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Kévin DI MODICA,
Grégory ABRAMS,
Dominique BONJEAN,
Dominique BOSQUET,
Patrick BRINGMANS,
Cécile JUNGELS
et Caroline RYSSAERT
Le Paléolithique moyen
en Belgique : variabilité
des comportements
techniques
Résumé :
Situé au cœur de l’Europe du Nord-Ouest, le territoire belge se caractérise par l’apposition de régions naturelles aux caractéristiques contrastées sur un espace restreint. Il est favorable à l’étude de la relation de
l’homme préhistorique à son environnement par le biais des importantes
disparités géographiques qu’il présente en termes de ressources minérales
disponibles (présence/absence de silex, morphométrie des nodules disponibles), de relief (plaines/vallées encaissées et plateaux), et de types de
sites représentés (plein air/grottes).
Les résultats produits par les fouilles récentes et par le réexamen d’anciennes collections permettent d’aborder les causes de la variabilité importante des industries lithiques telle que constatée depuis plus d’un siècle.
L’étude d’industries lithiques réparties en différents points du pays permet
de proposer un modèle de gestion du territoire par les populations néandertaliennes.
Celui-ci consiste en un système original et performant d’adaptation aux
divers contextes. Il se traduit par des différences régionales concernant
les stratégies d’acquisition des matières premières et les systèmes techniques mis en œuvre. Dans cette optique, les tendances « charentiennes »
enregistrées par certaines industries lithiques sont à considérer comme
des réponses particulières à des milieux contraignants.
Il en résulte que le rapport à l’environnement constitue un « niveau
primaire » de diversité, auquel d’autres facteurs se surimposent pour générer
un « niveau secondaire » de variabilité : chronologie et variations paléoenvironnementales, fonction des sites, durées et modalités d’occupation,
traditions techniques et culturelles. C’est en tout cas ce que montre la
confrontation des séries prises en compte : des sites d’époques différentes
mais localisés dans une même région présentent plus de similitudes entre
eux que des sites pénécontemporains tributaires de sous-sol distincts.
Mots-clefs :
Belgique, relation homme préhistorique – environnement, modalités
d’occupation, traditions techniques et culturelles.
Abstract:
Located in the heart of north-western Europe, Belgium is characterised
by contrasting natural regions juxtaposed within a restricted space. The
geographic differences in terms of: irst, available mineral resources
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K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
presence/absence of lint, morphometry of available nodules); second,
topographic relief (plains, steep sided valleys, plateaus), and third, types
of sites represented (open air, caves) make Belgium a favourable region
for the study of the relationships between prehistoric people and their
environment.
The results obtained from recent excavations and from the re-examination
of ancient collections facilitate a reassessment of the causes of the signiicant variability recognised for over a century in the lithic industries. The
re-analysis of the lithic industries present in different parts of the country
suggests a model for territorial management by Neanderthal populations.
This management of territory consists of an eficient adaptation to
different contexts and translates into regional differences concerning the
strategies of primary material procurement and the lithic techniques
utilised. In this context, the Charentian tendencies in some lithic industries
occur as responses to speciic constraints.
As a result this connection to the environment creates a primary level of
diversity in which other superimposing factors generate a second level of
variability. These superimposing factors include: chronology and palaeoenvironmental variation; function of the sites; duration and modality of occupa
tions; technical and cultural traditions. In any case consideration of these
factors demonstrates that the sites from different epochs located in the same
region show more similarities between them than plenicontemporaneous
sites from different geographical contexts (Trad. : Cheryl Roy, Department
of Anthropology, Faculty of Social Sciences, Vancouver Island University).
Keywords:
Belgium, connection of prehistoric man to his environment, palaeoenvironmental variation, modality of occupations, technical and cultural
traditions.
1. IntroductIon
En Belgique, la recherche sur le Paléolithique
moyen suit deux voies : la fouille de certains sites dans
le cadre de travaux programmés ou de sauvetage et le
réexamen des nombreuses collections amassées depuis
1829 et les premiers travaux de P.-C. Schmerling
(Schmerling, 1833 et 1834).
Le premier de ces axes est illustré à la grotte
Scladina, investiguée depuis 1978 et qui fait
aujourd’hui l’objet d’une étude permanente. Les
problématiques qui y sont traitées en ce moment sont
nombreuses (Bonjean et al., 2006 et 2009). Elles
concernent tant les restes humains (Orlando et al.,
2006 ; Smith et al., 2007) et les industries lithiques (Di
Modica, 2010 ; Di Modica et Bonjean, 2009) que leur
cadre stratigraphique, chronologique et paléoenvironnemental (Pirson, 2007 ; Pirson et al., 2008). Les sites
de la grotte Walou (Draily, 2004), de Remicourt « En
Bia Flo I » (Bosquet et al., 1998), du Trou de l’Abîme
à Couvin (Pirson et al., 2009), de Veldwezelt Hezerwater (Bringmans, 2006) et de Veldwezelt Op de
Schans (Van Baelen et al., 2008) constituent d’autres
exemples.
Le second axe consiste à revoir une série de collections anciennes (cf. notamment Di Modica, 2005 et
2010 ; Di Modica et Jungels, 2009b ; Jungels, 2005 ;
Jungels et al., 2006 ; Pirson et al., 2009 ; Rougier et al.,
2004 ; Rougier et al., 2009 ; Ryssaert, 2001 et 2006).
En effet, la documentation disponible est considérable :
437 points de découverte répartis sur l’ensemble du
territoire ont été identiiés. Parmi ceux-ci igurent
46 sites en grotte (dont 16 majeurs) et 391 sites de
plein air (dont 31 majeurs). Au total, ce sont plusieurs
centaines de milliers d’artefacts et des ossements néandertaliens, provenant de huit sites différents 1, qui ont
été découverts.
Cette dualité de la recherche est nécessaire.
L’examen du matériel provenant des fouilles récentes
produit des résultats d’une précision sans égal à celui
des collections anciennes. Cependant, délaisser la
documentation accumulée depuis les premières investigations pourrait conduire à des conclusions partielles,
voire à leur généralisation abusive. En Belgique, les
résultats obtenus sur les séries mises au jour ces vingt
dernières années ne suffisent pas à élaborer des
synthèses à l’échelle régionale. Oublier les collections
anciennes en invoquant les meilleures garanties
contextuelles offertes par les travaux les plus récents
reviendrait tout bonnement à afirmer que les résultats
fournis par ceux-ci sont représentatifs de l’ensemble
des productions réparties sur le territoire, ce qui n’est
absolument pas le cas 2.
2. cadre géographIque
La Belgique est un territoire de l’Europe occidentale coincé entre la France, le Luxembourg, l’Allemagne, les Pays-Bas et la mer du Nord (FIG. 1). Il est
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Fig. 1 – Carte de localisation de la Belgique dans son contexte européen.
Fig. 1 – Map of Belgium in european context.
Fig. 2 – Carte géologique de la Belgique et des contrées limitrophes (d’après Boulvain et Pingot, s. d.).
Fig. 2 – Geological Map of Belgium and the adjacent regions (after Boulvain et Pingot, s. d.).
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situé à la jonction de zones géologiques et géographiques contrastées (FIG. 2), ce qui en fait un cadre de
vie diversiié pour les populations préhistoriques.
Le substrat géologique varié, la topographie et le
réseau hydrographique participent au découpage du
paysage et contribuent à la constitution d’un territoire
« en mosaïque » qui contracte, sur un espace restreint,
des régions aux caractéristiques naturelles assez différentes les unes des autres (De Heinzelin, 1984). De
manière générale, le territoire est habituellement
subdivisé en trois régions qui se répartissent le long
d’un axe sud-est – nord-ouest : la haute, la moyenne
et la basse Belgique (FIG. 3).
La haute Belgique se trouve au sud du sillon
Sambre-et-Meuse et son altitude est comprise pour
l’essentiel entre 200 m et 694 m. Elle est essentiellement constituée par des roches sédimentaires marines
d’âge paléozoïque, dures et fortement plissées, qui
constituent le prolongement occidental du massif
schisteux rhénan et confèrent à la région un relief
prononcé (De Moor et Pissart, 1992 ; Maréchal, 1992).
Elle est composée de plateaux profondément entaillés
par le réseau hydrographique du bassin Mosan, dont
les vallées fortement encaissées recèlent de nombreux
abris naturels – grottes et abris sous roche – lorsqu’elles
exposent les calcaires du Dévonien et du Dinantien.
Les ressources en silex crétacé y sont limitées étant
donné la faible représentation des roches postpaléozoïques. Celles-ci n’afleurent largement que
dans le pays de Herve et se trouvent sous forme de
placages résiduels dans les Hautes-Fagnes ainsi qu’en
Thudinie. Le Quaternaire est représenté par une pellicule pluridécimétrique à métrique, souvent composée
de dépôts caillouteux associant du lœss et le résidu du
substratum (Maréchal, 1992). En dehors du milieu
karstique, il n’est donc pas favorable à une bonne
préservation des témoins paléolithiques.
La moyenne Belgique débute au nord du sillon
Sambre-et-Meuse et possède une altitude comprise
globalement entre 100 m et 200 m. Elle se caractérise
par un substratum essentiellement Méso- et Cénozoïque
d’origine marine composée de craies, de grès et de
Fig. 3 – Carte topographique de la Belgique avec iguration du réseau hydrographique. Les points clairs et numérotés de 1 à 8 correspondent aux sites
mentionnés dans le texte. Les aplats gris représentent les zones d’afleurement du Crétacé.
Fig. 3 – Topographic map of Belgium with representation of the hydrographic network. The bright dots and numbered 1 to 8 correspond to the sites mentioned in the text. The grey areas represent the Cretaceous outcrops.
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
sable. Celui-ci repose en discordance sur le socle paléozoïque, qui est exposé dans certaines vallées. Son relief
est peu prononcé, composé de vallons et de plateaux
découpés par le réseau hydrographique du versant nord
du bassin Mosan ainsi que par celui du bassin de
l’Escaut (De Moor et Pissart, 1992 ; Maréchal, 1992).
Des abris naturels sont présents dans certaines vallées
lorsque les cours d’eau entaillent les calcaires Dinantien
qui afleurent en bordure du sillon Sambre-et-Meuse.
Les ressources en silex crétacé sont nombreuses et de
qualité variable. Le Crétacé afleure en Hesbaye, dans
le bassin de Mons, et dans le Tournaisis. Les blocs de
silex y sont présents sous forme autochtone ou autochtone secondaire (sensu Turq, 2005). Ils se retrouvent
aussi en contexte allochtone (sensu Turq, 2005), remaniés sous forme de galets au sein de nappes alluviales
ou de cailloutis mis en place lors des transgressions
marines du Tertiaire. La région compte aussi d’autres
roches aptes à la taille (phtanite, grès et quartzite),
auxquelles les Néandertaliens ont eu recours. Le Quaternaire est représenté par une couverture lœssique dont
l’épaisseur est variable mais qui peut atteindre 20 m en
maints endroits (Haesaerts et al., 1997). Ces dépôts sont
favorables à la préservation des occupations humaines
et des signaux paléoclimatiques.
La Basse Belgique, qui s’étend jusqu’à la côte, se
caractérise par l’afleurement de dépôts du Tertiaire et
du Quaternaire, pour l’essentiel d’origine marine, estuarienne ou côtière. Son relief est aujourd’hui plus monotone, composé de plaines ponctuées de quelques collines
et crêtes formées de sédiments cénozoïques (« monts
des Flandres »), de quelques cuestas et d’une vaste
dépression aujourd’hui colmatée (« vallée lamande » ;
Tavernier et De Moor, 1974). Cette dernière atteint la
côte altimétrique de – 30 m par endroits. Elle a été
formée au Saalien lors de l’encaissement du bassin
hydrographique de l’Escaut qui accompagne la baisse
du niveau marin et fut envahie par la mer lors de la
transgression marine eemienne avant d’être progressivement remplie de sédiments estuariens et marins durant
le Dernier Glaciaire (Gullentops et Wouters, 1996 ;
Vanneste et Hennebert, 2005). La basse Belgique est
totalement dénuée d’abris naturels et pauvre en silex.
Celui-ci se trouve en contexte allochtone, inclus sous
forme de galets dans des cailloutis alluviaux ou marins.
Le Quaternaire y est représenté de manière variable et
souvent défavorable à la connaissance des occupations
du Paléolithique moyen en raison de phénomènes
postdépositionnels les démantelant (par ex. : transgressions marines et remaniement en contexte luviatile
dans la « vallée lamande », érosion importantes affectant les pentes des « monts de Flandre »).
3. dIsparIté régIonale
des IndustrIes
C’est dans ce cadre contrasté que prennent place
les implantations néandertaliennes. La disparité
d’aspect des industries lithiques du Paléolithique
moyen a depuis longtemps été mise en évidence.
213
Dès la in du xixe siècle, É. Dupont souligne les
différences entre les découvertes faites en plein air
dans la région de Mons et dans les grottes mosanes
pour suggérer l’existence de deux peuplades paléolithiques distinctes, l’une occupant les grottes et l’autre
les sites de plein air (Dupont, 1886).
Depuis, diverses hypothèses ont été avancées ain
d’expliquer cette variabilité. Chaque facteur envisagé
(typologie, technologie, économie des matières
premières, chronologie, paléoenvironnements, fonction
des sites) relète la diversité des séries mais aucun n’a
pu, à lui seul, en expliquer les causes et rendre compte
du caractère atypique de certaines industries belges au
sein desquelles tous s’accordent à voir des particularismes régionaux qui les distinguent de celles mises
au jour dans les régions limitrophes (cf. notamment
Cahen, 1984 ; Ulrix-Closset, 1975, 1981 et 1990 ; Van
Peer, 2001).
Récemment, l’hypothèse d’un lien étroit entre la
variabilité des industries lithiques et deux paramètres
relatifs au cadre naturel qui apparaissent a priori
importants en termes d’implantations préhistoriques a
été développée : la disponibilité du silex et le type de
site occupé (Di Modica, 2010). En jouant sur ces deux
variables, quatre catégories ont pu être déinies :
- les sites en grottes éloignées des affleurements
crétacés : il s’agit des cavités situées en haute
Belgique et pour lesquelles l’approvisionnement en
silex se révèle problématique, soit parce que les
gîtes sont éloignés (parfois de plus de 30 km à vol
d’oiseau), soit parce qu’ils sont séparés des sites par
un obstacle orohydrographique : la vallée de la
Sambre ou celle de la Meuse. Cette catégorie
comprend aussi la grotte de la Bètche-aux-Rotches
à Spy, située en Moyenne Belgique, en bordure du
sillon Sambre-et-Meuse. Là, l’éloignement des
affleurements crétacés contenant du silex est de
21 km à vol d’oiseau ;
- les grottes proches des afleurements crétacés : il
s’agit des grottes situées dans la vallée de la Vesdre
en haute Belgique et dans celle de la Mehaigne en
moyenne Belgique. Le silex y est aisément disponible, car elles sont bordées par les plateaux crétacés
du pays de Herve pour la première, de Hesbaye pour
la seconde. Les nodules de silex y sont disponibles
en contexte autochtone ou autochtone secondaire le
long des versants, parfois aussi remaniés par les
cours d’eau ;
- les sites de plein air éloignés des affleurements
crétacés : cette catégorie concerne l’ensemble des
sites de plein air à l’exclusion de ceux localisés
directement sur les afleurements crétacés. En haute
Belgique, le silex est absent ce qui nécessite son
importation. En moyenne Belgique, le silex est par
contre souvent présent sous forme de galets marins
et/ou luviatiles ;
- les sites de plein air proches des affleurements
crétacés : localisés dans le pays de Herve, en
Hesbaye, dans le bassin de Mons et sur les afleurements du Tournaisis, ils bénéicient d’une situation
favorable en termes d’approvisionnement en silex.
