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Les concepts en sciences de l’Antiquité : mode d’emploi

2023, Dialogues D'histoire Ancienne

Les concepts en sciences de l’Antiquité : mode d’emploi Chronique 2023 – Ethnogenèses romaines Responsable Anca Dan, Contributeurs Encarnación Castro-Páez, Salvatore De Vincenzo, Chiara Blasetti Fantauzzi, Florence Dupont, Alexandre Grandazzi, Gonzalo Cruz Andreotti Dans Dialogues d'histoire ancienne 2023/1 (49/1), (49/1) pages 269 à 400 Éditions Presses universitaires de Franche-Comté © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Article disponible en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-dialogues-d-histoire-ancienne-2023-1-page-269.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. Distribution électronique Cairn.info pour Presses universitaires de Franche-Comté. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) ISSN 0755-7256 DOI 10.3917/dha.491.0269 Dialogues d’ histoire ancienne, 49/1, 2023, 269-400 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Responsable Anca Dan ORCID: 0000-0001-6468-9327 AOROC, CNRS-ENS-EPHE, Université PSL anca-cristina dan@ens fr Florence Dupont Université Paris Diderot-Paris 7 latinjussieu@orange fr Alexandre Grandazzi Sorbonne université, EDITTA – UR 1491 alexandre grandazzi@sorbonne-universite fr Gonzalo Cruz Andreotti ORCID : 0000-0002-4477-0715 Universidad de Málaga, España g_andreotti@uma es Contributeurs Encarnación Castro-Páez ORCID : 0000-0003-4528-0870 Universidad de Málaga, España e castro@uma es Salvatore De Vincenzo Università degli Studi della Tuscia devincenzo@unitus it Chiara Blasetti Fantauzzi Freie Universität Berlin, Deutschland chiara blasetti fantauzzi@fu-berlin de I- Introduction : Rome et la reconfiguration perpétuelle de la mémoire Les plus anciennes cartes du monde que nous avons conservées ne montrent pas le monde tel que leurs auteurs médiévaux le voyaient autour d’ eux Elles sont une transfiguration du rôle que leurs auteurs assignaient à l’ Empire romain, comme socle de la culture latine et chrétienne, diffusée tout autour de la Méditerranée Sur la plus fameuse d’ entre elles, la mappemonde d’ Hereford1, Jérusalem terrestre surmontée par Christ sur sa croix occupe le centre d’ une autre grande croix – le T formé par les 1 Https://www themappamundi co uk/mappa-mundi/ DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi Chronique 2023 – Ethnogenèses romaines Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 270 mers intérieures, entre l’ Europe, l’ Asie et l’ Afrique La ville est stylisée sous une forme circulaire, au milieu du « cercle des terres » (orbis terrarum) qui n’ en a jamais été un, en dehors des visions pythagoriciennes et platoniciennes de la création divine, donc parfaite De fait, même si le dessin peut correspondre au Dôme du Rocher (un octogone comprenant une coupole soutenue par 16 colonnes) cette représentation n’ est qu’ une transposition graphique de la parole du Seigneur, selon Ezéchiel 5:5 : ista est Hierusalem in medio gentium posui eam et in circuitu eius terras © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Cette centralité, de même que les deux roues concentriques (selon Ezéchiel 10) peuvent être directement inspirées des cartes babyloniennes2 Comme elles, la mappemonde médiévale d’ Hereford ne sert pas au voyage réel, mais intellectuel Elle donne à voir, en une seule image, des lieux du Nouveau et de l’ Ancien Testament, à l’ intérieur des limites de l’ Empire d’ Auguste, recensé selon l’ évangéliste Luc (2:1) au moment de la naissance du Christ À la fin du xvie siècle, dans le premier atlas moderne, le Theatrum orbis terrarum, Abraham Ortelius fait voir une image de l’ Empire plus facilement reconnaissable pour nous, Modernes3 Tout en reprenant l’ orientation au Nord avec les coordonnées de latitude et longitude de la tradition ptoléméenne ainsi que la légende de Delphes, nombril du monde4, Ortelius veut montrer les limites de l’ État romain, enraciné dans la généalogie mythique de ses sept rois, qu’ une divina mens civitatem populi Romani egregia temperataque regione collocavit, uti Orbis terrarum imperio potiretur5 divine intelligence a établi dans une région exceptionnellement tempérée, pour maîtriser dans son empire l’ ensemble des terres À travers Vitruve, l’ architecte de l’ Antiquité romaine adulé à la Renaissance, Ortelius revient à la carte mentale grecque du ve siècle avant J -C , et à la théorie hippocratique du meilleur lieu, source de supériorité politique et civilisationnelle 2 E. g. BM 92687 : https://www britishmuseum org/collection/object/W_1882-0714-509 3 Https://upload wikimedia org/wikipedia/commons/e/eb/Romani_Imperii_Imago jpg 4 E. g. Pindare, Pythique, IV, 6 ; Eschyle, Euménides, 39-40 ; Euripide, Ion, 222-223 ; Pausanias, X, 16, 3 5 Vitruve, Sur l’ architecture, VI, 1, 11 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) C’ est là cette Jérusalem que j’ avais placée au milieu des nations et des pays d’ alentour 271 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Ces deux exemples illustrent la manière dont les textes et les images de différentes époques, également ancrés dans l’ héritage gréco-romain et judéo-chrétien, ne correspondent ni aux temps dont ils veulent rendre compte, ni à la réalité dans laquelle ils ont été créés Ce sont des synthèses des savoirs livresques et architecturaux éparses, disponibles à un certain moment, modelées selon la compréhension et l’ intention exégétique de leurs auteurs De fait, rien de plus banal que la recomposition de la mémoire dans les différentes civilisations humaines, familières de l’ écriture6 Le phénomène reste toutefois difficile à déchiffrer pour l’ Antiquité préchrétienne, dont nous avons conservé moins de textes et de traces archéologiques qui ne soient pas remaniées par la « romanisation », surtout au cœur de l’ Empire Alors que tant d’ autres l’ ont tenté avant nous, pouvons-nous, à l’ intérieur de ce monde méditerranéen, de tradition latine et chrétienne, retrouver les racines du peuple dont nous nous sommes revendiqués pendant deux millénaires, et de sa langue, qui a façonné directement ou indirectement nos langues nationales et toute notre manière de penser en nations ? Dans un ensemble de sources historiques biaisées par des manipulations politiques de différentes époques et à travers les découvertes des archéologies nationales, pouvons-nous saisir « what have the Romans done for us? »7 Re-comparer Rome et Jérusalem ? Malgré l’ abondance de la bibliographie, l’ histoire et l’ archéologie de l’ Occident romain n’ ont pas totalement accompli leur révolution processuelle, comme a pu le faire, à titre d’ exemple, l’ archéologie israélienne En dépit de la pression nationaliste, cette dernière s’ est clairement délimitée de l’ historisme et de l’ archéologie biblique Voir Assmann (Assmann, Czaplicka 1995), qui a construit son argumentation sur la « mémoire culturelle » sur les théories sociologiques concernant la « mémoire collective » de Maurice Halbwachs et Aby Warburg, en mettant en avant la dimension politique qui stabilise ce type de mémoire Aussi Assmann 1998, 2005 6 Allusion à la scène du film Monty Python’ s Life of Brian, inspirée du débat entre le Rabbi Yehuda et le Rabbi Shimon dans le Shabbat 33b : « Rabbi Yehuda parla ainsi : Qu’ est-ce qu’ ils sont agréables les faits de ce peuple (i. e. les Romains) : ils ont fait des marchés, des ponts, des bains Rabbi Yosei s’ est tut Rabbi Shimon ben Yoḥai a répondu : tout ce qu’ ils ont fait, ils l’ ont fait pour leurs intérêts Ils ont faits des marchés, pour y mettre des prostituées ; des bains, pour se faire laver ; des ponts, pour prendre des taxes de ceux qui les traversent » ‫ נַ ֲענָה‬.‫שׁתַ ק‬ ָ ‫ ַר ִבּי יֹוסֵי‬.‫ תִ ּקְנּו מ ְֶר ֲחצָאֹות‬,‫ש ִׁרים‬ ָ ְּ‫ תִ ּ ְקּנּו ג‬,‫שוָוקִים‬ ׁ ְ ‫ תִ ּ ְקּנּו‬:‫שׁל אּו ָמּה זֹו‬ ֶ ‫שׂיהֶן‬ ֵ ‫ ַכּ ָמּה נָאִים ַמ ֲע‬:‫ָפּתַ ח ַר ִבּי י ְהּודָ ה וְָאמַר‬ — ‫ מ ְֶר ֲחצָאֹות‬,‫שׁיב ָבּהֶן זֹונֹות‬ ִ ‫שׁוֹוקִין — לְהֹו‬ ְ ‫ תִ ּ ְקּנּו‬.‫ְצֹורְך ַע ְצמָן‬ ֶ ‫ ֹלא תִ ּ ְקּנּו ֶא ָלּא ל‬,‫שׁתִ ּ ְקּנּו‬ ּ ֶ ‫ ׇכּל מַה‬:‫שׁמְעֹון ֶבּן יֹוחַאי וְָאמַר‬ ִ ‫ַר ִבּי‬ ‫ש ִׁרים — לִיּטֹול ֵמהֶן ֶמכֶס‬ ָ ְּ‫ ג‬,‫ ְלעַדֵ ּן ָבּהֶן ַע ְצמָן‬. 7 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Elle a contesté les généalogies, et l’ héroïsation des Patriarches et des fondateurs de la ville et du Premier Temple – David et Solomon – au profit d’ une histoire plus sobre, plus conforme avec les sources littéraires et iconographiques assyriennes et égyptiennes Cette nouvelle narration qui s’ est imposée pendant les dernières décennies rend justice au rôle actif joué par les ennemis assyriens et ensuite babyloniens dans la construction d’ une Cité-État ( Jérusalem) et d’ un peuple (de Juda), qui a inscrit son identité historique dans des livres inspirés de ceux de ses voisins8 Deux cités aux marges des aires de cultures et des puissances militaires majeures du début de l’ âge du fer, qui s’ affirment à différents moments au milieu des conflits entre leurs voisins, Jérusalem et Rome peuvent être comparées avec succès pour comprendre l’ interrelation entre facteurs extérieurs et intérieurs dans le processus d’ ethnogenèse Les deux communautés se sont inventées comme étant issues des migrations pour lesquelles il n’ y a aucune base historique et archéologique : il n’ y a pas d’ Exode tel qu’ on peut le lire dans la Bible, ni de migration troyenne ou grecque, comme la racontent Virgile et Ovide Il y a en revanche des déplacements, des échanges et des conflits, qui agissent comme des forces centripètes pour la constitution de Cités-États, lesquelles empruntent et recréent à leur manière le modèle étatique des ennemis – Babyloniens et Étrusques Au final, les deux villes peuvent être vues comme des réponses opposées au modèle hégémonique d’ Alexandrie : de retour de leur exil babylonien, les Juifs se groupent autour de leur Temple et s’ opposent à la pression de l’ hellénisation Les Romains, hésitant entre leurs origines latines, étrusques et grecques dans leur middle ground italique, s’ affirment comme un asile des peuples, microcosme capable de prendre la tête de tous les autres ethnè Le but des débats inclus dans cette chronique est d’ actualiser les discussions autour des ethnogenèses romaines Puisque nous vivons dans des États-Nations, résultats de l’ évolution séculaire des nations modernes avec des racines antiques et médiévales, nous avons tendance à oublier que l’ humanité a connu d’ autres formes d’ organisation que l’ ethnos La définition de l’ ethnicité grecque dans les Histoires d’ Hérodote9, par l’ identité généalogique, linguistique, religieuse et plus généralement culturelle, nous fait oublier que ce modèle n’ est pas commun dans les civilisations anciennes mais que sa première définition est une réaction grecque devant le danger achéménide Si certains empires – comme les Égyptiens et les Hittites – ont pu exprimer une unité ethnique, Voir en particulier les travaux d’ Israël Finkelstein avec Neil Asher Silberman (2002, 2006) et avec Thomas Römer (2013), pourtant fortement contestés par exemple par Dever 2005, Mazar 2009 8 9 Hérodote, VIII, 144 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 272 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 273 liée à la vallée d’ un grand fleuve, malgré la pluralité des communautés d’ origine dès l’ âge du bronze, d’ autres – comme les Sumériens ou les Aztèques – ont dû attendre le xixe siècle pour recevoir un nom ethnique de la part des savants De ces empires, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et ensuite les Macédoniens ont emprunté le principe dynastique, avec un roi qui par son charisme et sa généalogie peut dominer les autres chefs locaux Or, les Romains sont dans un cas encore différent : héritiers de tous les passés, ils ont pu reconstruire à répétition le leur, en se rapportant et en répondant aux autres © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Le dernier siècle a mis à notre disposition plusieurs outils méthodologiques qui nous permettent de questionner les origines plurielles des Latins et de l’ Empire de Rome autrement que par le comparatisme historique, qui remonte à l’ Antiquité Au début du xxe siècle, la phénoménologie nous a rendus attentifs à l’ expérience individuelle ou collective derrière les structures linguistiques-logiques ou topographiquesarchitecturales Émile Benveniste a reconnu que « rien n’ existe dans la langue sans exister d’ abord dans le discours » (nihil est in lingua quod non prius fuerit in oratione, en paraphrasant le célèbre dicton aristotélicien et empiriste de Thomas d’ Aquin : nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu)10 Par la suite, notre vision historique du latin a pu être remodelée selon les documents épigraphiques et littéraires, aussi étranges et peu normés furent-ils à l’ époque républicaine Nous avons pu distinguer la langue écrite de la langue parlée ou encore observer les interférences anciennes entre le latin et le grec11, les autres langues italiques et, plus récemment l’ étrusque et le punique12, auprès de locuteurs bi- ou plurilingues Conséquence directe de l’ approche phénoménologique appliquée aux vestiges matériels, l’ archéologie processuelle des années 1950-1960 a renoncé à la recherche déductive et ethnocentrique des « cultures archéologiques » qu’ on tentait à associer aux différents peuples historiques Cette nouvelle archéologie, inspirée par l’ anthropologie américaine, a mis l’ accent sur le structuro-fonctionnalisme (privilégiant la compréhension des actions individuelles et de groupe) et sur l’ écologie culturelle 10 Benveniste 1993, I, p 131, avec Coquet 1992 ; Margarito 1997 Thomas d’ Aquin, Sur la vérité, q 2 a 3 arg 19 11 E. g. Leiwo 1995 ; Biville 2001-2003 ; Adams 2003 ; Rochette 2010 12 Briquel 2019 ; Adams 1994 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) De nouveaux outils méthodologiques à l’ œuvre © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) (d’ où l’ archéologie du paysage et finalement la géoarchéologie) À Rome, l’ archéologie processuelle a donc mis un terme à la domination de l’ histoire de l’ art, qui faisait l’ histoire de l’ esthétique, et a favorisé la dimension sociale des monuments : grâce à elle, nous comprenons aujourd’ hui comment Rome a été construite et a pu construire13 Toutefois, en faisant usage des nouvelles techniques de datation (14C) et d’ analyse chimique et biologique, les processualistes ont pu être accusés de positivisme et d’ avoir oublié qu’ une fouille est avant tout le résultat de la pensée subjective de l’ archéologue C’ est ce qui a donné naissance aux courants post-processuels, dont le post-colonialisme, qui a changé la manière dont nous percevons aujourd’ hui l’ économie romaine, d’ abord dans les provinces et plus récemment à Rome14 Ensuite, certaines démarches postprocessualistes promeuvent la décentralisation de l’ Empire romain et limitent jusqu’ à exclure le terme de « romanisation » Poussé à l’ extrême, le post-processualisme a pu vider l’ expansion romaine de son contenu, en s’ interdisant tout usage des textes littéraires, forcément romano-centriques, dans le déchiffrement des « négociations » d’ hybridation culturelle15 Nouveaux débats Dans le contexte actuel d’ émiettement théorique de l’ archéologie (post-)postprocessuelle, le retour à la stratigraphie, reconstituée et datée plus précisément qu’ elle n’ a pu l’ être pendant les deux derniers siècles, est salutaire16 Ce tournant matérialiste, dans lequel s’ inscrivent les études de Salvatore de Vincenzo (sur la conquête romaine de la Sicile) et de Chiara Blasetti Fantauzzi (sur la conversion culturelle romaine du Samnium), peut être appliqué également à l’ histoire La lecture attentive aux détails philologiques des textes géographiques gréco-romains, sous le prisme critique des « middle range theories » (MRT), permet à Gonzalo Cruz Andreotti et à Encarnación Castro-Páez d’ observer les différents processus d’ ethnogenèses celtoibériques, au contact avec Rome Reste cependant l’ épineuse question de l’ ethnogenèse romaine, voire latine : à partir de quel moment les Romains se sont-ils vus comme Latins ? Alexandre Grandazzi et Florence Dupont prennent des partis opposés : tandis que Grandazzi met en avant la continuité de la culture archéologique latiale qui semble 13 E. g. Coarelli 1988, 1997, 2012 14 Cifani 2021 15 E. g. Terrenato 2019 16 E. g. Fernández-Götz, Maschek, Roymans 2020 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 274 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 275 correspondre aux textes historiques tout au long du premier âge du fer, Dupont remet en discussion le plurilinguisme des documents archaïques, qui nous obligent à nous interroger sur la fabrique de la mémoire romaine Ce dossier, hétérogène malgré son unité thématique, sa structure géographique et sa progression chronologique, est donc une invitation à réfléchir à la manière dont les Romains se sont inventés comme peuple latin et dont ils ont défini les autres ethnè (en Hispanie) avant de les latiniser et les « romaniser » (en Italie et en Sicile) © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Adams J N (2003), Bilingualism and the Latin Language, Cambridge Adams J (1994), « Latin and Punic in Contact? The Case of the Bu Njem Ostraca », The Journal of Roman Studies, 84, p 87-112 Assmann J (2005), Religion and Cultural Memory. Ten Studies, Stanford Assmann J (1998), Moses the Egyptian: The Memory of Egypt in Western Monotheism, Harvard Assmann J , Czaplicka J (1995), « Collective Memory and Cultural Identity », New German Critique, 65, p 125-133 Benveniste É (1993), Problèmes de linguistique générale, Paris Biville F (2001-2003), « Contacts linguistiques (titre original : “Réflexions sur la notion d’ interférence et ses réalisations Le cas du grec et du latin”) », dans Hommages à I. Fischer, Bucarest (Studii Clasice, 37-39), p 189-201 Briquel D (2019), « II- Une langue connue de manière fragmentaire : l’ étrusque comme “Trümmersprache” », Dialogues d’ histoire ancienne, 45/1, p 219-235 Cifani G (2021), The Origins of the Roman Economy : from the Iron Age to the early Republic in a Mediterranean perspective, Cambridge Coarelli F (2012), Palatium. Il Palatino dalle origini all’ impero, Roma Coarelli F (1997), Il Campo Marzio: dalle origini alla fine della Repubblica, Roma Coarelli F (1988), Il Foro Boario: dalle origini alla fine della repubblica, Roma Coquet J -C (1992), « Note sur Benveniste et la phénoménologie », Linx, 26 [Lectures d’ Émile Benveniste, sous la direction d’ Annie Montaut et Claudine Normand], p 41-48 Dever W G (2005), Aux origines d’ Israël. Quand la Bible dit vrai, Paris DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Bibliographie 276 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Fernández-Götz M , Maschek D , Roymans N (2020), « The Dark Side of the Empire: Roman Expansionism between Object Agency and Predatory Regime », Antiquity, 94 (378), p 1630-1639 Finkelstein I (2013), Le Royaume biblique oublié, Paris Finkelstein I , Römer Th (2019), Aux origines de la Torah. Nouvelles rencontres, nouvelles perspectives, Montrouge Finkelstein I , Silberman N A (2006), Les rois sacrés de la Bible. À la recherche de David et Salomon, Paris Finkelstein I , Silberman N A (2002), La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de l’ archéologie, Paris © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Margarito M (1997), « Dialogues méthodologiques dans les Problèmes de linguistique générale », Linx, 9, p 375-384 Mazar E (2009), The Palace of King David. Excavations at the Summit of the City of David: Preliminary of Seasons 2005-2007, Jérusalem Rochette B (2010), « Greek and Latin Bilingualism », dans E J Bakker (éd ), A Companion to the Ancient Greek Language, Sussex, p 281-294 Terrenato N (2019), The Early Roman Expansion into Italy: Elite Negotiation and Family Agendas, Cambridge Anca Dan II- Ethnos, polis, nomen, populus, res publica : les Latins étaient-ils un « peuple » ? 1- Quel peuple ? Cité, état, peuple, ethnie ? Comment parler aujourd’ hui des collectivités antiques sans projeter sur elles nos catégories modernes, politiques ou culturelles ? Faut-il traduire les termes anciens ? Certains n’ ont aucun équivalent dans une langue moderne, comme gens ou nomen Est-il préférable de ne pas traduire et garder les termes latins et grecs ? Cette solution comporte un risque : superposer inconsciemment le mot français au mot grec ou latin qui en est à l’ origine, comme ethnie à ethnos, peuple à populus ou encore Res publica à République Si gens et nomen sont sans équivalent, comment se ferait-il qu’ ethnos soit une ethnie, populus, un peuple et Res publica, une République ? DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Leiwo M (1995), « The Mixed Languages in Roman Inscriptions », dans H Solin, O Salomies, U M Liertz (éds), Acta colloquii epigraphici latini, Helsinki, p 293-301 277 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les mots ont une histoire qui s’ interpose entre l’ Antiquité et nous Prenons l’ exemple du mot latin populus, sa traduction française « peuple » et sa traduction allemande Volk Le « peuple » traîne avec lui une connotation ethnique : c’ est en français comme en allemand le peuple romantique, celui des folkloristes et des nationalistes, qui surgit dans l’ Europe du xixe siècle Le peuple romantique a un esprit, le Volkgeist, gardien de la mémoire et de ses origines qui plongeraient dans la nuit des temps, une mémoire transmise de génération en génération, par le sang, la langue et les mythes La confrontation avec les réalités antiques nous fait sentir les implications et les présupposés de notre terminologie moderne Même si nous avons pris nos distances avec ces croyances brumeuses, nous imaginons difficilement qu’ un peuple pourrait exister seulement par des institutions politiques, sans une première culture commune, ancestrale qui lui donnerait son identité C’ est pourtant ainsi que Cicéron définit le populus La politique est première et il évacue, explicitement, tout autre lien à l’ origine d’ une communauté civique, que les lois et l’ utilité17 Cette définition correspond à l’ emploi de populus en latin, qui désigne l’ assemblée des citoyens ou l’ armée Or, sans tenir compte de la conception romaine, les historiens modernes, pour la plupart, ont longtemps considéré comme une évidence que les Romains avant de constituer un populus, par la fondation de Rome, appartenaient à l’ ethnie latine, qu’ ils étaient des Latins, c’ est-à-dire un peuple, un Volk, ayant en commun, une culture, une langue – le latin –, un territoire, le Latium Après des guerres ayant opposé Rome et les Latins, ceux-ci seraient passés sous la domination romaine et devenus progressivement romains, le Latium n’ ayant plus qu’ une définition géographique Les Latins avaient disparu, mais Rome aurait conservé une identité latine Un peuple, une langue, un territoire, une culture : tout s’ emboîte, tout va bien Nous sommes au xixe siècle Sauf que rien ne va Ce que nous savons du Latium pré-romain, des Latini et de la ville de Rome, ne correspond pas à ce schéma historique Cicéron, République, I, 25, 39 : Est igitur, inquit Africanus […] populus autem non omnis hominum coetus quoquo modo congregatus, sed coetus multitudinis iuris consensu et utilitatis communione sociatus ; « Donc dit Scipion l’ Africain […] un peuple n’ est pas tout groupe humain rassemblé par n’ importe quel lien, mais un groupe nombreux d’ hommes qui se sont alliés en s’ accordant sur des lois et une utilité commune » Voir Ando 2015, p 46 17 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 278 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ Italie centrale est jusqu’ à la conquête romaine une mosaïque de villes dont la population est hétérogène, pluriethnique, mobile et parlant des langues multiples aussi différentes que le grec, l’ étrusque, le sabin, l’ osque, l’ ombrien…18 Le Latium n’ est pas un territoire occupé par un peuple unique, les Latins, mais par des cités, populi, entités politiques fondées sur le modèle politique de la polis, même si les rituels de fondation sont variables Rome est fondée selon le rite étrusque et gardera ce rite pour la fondation de ses colonies Les populi du Latium, comme le reste de l’ Italie, ont des populations bigarrées L’ épigraphie atteste d’ une grande mobilité des élites d’ une cité à l’ autre Elles ont, certes, une culture commune, mais qui n’ est pas spécifiquement latine, car elle se retrouve dans toute l’ Italie, en particulier dans les villes étrusques C’ est une koinè culturelle d’ origine grecque qui concerne essentiellement les élites L’ archéologie a mis à jour des vases de symposion, importés de Grande Grèce ou de fabrication locale, dans le style orientalisant, parfois même des banquettes maçonnées indiquant l’ usage de salles de banquet Les Romains se représentent eux-mêmes comme une cité plurielle, quand ils placent, au tout début de Rome, la figure de l’ asylum Romulus aurait peuplé la ville qu’ il venait de fonder en créant un refuge sur le Capitole, ouvert à tous sans discrimination : esclaves et criminels en fuite, aventuriers, bergers19 Selon Tite-Live, c’ était une pratique courante chez les fondateurs de cités, soucieux de peupler rapidement leur ville Ensuite pour faire oublier l’ origine douteuse des premiers habitants, ils faisaient circuler, écrit par des logographes grecs, un récit mythique de fondation, où les dieux favorisaient la croissance de la cité en faisant sortir des hommes de la terre, reprenant ainsi le mythe grec de l’ autochtonie Les Romains, au contraire ne cherchent pas à masquer les débuts de Rome ; ils ont conservé symboliquement l’ emplacement de l’ asylum, encore visible à l’ époque de Tite-Live Un autre récit, rapporté par Salluste, fait d’ Énée le fondateur de Rome et des Romains le résultat de la fusion entre les Aborigènes, nomades errants, et les Troyens d’ Énée, tout aussi errants Il place aux débuts de Rome un mélange de populations sédentarisées et unifiées grâce à des lois L’ institution politique de la cité crée la ciuitas, à partir d’ hommes que nous dirions aujourd’ hui « de cultures différentes » puisqu’ ils Tite-Live, I, 18, 3 témoigne d’ une Italie jadis hétérogène : « […] tot gentes dissonas sermone moribusque » 18 19 Tite-Live, I, 8, 5-6 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 2- L’ asylum romain et le primat du politique 279 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) diffèrent par la langue et le genre de vie (mores) Ils ne sont soumis à aucune norme sociale et n’ ont aucun lien d’ alliance20 La cité impose un vivre ensemble pacifique (concordia) ; les lois suppriment la violence créée par la diversité C’ est ce vivre ensemble institutionnel qui crée la cité comme communauté humaine singulière La fondation de Rome est présentée comme une ethnogenèse politique, aussi bien dans les récits historiques que mythiques Le peuple romain est une conséquence de la fondation de Rome et non son préalable Ces récits de fondation des deux historiens, qui donnent le primat au politique, coïncident avec la définition cicéronienne du populus Ils correspondent historiquement au passé bigarré de Rome Les noms des premiers consuls au début de la République ont été conservés par les fastes consulaires21 Beaucoup sont étrusques, d’ autres sabins ou volsques ; on trouve aussi des cognomina, les rattachant à des villes du Latium La révolution romaine qui renverse les Tarquins est une révolution politique, les nobles se débarrassent du tyran Ce n’ est pas une révolution ethnique qui aurait porté au pouvoir une élite latine à la place d’ une élite étrusque Il est vrai que ce scénario se retrouve ailleurs : une élite locale prend le pouvoir à la place d’ une élite grecque ou étrusque, sans que la population de la cité change Par exemple les Lucaniens à Poseidonia, ou les Prénestins à Préneste22 Ce n’ est pas le cas à Rome Certains libérateurs sont étrusques, comme Tarquin Collatin, petit-fils de Tarquin l’ Ancien Brutus, luimême, est son cousin par sa mère Tarquinia, fille de Tarquin Ce passé pluriel et hétérogène va de pair avec l’ absence de revendication identitaire et ethnique à Rome Jamais les Romains ne se réclament d’ une latinitas culturelle, ce terme de latinitas n’ étant employé que pour parler de la pureté de la langue latine23 3- Nomen : une fédération religieuse Alors que les cité-États ou les peuples, qui sont des entités politiques, sont fondées plus ou moins sur le modèle des poleis grecques, à partir du viie siècle avant J -C apparaît une forme de confédération, appelée nomen en latin et ethnos en grec 20 Salluste, La Conjuration de Catilina, VI, 1-2 21 Bourdin 2012, p 542 22 Dupont 2022, p 84 23 Dupont 2022, p 40 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Tite-Live témoigne de l’ existence dans la Péninsule italienne d’ une multitude de nomina : nomen Tuscum, Campani nomen, nomen Hernicum, Ligurum nomen, Volscum nomen, Lucanum nomen La documentation épigraphique dans des langues autres que le latin et le grec fait apparaître certains termes synonymes de nomen : numen, en ombrien et tuta en osque Certes, l’ emploi des mots n’ est pas systématique et tuta désigne aussi bien une cité qu’ une fédération Il ne faudrait donc pas s’ imaginer une organisation stricte et hiérarchisée entre nomen et populus En revanche, une différence de nature distingue le lien qui fonde ces deux formes de communauté Les cités sont des institutions politiques, les fédérations sont des associations religieuses Ce qui ne veut pas dire que les fondations de cité ne soient pas soumises à des rituels, ni que les confédérations n’ aient pas d’ action politique Ces confédérations, ces ethnè, sont-elles des créations contingentes et locales, comme les cités ? Ou rassemblent-elles des entités politiques, peuples ou cités, ayant une culture commune ? Autrefois, les historiens y ont vu la mise en forme institutionnelle d’ anciennes ethnies tribales en voie d’ affaiblissement La fondation des cités, qui se faisaient la guerre entre elles et tenaient à se distinguer de leurs voisines, aurait effacé progressivement leur identité commune La création d’ une fédération aurait permis de ranimer leur proximité culturelle grâce à un culte et un sanctuaire communs L’ hétérogénéité interne des cités suggère qu’ il s’ agirait plutôt de ligues entre des entités politiques qui s’ associent pour contenir par les armes leurs voisins quand ceux-ci tentent d’ étendre leurs territoires ou font des razzias sur les troupeaux, comme on le voit dans les premiers livres de Tite-Live Ces fédérations réunissent des populi affichant des rattachements divers et dont la liste est variable24 Ils peuvent avoir des points communs, comme les Étrusques, ou pas Ces fédérations résultent souvent d’ une séparation d’ avec un groupe plus vaste Dans le sud de l’ Italie, c’ est le cas des Campaniens qui se constituent en ethnos, et se distinguent des Samnites et des Étrusques leurs voisins, en adoptant ce nom d’ après une plaine proche25 Les Mamertins, mercenaires samnites, se constituent en ethnos et se donnent ce nom de Mamertins avant de s’ installer et prendre le pouvoir à Messine Ce n’ est donc pas une identité commune préalable qui motive la formation d’ un nomen, d’ un ethnos, mais inversement : c’ est l’ institution, l’ ethnos, le nomen, qui 24 Bourdin 2012, p 722 25 Diodore de Sicile, XII, 31, 1 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 280 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 281 crée une communauté nouvelle Le nomen affirme son identité, par la création d’ un ethnonyme et l’ invention d’ un récit de fondation sur le modèle grec de la ktisis26 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les fédérations de cités, nomen ou ethnos, étaient plus que des alliances instituées par des traités Un traité suppose deux ou plusieurs partenaires, son renouvellement réaffirme et maintient une distance, empêchant une fusion entre eux Le sacrifice obtient le résultat inverse : il unifie les participants et en fait une communauté réunissant ceux qui sacrifient et les dieux destinataires du sacrifice Outre le politique, l’ autre façon de « faire société » dans l’ Antiquité est donc la création d’ une communauté sacrificielle (societas) Les nomina se constituaient en communautés grâce à un sacrifice commun, renouvelé régulièrement Ce sacrifice, auquel participe chaque membre de la communauté, est offert dans un sanctuaire déterminé à un dieu particulier qui devient le dieu de cette communauté et lui donne son identité, parfois son nom27 Dans le cas d’ une fédération de cités, c’ est le représentant de chaque cité qui agit en son nom et participe au sacrifice Tous reçoivent leur part de la victime sacrifiée, selon un ordre fixé à l’ avance : le dieu puis les autres participants, selon leur statut Le partage sacrificiel non seulement crée un lien sacré entre les co-sacrificateurs mais organise la societas ainsi créée La différence entre les parts reçues crée une hiérarchie entre les participants et le scénario du rituel permet que l’ une des cités du nomen exerce une suprématie sur les autres Ensuite, la societas créée par le sacrifice pourra se réunir et prendre des décisions politiques concernant la communauté, jusqu’ au prochain sacrifice Chaque année, des cités peuvent ainsi entrer ou sortir de la ligue au moment du sacrifice, sans rien changer au nomen Cette sociabilité sacrificielle est omniprésente dans l’ Antiquité et elle est utilisée à tous les niveaux À Rome, elle fait la familia, par les sacrifices dans la domus aux Lares et aux Pénates ; un quartier est réuni par les sacrifices lors des Compitalia ; les collèges religieux, les collèges funéraires, les collèges professionnels, la cité elle-même, aucun acte collectif ne peut se faire sans un sacrifice préalable, célébré par les magistrats et définissant la collectivité engagée dans une action de la cité, que ce soit procéder à un vote ou engager une bataille 26 Voir infra, « l’ ethnographie mythique », p 286. 