aut- science de l'individu dem eure ", et ce du fait que 1e reeJ dans , son foncierem ent incom pressible. De !'autre c6te, pour certains savants, J'exigence d'une l'individu » ne deriverait gue a celle qui regnait Karl Popper, l'histoire . une « ne serait » entre autres, par 1es succes techno- Ja m ethode. que d'une avant confusion la revolution est egalem ent SClence du general » a science de « m ethodo10gique scientifique. susceptible condition d'im iter analo - Ainsi selon de se transfor ~ er e ses ainees ; « n Com m e ‫נ‬ La seu1e m anlere de resoudre vue selectlfs rem pllssent 76 - cette difficulte est, je crois, d'introduire un point de Vue precon ~u de selection c'est ~ dir ~ d'ecrire.l'histoire qui nous interesse [ ... en histoire precon~us par des perspectives dont iI parle sont plus souvent d'applications plut6t que par l'observa- tion directe. des fonctions ‫נ‬ dans l'histoire De te1s points d ~ analogues, en bien des fac;ons, a celles des theories dans la science 4 • » Popper a beau nous rer rassu 5, i1 faut avouer que cette approche d'ou est censee em erger 2. Jb/d. p . 3 ‫ נ‬8 . 3. Jbid. p . 320 . 4. K. Popper, M is e r e d e l'h is to ‫ י ח‬c is m e Press Pocket (trad. 1988), p . 188 . 5..En prolongean.t I~s propos cites par la phrase suivante : « Cela ne veut pas dlre que nous PUlSS10nsd €form er Jes faits jusqu'a ce qu'ils s'aJ'uste t ' d d '[ 1 ' d"d' n a un ca .re e,r ~ erence 1 ees precon"ues, ou que nous puissiollS negliger les faits qU ‫ ג‬ne s aJustent pas . » Popper evoque faire de l'Histoire fortuit. la biologie eviter de prendre l'hom m e, com m e m odele a la physique la vie a un chem inem entsinguiier, de l'individu contrairem ent du m onde a l'histoire, la biologie conna!t des theories quelques lois. Nom bre C'est (l'existence la raison }> d'attendre. pour laquelle d'un elles reposent sur des M ais ce « une science du general et a une predictibilite la notion typi - dogm atis ne m ene que l'on est en droit dont font preuve les principaux (et en particulier par de la biolo - la connotation de cette term inologie. Les incoherences Popper nul n'est incom m ode et ce m algre Or , bien pros - d o g m e c e n tr a l )‫ ז‬fondateur qui fait de la biologie a une rigueur de la biologie « en est un exem ple), pre-scientifique m e originel d'entre vivant. le r61e de NMLKJIHGFEDCBA « criteres de selection » auxquels fait allusion. quem ent depuis le developpem ent l'histoire leur presence pas la biologie ne peut jusqu'a d o g m e s censes jouer gie m oleculaire n'est certainem ent et la chim ie, le ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA te m p s s 'e c o u la n t 6 • Tout com m e en consideration em bryonnaire peres, et m em e sur lequel on pourrait une science. Un tel parallele Contrairem ent pas vraim ent les sciences naturelles, l'histoire doit etre selective si elle ne veut ~ , , pas etre etouffee s ~ us une m asse de m ateriaux pauvres et incoherents [ ... consciem m ent m otives (si on ose dire) leur approch~ « eXlstants une science du general paralt pour le m oins partiale. Cela est d'autant concepts de g e n e ‫ ) ו‬sont la pour en tem oigner . La raison en est sim ple te, les dogm es repondent rique a a partir desquels a un besoin . la necessite, « ‫ ז‬heredite, generation physique « biologie du general affirm e Andre Pichot d'articuler 8 , » est nee de une explication histo - de l'etre vivant, soit Ja necessite de pas - anhistorique 6. Voir G.N. Am zallag, de tenter de refleter la reaJi - se profile cette dans le lam arckism e, l'explication ser d'une ; avant m em e reproduisant z .; h is to ir e : m a l in c u r a b le la m em e form e a une d e la s c ie n c e ? Cadm os, 2002, vol. 1, p. 52-54. 