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
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K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Les nodules sont disponibles directement à l’afleurement ou remaniés à divers degrés le long des
versants des vallées, au sein de nappes luviatiles ou
de cailloutis marins.
L’examen de plusieurs industries lithiques dépendant de ces différents types d’environnements naturels
permet de comprendre la manière dont les Néandertaliens ont répondu aux disparités régionales en matière
de ressources minérales.
3.1. les grottes éloIgnées
des aFFleurements crétacés
Trois cas de igure permettent d’aborder différents
aspects de ce type de situation : celui du Trou du
Diable à Hastière-Lavaux, qui se caractérise par un
éloignement considérable de tout gîte de silex, celui
du niveau 5 de la grotte Scladina, pour lequel la
distance d’approvisionnement n’est pas trop importante mais nécessite de franchir la Meuse, et celui de
la grotte de la Bètche-aux-Rotches à Spy, cette dernière
est éloignée des afleurements crétacés mais proche
de gîtes de silex sous forme de galets luviatiles.
le trou du diable à hastière-lavaux
présentation
Exploré à plusieurs reprises depuis la fin du
siècle (cf. Di Modica, 2009), le Trou du Diable a
livré un abondant matériel du Paléolithique moyen au
sein d’une stratigraphie pas toujours sufisamment
maîtrisée. Une série d’arguments (observations stratigraphiques et de faible distribution horizontale des
artefacts selon certains fouilleurs, taphonomie homogène, caractéristiques techno-typologiques cohérentes,
présence de remontages) laisse penser que ce matériel
correspond essentiellement à une seule occupation.
Le site est localisé dans la région de la haute Meuse,
à proximité d’Hastière (Belgique) et de Givet (France).
Il est situé dans la vallée du Féron, un afluent de la
rive droite de la Meuse qui se jette dans le leuve à
600 mètres en aval (FIG. 3, No 3).
L’environnement géologique local se caractérise par
la présence conjointe de calcaires, de grès et d’anciennes nappes alluviales de la Meuse.
L’industrie lithique est aménagée sur une gamme
de roches variées. Le silex, largement employé, a
forcément été amené au site. L’examen des surfaces
corticales conservées sur certains artefacts montre
qu’il est crayeux érodé, ce qui relète un approvisionnement en contexte autochtone ou autochtone
secondaire et renvoie à des zones d’approvisionnement
distantes de plus de 30 km à vol d’oiseau. Des galets
de quartzite, de quartz et de grès ainsi que des blocs
de grès, de calcaire et de chert carbonifère ont aussi
été utilisés. Tous sont disponibles localement soit en
contexte alluvionnaire, soit à l’afleurement. De rares
pièces présentes sous forme de produits inis illustrent
de manière anecdotique l’exploitation d’autres
xixe
matériaux siliceux (phtanites, grès siliceux) indisponibles autour du site.
traitement du silex
L’essentiel des éclats et les nucléus forment un
ensemble cohérent et relètent une activité de débitage
menée au site. Puisque les produits relatifs aux phases
d’épannelage et de préparation des matrices sont sousreprésentés, il apparaît que le silex a été importé sous
forme de nucléus. Quelques éclats et outils retouchés
de dimensions importantes témoignent de l’apport de
supports déjà débités en complément.
La production est orientée vers l’obtention d’enlèvements tranchants sur tout leur pourtour par un débitage récurrent multidirectionnel sur une surface unique.
Les éclats témoignent de la préparation importante des
nucléus, notamment en ce qui concerne les plans de
frappe car les talons sont fréquemment facettés. Le
débitage est opéré de cette manière quasiment jusqu’à
l’abandon des nucléus : de petits éclats (2 à 3 cm de
long) présentent ce type de talon. Les nucléus, à
exhaustion complète, illustrent quant à eux l’ultime
phase de production (FIG. 4). Ils sont parfois unifaciaux,
le plus souvent polyédriques, et procèdent d’un débitage mené sur plusieurs surfaces sans véritable organisation. Ces données restituent une réduction importante des volumes selon une conception unifaciale,
suivie par une production d’éclats beaucoup plus aléatoire juste avant l’abandon des nucléus à exhaustion
complète.
La retouche, sur le silex, est orientée vers la production de racloirs et de pointes moustériennes. Elle
concerne les pièces les plus grandes de la série
(FIG. 5a).
La réduction de l’outillage est particulièrement
importante. Les outils sont rarement entiers et résultent
souvent de diverses phases de transformation qui
relètent un même souci d’économie du matériau que
celui illustré par le débitage.
La série comporte de nombreux instruments brisés
et réaménagés. Les fragments distaux ou mésio-distaux
ont été refaçonnés au niveau de la surface de fracturation (FIG. 5b-c), probablement ain d’en faciliter la
préhension. Les fragments proximaux ou mésioproximaux ont été profondément modiiés par une
nouvelle phase de retouche : il en résulte le plus
souvent des pièces appartenant aux mêmes catégories
typologiques que les entières mais dont les dimensions
sont beaucoup plus réduites (FIG. 5d).
Une trentaine de pièces triédriques relète une stratégie originale de réaménagement des pièces retouchées : ce sont des extrémités distales de pointes
moustériennes détachées par percussion ain de faciliter le réaffûtage de la partie convergente de l’outil
(FIG. 5e).
Enin, quelques rares fragments de racloirs à dos
témoignent d’une stratégie encore plus surprenante de
remploi. La percussion du dos du racloir le brise en
deux, ce qui produit sur chaque fragment un nouveau
tranchant, adjacent à la surface retouchée. Deux de
ceux-ci ont d’ailleurs pu être remontés pour reconstituer l’outil initial (FIG. 5f), tandis que d’autres attestent
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Fig. 4 – Trou du Diable (Hastière), nucléus épuisés. d et f : débités sur une surface unique ; a, b, e et g : sur deux surfaces opposées ;
c : sur deux surfaces perpendiculaires (dessins K. Di Modica ; DAO M. Boufioux et M. Bakara).
Fig. 4 – Trou du Diable Hastière), exhausted cores. d and f: knapped on a single surface; a, b, e and g: on two opposing surfaces;
c: on two perpendicular surfaces drawings K. Di Modica; CAD M. Boufioux and M. Bakara).
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Fig. 5 – Trou du Diable (Hastière) : l’outillage est orienté vers la production de pointes et de racloirs sur les supports les plus grands (a) et se caractérise par le recours à divers systèmes de recyclage.
Fig. 5 – Trou du Diable (Hastière): the tool kit is oriented towards a production of points and side-scrapers from the largest blanks (a) and is characterized by the use of various recycling systems.
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
l’objectif de la manœuvre puisqu’ils présentent une
série de retouches qui aménagent le tranchant ainsi
obtenu (FIG. 5g).
L’ensemble de ces données montre une nette volonté
d’économiser le matériau, à mettre en relation avec
l’éloignement des gîtes : les blocs sont préparés avant
l’arrivée au site, la réduction des nucléus est poussée
au maximum et les outils sont recyclés.
217
compléter l’outillage en silex, ainsi que l’activité de
recyclage qui caractérise ces derniers, sont liés aux
contraintes économiques engendrées par l’éloignement
des gîtes de silex.
la grotte scladina à sclayn
présentation
traitement des autres roches
Les autres roches, pour l’essentiel acquises aux
alentours du site, viennent compléter la production
menée sur le silex importé.
Les nucléus sur galets de quartz et de quartzite
montrent le recours à plusieurs systèmes de débitage.
Une bonne moitié des nucléus est exploitée en modalité récurrente sur une surface. L’autre face est alors
arrondie et constituée par le cortex luviatile du galet ;
elle peut être préparée par quelques enlèvements périphériques. Le reste des nucléus est constitué de pièces
produites à partir de deux surfaces opposées en modalité récurrente centripète, de nucléus débités en
chevrons sur deux surfaces selon une modalité
récurrente unipolaire, et de nucléus « sur tranche » 3.
Les supports ainsi produits sont souvent asymétriques,
opposant un dos à un tranchant à peine retouché.
Les nucléus en calcaire et en chert carbonifère sont
exploités selon des modalités récurrentes et linéales
sur une ou deux surfaces de débitage opposées. Ceux
sur une face pourraient, selon les auteurs, être qualiiés
de discoïde unifacial ou de Levallois et s’intègrent
dans la variabilité des productions sur une surface
unique (Lenoir et Turq, 1995). Ceux sur deux surfaces
évoquent le débitage discoïde bifacial. Pour l’essentiel,
les produits de débitage se résument à des fragments
ou débris inexploitables en raison de la mauvaise
qualité du matériau qui présente de nombreux plans
de fracturation internes. Certains nodules plus homogènes ont cependant permis la production d’éclats et
de pointes de débitage récurrent multidirectionnel, soit
tranchants sur tout leur pourtour, soit à dos. Ces
supports, aussi performants que des éclats de silex
lorsque l’on arrive à produire un tranchant convenable,
ont été fréquemment retouchés et participent à la
constitution d’un ensemble d’outils non standardisés,
qui paraît complémentaire à celui produit en silex.
synthèse
L’absence de silex exploitable dans la région de la
Haute-Meuse a nécessité le transport, sur plus de
30 km, de supports (nucléus et éclats) qui ont probablement été produits à l’occasion d’une halte précédente dans une région où le silex afleure. Le transport
du matériau sur une telle distance et l’éclatement de
la chaîne opératoire en des lieux distincts laissent
penser que les Néandertaliens avaient planiié leur
halte à Hastière et connaissaient très bien le type d’environnement dans lequel ils étaient amenés à
évoluer.
Sur place, la très forte réduction des produits en
silex, l’emploi d’une gamme variée d’autres matériaux, la retouche des supports en chert afin de
La grotte Scladina est l’objet de recherches méthodiques et continues depuis 1978 (Bonjean, 1998b).
Elle a livré un abondant matériel lithique correspondant à plusieurs occupations (Di Modica et Bonjean,
2004), dont deux particulièrement importantes : celles
de la couche 1A qui se rapporte au Pléniglaciaire
moyen du Weichselien et de la couche 5 datée du
Début Glaciaire weichselien (cf. Otte et al., 1998a ;
Pirson et al., 2008). Elles ont été réexaminées récemment et présentent l’avantage de comporter un grand
nombre de remontages qui permettent d’approcher
dans les détails les chaînes opératoires mises en œuvre
(Di Modica, 2010). Nous traiterons ici exclusivement
du matériel de la couche 5.
La grotte se situe au niveau du cours moyen de la
Meuse (FIG. 3, No 4), entre les villes de Huy et de Namur,
dans un petit vallon adjacent au leuve, celui du Ri de
Pontainne, qui passe en contrebas de la grotte, environ
750 m avant de se jeter dans la Meuse (Bonjean,
1998b).
Le substrat géologique alentours est essentiellement
composé de calcaire. Des placages tertiaires et d’anciennes terrasses mosanes sont aussi représentés.
L’industrie lithique est réalisée sur plusieurs roches
différentes. La présence en quantité du silex implique
son transport et le franchissement à gué de la Meuse.
Les surfaces corticales crayeuses érodées impliquent
un approvisionnement sous forme de blocs peu remaniés. La zone d’approvisionnement probable est la
Hesbaye, dont la marge est située à 6 km à vol
d’oiseau 4. Des galets de quartzite et de quartz, disponibles localement en contexte luviatile, ainsi que du
calcaire et du chert originaires du substratum, ont été
employés. Une pièce unique, en grès siliceux, pourrait
provenir d’une autre région.
traitement du silex
Comme l’indiquent les remontages les plus
complets, le silex a été amené au site majoritairement
sous forme de nodules de petites dimensions, aux
formes irrégulières et présentant un cortex crayeux
érodé. Ils sont parfois grossièrement épannelés et
s’inscrivent dans une sphère dont le diamètre est de
10 à 15 cm. Plus rarement, le matériau fut importé
sous forme de nucléus qui présentent des dimensions
comparables. Un éclat retouché avec soin, dans une
variété légèrement différente de silex, pourrait reléter
l’importation de quelques produits inis en plus des
blocs et de quelques nucléus.
La production se caractérise par le recours à une
variété de systèmes de débitage souples qui va bien
au-delà de la dualité Levallois/Quina habituellement
présentée (Bonjean et Otte, 2004 ; Bourguignon,
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
218
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Fig. 6 – Grotte Scladina (Sclayn). Le remontage de gauche (a) illustre le débitage d’un nucléus, préférentiellement sur une surface (débitage « Levallois »)
avec production ou tentative de production de quelques éclats sur la seconde surface. Avant que le remontage n’ait été effectué, certaines pièces (de A à F)
avaient été rapprochées de l’un ou l’autre concept sur base de leur morphologie. Aujourd’hui rassemblées, elles témoignent de la souplesse conceptuelle
qui régit l’exploitation des blocs, même lorsque l’exploitation semble standardisée. Ce remontage démontre aussi les limites de l’approche technologique
sur les séries de Scladina lorsque celle-ci n’est pas soutenue par des remontages. Le remontage de droite (b) permet de se rendre compte de la réduction de
l’outillage par rapport au support brut (clichés K. Di Modica ; DAO M. Boufioux).
Fig. 6 – Scladina Cave Sclayn). On the left a), the reitting shows the exploitation of a nucleus, preferably on a single surface ‘Levallois’ debitage)
with production or attempted production of a few chips on the second surface. Prior to the reitting several elements A to F) were attributed to the one
or the other knapping method based on their morphology. Currently reitted, they relect the conceptual lexibility that governs the reduction of the blocks,
even when the debitage seems standardized. This reitting also demonstrates the limits of a technological approach of the Scladina cave series when it
is not supported by reitting. On the right b), the second reitting allows to realize the reduction of tool kit compared to the raw blank photographs
K. Di Modica; CAD M. Boufioux).
Fig. 7 – Grotte Scladina (Sclayn) : remontage
relativement complet d’un bloc de silex, indiquant que ceux-ci sont de dimensions modestes et sont le plus souvent amenés entiers
ou grossièrement épannelés à la grotte (clichés K. Di Modica ; DAO M. Boufioux).