27 Voir Scheid 2005 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 4- La force fédérative du sacrifice Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 282 La force du sacrifice dans une société ritualiste comme le sont les cités anciennes tient à ce que le lien religieux ne suppose de la part des participants aucune croyance, aucune allégeance, aucune initiation, la pureté rituelle suffit Le sacrifice a des effets performatifs : le participant s’ il respecte scrupuleusement les rites, est intégré automatiquement à la societas du nomen Latinum Qu’ il représente une cité latine, Rome, une cité étrusque, volsque ou hernique, son populus fait partie des Latini © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Nous connaissons seulement, et plus ou moins bien, deux nomina : le nomen Tuscum et le nomen Latinum Nous savons que l’ un et l’ autre se réunissaient régulièrement dans un sanctuaire fédéral où un sacrifice était célébré en commun par tous les peuples du nomen Le sacrifice était suivi d’ une assemblée politique Le nomen Tuscum a-t-il servi de modèle au nomen Latinum ? Ou l’ inverse ? Ce que nous en savons montre une certaine similitude entre les deux28 Le siège de la Ligue étrusque était le fanum Voltumnae, à proximité de la grande métropole étrusque de Velzna, Volsinii en latin, où se renouvelait chaque année, dans un bois sacré près du sanctuaire, l’ union entre les douze grandes cités étrusques Les sacrifices étaient suivis d’ un concilium, l’ assemblée du nomen C’ est là que, selon Tite-Live, se décidaient en particulier les guerres ou le soutien à une ville de la dodécapole attaquée Le nombre douze a un caractère sacré, car aucune cité ne peut s’ y ajouter Quand le nombre de cités s’ accroît, d’ autres ligues de douze cités sont constituées sur le territoire étrusque, au sud en Campanie, au nord dans la vallée du Pô Si l’ on sait peu de choses des rituels étrusques à Volsinii, en revanche on connaît les rituels annuels du nomen Latinum – que les Romains appellent Feriae Latinae Ils associent un sacrifice, le Latiar, dans le sanctuaire fédéral de Jupiter Latiaris au sommet du Mons Albanus et une assemblée politique, qui se réunit à la source Ferentina, au pied des Monts Albains Au cours de cette assemblée, les cités du nomen Latinum décident des guerres, des fondations de colonies latines et fixent la date des prochaines feriae Nous possédons une description du sacrifice29 par Denys d’ Halicarnasse qui a dû y assister à son époque, c’ est-à-dire à la fin du ier siècle avant J -C Il attribue à Tarquin le Superbe la création des feriae, les datant ainsi de la fin du vie siècle avant J -C Le rituel a-t-il été modifié depuis ? Il est probable que le rituel existait avant et que Tarquin 28 Tite-Live, Histoire romaine, IV, 23, 5 ; IV, 25, 7 ; IV, 61, 2 ; V, 17, 6 ; VI, 2, 2 29 Denys d’ Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 49 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 5- Le nomen Latinum Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) n’ a fait que le transformer en donnant à Rome la prééminence (hègèmonia) dans le sacrifice, Rome devenant en termes techniques princeps30 Selon Denys d’ Halicarnasse, après avoir vaincu les Latins, Tarquin les associe aux Romains, aux Herniques et à deux cités des Volsques, dans le Latiar Il choisit un lieu central et décrète une loi qui impose une trêve durant toutes les fêtes Les cités contractantes forment un seul peuple au milieu d’ un territoire unifié, durant les feriae, mais seulement durant les feriae Ce qui est consommé en commun durant les feriae et tout ce qui est nécessaire au sacrifice est apporté par les cités, qui se répartissent les contributions : certaines apportent les fromages, d’ autres les agneaux, d’ autres le lait, etc Les Romains ayant la suprématie, sacrifient au nom de tous : ce sont eux qui prononcent la prière, au lieu que cet honneur tourne, revenant chaque année à une autre cité Le sacrifice consiste en un seul bœuf blanc, comme il convient à Jupiter Chaque cité qui participe au sacrifice en reçoit une part Nul doute que Rome, princeps, ne reçoive la première part, après Jupiter Le récit de Denys témoigne de l’ image du nomen à son époque : une fédération hétérogène avec un ancrage territorial L’ appartenance à la Ligue latine n’ est pas fondée sur une origine ethnique Elle rassemble ceux qui auparavant se désignaient comme Latins et auxquels les Romains de Tarquin faisaient précédemment la guerre, les Herniques et deux cités volsques Le nomen Latinum ainsi créé, ou plutôt réformé (?), est incontestablement un instrument politique Le Latiar fonde religieusement la suprématie des Romains, une suprématie qui devait valoir dans l’ assemblée politique qui suivait Dans les mêmes années (509-508 avant J -C ), un traité entre Rome et Carthage atteste de cette hégémonia des Romains sur ceux que le texte dénomme les Latins : Rome traite en leur nom, comme elle sacrifie en leur nom au Latiar Il était écrit, selon Polybe qui traduit en grec : Les Carthaginois ne feront aucun tort aux peuples (dêmôn) d’ Ardée, d’ Antium, de Laurentium, de Circée et de Terracine, ni à aucun autre des peuples latins (Latinôn) sous la domination de Rome (hupèkooi)31 Scheid 2005, p 264-274 Il commente le texte de Denys d’ Halicarnasse et reconstruit à partir de là le vocabulaire sacrificiel des Romains 30 31 Polybe, Histoires, III, XXII, 4-13 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 283 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Une entité politique constituée par Rome et les Latins « soumis » traite avec Carthage sous le nom de Rome et le fait en latin, puisque le texte, bien que difficile, est encore intelligible, selon Polybe, plus de trois siècles après Quelques années plus tard (en 493 avant J -C ), le foedus Cassianum, un traité de paix éternelle entre Rome et les Latins, transforme ce qui était une alliance entre des cités en une intégration politique de leurs citoyens grâce à la clause d’ isopoliteia Le foedus Cassianum, en effet, accorde aux Latins, c’ est-à-dire aux citoyens des cités membres du nomen Latinum, le droit de commerce, le droit de mariage, le droit de migrer et le droit de vote S’ ils s’ installent à Rome, ils deviennent des citoyens romains de plein droit Ce droit concerne aussi les colonies latines Cette clause va vider les cités latines de leur population par l’ émigration, et leur retirer toute identité Le nomen Latinum enfin perd ses pouvoirs politiques en 338 avant J -C après qu’ une révolte des Latins a été écrasée par les Romains ; l’ assemblée qui suivait le Latiar est supprimée Rome crée par le foedus Cassianum un type particulier de Romain, le citoyen de droit latin, ius Latinum La latinité est désormais un statut juridique et non plus le rattachement à un nomen Accèdent à ce statut les populations italiennes conquises par les Romains et leurs alliés C’ est ainsi qu’ en 273 avant J -C , Paiston la lucanienne, devient Paestum, une colonie romaine de droit latin Les Romains qui s’ y installent comme colons, en recevant des terres, perdent leur ancien statut pour celui de « Latin », à égalité avec les anciens habitants, devenus eux aussi des Latins Pourquoi dans ces conditions Rome conserve-t-elle les feriae Latinae et en faitelle un rituel romain qui allait être célébré jusqu’ au ive siècle après J -C ? Quelle latinité est ainsi conservée ? La réponse est politique Rome se désigne comme Res publica, c’ est-à-dire qu’ elle ne se réduit pas à une cité Elle conjoint l’ Vrbs et une fédération de villes de droit latin, dont les populations sont appelées à devenir des citoyens romains, à titre individuel ou collectif Ce système permet l’ intégration par une étape intermédiaire, des territoires et populations conquises Les magistrats romains qui gouvernent la Respublica sont à la fois ceux de Rome et ceux des cités fédérées à Rome C’ est pourquoi chaque année, à leur entrée en charge, ils vont en pèlerinage à Lavinium, ville latine symbolique, pour y sacrifier aux Pénates de Rome32 Voir Dupont 2011, chapitre 2 « L’ origo rituelle de Rome Le pèlerinage à Lavinium », et Thomas 1996 32 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 284 285 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Rome est une institution politique singulière, dont la singularité repose non sur une constitution, une politeia spécifique, mais sur deux pratiques rituelles extérieures à l’ Vrbs, qui la relie aux Latins : les Féries latines sur le Mons Albanus et le sacrifice aux Pénates de Lavinium Ces Latins n’ ont aucune identité ethnique, aucune ancestralité : ils sont une fiction indispensable à la Res publica Ils sont aussi fantomatiques que la ville de Lavinium L’ histoire du nomen Latinum peut se résumer en quatre étapes, de sa naissance à sa mort 1 À l’ époque des premiers regroupements qui avaient lieu lors de la création des premières cités-États, vers le viiie siècle avant J -C , avant la création du nomen Latinum proprement dit, une première association des populi Albenses dont la liste est donnée par Pline l’ Ancien, célèbre le Latiar sur le Mons Albanus33 2 La deuxième étape, sans doute dès le viie siècle avant J -C , est l’ élargissement de la communauté des populi Albenses à leurs colonies, avec lesquelles ils ont des liens d’ alliances et à d’ autres villes de la région À quel moment apparaît l’ expression nomen Latinum pour identifier la ligue ? Et, du même coup, le nom de Latini ? On a vu précédemment que les nomina ou ethnè, quand ils se constituaient, se donnaient des noms L’ adjectif Latinus vient-il du Latiar ? Le terme de Latiar lui-même désigne strictement le sacrifice à Jupiter sur le Mons Albanus. La terminaison en -ar est rare On trouve un autre exemple de cette suffixation pour un sacrifice très ancien, le Palatuar, célébré au Palatin Les peuples du nomen se sont-ils donné un nom comme les Campaniens ou les Lucaniens ? Latini est-il un ethnonyme composé sur le radical, comme le dieu Jupiter qualifié de Latiaris ? Cette deuxième étape coïnciderait avec l’ ethnogenèse des Latins, à partir de la ligue des peuples albains Mais il est impossible de dire si Rome faisait partie ou non de l’ ancien nomen Latinum, car des guerres incessantes l’ opposent aux Latins 3 La troisième étape est la soumission du nomen à une domination romanoétrusque sous le règne des Tarquins, que montrent le traité avec Carthage de 509 et le rituel sacrificiel décrit par Denys d’ Halicarnasse Après plusieurs révoltes des Latins et leur défaite au lac Régille en 498 avant J -C , la guerre se conclut par le foedus Cassianum en 493 avant J -C Les Latins ont temporairement créé 33 Pline l’ Ancien, Histoire naturelle, III, 69 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 286 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ histoire du nomen Latinum suggère que les Latini sont le résultat d’ une ethnogenèse Constitué contre Rome et les Étrusques, le nomen Latinum réunit des cités qui ne forment pas un tout homogène, n’ ayant pas une spécificité ethnique préalable L’ affirmation identitaire des Latini, qui accompagne cette ethnogenèse, se manifeste par la création de récits mythologiques, qui racontent la création des Latins sur le mode de la fondation grecque, ktisis 6- Une ethnographie mythique La création de récits mythologiques donne une dignité et une visibilité à un nouvel ethnos ou à une ville récemment fondée De tels récits légitiment leur formation vis-à-vis de l’ extérieur et créent des liens de suggeneia (de parenté) avec les cités grecques Ils leur permettent d’ entrer dans un circuit de reconnaissances symboliques et d’ accéder à une forme de langage diplomatique Ces récits suivent le modèle des mythes de fondation coloniale, rendant le nomen semblable à n’ importe quel ethnos grec ; il est désormais pourvu d’ un héros éponyme, créé par les soins de quelque logographe grec ayant reçu commande, et il est repris ensuite par les historiens Dieu ou héros, le personnage fondateur vient d’ ailleurs : il est grec Souvent c’ est Héraclès, Ulysse, Énée, ou un de leurs compagnons Il appartient à la koinè culturelle grecque omniprésente chez les élites italiennes On connaît par Hérodote un récit fondateur du nomen Tuscum dont l’ ancêtre éponyme est un certain Tyrrhenus (signifiant « étrusque » en grec), venu de Lydie, audelà de la Grèce d’ Asie : Voir Coarelli 2012 Caton, Origines, II, 28 (fr 58) : Aricino Egerius Laeuius Tusculanus dedicauit dictator Latinus Lucum Dianium in nemore, puis il donne la liste des populi de la ligue 34 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) ou ranimé une ligue latine concurrente, vers 500 avant J -C , au sanctuaire de Diane à Nemi34 4 La quatrième étape consacre, après un ultime soulèvement, l’ écrasement définitif des armées latines en 338 avant J -C Rome dissout la ligue et soumet l’ une après l’ autre les cités latines qui avaient adhéré à la coalition contre elle Après la dissolution politique du nomen Latinum, chaque cité ou peuple devient l’ allié de Rome à titre individuel, avec le renouvellement personnalisé du foedus Cassianum Les communautés qui ne se sont pas révoltées obtiennent le droit de cité romaine Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 287 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Comme Tyrrhenus pour les Étrusques, Latinus est un ancêtre éponyme du nomen Latinum. Il est présent chez Hésiode, où il est le fils de Circé et d’ Ulysse, comme Telegonus et Agrios, le nom de ce dernier étant la traduction grecque de Silvius36 Tous les trois sont chez Hésiode des rois étrusques Cette présence dans la Théogonie nous renvoie au-delà du viie siècle avant J -C La mythologie de Latinus est donc très ancienne, sans doute associée à Albe et à la ligue des cités albaines Était-il le fondateur éponyme du Latiar, dont le nomen Latinum aurait tiré son nom ? Le texte d’ Hésiode reprend évidemment un de ces récits mythologiques inventant des rois éponymes et fondateurs, à l’ usage dans les cités et les ligues S’ agit-il de cités étrusques ? Certes, les Grecs ont souvent considéré comme étrusque toute l’ Italie centrale au bord de la mer Tyrrhénienne Différents récits sur le même modèle font de Latinus un roi d’ Albe Dans ces versions, un ancien roi Latinus, celui que nous retrouverons chez Virgile, règne sur les Laurentes, peuple qui se serait uni aux Troyens pour former les Latins37 Selon Tite-Live, il y avait deux versions : les Troyens auraient vaincu les Aborigènes, ou bien ils auraient combattu ensemble un ennemi commun, les Rutules De toute façon, après la mort de Latinus, roi des Aborigènes, Énée devenait leur chef commun et donnait aux deux peuples réunis le nom de Latins Tous ces récits et leurs variantes relèvent d’ un imaginaire de l’ ethnogenèse, formé sur le modèle des fondations coloniales, et constituent une ethnographie mythique Du nom de l’ ethnos ou de la cité est tiré le nom d’ un héros éponyme, grec, qui d’ une 35 Hérodote, Histoires, I, 94 36 Théogonie, 1011-1013 37 Voir Tite-Live, Histoire romaine, I, 23, et Varron, La langue latine, V, 32, 144 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Sous le règne d’ Atys, fils de Manès, toute la Lydie fut affligée d’ une grande famine, que les Lydiens supportèrent quelque temps avec patience Mais, en voyant que le mal ne cessait point, ils y cherchèrent remède, et chacun en imagina à sa manière […] Enfin, le mal, au lieu de diminuer, prenant de nouvelles forces, le roi partagea tous les Lydiens en deux classes, et les fit tirer au sort, l’ une pour rester, l’ antre pour quitter le pays Celle que le sort destinait à rester eut pour chef le roi même, et son fils Tyrrhénos se mit à la tête des émigrants Les Lydiens que le sort bannissait de leur patrie allèrent d’ abord à Smyrne, où ils construisirent des vaisseaux, les chargèrent de tous les meubles et instruments utiles, et s’ embarquèrent pour aller chercher des vivres et d’ autres terres Après avoir côtoyé différents pays, ils abordèrent en Ombrie, où ils se bâtirent des villes, qu’ ils habitent encore à présent ; mais ils quittèrent le nom de Lydiens, et prirent celui de Tyrrhéniens, à partir de Tyrrhénos, fils de leur roi, qui était le chef de la colonie35 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) façon ou d’ une autre devient l’ ancêtre fondateur Un étranger, ou un peuple migrant, est partie prenante de la fondation et va se confondre avec un peuple local Cette population locale peut être elle-même venue d’ ailleurs, c’ est-à-dire de l’ espace grec des mythologues et des historiens On lit ainsi chez Denys d’ Halicarnasse, qui avait réuni une multitude de récits sur la fondation de Rome, qu’ une version, reprise par Caton l’ Ancien, racontait que les Aborigènes étaient des Grecs ayant émigré en Italie avant la guerre de Troie, qui se réunirent aux Troyens d’ Énée pour former les Latins Virgile invente dans l’ Énéide une nouvelle ethnogenèse des Latins, en rompant avec les précédentes Une fusion entre les Troyens et les Latins produit un nouveau peuple latin, lors de la fondation de Lavinium Virgile fait se succéder ainsi deux peuples latins Les anciens Latins que rencontre Énée ont pour roi Latinus À la fin de l’ Énéide, de nouveaux Latins naîtront d’ un métissage contractuel entre ces anciens Latins et les Troyens Au chant XII, quand Turnus, roi des Rutules, qui combat pour les Latins, va mourir tué par Énée et entraîner la défaite des Latins, Junon demande à Jupiter de ne pas fonder une nouvelle Troie dans le Latium Jupiter promet à Junon que les Troyens ne vont pas soumettre les Ausoniens (Italiens) à des lois et une langue étrangère38 Ce terme d’ Ausoniens, désignant un ethnos d’ Italie du Sud, se substitue dans le texte à celui de Latins En fait, chaque peuple italien de l’ Énéide – les Latins comme les autres – est une métonymie de l’ Italie entière, c’ est-à-dire de tous les Italiens qui sont à l’ époque d’ Auguste, juridiquement, des Romains, des Latins ou des alliés Les Troyens ne devront pas imposer aux Latins une domination étrangère mais se mélanger avec eux39 Junon accepte que les Troyens vainqueurs s’ allient aux Latins par des mariages (conubiis) et par une union politique (foedera et leges) mais à condition de conserver le nomen Latinum, le nom qui fera d’ eux une communauté ; ils doivent aussi adopter la langue, c’ est-à-dire le latin, et les habitudes vestimentaires des Latins, c’ est-à-dire la toge Virgile a manipulé l’ ethnographie mythique traditionnelle qui faisait des Latins un peuple issu de la fusion entre les Aborigènes, eux-mêmes Arcadiens, et les Troyens d’ Énée Dans cette version, le roi Latinus tué par Énée donnait son nom aux Latini, un peuple nouveau Virgile procède autrement Le peuple qu’ Énée a rencontré en arrivant sur la côte du Latium est déjà celui des Latins et le nom du Latium, ne pouvant plus 38 Énéide, XII, 834-837 39 Énéide, XII, 820-828 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 288 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) être rattaché à Latinus, est expliqué à partir du verbe latere, « être caché », suivant une légende impliquant Saturne L’ absence de référence aux Aborigènes n’ est pas due, comme le disait Servius, à la seule impossibilité de faire entrer le mot Aborigènes dans l’ hexamètre Elle distingue les Latins des Troyens Selon un schéma mythique récurrent, qui associe une guerre et une fusion par le mariage lors des fondations coloniales, dans l’ Énéide, la future Rome latine est double : d’ un côté Énée et les Troyens, et de l’ autre l’ ancien peuple latin Virgile crée une autochtonie mythique et primitiviste, donnant comme ancêtres à Latinus des dieux rustiques du terroir : il a pour père Faunus, fils de Picus, lui-même fils de Saturne – trois dieux aux noms latins Le latin sera la langue identitaire de ce nouveau nomen Dans cette ethnogenèse des Latins, Virgile raconte la fondation de Lavinium, non pas celle de Rome Il fait l’ histoire de la composante latine, devenue italienne, fédérale de la Res publica Énée fondateur de Lavinium et de la gens Julia est aussi le héros fondateur des Latins Les deux composantes de Rome, l’ Vrbs fondée par Romulus et le nomen Latinum fondé par Énée sont indissociables dans la mythologie augustéenne et représentées face à face à l’ entrée de l’ ara Pacis D’ un côté la louve découvre les jumeaux ; de l’ autre Énée sacrifie sur le site de Lavinium Les récits en rapport avec l’ ethnogenèse des Latins ne sont donc pas les traces d’ anciens récits italiques et indigènes mais des constructions sur le modèle grec des récits de fondation « destinés à faciliter les relations avec le monde grec »40 Ils ne sont pas utilisables pour reconstituer la préhistoire de l’ Italie, mais traduisent la présence prégnante de « l’ hellénisme organique » dans l’ Italie préromaine41 Les cités du Latium, comme Rome elle-même, manifestent à leurs débuts politiques la forte présence d’ une culture civique grecque, qui allait reculer progressivement 7- Lavinium – ville grecque ? Hellénisme organique et identité latine Au vie siècle av J -C , quelles langues parlait-on à Lavinium, dans la cité emblématique du nomen Latinum, devenue le sanctuaire de la composante fédérale de la Res publica ? 40 Bourdin 2012, p 286 41 Sur « l’ hellénisme organique », voir Humm 2007 et Dupont 2022, p 43-47 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 289 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Lavinium42 est une ville banale dans sa région Les découvertes archéologiques permettent de comparer Lavinium et les villes du Latium, dès la fin du iie millénaire avant J -C On y trouve les mêmes tombes à incinération, plus anciennes, et des tombes à fosses, plus récentes Puis, les fouilles révèlent la présence aux viie et au vie siècle avant J -C d’ une culture urbaine hellénisée, accompagnée d’ une forte croissance démographique et économique, et d’ importants échanges commerciaux avec la Grèce Datant des alentours de 650 avant J -C , la vaisselle de style orientalisant atteste que Lavinium participe à la koinè culturelle de l’ Italie pré-romaine, comme l’ Étrurie méridionale et les cités falisques La ville avait cédé à la séduction de la mythologie grecque, en se donnant comme héros fondateur Énée, le rescapé de Troie Aux viie et au vie siècle avant J -C , Lavinium est à l’ apogée de sa puissance Les fouilles ont dégagé un complexe monumental, désigné comme « l’ aire sacrée des treize autels » L’ étude des plus anciens de ces autels a montré qu’ ils étaient du même style que les autels grecs de la même époque, sans médiation étrusque Ont été trouvées au même endroit des statuettes de koroi et de korai, inspirées des modèles grecs archaïques de la Grande Grèce et faites par des artisans locaux, ainsi que des bronzes votifs et des vases qui prouvent de très anciennes relations directes avec le monde grec On peut prolonger l’ enquête et se demander quelle langue parlait-on dans les sanctuaires de Lavinium Une dédicace aux Dioscures a été retrouvée sur le site, datant au plus tard de la fin du vie siècle avant J -C Elle est généralement qualifiée d’ inscription latine archaïque CASTOREIPODLOUQUEIQUEQUROIS Aux jeunes garçons Castor et Pollux43 Figure 1 : Lamelle de bronze avec dédicace, CIL I2, 2833. Crédit/source : https://kb.osu.edu/handle/1811/99099. 42 Voir Moyaers 1977 43 CIL I2, 2833 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 290 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Des quatre mots qui la composent, seul est latin l’ enclitique -que ; les trois autres mots sont des emprunts au grec, même si l’ alphabet est latin L’ écriture, en effet, va de gauche à droite et les lettres sont semblables à celles de l’ inscription du cippe du Forum ; il s’ agit donc d’ un alphabet latin avec quelques variantes La dédicace à Castor et Pollux est claire : les deux noms propres sont au datif grec, comme le nom commun qurois La forme Podlouquei (en latin Polluci) présente une anomalie graphique par rapport à l’ alphabet latin : l’ usage de quei au lieu de cei. La forme Podlouquei, en outre, n’ est pas la transcription phonétique du grec Poludeukei ; le nom a été adapté au phonétisme local On peut supposer que le u bref de Polu a disparu et que le groupe ld, imprononçable, est devenu dl, présent dans le phonétisme local (e. g. le latin adloquor) Le mot qurois, en alphabet latin, représente le ionien kourois Kouroi a été isolé à partir de Dioskouroi, dénomination habituelle de Castor et Pollux Cet isolement de kouroi suppose que le rédacteur de l’ inscription connaissait le grec Il a recréé la gémellité des dieux devenue invisible, en les liant par un -que Cette connaissance de l’ étymologie grecque des Dioscures est manifeste dans d’ autres langues d’ Italie, où leur nom de « fils de Zeus » a été traduit – ce qui n’ est pas le cas ici En étrusque, cela donne Tinias Cliniiarias et en marse, langue sabellique, Iovies Pucles La présence du -que est intrigante Elle témoigne d’ un mélange des langues que l’ on retrouve dans d’ autres inscriptions, cataloguées trop rapidement comme étant « latines » archaïques Le plurilinguisme des cités de la région du Latium a pu causer une déformation des langues, en particulier du grec Les Grecs de Sicile s’ en plaignaient d’ après le témoignage d’ Aristoxène de Tarente Parlant des Poseidoniates, celui-ci écrivait : Après avoir été originairement Grecs, ils sont devenus Toscans ou Romains, c’ est-à-dire barbares ; ils ont perdu leur langue, oublié leurs usages, et ne font plus qu’ une seule des fêtes de la Grèce, s’ y rassemblant pour se rappeler encore une fois par an les noms antiques des choses et des coutumes de leur pays44 L’ inscription archaïque de Lavinium atteste de l’ usage du grec dans le culte des Dioscures importé de Grèce, comme toute la culture matérielle ce qui rendait possible le bios grec de l’ élite locale Si Lavinium fait déjà partie à cette époque du nomen Latinum, elle n’ affiche pas une identité latine de la cité, même si visiblement le latin parasite quelque peu le grec religieux Au contraire, cette présence de la culture grecque à Lavinium suggère un « hellénisme organique » de la ville Lorsque les habitants ont 44 Athénée, Deipnosophistes, XIV, XXXI, 632a DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 291 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 292 fondé leur cité, c’ était une polis, dont le cadre politique et religieux était grec Ensuite, progressivement, en intégrant le nomen Latinum, Lavinium s’ est latinisée : cette inscription en marquerait les prémices © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les Grecs faisaient correspondre une langue à chaque ethnos45 Ainsi, Denys d’ Halicarnasse considère que les Samnites, les Bruttiens et les Opiques parlent des langues différentes, parce qu’ il s’ agit d’ ethnè différents46 Or, nous savons qu’ ils parlaient tous l’ osque Cet a priori idéologique était tellement fort qu’ Hérodote qui veut affirmer l’ unité des Hellènes face au péril perse, comme reposant sur une culture commune (to hellénikon), écrit contre toute évidence : Nous sommes unis par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, et nos mœurs qui sont les mêmes47 Or, chaque cité grecque a son panthéon, son dialecte, son alphabet, ses traditions vestimentaires, etc Tous les peuples du Latium ne sont pas identifiés par le latin La langue du populus ou de la ciuitas est celle qui les identifie à l’ extérieur C’ est une des langues utilisées : ce n’ est pas nécessairement la même dans les inscriptions d’ appartenance, les inscriptions funéraires ou les inscriptions publiques et religieuses Si la langue sert d’ identifiant pour les historiens grecs, rien ne permet de dire que c’ est LA langue du peuple En conséquence, il est impossible de passer de la langue à la culture Si un ethnos, un nomen, se caractérise par une « langue » cela ne prouve pas qu’ un populus qui se rattache à ce nomen, se caractérise par cette langue Certaines villes du nomen Latinum en sont l’ exemple À Lavinium, le latin a-t-il rongé le grec et l’ a-t-il barbarisé, comme à Poseidonia ? Le latin a-t-il été la langue du nomen Latinum, adoptée progressivement comme langue de la cité par Lavinium et les autres cités du nomen Latinum qui utilisaient chez elles aussi d’ autres langues, dont le grec ? Le latin surgit comme la langue du pouvoir dans la Res publica48 Elle est la langue du sénat (patrius sermo) et conjoint les deux espaces 45 Hérodote, Histoires, III, 98, et Aulu-Gelle, Nuits attiques, XVII, 17, 2 46 Denys d’ Halicarnasse, Antiquités romaines, I, LXXXIX, 3 et I, XXIX, 3-4 47 Hérodote, Histoires, VIII, 144 48 Dupont 2022, p 100 et suiv DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 8- Hérodote, langue et identité Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 293 politiques, la cité et la fédération L’ extension rapide de l’ imperium à toute l’ Italie puis les conquêtes extérieures font du latin – qui s’ inscrit en lettres capitales dans les villes des alliés – un monumentum de la puissance romaine En ayant conquis l’ Italie, les Romains se confrontent à l’ Orient hellénisé, au-delà de l’ Adriatique Ils vont affirmer leur identité en s’ opposant aux Grecs, jusqu’ à faire de la langue latine la rivale et l’ égale de la langue grecque la plus prestigieuse, le néo-attique49 Cicéron dit nostri quand il veut opposer les auteurs latins aux auteurs grecs La création du latin comme « autre grec » contribue à l’ ethnogenèse latine de Rome Le latin chez Virgile est un des marqueurs identitaires des Latini © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ histoire du nomen Latinum nous donne l’ occasion de constater qu’ une ethnogenèse n’ est pas un processus irréversible Du nomen Latinum créé dans les Monts Albains, sept à six siècles plus tôt, il ne reste à la fin de la République que les récits mythologiques associés à l’ ethnogenèse des Latins, un statut juridique et une langue Les villes latines sont vides ou devenues romaines Ces récits, quels qu’ ils soient, sont la mémoire de Rome, une mémoire artificiellement construite à partir de modèles grecs Toute histoire de Rome doit commencer par là Ces récits disant une ethnogenèse de la Res publica sont vivants à l’ époque de Virgile, dans la mesure où ils sont politiquement manipulables Dans l’ Énéide, Virgile réinvente les Latins, les enracine dans le Latium, pour en faire la composante italienne de la Res publica, incarnée par Auguste Le nomen Latinum n’ était pas un peuple Il serait impossible d’ en raconter l’ histoire, si nous devions traduire son nom et parler du « peuple des Latins » ou de « l’ ethnie latine » Bibliographie Ando C (2015), Roman Social Imaginaries. Language and Thought in Context of Empire, Toronto Bélanger S (2012), « L’ étude des identités dans l’ Antiquité est-elle utopique ? Quelques réflexions épistémologiques et méthodologiques sur l’ approche des phénomènes identitaires dans l’ Antiquité », Cahiers d’ histoire, 31/2, p 87-111 Gruen 2011, considère que l’ identité romaine s’ est construite en opposition à une identité grecque réinventée par Rome Voir aussi Dupont 2022, p 185-190 49 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 9- Naissance, vie et mort d’ un nomen 294 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Bourdin S (2019), « L’ organisation politique et territoriale des peuples de l’ Italie préromaine vue par Tite-Live », Mélanges de l’ École française de Rome – Antiquité, 131/1, p 53-64 Bourdin S (2012), Les peuples de l’ Italie préromaine. Identités, territoires et relations inter-ethniques en Italie centrale et septentrionale (viiie-ier s. av. J.-C.), Rome (BEFAR 350) Bourdin S (2005), « Ardée et les Rutules : réflexions sur l’ émergence et le maintien des identités ethniques des populations du Latium pré-romain », Mélanges de l’ École française de Rome – Antiquité, 117/2, p 585-631 Cazanove O de, Moatti C (1994), L’ Italie romaine d’ Hannibal à César, Paris Coarelli F (2012), « Le sanctuaire de Diana Nemorensis : nouvelles découvertes », Comptes rendus des séances de l’ Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 156/1, p 555-569 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Dupont F (2011), Rome, la cité sans origine, Paris Gruen E S (2020), Ethnicity in the Ancient World: Did it Matter?, Berlin-Boston (Mass ) Gruen E S (2011), Rethinking the Other in Antiquity, Princeton Haack M -L (2009), « Grécité réelle et grécité fantasmée à Spina et à Adria », Écritures, cultures, sociétés dans les nécropoles d’ Italie ancienne, Bordeaux, p 45-62 Humm M (2007), Rome polis hellènis. Identité culturelle et réception de l’ hellénisme à Rome (des origines à l’ époque tardo républicaine), Strasbourg II (mémoire de recherche pour l’ HDR) Liou-Gille B (1996), « Naissance de la ligue latine Mythe et culte de fondation », Revue belge de philologie et d’ histoire, 74/1, p 73-97 Lomas K (2021), « Representations of Ethnicity in Hellenistic Magna Graecia and Sicily: A Comparative Approach to Identity », Kokalos, 58, p 11-33 Moyaers G (1977), « Énée et Lavinium À la lumière des découvertes archéologiques récentes », Revue belge de philologie et d’ histoire, 55/1, p 21-50 Scheid J (2005), Quand faire c’ est croire. Les rites sacrificiels des Romains, Paris Thomas Y (1996), « Origine » et « commune patrie ». Étude de droit public romain (89 av. J.-C.–212 apr. J.-C.), Paris-Rome Virlouvet C , Bourdin S (2021), Rome, naissance d’ un empire. De Romulus à Pompée, 753-70 av. J.-C., Paris Florence Dupont DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Dupont F (2022), Histoire littéraire de Rome, Paris 295 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) III- Du nouveau sur l’ ethnogenèse des Latins De quand date l’ ethnogenèse des Latins50 et selon quels paramètres peut-on l’ évaluer ? Est-il même licite de supposer qu’ à partir d’ une certaine période et dans un territoire donné serait apparue, au sein des communautés humaines qui y résidaient et selon des modalités qu’ il conviendrait de préciser, une conscience, voire une identité communautaire, ressentie et revendiquée comme telle ? Et si, d’ une manière ou d’ une autre, on arrive à proposer des réponses, fussent-elles partielles, à ces questions, quels ont pu être les rapports de cet ensemble latin avec la naissance et les premiers développements de Rome ? Assurément, le regain actuel des recherches sur le concept d’ ethnos dans l’ Antiquité51 apporte d’ utiles instruments conceptuels et permet des approches renouvelées D’ autant que la question des Latins et de leurs rapports avec la cité romaine relève d’ un domaine scientifique qui a une très longue histoire, et qu’ on appellera, faute de mieux, les origines de Rome52 Quoique lacunaires, les sources, tant philologiques qu’ archéologiques, y sont beaucoup plus riches que pour toute autre région du monde méditerranéen antique : ainsi, en deux siècles d’ érudition (si on part des travaux de Niebuhr au tout début du xixe siècle), bien des pistes ont été explorées, et des impasses repérées, mais aussi bien des perspectives s’ offrent à qui entend prendre la pleine mesure des possibilités offertes par le développement des recherches Ce qui n’ empêche pas que, ici plus qu’ ailleurs sans doute, le savoir ne peut prétendre qu’ à être une délimitation de l’ incertitude, même s’ il s’ agit d’ une délimitation en constante évolution : irréductiblement, la masse de ce qu’ on ignore, et de ce qu’ on ignore ignorer, dépassera toujours le peu que l’ on sait, ou croit savoir De cette constatation qui ne prétend certes pas à l’ originalité, je tire personnellement la conclusion qu’ il vaut la peine de chercher sans trêve à aller plus loin dans l’ enquête, que rien n’ est jamais figé ou acquis pour toujours, et qu’ il est sain de remettre en question les évidences les mieux établies Au premier rang de celles-ci figure dans la vulgate contemporaine, pour des raisons qu’ il serait trop long d’ analyser ici, la conviction que l’ ethnos serait à chaque Ce thème étant au centre de mes recherches depuis longtemps, on voudra bien m’ excuser de devoir renvoyer les lecteurs à plusieurs de mes travaux où je l’ ai traité en détail 50 51 Voir le bilan dressé par Dan 2016, p 278-286 Pour une présentation générale de ce domaine de recherches, avec la bibliographie récente, voir Grandazzi 20193 (2003) Voir aussi le livre, bien informé et nuancé, de De Sanctis 2021 52 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) fois un phénomène artificiel et tardif, qui relèverait plus d’ une fabrication a posteriori et à visée idéologique que de la réalité historique ou, en l’ occurrence, protohistorique Ainsi le déconstructionnisme contemporain ne considère-t-il les sources littéraires faisant état des Latins à haute époque que du point de vue des enjeux idéologiques à l’ œuvre au moment de leur publication (qui est, elle, beaucoup plus tardive) ; quant aux données archéologiques, surtout les plus récentes, il n’ en a, la plupart du temps, qu’ une connaissance très partielle, ne serait-ce que parce que plusieurs d’ entre elles, et des plus importantes pour notre propos, ont été publiées postérieurement au maîtrelivre de Stéphane Bourdin sur les peuples antiques de l’ Italie centrale53 Si nouveau qu’ il se veuille aujourd’ hui dans les différents champs des sciences humaines, il est à observer que ce déconstructionnisme a, dans le domaine des origines de Rome, plus d’ un siècle d’ existence Simplement, il s’ y est développé sous le nom d’ hypercritique, et on sait très bien à quoi il a abouti : la disparition de la possibilité même de tout savoir, la réduction de la recherche à la seule dimension de la réception Venons-en maintenant à l’ examen des faits, qui, s’ agissant d’ une ethnogenèse, doit commencer par un regard sur l’ espace géographique où a pu se produire celleci Les Latini sont le, ou plutôt, les peuples habitant le Latium, c’ est-à-dire la région délimitée au nord par le Tibre et l’ Anio, à l’ ouest par la mer, à l’ est par une suite de reliefs constituant les contreforts des Apennins, et au sud par le promontoire du cap Circeo : la côte maritime bordant le grand large, les montagnes étant pourvues de nombreux points de passages, le fleuve étant franchissable, on peut dire qu’ il s’ agit là d’ un territoire ouvert à toutes les influences Or des recherches publiées récemment54 ont montré que la basse vallée du Tibre est, dès l’ époque néolithique, l’ une des aires les plus fréquentées de toute l’ Europe occidentale À mi-chemin entre la Sicile et les rivages méridionaux de la France, juste en face du détroit de Bonifacio, et en liaison avec la Sardaigne, l’ embouchure – ostia – du Tibre est dans une situation exceptionnelle qui en fait un carrefour majeur pour les échanges de toutes sortes Archéologiquement, il apparaît qu’ il s’ agit de la zone la plus dense en Europe au Néolithique, disons entre 3 500 et 2 500 ans avant J -C C’ est dire que ce bilan tout à fait récent peut apparaître comme une confirmation saisissante d’ un modèle proposé au xixe siècle par le grand géographe Élisée Reclus, modèle qu’ on Bourdin 2012 ; il est vrai que les Latins y sont à la portion congrue, la section qui leur est consacrée n’ occupant que les p 143 à 147 53 54 Par Cifani 2021, p 24-26 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 296 297 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) peut appeler des trois cercles : si la Méditerranée est bien au centre du monde antique, la péninsule italienne en occupe la position médiane, tandis que le Latium et la plaine tibérine, en particulier, se trouvent au milieu de l’ isthme que dessine l’ Italie Autrement dit, la prééminence économique qui se dessine dès le Néolithique pour la plaine latiale constitue la meilleure preuve qui soit de la justesse de cette théorie des trois cercles Bien sûr, cela n’ explique ni les Latins ni les Romains, dont la cité est encore située loin dans le futur, mais cela représente la mise en place du cadre régional et « international » dans lequel les communautés des uns et des autres viendront à naître puis à se développer Quant à l’ histoire du site romain et celle de ses rapports avec les Latins, si Latins il y a, il n’ est pas inutile d’ en rappeler rapidement les caractéristiques principales : le premier lieu à avoir livré des traces d’ une fréquentation humaine régulière est la colline du Palatin, au milieu du Paléolithique, mais il s’ agit alors plus de passages épisodiques que d’ habitat stable On peut faire débuter la protohistoire de Rome durant la phase dite âge du bronze moyen et, plus précisément, au xviie siècle avant J -C C’ est à ce moment-là, en effet, que se fixe, sur le haut de la colline du Capitole, un habitat sans doute alors seulement saisonnier, évidemment implanté à cet endroit en raison des facilités de défense qu’ offre le relief le plus pentu de l’ ensemble du site romain On touche là à la fameuse question des collines de Rome, qui, bien entendu, furent toujours plus de sept : le site romain55 est sans conteste d’ une complexité particulière, puisqu’ il résulte des forces telluriques opposées, provoquées, aux âges géologiques récents, par deux systèmes volcaniques, les monts Sabatini au nord, les monts Albains au sud, les deux disposés de part et d’ autre de la vallée du paléo-Tibre, qui devait être aussi puissant que l’ Amazone actuel Au cours de nombreux épisodes éruptifs, suivis à chaque fois par plusieurs millénaires d’ érosion, les laves du plateau albain sont venues repousser le Tibre et aboutir jusque dans sa vallée, l’ érosion y creusant ensuite le relief des fatales collines Rien de plus étrange