7. Voir A. Pichot, H is to ir e 8. A. Pichot, L a g e n e tiq u e p.l02-131. d e la n o tio n de gene, Flam m arion, 1999. Esprit, 2002, vol. 284, e s t u n e s c ie n c e s a n s o h je t, 77 Gerard Am zaIlag generation integree dans un processus historique d'evoJution des [orm es. » Pour une science de"l'individu buer tous les caracteres distinctifs du genre, de la fam ille, etc. Ce cas est particulierem ent interessant parce qu'iI rappelle les ~fforts deployes pour tenter d'integrer, par Ie biais des lois de la gene- Par exem ple, Linne fit de l'appareil reproducteur la cle du system .e de discrim ination dans la classification des vegetaux. Totalem ent arbt- tlq~e, un reel qui se m ontre resolum ent incom pressible ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA p a r c e q u 'in d is traire le choix de Linne represente reellem ent NMLKJIHGFEDCBA « un point de vue preSituee en am ont de l'observation con~~ » a la m aniere dont I'envisage Popper. 11est vrai qu'un tel ch,oix une pareille exigence theorique m ine la genetique jusque dans se; s'est avere extrem em ent fecond, m ais rien n'em peche de penser qu un :ondem ents, au point ou, affirm e Pichot, cette discipline « appartient autre critere arbitraire perm ettrait egalem ent de fonder une system aa un m om ent particulier de !'histoire de la biologie [... J Et rien ne dit tique tout aussi satisfaisante, quoique foncierem ent differen.te. ~a qu'elle est destinee a survivre9. " question est bien d'actualite du fait que les techniques de la blologle . Ces rem arques invitent a poser une question : ne serait-ce pas Ia m oleculaire conduisent au dechiffrage de longues sequences d'ADN . prlse en consideration de la fleche du tem ps (c'est-a-dire de son irreOn peut alors com parer le degre de parente entre individus en foncversibilite) qui rendrait incom pressible 1'evenem ent singulier ? Et tion de celui de leurs sequences respectives d'ADN, et non plus seulen'est-ce pas justem ent le te m p s s 'fc o u la n t qui [ait constam m ent resurm ent d'apres la structure de leurs pieces t1orales. Or ces analyses gir I'exigence d'une science de l'individu ? m enent parfois a des conclusions en porte-a-faux avec les parentes etas O C la b le m e n t lif a u te m p s s 'e c o u la n t. blies par la system atique linneenne. Larbitraire des criteres m ene donc La biologie s'est erigee en dom aine s~ientifique sur !a base de la s y s te m a tiq u e , la classification de I'im m ensite du m onde vivant en espe- irresistiblem ent a un rapport arbitraire avec le reel. ces, eIles-m em es regroupees en genres, fam illes, ordres, c]asses, etc. Or Ia system atique ne se resum e pas au fait d'apposer un nom sur un groupe d'etres vivants. Tous les peuples font ce]a depuis la nuit des tem ps, souvent m em e avec une rem arquable perspicacite. Au-dela de Ia dif[erence observee entre especes, la system atique propose un classem ent selon des criteres h ie r a r c h is e s . Deux especes voisines se distin- guent par certains details, m ais elles possedent en com m un des caracteres qui d€finissent Ie genre. De m em e, deux genres d'une m em e fam ille ont en com m un plus de caracteres que ceux de deux [am illes 78 - diff€rentes, m ais appartenant au m em e ordre. En rem ontant ainsi les differentes strates de la system atique, on arrive a classer l'infinite des caracteres d'un individu selon un ordre d'im portance perm ettant de le positionner dans I'ensem ble du m onde vivant. Par ce biais, identifier l'espece a laquelle considerablem ent 9 . I b id . « appartient » l'individu perm et d'en condenser Ia description, puisqu'on peut d'em blee lui attri- La system atique pretend reduire au m lnlm um necessaire les detaiIs requis pour positionner un individu dans l' ensem ble du m on~e vivant. Certes, ce principe d'econom ie represente le garant de la vaIldite d'une classification, m ais il ne peut em pecher Ie fait que la description reste tres partielle. Par exem ple, la taille de la plante, la.:argeur et m em e la form e de ses feuilles sont des param etres fonclerem ent int1uences par les conditions du m ilieu. 