Fig. 7 – Scladina Cave (Sclayn): almost complete reitting of a lint nodule, indicating that
they had small sizes and that they were in
most cases brought to the cave as whole pieces or with a rough preliminary laking photographs K. Di Modica; CAD M.
Boufioux).
1998 ; Moncel, 1998). Seuls, quelques remontages
illustrent une exploitation plus méthodique sur une
ou deux surfaces (FIG. 6a). Dans ces quelques cas, des
rapprochements avec les conceptions Levallois et
discoïde apparaissent. Cependant, les remontages
mettent essentiellement en évidence un très faible
investissement dans la mise en forme des nucléus. Le
plus souvent, les phases de préparation et de plein
débitage se confondent. La gestion du bloc se fait en
tenant compte de sa morphologie originelle et de son
évolution tout au long de sa réduction avec un souci
de productivité comme préoccupation majeure. Le
débitage s’opère donc sur plusieurs surfaces sécantes,
ce qui génère des nucléus polyédriques exploités
jusqu’à exhaustion et des éclats de morphologie
variable (FIG. 7).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
219
Les plus grands supports sont fréquemment retouchés mais de manière très limitée. Aucune morphologie particulière d’éclat n’a été privilégiée : certains
opposent un dos à un tranchant et d’autres non, certains
sont minces et d’autres épais. Ces caractéristiques
amènent à la constitution d’un outillage dominé par
une large gamme de racloirs non standardisés. Leur
production témoigne d’une conception similaire à celle
qui régit le débitage et qui privilégie la rentabilité à
la sophistication des produits. Les pièces présentent
une retouche plus importante, transformant véritablement le support et lui conférant un type particulier sont
exceptionnelles (FIG. 8).
La réduction de l’outillage est particulièrement
limitée et illustrée uniquement par un remontage. Il
s’agit d’un éclat, brisé en deux dans sa longueur lors
de son détachement (accident Siret), dont l’une des
moitiés a été abandonnée et l’autre transformée par
retouche. Cette dernière, fortement convexe, ne
possède plus que la moitié de la longueur initiale de
l’éclat.
traitement des autres roches
Les roches autres que le silex proviennent quasiexclusivement des alentours du site. Elles participent
à une production complémentaire à celle opérée sur le
silex importé.
Le débitage des galets de quartz et de quartzite est
illustré par des nucléus dans le premier cas, des
nucléus et des remontages dans le second.
Les nucléus sont relativement similaires sur les
deux roches et montrent l’emploi conjoint de plusieurs
systèmes de débitage. Certains sont exploités en modalité récurrente multidirectionnelle sur une surface
opposée à une autre, corticale ou préparée par des
enlèvements périphériques. D’autres sont exploités sur
deux surfaces : celles-ci sont opposées et débitées de
manière récurrente multidirectionnelle, selon une
conception discoïde, ou perpendiculaires et débitées
de manière récurrente uni- ou bipolaire, selon une
conception Quina. Des nucléus polyédriques et « sur
tranche » sont aussi représentés.
Les remontages en quartzite attestent cette même
coexistence de concepts de débitage. Ils illustrent
surtout les relations dynamiques que ceux-ci entretiennent : plusieurs d’entre eux montrent que ces
concepts s’enchaînent sur un même bloc au gré de la
réduction et de l’évolution morphologique de celui-ci
(FIG. 9) (Di Modica et Bonjean, 2009), et cela sans
qu’un ordre particulier de succession ne régisse ces
différents remontages (Di Modica, 2010).
Les galets ont essentiellement servi à la production
d’éclats asymétriques, opposant un dos à un tranchant.
Ces supports n’ont été qu’exceptionnellement transformés.
Concernant le calcaire et le chert carbonifère, peu
de pièces sont véritablement diagnostiques d’un
système de débitage précis, notamment en raison de
la qualité du chert, médiocre par rapport à celui mis
en œuvre au Trou du Diable. Les nucléus en calcaire
relètent plusieurs types de débitage : « sur tranche »,
discoïde bifacial et volumétrique bipolaire à production
Fig. 8 – Grotte Scladina (Sclayn) : racloir appointé sur éclat
cortical épais. Sa nature unique et l’impossibilité de la remonter sur d’autres pièces de la collection suggère qu’elle (ou tout
au moins son support) a été transportée telle quelle au site
(cliché K. Di Modica ; DAO M. Boufioux).
Fig. 8 – Scladina cave (Sclayn): pointed side-scraper made on
a thick cortical lake. Its unique nature and the impossibility to
reit it on other pieces of the assemblage suggest that it or at
least its blank) was brought to the site (photograph K. Di Modica; CAD M. Boufioux).
d’éclats. Pour l’essentiel, les produits du débitage sont
constitués par des fragments et débris illisibles. Seuls,
de rares éclats exploitables ont pu être produits ; ils se
caractérisent par une absence de standardisation
morphologique. Par conséquent, la retouche sur ce
matériau est, elle aussi, limitée.
synthèse
L’absence de silex aux alentours du site a impliqué
son transport, probablement depuis la Hesbaye, et le
franchissement à gué de la Meuse. Il a été apporté
sous forme de blocs aux dimensions modestes, parfois
grossièrement épannelés, de quelques nucléus et d’exceptionnels éclats.
L’importation en quantité limitée a généré une
contrainte économique à laquelle les Néandertaliens
ont répondu par le recours complémentaire à des
roches disponibles localement et par un usage parcimonieux du silex.
Ce souci d’économie, couplé à la mise en œuvre
de nodules dont la morphométrie peu avantageuse
limite souvent les possibilités offertes aux tailleurs,
a généré une souplesse importante des systèmes de
débitage.
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
220
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Fig. 9 – Grotte Scladina (Sclayn) : schéma illustrant l’exploitation des galets de quartzite, avec des concepts de débitage qui coexistent et parfois s’enchaînent sur un même bloc. Pour autant que l’on puisse en juger, ce schéma
semble applicable aux autres séries lithiques contenant des artefacts en quartzite, le Trou du Diable à Hastière notamment.
Fig. 9 – Scladina cave (Sclayn): schema illustrating the reduction of quartzite pebbles, with coexisting concepts of
debitage, sometimes succeeding on the same block. As far as can be ascertained, this pattern can be applied to other
lithic assemblages including quartzite artifacts, more particularly the Trou du Diable at Hastière site.
la grotte de la Bètche-aux-rotches à spy
présentation
Exploré à maintes reprises depuis la fin du
siècle, le site de Spy a livré un matériel lithique
et faunique abondant, réparti dans plusieurs niveaux
d’occupation, ainsi que des restes néandertaliens (De
Puydt et Lohest, 1887 ; Semal et al., 2009). Malheureusement, le contexte stratigraphique des ossements
et de la plupart des industries est très imprécis, voire
inconnu (Jungels, 2009).
Deux niveaux identiiés lors de la fouille de 1886
livrent du matériel paléolithique moyen : le « deuxième
niveau ossifère » et le « troisème niveau ossifère ».
Le « deuxième niveau ossifère » a livré un mélange
de matériel attribuable au Paléolithique moyen (UlrixClosset, 1975), au complexe LRJ (Flas, 2008) et au
début du Paléolithique supérieur (Otte, 1979).
Le « troisième niveau ossifère » contenait exclusivement du matériel attribuable au Paléolithique moyen
mais regroupant très probablement plusieurs occupations.
On peut y ajouter un « niveau inférieur », contenant
des bifaces et distingué du « troisième niveau ossifère »
lors des fouilles de l’université de Liège (HamalNandrin et al., 1939).
xixe
La grotte de la Bètche-aux-Rotches est située à
environ 15 km à l’ouest de Namur, sur le versant
gauche de la vallée de l’Orneau, un afluent nord de
la Sambre (FIG. 3, No 2).
Le substrat géologique aux alentours du site est
surtout composé de roches du socle paléozoïque,
parfois recouvertes en discordance par des placages de
sable tertiaire qui constituent l’amorce de la couverture
cénozoïque de moyenne Belgique. D’anciennes
terrasses de la Sambre sont représentées. Le silex est
présent dans la région sous forme de galets marins en
contexte cénozoïque et de galets luviatiles dans les
lambeaux de nappes alluviales (Delcambre et Pingot,
2008 ; Jungels, 2006).
L’industrie lithique est aménagée quasiexclusivement en silex. D’autres roches sont représentées, mais en quantité très limitée : du « phtanite », du
quartzite de Wommersom et du grès-quartzite de
Rommersom.
traitement du silex
Le silex local a servi à aménager l’essentiel du
matériel attribuable au Paléolithique moyen. Les
nucléus les moins exploités démontrent le recours à
des galets de taille restreinte (12 cm de longueur au
maximum) et constitués de plusieurs faces sécantes,
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Fig. 10 – Grotte de la Bètche-aux-Rotches (Spy) : ébauche de nucléus
illustrant les dimensions et la morphologie plate et asymétrique des rognons disponibles à Spy, ainsi que le faible degré d’exhaustion de certains nucléus (clichés et infographie C. Jungels).
Fig. 10 – Bètche-aux-Rotches Cave (Spy): roughout of a core demonstrating the sizes and the lat and asymmetric morphology of the pebbles
available at Spy as well as the low degree of exploitation of distinct
cores (photograph and CAD C. Jungels).
221
chacune marquée par des arêtes naturelles. Ces
caractéristiques les rendent naturellement propices au
débitage.
Pour une série de pièces, spécialement celles du
« deuxième niveau ossifère » et du « niveau inférieur »,
des variétés de silex de meilleure qualité mais indisponibles aux alentours du site ont été employées. Elles
sont représentées par des produits inis ou semi-inis
et doivent avoir été importées depuis les afleurements
crétacés les plus proches : la Hesbaye (21 km au
minimum vers l’est) ou le bassin de Mons (31 km au
minimum vers l’ouest).
Les activités de débitage sont particulièrement bien
représentées dans le « troisième niveau ossifère ». Le
matériel aménagé en silex local est de loin le plus
abondant et présente en outre une grande homogénéité
morphologique, technologique et typologique (Jungels,
2006). Malgré le palimpseste très probable de niveaux
archéologiques qu’il représente, l’assemblage en silex
local permet d’approcher le lien établi par les Néandertaliens entre les matériaux et la manière de les
mettre en œuvre.
Les nucléus sont généralement exploités sur une
seule surface, suivant des plans subparallèles ou
convexes, selon une conception du débitage adaptée
à la morphologie des rognons sélectionnés, plutôt plats
et de section asymétrique (FIG. 10). La production
s’opère selon des modalités récurrentes multidirectionnelles (FIG. 11), unipolaires (FIG. 12) et unipolaires
convergentes (FIG. 13) pour générer des éclats courts ou
légèrement allongés, souvent débordants. La face
débitée est opposée à une autre, totalement corticale
ou préparée par quelques enlèvements périphériques.
La morphologie résiduelle des nucléus relète assez
bien les méthodes de débitage employées et la forme
initiale du bloc exploité : des plages corticales résiduelles sont souvent visibles sur les deux surfaces du
nucléus, indiquant leur faible degré d’exhaustion.
Fig. 11 – Grotte de la Bètche-auxRotches (Spy) : nucléus à débitage
unifacial centripète (clichés et DAO
C. Jungels).
Fig. 11 – Bètche-aux-Rotches Cave
(Spy):core with unifacial centripetal
debitage (photograph and CAD
C. Jungels).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
222
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Parfois même, seuls un ou deux enlèvements ont été
détachés. Quelques nucléus polyédriques et discoïdes
bifaciaux sont aussi représentés. Parmi les produits de
débitage obtenus, on dénombre une quantité importante
de pointes pseudo-Levallois (FIG. 14). L’homogénéité
dans la gestion volumétrique des nucléus et l’examen
des éclats plaident en faveur d’une conception unitaire
du débitage, unifaciale et proche du discoïde.
synthèse
Deux tendances se dégagent, l’une quantitativement
minoritaire d’importation de produits inis ou semiinis, l’autre quantitativement majoritaire d’exploitation des galets de silex disponibles localement. La
faible résolution stratigraphique ne permet malheureusement pas de savoir si ces stratégies ont été appliquées conjointement au sein d’un même niveau ou
plutôt de manière exclusive.
À Spy, de petits rognons de silex sont disponibles
en abondance à proximité du site. Nombre de ceuxci ont été collectés puis traités intégralement à la
grotte. Les caractéristiques de la production locale
sont liées à ce cadre d’acquisition des matériaux. Si
la facilité de se procurer du silex engendre son
emploi quasi-exclusif, son traitement doit par contre
tenir compte de la nature et de la morphométrie
particulière de ces petits blocs. Ceux-ci sont exploités
directement, souvent sans préparation spéciique car
leur morphologie autorise une initialisation immédiate du débitage. La production est limitée à
quelques éclats par nucléus et caractérisée par l’obtention de supports souvent débordants et déjetés.
Dans cette optique, Spy illustre un compromis entre
les objectifs de la production et la nécessaire adaptation à des galets contraignants par leurs dimensions.
3.2. les grottes proches
des aFFleurements crétacés
Fig. 12 – Grotte de la Bètche-aux-Rotches (Spy) : nucléus à débitage
unifacial unipolaire (clichés et DAO C. Jungels).
Fig. 12 – Bètche-aux-Rotches Cave (Spy):core with unifacial unipolar
debitage (photograph and CAD C. Jungels).
Plusieurs grottes des vallées de la Mehaigne, en
bordure méridionale de la Hesbaye, et de la Vesdre, à
la limite orientale du pays de Herve, permettent
d’aborder ce type de situation. Nous nous limiterons
ici à l’exemple de la grotte de l’Hermitage à Moha.
Fig. 13 – Grotte de la Bètche-aux-Rotches (Spy) : nucléus à débitage unifacial unipolaire convergent
(clichés et DAO C. Jungels).
Fig. 13 – Bètche-aux-Rotches Cave (Spy): core with unifacial unipolar convergent debitage (photograph
and CAD C. Jungels).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
223
la grotte de l’hermitage à moha
présentation
Fig. 14 – Grotte de la Bètche-aux-Rotches (Spy) : éclat débordant de type « pointe pseudo-Levallois » (clichés et DAO
C. Jungels).
Fig. 14 – Bètche-aux-Rotches Cave (Spy): éclat débordant
‘lateral coreedge lake’) of the type ‘pseudoLevallois point’
(photograph and CAD C. Jungels).
Ce site, qui a livré un matériel lithique abondant, a
malheureusement été fouillé dans son intégralité et
beaucoup trop rapidement à la in du xixe siècle. Le
contexte stratigraphique n’y est absolument pas
maîtrisé et l’ensemble des artefacts a été récolté en un
seul lot, malgré des observations qui situent le matériel
dans toute l’épaisseur du remplissage (Fraipont et
Tihon, 1896). Cette collection présente un intérêt similaire à celui de la grotte de Spy, en permettant d’examiner les principales caractéristiques de la production
en lien avec un contexte naturel particulier (Di Modica,
2010).