et de moins fait pour l’ unité urbaine qu’ un tel site, dont l’ aménagement exigera toujours des efforts et des travaux considérables, à l’ inverse des grands plateaux de l’ Étrurie méridionale qui, à Véies, à Tarquinia, à Orvieto, semblaient attendre de toute éternité les cités puissantes qui s’ y dresseraient un jour ! Cependant, outre son caractère fragmenté et dissymétrique, le site romain se distingue par la continuité naturelle qui s’établit entre lui et la campagne environnante, puisque le sommet de ses collines n’ est jamais qu’ à la hauteur du plateau d’ ensemble descendant en pente douce du sommet du Volcan Latial (aujourd’ hui monts Albains) 55 Voir Grandazzi 20202 (1991), p 136-162 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Cette continuité morphologique est un facteur capital pour l’évaluation des rapports entre Latins et Romains : en effet, si le centre géométrique du Latium se trouve dans le massif des monts Albains, alors que Rome est à la marge, à la frontière de la région, les deux sites sont directement reliés entre eux par le chemin pris par les coulées de lave que n’ aura plus qu’ à emprunter la future via Appia D’ où une première conclusion : s’ il y a eu des Latins dans le massif Albain, il y en a forcément eu aussi dans le (futur) site romain Sur quelles bases peut-on parler d’ un ethnos latin ? Même si une population particulière ou plusieurs autres ont pu se réclamer d’ ancêtres communs, il est clair que la détection d’ éventuelles ascendances biologiques est hors de portée de la science De plus, il est non moins clair que les revendications exprimées de ce point de vue par les mythes d’ origine, celui du roi Latinus en l’ occurrence56, ont pu – dès une époque haute, puisque le nom est présent chez Hésiode57 (qu’ il s’ agisse ou non d’ une interpolation importe peu ici) – relever d’ une construction idéologique, ne traduisant, et c’ est déjà beaucoup pour l’ historien moderne, qu’ une volonté commune d’ identification Comment, dans ces conditions, repérer et prouver l’ émergence possible d’ un ethnos latin ? L’ archéologie contemporaine a répondu à cette question en conceptualisant, sur la base d’ un siècle et demi de découvertes et d’ innombrables publications et classifications de détail, l’ idée d’ une cultura/civiltà laziale pour le dire en italien, puisqu’ il s’ agit d’ une découverte en grande partie italienne58 Il se trouve en effet que, dans toute l’ étendue de la région du Latium, et avec une simultanéité et une analogie impressionnantes, notamment du point de vue des rites funéraires, se manifeste à partir d’ une certaine période une civilisation matérielle présentant un profil général qui la différencie nettement des régions avoisinantes L’ émergence de cette unité culturelle massive se produit à la fin de l’ âge du bronze, dont la chronologie absolue tend aujourd’ hui à être révisée vers le haut : non plus xe siècle avant J -C , mais xie, voire xiie dans certains cas Les caractéristiques principales de cette « culture latiale » sont : la miniaturisation des mobiliers funéraires, la présence récurrente d’ armes dans lesdits mobiliers, le recours à des cinéraires en forme de cabanes, accompagnés, dans quelques rares cas, de figurines à forme humaine Si les archéologues – Renato Peroni, Giovanni Colonna et Anna Maria Bietti Sestieri étant les plus connus – ont conservé à cette « culture » le qualificatif, venu du xixe siècle 56 Sur les traditions relatives à Latinus, voir Grandazzi 2008, vol II, p 752-760 57 Théogonie, v 1011 et suiv Le catalogue de la grande exposition tenue à Rome en 1976 sous le titre, Civiltà del Lazio Primitivo, reste une référence incontournable 58 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 298 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) avec Giovanni Pinza, de « latiale », c’ est que le Latium est la seule région où ces caractéristiques matérielles se trouvent réunies et uniformisées à ce point De topographique, le qualificatif peut-il devenir ethnique ? En d’ autres termes, a-t-on le droit de considérer que les hommes et les femmes dont les urnes funéraires ont été retrouvées dans le Latium, mais aussi en plein centre de Rome, notamment au Forum, étaient des Latins ? Ce qui permet de donner une réponse positive à cette question, c’ est d’ abord la totale continuité entre les habitats et les nécropoles de cette civilisation « latiale » avec les habitats et les nécropoles du Latium des époques postérieures, et ce notamment dans les cités bien connues de la période classique Il semble en effet très difficile d’ imaginer que, en l’ absence de toute césure ultérieure constatable sur le terrain, les populations des premières époques aient été totalement allogènes par rapport à celles identifiables par la suite comme incontestablement latines Une autre manière de répondre à la question de la latinité et de son émergence, passe par l’ examen du facteur linguistique59 Il faut bien sûr rappeler qu’ il n’ y a pas nécessairement homologie entre les facteurs démographiques et linguistiques : on peut tout à fait parler une langue sans faire partie de ses locuteurs de naissance D’ autre part, il est évident que le latin des périodes dites « latiales » devait être profondément différent de celui que nous connaissons : il se caractérisait par ce que les linguistes appellent aujourd’ hui son polycentrisme, autrement dit, par une grande diversité dialectale On ne parlait pas tout à fait le même latin à Lavinium, à Tibur ou à Rome, même s’ il y avait néanmoins une unité linguistique Bien sûr, comme toute langue, le latin de cette culture latiale était influencé par les langues avec lesquelles il était en contact : l’ étrusque, auquel il a emprunté plusieurs vocables (en moins grand nombre, toutefois, qu’ on ne le dit parfois) ; le grec, dont des locuteurs ont pu être présents en Latium dès les époques post-mycéniennes ; les langues sabelliques, parlées par des peuplades proches Comme on le sait, la plus ancienne inscription latine est celle de la fibule de Préneste, les linguistes actuels y reconnaissant une variété de latin parlée dans ce lieu, et donc bien un témoignage de l’ existence du latin60 ; j’ ajoute que la fibule est désormais (depuis 2011) reconnue comme très probablement authentique sur la base d’ analyses techniques d’ une ingénierie très poussée61 : l’ objet et son inscription sont donc bien datables de la première moitié du viie siècle avant J -C Or une langue 59 Voir Van Heems 2016 60 Voir Touratier 2013, ainsi que l’ importante recension qu’ en a faite Martzloff 2014 61 Voir Limon Belén, Fernández Martinez 2015 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 299 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) qui commence à pouvoir être écrite au viie siècle avant J -C est une langue qui existait déjà, à tout le moins, au siècle précédent On parlait donc latin en Latium aux débuts de l’ âge du fer, et, compte tenu de la continuité topographique et « culturelle » (au sens archéologique du mot) rappelée précédemment, on peut présumer que le latin était parlé en Latium depuis au moins les débuts de cette civilisation latiale, c’ est-àdire, encore une fois, depuis le xiie ou xie siècle avant J -C Qu’ il l’ ait été auparavant, c’ est probable, mais non prouvable On considérera donc que les locuteurs de cette langue latine peuvent être appelés des Latins Compte tenu de ce qui a été dit plus haut sur la continuité géographique entre le massif Albain – espace où a été trouvé le plus grand nombre d’ urnes cabanes « latiales » – et le site romain, on peut en conclure que les Latins ont été présents dès les débuts de la « civilisation latiale » sur les collines bordant le grand fleuve de leur région qui formeront un jour le site de Rome, ce que suggère aussi l’ analogie entre les toponymes Latium et Palatium Ils n’ y ont sans doute pas été les seuls, mais ils ont été les seuls à laisser des traces aussi repérables et uniformes Ce qui veut dire, en d’ autres termes, que les traditions antiques sur une origine latine de Rome sont vérifiées par les résultats de l’archéologie et de l’ anthropologie Il n’ y a dès lors pas à s’ étonner que le latin ait été la langue des Romains, comme en atteste du reste la désignation même de leur cité, urbs, qui, on le sait désormais, relève d’ une origine indo-européenne62 Prévalence latine dans le surgissement de l’ entité romaine qui s’ illustre également par le fait que tous les vocables décrivant les rites auguraux, indispensables à la fondation et au fonctionnement de la cité romaine en tant qu’ organisme politique, sont, sans exception, de facture latine : augurium, auspicium, sulcus primigenius, pomerium, arx, auguraculum Quant à la question de l’ historicité des légendes concernant la fondation de Rome, qui n’ est pas notre sujet ici, il n’ est pas possible de faire comme si les vestiges découverts au pied du Palatin par Andrea Carandini et son équipe n’ existaient pas : le grand livre récemment publié à ce propos par Adam Ziólkowski montre la voie d’ une interprétation qui satisfait pleinement aux critères les plus exigeants de la science historique63 Pour autant, cette première Rome n’ était pas que latine : ce que la tradition antique dit avec insistance, parlant tantôt d’ une urbs geminata, c’ est-àdire unissant Latins et Sabins, tantôt d’une civitas triplex, par allusion aux fameuses trois 62 Voir Grandazzi 2020, p 138, sur les rapports avec le nomen Latinum 63 Ziólkowski 2019 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 300 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) tribus romuléennes des Ramnes, Titienses et Luceres64 Mais on est là, on va le voir dans un instant, à un stade déjà nettement postérieur à l’ ethnogenèse des Latins Ces Latins, qui parlaient le latin (un proto-latin, bien entendu, par rapport à celui que nous connaissons), avaient-ils conscience d’ être des Latins ? Autrement dit, se sentaient-ils appartenir à un ensemble humain différenciable de ceux qui pouvaient exister autour d’ eux ? Si on veut échapper aux risques de la paléo-psychologie, voire à ceux du roman, c’ est vers l’ étude des facteurs religieux qu’ il faut se tourner Comme on l’ a vu, il y a d’ abord ce fait, remarqué depuis très longtemps, qu’ est la surprenante homologie des cultes funéraires dans toute la région : même si on ne peut restituer les croyances qui accompagnaient ces rites, il est certain que cette uniformité de comportements rituels implique des formes minimales de conscience collective Mais il y a plus et il convient de rappeler ici la définition de la latinité que donnait un auteur aussi informé que Varron : pour lui, peuvent être définis comme Latins les participants aux Féries Latines, autrement dit la principale panégyrie du Latium, célébrée et contrôlée à l’ époque classique par l’ État romain65 Latinae feriae dies conceptiuus, dictus a Latinis populis, quibus in Albano monte ex sacris carnem petere fuit ius cum Romanis, a quibus Latinis Latinae dictae Mobile est le jour des Féries latines nommées d’ après les peuples latins, qui, sur le mont Albain, avaient en commun avec les Romains le droit de réclamer leur portion du sacrifice ; c’ est d’ après ces Latins qu’ elles ont été appelées Latines66 Il s’ agissait, comme on sait, d’ une fête confédérale regroupant une fois par an sur le sommet du Monte Cavo, antique mons Albanus ou arx Albana67, et en présence d’ une très nombreuse assistance, les délégués des cités latines et ceux de Rome pour un sacrifice commun célébré en l’ honneur de Iuppiter Latiaris, Jupiter Latial C’ est dire qu’ on se trouve ici en présence de la typologie, bien connue par ailleurs, d’ une panégyrie fondant l’ appartenance, et le sentiment d’ appartenance, à un ethnos, en l’ occurrence le nomen Latinum Que celui-ci soit désigné par le mot nomen est du reste révélateur de la capacité d’ ouverture et d’ intégration de cette confédération latine : pour qu’ une 64 Sur ces aspects, voir l’ ultime ouvrage (posthume) de Prosdocimi 2016 J’ ai consacré à l’ analyse détaillée des Féries Latines les p 517 à 729 du vol II de Grandazzi 2008 ; la liste des populi Albenses y est étudiée p 676-727 65 La Langue latine, VI, 25, éd -trad P Flobert, 1985, p 15 Se retrouveront dans la liste plinienne, le mot populi ainsi que la formule carnem in monte Albano : autant d’ indices en faveur de la provenance des deux textes d’ une même source 66 67 Pour la démonstration de cette équivalence, voir Grandazzi 2006 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 301 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) population (car il s’ agit, comme presque toujours dans le monde antique, d’ un rituel à dimension collective et non individuelle) puisse être qualifiée de « Latine », il suffit qu’ elle puisse être nommée comme telle du fait de sa participation aux Féries Latines Ce qui ouvrait la porte à des peuples d’ origine non latine, comme, de fait, il semblerait que, d’ après Denys d’ Halicarnasse68 ce fut le cas pour les Herniques et même les Volsques (en tout cas, une partie d’ entre eux) En somme, ou on est latin par naissance, ou on peut le devenir aussi, parce qu’ on est dit tel, sur la base d’ une participation à certains rituels collectifs en un certain lieu, l’ arx Albana en l’ occurrence : on voit qu’ on n’ est alors plus très loin de ce qui deviendra, aux époques postérieures, le type de définition et de conditions d’ accès à la citoyenneté romaine En tout cas, on doit souligner que, grâce à un document exceptionnel, aujourd’ hui considéré presque unanimement comme authentique et très ancien, on a une image de ce qu’ a pu être la première ligue latine : il s’ agit de la liste des populi dits Albenses, transmise par Pline69, mais remontant beaucoup plus avant et qu’ on date désormais d’ avant le temps des cités en Latium, soit les toutes premières périodes de ce qui est, archéologiquement, la « civilisation latiale » Collectivement comme personnellement, on prend toujours conscience de soi par rapport à autrui : à cet égard, il se pourrait bien que l’ histoire de la religion étrusque apporte une illustration du rayonnement « international » qu’ a pu avoir cette première ligue latine à base religieuse, s’ il se confirmait que, comme l’ ont supposé naguère le linguiste Helmut Rix puis l’ archéologue Mario Torelli70, les noms de plusieurs de leurs divinités (notamment Maris, Uni, Nethuns, Selvans, Menerva, Satre, Veive) arrivèrent aux Étrusques en provenance de territoires situés sur la rive gauche du Tibre : ainsi, au rebours de la vulgate traditionnelle, les emprunts religieux allèrent du Latium vers l’ Étrurie, et non pas dans le sens inverse Ce qui n’ a pu se faire, comme le soulignait M Torelli, qu’ avant le décollage culturel et économique que connaîtront les territoires étrusques avec l’ urbanisation qui s’ y manifestera à partir du ixe siècle avant J -C Il reste qu’ il faut bien admettre que la preuve archéologique de l’ existence d’ un sanctuaire confédéral sur le Mont Albain dès la fin de l’ âge du bronze est plus présumable que définitivement concluante : le site n’ a cessé, en effet, d’ être, depuis la Renaissance, soumis à des déprédations continuelles71 Fort heureusement, il se trouve 68 Antiquités Romaines, IV, 49 69 Histoire naturelle, III, 69 70 Torelli 2009 71 Description et analyse des fouilles successives dans Grandazzi 2008, vol I, p 267-281 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 302 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) qu’ à quelques km de là, dans ce même massif Albain, qui apparaît avoir été, aux époques hautes, le centre de la latinité, une nouvelle découverte archéologique vient apporter un élément d’ importance majeure pour notre propos Sur la rive du lac de Nemi, en effet, là où s’ élevait le sanctuaire de Diane et dont n’ avaient été retrouvées jusqu’ à récemment que des traces relativement tardives, a été enfin identifié, à la faveur de fouilles encore en cours, le site du sanctuaire le plus ancien, qui se situait non pas au bord de l’ eau, comme on l’ avait pensé, mais sur une terrasse à mi-hauteur de la pente Or, à cet endroit, a été trouvé et dégagé un enclos de pierre destiné, selon toute vraisemblance, à entourer une plantation à laquelle était conférée ainsi une sacralité particulière : devant ledit enclos, a été retrouvé un dépôt votif qui paraît avoir été en usage dès une chronologie très haute, le xie, voire le xiie siècle av J -C Filippo Coarelli et Giuseppina Ghini ont proposé de reconnaître dans ces vestiges l’ aire sacrée de l’ arbre connu dans la tradition virgilienne72 comme l’ arbre au rameau d’ or, objet d’ une dévotion collective dont le dépôt votif, situé juste devant lui, témoignerait pour une durée de plusieurs siècles Or les céramologues qui ont étudié ledit dépôt votif ont noté que, dès ses phases les plus anciennes, il porte les signes d’ un début de différenciation régionale73 On l’ aura compris : il se pourrait bien que l’ on fût là en présence du plus ancien lieu de culte collectif identifiable en Latium, un culte qui, compte tenu de l’ identité de la divinité honorée là à l’ époque historique, et de la continuité d’ occupation et de fréquentation que révèle le site, ne peut qu’ avoir été de caractère latin dès ses tout premiers débuts Nous ne pouvons mieux faire que citer la conclusion qu’ en tire Filippo Coarelli lui-même74 : L’ apparition en plein âge du bronze du sanctuaire de Diane, telle qu’ elle s’ avère aujourd’ hui démontrée, constitue une preuve déterminante en faveur de la datation à cette même époque de la plus ancienne ligue latine On a donc ici une preuve archéologique de l’ ethnogenèse latine dès la toute première phase de la culture latiale, une preuve qui, compte tenu de son histoire tourmentée, restait insuffisante sur le Mont Albain L’ ethnogenèse latine n’ est donc ni tardive ni artificiellement fabriquée bien des siècles après par des littérateurs idéologues ; elle est un phénomène protohistorique, présumable par l’ anthropologie religieuse et vérifié par l’ archéologie 72 Servius, Commentaire à l’ Éneide, VI, 136 73 Voir Bruni 2014, p 48 74 Coarelli 2012, p 564 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 303 304 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Bibliographie Bourdin S (2012), Les peuples de l’ Italie préromaine. Identités, territoires et relations inter-ethniques en Italie centrale et septentrionale (viiie-ier s. av. J.-C.), Rome (BEFAR 350) Bruni B (2014), « I materiali preistorici e protostorici », dans Il Santuario di Diana a Nemi. Le terrazze e il ninfeo. Scavi 1989-2009, Rome, p 43-71 Coarelli F (2012), « Le sanctuaire de Diana Nemorensis : nouvelles découvertes », Comptes rendus des séances de l’ Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 156/1, p 555-569 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Dan A (2016), « II Identités ethniques », dans A Dan et al , « Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi Chronique 2016 – Mythe, histoire, identités ethniques », Dialogues d’ histoire ancienne, 42/1, p 273-351 De Sanctis G (2021), Roma prima di Roma. 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La langue latine au contact de ses voisines : questions de méthode et réflexions autour du cas du “bilinguisme” étrusco-latin », dans M Aberson, M C Biella et alii, L’ Italia centrale e la creazione di una koiné culturale ? E pluribus unum ?, vol II, Berne, p 105119 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Cifani G (2021), The Origins of the Roman Economy, Cambridge Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 305 Ziólkowski A (2019), From the Roma quadrata to La grande Roma dei Tarquini. A Study of the Literary Tradition on Rome’ s Territorial Growth under the Kings, Stuttgart Alexandre Grandazzi IV- Géographie, ethnographie, identité et romanisation en Ibérie/Hispanie75 Quamquam est uno loco condicio melior externae victoriae quam domesticae, quod hostes alienigenae aut oppressi serviunt aut recepti beneficio se obligatos putant… © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Ce texte traite de la réalité pluri-identitaire de l’ Ibérie/Hispanie en rapport avec le processus de « romanisation » car, à notre avis, les deux concepts sont indéniablement connectés 1- La crise du concept de « romanisation » Entre le xixe siècle et les années 1960, le caractère positif de la « romanisation » n’ a pas été mis en cause Le débat académique se fixait autour de la portée, du degré, de l’ intensité ou des agents intervenants dans ce « processus historique » Certes, au fur et à mesure que l’ on disposait de nouvelles données – archéologiques ou littéraires –, le phénomène de la « romanisation » commençait à être régionalisé Mais la vision de la romanisation comme progrès continu des territoires et des sociétés conquises, tant d’ un point de vue matériel que du point de vue culturel, ne fut pas contestée L’ extension de la cité et de ses formes les plus efficaces d’ exploitation économique et socio-politique, l’ homogénéisation des territoires et de leurs populations grâce au développement des réseaux de communication qui permirent, à leur tour, la mobilité sociale et la diffusion de valeurs et de cultures partagées, le gouvernement s’ appuyant sur un corpus juridique Projets de recherche : « Geografía y etnografía antiguas de la Península Ibérica de Eratóstenes a Ptolomeo: describir el espacio y dibujar el mapa II » (PID2020-117119GB-C21), « Hacia las fronteras del mundo habitado Conocimiento y transmisión de la literatura geográfica e historiográfica griega » (US1380757), « Incognitae Terrae, Incognitae Gentes El conocimiento geográfico e historiográfico antiguo: formación, evolución, transmisión y recepción » (P20_00573) y Grupo de Estudios Historiográficos (Plan Andaluz de Investigación HUM-394) Ce texte s’ appuie sur une conférence tenue au Séminaire « Géographie historique et géoarchéologie » le 14 février 2020 à l’ École Normale Supérieure de Paris Nous tenons ici à remercier nos collègues Anca Dan, pour son aimable invitation, pour son accueil ainsi que pour la correction du texte en français, et Pilar Ciprés pour ses suggestions concernant le texte 75 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) (Cicéron, Contre Catilina, IV, 22, 1) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) unique, ou l’ implantation d’ une langue et d’ une écriture communes, entre autres éléments, furent considérés comme de jalons incontestables de progrès et de bien-être, en particulier pour les populations dispersées, fragmentées et éloignées de l’ Europe occidentale et des côtes africaines Dans ce contexte-là, les communautés préexistantes à la conquête qui, d’ une façon ou d’ une autre, continuèrent d’ exister jusqu’ à leur absorption définitive et leur transformation en « Romains », étaient considérées comme de simples agents passifs76 Les processus dramatiques de décolonisation vécus par les puissances européennes à partir des années 50 ont eu un effet dévastateur non seulement sur la vision du présent mais aussi du passé Jusqu’ alors, les entreprises coloniales avaient partagé une idée : étendre la civilisation aux populations emprisonnées par une culture arriérée lorsqu’ elle n’ était pas primitive Il s’ agissait, en conséquence, de reprendre le chemin commencé par Rome et interrompu par l’ Islam La décolonisation et l’ apparition de nouveaux modèles d’ organisation politique qui ont, en partie, marqué une rupture avec ce passé colonial ont mis en lumière la réalité en toute son âpreté : la colonisation n’ avait été qu’ un processus d’ exploitation et d’ assujettissement mené avec la connivence des minorités corrompues, et même d’ extermination de populations entières, soumises à une tentative d’ acculturation forcée et échouée qui, par ailleurs, a engendré de fortes tensions internes Les mouvements contre la ségrégation raciale aux États-Unis, la crise de Mai 68 ou la guerre du Vietnam, qui ont mis en cause le modèle occidental dominant, n’ ont fait que creuser l’ écart dans les contradictions du système Inévitablement, ce passé idéal, dans lequel Rome était la seule protagoniste, a dû être revisité et débattu77 C’ est bien connu que nous devons à Th Mommsen la vision canonique de la romanisation, surtout à partir la publication du cinquième tome de sa Römische Geschichte en Angleterre en 1886 Son idée de départ était que la romanisation était un processus inévitable et positif ; même les communautés provinciales conquises y assumaient un rôle actif, car Rome les faisait échapper à une vie de pauvreté et de barbarie (voir Wulff 2021, p 169-231) Le succès de cette perspective sans nuances a été total, notamment dans le monde anglo-saxon (voir Haverfield 1915), en raison de la légitimation d’ une politique impérialiste (cf Freeman 1997 ; Crespo Mas 2008) 76 Cette forte contestation des systèmes impérialistes, coloniaux et néocoloniaux, qui eut lieu entre les années 60 et 80 du dernier siècle, fut très importante dans les milieux universitaires européens et nordaméricains et elle eut une forte influence historiographique dans tous les domaines d’ étude, y compris celui de l’ Antiquité Le vieux paradigme qui voyait le monde gréco-romain comme une phase incontournable dans le processus civilisateur, dans lequel les civilisations plus anciennes ou périphériques vaincues finissaient par être absorbées, commence à être mis en cause La révision du vieux modèle passait par une réévaluation du phénomène colonial grec, en octroyant aux communautés locales un rôle actif dans 77 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 306 307 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts employés ont commencé à changer78 Ainsi, l’ intégration a laissé place à la résistance, à la persistance ou à la continuité ; la « romanisation » a laissé, à son tour, place à des expressions telles que « modes de contact » ou « processus de transferts » qui laissaient un rôle de protagoniste aux communautés vaincues ou soumises79 En conséquence, est né un débat sur la portée et les possibles effets négatifs de l’ impérialisme romain L’ étude des langues préromaines ou la continuité de certains usages culturels ou religieux ont été mises en valeur et quelques phénomènes qui avaient été catalogués comme strictement romains commencèrent à être analysés selon une optique différente, qui finit par déboucher vers une « provincialisation » de la romanisation On a donc commencé à parler de la singularité hispano-romaine ou gallo-romaine d’ un point de vue culturel mais aussi social80 Le changement de paradigme s’ impose : le débat à propos de l’ identité et des nouvelles perspectives sur la romanisation vont de pair, à tel point que le dernier concept devient pratiquement obsolète à cause de l’ irruption du premier Aujourd’ hui, personne ne doute que l’ Empire romain était constitué d’ un conglomérat d’ identités leur évolution Elle passait aussi par l’ acceptation du caractère multiethnique et innovateur des empires orientaux, qui n’ étaient plus conçus comme des réalités compactes, statiques et peu développées En même temps, plusieurs études sur les particularités de la culture hellénistique face à l’ idée traditionnelle de l’ homogénéité du modèle classique commencent à être publiées Toutes ces approches critiquent les regards conservateurs sur les processus de contact entre des sociétés inégales Elles mettent en doute « l’ utilité » des impérialismes antiques et les bontés de l’ épanouissement de la civilisation Suite à ces critiques, on vient à regretter l’ ignorance préconçue envers les oubliés et les vaincus de l’ Histoire grécoromaine ainsi qu’ à revendiquer une vision plurielle du monde classique, qui inclue les Perses, les Puniques, les Iraniens, les Juifs, les Scythes, les Italiques, etc Dans ce sens-là, le livre d’ A Momigliano (1975) causa un vrai bouleversement historiographique (cf Wullf 2019b) Voir les résultats du colloque tenu à Cortone en mai 1981, et publié par l’ École Française de Rome en 1983 sous le titre Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes 78 Voir l’ étude essentielle de Bénabou 1976, qui évoque la résistance des populations nord-africaines, pour préserver leur identité face à l’ imposition du modèle de Rome ; cette opposition transparaît aussi dans des résistances quotidiennes, silencieuses ou invisibles, qui expriment autant les permanences et continuités culturelles que les phénomènes d’ hybridation avec les modèles exogènes 79 Voir les études fondamentales de Millet 1990 qui pense que le succès fût l’ intégration des élites locales, car elles viennent à assumer la culture romaine afin de perpétuer leur pouvoir et leur prestige communautaires, lors du processus de romanisation Voir aussi les travaux de Woolf 1998, qui soutient que le modèle de la romanisation a permis le développement des cultures provinciales à caractère hybride, qui provoquent de changements dans deux sens, pas seulement dans les milieux provinciaux mais aussi dans le pouvoir romain même (cf Keay, Terrenato 2001) 80 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) qui agissaient autant dans la sphère publique que dans la sphère privée81 La question s’ inscrit désormais dans le contexte de la crise des identités traditionnelles de l’ hémisphère Nord, avec le développement de sociétés multi-ethniques, multiculturelles et multi-identitaires, le succès des modèles d’ analyse postmodernistes qui remettent en cause les schémas analytiques précédents, pétrifiés à la chute du mur de Berlin, la crise de l’ hégémonie académique occidentale, la critique des perspectives eurocentristes ainsi que l’ émergence d’ approches post-processuelles et post-coloniales dans l’ étude des sociétés périphériques du présent et du passé82 On n’ y peut pas faire abstraction du rôle joué par le développement de l’ archéologie, sous de nouveaux critères épistémologiques et méthodologiques De manière progressive, l’ archéologie classique des monuments – apparentée à l’ histoire de l’ art et à la philologie – fut remplacée par une discipline très influencée par la sociologie et l’ anthropologie, qui s’ intéressaient à la culture matérielle et à toute manifestation 81 Revell 2015 Actuellement, les débats atteignent de positions plus extrêmes que celles de Millet et Woolf qui n’ arrivaient pas à nier la position de Rome en tant que puissance dominatrice En fait, au plus fort du succès des études post-coloniales (notamment dans l’ historiographie anglo-saxonne), les discussions se tournent vers « l’ agence locale », le rôle des « groupes subalternes », les minorités et leur « résistance passive », les « espaces intermédiaires » ou « neutres », les phénomènes d’ hybridation et de transfert culturel, en arrivant même à la négation de l’ opérativité du concept de « romanisation » (voir Barrett 1997) car il s’ agit d’ une notion unidirectionnelle et généraliste qui ne tient pas compte des réalités culturelles et identitaires locales très dynamiques et à caractère hétérogène On opte ainsi pour la « créolisation », le « bricolage culturel » ou même la « glocalisation » qui, comme la globalisation actuelle, sert à mettre l’ accent sur la multi-directionnalité des changements au niveau politique, économique et culturel de manière unitaire et en même temps interconnectée À notre avis, l’ expression braudélienne de « transfert culturel » reflète le mieux ce virage (Dan, Queyrel 2014) Voir, en général, Hingley 2005 ; Mattingly 2011 ; Webster 2001 ; Scott 1985 ; pour les derniers concepts mentionnés, voir Pitts, Versluys 2015 ou Roudometof 2016 ; pour un état de la question en partant d’ une perspective post-coloniale, voir Van Oyen 2015 De telles approches ont été qualifiées d’ « idéalistes » car, en mettant un accent excessif sur le fait local, elles finissent par diluer le rôle de Rome, ainsi que l’ inégalité et la dépendance implicite et explicite de tout colonialisme : voir Gardner 2013 ; Silliman 2005 Elles ont été aussi critiquées d’ être excessivement théoriques, car elles projettent sur le monde romain, avec un excès d’ automatisme, les modèles d’ analyse des réalités contemporaines (voir Beltrán 2017, p 18-21, et plus spécialement, Cardete del Olmo 2018, p 659-673) Pour une analyse plus mesurée, voir Le Roux 2004 ; 2006b, p 159-166, et Pereira Menaut 2010 ; pour un état de la question, voir Versluys 2014, avec le travail de Woolf Une synthèse a été publiée dans Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 3 5 et 5 1 82 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 308 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 309 susceptible de fournir de données à caractère historique83 En faisant cela, l’ archéologie fixe son attention sur de sujets ou de processus qui, jusque-là, avaient été passés sous silence ou n’ avaient pas été consciemment pris en compte, étant donné qu’ ils ne sont présents ni dans la littérature classique ni dans l’ histoire politique qui en découle84 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ Espagne est un cas d’ études à part La situation académique et historiographique y était bien distincte de celle du reste de l’ Europe Le franquisme, au moins jusqu’ à l’ arrivée du développementalisme et le saut culturel des années 60, n’ eut pas cessé de mépriser le développement vécu par la science espagnole entre 1890 et 1936 – une période connue, à juste titre, comme edad de plata de la culture espagnole Le régime récupéra un modèle éducatif et culturel ancré dans le conservatisme catholique du xixe siècle, dans une université appauvrie par la guerre civile, complètement isolée et anéantie par l’ exil forcé de ses représentants les plus notables85 D’ un point de vue historiographique, l’ idée de Rome qui continuait à se répandre en Espagne était celle d’un pouvoir politique qui avait réussi à soumettre les indomptables Ibères, en mettant un terme à leur tendance naturelle à l’ affrontement civil et en les dotant d’ une langue et d’ une culture communes86 Ainsi, Mela, Martial, Il n’ est pas nécessaire d’ expliquer pourquoi l’ archéologie a joué et joue encore un rôle central dans les débats à propos des identités (tant au niveau théorique ‒ pour les approches constructivistes ‒ comme au niveau pratique) La culture matérielle en tant qu’ item ethnique identitaire est, très souvent, la seule variable dont on dispose quand il s’ agit d’ étudier les communautés illettrées, c’ est-à-dire la majeure partie des sociétés dans l’ Antiquité Les identités collectives y jouent un rôle plus important que les identités individuelles La culture matérielle devient pourtant une variable d’ interprétation complexe, car le passage que suit un élément matériel à usage commun et quotidien pour arriver à être un item identitaire n’ est pas jamais automatique : ce sont les communautés qui lui confient une certaine valeur, selon la pratique sociale Voir les travaux déjà classiques de Barth 1969, Hodder 1982, Shennan 1989 ou Jones 1997 ; plus récemment Fernández-Götz 2008 et 2009, et Fernández-Götz, Ruiz Zapatero 2011 Une synthèse dans Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 2 1 et 3 4 Le débat sur la « romanisation » a d’ ailleurs été mené en large mesure par les archéologues (voir n 82) 83 Le succès actuel des théories philosophiques post-humanistes qui nient le rôle central de l’ être humain a fait pencher l’ archéologie à nouveau vers l’ artéfact, laissant complètement de côté l’ élément humain : voir Díaz de Liaño, Fernández-Götz 2021, et Fernández-Götz, Gardner, Díaz de Liaño, Harris 2021 84 85 Voir Wulff 2004 On trouve ainsi dans l’ Antiquité le « caractère essentiel » espagnol, avec un fort individualisme, une nature indomptable qui fait face aux envahisseurs, un attachement à la terre d’ origine et un monothéisme 86 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 2- Le dossier espagnol : historiographie et politique © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Sénèque, Trajan, Hadrien, Théodose ou Isidore étaient des figures qui s’ imposaient par leur origine hispanique et par leur capacité de gestion politique, culturelle et religieuse au milieu d’ un empire décadent Ainsi, on était face à une romanisation à l’espagnole87 D’ autre part, la clé de voûte de l’ identité espagnole ne résidait pas dans l’ époque antique, mais au Moyen Âge et, surtout, à la période de l’ expulsion des musulmans Dans ce contexte, la discipline antiquaire n’ était, loin il s’ en fallait, l’ une des plus puissantes car elle ne comptait pas sur un appui politique solide, comme c’était le cas en Italie, par exemple Au-delà d’ un essentialisme démodé, où les gènes de « l’ espagnol » ont été trouvés chez les premiers habitants du terroir hispanique, le nœud gordien de notre identité nationale devait être cherché dans l’ unification territoriale, politique et religieuse d’ Isabelle de Castille et Ferdinand d’ Aragon, les rois catholiques, qui avaient comme précédent l’ éphémère période visigothique Par ce modèle, on dépassait pour la première fois la contradiction que l’ on héritait depuis l’ Antiquité : l’ étranger et/ou l’ infidèle était finalement expulsé et l’ on atteignait l’ unité politique et religieuse longuement attendue88 Il nous paraît important de souligner ces questions car elles nous aident à comprendre dans quel état se trouvait le débat à propos de la romanisation en Espagne, pendant que d’ autres paradigmes poussaient dans l’ historiographie européenne Dans le cas espagnol, de facto, les sciences humaines et sociales n’ ont commencé à décoller que dans les années 60, lorsqu’ un certain développement économique a permis aux chercheurs et scientifiques espagnols une timide ouverture vers l’ Europe Ce décollement a été encouragé par la réactivation de l’ activité scientifique d’ institutions comme l’ Instituto Arqueológico Alemán ou la Casa de Velázquez, à Madrid Leurs travaux en collaboration avec les protohistoriens et les