11sne peuvent donc servir de critere de discrim ination aussi fiables que le sont les pieces t1orales. Puisque la system atique reussit dire a « a regrouper Ies plantes (c'est-a- condenser leur identite >,) uniquem ent d'apres leurs organes reproducteurs, le developpem ent et sa plasticite devienne~t im p.lic~tem ent des criteres circonstanciels, des epiphenom enes. M als les 11m ltes entre especes sont avant tout tranchees parce que l'on a deli~erem e.nt choisi les criteres les plus stables (les pieces florales) pour serVlrde dlScrim inants necessaires et suffisants a la description. 11 s'agit 1a d'un « point de vue precon~u » sur Ia m ethode m em e, outrepassant le fait 79 Gerard Am zal1ag Pour une science de l'individu que Ja reaJite est bien pJus cornpJexelO. tant de supposer que les organes un stade archa'ique) La systernatique construit un arbre se rarnifiant depuis Jes criteres Jes pJus generaux cJasse, etc.) vers les plus singuliers de cette hierarchie, rnatique rem arquable l'inforrnation, sirnultanernent une nouvelJe branche les caracteres particulierernent a J'espece). En v e r tu sur l'arbre C'est propres sur J'arbre de classification, irnportant de la syste- certes un rnoyen a des branches de ce genre, Ja solution en question. de la rnais que faire des individus des caracteres ? S'il y a peu d'exceptions distinctes reunis (ceux propres une serie de caracteres. de condenser qui presentent (ceux de l'ernbranchernent, il va de soi que la position conditionne progressivem ent est de creer dans JaqueJle sont M ais si le nornbre d'exceptions (au point ou l'arbre se transform e est en buis- 11 devient son), alors c'est la cJe du systerne qui est rernise en question. necessaire de choisir de nouveaux « criteres precon<;us » pJus feconds . . , qUl perm ettront d'integrer le tout dans un ensem ble coherent et condense. Et si Ja chose est (ternporairernent plus qu'a ignorer Jes exceptions sOlution satisfaisante. tes, laisses com m e « pour no~ seu!ernent genantes jusqu'a C'est Je cas aujourd'hui com pte inclassables ?) irnpossible, ». En ignorant J'ernergence d'une de la systernatique rnyriade parce les specirnens il ne reste que d'une d'insec- consideres irreductibles, c'est le choix des criteres qui fait !'objet d'idees precon<;ues, rnalS encore la nature est loin de l'objectivite de !a representation du reel qui en ernerge. On a Jaque!le aspire la « 5cience du general ». l'ancetre cornrnun. se transforrne la nature 80 - de structure entre Jes representants d'un rnerne groupe. irnpJiciternent arbitraire conditionner nernent. representation Les organes hornologues, par Turesson avec la definition d'une nouvel1e categorie interm ediaire entre j'in dividu .et ]'es ~ ece : Ja s ~ us-espec: ou I'ecotype. Voir G. Turesson, s p e C le~ l ‫ז‬ r e ! a tlo n to h a b lta t c o lo g lc a l u n tts , a n d c ! tm a te . C o n tr ib u tio n Hereditas, 1925, vol. 6, p . 146-235 . to th e k n o w le d g e ‫ז‬ t 0/ g e n e - T h e p la la systernatique tres differentes. Dans lesquels ce cas, ils ne derivent a un stade archa'ique ll . presente la condensation des [oret rnalgre en vient a un tel raison- on regroupe deux ernbryologiq~~ pas d'une structure de)a Aussi feconds qu'ils puissent etre dans de l'inforrnation, correspondent chez du vivant. M ais, pour pas toujours especes dans un rnerne genre, ont parfois des origines pas forcernent les « » ne de vue precon<;us NMLKJIHGFEDCBA points avec la realite du developpernent ni a celle de l'evolution. Par ailleurs, dirnension regrouper singuliere, une affaire d'especes. les individus en categories pour laisser sous-entendre Or ce n'est la qu'un rnasque leur que l'evolution raccourci est rnental fort trorn- peur. Une espece ne se transforrne ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA ja m a is en une autre. Ce sont certains individus direction gnent qui, dans leur singularite que prend l'histoire de l'archetype definissant Or cette dynarnique l'espece est irreductible le cas echeant, transitoires. sens (et rnerne a-dire en faisant qui lui est propre