La grotte de l’Hermitage se situe au niveau du cours
moyen de la Meuse, un peu en amont de la ville de Huy
(FIG. 3, No 5). Là, sur la rive gauche du leuve, s’ouvre la
vallée de la Mehaigne, un de ses afluents qui s’enfonce
Fig. 15 – Grotte de l’Hermitage (Moha) : nucléus Levallois illustrant l’orientation préférentielle du débitage dans un contexte favorable
d’approvisionnement en matières premières (dessins K. Di Modica ; DAO M. Boufioux et M. Bakara).
Fig. 15 – Hermitage Cave (Moha): Levallois nucleus showing the preferred orientation of the debitage in a favourable context of raw
material procurement drawings K. Di Modica; CAD M. Boufioux and M. Bakara).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
224
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
autochtone secondaire, probablement sur les lancs de
la vallée. Les Néandertaliens ont privilégié des rognons
et des plaquettes dont les dimensions devaient à l’origine dépasser la quinzaine de centimètres de diamètre
si on se base sur les dimensions maximales de certains
produits (éclats récurrents de plein débitage atteignant
une dizaine de centimètres de longueur).
traitement du silex
Fig. 16 – Grotte de l’Hermitage (Moha) : éclats préférentiels circulaires
et éclats de débitage récurrent qui montrent la haute standardisation des
produits de plein débitage (dessins K. Di Modica).
Fig. 16 – Hermitage Cave Moha): preferential circular lakes and recurrent
lakes c and d) revealing a highly standardised production drawings K. Di
Modica).
assez profondément dans des bancs calcaires, quelque
3,5 km avant la conluence. C’est au cœur de ce massif
calcaire que s’ouvre une série de grottes qui ont livré
des traces d’occupations humaines s’étalant du Paléolithique moyen aux époques historiques (Fraipont et
Tihon, 1889 et 1896).
Outre le calcaire carbonifère dans lequel sont
creusées les grottes, la région se caractérise aussi par
la présence de sables tertiaires et de craies du Sénonien. Celles-ci, riches en silex, sont séparées du site
d’un kilomètre à peine. La Mehaigne, qui traverse
successivement les sables et les craies, a dû découvrir
et charrier jusqu’au site des blocs de silex tout à fait
exploitables. D’autres volumes, dérivés des afleurements crétacés, sont aussi présents sur les plateaux
surplombant les grottes.
Dans un contexte d’approvisionnement en matières
premières aussi favorable, le silex a été employé quasiexclusivement. Seules quelques pièces en grès lustré
témoignent de l’exploitation d’un matériau différent,
mais visiblement d’origine locale.
L’examen des cortex des artefacts en silex montre
qu’il est relativement frais ou légèrement érodé, ce qui
plaide en faveur d’une collecte des nodules en contexte
Le débitage des nodules est essentiellement opéré
sur une surface préférentielle et de manière fortement
standardisée. L’investissement technique durant les
phases initiales est assez important et conduit à l’obtention de nucléus unifaciaux de type Levallois (FIG. 15).
Ceux-ci font ensuite l’objet d’une exploitation selon
plusieurs modalités. Une partie rend compte d’une
production linéale de grands éclats circulaires ou
quadrangulaires dont la surface dorsale relète le haut
degré de préparation des nucléus (FIG. 16). Une autre
partie est, quant à elle, le fruit d’un débitage parallèle,
unipolaire ou bipolaire, récurrent et fortement standardisé. On retrouve toutes les étapes de ce type de débitage avec des éclats allongés de premier ordre qui
conservent sur leur surface dorsale les traces de la
préparation de la surface de débitage (FIG. 16, N° 2), avec
des éclats allongés de second ordre qui portent à la
fois ces traces de préparation et les stigmates d’un
débitage déjà en cours, et enin avec des éclats de
troisième ordre dont la surface dorsale témoigne d’une
récurrence importante du débitage. Quelques nucléus
et une partie des éclats rendent compte d’une exploitation centripète qui prend parfois le pas sur la méthode
parallèle lors des dernières phases d’exploitation.
Fig. 17 – Grotte de l’Hermitage (Moha) : schéma illustrant l’organisation
morpho-fonctionnelle des bifaces, opposant une partie préhensible à une
autre inement retouchée et donc très probablement active (dessin original
M. Ulrix-Closset ; schéma K. Di Modica).
Fig. 17 – Hermitage Cave (Moha): scheme illustrating the morpho-functional concept of handaxes, opposing a part attached to a handle to a more
thoroughly retouched and therefore probably active part (original drawing
M. UlrixClosset; scheme K. Di Modica).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
L’activité de transformation des supports est relativement limitée. Seuls, quelques racloirs à retouche
marginale font partie de la collection.
En plus de la chaîne opératoire de débitage, une
série particulièrement importante de bifaces a été
produite aux dépens de plaquettes de silex ou d’éclats
massifs. Ceux-ci sont de morphologie majoritairement
cordiforme et plus rarement triangulaire et présentent
souvent un même schéma morpho-fonctionnel,
récurrent d’une pièce à l’autre, qui se surimpose à la
forme générale de l’outil. Ce schéma consiste en
l’opposition de deux parties, l’une préhensible et
l’autre active (FIG. 17). La zone préhensible est localisée
dans le tiers proximal du biface et est souvent déjetée
sur l’un des bords. Elle est constituée soit par une
réserve corticale (dans le cas des plaquettes) soit par
un ancien talon (dans le cas des éclats). La zone active,
quant à elle, est située dans la partie distale ou mésiodistale du bord opposé à la zone préhensible et peut,
selon les cas, englober la pointe du biface (FIG. 17).
synthèse
L’assemblage lithique de la grotte de l’Hermitage
rend compte d’une production menée au site et de
deux orientations majeures, l’une de débitage et l’autre
de façonnage. Chacune de ces orientations présente
une certaine homogénéité. Ainsi, l’ensemble des
produits de débitage réfère à l’exploitation d’une série
de blocs sur une surface préférentielle (débitage Levallois), alternant phases de préparation et phases de plein
débitage jusqu’à ce que les dimensions des nucléus
soient réduites au point de ne plus pouvoir les exploiter
de cette manière. Quant aux bifaces, ils sont aménagés
à partir de grands éclats ou de plaquettes et conduisent
à l’obtention de formes spéciiques et récurrentes.
Dans le cas de la grotte de l’Hermitage, les facilités
d’acquisition du matériau et la morphométrie particulièrement favorable des blocs récoltés n’induisent
aucune contrainte spéciique pour le débitage, dont on
peut dès lors considérer que les produits relètent véritablement les intentions des tailleurs. Ces intentions
s’expriment dès la sélection des blocs puisque ceux-ci
présentent deux morphologies particulières, nodules
et plaquettes, qui correspondent aux deux orientations
majeures de la production.
3.3. les sItes de pleIn aIr proches
des aFFleurements crétacés
De nombreuses découvertes ont été faites en
moyenne Belgique, dans les zones où le Crétacé
afleure. La fréquente présence de silex constitue bien
évidemment un pôle d’attraction qui justiie en partie
l’abondance de découvertes en Hesbaye et dans le
bassin de Mons.
Outre les nombreuses découvertes isolées, plusieurs
sites de référence y ont été fouillés. Trois exemples
assez caractéristiques des productions de ce type d’environnement vont être successivement abordés ain
d’établir les principales caractéristiques des sites localisés dans un tel contexte : les gisements paléolithiques
225
d’Otrange, Veldwezelt Hezerwater et Remicourt « En
Bia Flo I ».
le gisement paléolithique d’otrange
présentation
Le gisement paléolithique d’Otrange fut découvert
et prospecté en 1947 par deux amateurs (Di Modica
et Jungels, 2009a). Un an plus tard, J. de Heinzelin,
de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique,
dirigea une campagne de fouilles sur une partie de
l’aire de dispersion des artefacts et détailla précisément la stratigraphie du site (De Heinzelin, 1950).
Le gisement paléolithique d’Otrange a livré deux
niveaux d’occupation moustérienne : un atelier de
taille en place dont le matériel est frais (niveau LS) et
un ensemble « mixte » (nucléus, produits de débitage
et outils), beaucoup plus riche mais issu d’un contexte
remanié, avec des pièces patinées, cassées et gélives
(niveau LG). Ces deux industries ont été récemment
étudiées dans le cadre d’un mémoire de licence
(Jungels, 2005).
Le site est localisé en Hesbaye, à un peu plus d’une
quinzaine de kilomètres au nord-est de la ville de
Liège (FIG. 3, No 7). Il occupe une position de plateau en
bordure de la vallée du Geer, un afluent de la BasseMeuse qu’il rejoint à hauteur de la frontière belgonéerlandaise, quelques kilomètres au sud de Maastricht.
Le site se trouve à 650 m du cours d’eau, à environ
125 m d’altitude, soit 30 m au-dessus du niveau de la
rivière actuelle (De Heinzelin, 1950). À cet endroit,
le relief est assez léger mais la pente s’inléchit au sud,
vers la rivière.
Sur le site même, le substrat géologique se compose
de sables tertiaires surmontés de la couverture lœssique
du Quaternaire. Aux alentours, le Crétacé de Hesbaye
domine largement et livre de gros blocs de silex de
qualité. On en retrouve aussi un peu partout, légèrement remaniés, le long du Geer et à la surface des
champs proches du site. On constate que ceux qui
afleurent le long du Geer et sont détachés des strates
crétacées dans lesquelles il creuse son lit sont de plus
grandes dimensions et de meilleure qualité. Il s’agit
d’un silex gris, zoné, grenu, à cortex crayeux blanc,
présentant de nombreuses issures et inclusions. Il se
présente généralement sous forme de blocs parallélépipédiques pluridécimétriques. Ce silex est employé
de façon exclusive dans les deux niveaux archéologiques.
traitement du silex
Dans le niveau LG, toutes les étapes de la chaîne
opératoire sont représentées : nucléus, éclats d’entame,
d’épannelage ou de mise en forme, déchets de taille,
supports bruts et outils retouchés. Le débitage Levallois est dominant. Les nucléus attestent le recours aux
modalités récurrentes et linéales (FIG. 18) tandis que les
éclats montrent principalement une double orientation : vers l’obtention d’éclats allongés en mode
récurrent, et vers celle d’éclats circulaires en mode
linéal (FIG. 19). D’autres concepts sont aussi repré-
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
226
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
sentés, mais de manière plus anecdotique, comme par
exemple le débitage Laminaire volumétrique. Les
nucléus et les produits du débitage sont généralement
de dimensions importantes (jusqu’à 12 cm de long),
ce qui témoigne des facilités offertes au départ par les
dimensions des blocs mis en œuvre. Si ceux-ci sont
Fig. 18 – Gisement paléolithique d’Otrange :
nucléus Levallois (dessins C. Jungels).
Fig. 18 – Palaeolithic site of Otrange: Levallois cores (drawings C. Jungels).
favorables, on note toutefois la présence de petits
nucléus (volumétriques, sur éclat, ou encore à exhaustion) visant à produire de tout petits supports que l’on
retrouve également sur le site.
La retouche est essentiellement marginale et transforme peu la morphologie des supports de départ. Elle
conduit à l’obtention majoritairement de racloirs mais
aussi d’encoches et de denticulés ainsi que de quelques
grattoirs, pointes, éclats retouchés et outils composites.
Les éclats minces et allongés semblent avoir été privilégiés, au contraire des éclats Levallois qui ne sont
que rarement retouchés et auraient donc pu être
employés bruts.
Dans le niveau LS, le matériel est bien moins abondant. Il correspond presqu’exclusivement aux activités
de débitage et les supports retouchés sont quasiabsents. De même, les nucléus sont très peu nombreux.
Si les produits conservés sur le site ne sont pas trop
standardisés, ils permettent cependant de mettre en
évidence la prédominance du débitage unifacial, tout
comme dans l’autre niveau, notamment grâce à des
remontages relativement complets (FIG. 20) (Di Modica,
2010 ; Jungels, 2005). Les dimensions maximales des
pièces (jusque 15 cm de long) sont plus importantes
dans cette industrie que dans celle du niveau LG.
Dans le niveau LS, une seule pièce retouchée a été
identiiée ; il s’agit d’un racloir déjeté. Celui-ci est
aménagé sur le plus grand produit représenté dans
l’atelier, un éclat d’entame dont la longueur atteint
15,5 cm.
synthèse
À Otrange, les blocs de silex sont abondants, aisément accessibles et de grandes dimensions. Cette facilité d’approvisionnement en matière première, tant
d’un point de vue qualitatif que morphométrique,
justiie l’emploi exclusif du silex, de même que la
fonction d’atelier de taille identiiée pour le niveau LS.
De telles conditions ont permis aux tailleurs de concrétiser leurs intentions en toute liberté. Celles-ci s’expriment surtout par différentes modalités du débitage
Levallois mais aussi par la présence conjointe, quoique
limitée, d’autres concepts qui répondent certainement
à des préoccupations différentes.
le site de Veldwezelt « hezerwater »
présentation
Fig. 19 – Gisement paléolithique d’Otrange. Produits de débitage
Levallois récurrent et débitage Levallois linéal (dessins C. Jungels).
Fig. 19 – Palaeolithic site of Otrange. Flakes resulting from recurrent
Levallois debitage and lineal Levallois debitage (drawings C. Jungels).
Le site de Veldwezelt « Hezerwater » a été découvert
et fouillé pour la première fois en 1997. Les recherches
menées sur le site jusqu’en 2003 ont permis d’individualiser plusieurs niveaux contenant des assemblages
lithiques du Paléolithique moyen, au sein d’un enregistrement stratigraphique important et complexe en milieu
lœssique (Bringmans, 2006). Nous allons particulièrement nous intéresser aux productions lithiques des
niveaux VLL et VLB, pour lesquels une attribution à
l’Eemien ou à la péjoration d’Herning semble probable
suite aux dernières interprétations de la séquence pédosédimentaire (Meijs, s.d.-a et s.d.-b ; voir aussi la
discussion dans Di Modica, 2010, p. 122).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
227
Fig. 20 – Gisement paléolithique d’Otrange : remontage illustrant le débitage unifacial unipolaire (clichés K. Di Modica ; DAO M. Boufioux).
Fig. 20 – Palaeolithic site of Otrange: reitting revealing an unifacial unipolar debitage photographs K. Di Modica; CAD M. Boufioux).
Le site est une ancienne briqueterie qui se situe sur
la rive droite du canal Albert, à proximité du village de
Veldwezelt et près de la frontière belgo-néerlandaise, à
hauteur de la ville de Maastricht (FIG. 3, No 8). Il se trouve
sur la bande de terre comprise entre le canal Albert, côté
belge, et la Meuse, côté néerlandais. D’un point de vue
strictement topographique, les occupations paléolithiques
sont situées sur la rive gauche d’un ancien afluent de
la Meuse aujourd’hui asséché, le Hezerwater, et occupent
une position de fond de vallée (Bringmans, 2006).