archéologues ont contribué largement au renouvellement des techniques de fouille, primitif, qui annoncerait le triomphe du Christianisme Cet historicisme culturel, très répandu dans les études d’ archéologie préhistorique publiées entre dans les premières 60 années du xxe siècle n’ est pas, loin il s’ en faut, un phénomène constaté seulement en Espagne, mais dans toute l’ Europe (Díaz-Andreu et al 2009, p 30-36 ; Díaz-Andreu 2002, p 38-41) Gozalbes Cravioto, González Ballesteros 2007 Cette vision positive de la romanisation et de son hispanisation contraste avec des approches plus critiques ‒ bien que minoritaires ‒ comme celle de P Bosch Gimpera dans les années 20 Bosch Gimpera, qui a fini ses jours exilé en Mexique, soutenait que la romanisation était une « super structure » sous laquelle un component social et culturel indigène a toujours survécu, renaissant après la chute de l’ Empire romain (cf Blázquez 1969) Paradoxalement, il faudra atteindre quelques années ‒ pendant la période de « soulagement intellectuel » de l’ époque franquiste ‒ pour que les idées de Bosch trouvent leur place dans l’ historiographie hispanique Pour la figure de Bosch, voir Cortadella 2003 87 88 Voir en général Wulff 2003 et Wulff, Álvarez Martí-Aguilar 2003 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 310 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) des concepts et des méthodologies d’ analyse, en donnant lieu à la création de nouveaux réseaux d’ échanges scientifiques Cette circonstance a aussi permis aux nouvelles générations d’ archéologues espagnols d’ augmenter leurs capacités de formation et leurs possibilités de spécialisation thématique et technique La multiplication des campagnes de fouilles, pas seulement au sein de chantiers monumentaux ou emblématiques mais aussi sur des sites beaucoup moins connus, a permis d’ouvrir le champ de recherche vers des cultures ou des périodes inattendues jusqu’ alors Le débat sur « l’ essence espagnole » est toujours présent89, mais un changement de perspective commença à s’y développer doucement Dans ce processus, on remarque surtout les premiers travaux de M Vigil90, qui opposa la romanisation à la survivance des structures sociales indigènes dans le cas précis du nord de la péninsule (fait qui avait déjà été souligné par Broughton91) Peu après, il développa ses hypothèses dans son introduction à la Formación del feudalismo, en collaboration avec Abilio Barbero92 Le seul fait de parler de « items ou rythmes de romanisation » ou de la distinction d’ un impact divers de Rome parmi les communautés indigènes constituait déjà une transformation envers la vision centraliste romaine des années 40 et 5093 Mais ce changement de perspective n’ a rien de comparable avec l’ effet rénovateur que l’ anthropologie, la sociologie ou l’ archéologie ont eu sur l’ histoire ancienne en Europe, pendant les années 60 et 70 du xxe siècle Un changement quantitatif et qualitatif apparaît à la période postfranquiste, quand les conditions matérielles et intellectuelles en Espagne sont devenues plus propices Dès ce moment-là, on y assista à un profond renouvellement des institutions universitaires espagnoles, qui commençaient à disposer d’ un budget plus important Ces ressources économiques ont servi à financer des séjours de recherche et des programmes de formation du professorat espagnol, lui permettant de prendre contact avec des laboratoires de recherche français et italiens, en premier lieu, ainsi qu’ anglosaxons quelques années plus tard Il va de soi que les équipes qui y travaillaient étaient de pionniers dans leurs approches méthodologiques et conceptuelles En même temps, le renforcement de l’ archéologie locale et régionale allait mettre à la disposition des chercheurs un nombre considérable de données matérielles 89 Voir, par exemple, Blázquez 1969, qui critique la « romanisation super structurelle » de Bosch 90 Vigil 1963 91 Broughton 1959 92 Barbero 1978 93 Voir Balil 1956 ; Palol 1960 ; Blázquez 1962 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 311 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 312 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Ce n’ est pas un hasard si les changements de paradigme interprétatif dans l’ historiographie hispanique commencent par les études sur les peuples du Nord péninsulaire, en suivant la voie de recherche ouverte par Marcelo Vigil La rupture dans cette zone du modèle traditionnel de romanisation est beaucoup plus évidente si l’ on tient compte de la documentation épigraphique et littéraire Pour cela, il suffisait d’ y apposer un regard différent : une survivance quelconque ne peut pas avoir la même valeur ni peut jouer le même rôle dans deux contextes différents En sens inverse, une nouveauté romaine qui apparaissait dans un contexte précoce de conquête ne pouvait être analysée en partant seulement d’ une approche acculturatrice Voici quelques exemples Dans le monde gallaïque et, en général, sur la côte cantabrique, la réalité antique était complexe D’ une part, la conquête romaine tardive et une situation périphérique par rapport aux aires de tension et d’ activité militaire pendant le iie et le ier siècle avant J -C 94 ont contribué au développement des cultures locales, qui étaient très puissantes quand Auguste y parvient à les soumettre entre 29 et 19 avant J -C 95 D’ autre part, juste après la conquête, nous y constatons une hybridation identitaire dans l’ épigraphie (qui accepte les usages latins)96 et même dans les croyances (quand les dieux locaux s’ expriment en se servant d’ un « nouvel ordre institutionnel »)97 Les rapports en sont encore plus évidents dans le domaine politique et administratif Dans le cas gallaïque, le contrôle romain s’ organise autour des castella et de plusieurs populi/civitates. Assez tôt, Rome crée ainsi une identité consciente, autour d’ une réalité neuve ‒ Callaecia98 Cette identité est construite sur certaines bases qui finissent par acquérir un sens ethnique Cette affirmation doit être nuancée car la situation dans la zone méridionale gallaïque (beaucoup plus développée du point de vue économique et urbain, grâce aux grands oppida), différente de celle que l’ on documente dans la partie septentrionale de la région (voir la bibliographie, n 99) 94 Dans le cas gallaïque, ni les interventions militaires de D Iunius Brutus en 138 av Ch , ni celle de César en 61-60 av Ch , tenues dans les zones méridionales du nord-ouest n’ ont presque pas d’ effet 95 96 Albertos 1987 97 González Rodríguez 2005 ; 2018 Le choronyme précède l’ ethnonyme de « gallaïcan » Ce territoire fut reconnu en tant que prouincia en 239 apr J -C , sous Dioclétien Pour Callaecia en tant que région historique crée par Rome, voir Pereira 1983 et 1984 98 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 3- Les changements de paradigme : les peuples du nord péninsulaire comme étude de cas 313 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) et territorial nouveau99 Ainsi, l’ intervention romaine dans la sphère publique est perceptible dans des documents épigraphiques à une date très proche après la conquête, comme c’ est le cas du bronze de Bembibre, daté de 15 avant J -C , ou de la Tabula Lougeiorum, datée de 1 après J -C Dans le premier cas100, à travers ses legati, Auguste modifie les limites et les munera de communautés de dediticii (castella et gentes/civitates) appartenant à une zone de la Transduriana prouincia101, pour récompenser les communautés qui sont restées fidèles à Rome et punir celles qui n’ont pas accompli leurs obligations (sans doute à caractère militaire, mais il n’ est pas clair qu’ elles soient les seuls revenus réclamés par l’ Empire) L’ importance du bronze de Bembibre ne réside pas tellement dans le fait qu’ il s’ agit d’ un texte officiel qui reflète le « respect » montré par Rome aux « organisations indigènes » et a priori à leurs territoires en permettant un certain degré d’ autonomie aux divers castella des civitates ‒ ce qui était d’ ailleurs normal dans les communautés pérégrines Rome y montre sa capacité de reformuler le rôle et les fonctions des castella autour de la gens/civitas. La civitas se constitue alors dans une structure politique et C’ est surtout dans l’ habitat que les signes de continuité sont les plus évidents, même si l’ effet que l’ articulation précoce des territoires autour des trois grandes capitales conventuelles a eu sur les castra reste encore à étudier en profondeur (Dopico, Santos Yanguas 2017, p 710-711) Pour la culture castreña voir : González Ruibal 2007 et Calo Lourido 1997 Pour la romanisation de la zone, voir la première partie de Dopico, Rodríguez, Villanueva Acuña 2009 99 Imp(erator) Caesar divi fil(ius) Aug(ustus) trib(unicia) pot(estate) / VIII{I} et proco(n)s(ule) dicit / castellanos Paemeiobrigenses ex / gente Susarrorum desciscentibus / ceteris permansisse in officio cog/novi ex omnibus legatis meis qui / Transdurianae provinciae prae/fuerunt itaque eos universos im/munitate perpetua dono quosq(ue) agros et quibus finibus possede/runt Lucio Sestio Quirinale leg(ato) / meo eam provinciam optinente{m} / eos agros sine controversia possi/dere iubeo / castellanis Paemeiobrigensibus ex / gente Susarrorum quibus ante ea(m) / immunitatem omnium rerum dede/ram eorum loco restituo castellanos / Aiiobrigiaecinos ex gente Gigurro/rum volente ipsa civitate eosque / castellanos Aiiobrigiaecinos om/ni munere fungi iubeo cum / Susarris / actum Narbone Martio / XVI et XV K(alendas) Martias / M(arco) Druso Li/bone Lucio Calpurnio Pisone co(n)s(ulibus) HEp 7, 1997, 378 = HEp 8, 1998, 325 = HEp 11, 2001, 286 = HEp 2013, 285 = AÉ 1999, 915 = AÉ 2000, 760 = AÉ 2001, 1214 Provenance : Bembibre, León – une zone de « frontière » entre le monde des Gallaïcans et celui des Astures Pour une synthèse sur débat autour l’ authenticité du bronze voir Wulff 2012, p 504-507, et Rodríguez Colmenero 2010, n 1 Pour le rôle des gentes, voir infra, sur le Pacte des Zoelae 100 Prouincia à existence éphémère, la Transduriana dépend du legatus Lucius Sestius L’ existence de cette prouincia montre encore une fois l’ énorme adaptabilité romaine aux instruments politiques et militaires qu’ elle a à sa disposition Pour le terme prouincia et le cas précis de la Transduriana, voir Díaz Fernández 2015 et 2021 L’ aire de cette prouincia coïncide avec l’ imperium d’ un legatus qui a sous ses ordres deux légions ; elle se place au-delà du fleuve Douro, jusqu’ au territoire des Gallaïcans dont parle Strabon dans III, 4, 20 101 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) administrative neuve, où les obligations des castella deviennent interchangeables Tout cela se passe dans un contexte qui est encore à caractère préurbain102 La Tabula Lougeiorum103 nous a permis de dater une nouvelle structure territoriale, politique et administrative : le conuentus iuridici, qui rassemblait une série de civitates et de populi (en en éloignant en même temps d’ autres) sur la base de leur affinité ethnique ou pour des questions stratégiques et économiques, autour d’ un siège conventuel Le legatus-gouverneur s’ y déplaçait de manière régulière, pour y appliquer la loi de Rome dans les cas litigieux104 Ces deux documents épigraphiques sont à notre avis deux exemples clairs des changements structurels qui touchent le noyau des communautés indigènes ‒ voire leurs capacités de détermination et leurs territoires ‒ même si elles arrivaient à garder une partie de leur identité Dans cette partie de la péninsule ibérique, Rome se servait des pactes d’ hospitalité afin de réorganiser les territoires et/ou d’ y établir de liens personnels et collectifs soit parmi les différentes communautés, soit avec des personnalités locales prestigieuses qui intervenaient dans les affaires de leur gentes/civitates105, où elles Wulff 2012 et 2019 ; à propos les possibles exigences et exemptions, voir Rodríguez Colmenero 2010, p 42 102 103 C(aio) Caesare Aug(usto) f(ilio) L(ucio) Aemilio Paullo co(n)s(ulibus) / ex gente Asturum conventus Arae / August(a)e / civitas Lougeiorum hospitium fecit cum / C(aio) Asinio Gallo libereis postereisque eius / eumque liberos posterosque eius sibi libe/reis postereisque suis patronum cooptarunt / isque eos in fidem clientelamque suam suo/rumque recepit / egerunt legati / Silvanus Clouti / Nobbius Andami HEp 1, 1989, 458 ; HEp 3, 1993, 247 ; HEp 7, 1997, 402 ; HEp 4, 1994, 505 ; AÉ 1984, 553 ; AÉ 1987, 561 ; AÉ 1989, 431 ; AÉ 1997, 862 Provenance : Lugo Voir Santos Yanguas 1985 104 Dopico, Santos Yanguas 2012 ; Dopico, Santos Yanguas 2016 ; en général : Ozcáriz 2012 L’ exemple le plus connu est le Pacte des Zoelae, provenant de l’ aire des Astures C’ est un document épigraphique exceptionnel, par son état de conservation et son contenu Il témoigne d’ un pacte d’ hospitalité signé en 27 apr J -C et renouvelé en 152 apr J -C Le texte met en évidence l’ évolution de la gens, en tant que structure supra familiale, à la civitas, en tant que communauté politique : M(arco) Licinio Crasso / L(ucio) Calpurnio Pisone co(n)s(ulibus) / IIII K(alendas) Maias / gentilitas Desoncorum ex gente Zoelarum / et gentilitas Tridia/vorum ex gente idem / Zoelarum hospitium vetustum antiquom / renova/verunt eique omnes ali(u)s alium in fi/dem clientelamque suam suorumque libero/rum posterorumque receperunt egerunt / Araus Ablecaeni et Turaius Clouti Docius Elaesi / Magilo Clouti Bodecius Burrali Elaesus Clutami / per Abienum Pentili magistratum Zoelarum / actum Curunda / Glabrione et Homullo co(n)s(ulibus) V Idus Iulias / idem gentilitas Desoncorum et gentilitas / Tridiavorum in eandem clientelam eadem / foedera recepunt ex gente Avolgigorum / Sempronium Perpetuum Orniacum et ex gente / Visaligorum Antonium Arquium et ex gente / Cabruagenigorum Flavium Frontonem Zoelas / egerunt / L(ucius) Domitius Silo et / L(ucius) Flavius Severus / Asturicae (CIL II, 2633) Si dans la première partie du pacte, la gens Zoelarum commence à fonctionner comme une civitas ‒ avec Curunda comme lieu de réunion autour du magistratum 105 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 314 315 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) jouaient le rôle de principes106 reconnus par Rome, à un moment où les structures romaines à proprement parler étaient loin de s’ être imposées En conséquence, ces gentilitates/gentes107 devenaient pour Rome un efficace instrument d’ organisation et de réorganisation d’ un territoire (surtout pour la sécurité et l’ exploitation économique et militaire), tout en perdant une importante partie de leur possible essence d’ origine Mais, comme on peut le voir, il ne s’ agit pas d’ assumer une identité préalable à Rome (dans un phénomène de transfert culturel), mais d’ une création romaine ex novo qui finit, au fil du temps, par acquérir un caractère historique aux yeux des populations gallaïco-romaines Dans l’ origo d’ un gallaïque continue à apparaître le castellum originaire, même lorsque l’ individu en question est déjà complètement romanisé La situation se révèle très similaire chez les Astures et les Cantabres, ethniques crées par Rome après la conquête du littoral nord de la péninsule, menée par Auguste Ainsi, l’ apparition des ethnies asture ou cantabre ‒ et d’ autres gentes (= civitates romaines dans certains cas108) qui ne sont pas mentionnées dans les témoignages littéraires ‒ apposées à des noms de citoyens romains sur des inscriptions jusqu’ au iie siècle après J -C peut être due à plusieurs raisons : Zoelarum, dans sa deuxième partie la civitas Zoelarum (y compris l’ ordo Zoelarum mentionné au CIL II, 2606) est déjà l’ élément politique et administratif central tant pour Rome que pour l’ ensemble de communautés (cf a civi Zoelae dans CIL II, 5684 et AÉ 1988, 759 des iie-iiie siècles apr J -C ) Même si les gentes continuent à jouer un rôle dont nous n’ arrivons pas à saisir la portée réelle, elles doivent au moins continuer à garder une valeur identitaire qui fait référence à une réalité collective pas trop éloignée dans le temps Voir Santos Yanguas 2010, p 56-57, et la thèse doctorale de Beltrán Ortega 2015, p 70 et suiv Princeps Copororum (IRPLugo 349), parmi les Copori à Lucus Augusti ; princeps Albionum (ERA 14 ; AÉ 1946, 121), chez les Astures ; princeps Cantabrorum (HEp 7, 1997, 380 = AÉ 1997, 875 = ERPLe 374) chez les Deobriguenses ; princeps Arcailon (CIL II, 5762), attesté à Paredes de Nava, Palencia Sur la figure et le rôle de ces principes du Nord après les guerres cantabres, lorsque le modèle politique et administratif romain n’ a pas été complètement implanté, voir González Rodríguez 2002 Sur princeps/ dux (et leurs dérivés), leurs composants politiques et militaires dans le contexte de la conquête romaine et leurs effets sur les communautés indigènes, voir Ciprés 1993, p 116-135 ; Moret 2002-2003 ; Pérez Zurita 2021 106 107 Les gentilitates et les gentes peuvent être définies comme des structures supra-familiales qui articulent d’ un point de vue territorial (et aussi identitaire) les populations placées dans un habitat épars et qui peuvent être assimilées à des ethnè, des civitates ou des populi Voir González Rodríguez 1986 et González Rodríguez, Santos Yanguas 1994 108 Pacte des Zoelae, cit. supra, n 105 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 316 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) En même temps, les ethnies asture et cantabre sont attestées dans les ouvrages de Tite-Live113, Pline l’ Ancien114, Florus115 et Orose116 Cela signifie, à notre avis, que ces ethniques crées par Rome après la conquête deviennent des acquis identitaires de ces communautés, tout en s’ assimilant à des structures à caractère politique comme les civitates ou les gentes On peut trouver des exemples dans toute la péninsule En somme, ce qui pendant très longtemps a été vu et analysé comme des persistances maladroites de peuples souffrant d’ un retard et d’ une C(aio) Annio L(uci) f(ilio) / Quir(ina) Flavo / Iuliobrigens(i) / ex gente Canta/brorum / provincia Hispa/nia citerior / ob causas utilita/tesque publicas / fideliter et con/stanter defensas (CIL II, 4192) (iie siècle apr J -C ) 109 ……tribuno laticlavio l[eg(ionis)] / VII Gemin(ae) a<d=T> census accipi[en]/dos CIVITATIUM XXIII / Vasconum et Vardulorum / vixit annis XXXVI / ex testamento (CIL VI, 1463) (1re moitié du iie siècle apr J -C ) 110 C. Nonio C. f. An(iensi) Caepian[o] ---- pra[ef(ecto)] alae Asturum ----- C. Valerius Saturninus d[ec(urio)] alae Asturum--- (CIL XI, 393) (2e moitié du iie siècle apr J -C ) 111 …et cohortib]us VI quae appellantur / [Gallorum Petria]na c(ivium) R(omanorum) et I Tungrorum / [et I Hispanorum Ast]urum et I Hispanorum / [et III et I] Fida Vardullorum…. (CIL XVI, 43) (98 apr J -C ) 112 Lucullus cos., cum Claudius Marcellus, cui successerat, pacasse omnes Celtiberiae populos uideretur, Vaccaeos et Cantabros et alias incognitas adhuc in Hispania trentes subegit (Tite-Live, Periochae, XLVIII, 19) 113 Civitatum novem Regio Cantabrorum, flumen Sauga, portus Victoriae Iuliobrigensium. Ab eo fontes Hiberi quadraginta millia passum. Portus Blendium, Orgenomesci e Cantabris. Portus eorum Vereasueca… (Pline l’ Ancien, Histoire Naturelle, IV, 110-111) 114 Sub occasu pacata erat fere omnis Hispania, nisi quam Pyrenaei desinentis scopulis inhaerentem citerior adluebat Oceanus. Hic duae validissimae gentes, Cantabri et Astures; inmunes imperii agitabant. Cantabrorum et prior et acrior et magis pertinax in rebellando animus fuit, qui non contenti libertatem suam defendere proximis etiam imperitare temptabant Vaccaeosque et Turmogos et Autrigonas crebris incursionibus fatigabant (Flore, II, 33) 115 Anno ab urbe condita DCCXXVI imperatore Augusto Caesare sexies et bis M. Agrippa consulibus Caesar parum in Hispania per ducentos annos actum intellegens, si Cantabros atque Astures, duas fortissimas Hispaniae gentes, suis uti legibus sineret, aperuit Iani portas atque in Hispanias ipse cum exercitu profectues est. Cantabri et Astures Gallaeciae prouinciae portio sunt, qua extentum Pyrenaei iugum haud procul secundo Oceano sub septentrione dedicitur… (Orose, Histoire contre les païens, VI, 21, 1) 116 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) • indiquer leurs origines109, • dans le cadre de démarches censuelles110, • en faisant référence aux unités auxiliaires de l’ armée111, • dans les diplômes militaires112 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) forte résistance à la romanisation, commence à être lu comme un système neuf et opératif d’ adaptation mutuelle La péninsule était, de fait, un terrain d’ essai de l’ impérialisme romain Paradoxalement, Rome promeut la création d’ identités collectives autour de civitates (le seul modèle permis par l’ Vrbs) qui acceptaient la conquête En faisant cela, elle arrive à contrôler, de manière efficace, les territoires et leurs habitants117 Comme on peut le voir, ces résultats ont précédé les débats actuels sur les identités et la romanisation Néanmoins, leurs conclusions sont sensiblement différentes et viennent à confirmer les critiques de certains secteurs de la recherche envers une théorisation excessive et un regard bienveillant vers les mécanismes purement impérialistes développés par Rome118 Bien entendu, le souvenir des identités ethniques préexistantes, autour des lieux de cultes attachés aux origines, a continué à occuper une place essentielle dans la mémoire individuelle, familiale ou sociale, sans entrer en conflit avec les identités civiques émergentes119 Mais, après un important processus de réorganisation et de restructuration, ces dernières sont les seules à être reconnues par Rome120 4- Les changements de paradigme : nouvelles lectures des sources antiques Ce changement radical de perspective s’ applique non seulement à l’ interprétation des données archéologiques et épigraphiques, mais aussi à l’ analyse des sources littéraires qui, bien que très peu nombreuses, sont indispensables, surtout quand elles ont un caractère géographique ou ethnographique Il convient de souligner que le corpus littéraire des références aux peuples préromains avait été évalué auparavant soit en partant d’ une perspective essentialiste, soit en adoptant un postulat positiviste On a dû attendre l’ ouvrage de P Thollard, Barbarie et civilisation chez Strabon : Étude Pour une brève synthèse sur les aires des Gallaïques et des Astures avec les inscriptions et la bibliographie fondamentale, voir Santos Yanguas 2010 117 Voir n 82 Le Roux 2014 réclame, à juste titre, que le débat terminologique (« hybridation », « créolisation », « transfert culturel ») ne peut être abordé avec succès qu’ au cas par cas, vu que la réalité provinciale est très diverse et que la présence romaine est très différente selon les sphères publique, privée, religieuse, cultuelle, etc 118 Sur les limites et les possibilités de défendre l’ existence d’ une « identité cultuelle » des communautés indo-européennes de la péninsule voir Alfayé 2012 Pour le rôle de la « mémoire » dans l’ élaboration des identités collectives, voir l’ intéressante réflexion de Dan 2015 119 120 Voir Ortiz de Urbina 2019 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 317 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) critique des livres III et IV de la Géographie en 1987, ou les études de J C Bermejo121 pour qu’ un auteur de l’ importance de Strabon soit mis en valeur et qu’ il cesse d’ être considéré comme un simple compilateur Cela s’ explique par le fait qu’ auparavant, la méthodologie dominante avait été celle de la Quellensforschung allemande : émietter l’ ouvrage du géographe avec le seul propos de mettre en lumière les sources dont il s’ était servi pour le rédiger Concrètement, la raison est l’ utilisation récurrente de l’ édition d’ A Schulten, Estrabón, Geografía de Iberia, publiée en 1952 et l’ omission de celle de F Lasserre de 1966, ainsi que l’ emploi répandu dans les milieux universitaires espagnols des Fontes Hispaniae Antiquae, un corpus compilé aussi par Schulten entre les années 20 et 60 du siècle passé ‒ avec un supplément daté des années 90 Il est indéniable que le volume des informations littéraires dont on dispose pour la péninsule Ibérique est réduit et fragmentaire, surtout en comparaison avec d’ autres zones de l’ œkoumène : la situation périphérique d’ Hispania par rapport aux grands protagonistes et aux événements de l’ histoire ancienne de la Méditerranée a été un handicap difficile à surmonter Néanmoins, cette particularité rend ce corpus, même si compliqué à saisir et à évaluer, beaucoup plus précieux Nonobstant, pour le comprendre, il fallut laisser définitivement de côté une lecture qui voyait ces sources comme de simples compléments ou ajouts au discours historique dominant, et commencer à les analyser en prenant compte leur valeur intrinsèque L’ introduction progressive en Espagne des études axées sur la géographie et l’ ethnographie antiques, qui avaient déjà un long parcours en Italie et en France122, a favorisé l’ apparition des nouvelles lectures de ce corpus littéraire123 Dans ce changement de paradigme, Strabon 121 Bermejo 1977-1978 ; 1981 ; 1982 ; 1983 ; 1986 ; 1987 L’ ouvrage édité par F Prontera aux éditions Laterza en 1983 (avec les contributions de Stahl, Jacob, Peretti, Myres, Janni, Dihle, Dion ou Van Paassen entre autres) peut être considéré un point d’ inflexion, car le modèle des études consacrées à la géographie et à l’ ethnographie antiques a changé après sa publication Ce changement commençait à être aperçu déjà dans les travaux d’ Aujac 1966 ; Van Paassen 1957 ; le bref mais suggestif manuel de Jacob 1991 ; ou l’ approche « révolutionnaire » de Janni 1984 avec une perception de l’ espace géographique ancien caractérisé comme « hodologique » 122 F J Gómez Espelosín a été pionnier dans l’ étude de la géographie et de l’ ethnographie de l’ Ibérie d’ un point de vue littéraire (Gómez Espelosín et alii 1994 et 1995) Sans vouloir être exhaustifs nous soulignerons aussi l’ importance des deux colloques à la Casa de Velázquez (Madrid) en mars 2005 et en avril 2006 et publiés respectivement en 2006 et 2007 sous le titre de L’invention d’ une géographie de la péninsule Ibérique, I, L’ époque républicaine et II L’ époque impériale (Cruz Andreotti, Le Roux, Moret 2006 et 2007) Une synthèse récente dans Castro-Páez 2023 123 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 318 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) a joué, comme nous l’ avons dit tout à l’ heure, un rôle central, car la conservation de son ouvrage presque complet nous permet une analyse holistique de la péninsule Ibérique d’ un point de vue historique124 En lisant les commentaires de Schulten tout au long du livre III de la Géographie, on voit que son travail s’ est limité, comme l’ on vient de le dire, à essayer d’ établir les sources auxquelles Strabon a puisé En réalité, en critiquant le manque d’ originalité du géographe d’ Amasée, le philologue allemand montre sa propre incapacité de comprendre un ouvrage historique et son esprit colossal125 Strabon fait la géographie dont l’ Empire a besoin, mais il ne s’ agit pas d’ une géographie ou d’ une cartographie qui donnent raison à l’ extension des domaines impériaux Il rédige une histoire de l’ expansion de la civilisation toujours en tenant compte du fait que Rome y joue un rôle fondamental sans pour autant être le seul élément sur le tableau de jeux Strabon se sert du genre littéraire de la géographie afin de montrer que Rome représente la ligne d’ arrivée ou, si l’ on veut, la dernière étape d’ un processus de civilisation initié par la Grèce, mais que seule l’ Vrbs a réussi à faire aboutir126 Certes, le livre III de la Géographie peut très bien être expliqué en termes de civilisation versus barbarie, avec tout ce que l’ organisation spatiale de l’ Ibérie et un discours narratif et descriptif sur les peuples qui y habitaient et leurs rapports avec Rome impliquent C’ est un modèle hérité par Strabon de l’ historiographie hellénistique, mais qui remontait déjà à Hérodote et même à Hécatée : un modèle qui repose sur une « rhétorique de l’ altérité » parfaitement compréhensible pour un lecteur grec ou romain et qui, à l’ époque de Strabon, venait de connaître un fort revival en tant qu’ instrument du discours légitimiste augustéen – dont les Res Gestae constituent un bon exemple127 Mais c’ est également un modèle historique construit sur l’ acceptation des profonds changements introduits par Rome dans les territoires soumis Dans ce schéma né de la conquête et de la pacification, l’ ethnographie de l’ Ibérie joue un rôle central, bien plus important que la cartographie Par conséquent, pour un auteur comme Strabon, les conditions environnementales sont importantes mais la capacité 124 Cruz Andreotti 1999 125 Une synthèse peut être consultée dans Cruz Andreotti, Castro-Páez 2021, p 131-150 Cela devient très évident quand on compare le modèle descriptif employé par Strabon tout au long des livres dédiés aux territoires occidentaux conquis par Rome avec sa description du monde hellénique, qui répond à un schéma classique où la barbarie n’ a pas de place et où le rôle de Rome est assez dilué Les études dédiées par F Prontera à Strabon sont innombrables et indispensables : voir Prontera 2016 ; Castro-Páez, Cruz Andreotti 2020, p xxvii-xxxviii 126 127 García Quintela 2007 ; voir la bibliographie de Bermejo mentionnée dans la n 121 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 319 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) des peuples à avoir une vie civilisée est absolument indispensable : une agriculture qui procure la stabilité et la croissance démographique ; un réseau commercial productif et prospère ; une communauté citadine fondée sur une législation commune Le contraire est une pauvreté structurale, le recours constant à la guerre et au brigandage pour arriver à survivre et l’ inexistence d’ un système qui vise à régler la vie communautaire Voici le rôle que doit jouer Rome : imposer ce système là où il le faut De ce point de vue, la géographie de la péninsule Ibérique n’ est pas une image fixe mais une construction permanente, par les communautés qui y habitent Le fait que les deux référents fondamentaux du livre III de Strabon soient deux historiens comme Polybe et Posidonius ne doit pas donc nous surprendre128 Quand Strabon entreprend de nommer les grands groupes ethniques qui s’ articulent sur le littoral nord de la péninsule – les Astures, les Cantabres ou les Basques dont on a déjà fait mention – et, en même temps, refuse de faire mention des autres à cause de « leur nom imprononçable et leur manque de prestige »129, il est en train de doter de catégorie identitaire les peuples qui n’ en avaient pas auparavant car ils étaient des sauvages Il emploie la même méthode quand il décrit les Celtibères comme des togati qui, peu de temps auparavant, étaient des barbares130 Dans ce cas précis, Strabon reconnaît une réalité en transformation, car il raconte que l’ espace celtibérique et la Lusitanie sont plus réduits qu’ auparavant, alors que les Gallaïcans s’ étaient répandus vers le nord-ouest, à cause des transferts de population lusitaine en deçà des fleuves Douro et Tage131 Néanmoins, il ne s’ agit pas non plus d’ une ethnographie actuelle, car la configuration ethnique péninsulaire antérieure à la présence de Rome continue à y occuper une place importante132 Toutefois, dans tous ces cas, c’ est la conquête romaine qui fait apparaître ces peuples dans le récit historique en les définissant et en leur donnant des limites plus ou moins définies, selon un modèle cohérent d’ articulation de leurs territoires (oppida, póleis) Par conséquent, c’ est encore Rome qui leur attribue (ou non) une identité spécifique, car elle-même en a besoin Cette identité, comme on 128 Cruz Andreotti 2009 ; Cruz Andreotti, Ciprés Torres 2011 ; Le Roux 2010, p 105-107 Strabon, Géographie, III, 3, 7 : ὀκνῶ δὲ τοῖς ὀνόμασι πλεονάζειν φεύγων τὸ ἀηδὲς τῆς γραφῆς ‒ εἰ μή τινι πρὸς ἡδονῆς ἐστιν ἀκούειν Πλευταύρους καὶ Βαρδυήτας καὶ Ἀλλότριγας καὶ ἄλλα χείρω καὶ ἀσημότερα τούτων ὀνόματα 129 130 Strabon, Géographie, III, 2, 15 ; III, 4, 20 131 Strabon, Géographie, III, 2, 11 ; III, 1, 6 ; III, 3, 2 et 3 132 Moret 2004 et 2017, spécialement les chapitres 1 et 4 pour l’ ethnographie précédente DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 320 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 321 l’ a vu, émerge tant dans les sources littéraires que dans les témoignages épigraphiques133 Pour citer Polybe (à propos de l’ Ibérie) : © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les Turdétans participent, eux aussi, à un mécanisme de création identitaire Mais ce processus n’ a pas été mis en marche par Rome Aux yeux de Strabon, les habitants du Sud de la péninsule ont derrière eux un parcours historique qui est qualifié de civilisé, grâce à leurs contacts avec les Phéniciens, les Puniques et, en dernier lieu, avec les Romains C’ est à cause de cela qu’ ils sont appelés togati135, tout un symbole d’ identité culturelle136 Les Turdétans sont les seuls à qui Strabon peut attribuer un schéma ethno-identitaire classique : depuis l’ Antiquité, ils ont eu une langue et une littérature propres, une histoire de leurs origines (Tartessos) enregistrée par leurs scribes, un territoire articulé tout autour du fleuve Bétis, une claire tendance à la vie poliade et, même, un corpus de lois composé en vers137 À ne pas s’ en douter, Strabon leur reconnaît une identité précise qui existait déjà avant l’ arrivée de Rome, identité qui La portée historique de cette « reconnaissance » n’ est pas facile à saisir car les documents apparaissent pendant la guerre ou immédiatement après (voir Ciprés Torres 2006 et plus précisément 2012) Pour les ethnè, gentes, populi ou regiones chez Pline, dans le contexte de l’ expansion de la civitas dans l’ articulation territoriale et/ou identitaire de l’ Hispanie citérieure voir Ciprés Torres 2014 ; 2016 ; 2017 ; 2019 ; 2020 133 Polybe, Histoires, III, 37, 11 Polybe signalait, à son tour, que la connaissance certaine de la périphérie œcuménique n’ arriva qu’ après les conquêtes d’ Alexandre et de Rome (III, 59, 1-5) Pour Polybe et la géographie de l’ Ibérie voir Cruz Andreotti 2003 134 135 Strabon, Géographie, III, 2, 15 Nous gardons la lecture de togati proposée par Meineke face à celle de stolati proposée par Lasserre, en consonance avec la lecture de Le Roux 2006a, p 22 En Turdétanie, on constate un fait singulier par rapport à d’ autres régions péninsulaires : le passage d’ une identité culturelle parfaitement assimilable (les togati du texte) à une identité juridique et politique (les Latini) qui n’ est pas encore confirmée de manière définitive Dans le premier des cas, la toge portée par les élites ibériques (García Cardiel 2019) peut être expliquée par un usage symbolique qui signale certains liens individuels avec la puissance dominatrice et l’ éloignement conscient de l’ individu qui la porte de la communauté ethnique dont il fait partie (voir Le Roux 2006a, p 22-35) L’ abandon de sa langue maternelle et l’ adoption du latin comme langue véhiculaire tel que nous explique Strabon est un instrument d’ acculturation plutôt mythique que réel (Dubuisson 1982 ; à propos de l’ implantation « réelle » du latin, voir Beltrán 2004, et Le Roux 2010, p 93-104) 136 Strabon, Géographie, III, 1, 6 Pour l’ emploi du mythe de Tartessos dans l’ invention du passé prestigieux de la Turdétanie chez Strabon, voir Cruz Andreotti 2010 et 2019b 137 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) τὸ δὲ παρὰ τὴν ἔξω καὶ μεγάλην προσαγορευομένην κοινὴν μὲν ὀνομασίαν οὐκ ἔχει διὰ τὸ προσφάτως κατωπτεῦσθαι, κατοικεῖται δὲ πᾶν ὑπὸ βαρβάρων ἐθνῶν καὶ πολυανθρώπων, ὑπὲρ ὧν ἡμεῖς μετὰ ταῦτα τὸν134 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 322 était peut-être plus complexe qu’ une simple construction littéraire138 C’ est du moins ce que semblent indiquer les écrits d’ Asclépiades de Myrlea, qui avait été invité par les élites locales en tant qu’ enseignant de grammaire139, ou d’ Artémidore d’ Éphèse et de Posidonius d’ Apamée lorsqu’ ils menaient leurs recherches au sud de la péninsule140 On comprend mieux pourquoi Strabon fait des Phéniciens et des Puniques les découvreurs et les maîtres du littoral méridional hispanique avant l’ avènement de Rome, et la plus grande partie de la population contemporaine141, ainsi que le colophon avec lequel Strabon clôt la description de la Turdétanie : © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ identité est commune à tous Le schéma narratif de Strabon apparaît de façon très nette : la présence des Phéniciens et des Puniques et les extraordinaires conditions naturelles du milieu ont donné lieu à un développement ethno-génétique exemplaire, ce qui a facilité le chemin vers une « romanisation » réelle143 Par opposition à ce que l’ on constate parmi les peuples du nord de la péninsule, l’ emploi du mot « turdétan » n’ apparaît pas comme ethnonyme dans l’ épigraphie républicaine ou impériale, probablement parce que ce que l’ on considère « turdétan » est la seule identité assimilable à ce que l’ on appelle « romain », à la différence des 138 Pour le modèle identitaire grec, voir Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 4 139 Strabon, Géographie, III, 4, 3 140 Strabon, Géographie, III, 1, 4 et III 5, 8 respectivement 141 Strabon, Géographie, III, 2, 13 et 14 142 Strabon, Géographie, III, 2, 15 Voir n 128 Bendala 2006 signalait déjà le fait que la rapide « romanisation » de la partie méridionale de la Péninsule ne serait pas arrivée s’ il n’ y avait pas eu un réseau urbain et institutionnel préalable, avec des systèmes d’ organisation et d’ exploitation des produits agricoles, miniers, maritimes, etc qui avait été mis en place auparavant par les Phéniciens et les Puniques occidentaux hybridés avec les populations locales