nernent epanouie). abstraction a une « consideration m o lo g ie ». du ternps E v o lu tio n , d'ens~rn- une rnyrlade ces forrnes qui donnent. son du vivant. La systernatlque que dans un repere fixiste, c'ests'ecoulant et de la singularite dans un tel repere qu'elle s'.est pl~i- Sinon, les problernes 11. Voir M . Denton, d'inventer ce sont justernent a l'histoire de la s'eloi- on les apparente. de la systernatique, (c'est d'ailleurs 1992), et plus particulierem ent a laquelle elle exigerait Paradoxalernent, sa direction) propre, sont a l'origine du vivant, et ce par le fait qu'ils n'est donc plus ou m oins satisfaisante 10. Les botanistes sont conscients de I'insuffisance du critere linl1een el1 ce qui concerne des il1dividus d'une m em e espece vivant dans des m ilieux differel1ts et d'allure fort divergente. M ais le problem e fut elague par de l'ernergence de l'histoire ne confirrne (a utilises pour classifier en une hierarchie fugaces, les laissees-pour-cornpte Or il est ten- du groupe, c'est-a-dire des caracteres du choix des criteres, notre etaient deja presents Par le biais d'un tel raisonnernent, une fois encore, l'observation ble ». Dans se fonde sur les hornologies l'eclaternent» La hierarchie rnes au fil de l'evolution. d'especes M ais ce n'est pas tout. La system atique avant« hornologues u ‫ז‬ surgissent e th e o r ie e‫ז‬ c r is e , le septiem e chapitre, « la tout de sUlte, et 11s Flam m arion d q a illa n c e (trad . d e l'h o - 81 Gerard Am zallag Pour une science de l'individu ressem b ‫ ן‬ent fort a ceux decrits par les historiens . de la sequence tem porel1e des lances successifs, m ontrant parfaite- La system atique est une form e ' '" connalt pas de d' . , . .tres partlcuIlere de science. Elle ne lm enSlon predlctlve tres rono ; que, en restant foncierem ent im ; , ‫ ץ‬. ,ncee. 11 se peut donc soit nullem ent re _ . pregnee d hlstolre, cette discipline ne , presentatlve des sciences du ;, physlque entretiendrait-elle un ra ' general. La tude ‫ ק‬Pour 1 h " pport plus slm ple avec ses objets d' e - pique n'im plique nullem ent qu'elle ait une correspondance au niveau m icroscopique. 11 existe des lois de nature exclusivem ent statistique, dont la fiabilite n'est due qu'a la predictibilite globale du com portem ent d'un tres grand nom bre d'unites elem entaires. Dans ce cas, la loi statistique peut bien avoir une consequence pratique (par son cote considere com m e une com m e la ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA p r c u v e de l'existence d'une inform ation genetique sous- f n eds 01S~uxq ~ eIs orm e e system atrque l]S obeissent peut etre 1 '; inerte» M ais ]a app lque au m onde , . , encore, tous les pheno ' . alsem ent enferm er d 1 m en.es ne se lalssent pas si ans un te carcan. Ou lus m er revient a laisser de ~t _ . p exactem ent, Ies enfer co e une part1e de 1 ; 1 " 1 ' m em ent liee au tem ps "1 a rea !te, ce le qUl reste inti s ecou ant . Prenons l'exem ple d'une plece "d e m onnale. q 1" . attribue une valeur de 0 1 ~ ;. ue on ‫ נ‬ette . 5 1 ‫ י ן‬on pour e cote p t! c et 1 1 ~, lequel elle s'im m obilise' pour e cote fa c c sur , on arrlvera alors a un 1 tant plus proche de 0 5 1 b e va eur m oyenne d'au , que e nom re de ] , donc possible de cond 1 1 ances sera grand. 11 sem ble enser a ongu d " coup apres cou, ar Ies ~ , escrlptlon du phenom ene , 1 ' 'd P P deux proposltl0ns suivantes . (1' ) 1 l lm 1te e la m d 1 . a va eur oyenne es ances est 0 5 . ( " ) 1 ' d'autant plus de cette valeu 1 " ,,1 1 a m oyenne s approche ‫ ג‬ne consid; r lm lte que le nom bre de lances est grand . erer que ces deux proposition ' ser que la stabilite d 1 1 s, on seralt tente de pen e a va eur m oyenne est l ' , , m inism e conditionnant h d expreSSlon d un d€ter c acun es lances lui-m e 1 ' ' ' m e p us ou m Olns perturbe par un bruit de f d C on. e qUl nous en em peche ici est Ie detail - Cet exem ple m ontre que l' existence d'une loi a l'echelle m acrosco- affirm