L’environnement géologique, dans cette région, est
caractérisé par le développement d’une couverture
lœssique très importante surmontant une série de
terrasses alluviales de la Meuse. Les dépôts quaternaires
masquent totalement le substrat géologique plus ancien,
composé de sables tertiaires et de craies crétacées riches
en rognons de silex. Ces dernières sont visibles dans
plusieurs exploitations de craie de la région.
À Veldwezelt même, le réseau hydrographique est
pourvoyeur de blocs de silex de qualité mais dépassant
rarement 15 cm de diamètre. Ils sont accessibles soit
dans le fond des vallées, soit au sein d’anciennes
terrasses de la Meuse et de ses afluents, mais aussi
sur la plupart des plateaux de la région suite au remaniement d’une partie des niveaux du Crétacé durant le
Tertiaire (Bringmans, 2006). Ces blocs ont été exploités
de manière exclusive dans tous les assemblages de
Veldwezelt « Hezerwater ».
traitement du silex
L’ensemble de la production a été mené sur le site,
comme l’atteste la part importante prise par les éclats
corticaux dans la constitution des assemblages.
Le matériel traduit deux conceptions majeures, l’une
de production de supports laminaires grâce à un débitage volumétrique semi-tournant, l’autre de production
d’éclats à partir de nucléus dont une surface est
exploitée préférentiellement et de manière récurrente.
Le débitage volumétrique unipolaire ou bipolaire
se fait tant que possible en adoptant un schéma semitournant (FIG. 21). Une partie des nucléus, certains
remontages et une série de lames rendent compte, pour
ce type de débitage, d’une certaine volonté de standardisation de la production et d’un investissement
important dans les phases initiales de la production,
qu’il s’agisse du choix de blocs de morphologie
allongée ou de l’initialisation du débitage.
Le débitage d’éclats est bien attesté. Les nucléus
sont gérés essentiellement sur une surface préférentielle et témoignent d’un degré de standardisation
assez variable. Certains de ceux-ci et quelques remontages montrent une mise en forme sommaire des
blocs et un faible souci de standardisation. D’autres
relètent par contre un débitage bien plus organisé,
de type Levallois récurrent centripète, mené à partir
de blocs de plus grandes dimensions (FIG. 22). Des
nucléus polyédriques sont aussi présents.
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
228
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Fig. 21 – Veldwezelt Hezerwater : remontage illustrant le
schéma de débitage laminaire (dessins P. Bringmans).
Fig. 21 – Veldwezelt Hezerwater: reitting revealing a laminar
debitage (drawings P. Bringmans).
contexte d’approvisionnement en matières premières
particulier : si le silex est naturellement présent dans
l’environnement immédiat du site, la morphologie et
les dimensions des blocs sont contraignantes. Les plus
gros blocs traités au site relètent un investissement
important dans les étapes préparatoires au débitage, qui
se manifeste autant dans le choix des nodules (ceux de
morphologie allongée sont préférés pour le débitage
laminaire) que dans la mise en place des critères nécessaires au débitage (importance des phases de décorticage et de mise en forme) et dans la préparation des
plans de frappe (nombreux talons facettés).
le site de remicourt « en Bia Flo I »
présentation
Fig. 22 – Veldwezelt Hezerwater : remontage illustrant le
schéma de débitage unifacial de « type Levallois » (dessins
P. Bringmans).
Fig. 22 – Veldwezelt Hezerwater: reitting revealing unifacial ‘Levallois type’ debitage drawings P. Bringmans).
La transformation des supports est relativement
limitée puisque seules neuf pièces du niveau VLL et
trois pièces du niveau VLB ont fait l’objet d’une
retouche, souvent marginale, qui modiie à peine la
morphologie du support de départ et n’aboutit pas à
la création de types standardisés.
synthèse
Les deux séries de Veldwezelt « Hezerwater »
traduisent une volonté certaine de standardisation de la
production, aux orientations claires, et ce malgré un
Le site de Remicourt a été fouillé par le service de
l’Archéologie de la Région wallonne, en collaboration
avec l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique,
sur le tracé du TGV oriental (Bosquet et al., 2004). La
fouille a couvert 630 m2 et livré près de 400 pièces lithiques préservées dans la partie supérieure du pédocomplexe de Rocourt (Haesaerts et al., 1999) 5.
L’analyse de la position stratigraphique du matériel
archéologique et la reconstitution détaillée des phénomènes postdépositionnels (Bosquet et Haesaerts, à
Fig. 23 (à droite) – Remicourt « En Bia Flo I » : plan de répartition du
matériel lithique et charbonneux avec indications des remontages (traits
grisés : type de silex 1, aire 1 ; traits noirs types de silex 2 et 3, aire 2).
Pièces caractéristiques de l’aire 1 (nos 1 à 9) ; pièces (nos 11 à 18) et
fragment d’os spongieux carbonisé (no 10 ; dimension : 2,5 mm), pièces
caractéristiques de l’aire 2 (dessins et DAO A. Van Driessche).
Fig. 23 (right) – Remicourt ‘En Bia Flo I’: plan of the distribution of
the lithic artifacts and charcoals, with an indication of the reittings grey
dashes: lint type 1, area 1; black dashes: lint type 2 and 3, area 2).
Characteristic pieces of the area 1 nos. 1 to 9); pieces nos. 11 to 18)
and fragment of carbonised cancellous bone no. 10; size: 2,5 mm)
characteristic pieces of area 2 drawings and CAD A. Van Driessche).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
230
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
paraître) ont permis de mettre en évidence le haut
degré de conservation du gisement. Les pièces se
répartissent en deux entités spatiales distinctes, les
aires 1 et 2 (FIG. 23), contemporaines d’un point de vue
stratigraphique. Le site a récemment fait l’objet d’une
vaste étude pluridisciplinaire (Bosquet et Haesaerts, à
paraître) qui permet d’interpréter le campement comme
un espace structuré en fonction de diverses activités
lors d’une occupation probablement unique et assez
brève (Bosquet et al., 2004).
Situé en Hesbaye, à 20 km au nord-est de Liège
(FIG. 3, No 6), le site occupe le bord occidental d’une ride
lœssique du Pléistocène supérieur et se trouve à
environ 3 km de la vallée de l’Yerne, un afluent du
Geer. La couverture quaternaire repose pour l’essentiel
sur un substrat crétacé, composé de Sénonien et de
Maastrichtien. Des plaquages de sables tertiaires, relativement nombreux, sont aussi présents dans la
région.
L’industrie de Remicourt est aménagée exclusivement sur silex, dont on dénombre neuf variétés sur
base des caractéristiques macroscopiques. Seuls les
types 1 à 4 comptent un nombre de pièces signiicatif,
les autres étant représentés dans un cas par trois pièces
et dans quatre cas par une pièce. La présence des silex
de type 1 et 2 à faible profondeur dans des sondages
réalisés par le Service géologique de Belgique et situés
à 2 km du site indique le caractère local de ces deux
variétés. Pour les types 3 et 4, la localisation actuelle
est plus dificile à établir. Néanmoins, on note leur
présence abondante sur plusieurs sites du Néolithique
ancien régional. Ainsi, au Paléolithique moyen, les
quatre types de silex principaux devaient afleurer à
maints endroits autour de la halte, à une distance
comprise entre 0 et 2 km (Bosquet et al., 2004). Ils
ont été récoltés en position primaire ou secondaire,
mais peu altérés, sur des versants ou au sommet de la
couche de dislocation du Crétacé.
traitement du silex
Les dimensions des artefacts impliquent la sélection
de rognons de 15 à 30 cm de long selon le type de
silex.
Les quatre principales variétés de silex identiiées
à Remicourt ont été travaillées selon 6 schémas opératoires différents : deux schémas laminaires, deux
schémas de production d’éclats, un schéma bifacial et
un schéma de production d’outils sur supports
naturels.
Au sein de l’aire 1, deux variétés de silex fin
(types 1 et 4) sont débitées selon une conception laminaire volumétrique (FIG. 23, Nos 1 À 9). Des différences
de traitement existent, qui semblent liées à la morphologie du support choisi par le tailleur :
- pour le type 1 (FIG. 24) 6, représenté par un remontage,
les Néandertaliens ont optés pour une mise en forme
élaborée à partir d’une crête antérieure et d’une crête
postérieure sur le dos d’un éclat volumineux. L’exploitation est réalisée à partir de deux plans de
frappe opposés, dont le rôle est probablement équivalent, permettant de produire des lames larges, de
proil rectiligne et occupant généralement les deux
tiers de la longueur de la table d’exploitation. L’application d’un débitage semi-tournant à tournant facilite
la succession des enlèvements qui sont alors prédéterminants ;
- pour le type 4, représenté par un nucléus, deux lames
et quelques produits allongés, c’est par contre la face
dorsale d’un éclat qui a été exploitée. La faible
épaisseur du support – correspondant ici au stade
inal de l’exploitation – n’offre pas l’opportunité
d’aménager des crêtes. Le tailleur a ainsi été obligé
d’appliquer d’autres techniques pour mettre le
volume en forme et contrôler sa production. L’installation d’un plan de frappe plus aigu et le choix
d’une percussion plus tangentielle que sur le silex
de type 1 aboutissent à des produits plus minces et
au proil plus convexe. Une deuxième solution a
consisté à installer un deuxième plan de frappe
opposé, au départ duquel des enlèvements plus
courts ont permis de corriger le cintre.
Dans l’aire 2, des variétés plus grossières de silex
ont été employées (types 2 et 3). Elles font l’objet d’un
débitage de surface uni- ou multidirectionnel tourné
vers la production d’enlèvements robustes et allongés
selon des modalités qui tirent au mieux parti de la
morphologie du bloc brut (FIG. 23, Nos 11 À 18). La
séquence, documentée par un remontage, débute par
l’enlèvement d’une crête naturelle au départ d’un plan
de frappe, naturel lui aussi. Seul le bord du plan de
frappe est parfois aménagé, tandis que le débitage peut
être réorienté au moyen d’une tablette. Par rapport au
type 3, le silex de type 2 a fait l’objet d’une préparation plus approfondie ayant pour conséquence une
normalisation accrue des produits.
L’activité de retouche n’est attestée que dans
l’aire 2, par une pointe foliacée aménagée de manière
bifaciale (FIG. 23, No 13) ainsi que par quelques outils qui
ont été obtenus par l’aménagement de supports naturels
en divers types de silex (FIG. 23, Nos 12, 14, 16, 17 ET 18),
dont certains ont été utilisés, notamment pour gratter
de la peau (Bosquet et al., 2004).
synthèse
À Remicourt, plusieurs aspects interviennent
conjointement dans l’état final de l’industrie
lithique :
- la morphologie du rognon joue un rôle important.
Un lien entre la morphologie du bloc et le système
de débitage qui lui est appliqué transparaît clairement de certains exemples (FIG. 23, No 11) ;
- la qualité de la matière première intervient : un silex
de qualité supérieure a été employé exclusivement
pour la production laminaire de l’aire 1 (FIG. 23, Nos 1
À 9) ;
- des aspects liés à la mobilité intra- et/ou intersites
sont également perceptibles : d’une part car
quelques pièces sont interprétées comme les rebus
d’une « trousse à outils » emportée au gré des
déplacements, d’autre part car les lames de plein
débitage sont quasi-totalement absentes de la
collection ;
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Fig. 24 – Remicourt « En Bia Flo I » : débitage laminaire, aire d’activité 1, silex de type 1 (dessins et DAO A. Van Driessche).
Fig. 24 – Remicourt ‘En Bia Flo I’: laminar debitage, area 1, lint type 1 drawings and CAD A. Van Driessche).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
231
232
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
- la fonction des produits, enin, a joué un rôle comme
l’indique la tracéologie : les éclats et les racloirs
(FIG. 23, Nos 12, 14, 16 ET 17) sont intervenus dans une
série de tâches spéciiques, majoritairement concentrées dans l’aire 2.
L’analyse détaillée d’une petite série lithique,
couplée à l’examen tracéologique, et à l’étude tant de
la stratigraphie que des autres restes conservés, permet
donc d’approcher au plus près des paramètres intervenant conjointement dans la constitution de cet
assemblage. Celui-ci pourrait être le fait de groupes
très mobiles, ayant occupé très brièvement le site pour
y mener une série d’activités organisées dans l’espace.
Le choix des matériaux s’est opéré dans l’environnement local du site et se caractérise par un emploi
exclusif de silex. La sélection des blocs et les systèmes
techniques appliqués tiennent compte de la destination
fonctionnelle du matériel. Ils ne sont contraints ni par
une nécessité d’économiser le matériau, ni par la
morphométrie des blocs disponibles localement, et
relètent la véritable intention des tailleurs.
3.4. les sItes de pleIn aIr éloIgnés
des aFFleurements crétacés
Dans les tiers nord et sud du pays, les découvertes
d’assemblages lithiques sont beaucoup moins
nombreuses que dans les vallées et les plaines de haute
et de moyenne Belgique. Souvent, il s’agit de découvertes isolées ou d’assemblages restreints peu signiicatifs et déconnectés de leur contexte stratigraphique
d’origine (Van Peer, 1986). Certains sites plus importants, cependant, témoignent d’une véritable occupation, en bordure de la vallée Flamande comme à Zemst
« Bos van Aa » (Van Peer et Smith, 1990) ou sur les
monts des Flandres comme à Vollezele-Congoberg
(Vynckier et al., 1986) et sur le mont de l’Enclus
(Crombé, 1994). C’est la production lithique de ce
dernier site que nous allons aborder pour illustrer ce
type de situation.
le mont de l’enclus
présentation
Le mont de l’Enclus a été prospecté épisodiquement
depuis le dernier quart du xixe siècle. Ce n’est pourtant
qu’à partir de 1949 que la présence d’un site du Paléolithique moyen est véritablement attestée grâce aux
récoltes faites en surface par P. Casse de près de
1 400 artefacts paléolithiques. Deux sondages, sous la
direction de J. de Heinzelin (inédit), ainsi que plusieurs
récoltes d’amateurs feront suite à ces premières investigations (Crombé, 1994). Le matériel lithique se
trouve en position remaniée et a subi une forte gélifraction qui rend illisible une bonne partie des artefacts.
Le Mont de l’Enclus est un relief situé à 17 km au
nord de Tournai (FIG. 3, No 1). Il s’agit d’une butte
formée de sables tertiaires, bordée par l’Escaut à
l’ouest et par l’un de ses afluents, la Rhosnes, au sud.
Cette butte est assez imposante, allongée (± 10 km)
mais étroite (± 2 km), et constitue un véritable repère
dans un paysage de plaine au relief par ailleurs très
peu marqué. C’est sur les hauteurs du lanc sud du
mont de l’Enclus, qui se trouve sur le territoire du
village d’Amougies et donne sur la vallée de la
Rhosnes, que les artefacts du Paléolithique moyen ont
été récoltés.