Il conclut : « De modo que en una ciudad de la Bética, durante mucho tiempo bajo la dominación romana, un individuo podría vestir toga, porque había adquirido la ciudadanía romana, comer a la manera turdetana, orar y venerar a sus dioses según la tradición púnica y enterrar a sus muertos según ritos mezclados de tradiciones púnicas, turdetanas y romanas, algunas de ellas parecidas o concluyentes » (p 292) (cf García Fernández 2019) À propos de la survivance d’ une identité phénicienne à la manière « romaine » pendant la période républicaine : Machuca Prieto 2019a, 2019b, Ferrer Albelda 2019, Álvarez Martí-Aguilar 2019 143 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Λατῖνοί τε οἱ πλεῖστοι γεγόνασι καὶ ἐποίκους εἰλήφασι Ῥωμαίους, ὥστε μικρὸν ἀπέχουσι τοῦ πάντες εἶναι Ῥωμαῖοι142 323 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) autres communautés hispaniques144 Est-il possible que toute cette complexe élaboration de Strabon, avec cette mention d’ Asclépiades, soit une sorte d’ hápax littéraire ? Évidemment, cela serait la réponse la plus facile à défendre et, en conséquence, la plus répandue : voir la description de Strabon comme un construit littéraire Mais c’ est aussi possible que l’ identification tartésique-turdétan/Tartesos-Turdétanie et même l’ idée d’ un Tartesos légendaire, identifié avec les horizons phénicien et gaditan, soit restée dans la mémoire collective, au moins pendant la période romaine, d’ après ce que les sources littéraires laissent entrevoir On ne veut pas mettre en cause le fait que Strabon élabore une narration cohérente mais, il est possible que cette mémoire était déjà présente dans certaines traditions locales qui, de ce fait, réaffirment leur caractère et rivalisent pour avoir une « identité classique et prestigieuse » Dès lors, nous avons affaire à des poleis qui non seulement partageaient un passé légendaire, tissu à partir de modèles hellénistiques bien connus, mais aussi à une coexistence de populations et d’ ethnè, non seulement au sein de fondations d’ origine romaine, mais aussi tout autour de poleis cataloguées comme mixtes, tel que l’ était la propre Corduba, capitale provinciale Dans ce sens-là, le rôle de Gades en tant que ville fondée par Héraclès et distinguée par l’ octroi de la citoyenneté en 49 avant J -C devient essentiel au moment où il était question de revendiquer son passé singulier et une certaine position de domination sur les communautés méridionales145 Le fait que des personnalités de la taille d’ Artémidore, de Posidonius ou d’ Asclépides choisissaient Gades comme « base L’ ethnique Turduli apparaît dans l’ épigraphie comme indicatif d’ origine (HEp 1998, 76 ; HEp 1998, 28 y CIL II, 523) Rappelons que chez Polybe (Histoires, XXXIV, 9), les Turduli et les Turdetani étaient deux ethnies différentes ; Strabon, en revanche, souligne qu’ à son époque il n’ y existe plus de distinction entre eux (Géographie, III, 1, 6) Pline l’ Ancien (Histoire naturelle, III, 8) ou Mela (Chorographie, III, 1, 7 ; III, 1, 12) ne font mention que des Turduli Ces données peuvent peut-être indiquer une identité double, les Turdetani étant identifiés avec ce que l’ on considère comme « romain », alors que les Turduli seraient plus puniques, comme les Bastuli-Bastetani : Pline l’ Ancien, Histoire naturelle, III, 8 ; Strabon, Géographie, III 1, 7 ; III 4, 1 Cf Ferrer Albelda, García Fernández 2002 et García Fernández 2019 144 Strabon, en suivant Posidonius, souligne la survivance d’ un récit identitaire propre à Gades, directement attaché aux prestigieuses origines tyriennes (en concurrence avec les « nouvelles » origines italiques des autres communautés, comme le montre Asclépiades) Quand Posidonius visite Gades (Strabon, Géographie, III, 5, 5-6), il y a encore deux traditions sur l’ emplacement des Colonnes : la première ‒ d’ origine grecque ‒ les plaçait au Détroit de Gibraltar et la second ‒ d’ origine locale ‒ à l’ Héracleion gaditan, le temple le plus ancien dédié à Melkart en Occident On en déduit l’ existence de deux « histoires de fondation » divergentes La question n’ est pas sans importance, ni hasardeuse, ni simplement érudite : Gades était, il ne faut pas l’ oublier, la plus « romaine » des villes de la Bétique Voir Álvarez Martí-Aguilar 2014 avec toutes les références textuelles 145 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) opérationnelle » pendant leurs séjours en Ibérie prend, de ce point de vue, tout son sens La Turdétanie de Strabon qui, pour l’ historiographie traditionnelle, était le cas de figure de la romanisation, peut être lue, en revanche, comme un véritable essai de constructions identitaires convergentes encouragé par Rome, mais en réalité de manière assez différente du reste de la péninsule Le passé (autrefois) et le présent (aujourd’ hui) et avec eux les processus de déconstruction et de construction ethno-identitaires sont autant d’ éléments nucléaires dans le récit strabonien, car ils font partie de l’ élaboration du paysage péninsulaire et de la condition historique de sa géographie La « romanisation » relatée par Strabon n’ est pas du tout homogène, car les différents niveaux de narrations nous parlent de très divers acteurs, en nous montrant comment l’ attitude de Rome n’ est pas toujours la même et qu’ elle dépend de qui est en face La description de Pline l’ Ancien constitue le point d’ arrivée de ce long processus146 5- En guise de conclusion Retournons au début de notre exposé : « romanisation » et « identité » ne sont pas deux concepts opposés, mais complémentaires Ils font partie d’ un même processus historique où, sans le développement de l’ élément local, l’ énorme capacité romaine à maintenir stable un si vaste empire, du moins entre le ier et le iie siècles après J -C , ne peut pas être comprise Le débat post-colonial sur la romanisation a sans aucun doute contribué à ouvrir de nouvelles perspectives dans l’ analyse de la documentation disponible et à confirmer sa valeur et sa richesse, également pour l’ histoire de la péninsule Ibérique En tout cas, les données étaient là pour ceux qui voulaient les voir sans les charges historiographiques du passé L’ historiographie espagnole l’ a fait depuis les années 1980 sans préjugés, en sachant bien que la péninsule Ibérique a été le premier grand laboratoire extra-italien de mise en œuvre de l’ impérialisme romain Dans ce contexte, les « nouvelles identités » jouent un rôle essentiel, jusqu’ à arriver à conformer un ensemble de sociétés provinciales à caractère hétérogène, dans lesquelles il n’ y a rien de véritablement romain ou d’ essentiellement autochtone 146 Voir n 126 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 324 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 325 Bibliographie Abréviations ERA = Epigrafía romana de Asturias ERPLe = Epigrafía romana de la provincia de León IRPLugo = Inscripciones romanas de la provincia de Lugo © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Albertos Mª L (1987), « La onomástica personal indígena de la región septentrional », dans Actas del IVº Coloquio sobre lenguas y culturas paleohispánicas, Vitoria-Gasteiz, p 155-194 Alfayé S (2012), « Religiones indígenas e identidades (étnicas) en la Hispania indoeuropea », dans J Santos Yanguas, G Cruz Andreotti (éds), Romanización, fronteras y etnias en la Roma antigua: el caso hispano, Vitoria-Gasteiz (Revisiones de Historia Antigua, VII), p 307-334 Álvarez Martí-Aguilar M (2019), « Tyrian Connections: Evolving Identities in the Punic West » dans G Cruz Andreotti (éd ), Roman Turdetania. 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Cornelius praetor et militum animos nunc consolando nunc castigando sedavit, et civitates omnes quae defecerant in dicionem redegit; atque ex iis Murgentiam Hispanis quibus urbs agerque debebatur ex senatus consulto attribuit: Livio, XXVI, 21, 17 148 149 Iunius Brutus cos. in Hispania iis qui sub Viriatho militaverant agros et oppidum dedit, quod vocatum est Valentia: Livio, Periochae, LV, 4 Bandelli 2002, p 108 Per S Sisani invece sub Viriatho avrebbe una valenza esclusivamente temporale, ovvero “al tempo di Viriato” (Sisani 2018, p 344-345) DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Gonzalo Cruz Andreotti, Encarnación Castro-Páez © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 334 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Figura 1: Pianta della Sicilia antica. Crediti/fonte: De Vincenzo 2013a, p. 9, fig. 2. 335 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Il racconto di Livio, pur fornendoci quindi una notizia estremamente preziosa, apre però uno squarcio su di una serie di accadimenti e di procedure utilizzate da Roma anche in Sicilia durante una fase particolarmente povera di notizie storiche Tenuto conto della diffusione di questa procedura, non si può certamente escludere che simili operazioni siano state effettuate anche in riferimento ad altri centri o contesti territoriali di Sicilia, che nel corso delle prime due guerre puniche si erano opposti o che avevano tradito Roma Analoghe considerazioni si possono avanzare per due passaggi delle Verrine, dove Cicerone riferisce dell’ intervento di Verre per favorire la nomina di nuovi senatori nei senati di Agrigento150 e di Eraclea Minoa151 In questi centri il numero dei senatori provenienti dalle fila dei vecchi abitanti doveva essere superiore a quello dei coloni Verre però, ricevendone in cambio favori, sostenne la nomina di un senatore proveniente dai coloni, contravvenendo quindi alla norma che definiva la composizione di tali senati Il dato significativo ai fini di questa analisi è però la presenza di coloni in questi due centri, spostati secondo Cicerone da altri oppida di Sicilia Ad Agrigento i coloni furono insediati dal pretore T Manlio, probabilmente Manlio Vulsone, pretore del 197 a C ; ad Eraclea Minoa invece i coloni furono insediati da Publio Rupilio, pretore nel 131 a C 152 La notizia di Cicerone, ancorché cursoria, getta anche in questo caso una luce significativa su accadimenti di cui altrimenti si sarebbe completamente persa memoria Soprattutto i passi in questione delle Verrine lasciano intuire l’ esistenza di procedure, quali quelle dello spostamento di persone da vari oppida della Sicilia e del loro insediamento come coloni in determinate città, che con ogni probabilità potrebbe risultare anche diffuso, tenuto conto che i due episodi sono documentati a circa settant’ anni l’ uno dall’ altro 150 Agrigentini de senatu cooptando Scipionis leges antiquas habent, in quibus et illa eadem sancta sunt et hoc amplius: cum Agrigentinorum duo genera sint, unum veterum, alterum colonorum quos Titus Manlius praetor ex senatus consulto de oppidis Siculorum deduxit Agrigentum, cautum est in Scipionis legibus ne plures essent in senatu ex colonorum numero quam ex vetere Agrigentinorum: Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 Idem fecit Heracleae. Nam eo quoque colonos Publius Rupilius deduxit, legesque similes de cooptando senatu et de numero veterum ac novorum dedit. Ibi non solum iste ut apud ceteros pecuniam accepit, sed etiam genera veterum ac novorum numerumque permiscuit: Cicerone, In Verrem, II, 2, 125 151 152 Manganaro 1980, p 422-423 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) I casi evidenziati da Cicerone non sono certamente isolati nel contemporaneo panorama delle province, quali ad esempio quelle galliche e quelle iberiche 153 Significativo in questo senso l’ esempio di Aquae Sextiae nella Narbonense, città fondata nel 122 a C 154 All’ interno di un più antico oppidum fu insediato un presidio di cittadini romani, nel quale è stato proposto di riconoscere non uno stanziamento militare ma un conventus di negotiatores Quello di Aquae Sextiae viene quindi a configurarsi come un significativo esempio di un centro provinciale, riorganizzato dal punto di vista sia giuridico sia urbanistico da parte di Roma Tali radicali interventi erano realizzati nell’ ambito della pratica della contributio su iniziativa dei singoli magistrati per dare seguito a esigenze legate al controllo territoriale, senza quindi una pronuncia da parte del senato, come di norma avveniva fino a tutto il II a C 155 Ulteriori esempi provengono dai territori iberici a nord del fiume Tagus, dove durante le campagne di Bruto Callaico, riferibili agli anni 138-136 a C , i Romani ridussero a villaggio la maggior parte delle città di questa regione, mentre altre furono accresciute concentrando lì la popolazione 156 Tra gli interventi che diedero vita a nuove comunità con un proprio centro e un proprio territorio vi è la fondazione dell’ oppidum di Gracchuris nella Hispania Citerior, avvenuta nel 178 a C da parte di T Sempronio Gracco 157 A quest’ ultimo si deve inoltre la fondazione di Complega, ancora nella Citerior, realizzata secondo Appiano aggiungendo agli abitanti della città indigena anche elementi di classi sociali subalterne, a cui furono assegnate delle terre 158 In merito a problematiche analoghe nella Grecia di età romana intese come “urbanizzazione forzata” vd Alcock 1993, p 183-187 153 Livio, Periochae, LXI, 1; Strabone, IV, 1, 5; Cassiodoro, Chronica, 442 Tali passi lasciano ipotizzare degli interventi di natura esclusivamente urbanistica piuttosto che la deduzione di una vera e propria colonia, come si evincerebbe anche dal verbo condere mai utilizzato da Livio con il significato di (coloniam) deducere 154 155 Sisani 2018, p 338-339 In merito alla contributio vd Laffi 1966, p 99-165 156 Strabone, III, 3, 1-5 Sisani 2018, p 339 Tib. Sempronius Gracchus procos. Celtiberos victos in deditionem accepit, monimentumque operum suorum Gracchurim, oppidum in Hispania, constituit: Livio, Periochae, XLI, 2 Bandelli 2002, p 107-108 157 158 […] τῆς Κομπλέγας κατέσχε καὶ τῶν περιοίκων Τοὺς δὲ ἀπόρους συνῴκιζε, καὶ γῆν αὐτοῖς διεμέτρει (Appiano, Hispania, 43) Bandelli 2002, p 107 Sempronio Gracco nel 178 a C dedusse nella Hispania Ulterior anche Iliturgi: Ti. Sempronio Graccho / deductori / populus Iliturgitanus: CIL II2, 7, 32 Nella Ulterior fu inoltre fondata probabilmente nel 189 a C Turris Luscutana da parte di L Emilio Paolo, che dopo aver liberato i servi degli Hastenses residenti nel centro di Turris Luscutana, assegnò loro sia la città sia il territorio: L. Aimilius L. f. inpeirator decreivit / utei quei Hastensium servei / in Turri Lascutana DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 336 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Simili procedure insediative e nel contempo fondative risultavano pertanto in ambito provinciale durante il II a C particolarmente diffuse Si tratta di vere e proprie fondazioni promosse da magistrati o promagistrati cum imperio, dotati della facoltà di operare a loro completo arbitrio Tali fondazioni, realizzate in modo quasi esclusivo con indigeni provenienti anche dagli strati subalterni, erano caratterizzate quasi certamente da una condizione giuridica destinata a rimanere peregrina 159 In linea generale quanto documentato nei territori delle province galliche e soprattutto iberiche potrebbe quindi offrire un utile confronto per quanto potrebbe essere stato realizzato anche in Sicilia e di cui non sono rimaste che tracce storiche estremamente labili Passando ad analizzare i dati archeologici relativi alla struttura e alla cronologia degli impianti urbanistici di età romana di alcuni significativi centri dell’ isola, non si può trascurare di soffermarsi su Agrigento ed Eraclea Minoa, in considerazione anche della cursoria e isolata notizia di Cicerone relativa all’ insediamento di coloni in queste due città 160 Ad Agrigento nello specifico, la strutturazione del c d Quartiere ellenistico-romano è stata datata genericamente al IV-III sec a C sulla base della tecnica edilizia, in considerazione soprattutto dell’ utilizzo di blocchi in bugnato, ritenuti simili a quelli del bouleuterion 161 Solo tra la fine del II e il I sec a C sarebbero stati invece realizzati i muri perimetrali degli isolati È in questa fase che si affermano ad Agrigento una serie di edifici considerati prossimi ai modelli romani 162 Ancora da definire risulta invece la cronologia del teatro, di recente scoperta, ritenuto l’ ultimo intervento monumentale nell’ area dell’ agora, la cui edificazione è stata collocata in via ancora preliminare tra la fine del III e il II sec a C 163 È stato inoltre ipotizzato che tale monumento, in modo simile ad altri centri greci, abbia soppiantato nelle funzioni politiche l’ ekklesiasterion, caduto invece in disuso nel corso del II sec a C e obliterato habitarent / leiberei essent, agrum oppidumqu(e) / quod ea tempestate posedisent / item possidere habereque / iousit dum poplus senatusque / Romanus vellet. Act(um) in castreis / a(nte) d(iem) XII K(alendas) Februarias (CIL I2 614) Bandelli 2002, p 107 Una notizia di Plinio documenta la fondazione di Tarraco da parte di Scipione, forse nel 206 a C , senza però fornire notizie in merito alla natura dei coloni: colonia Tarracon, Scipionum opus, sicut Carthago Poenorum: Plinio, Naturalis historia, III, 21 Terraconam in Hispania Scipiones construxerunt (Isidoro, Etymologiarum sive Originum, XV, 1, 65); Sisani 2018, p 339 159 Bandelli 2002, p 115, 120-121, 124 160 Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 e 125 161 In generale sul c d quartiere ellenistico romano vd De Miro 2010; Lepore et al 2019 162 De Miro 2010, p 407; Aiosa 2018, p 87; Giannella 2015, p 136-137 163 Brienza, Caliò 2018, p 55 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 337 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) poi contestualmente alla costruzione del c d Oratorio di Falaride In modo analogo è stata avanzata la suggestione che l’ edificazione del teatro potrebbe essere da ricondurre allo sviluppo di Agrigento dopo l’ arrivo dei coloni voluta da Manlio Vulsone, pretore del 197 a C 164 Il dato interessante, in linea generale, è che successivamente alla II guerra punica la città sembrerebbe mostrare tracce, ancorché esigue, di un rinnovamento urbano, documentato dall’ edificazione del teatro, che verrà poi ad assumere le funzioni politiche dell’ ekklesiasterion della città greca Della struttura urbana di Eraclea Minoa, città presa da Roma probabilmente dopo la caduta di Agrigento nel 210 a C , si conosce unicamente il settore del teatro, del quartiere abitativo immediatamente a sud di questo e parte della cinta muraria165 (fig. 2) I dati di scavo sono nel loro insieme ancora molto parziali e non consentono di definire il contesto culturale in cui è maturato il suo impianto urbanistico regolare Questo si fonderebbe su insulae larghe ca 35 m, secondo la ricostruzione proposta da E Schmidt sulla base della fotografia aerea, ed è datato in genere alla seconda metà del IV sec a C 166 Alla fase più antica della città sono stati riferiti gli isolati regolari, il sistema viario ortogonale e le tracce di una cinta muraria conservata solamente a nord del pianoro della città 167 Un successivo radicale intervento è documentato dalla realizzazione del muro di fortificazione in opera quadrata con bugnato, immediatamente a est del teatro, che ha prodotto il restringimento dell’ area urbana 168 L’ impostazione del muro taglia le case più antiche, ovvero quelle del c d strato II, ed è stata datata a una fase compresa tra le due guerre puniche Il successivo allargamento di questo muro, che sembra invece adattarsi a tali case, evitando di distruggerle, ma causando l’ obliterazione dell’ euripo del teatro, è stato messo in relazione con la prima guerra servile 169 164 Soraci 2017, p 19 Sulla deduzione di una colonia ad Agrigento vd Manganaro 1980, p 422-423 Polibio, I, 26-29 Schmiedt 1957, p 25-27 Alla città arcaica e classica, sono stati ricondotti unicamente alcuni tratti della cinta muraria in mattoni crudi, ritenuti contestuali alla prima fase, conservati sotto le mura ellenistiche: De Miro 2014 165 166 Schmiedt 1957; De Miro 1958b; 1966, p 233 De Miro 1965, p 11-14 Questa risistemazione e stata interpretata dagli scavatori come conseguenza di una fondazione da parte di “Eracleoti da Cefalodio” che ripopolarono il centro: De Miro 2003, p 278 167 168 De Miro 1958a, p 232-239; 1965, p 15; 1966, p 229 169 De Miro 1965, p 15 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 338 339 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 2: Eraclea Minoa. Planimetria dell’ area del teatro. Crediti/fonte: De Miro 1965, p. 41, fig. 20. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Riguardo all’ edilizia privata, una serie di case della prima fase (strato II) presentano consistenti tracce di riutilizzo, documentate dallo strato I,170 ricondotto quest’ ultimo all’ episodio citato da Cicerone, secondo cui Rupilio, pretore nel 131 a C , avrebbe introdotto dei coloni in città; l’ isolato mostra un successivo abbandono nel corso del terzo quarto del I sec a C 171 Riguardo alle case dello strato I, ovvero quelle datate alla fase di Rupilio, queste presentano strutture più povere delle precedenti, evidenziando inoltre una disposizione urbanistica maggiormente irregolare Al riguardo tali case vanno a occupare una serie di spazi in precedenza a destinazione pubblica, come nel caso dell’ area antistante al teatro Sulla base delle similitudini tra le case di Eraclea Minoa e quelle di Finziade è stato invece proposto in modo condivisibile uno spostamento della loro cronologia e del rinnovamento dell’ impianto urbanistico a una fase compresa tra la fine del III e l’ inizio del II sec a C , prossima quindi alla fine della II guerra punica 172 L’ osservazione dei contesti di fondazione del rinnovamento urbanistico di età romana di Agrigento e Eraclea Minoa conferma, in modo concreto, l’ estrema esiguità e parzialità dei dati stratigrafici e in generale archeologici di cui disponiamo riguardo a questa strategica e articolata fase della provincia romana Gli elementi in nostro possesso, come è ben noto, diventano maggiormente consistenti in riferimento alla diffusa fase di monumentalizzazione dei centri della Sicilia romana, datata in modo ormai condiviso a partire dalla fine del II sec a C Tale monumentalizzazione, in molti dei centri dell’ isola, va però ad inserirsi all’ interno di una precedente, radicale riorganizzazione urbanistica delle città, documentata dalla presenza di strutture urbanistiche di tipo ortogonale, che lasciano postulare un progetto urbano unitario alla base di una serie di città, quali ad esempio Solunto, Halaesa, Thermae Himeraeae, Tindari e Finziade 173 Tali progetti urbanistici unitari sono da riferire alla fase romana dell’ isola e devono di conseguenza essere intesi come delle vere e proprie rifondazioni, successivamente monumentalizzate sullo scorcio del II sec a C 174 Ancora aperta resta però la questione 170 De Miro 1966, p 223; 1980 Cicerone, In Verrem, II, 2, 125 La Torre 2006, p 90 Per più recenti indagini stratigrafiche in relazione all’ edilizia privata di Eraclea Minoa vd Campagna 1996 171 La Torre 2006, p 90 Per una proposta di cronologia della riorganizzazione dei centri della Sicilia centrale “starting perhaps about 180 BC or 170 BC ” vd Wilson 2013, p 100 172 173 La Torre 2006; 2009 174 Per i termini della questione vd De Vincenzo 2018, con bibl prec DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 340 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) relativa alla cronologia di tali rifondazioni ed è proprio questo aspetto, come anticipato, che si vuole affrontare in questo contributo Allo sviluppo di progetti urbanistici di tipo regolare fanno da contraltare una serie di impianti, quali ad esempio quelli dei centri elimi, in primo luogo Segesta e Monte Iato, connotati invece da un’ urbanistica non ortogonale ma di tipo scenografico Significativo anche il caso di Tauromenion, sulla costa orientale dell’ isola, anch’ esso situato in altura così come gli insediamenti elimi 175 Questi centri conserveranno in età romana il loro assetto urbanistico, successivamente interessato da una consistente monumentalizzazione, in modo precipuo dei settori pubblici a partire dalla fine del II sec a C 176 Tra i contesti maggiormente esplicativi ai fini di questa disamina vi è il caso di Finziade, centro fondato nel 282 a C alla foce dell’ Himera da Finzia, tiranno di Agrigento, ma che secondo la condivisibile ricostruzione di G F La Torre avrebbe sviluppato un’ urbanistica di tipo regolare negli anni successivi alla seconda guerra punica 177 Le indagini stratigrafiche hanno consentito d’ indagare nella loro interezza due abitazioni, mentre una terza è stata scavata solamente per metà Tali case hanno evidenziato misure costanti (14,3 x 13,4 m), con una superficie di ca 190 m2 Allo stesso modo, le case presentano analoghe caratteristiche sia strutturali, con zoccolature in blocchi di pietra locale e alzato in crudo, sia decorative, con pavimenti in calce e in cocciopesto con tessere inserite e con intonaci e cornici in stucco di primo stile 178 La struttura urbanistica del centro risulta articolata con isolati rettangolari larghi 27/28 m e lunghi ca 54 m, con un rapporto quindi tra i lati di 1:2 179 In merito alla cronologia, sia l’ impostazione delle case indagate sia la stessa struttura urbanistica del centro con isolati regolari sono state ritenute di poco successive alla II guerra punica, quando Finziade da avamposto militare e base per la flotta romana Lo sviluppo urbanistico in senso scenografico di matrice microasiatica di Tauromenion è stato ricondotto alla politica urbanistica ed edilizia di Ierone II di Siracusa: Campagna 2009, p 215 175 Sulla monumentalizzazione di età tardo-repubblicana dei centri urbani di Sicilia vd Campagna 2006; De Vincenzo 2013a, p 114-129 176 177 Sull’ impianto urbanistico di Finziade vd La Torre 2006, p 83-90; 2009, p 195-196 178 La Torre 2006, p 83-85 La Torre 2006, p 87 Gli stenopoi sono larghi ca 3 m, mentre gli ambitus che dividono le insulae nel senso della lunghezza mostrano una larghezza di 0,6 m 179 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 341 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) durante la I guerra punica passò a essere uno dei maggiori centri caricatori di grano da inviare a Roma 180 Significativo anche il contesto di Tindari, fondata da Dionisio I di Siracusa nel 396 a C (fig. 3) Sulla scorta dei dati restituiti dallo scavo integrale dell’ insula IV, sono stati ipotizzati isolati di 28,3 x 72,4 m, secondo un modulo quindi di 1:2,5, composti da due file di cinque case di ca 14 x 13,5 m, in modo analogo a quelle di Finziade 181 L’ impostazione delle case indagate è stata datata tra la fine del II e l’ inizio del I sec a C , mentre l’ impianto urbanistico della città è stato ritenuto genericamente almeno successivo alla deditio ai Romani nel 254 a C , avvenuto insieme a Solunto e Iaitai durante la I guerra punica, senza escludere una datazione della struttura urbana di Tindari con il contestuale passaggio del centro da phrourion a polis subito dopo la II guerra punica Alla strutturazione del centro in senso urbano seguì poi una fase di monumentalizzazione sostenuta dalla ricca aristocrazia locale 182 Sebbene ancora più esigui siano i dati archeologici relativi ad Halaesa, è stato comunque ipotizzato anche per questo centro, caratterizzato analogamente ai casi di Tindari e Finziade da isolati rettangolari in rapporto di 1:2, uno sviluppo urbano almeno successivo alla I guerra punica 183 In considerazione del rapporto tra i lati degli isolati, prossimo a un modulo di 1:2, che sembra caratterizzare i centri sopra descritti, si potrebbe con ogni probabilità inserire in tale ambito cronologico anche il caso di Cefalù, situato sulla costa settentrionale dell’ isola L’ impianto urbanistico è stato ricostruito con isolati di ca 30 x 60 m , con un modulo quindi di 1:2, proponendo per la sua impostazione una generica datazione a età ellenistica 184 La Torre 2006, p 89-90 Finziade è citata da Cicerone accanto ad Halaesa e Catania quale centro dove un produttore di Enna poteva concentrare e consegnare il grano al pretore: Cicerone, In Verrem, II, 3, 192 180 181 La Torre 2006, p 90-91; Spigo 2006 182 La Torre 2006, p 91-93; 2009, p 197 183 Scibona, Tigano 2009; La Torre 2006, p 87, 92; Portale 2017, p 109-110 184 Tullio 1993 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 342 343 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 3: Tindari. Impianto urbanistico. Crediti/fonte: Spigo 2006, p. 98, fig. 1. Tra i casi maggiormente esplicativi per ciò che concerne la definizione dei contesti urbanistici della fase più antica della provincia Sicilia vi è certamente quello DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 344 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 4: Solunto. Planimetria della città romana. Crediti/fonte: Van Wiegand 1997, p. 3, fig. 2. Tra i pochi elementi riconducibili alla più antica frequentazione del sito, anteriore alla fase di monumentalizzazione dell’ ultimo quarto del II sec a C , vi sono quelli restituiti dagli scavi effettuati da C Greco sotto parte del lastricato della c d Diodoro Siculo, XIV, 48, 4-5; 78, 7 Per una sintesi sulla storia degli scavi di Solunto vd Cutroni Tusa et al. 1994, p 12-15 185 Ad oggi sono visibili tre plateiai larghe 8 m, di cui quella centrale, la c d Via dell’ Agorà, costituisce l’ asse principale che congiunge l’ area urbana con la pianura sottostante Sull’ urbanistica di Solunto vd Italia, Lima 1987; Cutroni Tusa et al. 1994, p 33-36; Portale 2006; 2017, p 103-109 186 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) di Solunto Il centro è stato fondato in un momento ancora imprecisato nel corso del IV sec a C sulla sommità del monte Catalfano, su di un pianoro con un accentuato dislivello 185 La città con una superficie di circa 18 ettari, nonostante la forte pendenza, da una quota di 235 a una quota di 170 m, presenta un impianto urbanistico regolare, con assi stradali che delimitano isolati disposti per strigas, ciascuno di 40 x 80 m ca, secondo un modulo 1:2186 (fig. 4) 345 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Via degli Ulivi Tali indagini hanno evidenziato tre battuti pavimentali sovrapposti, precedenti alla posa del lastricato In particolare il battuto pavimentale più recente ha restituito materiale datato in modo generico al III-II sec a C 187 Il teatro, e più in generale l’ agora, sono stati realizzati invece nell’ ambito di una consistente monumentalizzazione del sito alla fine del II sec a C , che ha distrutto precedenti strutture a carattere però privato e non pubblico 188 Questa sovrapposizione evidenzia come in realtà solo in età romana sia stata realizzata l’ area pubblica, su di un precedente settore con una differente destinazione d’ uso 189 A questi dati vanno ad aggiungersi le recenti indagini realizzate da C Portale nell’ area dei santuari a monte del teatro, nell’ ambito delle quali è stato indagato il contesto di fondazione della c d “Via degli artigiani”, una delle plateiai della città, consentendo di collocare cronologicamente l’ impostazione della strada, e con ogni probabilità dello stesso rinnovamento urbanistico della città romana, tra la fine del III e l’ inizio del II sec a C 190 Questo dato, ancorché isolato in un quadro di quasi totale assenza di dati stratigrafici, contribuisce in modo concreto a corroborare l’ ipotesi di una rifondazione di molti dei centri della provincia Sicilia avviata in una fase a cavallo della fine della II guerra punica, che si struttura con un’ urbanistica di tipo regolare basata su insulae di modulo tendente a 1:2 Riguardo ai restanti centri di fondazione punica del settore occidentale dell’ isola, una serie d’ interessanti spunti si possono altresì dedurre dai casi di Lilibeo e Palermo In riferimento a quest’ ultimo centro, è stata ipotizzata una struttura urbanistica regolare basata su di un’ unica plateia a partire dalla metà del IV sec a C Tale asse, intersecato in modo ortogonale da una serie di stenopoi, è stato riconosciuto nell’ attuale Corso Vittorio Emanuele 191 Il progetto urbanistico di Palermo presenterebbe insulae larghe 187 Spatafora 2009, p 232 L’ edificazione della cavea del teatro ha obliterato alcune precedenti strutture a carattere verosimilmente privato realizzate in opera a telaio, che mostrano un orientamento leggermente divergente rispetto a quello documentato nei restanti settori della città: Wiegand 1997, p 18, Abb 7; 25 188 Era stato proposto di riferire alla fase punica lo stesso impianto urbanistico di Solunto, ipotizzando una sua strutturazione sul cubito punico R Wilson considera l’ impiego del cubito punico una forma di persistenza della cultura semitica in Sicilia: Wilson 2005, p 913 Per i termini della questione e una rilettura in chiave romana dell’ impianto di Solunto vd De Vincenzo 2013b 189 190 Portale et al. 2022; Ead. et al. (in c d s) Ringrazio Chiara Portale per avermi consentito la lettura del contributo ancorché in stampa Belvedere 1987; Spatafora 2009, p 227-228 Le indagini stratigrafiche hanno evidenziato un livellamento su cui sarebbe stato realizzato l’ impianto di IV sec a C Nel contempo non sono stati individuati sotto gli assi viari livelli stradali anteriori al IV sec a C (Spatafora 2003, p 1179-1180) 191 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 51/53 m, mentre non è stata avanzata alcuna proposta per la lunghezza di tali insulae, e si baserebbe sul cubito punico con isolati larghi 100 cubiti 192 Anche per Palermo, così come per Solunto, si deve evidenziare come questa misura possa allo stesso modo corrispondere a 180 piedi romani, pari quindi a 1,5 actus Sulla scorta unicamente del sistema metrico, non si può quindi assolutamente escludere anche per Palermo un consistente rinnovamento urbanistico della città di età romana Un dato significativo ai fini di questa disamina emerge dallo scavo realizzato a Piazza della Vittoria tra l’ Edificio B e l’ Edificio A, che ha consentito di portare alla luce un asse stradale in terra battuta, orientato così come gli stenopoi, ma con una larghezza di 4,2 m La strada era più antica dell’ Edificio B, poiché tagliata dalla trincea di fondazione del suo muro perimetrale orientale Tale muro taglia quattro livelli di uso della strada Nel più recente di questi livelli è stata rinvenuta una moneta di bronzo con Testa di Giove sul dritto e guerriero con lancia con legenda Panorm(itan) al rovescio, datata in genere all’ inizio del II sec a C 193 L’ ultimo livello di utilizzo della strada evidenzierebbe una strutturazione del piano stradale maggiormente articolata, mostrando un impluvio centrale e un piano di calpestio a forma di schiena d’ asino con anche piccoli marciapiedi ai suoi lati Anche questo livello ha restituito una moneta analoga a quella rinvenuta nello strato sottostante Questi dati, che documentano a Palermo un intervento urbanistico nel corso della prima metà del II sec a C , sono tra i pochi riscontri stratigrafici di cui disponiamo in riferimento alla struttura urbanistica della città ed è doveroso di conseguenza riconoscergli la necessaria importanza In merito a Lilibeo, scelta dai Romani quale sede del governatore della provincia,194 le indagini hanno contribuito solo in piccolissima parte alla ricostruzione del suo tessuto urbano, per la cui definizione molto si deve ancora alle fotointerpretazioni di G Schmiedt 195 Secondo quest’ ultimo la città mostrerebbe un impianto ortogonale, con insulae ordinate per scamna con un rapporto di 1:3, che sarebbe da ritenere di 192 Belvedere 1987, p 294-296 Spatafora, Montali 2006, p 135-136 Questa moneta è datata in genere all’ inizio del II sec a C : FreyKupper 1992, Caccamo Caltabiano 2000, p 200, 206 La presenza di analoghe monete nel più recente piano stradale e nello strato immediatamente sottostante lascerebbe ipotizzare una contemporaneità piuttosto che un rapporto di posteriorità tra questi due contesti Lo strato tagliato dall’ Edificio B potrebbe pertanto costituire un livello di preparazione della strada 193 194 Manganaro 1980, p 448-451 Schmiedt 1963; Vecchio 2001 Sulle recenti indagini a Lilibeo vd Palazzo, Vecchio 2015; Mandruzzato et al 2018 195 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 346 347 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) matrice romana, senza però avanzare proposte di cronologia 196 Questi dati sono poi stati riconsiderati da E Caruso, che ha proposto invece di far risalire la cronologia dell’ organizzazione urbanistica di Lilibeo al IV sec a C , al momento quindi della fondazione punica del centro 197 La struttura urbanistica ortogonale sarebbe stata organizzata per strigas, con sei plateiai principali e almeno tre secondarie, alle quali si intersecherebbero ortogonalmente 23 stenopoi L’ impianto si sarebbe basato sul cubito punico, con un modulo degli isolati variabile di 1:3 e 1:4, larghi entrambi 60 cubiti e lunghi rispettivamente 200 e 240 cubiti 198 Come ho già avuto modo di evidenziare, la lunghezza di 106,56 m può però calcolarsi in 360 piedi romani, che lascerebbe quindi calcolare insulae di 120 x 360 piedi, pari a 1 x 3 actus 199 A Lilibeo il dato archeologico maggiormente significativo è stato restituito dagli scavi nell’ ampio settore in prossimità di Capo Boeo, dove è stato messo in luce un intero quartiere abitativo L’ insula di Capo Boeo con una forma quasi quadrata (45,4 x 43,9 m) scaturirebbe dall’ accorpamento realizzato a partire dalla fine del II sec d C di più unità abitative 200 In merito alle fasi più antiche, sotto i livelli pavimentali di due ambienti si sono rinvenute delle strutture riferibili genericamente al II sec a C , impostate su di uno strato di livellamento che ha restituito materiale di IV e III sec a C 201 La presenza di un livellamento con materiale anche di III sec a C e la datazione delle strutture al II sec a C potrebbe portare a non escludere anche in questo caso un’ impostazione dell’ insula a partire dagli anni finali o subito dopo la