e Russel, « l'existence de la lune et du . soleil: voire d ~ ~ :sSm lclen, o s , est une anecdot . blir Ies lois de Newton . a e qU1ne peut servir qu'a eta ne pom m e 12 A ,.' ses yeux, ces astres ne valent pas plus qu'u . » U SSl lncontournables u '] 1 ' rences entre ]a m asse d 1 q e es purssent etre, ]es diffe e a terre et cel]e d'une donnees qui alim entent un ~ t; pom m e ne sont que des les phenom enes en fonctio e ;e ~ e. orm ule. C ~tte m aniere de classer « 82 m ent que le resultat de chaque lance est im predictible. predictible), m ais elle n'est le reflet d'aucun determ inism e. Ces considerations sont pour le m oins triviales, on en conviendra . Ce qui l'est m oins, c'est la capacite de certains scientifiques a I'oublier. Par exem ple, on observe une grande ressem blance entre les parents et leur progeniture. NMLKJIHGFEDCBA O r cet argum ent est considere jusque de nos jours jacente au developpem ent, et le controlant jusque dans le m oindre de ses details. Cependant, com m e dans le cas de la piece de m onnaie, les details du developpem ent m ontrent une tout autre realite, et surtout une absence de regularite au niveau m icroscopique1 3 • De ce fait, l'inform ation genetique ne peut etre en lien causal avec le resultat final, et les « lois du developpem ent » ne sont tout au plus que des principes de nature statistique. Dans le cas de la piece de m onnaie, la m aniere la plus sim ple de se defaire d'un determ inism e m icroscopique est d'introduire la fleche du tem ps, c'est-a-dire de considerer la sequence des lances. M ais on peut egalem ent introduire la dim ension tem porelle durant Ie lance. C'est alors qu'une nouvelle realite apparait. 11 est inexact de considerer le Iance de Ia piece com m e im predictible. Bien-sur, le resultat est im possible a prevoir au tout debut. 11 depend d'infim es variations dans les conditions initiales, et dont les consequences ne feront que s'am plifier jusqu'a com plete stabilisation de la piece. De ce fait, le resultat devient de plus en plus previsible au ‫ת‬ 12. B. RU5sel, Oustr a d u is o n s . T h e a n a ly s is o j th e M . a tte r , A1len and Unwin, 1954, p . 177, 13. V oir G .N . A m zallag, L a r a is o n m a lm e n e e , CN RS editions, 2002, chap. 14. 83 Gerard Am zallag fur et l'h o . ‫ח‬ a rnesure zon lnvite a que ‫ י ן‬on d e p r e d ic tib ilite ' s'eloigne de ]'instant ' ., . d' d lnltlal. Cela slgnifie que se e te n au j i l d l ' C d u ance. ette observation re eux types de corn cornporternent irnpredictible (lors ue l' ~ orternents du ree1 : un contracte) et un corn q horlzon ternporel est trop , portem ent predictib1e (lorsq l'h . rel est suffisam m ent d'l t') C" ue orlzon tem po 1 a e. est unlquem ent d d qu'il est possible de conde 1 e 1 ans ce euxierne cas D 1 nser e r e observe a l'aide de lois ans e cas de la piece qu'on Iance l'h . .. grandit sim plem ent par 1 t : . . 1 .' , orlzon de predlctibilite . e talt que es Varlatl " , 1 Slvem ent am p1ifiees P' ons lnltla es sont progres , ar consequent la d " . types d'ho ' ' lstlnctlon entre les deux rlZons ternporels ne correspond 11 ' m etam orphose d'un '. nu em ent a une brusque unlvers Im predictible en d l' " un rnon e predictib1e . Elle n'est qu'une 1im ite c e ll d l' , e e app IcablJlt' d l ' taux acceptable d'erreurs L d'" e es 01Sm oyennant un . a lstlnctlon est donc a b'tr ' 1 conditionnee par le de ' d ", r 1 alre, e le reste gre e precls10n que l ' '1' P '11 Ut11sateur attend de J 1 . ar al eurs, on rernarque que l'h' " a 01. celui sur 1eque1«regnent d l' orlzon dllate de predictibilite , » es 01S ne d t ' nem ents s'etant produit d " 01 son eXlstence qu'aux eve s urant son em erge L h dua1ite du system e ne t d ~ , nce. a p ase d'indivi peu onc etre Ignoree ' , conditionne le ree1 en t t 'b" ' pUlsque c est elle qui an qu «0 elssant}) , . l ' quent, ce Sont 1es fond ~ a certalnes 015.Par conse em ents m ernes de 1" d tude qui e h ,. eXlstence e son objet d'e c appent a la SClencem oderne lors ' .. abstraction de cette pha d" d"d' qu e11eChOlS1td e [aire se ln IVl uallte14. 