Aux alentours du site, le substrat géologique est
composé de sédiments meubles tertiaires et quaternaires. Le mont de l’Enclus en lui-même est constitué
de sable éocène. Aux points les plus hauts, celui-ci est
chapeauté par du sable miocène dont la base est
marquée par un gravier de silex (Vanneste et Hennebert, 2005). En bordure, au sud, à l’ouest et au nord,
la sédimentation tertiaire a été entamée lors de la
constitution de la vallée Flamande, laquelle s’est
depuis progressivement colmatée de dépôts qui bordent
aujourd’hui le mont de l’Enclus et peuvent contenir
des nodules de silex, charriés par l’Escaut.
Le matériel archéologique est aménagé à partir d’un
silex lisse, de bonne qualité, qui présente la plupart du
temps des plages corticales délavées rougeâtres. Cet
aspect est compatible avec celui des galets de silex du
cailloutis miocène (Vanneste et Hennebert, 2005).
L’origine de l’essentiel du matériel lithique semble
donc locale.
Quelques éclats de silex noir translucide de très
bonne qualité se distinguent par une croute corticale
très épaisse, peu compatible avec un remaniement en
contexte marin. Ce type de silex proviendrait d’une
position peu remaniée par rapport aux afleurements.
La zone d’approvisionnement probable la plus proche
est constituée par ceux du Tournaisis et la charge
luviatile de la vallée de l’Escaut.
Une pièce au moins se distingue du reste de la série
tant par ses dimensions importantes que par le soin
apporté à sa production et à sa retouche. Cette pièce
suggère un transport sous forme de produit ini.
traitement du silex
En ce qui concerne l’essentiel du silex, la part
importante prise par les éclats corticaux indique que
les blocs ont été intégralement traités au site. En ce
qui concerne le silex noir translucide, les premières
étapes de la chaîne opératoire ne sont pas représentées
et une importation sous forme de nucléus et d’éclats
est plus probable.
Les plus grands nucléus témoignent d’un débitage
mené préférentiellement sur une surface en modalité
linéale ou récurrente (FIG. 25). Quelques nucléus de
conception discoïde bifaciale sont aussi représentés
(FIG. 25), à côté de fragments et de nucléus témoignant
d’un degré d’exhaustion avancé.
Ce débitage génère des supports dont la mise en
œuvre est soignée et conduit à l’obtention de produits
standardisés résultant pour l’essentiel d’un débitage
sur une surface préférentielle. Des éclats débordants
à dos de débitage sont aussi représentés. Ces deux
types de pièces correspondent aux deux catégories
principales de nucléus (FIG. 26).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Une partie des nucléus traduit aussi une exploitation
plus aléatoire, sur plusieurs surfaces, parfois jusqu’à
un degré d’exhaustion avancé.
La retouche ne concerne qu’une petite série de
supports (à peine plus d’une cinquantaine sur les
6 694 pièces conservées dans les différentes collections, cf. Crombé, 1994), souvent de grandes dimensions. Ils sont transformés de manière marginale,
quelque fois un peu plus envahissante, ce qui a généré
une gamme variée de racloirs ainsi que quelques
pièces appointées.
synthèse
233
L’assemblage du mont de l’Enclus relète tout autant
une volonté de standardisation que l’inluence des
contraintes liées aux dimensions des blocs exploités
au site, et ce dans le cadre d’un approvisionnement
surtout local, complété de nucléus importés. Les artefacts, et plus particulièrement les nucléus, attestent
d’un compromis qui concilie la volonté de produire
des supports élaborés, sophistiqués, et la contrainte
induite par les nodules mis en œuvre : la première est
attestée par les nucléus les plus réguliers et par les
Fig. 25 – Mont de l’Enclus : nucléus débités préférentiellement sur une surface et sur deux surfaces opposées. Ils montrent l’adaptation des
concepts Levallois et Discoïde à des blocs de dimensions restreintes (dessins K. Di Modica ; CAD M. Boufioux).
Fig. 25 – Mont de l’Enclus: cores preferentially exploited on a single surface (a and b) and on two opposite surfaces (c and d). They
show an adaptation of the Levallois and discoidal concepts to blocks of small size drawings K. Di Modica; CAD M. Boufioux).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
234
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
supports importés, tandis que la seconde correspond
aux nucléus exploités sur de multiples faces et aux
nombreux éclats irréguliers.
4. synthèse :
un rapport étroIt
à l’enVIronnement naturel
Les implantations moustériennes du territoire belge
sont dépendantes d’une situation géographique intéressante car les sites de plein air sur substrat riche en
silex ne sont pas très éloignés de ceux en grotte qui
sont dépourvus de toute source locale d’approvisionnement en silex.
Ces types de gisements opposés tant par la nature
du lieu d’occupation que par l’approvisionnement en
matières premières se mêlent en moyenne Belgique
pour aboutir à des situations intermédiaires : les Néandertaliens ont parfois pu bénéicier de cavités bordées
d’afleurements de silex (grotte de l’Hermitage) ou
non loin de cailloutis les remaniant (grotte de la
Bètche-aux-Rotches) ; ils se sont aussi parfois
implantés en plein air en des lieux dénués de gîtes de
silex. Tout cela donne l’image de Néandertaliens
fréquentant des milieux naturels variés. En conséquence, le territoire belge constitue un lieu favorable
à l’étude du comportement des Néandertaliens face à
des environnements diversiiés, habituellement répartis
sur une plus large échelle.
Au travers des quelques exemples que nous avons
abordés, on constate une disparité relativement importante en termes d’acquisition et de traitement des
matériaux lithiques en fonction du cadre naturel des
implantations.
Dans cette optique, la simple opposition grottesplein air ne rend pas compte de la diversité des situations rencontrées. Ainsi, certains assemblages retrouvés
en contexte karstique présentent plus d’afinités avec
des séries de plein air qu’avec d’autres sites de grotte,
et vice versa.
Par exemple, l’assemblage récolté à la grotte de
l’Hermitage, par l’emploi quasi-exclusif du silex et la
forte standardisation de la production, montre de plus
fortes ressemblances avec l’industrie du gisement
paléolithique de plein air d’Otrange qu’avec celles de
la grotte Scladina, du Trou du Diable ou de la grotte
de la Bètche-aux-Rotches. Dans le même ordre d’idées,
l’industrie récoltée en plein air au mont de l’Enclus
témoigne, par la souplesse caractérisant l’exploitation
des blocs, de certaines similitudes avec les productions
des grottes Scladina et de la Bètche-aux-Rotches.
Fig. 26 (à gauche) – Mont de l’Enclus : éclats de différents types, illustrant les préférences morphologiques principales lorsque les blocs
autorisent un débitage relativement standardisé (dessins K. Di Modica ;
DAO M. Boufioux).
Fig. 26 (left) – Mont de l’Enclus: lakes of different types illustrating the
main morphological tendencies when the blocks make possible relatively
standardised debitage drawings K. Di Modica; CAD M. Boufioux).
235
L’opposition karst-plein air ne se manifeste que lors
de la comparaison de séries localisées dans des
contextes géologiques très différents. Ainsi, tout sépare
la série de la grotte Scladina de celle du gisement
paléolithique d’Otrange. L’approvisionnement en
matières premières y est foncièrement différent puisque
d’un côté on fait appel à divers matériaux, alors que
de l’autre on emploie exclusivement le silex. Le traitement des blocs varie également d’un site à l’autre,
opposant les chaînes opératoires lexibles de Scladina
et celles plus standardisées du gisement paléolithique
d’Otrange.
Par contre, les conditions d’approvisionnement en
silex inluent considérablement sur la composition
inale des industries. La présence de silex à proximité
du site et la morphométrie des blocs disponibles sont
deux paramètres importants qui circonscrivent le cadre
des productions réalisées pour mener les activités
prévues durant l’occupation du site. Pour cette raison,
il existe une distinction, bien réelle celle-là, entre les
occupations localisées au nord et au sud du sillon
Sambre-et-Meuse (FIG. 27).
Les sites qui se trouvent au nord disposent dans
tous les cas d’un approvisionnement assez facile en
blocs de silex (FIG. 28). Systématiquement, la présence
de ce matériau à proximité du site engendre son emploi
exclusif ou quasi-exclusif.
Les sites localisés au sud, par contre, sont la plupart
du temps situés dans des environnements où le silex
est absent (FIG. 28). Ce matériau est tout de même
employé, malgré un transport sur une distance parfois
conséquente (supérieure à 30 km dans le cas du Trou
du Diable) et la nécessité de franchir la Sambre ou la
Meuse à gué. Conjointement, les Néandertaliens ont
alors employé un ou plusieurs autres matériaux disponibles à proximité du site et qui sont destinés à
compléter le stock de silex à des ins d’économie de
ce matériau. Ce recours aux roches locales est systématique et ce même si la distance séparant le gîte de
silex et le site n’est pas trop importante (grotte
Scladina). Seuls les sites de la vallée de la Vesdre, au
sud de Liège, font exception à ce qui s’assimile à une
véritable règle. Là, la rive droite de la rivière borde
les afleurements crétacés du pays de Herve (FIG. 3) qui
fournissent des nodules de silex en abondance.
L’importation du silex revêt différentes formes.
Parfois, il s’agit de blocs simplement testés ou
dégrossis, comme à Scladina, mais parfois le matériau
est amené sous des formes plus élaborées : nucléus et
éclats, comme au Trou du Diable. Les Néandertaliens
transportent une certaine quantité de silex et éclatent
plus ou moins fortement la chaîne opératoire dans le
temps et dans l’espace en fonction d’objectifs qui sont
donc déterminés parfois bien avant l’arrivée au site et
certainement même dès avant la collecte des blocs.
L’apport du silex en quantité limitée a des conséquences plus ou moins marquées sur le traitement de
ce matériau tant en ce qui concerne la production des
supports que leur transformation par retouche. Ainsi,
les mesures d’économie du silex s’expriment-elles le
plus fortement dans les sites des vallées de la Lesse
et de la haute Meuse. On y observe une réduction très
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
236
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Fig. 27 – Exemples de variabilité des industries en fonction de la distance d’approvisionnement en silex, de la nécessité de franchir le sillon Sambre-etMeuse pour s’en procurer, et de la morphométrie des blocs mis en œuvre.
Fig. 27 – Examples of the variability of the industries according to the distance of lint procurement, depending on the need to cross the fault line of the
Sambre-and-Meuse valley and also depending on the morphometry of the used blocks.
importante des nucléus, jusqu’à la production d’éclats
de très petites dimensions, mais dont le degré de
préparation relète toute l’attention accordée à leur
détachement. Ces mesures d’économie s’expriment
aussi parfois dans la forte réduction de l’outillage en
silex ainsi que dans les stratégies de remploi et de
réaffûtage (Trou du Diable).
La morphologie des blocs mis en œuvre (FIG. 28)
constitue un autre paramètre de variabilité qui
inluence de manière considérable la constitution des
industries. L’analyse des produits démontre un
rapport direct entre la morphométrie des blocs
récoltés et les modalités de leur exploitation. Ainsi,
dès que les assemblages induisent l’utilisation de
blocs de grandes dimensions, on constate le recours
à des chaînes opératoires standardisées, surtout de
conception Levallois mais aussi discoïde et laminaire
volumétrique.
Si cette morphométrie des blocs exploités dépend
pour partie des possibilités offertes par l’environnement, elle est aussi due à des choix clairement posés
par les Néandertaliens lors de la récolte. C’est le cas
à la grotte de l’Hermitage, avec l’emploi de
plaquettes pour le façonnage des bifaces ou à des
volumes plus globuleux pour le débitage Levallois.
C’est aussi le cas à Remicourt dans le choix des
supports pour le débitage Laminaire volumétrique.
Enin, c’est encore le cas à la grotte de la Bètcheaux-Rotches à Spy : les nodules de silex exploités
sont de dimensions restreintes mais il existe manifestement une préférence pour des galets de forme
régulière et présentant déjà deux faces opposées et
des nervures-guides naturelles ain d’initialiser rapidement le débitage.
Au contraire, dès que les blocs sont de dimensions
plus restreintes ou ont des formes plus contraignantes,
les technologies s’assouplissent et deviennent plus
lexibles, pour privilégier alors la rentabilité de la
production de tranchant brut aux dépens de leur
sophistication (grotte Scladina).
Ainsi, la variabilité industrielle observée d’une
région à l’autre doit être comprise avant tout comme
le relet des facultés poussées d’adaptation des Néandertaliens aux environnements géologiques très divers
qu’ils rencontraient au gré de leurs déplacements
(FIG. 28).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
237
Fig. 28 – Schéma illustrant la diversité des régions en ce qui concerne tant la disponibilité du silex que leur morphologie, deux paramètres essentiels qui
engendrent notamment des stratégies de transport, d’emploi conjoint de matériaux différents et d’adaptation des concepts de débitage (carte de Belgique
tirée de Pirson, 2007).
Fig. 28 – Mont de l’Enclus: diagram illustrating the regional diversity in terms of both availability and morphology of lint nodules, two key parameters that
generate strategies including transport, joint use of different raw materials and adapation of concepts of debitage map of Belgium, after Pirson, 2007).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
238
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
5. éléments de dIscussIon
La grande disparité des contextes géologiques et
géomorphologiques qui caractérise la Belgique n’est
évidemment pas le seul élément susceptible d’inluencer la composition inale des industries. D’autres
paramètres tels que la chronologie (et donc forcément
les luctuations climatiques et environnementales),
l’appartenance culturelle, l’ensemble des facteurs inhérents au fonctionnement du site (objectifs poursuivis,
activités réalisées, organisation de l’habitat, durée
d’occupation…), la dynamique sédimentaire et les
processus taphonomiques sont autant d’éléments
susceptibles d’interagir sur l’état actuel des assemblages.
5.1. sIgnature culturelle
et technocomplexes
Le modèle de variabilité régionale discuté ci-avant
n’est pas sans conséquence sur les attributions
culturelles proposées jusqu’ici pour ces industries. On
constate par exemple que les tendances « charentiennes » qui avaient été décrites en Belgique correspondent en fait aux industries qui se trouvent dans des
contextes d’approvisionnement en matière première
défavorables (silex indisponible ou sous forme de
blocs de dimensions médiocres) : grottes de haute
Belgique ou sites de moyenne Belgique exploitant un
cailloutis de silex. Seul, un assemblage lithique dépendant d’afleurements crétacés fut autrefois rapproché
du « Charentien » (Trou Robay).
Le cas de l’assemblage dit « du troisième niveau
ossifère » de la Bètche-aux-Rotches de Spy est révélateur de cette « illusion charentaise » (Otte, 1998). La
production ne correspond pas à un débitage Quina
(Bourguignon, 1997) car elle est essentiellement
opérée sur une seule surface et tient avant tout compte
de la morphologie de départ du galet. De plus, cette
attribution culturelle ancienne (Bordes, 1959) s’appuie
sur la présence dans l’assemblage de quelques pièces
à retouche scalariforme, un critère qui à lui seul ne
satisfait plus aux conditions actuelles de déinition de
ce faciès (Bourguignon, 1997). Enin, dernier argument et non des moindres, l’absence d’observations
stratigraphiques ines est très loin d’offrir des garanties
sufisantes en termes d’homogénéité de l’assemblage
lithique, qui pourrait dès lors rassembler artiiciellement plusieurs occupations aux caractéristiques différentes et surtout d’époques distinctes.