II guerra punica Dati stratigrafici maggiormente concreti ai fini della definizione della cronologia del rinnovamento dell’ impianto urbanistico di età romana di Lilibeo sono emersi dagli scavi effettuati da P Vecchio a Capo Boeo,202 dove è stata indagata l’ area compresa tra il “decumano massimo” e i tre cardines (A, B e C), che delimitavano quattro Schmiedt 1963, p 70 I cardines avrebbero avuto tra loro una distanza regolare di 35,52 m, in modo da formare insulae di 35,52 x 106,56 m 196 197 Caruso 2003, p 153 198 Caruso 2003, p 154 199 De Vincenzo 2013b, p 775-776 Caruso 2003, p 157; 2005 In generale sull’ edilizia privata di Lilibeo vd Di Stefano 1976-1977; AAVV 1984, p 36-37, 104-107, 134-139; Giglio, Vecchio 2006, p 123-127 In merito agli isolati di età romana di forma quadrata vd Gros, Torelli 1988, p 392-409 200 201 Caruso 2003, p 157 202 Palazzo, Vecchio 2013 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) insulae numerate in progressione “IV, V, VI e VII” In questo settore l’ asportazione di uno strato di riempimento di una fossa di spoliazione tardoantica, nell’ angolo orientale dell’ insula V, ha consentito di mettere in luce, sebbene solo in sezione, una sequenza di battuti stradali anteriori al livello stradale di età romana Dati stratigrafici particolarmente interessanti per ciò che riguarda il passaggio dall’ età punica a quella romana sono emersi soprattutto nel settore più occidentale del decumano 203 Lo scavo realizzato in un’ area caratterizzata dall’ assenza di lastricato stradale, rimosso già in antico, ha evidenziato, sotto al piano di preparazione stradale, tre setti murari tra loro legati Tali muri delimitavano un vano abitativo di forma quadrangolare, che era parte dello spazio urbano di età punica, evidenziando quindi come in questa fase l’ asse stradale fosse più stretto La riorganizzazione urbanistica di età romana della città si fonderebbe quindi su assi stradali più larghi di quelli punici, che andarono parzialmente a coprire i contesti abitativi più antichi Riguardo alla cronologia di questo radicale intervento, tra i materiali datanti rinvenuti negli strati che coprono i setti murari del vano quadrato sono presenti anfore puniche databili tra la metà del III e i primi decenni del II a C Sulla scorta di questi dati sembra quindi plausibile la collocazione anche del rinnovamento urbanistico di età romana di Lilibeo in una fase prossima alla fine della II guerra punica Non lontano da Lilibeo, a Erice, nel Santuario di Venere Ericina, complesso sacro questo con un significativo ruolo politico nel quadro della provincia, le indagini stratigrafiche tuttora in corso hanno evidenziato una significativa riorganizzazione di età romana, documentata dalla realizzazione di una sostruzione funzionale all’ ampliamento e alla regolarizzazione dello spazio sacro Tra i materiali utili alla datazione del contesto vi sono alcuni frammenti di anfore greco-italiche, databili tra l’ ultimo quarto del III e la metà del II sec a C ,204 un ambito cronologico anche in questo caso a cavallo della fine della II guerra punica Considerazioni conclusive Nel quadro della riorganizzazione della provincia, i centri urbani venivano necessariamente a ricoprire un ruolo fondamentale, tenuto conto che costituivano dei capisaldi per il controllo sia amministrativo sia tributario dell’ isola È in riferimento a tali esigenze quindi che si pongono le premesse per il rinnovamento urbanistico 203 Palazzo, Vecchio 2013, p 141-142 204 Blasetti Fantauzzi 2020 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 348 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) dei centri della Sicilia romana, che in alcuni territori, quali quelli della Sicilia punica, viene a coincidere con delle vere e proprie rifondazioni, tenuto conto che in questo settore dell’ isola il grado di urbanitas non risultava essere adeguato 205 I nuovi impianti presentano delle caratteristiche comuni quali gli assi viari ortogonali e insulae con un rapporto tra i lati tendente a 1:2 206 Solo a partire dallo scorcio del II sec a C è ben documentata invece una massiccia monumentalizzazione dei settori sia pubblici sia privati di queste città, attuata attraverso consistenti interventi evergetici da parte delle aristocrazie locali, come è stato ormai da più parti evidenziato 207 A interventi di carattere evergetico invece certamente non si possono ricondurre i vari rinnovamenti urbanistici di molti dei centri dell’ isola, contestualmente ai quali si vengono a realizzare delle rifondazioni in senso più marcatamente urbano di più antichi insediamenti L’ impostazione di una struttura urbanistica, infatti, con tutte le opere ad essa correlate, relative allo sbancamento e al livellamento dell’ area urbana, al trasporto dei materiali di risulta e di quelli costruttivi, alla realizzazione delle strade, del sistema difensivo oltre che alla definizione dei settori pubblici, rientra in un ambito decisamente più complesso e articolato dei singoli interventi evergetici, ancorché questi ultimi si possano presentare in alcuni casi particolarmente monumentali Simili radicali interventi possono avere luogo nel quadro di operazioni volute da un’ autorità politica che abbia forza per gestire l’ attuazione del progetto urbanistico e nel contempo per imporre una totale ridefinizione del regime delle proprietà all’ interno di tali centri Un caso particolarmente esplicativo di questa situazione si deve ritenere l’ iscrizione apposta su di una lastra in calcare inserita nella pavimentazione in laterizio della c d Via dell’ Agora di Solunto, che corrisponde al tratto più prossimo all’ agora Tale iscrizione documenta il finanziamento da parte di Antallos Ornichas figlio di Asklapos, membro di una famiglia locale, proprio della pavimentazione in laterizio della strada L’ iscrizione è stata datata su base paleografica al II-I sec a C e ritenuta contestuale al grande portico dell’ agora soluntina, datato alla fine del II sec a C 208 Appare chiaro in questo caso come l’ intervento evergetico vada a impostarsi su di un asse stradale realizzato in precedenza, limitandosi di conseguenza ad abbellire e non certamente a fondare la strada principale 205 Sulla struttura urbana dei centri punici di Sicilia vd De Vincenzo 2013a 206 Sulla diffusione del modulo 1:2 nella Sicilia tardorepubblicana vd La Torre 2006, p 94 207 Portale 2017 con bil prec 208 Campagna 2007, p 113 Una dedica analoga è quella di Lucius Decimius Secundio a Scolacium DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 349 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) della città, impostata invece con ogni probabilità da un’ autorità centrale Sulla scorta anche di quanto emerso dai contemporanei esempi relativi alle province soprattutto iberiche, questi nuovi impianti urbanistici vengono che rientrano nel quadro di una riorganizzazione amministrativa della provincia da parte di Roma, come si evincerebbe anche dalla posizione strategica di tali centri in relazione al territorio circostante, agli assi viari e ai porti, come del resto avvenne in Spagna con la fondazione dei centri per la gestione delle fertili valli del Guadalquivir o dell’ Ebro Contestuale a tale processo si deve ipotizzare anche un consistente spostamento di persone da un territorio all’ altro dell’ isola Il riferimento di Cicerone in relazione all’ introduzione ad Agrigento all’ inizio del II sec a C di coloni da altri oppida della Sicilia è in questo senso estremamente esplicativo 209 In un simile contesto, che non è purtroppo possibile comprendere appieno ma solamente intuire, potrebbe non essere peregrino assegnare anche a tali spostamenti di persone all’ interno dell’ isola un qualche ruolo nella diffusione della lingua, della cultura nonché delle forme urbanistiche, architettoniche e decorative di matrice greca, che connotano i centri anche del settore occidentale dell’ isola di fondazione punica a partire dalla tarda repubblica Quando si sarebbe avviato un simile processo? I dati archeologici evidenziati, ancorché esigui e parziali, lasciano intuire come tale consistente rinnovamento degli impianti urbanistici dei centri di Sicilia, sia stato attuato solo successivamente alla conquista romana dell’ intera isola durante la seconda guerra punica Questa fase fu inaugurata da un deciso cambio di rotta da parte di Roma nell’ organizzazione amministrativa della provincia, documentata in modo significativo a partire dalla stessa figura di M Valerio Levino, che governò la Sicilia come proconsole durante gli anni 209-207 a C , impegnandosi a risollevare e riorganizzare l’ isola dopo il lungo periodo di guerre 210 Si deve con ogni probabilità allo stesso Levino la strategica realizzazione della via Valeria, così chiamata da Strabone, che congiungeva Lilibeo a Messina 211 È 209 Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 210 Marino 1995, p 83-94 Strabone, V, 2, 1 (C 266) Per le proposte di cronologia di questa strada vd Uggeri 2004, p 117162; Puglisi 2009, p 74 In merito ancora all’ organizzazione della provincia durante questi complessi anni, poco dopo Levino, nel 205 a C , il console L C Scipione volle come sua provincia la Sicilia per poter preparare lo sbarco in Africa Egli reintegrò immediatamente i legittimi proprietari terrieri, comprendendo che da loro avrebbe potuto ottenere mezzi e non uomini In cambio dell’ esonero ottenne quindi molti mezzi: Manganaro 1980, p 422 211 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 350 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) solo a partire da questa fase che si deve quindi con ogni probabilità ipotizzare la reale e concreta progettazione e strutturazione della Sicilia romana Elementi utili alla definizione di questo contesto storico sono forniti in modo significativo anche dalla documentazione numismatica Le analisi dei segni di valore e delle iconografie, adottate contemporaneamente dalle numerose zecche attive in Sicilia successivamente alla conquista romana dell’ intera isola, hanno evidenziato come tali monete abbiano accompagnato la riorganizzazione amministrativa della provincia, a partire proprio dagli interventi di Levino e Scipione alla fine del III a C 212 Il quadro inoltre si arricchisce se si tiene conto, come è stato dimostrato da J Prag, che in Sicilia i Romani non stanziarono soldati, ma la difesa dei centri e di conseguenza dell’ intera provincia era garantita dalle truppe locali Questa condivisibile ipotesi si fonda sull’ assenza di dati sia epigrafici sia più in generale archeologici riconducibili in qualche modo a guarnigioni romane sull’ isola, e nel contempo sulla notevole diffusione di ginnasi nella Sicilia tardorepubblicana, ricondotti con giusta ragione anche alla formazione di un corpo militare cittadino 213 A tal riguardo risulta quindi verosimile collegare al finanziamento di truppe locali le monete coniate durante la prima metà del II sec a C con il sostegno dei magistrati romani, che intendevano in questo modo favorire le autonomie locali La coniazione di monete, associata alla presenza dei ginnasi e di truppe locali, costituiscono un solido indizio di sviluppo e rafforzamento dell’ identità delle città della Sicilia romana, sostenuta e favorita da Roma perché utile alla stessa difesa della provincia Propedeutico a tutto questo si deve però ritenere il rinnovamento urbanistico dei centri di Sicilia, avviato da Roma subito dopo la conquista del settore orientale dell’ isola per diffondere un più elevato grado di urbanitas, soprattutto nei territori in precedenza controllati da Cartagine, perché è proprio nelle nuove città che Roma pone il fulcro intorno al quale far ruotare la riorganizzazione amministrativa della provincia Roman control of Sicily implies a more complex range of imperial practices than we have hitherto tended to assume In Sicily Roman imperialism was inextricably bound up in local culture 214 Carroccio 2004, p 286-287 Su queste monete vd anche Frey-Kupper 1992; 2006; Caccamo Caltabiano 2000 212 213 Prag 2007 Sulla diffusione dei ginnasi in Sicilia vd anche Mango 2009 214 Prag 2007, p 99 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 351 352 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. 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Osservazioni sulla struttura urbana dei municipia italici del Sannio nella tarda repubblica Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 1: I municipia dell’ Italia centrale. In nero le strade romane principali, in grigio quelle secondarie. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi/Roman Road Network version 2008. Se in generale nella prima fase della ricerca su tali temi negli ultimi decenni del secolo scorso la municipalizzazione successiva al bellum sociale veniva legata alla urbanizzazione, in particolare in territori abitati vicatim,217 negli ultimi tempi la città è generalmente vista come un graduale portato della romanizzazione e la condizione urbana non solo non verrebbe raggiunta al momento dell’ inquadramento di un centro nello stato romano sotto la forma giuridica del municipio, ma la costituzione di municipia sarebbe legata in modo uniforme all’ esistenza di una condizione urbana preesistente 218 Inoltre, l’ urbanizzazione municipale sarebbe da ritenersi un fenomeno lento e non omogeneo 219 L’ urbanitas associata alla municipalizzazione si sarebbe quindi realizzata come un processo autonomo di appropriazione dei modi di vita urbani da “Vicatim” secondo la definizione di Livio, IX, 13, 7, corrispondente al komedòn in Strabone, V, 2, 1 e 4, 2 Gabba 1976, p 319-320; Sommella 1995, p 279 Su tale problematica vd da ultimo Di Cesare 2010, p 33 217 218 La Regina 1970; Campanelli 1995; Paci 2003, p 36-37; Di Cesare 2010, p 32 219 Bispham 2007 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 357 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) parte delle aristocrazie locali 220 Il municipium porterebbe con sé la necessità di adeguare gli spazi pubblici e l’ architettura politico-amministrativa al nuovo stato giuridico 221 In definitiva nell’ ambito degli studi su tale tematica la colonizzazione e la municipalizzazione vengono chiaramente distinte l’ una dall’ altra La colonia è intesa come una creazione artificiale di una nuova entità urbana e costituisce uno strumento di occupazione dei territori conquistati da Roma, il municipium invece è ritenuto un mezzo di assimilazione, con l’ incorporazione di centri già esistenti nella cittadinanza romana 222 Se però queste considerazioni possono essere vere per le più antiche coloniae trasformate poi in municipia o per i primi municipia nati nella media età repubblicana, tali ipotesi come vedremo non si possono ritenere valide per tutti i municipia sorti dopo la guerra sociale Anche alcune delle stesse coloniae al contrario si possono ritenere non fondate ex nihilo come proposto in passato, ma su aree già interessate da più antichi insediamenti 223 Mentre cospicui e dettagliati studi di natura storica e giuridico-amministrativa mettono in evidenza come la municipalizzazione sia un tema ancora altamente rilevante,224 Gros, Torelli 1988, p 152 Secondo P Gros e M Torelli le classi dirigenti locali avrebbero avuto un peso determinate nella formazione della città, che sarebbe da intendere come un processo autonomo di acquisizione della forma urbana avviato e guidato dalle aristocrazie locali; dello stesso avviso Robinson 2021 Vd anche a tal proposito La Torre 1985, p 170 220 221 Gabba 1972 Sulla monumentalizzazione degli edifici pubblici connessa all’evergetismo vd Torelli 1993 222 Coarelli 1992 Sommella 1988, p 23-24 Riguardo in particolare a Alba Fucens per l’ ipotesi di un centro equo precedente alla fondazione della colonia, vd Sommella 1988, p 23 F Pesando ipotizza l’ esistenza di un luogo sacro nell’ area del santuario di Ercole ad Alba Fucens, precedente alla deduzione coloniale: Pesando 2012, p 211 Anche Carsoli presenta materiali d’ impasto e bucchero che fanno ipotizzare un’ occupazione dell’ area già nel periodo preromano: Sommella 1988, p 23 A questi esempi si possono aggiungere anche Isernia e Beneventum: Sommella 1988, p 23-24 Una fase precedente alla deduzione della colonia è stata riscontrata inoltre per la colonia maritima di Castrum Novum: Migliorati 1994, p 282 223 Il lavoro di Humbert 1978 rimane tuttora un caposaldo in particolare per quelle amministrazioni municipali nate contemporaneamente alle fondazioni coloniali tra fine IV e III sec a C ; tale studio fu preceduto da un’ analisi degli aspetti storici e giuridici dei municipia realizzata da Manni 1947 M Tarpin successivamente incentra la sua ricerca sui concetti di colonia, municipium e vicus (Tarpin 1999), così come U Laffi che approfondisce aspetti specifici dell’ organizzazione e dell’ istituzione di colonie e municipi (Laffi 2007) Fondamentali rimangono i lavori di L Capogrossi Colognesi e E Gabba, che affrontano assieme ad altri studiosi vari aspetti legati ai municipi e soprattutto alla loro legislazione (Capogrossi Colognesi, Gabba 2006) Tra gli ultimi contributi sull’ argomento, sempre incentrati sugli aspetti legislativi e giuridici, è doveroso segnalare oltre all’ opera di E Bispham, gli atti del convegno a cura di S Evangelisti e C Ricci 224 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 358 359 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) l’ interesse degli ultimi decenni del secolo scorso sugli aspetti archeologici dei municipia non ha invece trovato seguito, nonostante i numerosi dati a disposizione da nuovi scavi archeologici condotti in tali città, con una conseguente lacuna nella storia degli studi 225 Partendo dai numerosi e significativi studi storiografici e dai dati archeologici, piuttosto dettagliati ma non studiati finora sistematicamente, ad oggi rimangono ancora aperti alcuni quesiti riguardo alle dinamiche insediative seguite alla nuova organizzazione dei territori italici 226 In particolare una questione ancora aperta è quella relativa alla struttura urbana dei municipia e alla fase durante la quale questa sia stata raggiunta A tale aspetto risulta chiaramente connesso il concetto di urbanizzazione, nello specifico se questa sia legata o meno alla municipalizzazione in un rapporto di causa-effetto Allo stesso modo ancora da definire sono la tipologia della struttura urbana, così come gli edifici pubblici e privati che vengono costruiti nonché la loro datazione Oltre a ciò si aggiungono questioni aperte riguardo ai cambiamenti che interessano gli insediamenti italici a seguito del raggiungimento della urbanitas romana dopo la costituzione di un municipium Nel quadro di queste considerazioni, in un contesto territoriale caratterizzato nel II sec a C da imponenti santuari confederali extra urbani, con una valenza economica, politica e di aggregazione sociale, è certamente rilevante allo stesso modo comprendere sulle forme municipali tra il I sec a C e il III sec d C : Bispham 2007; Evangelisti, Ricci 2017 Un significativo ultimo contributo in ordine di tempo è quello di S Sisani, che affronta il tema dei municipia retti da duoviri (Sisani 2021) Nell’ ambito degli studi sull’ urbanizzazione dell’ Italia centrale, in particolare appenninica, fondati su di un approccio archeologico sono da annoverare i lavori di E Gabba (in particolare Gabba 1972), e soprattutto i lavori di P Sommella, sia generali sull’ urbanistica romana sia in particolare sui siti oggetto di questo contributo: Sommella 1988, p 119-123, con schede delle città a cura di L Migliorati Sull’ urbanistica tardorepubblicana in Italia centrale con riferimento anche ai centri della Regio IV vd le più recenti considerazioni in Pesando 2015 225 Laffi 1973, p 39; Paci 2003, p 33 Lo statuto municipale delle città è in genere attestato da iscrizioni, in cui sono citati i quattuorviri, magistrati che governano i municipia creati dopo la guerra sociale La presenza invece dei duoviri fa collocare l’ istituzione del municipium in una fase verosimilmente successiva al 49 a C , in età cesariana Sono questi i due momenti principali nel corso del I sec a C durante i quali si realizzarono municipia in Italia (Sisani 2007, p 268) In riferimento a questo schema sono state messe in evidenza in un recente studio di S Sisani una serie di difformità, con casi di adozione del quattuorvirato tanto in municipia nati da comunità già incluse nell’ ager Romanus prima della guerra sociale, così come in municipia ricostituiti nella fase post-cesariana Inoltre vi sono attestazioni di schemi magistratuali anomali in municipia posteriori al 90 a C (Sisani 2021) 226 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) quale ruolo abbiano avuto tali santuari e in generale i contesti sacri nel processo di municipalizzazione e formazione delle entità urbane 227 Sulla base delle numerose evidenze archeologiche, nel presente contributo si è tentato in particolare di approfondire questi aspetti attraverso un’ analisi dettagliata dei dati archeologici dei municipia del Sannio compresi tra la Valle del Biferno a sud e il fiume Tordino a nord, area corrispondente alle attuali regioni Abruzzo e Molise, considerando in particolare la loro disposizione topografica, l’ estensione delle città, così come l’ organizzazione dei settori pubblici Da questa sintesi e dal confronto tra tali città è stato possibile di conseguenza delinearne con un approccio olistico le caratteristiche urbanistiche e ricostruire alcuni aspetti generali, che si possono ritenere elementi connotanti dei municipia tra la tarda repubblica e la prima età imperiale, allo scopo di contribuire a una migliore definizione dell’ origine e dello sviluppo della città in questi territori L’ analisi dei municipia segue un criterio topografico ed etnico Nello specifico, i centri di cui si posseggono sufficienti dati archeologici relativamente alla struttura urbana sono trattati partendo da nord e procedendo verso sud, con un’ attenzione ai gruppi di centri appartenenti ai differenti ethne italici (Praetutii, Vestini, Paeligni, Marrucini, Carricini, Frentani, Aequi/Marsi) 228 2- Organizzazione dello spazio urbano dei municipia A- Interamna Praetuttianorum e Hatria Uno dei casi più esemplari in tale ambito è Interamna Praetuttianorum, i cui resti sono collocati nell’ attuale centro di Teramo (fig. 2) 229 Il centro è sorto come conciliabulum civium Romanorum nell’ ambito di assegnazioni viritane dopo la conquista romana della Sabina da parte di M Curio Dentato, che interessò anche il territorio pretuziano, verosimilmente dopo il 268 a C in un periodo di poco successivo alla deduzione della colonia latina di Hatria e quella romana di Castrum Novum 230 Il centro era posto lungo un diverticolo della via Caecilia, che si dipanava all’ altezza di 227 Si pensi ad esempio ai santuari di Pietrabbondante e Monte Rinaldo: Strazzulla 1971; Giorgi et al. 2020 228 Non sono oggetto invece di una descrizione dettagliata in questo contributo quei municipia che sono attestati solo epigraficamente o nelle fonti letterarie 229 Secondo G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 758-759, così come in Di Cesare 2010, p 28-29, il toponimo sarebbe da riconoscere in Interamna Praetuttianorum piuttosto che in Interamnia Praetuttiorum 230 Frontinus, De controuersiis, p 18, 10-11 L; Buonocore, Firpo 1998, p 760-761 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 360 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 361 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 2: Interamna Praetuttianorum, posizionamento degli edifici antichi nell’ area della città moderna. Crediti/fonte: Di Cesare 2010. 231 Di Cesare 2010, p 27 Migliorati 1976, p 243; Coarelli, La Regina 1984, p 35; Buonocore, Firpo 1998, p 760; Di Cesare 2010, p 27-34, 39; Secondo E Bispham il centro avrebbe ricevuto lo status di municipium in un periodo precedente la guerra sociale, rimanendo l’ unico caso per questa zona trattata della Regio V (Bispham 2007, s. v. “appendix 3”, nota 21), mentre secondo S Sisani il centro fu elevato a municipium solo in età augustea da una precedente condizione di conciliabulum: Sisani 2010, p 207-210; Sisani 2021, p 55 232 Floro riferisce che in questo centro fu dedotta una colonia sillana: Floro, Epitoma, II, 9, 27-28; Gabba 1970-1971, p 472 Vi sono iscrizioni che menzionano contemporaneamente le due istituzioni: CIL IX, 5074; CIL I2, 1904; AÉ 1998, 416 Nella documentazione epigrafica di Interamna Praetuttianorum è attestata la contemporanea presenza di duoviri (CIL IX, 5063; CIL I2, 1905) e octoviri (CIL IX, 5067) fino alla fine del I sec a C , che troverebbe spiegazione riconoscendo nei duoviri i magistrati della colonia mentre negli octoviri quelli del conciliabulum: Buonocore, Firpo 1998, p 761; Sisani 2010, p 209 Sullo stato giuridico e amministrativo della città vd anche Migliorati 1976, p 243-244 e Guidobaldi 1995, p 219-221 233 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Montorio al Vomano e collegava il centro con Castrum Novum 231 Il centro fu elevato a municipium dopo la guerra sociale232 e dalla prima metà del I sec a C ricevette contemporaneamente allo statuto municipale anche lo status giuridico di colonia 233 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Inizialmente sono stati riconosciuti due orientamenti nel tessuto urbano, ricondotti a tale duplicità amministrativa,234 ipotesi definitivamente superata 235 Come ha infatti dimostrato L Migliorati con argomenti convincenti, la città presenta in realtà un unico schema urbanistico, con orientamento est-ovest degli assi viari, ricalcato da via dei Mille, corso Cerulli e via Stazio, e impianti rettangolari, con modulo di 270 x 200 piedi romani 236 La fascia centrale presenta invece isolati quadrati di 270 x 270 piedi romani, per via della presenza della piazza forense, che venne localizzata in un primo tempo in maniera ipotetica in piazza Verdi all’ incrocio tra corso Cerulli e via S Antonio 237 Il rapporto 1:1,3 è raffrontabile con esempi compresi tra gli inizi del II sec a C e gli inizi del I sec a C , ponendo la guerra sociale come terminus post quem non 238 La conformazione geomorfologica del pianoro su cui sorge la città avrebbe inoltre condizionato la costruzione della cinta muraria, limitando la sua costruzione al solo lato occidentale, posta in corrispondenza della via dell’ Antica Cattedrale e la via Muzi 239 Tale impianto urbano è da collocare quindi negli anni immediatamente La Regina 1966b; Gabba 1970-1971, p 462; Coarelli, La Regina 1984, p 35; M Torelli, in Gros, Torelli 1988, p 150; de Smet 1989-1990, p 63-74; Guidobaldi 1995, p 223 234 Migliorati 1976; Sommella 1985, p 390-391; L Migliorati in Sommella 1988, p 127; Sommella 1988, p 114-115; Guidobaldi 1995, p 222 In particolare è stata sottolineata la mancanza di una doppia cinta muraria Tra l’ altro il rinvenimento di pavimenti di età repubblicana rinvenuti alla stessa profondità su due lati di via S Antonio dimostrerebbero che tale via non potesse costituire il limite dei due diversi orientamenti 235 236 Migliorati 1976, p 255-256 Ipotesi suffragata dal rinvenimento nelle vicinanze di quest’ area di materiale architettonico e iscrizioni onorarie: L Migliorati, in Sommella 1988, p 127; Coarelli, La Regina 1984, p 39; Guidobaldi 1995, p 225, Staffa 2006, p 73-74, fig 107, n 37; p 83, fig 128 Di diverso avviso R Di Cesare, che vede in quest’ area piuttosto la presenza di un complesso sacrale (Di Cesare 2010, p 43-48), come si discuterà oltre Un’ iscrizione datata alla metà del I sec a C indicherebbe l’ appalto per la costruzione del muro perimetrale del foro (CIL I2, 3296): Buonocore 2006, p 116, n 105 237 238 Lucca presenta isolati di 3 x 3, 5 actus con rapporto 1:1,3, impianto urbano datato agli inizi del II sec a C mentre Allifae presenta isolati di 3,2 actus con un rapporto 1:1,4 riconducibile agli inizi del I sec a C Il modulo con isolati quadrati è da ricondurre invece alle colonie triumvirali e augustee: Migliorati 1976, p 256; Sommella 1974 Migliorati 1976, p 246-253, spostando quindi il limite della città verso est rispetto alle ipotesi precedenti che vedevano in via della Banca il limite occidentale di Interamna (Migliorati 1976, p 252253) Le mura di VI sec a C rinvenute lungo tale percorso seguirebbero quindi l’ andamento della cinta muraria di epoca romana Per le varie ipotesi sulla cinta muraria vd Di Cesare 2010, p 30, nota 43 con bibliografia precedente 239 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 362 363 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) successivi alla guerra sociale e da riferire all’ istituzione del municipium 240 In posizione extraurbana, ad ovest di tale tratto murario sono stati costruiti nella prima età augustea il teatro, collocato a sud di corso Cerulli241 e nella seconda metà del I sec d C l’ anfiteatro, posto immediatamente a sud della Cattedrale 242 Nell’ estremità orientale della città invece, presso Largo Madonna delle Grazie, è stato scavato un complesso termale di età augustea e probabilmente un campus riqualificato in età municipale 243 Secondo una recente lettura delle evidenze di Interamna, il foro sarebbe da collocare a 200 metri ad est del Complesso di S Giovanni, sotto corso de’ Michetti, dove è stata rinvenuta una pavimentazione con lastre rettangolari di grandi dimensioni riconducibili a una piazza, in posizione centrale nella città antica rispetto a piazza Verdi 244 Questo sarebbe stato ubicato con l’ istituzione del municipium, ricevendo poi una pavimentazione tarda all’ inizio del II sec d C 245 L’ area di Piazza Verdi sarebbe invece da ricondurre a un complesso santuariale da collocare ad una fase subito successiva alla guerra sociale e alla deduzione sillana, cui si riferirebbero un’ area terrazzata, alcuni resti strutturali oltre a una serie di capitelli corinzio-italici provenienti dalla zona e 240 Migliorati 1976, p 255-256 Per la fase precedente l’ istituzione del municipium, è stato ipotizzato un impianto urbano tra la seconda metà del III e la metà del II sec a C , con orientamento nord-ovest/sudest e una porta urbica da collocare a nord del teatro Tra i vari elementi riferibili a un impianto precedente sono da considerare pavimenti di domus private e un edificio dalla planimetria complessa con una serie di vani intorno a un quadriportico rinvenuto tra il Largo Madonna delle Grazie e Piazza Caduti della Libertà, interpretato come sede di un collegio della metà del II sec a C , date le grandi proporzioni di uno dei vani e il motivo ornamentale rinvenuto del caduceo: Guidobaldi 1995, p 227-230; Staffa 2006, p 74, n 11; Di Cesare 2010, p 30-31 241 Coarelli, La Regina 1984, p 35-37; Guidobaldi 1995, p 224 242 Coarelli, La Regina 1984, p 38-39; Guidobaldi 1995, p 224-225 Guidobaldi 1995, p 227-231 Per il campus rimane difficile la localizzazione Sono state rinvenute due iscrizioni speculari della metà del I sec a C che commemorano la strada di accesso a un campus Si tratta di due cippi in calcare Una delle epigrafe è stata reimpiegata come mensa dell’ altare maggiore nella Chiesa delle Grazie Le dimensioni del cippo avrebbero reso difficile il trasporto e farebbero propendere per una collocazione del campus in prossimità del rinvenimento, a est del pianoro Buonocore 2006, p 115, n 25 e 106; Di Cesare 2010, p 41-42 A tale periodo sono da riferire altri atti evergetici, tra cui quelli di due fratelli della famiglia senatoria dei Poppaei In due iscrizioni della metà del I sec a C i due patroni del municipio a proprie spese offrirono l’ uso di un edificio termale: Buonocore 2006, p 115, n 23-24; Di Cesare 2010, p 40 243 244 Staffa 2006, p 74, n 60; Di Cesare 2010, p 46-47 245 Di Cesare 2010, p 46 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) datati agli ultimi decenni del II sec a C -inizio del I sec a C e un piede in calcare riferibile a un acrolito rinvenuto nelle vicinanze 246 Sono state rinvenute una serie di ricche e grandi domus, tra cui la Casa del Leone presso corso Cerulli in posizione centrale nell’ abitato antico, datata alla prima metà del I sec a C ,247 il cui proprietario è stato riconosciuto in via ipotetica da M P Guidobaldi in C. Sornatius C.f. Vel. Barba, colono sillano, legato di Lucullo in Asia tra il 74 e il 68 a C , proprietario di fundi, che si arricchì con la vendita del vino 248 Riguardo alla necropoli, sono attestati 14 basamenti di tombe monumentali allineati lungo una via sepolcrale presso Ponte Messato e datati alla metà del I sec a C 249 Riferito al territorio dei Praetutii è anche il centro di Hatria Posto su un plateau tra i fiumi Piomba e Calvano, è situato a 10 km dalla costa 250 In questo sito fu dedotta una colonia latina nel 289 a C in seguito alla conquista dei Praetuttii da parte di Manius Curius Dentatus Verosimilmente divenne municipium dopo la guerra sociale, mentre durante l’ età augustea fu rifondata come colonia 251 246 Di Cesare 2010, p 47 Coarelli, La Regina 1984, p 39-41; Guidobaldi 1995, p 231-233 Durante vari scavi condotti a Teramo sono state individuate strutture da ricondurre a abitazioni private, collocate per la gran parte all’ inizio e metà del I sec a C In particolare in via del Baluardo sono stati scavati ambienti datati tra il I sec a C e il V sec d C ; presso vico Corto vi sono pavimenti datati all’ inizio del I sec a C ; in via dei Tribunali e in via di Porta Carrese vi sono strutture collocate tra l’ età tardo repubblicana e la prima età imperiale; ambienti di fine II/inizio I sec a C sono stati rinvenuti anche a vico dell’ Ariete; in vico degli Orti sono venuti alla luce pavimenti di età imperiale Particolarmente numerose sono le strutture rinvenute presso corse de’ Michetti, tra cui due domus datate tra la fine del II sec a C e l’ inizio del I sec a C e una pavimentazione collocata genericamente nel II-I sec a C Per tali evidenze vd Guidobaldi 1995, p 233237 247 Guidobaldi 1995, p 232 A tale orizzonte cronologico possono riferirsi anche due altre ricche domus, una situata a nord-est di quella del Leone e denominata di “Torre Bruciata”, che date le dimensioni più che a un’ abitazione sarebbe da riferire a un edificio ufficiale, forse la sede di una corporazione, e la domus rinvenuta sotto Palazzo Melatino: Di Cesare 2010, p 50-52 248 249 Coarelli, La Regina 1984, p 41-44; Guidobaldi 1995, p 236-237; Di Cesare 2010, p 57-60 Sull’ urbanistica di Hatria vd in particolare Azzena 1987; Guidobaldi 1995, p 189-214; Guidobaldi 2001; Buonocore 2002 Vd da ultimo anche Vermeulen 2017, p 176-177 250 Sulla deduzione coloniale: Livio, Periochae, XI; Sulle notizie relative alla conquista della Sabina da parte di M Curio Dentato: Floro, I, 15,3; Sulla ipotizzabile costituzione del municipium dopo la guerra sociale: Azzena 1987, p 22; Guidobaldi 1995, p 194; Sulla colonia sillana e/o augustea: Liber Coloniarum, I, 227, 11; Plinio, Naturalis historia, III, 110; Azzena 1987, p 21 secondo il quale è improbabile una colonia sillana mentre sicura sarebbe quella augustea; Guidobaldi 1995, p 194-195 251 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 364 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 365 La colonia latina di Hatria, fiorente in età repubblicana, come dimostrano oltre che le strutture urbane quali le mura, il foro e un settore abitativo, anche le attività produttive di terrecotte architettoniche, non presenta interventi riferibili al periodo successivo alla guerra sociale e alla municipalizzazione, mentre all’ età augustea sarebbe da riferire il teatro 252 B- Pinna Vestinorum, Peltuinum e Aveia © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Alcuni tratti murari in opus quadratum a nord dell’ attuale paese, lungo Via della Circonvallazione, sono da riferirsi alla cinta muraria coeva alla fondazione della colonia, e di cui si può ipotizzare il percorso a nord, ovest e sud del sito condizionata dalla geomorfologia del territorio Più complesso rimane determinare invece il limite orientale della città, che andrebbe oltre l’ attuale confine del centro medievale della città, fino al Colle Maralto, Colle di Mezzo e Colle Muralto, con un’ estensione che oscilla nelle varie ipotesi tra i 45 e i 70 ettari Per la cinta muraria coeva alla deduzione della colonia vd Azzena 1987, p 48, n 31; 67 Azzena 1987, p 65-67 è incline a vedere un’ estensione ridotta della città, che comprenderebbe a est la zona della Villa comunale (il colle di Mezzo) escludendo la zona del Colle Maralto a Nord e Colle Muralto a sud Di diverso avviso M P Guidobaldi che sulla base di rinvenimenti anche su questi due colli è propensa a vedere la città più ampia, fatto che non sarebbe anomalo confrontando altre città dell’ Italia romana: Guidobaldi 1995, p 198-200 Il foro della città è da collocare presso la Piazza antistante il Comune di Atri, oggi Piazza Duchi d’ Acquaviva, lungo il prosieguo dell’ odierno Corso Adriano, che coinciderebbe con il decumanus maximus della città, e a nord di esso Non sono forniti dati sulla datazione della piazza che rientra pienamente nell’ urbanistica della città: Azzena 1987, p 72-75 Risulta superata l’ idea che la piazza forense fosse collocata presso la piazza della Cattedrale per la presenza di abitazioni private nell’ area nel periodo repubblicano: Azzena 1987, p 72; Guidobaldi 1995, p 204 A circa 300 m a est della piazza del foro, al di sotto del piano pavimentale della zona antistante la Catterdrale di Atri sono state messe in luce alcune strutture riconducibili a un settore abitativo, collocato genericamente all’ età repubblicana e probabilmente coevo alla fondazione della colonia Ad una fase successiva sono attribuibili invece resti di suspensurae oltre a muri di sostruzioni che hanno fatto interpretare l’ area come un complesso termale il cui abbandono è da collocare nel I sec d C : Azzena 1987, p 24-17, n 4-6; p 57-60, n 35 Infine il teatro posto nella parte nord-est della città sarebbe stato costruito tra l’ età augustea e la fine del I sec d C La datazione ad età augustea è stata proposta sulla base dell’ integrazione della struttura nel piano urbanistico della città alla fine del I sec a C , oltre a confronto dei muri in laterizio con i tratti murari rinvenuti nell’ area della Cattedrale: Azzena 1987, p 53-57, n 34; Guidobaldi 1995, p 205 252 253 Diodoro Siculo, XXVII, 19, 3-5; 20-21 254 Valerio Massimo, V, 4, ext 7 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Riguardo invece ai Vestini, tra gli esempi è da citare il caso di Pinna L’ insediamento si trova lungo la strada per Ausculum, nella zona abitata dai Vestini Transmontani Durante la guerra sociale la città rimase fedele a Roma,253 tanto da essere assediata dagli Italici e poi rioccupata da parte dei Romani 254 Probabilmente la città doveva essere © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) cinta da mura 255 Dopo la guerra sociale Roma conferì a Pinna Vestinorum un territorio molto ampio che andava fino all’Adriatico 256 La città fu amministrata da quattuorviri, come attesta un’ iscrizione che riferisce dell’ opera di regolamentarizzazione della fonte di Acqua Ventina, mediante la costruzione di camere di smistamento e delle relative cellae a volta (castella e concomeratio), intervento dedicato alle divinità Fons, Ventina e Vires La fonte è da collocare probabilmente presso l’ estrema propaggine occidentale del Colle del Duomo 257 Il piano urbanistico della città è stato datato a partire dal I sec a C , contestualmente alla sua elevazione a municipium, dopo la guerra sociale (fig. 3) 258 Il municipium è collocato lungo la strada che da Asculum passando per Interamna e Pinna conduceva a Teate, corrispondente all’ attuale SS 81 Piceno Aprutina Nonostante la continuità di frequentazione fino ai giorni nostri e al disfacimento del sito per via delle costruzioni medievali, tratti di tale strada sono ricostruibili presso Porta da Piedi sul Colle Castello fino a Porta San Francesco, che tra I sec a C e I sec d C sarebbe stata oggetto di un rifacimento Il tracciato risale almeno fino al III sec a C , come dimostrano alcuni tratti scavati fuori dalla città così come edifici rustici e necropoli rinvenuti lungo il suo tracciato Il terrazzamento sostruttivo della strada di ingresso alla città è stato collocato però cronologicamente ad un periodo non anteriore alla metà del I sec a C , in concomitanza con la formazione del municipium 259 L’ altro asse importante per la città era costituito da un diverticolo della via Flaminia Adriatica ad est La città antica era situata sul Colle Duomo, dove scavi sistematici hanno messo in evidenza un piano ortogonale con orientamento nord-est/sud-ovest 260 L’ impianto viene adattato alla morfologia del luogo e disposto su terrazzamenti Rimane difficile ricostruire con precisione l’ impianto urbanistico della città, che durante l’ età romana doveva estendersi su una superficie corrispondente al successivo insediamento medievale 261 La città romana occupava infatti parte del Colle Castello, le sue pendici 255 Franchi dell’ Orto 2010, p 167-170 256 Liber Coloniarum, II, 257, 11 L CIL IX, 3351 L’ acqua di Pinna è ricordata tra l’ altro da Vitruvio per le sue proprietà terapeutiche: Vitruvio, De Architectura, VIII, 3, 5 257 Staffa 2000-2001, p 295; Staffa 2010, p 94 Secondo M Buonocore l’ insediamento sarebbe stato formato subito dopo la fine della guerra sociale: Buonocore 2010, p 222 258 259 Staffa 2010, p 158 260 Staffa 2000-2001, p 306-311 261 Staffa 2000-2001, p 295 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 366 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 367 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 3: Pinna Vestinorum, planimetria della città moderna con i resti delle strutture antiche. Crediti/fonte: Franchi Dell’ Orto 2010. 