84 - distinguer ent Pour une science de l'individu . , De par sa capacite a condenser Ja de scrlptlon 1a 'd' 'b'I" d evenue non seulernent 1 ." d ' . . ' pre lCtl 1 lte est e crltcre e sClentlfi t' . re de choix des 6bjets d'et d 1 lCI e, m a1S encore le crited'. u e Sur esquels on se foca1ise d' bl' un teJ retrecissernent du h d" '. ern ee. Fort c arnp lnvestlgat 1 ' 1 M ' ., lon, e ree paralt bien obeir a des lois deterrn" Inlstes. alS 11n est " . sion, Les iois, quand el1es h quest10n IClque d'une illuapproc ent correctem ent le ree1, sont avant 14 D ' , '. . ou un m alalse eXlstentie] de 1a b' 1 ' 1 0 ogle m oderne, incapable de penser au phenom ene donnant ' em ergence i i l'ob'et d ' . J e son etude autrem ent que par pur hasard. Voir G N Am 11 L:' 57. " za ag, 'h ts to tr e . m a l in c u r a b le , .. o p . c it" p , 56- tout Ie reflet d'une stabilisation tardive de I'horizon tem porel detendu. 11n'est question ici que de « causalite em ergente », qui n'a rien NMLKJIHGFEDCBA a voir avec un determ inism e des constituants du system e. Une [ois stabilise l'horizon de predictibilite, la science peut faire abstraction des variations initiales du system e. Elle peut [aire du tem ps une donnee f1Xe,o bjective, un axe sur Iequel se trans[orm ent les objets d'etudes par l'interm ediaire des lois. C'est le ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA te m p s e x tn n s e q u e m esure par les chronom etres. Cependant, le tem ps prend une tout autre signification durant la phase d'em ergence de l'objet d'etude : l'extension de l'horizon de predictibilite signifie que le te m p s in tr in s e q u e du system e se dilate progressivem ent l5 • En ignorant les phases d'em ergence de son a objet d'etude, la science du general [ait donc m ene a I'exclusion nouveau un choix qui du tem ps intrinseque. 11 existe donc bien une s c ie n c e d e l'in d iv id u . C'est la science de l'e- m ergence des phenom enes. Cela n'im plique pas pour autant qu'il soit possible de suivre pas a pas chacune des unites concernees avant la stabilisation de l'objet d'etude. Par exem ple, l'em ergence de structures dissipatives en physique m et en jeu l'interaction de m il1iards de m illiards de m olecules s'organisant autour d'un evenem ent singulier. 11n'y a aucun m oyen pratique de m ettre en pleine application cette approche dans de tels system es. M ais l'anonym at inherent au grand nom bre d'unites elem entaires n'est pas le lot de toutes les sciences. En biologie, par exem ple, le nom bre de cellules [orm ant un em bryon precoce ne se chiffre pas en m illiards, m ais a quelques dizaines seulem ent. Et pourtant, il m ontre les m em es phenom enes d'auto-em ergence a partir d'evenem ents sin- guliers, Certes, l'organism e adulte est bien com pose d'un tres grand nom bre de cellules, m ais cela reste a travers la constitution de nom - breux niveaux d'em ergence em boltes les uns dans les autres, dans lesquels le nom bre d'unites en interaction reste chaque [ois relativem ent 15. r.idee d'un 1. Prigogine et 1, horizon variab1e de predictibi1ite est deve10ppee par Stengers, E n tr e ! e te m p s e t ! 'e te m ite , F1am m arion, 1992. 85 Gerard Am zallag Pour une science de l'individu lim ite l6 • un determ inism e em ergeant au cours de la dilatation de l'horizon tem porel, de par la fixation d'evenem ents singuliers s'etant trouves ~ organism e est donc le fruit d ' 1 ' . d" une ongue serle de pheno ' em ergence. On peut e '1 m enes , n VOlr a trace parce que Je develo ppem ent n est pas un processus lin" 11 ' ealre. est ]alonne par d e .' J durant lesqueJJes J'o g , . es P ‫ ז‬o u e s c r itiq u e s r anlsm e se trouve l1tteralem ent d ' ses constituants, les organes l7 0 . « em antele)) en . r ces perl0des critiques .. 