Un autre exemple est constitué par la couche 5 de
Scladina. Celle-ci fut considérée comme une industrie
de débitage Quina mais de faciès non Quina, avec
coexistence de différentes conceptions de débitage
(Bourguignon, 1998). Des remontages plus nombreux
et plus complets qu’auparavant ont permis de mettre
en évidence des chaînes opératoires dont la complexité
va au-delà de la dualité Quina/Levallois que l’étude
technologique des artefacts avait suggéré auparavant.
Autre preuve de cette souplesse du débitage, des pièces
considérées comme relevant des concepts Quina et
Levallois ont pu être remontées sur un même
nucléus !
Malgré cela, un certain nombre d’éléments indiquent
de façon claire l’existence de traditions culturelles
distinctes, sources, elles aussi, d’une certaine disparité
des productions lithiques. Ainsi, 184 des 437 points
de découverte que nous avons répertoriés comportent
une ou plusieurs pièces bifaciales. Les pièces symétriques étaient pour partie assimilées au MTA par
M. Ulrix-Closset. Les pièces asymétriques, quant à
elles, relèvent de traditions plus orientales, autrefois
dites « micoquiennes » (Ulrix-Closset, 1975). La caractérisation de ces produits (FIG. 29) mériterait un examen
approfondi qui sort du cadre de ce travail.
Indépendamment d’un contexte de découverte
souvent imprécis, les pièces bifaciales constituent donc
des marqueurs précis qui, dans le paysage du Paléolithique moyen, permettent d’identiier l’expression de
traditions stylistiques particulières (Otte, 2001). Cellesci affectent les productions lithiques de tout le territoire, tant en grotte qu’en plein air et indépendamment
de tout contexte d’approvisionnement en matière
première, parfois grâce à des adaptations de la production (bifaces de Scladina, niveau 1A, sur galet marin
de silex).
Si la portée culturelle des productions bifaciales,
symétriques et asymétriques, est acquise de longue
date (Bordes, 1953 ; Bordes et Bourgon, 1951 ;
Bosinski, 1967 ; Otte, 2001 ; Peyrony, 1926 ; Soressi,
2002 ; Turq, 2000), celle du débitage laminaire l’est
moins et l’on préfère habituellement l’expression
beaucoup plus neutre de « technocomplexe » pour la
caractériser (Delagnes et al., 2007).
Son aire de répartition géographique et sa distribution chronologique sont maintenant bien déinies mais
sa signification n’est toujours pas claire. En cela,
’absence de ce type de production dans les sites en
contexte cavernicole du bassin Mosan est un élément
qui doit nous interpeller : constitue-t-il une réponse à
une gamme de besoins spéciiques à des occupations
de plein air, le marqueur d’une tradition qui a « évité »
les grottes, ou sa totale absence du milieu karstique
correspond-elle à des différences chronologiques
actuellement non perçues ? Le territoire belge, en ce
sens, pourrait apporter de précieuses informations.
5.2. chronologIe et VarIatIons
paléoenVIronnementales
Des synthèses récentes ont démontré l’impact des
changements climatiques sur les peuplements avec
notamment une discussion importante, en Europe
septentrionale, sur l’interprétation à donner aux
périodes d’apparente désertion en termes, soit de
migrations, soit d’extinctions localisées (Hublin et
Roebroeks, 2009 ; Jöris, 2002b ; Richter, 2001 ; Richter,
2006 ; Roebroeks et al., 1992 ; Roebroeks et Tuffreau,
1999). Concernant les industries lithiques, les
discussions portent notamment sur les productions
laminaires et sur celles de type « Keilmessergruppen »
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
Fig. 29 – Deux catégories de bifaces sont présentes sur le territoire belge : l’une de pièces symétriques, notamment représentée à la grotte
de l’Hermitage, l’autre de pièces asymétriques, illustrée entre autre par la série de la grotte du Docteur (dessins M. Ulrix-Closset, 1975 ;
clichés et DAO K. Di Modica).
Fig. 29 – Two categories of handaxes are present on the Belgian territory: the one includes symmetrical handaxes, particularly well represented at the Hermitage Cave and the other asymmetrical pieces as shown by the series stemming from the Grotte du Docteur (drawings
M. UlrixClosset, 1975; photographs and CAD K. Di Modica).
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
240
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
(KMG. ou « Micoquien »). Les premières sont parfois
employées pour soutenir plutôt l’hypothèse d’extinctions locales puisqu’elles disparaissent d’Europe
septentrionale à l’aube du SIM 4 et ne se trouvent pas
selon les mêmes conceptions plus au sud, là où les
populations nordiques sont supposées avoir trouvé
refuge (Hublin et Roebroeks, 2009). Les secondes, par
contre, plaideraient plutôt en faveur d’un mouvement
nord-sud accompagnant le maximum glaciaire du
SIM 4 puis d’une recolonisation du nord de l’Europe
centrale au SIM 3 (Jöris, 2002a, 2002b).
Dans ce débat, les données du Paléolithique moyen
de Belgique interviennent, d’une part car le phénomène laminaire y est bien représenté dans les sites du
Saalien et du Début Glaciaire weichselien, d’autre part
car les grottes de Ramioul et du Docteur à Huccorgne
ont livré des assemblages typologiquement attribuables aux KMG (Jöris, 2002a, 2002b ; Ulrix-Closset,
1973a, 1973b, 1975).
Toujours en termes de chronologie et de changements climatiques, plusieurs facteurs sont connus pour
influencer l’accessibilité aux matières premières :
accumulation des lœss weichseliens, comblement des
fonds de vallées durant les interglaciaires, plus grande
compétence des cours d’eau en période glaciaire et
encaissement progressif des rivières – érodant par
conséquent des bancs géologiques différents d’une
période à l’autre – constituent autant de paramètres
démontrant que les conditions d’accès aux différents
matériaux varient d’une période à l’autre (Turq, 2005).
La chronologie, par le truchement des changements
climatiques, modifierait donc l’accessibilité des
matières premières et, par voie de compétence, leur
exploitation.
En Belgique, un excellent exemple est constitué par
le bassin de Mons, où l’on observe sur plus de
200 000 ans des changements dans les stratégies
d’acquisition des matériaux. Les nappes alluviales de
Pa d’la l’iau, Mesvin et Petit-Spiennes tirent proit
d’un silex d’excellente qualité durant le Pléistocène
moyen, alors que les vallées des environs incisent les
dépôts crétacés disposés en amont des sites. Les
niveaux de base de la Carrière Hélin relètent l’exploitation, durant le Saalien, de galets luviatiles de silex
de moindre qualité, issus du démantèlement de bancs
de craie différents et de cailloutis tertiaires. Les
niveaux supérieurs de ce même site, datés du Pléniglaciaire moyen du Weichselien, par contre, exploitent
un silex importé depuis 2 km au sud. À cette époque,
les cailloutis luviatiles exploités jusqu’alors ne sont
plus exposés à proximité du lieu occupé, ce qui nécessite d’aller s’approvisionner ailleurs.
La comparaison des deux niveaux principaux de la
grotte Scladina, à la limite entre la Moyenne et la
Haute Belgique est particulièrement informative quant
à l’impact des changements paléoenvironnementaux et
de la chronologie sur les productions lithiques. La
couche 5 est datée du Début Glaciaire weichselien
tandis que la couche 1A se rapporte au Pléniglaciaire
moyen weichselien. Toutes deux dépendent d’un même
substrat géologique essentiellement composé de formations paléozoïques mais présentent des différences en
termes d’approvisionnement lithique. Dans la couche 5,
le silex est présent quasi-exclusivement sous forme de
nodules importés depuis la Hesbaye. Dans la couche 1A,
les produits importés sont toujours là, mais des galets
de silex à cortex luviatile ont aussi été exploités. Ces
derniers, par leur nature alluvionnaire, sont considérés
comme d’origine probablement locale.
Les prospections ont démontré que ces silex à
cortex luviatile sont extrêmement dificiles à trouver
aux alentours de Scladina. Le fait qu’on les y retrouve
abondamment employés au sein de l’assemblage
lithique de la couche 1A indique qu’ils devaient être
autrefois plus accessibles et constituaient une ressource
locale de premier choix. Ils sont par contre quasiment
absents de l’assemblage de la couche 5, ce qui laisse
présager une certaine rareté de ces galets au sein des
contextes alluvionnaires au Début Glaciaire weichselien, qu’il s’agisse d’anciennes terrasses ou du lit du
leuve. À Sclayn donc, les différences en termes de
systèmes d’approvisionnement en ressources lithiques –
avec toute l’adaptation du débitage que cela implique –
seraient liées aux changements paléoenvironnementaux intervenus entre le Début Glaciaire et le
Pléniglaciaire moyen du Weichselien.
Depuis peu, des études ont aussi été consacrées à
l’impact des changements climatiques sur l’organisation intra- et intersites, notamment en ce qui concerne
la supericie occupée, l’importance quantitative de
l’industrie lithique, la fonction et la durée d’occupation des sites, le tout en relation avec le développement plus ou moins prononcé de la couverture végétale (Depaepe, 2002, 2007 et 2010 ; Richter, 2006 ;
Roebroeks et al., 1992 ; Roebroeks et Tuffreau, 1999).
Plusieurs éléments ont été dégagés, qui constituent
autant de pistes de rélexion.
Tant la supericie occupée que la densité d’artefacts
par site serait en relation avec l’ouverture progressive
du paysage de l’Eemien au début du Pléniglaciaire
inférieur du Weichselien. Le plus grand nombre d’artefacts sur les sites du SIM 4 pourrait s’expliquer par
des durées d’occupation plus longues, une gestion
différente du territoire, ou encore une variation en
termes d’accessibilité des ressources lithiques
(Depaepe, 2010 ; Goval, 2008 ; Richter, 2006).
Pour le Paléolithique moyen de la France septentrionale, une classification des répartitions spatiales
proposée par P. Depaepe (Depaepe, 2002, 2007 et 2010 ;
Patou-Mathis, 2006 ; Roebroeks et al., 1992) reléterait
notamment des différences dans la fonction et la durée
d’occupation du site : deux paramètres susceptibles de
générer une variabilité tant technologique que typologique. Elle pourrait aussi, dans certains cas, illustrer
plusieurs occupations se succédant rapidement au même
endroit mais n’ayant aucun lien entre elles excepté leur
localisation dans le paysage, selon le modèle des
niveaux « palimpsestes » (veil of stones ; Roebroeks,
1988). Ce type de raisonnement a conduit à remettre en
question l’association du débitage Levallois et du débitage Laminaire au sein d’un même site puisque les deux
technologies sont systématiquement présentes sous
forme de concentrations distinctes lorsqu’elles sont
représentées ensemble (Locht et al., 2010).
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
Dans la moitié nord de la France, la dimension des
éclats Levallois produits et leurs modalités d’obtention
pourraient être en relation avec la chronologie. Les
industries du Début Glaciaire weichselien semblent en
tout cas plutôt caractérisées par un débitage Levallois
récurrent dominant tandis que celles du Pléniglaciaire
seraient dominées par un débitage Levallois linéal
générant des éclats par conséquent plus grands
(Depaepe, 2007).
Le site de Remicourt « En Bia Flo I » (Bosquet et
Haesaerts, à paraître) est l’un des seuls sites de plein
air en Belgique à avoir livré une distribution spatiale
explicite. L’analyse de la répartition spatiale en fonction de la matière première, de la technologie, de la
morphologie et du type de produits, des remontages
(FIG. 23), des résultats tracéologiques (Jardón Giner et
Bosquet, 1999) et anthracologiques permet de distinguer sans ambiguïtés deux ensembles cohérents, l’un
plus dense et plus réduit que l’autre, au sein d’une
même unité stratigraphique.
L’absence de mélange et de remontage entre les
deux aires d’activité, alors même qu’elles sont attenantes et qu’une partie du matériel est dispersée, pose,
tout comme pour les sites de France septentrionale, la
question de leur contemporanéité. Deux hypothèses
sont envisageables : un seul campement divisé en deux
parties distinctes ou deux occupations qui se sont
succédé rapidement.
L’aire 1 est caractérisée par la production de lames
à partir d’un silex de bonne qualité (FIG. 23, Nos 1 À 9) et
l’aire 2 est consacrée à des opérations requérant un
espace plus vaste et un outillage apparemment assez
massif, aménagé sur des variétés de silex plus grossières (FIG. 23, Nos 11 À 18). Pour, cette dernière zone, il
pourrait s’agir, en partie au moins, d’activités de
démembrement de carcasses et/ou de bris d’ossements
dans le but d’alimenter un feu. Des coins à fendre l’os
et/ou le bois (FIG. 23, Nos 12, 14 ET 18) y sont associés à
des charbons de bois et d’os (FIG. 23, No 10) concentrés
sur 2 m2 et qui sont probablement les vestiges d’un
foyer (FIG. 23, zone en grisé dans l’aire d’activité 2).
L’étude tracéologique (Jardón Giner et Bosquet, 1999)
a également permis de repérer plusieurs pièces utilisées au sein du poste de taille (aire 1), indiquant que
d’autres activités que la taille y ont été menées, soit
que ces pièces y aient été abandonnées après avoir été
remplacées par celles nouvellement produites.
Les données de Remicourt « En Bia Flo I » montrent
que des paramètres tels que la durée d’occupation, la
saisonnalité, la structuration de l’espace et des activités ainsi que les objectifs poursuivis, interviennent
eux aussi dans la constitution des assemblages.
En grotte, on peut s’interroger sur le palimpseste
ou non des industries lithiques car, si « un voile de
pierres » (veil of stones ; Roebroeks, 1988) il y avait,
les occupations successives se surimposeraient plutôt
que de s’éparpiller, en lien avec la contrainte topographique imposée par la nature karstique du gisement. Le mélange serait ensuite encore renforcé par
la dynamique sédimentaire particulière à ce type de
site, caractérisée par l’importance des dépôts de pente.
Néanmoins, les cas de igure représentés à la grotte
241
Scladina démontrent qu’une signature anthropique
subsiste occasionnellement :
L’assemblage lithique daté d’environ 38 500 ans se
caractérise par deux nappes d’artefacts, l’une tirant
proit de la lumière du porche, l’autre de celle produite
par un aven situé à 30 m de l’entrée de la cavité.
Contenues dans des ensembles sédimentaires différents, elles sont cependant reliées par un remontage
indiquant l’exploitation des deux zones par un même
groupe humain. Toujours en ce qui concerne cet
assemblage, des caractéristiques taphonomiques (état
de fraîcheur, patine, etc.) et la répartition spatiale
permettent toutefois d’envisager un mélange d’occupations pour le matériel provenant de la zone d’entrée.