262 Staffa 2010, p 97 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) verso l’ attuale viale Ringa, l’ area di piazza Luca da Penne ed il Colle del Duomo fino all’ area di Porta San Francesco 262 Un impianto termale è stato rinvenuto nella zona della cattedrale e datato alla prima età imperiale, così come una strada è stata individuata presso il Palazzo vescovile e datata anch’ essa a questa fase © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Nel settore meridionale di Colle Castello, lungo l’ attuale Viale Ringa, è stato messo in luce un quartiere residenziale con domus particolarmente sontuose, con la presenza di ninfei, costruite in opera reticolata e mista, e datate dal II sec a C fino al I sec d C 263 Numerosi bolli laterizi attestano santuari, tra cui quelli con la dicitura Ops/Opes databili alla metà del I sec a C , che indicherebbero il culto della divinità all’ inizio della formazione del municipium (81) 264 Un unico santuario dei tanti attestati nei bolli laterizi è stato collocato nel centro urbano, anche se in maniera molto ipotetica Questo presenta una pianta quadrata, cella tripartita con pronao antistante La grandezza sarebbe simile a quella di Castel di Ieri (15 x 19,9 m) datato tra il II e il I sec a C e troverebbe confronti anche con quello di San Giovanni in Galdo Dalla descrizione fornita nelle pubblicazioni sembra possa trattarsi di un capitolium Le élite locali, mercanti e proprietari arricchitisi, si lasciano seppellire a partire dal II sec a C e nel I sec a C in tombe a camera, come attestano le necropoli di Porta San Francesco, Arce Conaprato, Casale e Trofigno Nell’ ambito dei corredi vi sono letti in osso e balsamari in bronzo 265 Riguardo invece alla necropoli di età imperiale riferibile al centro, questa doveva situarsi a sud-est della città, presso l’ attuale campo sportivo, lungo il tracciato che conduceva alla valle del Tavo, verso Teate, ed è costituita da nuclei di tombe a incinerazione 266 Un’ organizzazione urbanistica regolare è stata postulata anche per il sito più interno di Aveia (fig. 4) Il sito è collocato in Provincia de L’ Aquila e corrisponde in parte al paese di Fossa, in territorio vestino, lungo un diverticolo che portava alla via Claudia nova Lo status giuridico di Aveia rimane ancora incerto allo stato attuale della ricerca Con verosimiglianza fu dapprima praefectura e solo in età augustea il centro fu elevato a municipium 267 263 Staffa 2000-2001, p 296-299 Sui bolli laterizi riferibili a divinità vd Buonocore 2010, p 222 Tra le divinità attestate vi sono Vesta, Venere e Giunone 264 265 Franchi dell’ Orto 2010, p 68-81 266 Buonocore, Firpo 1998, p 855, n 44; Franchi dell’ Orto 2010, p 252-253, n 52 La città non compare nell’ elenco fornito da Plinio relativo ai municipia delle regiones augustee (Plinio, Naturalis historia, III, 107, Vestinorum Angulani, Pennenses, Peltuinates, quibus inguntur Aufinates Cismontani), è stato quindi proposto che questa, come Peltuinum, fosse da ritenere una praefectura (CIL IX, 3627 e 3613), mantenendo probabilmente tale status anche in età imperiale L’ unica iscrizione che menziona il municipium è datata infatti al III sec d C : ILS 9087 Vd La Regina 1968, p 383-384; Coarelli, La Regina 1984, p 14 e anche La Torre 1985, p 157 A La Regina propone una lettura diversa del testo di 267 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 368 369 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 4: Aveia, ricostruzione planimetrica. Crediti/fonte: Pesando 2014. Anche se le indagini sono ancora limitate e preliminari, Aveia sembra evidenziare comunque un’ organizzazione ortogonale, con una parte alta alle pendici del monte Circolo e una più bassa pianeggiante, separate da una strada pedemontana 268 L’ unica evidenza archeologica ricostruibile in linea di massima è la cinta muraria di cui sono stati indagati alcuni tratti Si tratta di mura in opera incerta di grande pezzatura, con nucleo in cementizio, che cingono sia la città alta che quella bassa Le due strutture interconnesse tra loro sono state datate al periodo augusteo, anche se in maniera molto ipotetica e in attesa di ulteriori auspicabili indagini, sulla base di esigui reperti, provenienti dalle fosse di fondazione, e in particolare della tecnica muraria, e fatti risalire all’ istituzione del municipium, secondo l’ ipotesi che vede l’ istituzione del municipium di Aveia in età augustea 269 Interessante risulta l’ individuazione di un tratto murario precedente a tale fortificazione, con una tecnica muraria simile, definito genericamente di età pre-romana ancora non datato con precisione 270 La città si estendenderebbe per un’ area di ca 24 ettari e presenterebbe isolati rettangolari di 105 x 60 m 271 Plinio integrandolo in questo modo: Vestinorum: Angulani, Pennenses, Trasmontani; Aveiates, Peltuinates quibus iuguntur Aufinates, Cismontani (La Regina 1968, p 370-371) Di diverso avviso M Buonocore, che colloca l’ istituzione del municipium all’ epoca augustea, ipotesi accettata anche da F Pesando: Buonocore 2004, p 418-428; Pesando 2014, p 236 Le indagini sono state condotte da La Torre 1985 negli anni Ottanta del secolo scorso e riprese successivamente nel 2009 da Pesando 2014 Vd anche Sommella 1988, p 141-142 268 269 Pesando 2014, p 235-236 270 Pesando 2014, p 239 271 La Torre 1985, p 162; Sommella 1988, p 142 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 370 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 5: Peltuinum, planimetria. Crediti/fonte: Migliorati 2016. Secondo Coarelli, La Regina 1984, p 28 la città rimase praefectura senza divenire municipium Dello stesso avviso G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 859 e La Regina 1968, p 400 Diversamente Sisani 2010, p 191: Peltuinum presenterebbe anomalie rispetto alla struttura di tipo quattuorvirale/ duovirale caratteristica dei municipia d’ Italia, tenuto conto che in relazione a questo centro sono attestati solo quaestores, aediles, praefecti iure dicundo, con la prerogativa censoria segnata dal titolo quinquennalis associata agli aediles È probabile quindi che il municipium fosse retto da un collegium costituito da praefecti iure dicundo con affianco gli aediles Peltuinum quindi pur essendo stato elevato a municipium “continua a rapportarsi al proprio territorio come una praefectura”, quale doveva essere anteriormente al municipium Sulle fonti letterarie e epigrafiche provenienti da Peltuinum vd Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 272 Su Peltuinum Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 Secondo Coarelli, La Regina 1984, p 28 la città rimase praefectura senza divenire municipium Dello stesso avviso G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 859 e La Regina 1968, p 400 Diversamente Sisani 2010, p 191 Sulle fonti letterarie e epigrafiche provenienti da Peltuinum vd Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 Un’ analoga attestazione epigrafica del praefectus iure dicundo è stata restituita da Amiternum e da Nursia, che lascia ipotizzare come in questi centri la magistratura maggiore del municipium almeno durante la sua prima fase fosse quella dei praefecti: Sisani 2010, p 202, 205 273 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Nel caso del vicino centro di Peltuinum,272 sempre in area vestina, il centro da praefectura fu elevato a municipium dopo la guerra sociale (fig. 5) 273 371 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Situato lungo una via della transumanza sul cui tracciato viene costruita nel 47 d C la via Claudia Nova, è verosimile ipotizzare un luogo di culto a partire dall’ età arcaica probabilmente legato ad Ercole e successivamente a partire dalla metà del I sec a C consacrato ad Apollo, come attestato da un’ iscrizione che cita la divinità su una mensa per offerte votive reimpiegata come soglia di una delle tabernae situate lungo la via Claudia Nova (fig. 7) 274 Una cisterna coperta dal temenos del successivo tempio di età augustea con materiale di ambito votivo databile tra la fine del IV e la metà del I sec a C , avvalorerebbe tale ipotesi 275 Inoltre alcune strutture in mattoni crudi hanno fatto ipotizzare la presenza di un insediamento nel III-II sec a C legato all’ attività transumante, seppur di difficile definizione e probabilmente non ancora a carattere urbano 276 In continuità con l’ area sacra viene impostato in epoca augustea all’ estremità meridionale dell’ area forense un tempio con podio, esastilo prostilo circondato da una porticus 277 La pianificazione urbanistica del centro è stata collocata alla metà del I sec a C ,278 proponendo una datazione al 40/30 a C per la cinta muraria in opera incerta 279 Ancora visibili sono in particolare i resti della porta occidentale a due fornici I tratti murari visibili e quelli ipotizzati racchiuderebbero un’ area di ca 22 ettari di 274 Migliorati 2008; Migliorati 2011, p 4-5 Sull’ iscrizione (AÉ 1994, 545) e la datazione alla fine dell’ età repubblicana (II-I sec a C ) vd in particolare Buonocore 1989-1990, p 218 in cui fa riferimento al contributo di Giustizia 1985, tav XLVII; Sommella 1995, p 284-288, che fornisce una datazione generica alla fine della Repubblica; per la datazione, ritenuta più probabile, alla metà del I sec a C vd Buonocore 2022, p 144 (l’ articolo è aggiornato rispetto a quello pubblicato nel 1989-1990) e Sommella 2011-2012, p 284 L’ iscrizione si trova anche nel catalogo di iscrizioni in Buonocore, Firpo 1998, p 882-883, n 106 Sul tratturo e in generale la transumanza in tale territorio vd Migliorati 2010-2011; Migliorati, Canino 2014, p 127-135 275 Migliorati 2008, p 344-346; Migliorati 2011, p 4 276 Sommella 1995, p 280 Per la datazione del tempio all’ epoca augustea vd Bianchi 2009, p 140 Per la divinità titolare del tempio vd in particolare le osservazioni in Sommella 2011-2012, p 285-286 Sulla porticus vd inoltre Migliorati, Canino 2014, p 135-138 277 278 Sommella 1988, p 178; Migliorati 2011, p 1; Sommella 2011-2012, p 275 Sommella 2011-2012, p 275 P Sommella esclude tra l’ altro la formazione del centro e la costruzione della cinta muraria in un periodo precedente alla guerra sociale I tratti di mura in opera incerta ricondotti alla cinta muraria erano stati collocati in precedenza genericamente alla metà del I sec a C : Blake 1947, p 233; Jouffroy 1986, p 21 279 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 372 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) C- Sulmo e Corfinium Passando ad analizzare i vicini municipia di area peligna, il municipium di Sulmo, collocato nell’ estremità meridionale della valle Peligna su un pianoro a ca 400 m s l m delimitato dal fiume Gizio e dal torrente Vella, si trova sulla strada che collegava la via Valeria con Aufidena e il Sannio La città divenne municipium amministrato da quattuorviri e iscritto nella tribù Sergia, probabilmente dopo la guerra sociale 286 La città antica si estende tra la via di Porta romana a nord, il lato settentrionale di piazza Garibaldi a sud, la via Quatrario a ovest e la circonvallazione orientale a est (fig. 6) Tali limiti sono inoltre determinati dalla presenza di necropoli, datate in particolare all’ età imperiale Non si hanno dati dalla città per il periodo precedente l’ istituzione del municipium, ma solo dal territorio, seppur esigui, in cui sono attestate tombe di età repubblicana a est del fiume Gizio e fuori la Porta Napoli, che hanno fatto ipotizzare la posizione dell’ insediamento peligno a Nord di Porta Napoli La posizione risulterebbe infatti piuttosto strategica, alla confluenza di strade che passano lungo la valle del Sagittario e in direzione del fiume Sannio 280 Se valida la ricostruzione ipotetica di Coarelli e La Regina: Coarelli, La Regina 1984, p 28 281 Sommella 2011-2012, p 276-277 282 Migliorati 2016, p 54 Con verosimiglianza il teatro è da ritenere intramurario (Sommella 2011-2012, p 279) a differenza dell’ ipotesi che vedeva l’ edificio collocato al di fuori della cinta muraria (Coarelli, La Regina 1984, p 28) 283 284 285 286 Migliorati 2016, p 53 Campanelli 1996, p 32-34, 37-38 CIL IX, 3023; Bispham 2007, p 469, nota 90 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) forma irregolare, di ca 650 m in direzione est-ovest e 600 m in direzione nord-sud 280 L’ impianto urbano è legato al doppio multiplo dell’ actus, che lo fa collocare alla fase tardo-repubblicana/augustea La strada in direzione NW-SE, poi divenuta claudia nova, costeggia il rettangolo forense lungo il lato breve settentrionale 281 L’ unico scavo effettuato lungo la parte conservata del tratturo ha messo in evidenza una strada ortogonale ad esso 282 Immediatamente a sud del tempio è situato il teatro datato a età giulio-claudia,283 mentre a nord-ovest del sito sono documentate alcune domus costituite da muri in opera reticolata e opera incerta 284 Le domus sono state collocate alla prima età augustea, con rifacimenti successivi dell’ età di Caligola 285 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 6: Sulmona, pianta della città con indicazione dei resti antichi. Crediti/fonte: Van Wonterghem 1984, p. 228, fig. 306. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 373 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) L’ urbanizzazione della città è collocata nel I sec a C per la presenza della maggior parte degli edifici in opera reticolata 287 Si tratta di un impianto quadrato di 400 m di lato, non dissimile da quello successivo medievale, che segue il corso dei fiumi Gizio e Vella Questi ne costituiscono i confini occidentale e orientale L’ impianto è suddiviso in modo regolare da sei assi viari nei due sensi, per una superficie totale di ca 17 ettari 288 La città doveva essere cinta da mura, anche se non se ne sono trovati resti Si ipotizza che in parte le mura servissero a sostruire i pendii scoscesi verso i due fiumi 289 L’ asse centrale della città è costituito dall’ odierno Corso Ovidio, lungo il quale sarebbe da collocare il foro Agli estremi di questo asse dovevano collocarsi due porte, Porta di S Agostino a nord e Porta Salvatoris a sud, come in età medievale Solo la porta meridionale ha restituito strutture riconducibili all’ età romana, anche se non riconosciute unanimemente come appartenenti ad una porta (fig. 6, n 28) 290 L’ altro asse era probabilmente costituito da quello trasversale che unisce la Porta Joannis Bonorum Hominum e la Porta Joannis Passeri, e che avrebbe costituito probabilmente il decumano L’ andamento delle vie trasversali ha fatto pensare ad un orientamento non perfettamente ortogonale, che richiamerebbe quello di Sepino 291 E’ stato ipotizzato che la città fosse dotata anche di un teatro e un anfiteatro nella zona nord-est, tra le odierne via Solimo e via Innocenzo VII All’ interno della città antica sono collocati resti più tardi, soprattutto di pavimenti mosaicati riconducibili ad abitazioni, da collocare tra il II e il III sec d C Resti di un quartiere residenziale suburbano sono stati rinvenuti a nord della città, tra la Porta S Agostino e la Cattedrale S Panfilo (fig. 6, n 20) 292 Riguardo alla necropoli, le tombe più antiche, la maggior parte delle quali collocate presso la necropoli del Crocefisso, non risalgono oltre il I sec a C (fig. 6, La Regina 1966, p 115 Secondo A La Regina la città in realtà presentava una cinta muraria e quindi era già strutturata prima della guerra sociale 287 288 Coarelli, La Regina 1984, p 133-137 Per la ricostruzione urbanistica della città vd La Regina 1966 289 Secondo Ovidio le mura delimitavano una città di piccole dimensioni: Ovidio, Amores, III, 15, 12 290 Van Wonterghem 1984, p 130, n 28 291 Van Wonterghem 1984, p 226 Van Wonterghem 1984, p 130, n 20 Inoltre le iscrizioni attestano numerosi culti, tra cui quello di Angitia, Cerere e Venere (CIL IX, 3076) oltre a una serie di culti di divinità romane e al culto imperiale Inoltre sono attestati vari personaggi di origine locale quali L Staio Murco, pretore nel 45 a C e il poeta Ovidio, che sottolinea l’ estensione limitata della città CIL IX, 3080; Velleio, II, 69 292 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 374 375 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) n 35) 293 Ad ovest della città invece lungo le vie di percorrenza verso ovest erano situate le necropoli più antiche, nella parte settentrionale con una frequentazione anche in età imperiale 294 Subito fuori dalla città, a nord-ovest di essa, è stata rinvenuta una stipe votiva con monete, oltre a ornamenti in bronzo e statuette fittili, databili alla seconda metà del I sec a C , probabilmente riconducibili a un santuario extra-urbano (fig. 6, n 25) 295 Sulmona mostrerebbe quindi un’ urbanizzazione dopo la guerra sociale, diventando con l’ amministrazione da parte di Roma il centro principale in quest’ area 296 Passando al centro di Corfinium, questo situato nell’ attuale Corfinio è il centro più importante tra i Peligni fino alla guerra sociale (fig. 7) 297 La sua posizione risulta particolarmente strategica, in quanto posto sulla riva destra del fiume Aterno, in cui confluiscono la via appenninica proveniente da nord e la via Valeria, che in antichità aveva come ultimo centro proprio Corfinium La città ebbe il ruolo di capitale degli insorti durante la guerra sociale, assumendo il nome di Italica 298 Secondo Diodoro Siculo al tempo la città presentava un foro, una curia, oltre ad arsenali e depositi di tesoro e provviste 299 La città divenne municipium verosimilmente subito dopo la guerra sociale per la presenza dei quattuorviri 300 Come tutta la zona dei Peligni, il territorio venne inserito nella tribù Sergia Cesare colloca Corfinium a 7 miglia a N di Sulmo Successivamente nel liber Coloniarum Corfinium è collocato nella Provincia Valeria301 sotto le Civitates Piceni e Civitates Regionis Samnii 302 293 Van Wonterghem 1984, p 130, n 35 294 Van Wonterghem 1984, p 226 295 Van Wonterghem 1984, p 130, n 25 296 Ipotesi avanzata anche in Dionisio 2015 Van Wonterghem 1984, p 113-122; Coarelli, La Regina 1984, p 118-132; Plinio, Naturalis historia, III, 106; Strabone, V, 4, 2 Su Corfinium vd in generale van Wonterghem 1984; Valenti 2010; Biella 2010; Isayev 2011; Dionisio 2015 297 298 Velleio Petercolo, II, 16; Diodoro Siculo, XXXVII, 2 299 Diodoro Siculo, XXXVII, 2 300 Bispham 2007, p 500, Q84 301 Cesare, De bello civili, I, 16-23; Liber Coloniarum, I, 228, 18 302 Liber Coloniarum, II, 255, 3-12; II, 260, 3 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 7: Corfinio, pianta della città con indicazione dei resti antichi. Crediti/fonte: Van Wonterghem 1984, p. 121, fig. 108. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 376 377 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Il primo nucleo della città si ipotizza fosse posto su una zona terrazzata, dove fu in seguito costruito il Castro medievale di Pentima L’ area presenta le pareti scoscese su tre lati, mentre un quarto lato è collegato con un altopiano E’ stato ipotizzato si tratti di un vicus per la presenza di relative tombe a camera datate tra il IV e il I sec a C Tale vicus, con una frequentazione a partire dal V sec a C viene lentamente ad allargarsi dal IV sec in poi, in modo particolare nel II sec a C 303 L’ uso della lingua locale così come l’ utilizzo delle tombe a camera terminano con la fine della guerra sociale Con l’ istituzione del municipium sono attestate infatti tombe a incinerazione, così come i monumenti funerari a torre La collocazione della città della fine dell’ età repubblicana e di età imperiale è stata riconosciuta nella località Piano di Civita L’ impianto urbano si organizza intorno alla via Valeria (attuale via Poppedio)304 e la via proveniente da sud-est, corrispondente alla via di Pratola, lungo la quale è collocata una necropoli di età repubblicana (fig 84, n 3, p 33-35) 305 Lungo la via di Pratola tra il Castrum e la necropoli sarebbe da collocare secondo Wonterghem l’ area sacra di un ipotizzato pagus,306 mentre la via Poppedio determina l’ urbanizzazione di età romana, nell’ attuale loc Madonna del Loreto e Loc S Giacomo La collocazione del foro rimane incerta, ipotizzata inizialmente vicino la chiesa di Madonna delle Grazie, lungo la via di Pratola in quello che più probabilmente sembrerebbe trattarsi di un campus 307 Cesare fa riferimento a mura probabilmente costruite quando il centro divenne municipium, che comprenderebbero sia la parte arroccata sia parte dell’altopiano, come testimonia la posizione delle necropoli di età repubblicana 308 Il teatro, di cui si riconosce la planimetria grazie alla disposizione a semicerchio delle case intorno al paese, si addossava alle pendici della collina, con muri radiali in opera incerta per la parte occidentale costruita e una cavea di 75 m (fig 84, n 4) 309 L’ edificio è stato datato all’inizio del I Molti segnacoli presentano iscrizioni in dialetto locale e alfabeto latino, segno di una precoce penetrazione della cultura romana 303 304 Van Wonterghem 1984, p 48, n 3 Van Wonterghem 1984, p 48, n 33-35 Per una descrizione dettagliata delle varie tipologie di tombe rinvenute a Corfinium vd Van Wonterghem 1984, p 144-154 305 306 Van Wonterghem 1984, p 118 307 Van Wonterghem 1984, p 157-162 Cesare, De bello civili, I, 16-23 Caesar […] iuxtaque murum castra posuit; Cesare, De bello civili, I, 21: Domitius […] portas murosque adversari iubet 308 309 Van Wonterghem 1984, p 48, n 4 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) sec a C , per via di un’iscrizione in cui viene menzionato un quattuorviro quinquennale T. Mittius Celer, che ne curò la sua costruzione, con gradinate 310 E’ inoltre menzionata la costruzione di un mundus, inteso come probabile atto fondativo del municipium 311 Presso il cimitero di Corfinio, sempre nella zona Piano S Giacomo, sono state trovate tombe repubblicane, che non documentano un utilizzo della necropoli in età imperiale (fig 84, n 20) 312 L’ assenza di una fase imperiale ha fatto pensare che tale zona fosse occupata dal centro urbano tra la fine della Repubblica e la prima età imperiale Lungo la via di Pratola, probabilmente in posizione extraurbana sono collocati due edifici templari di piccole dimensioni di età tardo repubblicana o inizio dell’ età imperiale 313 Uno presenta un edificio in opera cementizia con paramento in opera incerta, orientato nord ovest/sud-est, con cella quadrata, pronao e due colonne in antis Per la tecnica costruttiva il tempietto è stato ricondotto a un periodo compreso tra la prima metà del I sec a C e il I sec d C Il materiale votivo trovato nelle vicinanze tra cui sette statuette bronzee di Ercole, hanno fatto identificare in questa divinità quella venerata nel tempio L’ orientamento non coincide con quello della città, ma segue la via San Giacomo e alcuni edifici nelle vicinanze, elemento che ha fatto ipotizzare si tratti probabilmente dell’ area sacra del più antico pagus poi monumentalizzata durante l’ età imperiale (fig 84, n 10) 314 D- Teate Nel territorio della popolazione italica dei Marrucini viene istituito invece un unico municipium, quello di Teate, i cui resti sono situati nella città di Chieti (fig. 8) 315 Definita da Silio Italico magnum Teate, il centro è situato su di un colle tra il fiume Pescara a ovest e il fiume Alento a est Il municipium fu amministrato da quattuorviri, mentre successivamente divenne colonia, come attesta un’ iscrizione di età tarda (113) 316 CIL IX, 3173 T. Muttius P.f. Celer IIII v(ir) q(uinquennalis)/theatrum, mundum, /gradus, faciendos cura(vit), / senatique consultum / fecit[que] utei pequnia(m) a/populo pageis retribueret. 310 311 Vd a tal proposito Buonocore, Firpo 1991, p 227, n 31; Gros, Torelli 1988, p 153 312 Van Wonterghem 1984, p 48, n 20 313 Van Wonterghem 1984, p 48, n 12; per la descrizione dell’ edificio vd ibid , p 127-130 314 Van Wonterghem 1984, p 48, n 10; CIL IX, 6333, 6336 315 Viglietti 2008; Iaculli 2017; Liberatore 2017 Silio Italico, VIII 522; CIL IX, 3022; CIL IX, 3044 Secondo Buonocore, Firpo 1991, p 100 Teate divenne municipium durante la guerra sociale e mantenne anche in seguito tale status giuridico 316 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 378 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 8: Teate, posizionamento degli edifici antichi nell’ area della città moderna. Crediti/fonte: Liberatore 2017. A Teate è stato individuato l’ asse centrale della città, che correva parallelo all’ attuale corso Marrucino, spostato di 6 m verso est rispetto a questo e corrispondente al tratto urbano della via Valeria La gran parte degli edifici antichi rinvenuti, quali un edificio termale, il teatro e tre tempietti lungo il lato lungo nord-occidentale dell’ ipotetica piazza forense, si colloca alla metà del I sec d C 317 Pochi ma di estremo interesse sono i dati sulla fase precedente, riferibili in particolare a strutture di carattere sacro Sulla Civitella, una zona ad ovest e più elevata rispetto alle evidenze di età imperiale, una porticus in opera reticolata di età cesariana interseca una struttura sacra più antica (il c d edificio De Chiara), costituendone il terminus ante quem relativo alla sua dismissione 318 La struttura non si è conservata, ma gli elementi di decorazione architettonica in terracotta permettono la ricostruzione di un frontone con la Triade capitolina, oltre a due frontoni, uno con i Dioscuri e Coarelli, La Regina 1984, p 143-151; Sommella 1988, p 180-181 Teate divenne municipium subito dopo la guerra sociale e rimase tale anche in età imperiale: su Teate vd anche Gabba 1972, p 100; Buonocore, Firpo 1991, p 392 317 318 Liberatore 2017 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 379 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) l’ altro con Apollo, Ercole e le Muse, questi ultimi due collocati alla prima metà del II sec a C 319 La costruzione del capitolium della città potrebbe riferirsi invece ad una fase subito successiva alla guerra sociale, in concomitanza con l’ istituzione del municipium 320 E’ stato inoltre ipotizzato che la sua costruzione sia dovuta a uno dei membri della famiglia degli Asinii 321 Il culto capitolino probabilmente fu spostato in età imperiale nella zona orientale della città presso l’ area forense con la costruzione alla metà del I sec d C di tre tempietti su alto podio interpretati non senza riserve come capitolium 322 Anche i tempietti si impostano su strutture in opera quadrata riconducibili a una struttura sacra precedente, cui sarebbero da riferire terrecotte architettoniche del II sec a C 323 All’ angolo occidentale della piazza del foro è stato individuato un tempio tetrastilo prostilo in antis contemporaneo ai tre tempietti, nella cui costruzione sono stati reimpiegati blocchi di tufo riconducibili a un edificio precedente, con funzione sacra, se si attribuiscono a questo edificio alcune terrecotte architettoniche datate tra la fine del II sec a C e l’ inizio del I sec a C , oppure da interpretare come curia se si esclude un legame con le terrecotte architettoniche 324 E- Alba Fucens, Marruvium e Anxa Una microregione distinta è caratterizzata dal lago del Fucino e i municipia a esso afferenti, corrispondenti alle zone delle popolazioni dei Marsi e in parte degli Aequi Dopo la guerra sociale vennero istituiti in quest’ area tre municipia: Marruvium sulla sponda orientale del lago Fucino in una zona verosimilmente non abitata in precedenza, Anxa sulla sponda occidentale, su di un sito dove dal III sec a C sorgeva un santuario consacrato alla divinità italica Angitia e l’ antica colonia di Alba Fucens a nord, lungo la via Valeria La colonia latina di Alba Fucens fu fondata nel 303 a C per controllare la regione della popolazione italica degli Equi lungo la Via Valeria, la cui costruzione 319 Liberatore 2017, p 157-160 320 Liberatore 2017, p 160-161 321 Liberatore 2017, p 161-163 322 Iaculli 2017, p 108-115; Liberatore 2017, p 158-165 323 Liberatore 2017, p 164 324 Iaculli 2017, p 115 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 380 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) può essere collocata con verosimiglianza nel 307 a C (fig. 9) 325 La città è divisa da assi stradali in blocchi regolari di forma allungata e risulta munita da mura in opera poligonale costruite nel momento della fondazione della città; a questa fase sono state riferite anche la rete stradale urbana e le porte urbiche 326 Tra la cosiddetta Via del Miliario e Via dei Pilastri è situato il foro, con i principali edifici di carattere civile: il comitium e il diribitorium ritenuti contemporanei alla fondazione della colonia, e la successiva basilica di fine II-inizio I sec a C , impostata su di una zona verosimilmente già in precedenza funzionalizzata ad area pubblica;327 più a sud si trova il santuario di Ercole, le cui terrecotte architettoniche lasciano ipotizzare una prima fase già a partire dal III sec a C 328 Tale complesso è da interpretare verosimilmente come un forum pecuarium 329 A nord-ovest del santuario vi sono edifici più tardi, in particolare un complesso con il macellum del I sec a C e le terme di cui è attestata una fase di II sec d C Le altre strutture poste lungo le strade sono tabernae e abitazioni, di cui emerge con sicurezza una fase medio-imperiale 330 L’ antica Marruvium, oggi situata nel comune di San Benedetto dei Marsi, in Abruzzo, è collocata invece direttamente sulla sponda orientale del Lago Fucinus, non lontano dalla via Valeria e lungo il fiume Giovenco Inserito nell’ elenco di Plinio il Vecchio il municipium è retto da quattuorviri, carica documentata fino ad età tiberiana,331 e di conseguenza con verosimiglianza sorto nel periodo successivo la guerra sociale 332 Rimangono comunque ad oggi nulli i dati archeologici relativi alla fase precedente la guerra sociale Differente invece la situazione per ciò che riguarda il periodo successivo a questa, quando Marruvium divenne municipium Livio, IX, 45; X, 1, 1-2; In particolare una sintesi relativa alle vicende di scavo nel sito di Alba Fucens si trovano in Balty 2012 325 326 Liberatore 2004, p 132 327 Liberatore 2004, p 135-141 328 De Visscher et al. 1963; Liberatore 2014 Coarelli, La Regina 1984, p 87 I materiali rinvenuti nell’ area del santuario lasciano ipotizzare un’ area sacra in questo luogo già a partire dal III sec a C , mentre le strutture risalgono solo al I sec a C L’ ipotesi del forum pecuarium non viene accettata da D Liberatore, che ritiene l’ apparato scultoreo troppo ricco per una tale interpretazione: Liberatore 2014 329 330 Di Cesare, Liberatore 2017 331 CIL IX, 3664 e 7678 332 Plinio, Naturalis historia, III, 106 Per una discussione a riguardo vd Letta 1988, p 206-207 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 381 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 9: Alba Fucens, planimetria. Crediti/fonte: Mertens 1969. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 382 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 383 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 10: Marruvium, probabile estensione del municipium con indicazione delle evidenze archeologiche. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. 