'd avec les changem ents profond ' , COlnClent S S operant norm alem ent durant le develo ppem ent. Cette « chaotisation ))du fo ' nctlonnem ent norm al cor respond i un retrecissem ent de J'h' ' orlZon tem porel prop ' ' d organisation (dans c l' " re a ce nlveau h' e cas, organlsm e lntegre) L transitoire du fait que au d ' . . e p enom ene est , term e e la perl0de criti ue ' nouveaux rapports h' q , em ergent de arm onleux entre organes 18 C d dem anteJem ent/reassociation (' 'd 1 . ette ynam ique de ' a partlr e aquelle s ' e m etam orphose l organism e en develo) , ppem ent conlere au te ", d lm e n s io n p u ls a tile centree autour des "d m ‫ ~ ץ‬lntrlnseque une ~ d' perlO es Crltlques On ' m em e lre que c'est l'arr ~t d l' . pourralt e e ces pu satlons du t '. fait entrer l' . em ps Jntrlnseque qui , organlsm e en phase adulte . I.:absence d'une science de 1 " ln d'lVl'd u (qul' se 'C lisation de 1 b' 1 . m anl1este par 1a foca a 100gIe m oderne sur l'€tud d ' adulte) peut eventue11em t ' e es organlsm es a l'etat lise, m ais i1 ne s'agit enc en m enfce ~ a une form aiisation de l'etat stabi ore une 01Sque d' d " d'un type particulier de h" une escrlptlon condensee p enom enes et non de leur co 'h ' P our entrevoir non seule m pre enSl0n , 1" , m ent em ergence m ais enc 1 h ' , d un organism e il faut f . 1 ' ore a p YSlo!ogle , alre appe non pas a un d't " tique de contro1e de la m . d d e erm lnlsm e gene Oln re es etapes du developpem ent, m ais a 86 - . 16. A. De-Loof et J. Vanden-Broeck, C o lije , d e a th a n d th e f r c e d ‫ ז‬v in g vol. 125, p , 5-28 . 17. Le m em e ‫ ן ס‬e v o l' t '. m m ~ n ‫ ן‬c a t ‫ ן‬o n : th e k e y t ‫ס‬ d e jin in g t ‫ ן‬o ‫ מ‬. Belglan Journal ofZoology , 1995 , ' , p h enom ene se retrouve a d' , h du vivant, Voir A.V Zhirm unsky et VI K ~utres ~c elles de I'organisation m e n t 0‫ מ ן‬a t t r a l f'o } s te m sSp . vc 1" zm ln, C n tz c a lle v e ls in th e d e v e ! o‫ י‬P • -J • rlnger- er ag , 1988 . 18. VOlrG N Am II 7'L d " za ag, ~ fle a d a p tiv e p o te n tia l if l d e n c efr o m th e r e s p o m e 1 0 s a li " 1. " ~ p a n t e v e ! o p m e n t: e v i ' d' , n t y . n. S a ! tn tty 'e n V lr o n 1 ( e Ite par A. Lauchli et U Liitt ) KJ . m e n t, p a n ts , m o le c u le s . ge, uW er, 2002, p , 291-313 . soudainem ent am plifies. Dans l'approche classique, celle d'un tem ps lineaire et extrinseque , c'est la ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA r e g u la r ite des phenom enes qui en conditionne l'interet scienti fique. M ais la science classique n'est pas pour autant un catalogue de phenom enes reproductibles. I:experience n'a de sens que par rapport i une theorie i verifier, au point ou, com m e l'affirm e Alexandre K.oyre 19 ,NMLKJIHGFEDCBA « I;experim entation est un processus teleologique dont le but est determ ine par la theorie). Ce m ode d'approche du reel peut fort bien convenir i un m onde regi par des lois qu'il reste a identifier, m ais pas i un reel foncierem ent im pregne d'un tem ps intrinseque de natu re pulsatile. Dans ce cas, l' evenem ent se deroulant dans un horizon tem porel contracte ne peut nullem ent etre condense. d e s u n ite s e t le u r d e tJ e n ir im m e d ia t r a tio n . C 'e s t l'e n s e m h le q u i d o it to u jo u r s e tr e p r is e n c o n s id e - Une telle realite invite i un changem ent d'approche experi - m entale . 11 devient illusoire de rechercher i identifier a p r io r i une quel - conque loi dans le vivant. 11 faut se contenter, en prem ier lieu, d'accu m uler tous les faits, m em e s'ils n'ont pas de rapport avec une theorie . C'est par eux qu'il devient possible de reconnaitre la phase systolique du tem ps intrinseque, caracterisee entre autres par l'augm entation subite de variabilite face i une perturbation. C'est egalem ent la raison pour laquel1e on ne peut decider a p r io r i des criteres de representation du system e. Un m em e param etre devient successivem ent im portant et insignifiant au fil de la pulsation du tem ps intrinseque. Com m e im possible de decider a p r io r i il est de cette dynam ique, il faut laisser les param etres les plus significatifs em erger et disparaitre d'eux-m em es, a divers m om ents du tem ps intrinseque. Un tel enonce peut paraitre quelque peu extravagant, surtout face i la solidite des raisonnem ents 19. A. Koyre, U n e e x p c r ie n c e d e m e s u r e , In : E tu d e s d 'h is to ir e d e /a p e n s c e s c ie n tijiq u e , Gallim ard, 1973, p. 290. 