Le cas illustré par la couche 1A montre toute la
complexité des situations en contexte karstique, où il
est nécessaire de faire le tri entre ce qui tient de
l’occupation, du palimpseste et du remaniement naturel
(Bertran, 2004 ; Bonjean et al., 2009 ; Jaubert et
Delagnes, 2007 ; Lenoble et Bertran, 2004 ; Texier
et al., 2004).
La collection de la couche 5, quant à elle, ne
présente aucun critère objectif permettant de soupçonner l’existence d’un palimpseste signiicatif entre
des occupations différentes : Aucune des données
archéozoologiques (Patou-Mathis, 1998) et technotypologiques que taphonomiques ou encore de répartition spatiale (Bonjean, 1998a ; Otte et al., 1998b) ne
permettent d’isoler des ensembles distincts : le silex a
été soumis aux mêmes patines et présente une altération des tranchants homogène d’une pièce à l’autre.
Le matériel en silex provient d’un même type de gîte
et est exploité selon un système cohérent d’adaptation
du débitage aux types de blocs sélectionnés. De plus,
les matériaux locaux autres que le silex montrent une
succession de concepts différents sur certains blocs
sans qu’un ordre récurrent – qui pourrait traduire une
chronologie avec, par exemple, une première occupation privilégiant le débitage unifacial suivie d’une
seconde privilégiant le débitage Quina – n’ait pu être
dégagé. Reste alors un point de discussion alimenté
par la densité de matériel au mètre carré – très largement supérieure à celle des sites de plein air de France
septentrionale – mais celle-ci pourrait tenir à la restriction de la surface d’occupation imposée par la nature
karstique du lieu.
5.3. FonctIons des sItes
et durées d’occupatIon
Plusieurs types de site sont habituellement distingués en fonction de leurs objectifs : certains sont plutôt
tournés vers l’exploitation des ressources minérales,
d’autres vers celle de la biomasse (Jaubert et Delagnes,
2007). La durée d’occupation est un autre paramètre,
lié à la notion de mobilité : plus longue est l’occupation d’un même lieu, plus grand est le nombre de
besoins rencontrés. Des sites à objectifs spécialisés et
occupés brièvement tels des haltes de chasse ou des
ateliers de débitage peuvent ainsi être opposés à des
sites résidentiels. L’objectif de la production lithique
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
242
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
étant de répondre directement ou indirectement à ces
besoins, des modiications interviennent en termes
d’acquisition des matières premières (engendrant les
notions de complémentarité/supplémentarité en cas
d’emploi de roches multiples : voir Huet, 2006), de
débitage et de transformation des supports, d’importation et d’exportation de pièces. Une mobilité plus
réduite notamment, pourrait expliquer des différences
de supericie occupée, de quantité d’artefacts produits,
de matières premières employées, d’exhaustion de la
production et de chaînes opératoires appliquées (voir
notamment Depaepe, 2010 ; Dibble et Roland, 1992 ;
Kuhn, 1995 ; Patou-Mathis, 2006 ; Richter, 2006).
En ce qui concerne la Belgique, cette diversité des
fonctions et des durées d’occupation pourrait partiellement correspondre à la mosaïque d’environnements,
avec des sites exploitant prioritairement les ressources
lithiques dans le bassin de Mons et en Hesbaye que
l’on opposerait à d’autres, exploitant prioritairement
les ressources animales dans les vallées de haute
Belgique. On pourrait alors, de façon caricaturale,
opposer la couche 5 de la grotte Scladina à la Sablière
Kinart d’Omal. La première est une halte de chasse
au chamois ayant impliqué un court séjour, l’importation de silex pour faire face aux objectifs planiiés et
le recours à d’autres matériaux ain de répondre aux
besoins rencontrés durant l’occupation (Moncel et al.,
1998 ; Otte et al., 1998c). La seconde compile probablement des passages répétés de Néandertaliens exploitant un gîte de silex réputé pour son abondance et sa
qualité, ce qui conduit à une accumulation sur moins
de 250 m2 de près de 40 000 artefacts débités selon
une conception Levallois. Les produits de plein débitage y sont peu représentés et ont vraisemblablement
été emportés (Bonjean, 1990).
Au sein d’une même région cependant, les différences apparaissant entre les industries ne permettent
pas de résumer la variabilité à cette dichotomie. En
Hesbaye, on peut par exemple confronter la Sablière
Kinart d’Omal à l’occupation de Remicourt « En Bia
Flo I » : cette dernière a livré une industrie de quelques
centaines de pièces à peine, avec un débitage laminaire, au moins un foyer et une gamme d’activités
domestiques (Jardón Giner et Bosquet, 1999). Ces
occupations ne sont donc comparables ni en termes de
durée ou de répétition des occupations, ni en termes
d’objectifs.
5.4. VarIaBIlIté prImaIre
et VarIaBIlIté secondaIre
L’état inal d’une industrie lithique dépend donc
d’un nombre important de facteurs qui tiennent tant
aux caractéristiques de l’environnement naturel qu’aux
actes posés par les populations ain de répondre à leurs
besoins au sein d’un contexte culturel précis, susceptible d’évolution ou de transformation.
On peut dès lors se poser la question de l’importance
relative de ces différents paramètres dans un environnement naturel « en mosaïque » tel que celui de la
Belgique, avec des oppositions marquées en termes de
relief (plaines-vallées encaissées et hauts plateaux) et
d’accessibilité des matières premières (présence-absence
de silex, morphométrie des blocs).
À ce titre, les comparaisons diachroniques sont
particulièrement intéressantes car elles permettent de
confronter des productions dépendant d’un même lieu
mais liées à des paléoenvironnements et des périodes
différents, par conséquent très probablement marquées
par des contextes culturels différents.
Ainsi, en contexte karstique, le site de la grotte
Scladina, à la limite entre la haute et la moyenne
Belgique, est approprié car il permet de confronter une
occupation du Début Glaciaire weichselien à une autre
du Pléniglaciaire moyen. Séparées par près de
70 000 ans, elles présentent comme point commun de
combiner l’usage d’un silex importé à l’emploi d’une
variété de roches disponibles à proximité de la grotte
dans les alluvions mosanes ou à l’état détritique sur
les plateaux et dans les vallées. Les deux occupations
montrent en outre un système relativement similaire
d’exploitation des galets, avec des systèmes adaptés à
leur morphologie, ainsi que des produits en silex de
dimensions relativement similaires et caractérisés par
un manque de standardisation morphologique. Elles
divergent sur certains points : des galets de silex sont
employés dans la couche 1A, et les modalités techniques relatives au silex apparaissent plus standardisées
dans la couche 1A que dans la couche 5.
En plein air, le site de Veldwezelt « Hezerwater »
permet de comparer des industries relativement
contemporaines de celles de Scladina : les niveaux VLL
et VBB relèveraient de l’Eemien ou du Début Glaciaire
weichselien, tandis que WFL et TLR datent du Pléniglaciaire moyen du Weichselien. Dans chacun des cas,
le silex y est employé de manière exclusive et provient
toujours des alentours immédiats du site. Le débitage
y est largement dominé par le concept Levallois. Des
éléments de divergence apparaissent, qui tiennent à la
présence d’un débitage Laminaire au Début Glaciaire,
à l’importance numérique des industries, à la représentativité des différents types de produits ainsi qu’au
taux de retouche.
La comparaison de ces industries met en évidence
des différences diachroniques entre les occupations au
sein d’un même lieu. On constate cependant que les
afinités les plus fortes (en termes de stratégie d’acquisition des matériaux et de systèmes techniques) se
marquent au travers des assemblages d’un même site
et non d’une même tranche chronologique (FIG. 30). Ces
afinités montrent clairement que les paramètres liés
à la nature du substrat géologique aux alentours constituent une sorte de « il conducteur » et génèrent une
variabilité régionale qui s’exprime de manière forte et
prédomine sur les autres facteurs.
6. conclusIons
La concentration de points de découverte de matériel du Paléolithique moyen sur le territoire belge est
l’une des plus importantes d’Europe, avec 437 lieux
Les plaines du Nord-Ouest : carrefour de l’Europe au Paléolithique moyen ?
12 – Le Paléolithique moyen en Belgique : variabilité des comportements techniques
243
Fig. 30 – Grotte Scladina et Veldwezelt Hezerwater : mise en perspective des industries lithiques attribuées à l’OIS 5 et à l’OIS 3.
Les similitudes les plus fortes se manifestent lorsque l’on compare les industries de chaque site et non celles d’une même époque
(dessins P. Bringmans, 2006 ; clichés et DAO K. Di Modica)
Fig. 30 – Scladina Cave and Veldwezelt Hezerwater: comparison of the lithic industries attributed to OIS 5 and OIS 3. The strongest
similarities appear when the industries of each site are compared and not those assigned to the same period (drawings P. Bringmans,
2006; photographs and CAD K. Di Modica).
de découverte répartis au sein d’un espace constitué
d’une mosaïque d’environnements contrastés. Elle
constitue par conséquent une région particulièrement
favorable à l’étude du rapport unissant les Néandertaliens à leur biotope.
Ces industries ont permis de dégager un lien fort
entre les caractéristiques du sous-sol et les occupations
du Paléolithique moyen. À un territoire composé d’une
mosaïque de paysages se surimpose un patchwork
d’industries qui, d’une région à l’autre, divergent tant
en termes de modalités d’acquisition des matières
premières que de systèmes techniques. Des zones
privilégiées pour le traitement des matières lithiques
sont ainsi géographiquement séparées d’autres qui
conviennent peut-être mieux à l’exploitation des
ressources animales. De l’une à l’autre, transparaissent
des dynamiques de mobilité, des transferts de
ressources et des notions d’économie : les populations
se déplacent, emportant des plaines crétacées le silex
dont elles ont besoin pour leurs implantations dans les
grottes de haute Belgique, et repartent après des
chasses fructueuses avec un stock de nourriture. Audelà d’une simple dualité grotte-plein air, les sites de
Belgique illustrent donc un système particulièrement
dynamique qui constitue l’interface entre l’homme et
son environnement naturel.
Anticipation, planiication, et adaptation sont donc
les facultés qui caractérisent les populations néandertaliennes face à leur environnement. Elles se relètent
de façon directe dans la variabilité des industries, et
en particulier en Belgique pour les raisons énoncées
plus haut.
D’autres paramètres interviennent, bien entendu :
chronologie, fonction des sites, durée d’occupation, etc.
Il serait réducteur de limiter la variabilité des implantations moustériennes à ce modèle. Néanmoins, celui-ci
semble constituer un « niveau primaire » de diversité.
Les sites d’un même environnement présentent de
nombreuses similitudes, indépendamment de leur
chronologie, et davantage en tout cas que des sites
pénécontemporains tributaires de sous-sol distincts.
Ainsi, la conjonction des différents facteurs constitue
un tableau complexe où s’entremêlent subtilement une
gamme de réponses adaptées aux besoins et à l’environnement, le poids des traditions techniques ou stylistiques, les transformations à travers le temps et très
probablement d’autres paramètres qui nous sont à
jamais inintelligibles.
Mémoire 59 de la Société préhistorique française
244
K. DI MODICA, G. ABRAMS, D. BONJEAN, D. BOSQUET, P. BRINGMANS, C. JUNGELS et C. RYSSAERT
Enin, l’intérêt majeur du territoire belge, au-delà
de reléter une variabilité importante des productions,
est de pouvoir en étudier les causes. Par la contraction,
sur un espace géographique restreint, de territoires aux
caractéristiques relativement différentes et habituellement dispersées à une large échelle inter-régionale, ce
territoire occupe une position privilégiée. On peut y
étudier des industries mais aussi tester, comme dans
un véritable experimentarium, des hypothèses qui
seraient émises par ailleurs. Soumettre ces hypothèses
à la mosaïque d’environnements contrastés de la
Belgique permettrait alors d’évaluer l’inluence respective et conjuguée des différents facteurs sur les productions lithiques des Néandertaliens et d’ainsi valider,
inirmer ou moduler nos interprétations.
notes
(1) Grottes d’Engis aux Awirs, grotte de La Naulette à Hulsonniaux,
grottes de la terrasse à Goyet, grotte de la Bètche-aux-Rotches à Spy,
grottes du Bay Bonnet à Trooz, Trou de l’Abîme à Couvin, grotte Scladina à Sclayn et grotte Walou à Trooz.
(2) Cette nécessité de prendre en compte les séries anciennes et les
fouilles récentes ne vaut pas que pour la Belgique : dans le Nord de la
France par exemple, la complémentarité des deux sources documentaires
apparaît clairement dans la problématique des productions bifaciales :
les collections anciennes regorgent de bifaces, contrairement aux industries exhumées récemment (Depaepe, 2007).
(3) Par nucléus « sur tranche », nous entendons un débitage mené dans
l’épaisseur du galet en mode semi-tournant ou tournant à partir d’un plan
de frappe unique, cortical ou constitué par une ancienne surface ventrale.
(4) Le triangle compris entre Warêt-l’Évêque, Braives et Waremme –
entre 10 km et 20 km à vol d’oiseau de Sclayn – pourrait avoir constitué
le lieu de récolte car la Mehaigne et son afluent principal, la Burdinale,
y ont creusé des vallées profondes, entaillant tant les strates mésozoïques
que le socle paléozoïque. Les bancs de Crétacé sont donc exposés sur
les versants et libèrent, au gré des érosions successives, des blocs de
silex non altérés par les intempéries.
(5) L’essentiel du matériel fut recueilli dans l’horizon blanchi de
Momalle (HBM). Cependant, quelques pièces de l’aire 1 se remontent
sur d’autres récupérées in situ dans les lœss qui ont enregistré le Sol de
Villers-Saint-Ghislain A (Haesaerts et al., 1999). L’aire 1 est donc
contemporaine de ces lœss, actuellement corrélés au SIM 5b. La concentration B est, au plus jeune, contemporaine de l’HBM, actuellement
corrélé au début du SIM 5a. Pour une interprétation récente de la
séquence des lœss de Moyenne Belgique et des corrélations avec celle
du Nord de la France, se référer à Haesaerts (tableau inédit publié dans
Pirson, 2007, p. 30).
(6) Pour la méthode de reconstitution graphique des remontages utilisée,
voir Locht et al., 2003.
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Kévin dI modIca
grégory aBrams
dominique BonJean
caroline ryssaert
Archéologie Andennaise asbl,
339d, rue Fond des Vaux, B-5300 Sclayn-Andenne
Kevin
[email protected]
dominique Bosquet
Service de l’Archéologie en province de Brabant,
15, rue Vésale, B-1301 Bierges
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patrick BrIngmans
Thermenmuseum
Coriovallumstraat 9, NL-6411 CA Heerlen
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cécile Jungels 6
Préhistosite de Ramioul,
128, rue de la grotte, B-4400 Flémalle
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Mémoire 59 de la Société préhistorique française