87 Gerard Am zalIag Pour une science de l'individu qu'edifie la science du genera1. M ais il a au m oins l'avantage de laisser a l'objet d'etude 1esoin de definir 1ui-m em e ses propres criteres de description, le s statistiques se developper e nt en vue de tester des De m em e que ZYXWVUTSRQPONMLKJIHGFEDCBA a theories, i1 est tout fait envisageable de developper de nouveaux outils m athem atiques d'analyse com patibles avec les exigences d'une science de l'individu. Les perform ances des ordinateurs m odernes rendent aujourd'hui possib1e ce genre d'approche, si bien que la science de l'individu n'est pas condam nee a rester un sim ple cata!ogue de faits, com m e elle l'etait a l'epoque pre-scientifique. E11eest en m esure de se doter des m oyens d'entrevoir l'em ergence, la v e n u e -a u -m o n d e d'un objet d'etude. C'est cette phase creative, celle qui est la plus riche de sens dans Ies cultures archai'que, qui fut com pletem ent occultee par l'edification d'une science du general, Lepanouissem ent de la science m oderne est une aventure unique dans I'histoire de l'hum anite. De nom breux peup1es Ont developpe Un savoir tres pOUs5edans des dom aines varies, (que l'on pense nom ie baby1onienne, se, a ‫נ‬a a , ~ e la re le generale ne signifie pas [orcem ent une eXceptlon plutot qu g 1 ant eux n'etait capable form uler ce que nu av , que les grecs ont su ~ certains penseurs grecs, 11 est ' H ' e rang suprem e par NMLKJIHGFEDCBA ; , d'entrevOlr. ISS e au , d" 11' 'b'lite» de l'Univers etalt ' 1 tt «exlgence lnte Igl 1 , [ort posslb e que ce e , ne sim ple aberratlon , ' 1 contem poralns com m e u regardee par eurs, e foncierem ent incom pres ' '; 1 ee! etaJt per ~u com m Dans sa dlverslte, e r ; , (en term es m oder ' hases les plus creatrlces sible, du m Olns dans se ~ ~ , , » ) les seules qui interessaient nous dirions les « perlodes cntlques , es nes , ' 'f ‫ו‬ ' reellem ent les h om m es des cultures pre-Sclentl lqU , a l'astro - d est m aintenant entoure, de m achines '; veritables , 1 Notre' m on e 1; '; ;1; par la science du genera . 1 de 101S « reve ees » , incarnatlons dans e ree , , t de ces m achines reusslt a fi e nous tirons quotldlennem en , Le pro lt qu , 'b'!' , des processus createurs bl' de l'lncom pressl J lte occulter le pro em e 1 processus createurs qu'il ' 1 M ais en cela, ce sont es , 'd inherents au ree . la science de !'indlvl u exclut de notre conscience. Et ce sont eux que invite a reconsiderer. la m edecine indienne, a la m etallurgie cretoi - navigation cadm eenne ou a la chim ie chinoise) m ais celui-ci n'a jam ais don ne lieu au deploiem ent d'une veritable « science du general '> . Com m e l'affirm e A. Koyre, « ce Sont les grecs qui, pour la prem iere foi5, ont con ~u et form ule l'exigence intellectuelle du savoir theorique : sauver les phenom enes, c'est-a-dire form uler une theorie explicative du don ne observable 20 '> , La science du general (et avec el1e la philosophie) naltdonc elle aussi d'un point de vue precon ~u : l'idee 88 - ouvertem ent affirm ee d'une transcendance lois, soit encore une e x ig e n c e cience de la diversite du reel . de l'observable par des d'intel1igibilite aU-dela de toute cons - M ais la necessite d'une science de J'individu invite la chose. Le fait que, dans J'Antiquite, le 20. A. Koyre, E ta p e s d e la s c ie n tijiq u e , op. cir., p . 89. cO s « a m iracle grec reconsiderer » represente o lo g ie s c ie n tijiq u e , In : E tu d e s d e ‫ ן‬a p e n s e e 89