333 Per una sintesi critica delle evidenze vd Blasetti Fantauzzi 2016; Blasetti Fantauzzi 2019 CIL IX, 3688; Letta, D’ Amato 1975, n 49: Octavius Laenas [.] Cervasius P.f. IIIIvir(i) quinq. viam post Capitolium silice sternend(am) ex d.d. locarunt idemq(ue) probar(unt) Per la collocazione vd Coarelli, La Regina 1984, p 101 334 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Il centro presenta un’ organizzazione ortogonale all’ interno di un’ area compresa tra un ramo del fiume Giovenco a nord, un tratto di cinta muraria a sud, due monumenti funerari a torre a ovest e alcune tombe del I sec a C a est, dove poi verrà impostato l’ anfiteatro di età augustea (fig. 10) 333 A Marruvium è attestato su base epigrafica anche un capitolium della fine dell’ età repubblicana, da collocare con buona probabilità presso l’ attuale Chiesa di Santa Sabina nel centro del paese di San Benedetto dei Marsi 334 Una serie di strutture in opera reticolata, riferite ad edifici sia privati che pubblici, indicano una strutturazione della città nel periodo subito successivo alla municipalizzazione e una monumentalizzazione in età augustea In particolare lungo via Vittorio Veneto è attestata una ricca domus nei pressi dell’ area pubblica della città © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) La fondazione ex nihilo del municipium Marruvium si è resa necessaria con verisimiglianza per sfruttare il territorio lungo la sponda orientale del lago 335 Il lago, così come la vicinanza all’ unico fiume della regione e più in generale quindi il complesso delle risorse naturali, hanno probabilmente giocato il ruolo decisivo per il posizionamento del sito Dirimente inoltre è stato certamente anche il rapporto con la rete stradale, poiché Marruvium era collegato alla via Valeria, situata a non molta distanza, ed era inoltre in comunicazione con le strade che gravitavano intorno al lago La posizione strategica rispetto alla disponibilità di risorse e il buon collegamento con il territorio sono stati probabilmente i criteri dirimenti alla base di tale nuova fondazione Sulla sponda del lago opposto a Marruvium è situato invece un complesso sacro ricondotto al culto della dea italica Angitia, intorno al quale venne organizzato dopo la guerra sociale uno spazio urbano, che divenne municipium, con il nome di Anxa, come attesta la notizia di Plinio 336 Il municipium, disposto su terrazze lungo le pendici scoscese e rocciose del monte Penna, si allargò dopo il 52 d C , acquisendo parte delle terre bonificate da Claudio 337 Non si hanno dati sufficienti per delineare le caratteristiche del sito urbano o la sua estensione In località il Tesoro presso l’ attuale paese di Luco dei Marsi è stata individuata l’ imponente area sacra, nella parte orientale del monte Penna, disposta su terrazze rivolte verso il Fucino ai piedi di un balzo roccioso e all’ interno di un circuito murario in opera poligonale datato per la tecnica muraria di III e IV maniera al IV sec a C Tale area è stata identificata con il Nemus Angitiae di cui riferisce Virgilio nell’ Eneide, luogo legato sia ai serpenti sia alle sue caratteristiche magiche, curative e di fertilità 338 Il complesso è considerato nella letteratura come il santuario federale dei Marsi, mentre il nome della dea nella più antica attestazione è A(n)ctia da cui deriverebbe il nome del municipium F- Iuvanum e Larinum Così come per il caso di Anxa, nell’ ambito dell’ impostazione dei municipia, sono attestati alcuni casi di santuari con una valenza territoriale scelti come sede per le nuove città Tali santuari vengono monumentalizzati nel II secolo a C e si trovano in 335 Blasetti Fantauzzi 2019; Blasetti Fantauzzi 2020 336 Plinio, Naturalis historia, III, 106 Di diverso avviso S Sisani, che colloca il sito di Anxa presso Scanno, per la presenza di iscrizioni che menzionano i decuriones (CIL IX, 3088; 3093) e un quattuorvir (CIL IX, 7143): Sisani 2021, p 45, nota 30 337 338 Virgilio, Eneide, VII, 755-760 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 384 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 385 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 11: Iuvanum, planimetria dei templi A e B. Crediti/fonte: Fabbricotti 1997. Un sito importante in questo senso è quello di Iuvanum nel territorio dei Carricini L’ insediamento, situato su di un plateau ad un’ altitudine di 1 000 m, Alcuni di questi santuari furono definitivamente abbandonati dopo la guerra sociale, come il santuario di Monte Rinaldo nel Picenum e quello di Pietrabbondante nel Sannio Riguardo al santuario di Pietrabbondante vd Strazzulla 1971; La Regina 1976; La Regina 1984; Coarelli, La Regina 1984, p 230256; Stek 2009, p 40-43 Monte Rinaldo è stato oggetto di recenti scavi archeologici, che hanno permesso di delineare con precisione le sue fasi di frequentazione: Demma 2019, p 343-344; Giorgi et al. 2020 339 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) punti territoriali importanti lungo le rotte della transumanza, risultando poi inglobati nei nuovi municipia 339 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) presenta una fase di frequentazione a partire dal IV sec a C fino al VI sec d C 340 A partire dal III sec a C è attestato un santuario sannita Durante il III o il II sec a C fu costruito un temenos di forma poligonale (fig. 11) All’ interno dell’ area terrazzata, sono stati posti due templi allineati tra di loro, rivolti a sud-est dove è situato l’ ingresso 341 Alla fine del II secolo a C , il santuario fu completato da un teatro di pietra locale, che potrebbe essere stato utilizzato per spettacoli, riunioni religiose, civili e politiche 342 Il sito di Iuvanum presenta una continuità di frequentazione durante il periodo della municipalizzazione Nella parte settentrionale della collina del santuario, su di un altopiano, viene infatti impostato il foro del municipio (fig. 12) Lo spazio forense risulta di piccole dimensioni (67 x 27 m), con la via d’ accesso che collega il foro con l’ area rialzata dei templi Nell’ area settentrionale è presente una basilica, la cui costruzione, sulla base di un’ iscrizione in cui si menzionano anche un tribunal e altri edifici ma in cui non è possibile riconoscere il nome dei costruttori, è stata fatta risalire alla concessione dello statuto municipale 343 Il foro presenta poi una monumentalizzazione di età giulio-claudia, come attesta un’ iscrizione pavimentale bronzea su tre lastre, rivenuta lungo l’ asse minore mediano del foro datata al 49 d C , che menziona C Herennius Capito, a cui si deve la pavimentazione dell’ area 344 Alcune strutture a sud della piazza, allineate con il foro di forma pseudo-rettangolare, sarebbero da collegarsi alle pratiche cultuali del santuario 345 In generale su Iuvanum vd Fabbricotti 1990; Fabbricotti 1992; Fabbricotti 1997; Fabbricotti 2008; Lapenna 1997; Lapenna 2006 Il nome del municipium è noto da fonti epigrafiche tarde del 352/357 d C (CIL IX, 2956) 340 Un primo tempio (A) fu costruito nel III o nella prima metà del II sec a C nella parte centrale del recinto sacro All’ inizio del II sec a C , il secondo tempio (B) fu costruito parallelamente al primo, a una distanza di circa 4 m a nord di esso Le datazioni fornite in vari contributi di E Fabricotti e S Lapenna sono differenti In Fabbricotti 2008 si parla di un temenos costruito nel corso del III sec a C , con il tempio A anch’ esso datato nel III sec a C , mentre in Lapenna 1997 la datazione è più tarda, spostata alla prima metà del II sec a C Verosimilmente si deve ritienere valida quest’ ultima datazione, poiché proposta in tutte le pubblicazioni successive allo scavo 341 342 La datazione del teatro non è certa, tenuto conto che la documentazione di uno scavo effettuato negli anni Quaranta del Secolo scorso è andata persa 343 CIL IX, 2961; Jouffroy 1986, p 49; Paci 1990, p 56; Gros 1996, p 244; Walthew 2002, p 45-52 Sull’ iscrizione oltre che per la posizione dell’ iscrizione, la planimetria del foro e i confronti con altri siti della penisola vd Iaculli 1990 Vd anche Firpo 1997 344 Un certo numero di altre strutture indicano un’ occupazione precedente a questa fase La loro funzione, tuttavia, non è chiara È stato ipotizzato possano aver avuto una funzione abitativa Queste (stanze I, L, K, 345 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 386 387 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 12: Iuvanum, foro e basilica. Crediti/fonte: Gros 1996. L’ osservazione di questi esempi mostra in modo evidente come lo spazio forense sia stato impostato al momento della nascita dei municipia, diventando un elemento costitutivo di queste città La connessione tra foro e processo di municipalizzazione risulta evidenziata anche dal fatto che in alcune città fondate in una fase anteriore alla guerra sociale e quindi già strutturate, il foro sembra svilupparsi solo in concomitanza con la municipalizzazione Una situazione piuttosto simile è attestata a Larinum nell’ area dei Frentani, dove il foro è sovrapposto a un quartiere abitativo più antico J, W, X, Z) hanno un orientamento diverso dalle strutture del periodo giulio-claudio collocate nell’ angolo sudorientale del foro (strutture A, B, C, D, G) e sono parzialmente intersecate dalla strada del foro DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 388 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 13: Larinum, prima fase del foro. Crediti/fonte: Caliò et al. 2012. Figura 14: Larinum, seconda fase del foro. Crediti/fonte: Caliò et al. 2012. 346 Su Larinum vd in particolare De Felice 1994; Caliò et al. 2012; Robinson 2021 347 Caliò et al. 2012, p 174 348 Caliò et al. 2012, p 173-174 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Sono documentate tre aree con differenti orientamenti all’ interno della città 346 La più recente di queste, relativa al foro, indica una riorganizzazione urbanistica nel contesto della municipalizzazione (fig. 13) Il foro, costruito nella sua prima fase all’ inizio del I sec a C , presenta una planimetria piuttosto semplice, con una struttura a pettine con stanze rettangolari, situata su uno dei lati corti della piazza (50 x 100 m) e preceduta da un portico, con una funzione verosimilmente commerciale 347 Nel periodo augusteo, il foro fu ampiamente rimodellato e dotato di monumenti onorari, rivelando così una maggiore attenzione alle funzioni di rappresentanza, nel cui contesto fu costruita anche un’ area absidata (fig. 14) 348 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 389 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) I dati topografici dei municipia lasciano emergere come questi siano nella gran parte situati in zone pianeggianti o leggermente elevate e quasi costantemente nei pressi di corsi d’ acqua (fig. 15) E’ possibile infatti individuare un rapporto con il sistema fluviale costituito dal corso d’ acqua principale oppure dalla media o alta valle di un fiume Nel caso di Sulmo il municipium è a fondovalle tra due fiumi che ne costituiscono anche il confine topografico lungo i due lati Allo stesso modo Marruvium sembrerebbe evidenziare confini naturali in due rami del fiume Giovenco Alcuni municipia sono disposti in posizione strategica, in zone collinari in prossimità di fiumi Teate è situata su un colle tra i fiumi Pescara a ovest e Alento a est, Hadria su un plateau tra i fiumi Piomba e Calvano e Larinum presso la Valle del Biferno Interamna Praetuttianorum è situata anch’ essa su una terrazza fluviale di forma trapezoidale delimitata a Nord e a Est rispettivamente dai fiumi Vezzola e Tordino 349 Direttamente sulla costa sono collocati pochi municipia, tra cui quelli di Hortona e Histonium 350 Figura 15: Il contesto geografico dei municipia dell’ Italia centrale. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. 349 Migliorati 1976, p 246 Indicativo anche il toponimo 350 Sulla collocazione topografica di tali municipi si hanno solo dati epigrafici DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 3- Il rapporto dei municipia con il sistema fluviale e quello viario © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Spesso i fiumi vengono utilizzati anche come confini territoriali, come nel caso di Hadria, Angulum351 e Pinna Vestinorum Verso l’ interno, la vicinanza a un corso d’ acqua o la collocazione lungo una valle fluviale risultano essere allo stesso modo una caratteristica quasi generale Aveia si trova presso il fiume di Fossa, affacciato sulla Valle dell’ Aterno La presenza di una falda acquifera e la conseguente disponibilità di acqua e di facilità nell’ approvvigionamento idrico deve aver contributo anche alla scelta del luogo per l’ impianto del centro romano di Peltuinum, oltre alla posizione su un vasto pianoro all’ interno di una conca intramontana 352 Le valli fluviali costituiscono nel contempo un elemento di collegamento tra i vari municipia come si evince dai municipia situati nella valle del Sangro, quali Aufidena nell’ alta valle del Sangro e Iuvanum e Anxanum (Lanciano)353 lungo la media e bassa valle del Sangro, mentre Histonium (Vasto) gravita sul Trigno, alla cui foce è vicino Nella parte appenninica più interna hanno lo stesso ruolo le Valli dell’ Aterno, la Valle del Sagittario e la Valle Roveto Un caso diverso è quello dei municipia nati intorno all’ antico lago del Fucino, ora bonificato e usato per scopi agricoli, lago che costituiva nell’ antichità la risorsa naturale più significativa della zona in particolare per i municipia di Marruvium e Anxa L’ altro fattore che si può riscontrare nella collocazione dei municipia è il rapporto con il sistema viario romano, sia con le strade romane principali sia con i loro diverticoli e, soprattutto per ciò che riguarda l’ area interna appenninica, con i percorsi della transumanza (fig. 16) 354 351 La collocazione topografica del municipium di Angulum è su base epigrafica 352 Migliorati 2007, p 108-111; Migliorati 2008, p 342; Migliorati 2011, p 2-4 353 La collocazione topografica del municipium di Anxanum è su base epigrafica Per le strade romane è stato utilizzato McCormick et al. 2013 Le rotte della transumanza sono state digitalizzate secondo quelle tracciate in van Wonterghem 1992 354 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 390 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Figura 16: Il sistema viario dei municipia dell’ Italia centrale. Strade romane (rosso); diverticoli (giallo); strade della transumanza (tratteggiate). Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. Significative in questo contesto si dimostrano la via Caecilia,355 prolungamento della Salaria, che collega Roma con l’ Adriatico passando per Interocrium, Forum, Amiternum fino a Hadria, e la Via Valeria che passando per Carseoli, Alba Fucens, Corfinium arriva fino a Teate e alla costa adriatica Da quest’ ultima si dipanano diverticoli che collegano Alba Fucens con Antinum verso Sora; Marruvium con Aufidena; Corfinium con Sulmo, Aufidena, Aesernia fino a Saepinum I municipia sulla costa sono invece collegati tra di loro tramite la strada costiera che da Castrum Novum passa per Hortona e proseguendo per Histonium arriva ad attraversare Larinum 355 Sulla via Caecilia vd Guidobaldi 1995, p 293-313 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) 391 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Particolarmente significative si presentano le rotte della transumanza su cui sono collocati i centri di Amiternum e Peltuinum, rotte che passando per Anxanum e Larinum arrivano fino ad Arpi L’ altra rotta nord-sud è costituita dalla strada CelanoFoggia, lungo la quale è collocata Sulmona La terza grande strada di transumanza è quella che da Aufidena passando per Aesernia si dirige verso Saepinum 356 Il sistema stradale nel suo insieme, come le vie della transumanza, sembrano quindi aver agito come catalizzatori per lo sviluppo di queste città, in tutta l’ area appenninica e adriatica dell’ Italia centrale I municipia, situati generalmente nella valle, vicino ai fiumi e nei pressi di strade e tratturi permettono, infatti, sia un migliore uso agricolo dell’ area circostante sia di trarre profitto dall’ allevamento intensivo del bestiame, con il controllo dei relativi mercati, che giocava un ruolo rilevante nelle dinamiche economiche dell’ Italia centrale tardorepubblicana 357 4- Osservazioni conclusive Sulla scorta dei dati archeologici presentati, la municipalizzazione in Italia centrale non sembrerebbe essere stata un processo lento e frammentario, come in genere supposto, ma più verosimilmente un processo controllato e organizzato centralmente da Roma L’ istituzione dei municipia coincide, infatti, in molti casi con una nuova organizzazione urbanistica Gli edifici pubblici non sono solo monumentalizzati con atti evergetici, ma in molti casi vengono costruiti solo a partire dalla fase municipale Più in generale, in alcuni casi gli stessi centri furono più probabilmente fondati solo durante la municipalizzazione piuttosto che semplicemente monumentalizzati in questa fase, come mostra chiaramente il caso di Marruvium In questo contesto anche insediamenti già esistenti furono elevati a municipia Si tratta, soprattutto di colonie latine più antiche e di alcuni insediamenti situati lungo le vie della transumanza o in generale in punti strategici del sistema stradale romano Tali centri mostrano in ogni caso una chiara e radicale ristrutturazione dal punto di Molto probabilmente da un’ indagine di superficie effettuata nel territorio del Fucino sarebbe da individuare un’ ulteriore rotta in quella che da Marruvium si ricollega ad Aufidena, così come una strada parallela, la c d via Pecorale, che da Anxa attraversa la Vallelonga per giungere anch’ essa ad Aufidena In alcuni casi le rotte stradali coincidono con quelle della transumanza (Blasetti Fantauzzi 2016; Blasetti Fantauzzi 2020) 356 357 Esempi sono il forum pecuarium di Alba Fucens, Nursia e Forum Novum DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 392 393 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) vista urbanistico, nell’ ambito della quale si assiste alla realizzazione dell’ area del foro e degli edifici funzionali alla gestione della vita amministrativa e politica del municipium La radicale riorganizzazione degli insediamenti più antichi può essere spiegata in relazione alla funzione che i municipia venivano a svolgere L’ analisi della struttura di questi centri, infatti, sembrerebbe evidenziare in primo luogo un loro coinvolgimento nell’ amministrazione e nello sfruttamento delle risorse dei territori Roma aveva infatti necessità di strutturare dei nuovi poli politico-amministrativi in Italia Si spiegano quindi in relazione al loro carattere principalmente amministrativo le dimensioni relativamente ridotte di molti di questi centri Riguardo ai centri di cui è possibile riscostruire la planimetria, emerge chiaramente una organizzazione ortogonale del loro spazio urbano con dimensioni ridotte, che supera raramente i 20 ettari Il municipium presenta in genere soprattutto il foro e alcune strutture pubbliche Significativa in questo senso è la connessione tra la strutturazione dei fora e l’ istituzione dei municipia Il foro si configura, infatti, come elemento essenziale e dirimente per i municipia, sottolineando ulteriormente la natura amministrativa ed economica di tali centri A ciò si aggiungono gli edifici pubblici connotanti la città, quali ad esempio i capitolia di Teate e Marruvium o la basilica di Iuvanum I contesti residenziali finora identificati sostanziano ulteriormente questo quadro, tenuto conto che si tratta in genere di singole domus, ricche e di grandi dimensioni Esempi importanti in questo senso sono la domus di via Vittorio Veneto a Marruvium e le ricche domus di Intermana 358 Tali edifici sono di norma situati nelle vicinanze del foro, mentre le aree suburbane sembrano non essere occupate, almeno nelle prime fasi della municipalizzazione La popolazione continua a vivere nelle campagne circostanti, probabilmente in piccoli insediamenti, in villae e fattorie, come prima della municipalizzazione Si potrebbe con verosimiglianza interpretare queste domus come sede di magistrati o edifici con funzioni pubbliche, per la loro vicinanza al foro e ai suoi monumenti 359 Un ulteriore elemento da sottolineare è relativo alla centralità da riconoscere ai grandi santuari tardorepubblicani per la localizzazione di alcuni municipia Il municipium come visto viene istituito nei pressi di alcuni di questi: nel caso di Iuvanum 358 Blasetti Fantauzzi 2016 Alla stregua della condivisibile interpretazione fornita da S Sisani su alcuni casi di singole domus in municipia di area umbra (Sisani 2014) 359 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 394 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 18.204.76.124) Bibliografia Abbreviazioni ILS = Dessau H , Inscriptiones Latinae Selectae, Berlin, 1892-1916 Studi Azzena G (1987), Atri Forma e urbanistica, Roma Balty J C (a cura di) (2012), Belgica et Italica. Atti del Convegno in memoria di Joseph Martens, Bruxelles Bianchi F (2009), “Contributo all’ architettura templare di epoca augustea: il tempio di Apollo a Peltuinum: osservazioni su modelli, maestranze e tradizione decorative”, Studi romani, 57, p 126-152 Bispham E (2007), From Asculum to Actium. 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Les concepts en sciences de l’Antiquité : mode d’emploi Chronique 2023 – Ethnogenèses romaines Responsable Anca Dan, Contributeurs Encarnación Castro-Páez, Salvatore De Vincenzo, Chiara Blasetti Fantauzzi, Florence Dupont, Alexandre Grandazzi, Gonzalo Cruz Andreotti Dans Dialogues d'histoire ancienne 2023/1 (49/1), (49/1) pages 269 à 400 Éditions Presses universitaires de Franche-Comté © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Article disponible en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-dialogues-d-histoire-ancienne-2023-1-page-269.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. Distribution électronique Cairn.info pour Presses universitaires de Franche-Comté. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) ISSN 0755-7256 DOI 10.3917/dha.491.0269 Dialogues d’ histoire ancienne, 49/1, 2023, 269-400 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Responsable Anca Dan ORCID: 0000-0001-6468-9327 AOROC, CNRS-ENS-EPHE, Université PSL anca-cristina dan@ens fr Florence Dupont Université Paris Diderot-Paris 7 latinjussieu@orange fr Alexandre Grandazzi Sorbonne université, EDITTA – UR 1491 alexandre grandazzi@sorbonne-universite fr Gonzalo Cruz Andreotti ORCID : 0000-0002-4477-0715 Universidad de Málaga, España g_andreotti@uma es Contributeurs Encarnación Castro-Páez ORCID : 0000-0003-4528-0870 Universidad de Málaga, España e castro@uma es Salvatore De Vincenzo Università degli Studi della Tuscia devincenzo@unitus it Chiara Blasetti Fantauzzi Freie Universität Berlin, Deutschland chiara blasetti fantauzzi@fu-berlin de I- Introduction : Rome et la reconfiguration perpétuelle de la mémoire Les plus anciennes cartes du monde que nous avons conservées ne montrent pas le monde tel que leurs auteurs médiévaux le voyaient autour d’ eux Elles sont une transfiguration du rôle que leurs auteurs assignaient à l’ Empire romain, comme socle de la culture latine et chrétienne, diffusée tout autour de la Méditerranée Sur la plus fameuse d’ entre elles, la mappemonde d’ Hereford1, Jérusalem terrestre surmontée par Christ sur sa croix occupe le centre d’ une autre grande croix – le T formé par les 1 Https://www themappamundi co uk/mappa-mundi/ DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi Chronique 2023 – Ethnogenèses romaines Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 270 mers intérieures, entre l’ Europe, l’ Asie et l’ Afrique La ville est stylisée sous une forme circulaire, au milieu du « cercle des terres » (orbis terrarum) qui n’ en a jamais été un, en dehors des visions pythagoriciennes et platoniciennes de la création divine, donc parfaite De fait, même si le dessin peut correspondre au Dôme du Rocher (un octogone comprenant une coupole soutenue par 16 colonnes) cette représentation n’ est qu’ une transposition graphique de la parole du Seigneur, selon Ezéchiel 5:5 : ista est Hierusalem in medio gentium posui eam et in circuitu eius terras © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Cette centralité, de même que les deux roues concentriques (selon Ezéchiel 10) peuvent être directement inspirées des cartes babyloniennes2 Comme elles, la mappemonde médiévale d’ Hereford ne sert pas au voyage réel, mais intellectuel Elle donne à voir, en une seule image, des lieux du Nouveau et de l’ Ancien Testament, à l’ intérieur des limites de l’ Empire d’ Auguste, recensé selon l’ évangéliste Luc (2:1) au moment de la naissance du Christ À la fin du xvie siècle, dans le premier atlas moderne, le Theatrum orbis terrarum, Abraham Ortelius fait voir une image de l’ Empire plus facilement reconnaissable pour nous, Modernes3 Tout en reprenant l’ orientation au Nord avec les coordonnées de latitude et longitude de la tradition ptoléméenne ainsi que la légende de Delphes, nombril du monde4, Ortelius veut montrer les limites de l’ État romain, enraciné dans la généalogie mythique de ses sept rois, qu’ une divina mens civitatem populi Romani egregia temperataque regione collocavit, uti Orbis terrarum imperio potiretur5 divine intelligence a établi dans une région exceptionnellement tempérée, pour maîtriser dans son empire l’ ensemble des terres À travers Vitruve, l’ architecte de l’ Antiquité romaine adulé à la Renaissance, Ortelius revient à la carte mentale grecque du ve siècle avant J -C , et à la théorie hippocratique du meilleur lieu, source de supériorité politique et civilisationnelle 2 E. g. BM 92687 : https://www britishmuseum org/collection/object/W_1882-0714-509 3 Https://upload wikimedia org/wikipedia/commons/e/eb/Romani_Imperii_Imago jpg 4 E. g. Pindare, Pythique, IV, 6 ; Eschyle, Euménides, 39-40 ; Euripide, Ion, 222-223 ; Pausanias, X, 16, 3 5 Vitruve, Sur l’ architecture, VI, 1, 11 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) C’ est là cette Jérusalem que j’ avais placée au milieu des nations et des pays d’ alentour 271 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Ces deux exemples illustrent la manière dont les textes et les images de différentes époques, également ancrés dans l’ héritage gréco-romain et judéo-chrétien, ne correspondent ni aux temps dont ils veulent rendre compte, ni à la réalité dans laquelle ils ont été créés Ce sont des synthèses des savoirs livresques et architecturaux éparses, disponibles à un certain moment, modelées selon la compréhension et l’ intention exégétique de leurs auteurs De fait, rien de plus banal que la recomposition de la mémoire dans les différentes civilisations humaines, familières de l’ écriture6 Le phénomène reste toutefois difficile à déchiffrer pour l’ Antiquité préchrétienne, dont nous avons conservé moins de textes et de traces archéologiques qui ne soient pas remaniées par la « romanisation », surtout au cœur de l’ Empire Alors que tant d’ autres l’ ont tenté avant nous, pouvons-nous, à l’ intérieur de ce monde méditerranéen, de tradition latine et chrétienne, retrouver les racines du peuple dont nous nous sommes revendiqués pendant deux millénaires, et de sa langue, qui a façonné directement ou indirectement nos langues nationales et toute notre manière de penser en nations ? Dans un ensemble de sources historiques biaisées par des manipulations politiques de différentes époques et à travers les découvertes des archéologies nationales, pouvons-nous saisir « what have the Romans done for us? »7 Re-comparer Rome et Jérusalem ? Malgré l’ abondance de la bibliographie, l’ histoire et l’ archéologie de l’ Occident romain n’ ont pas totalement accompli leur révolution processuelle, comme a pu le faire, à titre d’ exemple, l’ archéologie israélienne En dépit de la pression nationaliste, cette dernière s’ est clairement délimitée de l’ historisme et de l’ archéologie biblique Voir Assmann (Assmann, Czaplicka 1995), qui a construit son argumentation sur la « mémoire culturelle » sur les théories sociologiques concernant la « mémoire collective » de Maurice Halbwachs et Aby Warburg, en mettant en avant la dimension politique qui stabilise ce type de mémoire Aussi Assmann 1998, 2005 6 Allusion à la scène du film Monty Python’ s Life of Brian, inspirée du débat entre le Rabbi Yehuda et le Rabbi Shimon dans le Shabbat 33b : « Rabbi Yehuda parla ainsi : Qu’ est-ce qu’ ils sont agréables les faits de ce peuple (i. e. les Romains) : ils ont fait des marchés, des ponts, des bains Rabbi Yosei s’ est tut Rabbi Shimon ben Yoḥai a répondu : tout ce qu’ ils ont fait, ils l’ ont fait pour leurs intérêts Ils ont faits des marchés, pour y mettre des prostituées ; des bains, pour se faire laver ; des ponts, pour prendre des taxes de ceux qui les traversent » ‫ נַ ֲענָה‬.‫שׁתַ ק‬ ָ ‫ ַר ִבּי יֹוסֵי‬.‫ תִ ּקְנּו מ ְֶר ֲחצָאֹות‬,‫ש ִׁרים‬ ָ ְּ‫ תִ ּ ְקּנּו ג‬,‫שוָוקִים‬ ׁ ְ ‫ תִ ּ ְקּנּו‬:‫שׁל אּו ָמּה זֹו‬ ֶ ‫שׂיהֶן‬ ֵ ‫ ַכּ ָמּה נָאִים ַמ ֲע‬:‫ָפּתַ ח ַר ִבּי י ְהּודָ ה וְָאמַר‬ — ‫ מ ְֶר ֲחצָאֹות‬,‫שׁיב ָבּהֶן זֹונֹות‬ ִ ‫שׁוֹוקִין — לְהֹו‬ ְ ‫ תִ ּ ְקּנּו‬.‫ְצֹורְך ַע ְצמָן‬ ֶ ‫ ֹלא תִ ּ ְקּנּו ֶא ָלּא ל‬,‫שׁתִ ּ ְקּנּו‬ ּ ֶ ‫ ׇכּל מַה‬:‫שׁמְעֹון ֶבּן יֹוחַאי וְָאמַר‬ ִ ‫ַר ִבּי‬ ‫ש ִׁרים — לִיּטֹול ֵמהֶן ֶמכֶס‬ ָ ְּ‫ ג‬,‫ ְלעַדֵ ּן ָבּהֶן ַע ְצמָן‬. 7 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Elle a contesté les généalogies, et l’ héroïsation des Patriarches et des fondateurs de la ville et du Premier Temple – David et Solomon – au profit d’ une histoire plus sobre, plus conforme avec les sources littéraires et iconographiques assyriennes et égyptiennes Cette nouvelle narration qui s’ est imposée pendant les dernières décennies rend justice au rôle actif joué par les ennemis assyriens et ensuite babyloniens dans la construction d’ une Cité-État ( Jérusalem) et d’ un peuple (de Juda), qui a inscrit son identité historique dans des livres inspirés de ceux de ses voisins8 Deux cités aux marges des aires de cultures et des puissances militaires majeures du début de l’ âge du fer, qui s’ affirment à différents moments au milieu des conflits entre leurs voisins, Jérusalem et Rome peuvent être comparées avec succès pour comprendre l’ interrelation entre facteurs extérieurs et intérieurs dans le processus d’ ethnogenèse Les deux communautés se sont inventées comme étant issues des migrations pour lesquelles il n’ y a aucune base historique et archéologique : il n’ y a pas d’ Exode tel qu’ on peut le lire dans la Bible, ni de migration troyenne ou grecque, comme la racontent Virgile et Ovide Il y a en revanche des déplacements, des échanges et des conflits, qui agissent comme des forces centripètes pour la constitution de Cités-États, lesquelles empruntent et recréent à leur manière le modèle étatique des ennemis – Babyloniens et Étrusques Au final, les deux villes peuvent être vues comme des réponses opposées au modèle hégémonique d’ Alexandrie : de retour de leur exil babylonien, les Juifs se groupent autour de leur Temple et s’ opposent à la pression de l’ hellénisation Les Romains, hésitant entre leurs origines latines, étrusques et grecques dans leur middle ground italique, s’ affirment comme un asile des peuples, microcosme capable de prendre la tête de tous les autres ethnè Le but des débats inclus dans cette chronique est d’ actualiser les discussions autour des ethnogenèses romaines Puisque nous vivons dans des États-Nations, résultats de l’ évolution séculaire des nations modernes avec des racines antiques et médiévales, nous avons tendance à oublier que l’ humanité a connu d’ autres formes d’ organisation que l’ ethnos La définition de l’ ethnicité grecque dans les Histoires d’ Hérodote9, par l’ identité généalogique, linguistique, religieuse et plus généralement culturelle, nous fait oublier que ce modèle n’ est pas commun dans les civilisations anciennes mais que sa première définition est une réaction grecque devant le danger achéménide Si certains empires – comme les Égyptiens et les Hittites – ont pu exprimer une unité ethnique, Voir en particulier les travaux d’ Israël Finkelstein avec Neil Asher Silberman (2002, 2006) et avec Thomas Römer (2013), pourtant fortement contestés par exemple par Dever 2005, Mazar 2009 8 9 Hérodote, VIII, 144 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 272 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 273 liée à la vallée d’ un grand fleuve, malgré la pluralité des communautés d’ origine dès l’ âge du bronze, d’ autres – comme les Sumériens ou les Aztèques – ont dû attendre le xixe siècle pour recevoir un nom ethnique de la part des savants De ces empires, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et ensuite les Macédoniens ont emprunté le principe dynastique, avec un roi qui par son charisme et sa généalogie peut dominer les autres chefs locaux Or, les Romains sont dans un cas encore différent : héritiers de tous les passés, ils ont pu reconstruire à répétition le leur, en se rapportant et en répondant aux autres © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Le dernier siècle a mis à notre disposition plusieurs outils méthodologiques qui nous permettent de questionner les origines plurielles des Latins et de l’ Empire de Rome autrement que par le comparatisme historique, qui remonte à l’ Antiquité Au début du xxe siècle, la phénoménologie nous a rendus attentifs à l’ expérience individuelle ou collective derrière les structures linguistiques-logiques ou topographiquesarchitecturales Émile Benveniste a reconnu que « rien n’ existe dans la langue sans exister d’ abord dans le discours » (nihil est in lingua quod non prius fuerit in oratione, en paraphrasant le célèbre dicton aristotélicien et empiriste de Thomas d’ Aquin : nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu)10 Par la suite, notre vision historique du latin a pu être remodelée selon les documents épigraphiques et littéraires, aussi étranges et peu normés furent-ils à l’ époque républicaine Nous avons pu distinguer la langue écrite de la langue parlée ou encore observer les interférences anciennes entre le latin et le grec11, les autres langues italiques et, plus récemment l’ étrusque et le punique12, auprès de locuteurs bi- ou plurilingues Conséquence directe de l’ approche phénoménologique appliquée aux vestiges matériels, l’ archéologie processuelle des années 1950-1960 a renoncé à la recherche déductive et ethnocentrique des « cultures archéologiques » qu’ on tentait à associer aux différents peuples historiques Cette nouvelle archéologie, inspirée par l’ anthropologie américaine, a mis l’ accent sur le structuro-fonctionnalisme (privilégiant la compréhension des actions individuelles et de groupe) et sur l’ écologie culturelle 10 Benveniste 1993, I, p 131, avec Coquet 1992 ; Margarito 1997 Thomas d’ Aquin, Sur la vérité, q 2 a 3 arg 19 11 E. g. Leiwo 1995 ; Biville 2001-2003 ; Adams 2003 ; Rochette 2010 12 Briquel 2019 ; Adams 1994 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) De nouveaux outils méthodologiques à l’ œuvre © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) (d’ où l’ archéologie du paysage et finalement la géoarchéologie) À Rome, l’ archéologie processuelle a donc mis un terme à la domination de l’ histoire de l’ art, qui faisait l’ histoire de l’ esthétique, et a favorisé la dimension sociale des monuments : grâce à elle, nous comprenons aujourd’ hui comment Rome a été construite et a pu construire13 Toutefois, en faisant usage des nouvelles techniques de datation (14C) et d’ analyse chimique et biologique, les processualistes ont pu être accusés de positivisme et d’ avoir oublié qu’ une fouille est avant tout le résultat de la pensée subjective de l’ archéologue C’ est ce qui a donné naissance aux courants post-processuels, dont le post-colonialisme, qui a changé la manière dont nous percevons aujourd’ hui l’ économie romaine, d’ abord dans les provinces et plus récemment à Rome14 Ensuite, certaines démarches postprocessualistes promeuvent la décentralisation de l’ Empire romain et limitent jusqu’ à exclure le terme de « romanisation » Poussé à l’ extrême, le post-processualisme a pu vider l’ expansion romaine de son contenu, en s’ interdisant tout usage des textes littéraires, forcément romano-centriques, dans le déchiffrement des « négociations » d’ hybridation culturelle15 Nouveaux débats Dans le contexte actuel d’ émiettement théorique de l’ archéologie (post-)postprocessuelle, le retour à la stratigraphie, reconstituée et datée plus précisément qu’ elle n’ a pu l’ être pendant les deux derniers siècles, est salutaire16 Ce tournant matérialiste, dans lequel s’ inscrivent les études de Salvatore de Vincenzo (sur la conquête romaine de la Sicile) et de Chiara Blasetti Fantauzzi (sur la conversion culturelle romaine du Samnium), peut être appliqué également à l’ histoire La lecture attentive aux détails philologiques des textes géographiques gréco-romains, sous le prisme critique des « middle range theories » (MRT), permet à Gonzalo Cruz Andreotti et à Encarnación Castro-Páez d’ observer les différents processus d’ ethnogenèses celtoibériques, au contact avec Rome Reste cependant l’ épineuse question de l’ ethnogenèse romaine, voire latine : à partir de quel moment les Romains se sont-ils vus comme Latins ? Alexandre Grandazzi et Florence Dupont prennent des partis opposés : tandis que Grandazzi met en avant la continuité de la culture archéologique latiale qui semble 13 E. g. Coarelli 1988, 1997, 2012 14 Cifani 2021 15 E. g. Terrenato 2019 16 E. g. Fernández-Götz, Maschek, Roymans 2020 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 274 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 275 correspondre aux textes historiques tout au long du premier âge du fer, Dupont remet en discussion le plurilinguisme des documents archaïques, qui nous obligent à nous interroger sur la fabrique de la mémoire romaine Ce dossier, hétérogène malgré son unité thématique, sa structure géographique et sa progression chronologique, est donc une invitation à réfléchir à la manière dont les Romains se sont inventés comme peuple latin et dont ils ont défini les autres ethnè (en Hispanie) avant de les latiniser et les « romaniser » (en Italie et en Sicile) © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Adams J N (2003), Bilingualism and the Latin Language, Cambridge Adams J (1994), « Latin and Punic in Contact? The Case of the Bu Njem Ostraca », The Journal of Roman Studies, 84, p 87-112 Assmann J (2005), Religion and Cultural Memory. 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Cité, état, peuple, ethnie ? Comment parler aujourd’ hui des collectivités antiques sans projeter sur elles nos catégories modernes, politiques ou culturelles ? Faut-il traduire les termes anciens ? Certains n’ ont aucun équivalent dans une langue moderne, comme gens ou nomen Est-il préférable de ne pas traduire et garder les termes latins et grecs ? Cette solution comporte un risque : superposer inconsciemment le mot français au mot grec ou latin qui en est à l’ origine, comme ethnie à ethnos, peuple à populus ou encore Res publica à République Si gens et nomen sont sans équivalent, comment se ferait-il qu’ ethnos soit une ethnie, populus, un peuple et Res publica, une République ? DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Leiwo M (1995), « The Mixed Languages in Roman Inscriptions », dans H Solin, O Salomies, U M Liertz (éds), Acta colloquii epigraphici latini, Helsinki, p 293-301 277 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les mots ont une histoire qui s’ interpose entre l’ Antiquité et nous Prenons l’ exemple du mot latin populus, sa traduction française « peuple » et sa traduction allemande Volk Le « peuple » traîne avec lui une connotation ethnique : c’ est en français comme en allemand le peuple romantique, celui des folkloristes et des nationalistes, qui surgit dans l’ Europe du xixe siècle Le peuple romantique a un esprit, le Volkgeist, gardien de la mémoire et de ses origines qui plongeraient dans la nuit des temps, une mémoire transmise de génération en génération, par le sang, la langue et les mythes La confrontation avec les réalités antiques nous fait sentir les implications et les présupposés de notre terminologie moderne Même si nous avons pris nos distances avec ces croyances brumeuses, nous imaginons difficilement qu’ un peuple pourrait exister seulement par des institutions politiques, sans une première culture commune, ancestrale qui lui donnerait son identité C’ est pourtant ainsi que Cicéron définit le populus La politique est première et il évacue, explicitement, tout autre lien à l’ origine d’ une communauté civique, que les lois et l’ utilité17 Cette définition correspond à l’ emploi de populus en latin, qui désigne l’ assemblée des citoyens ou l’ armée Or, sans tenir compte de la conception romaine, les historiens modernes, pour la plupart, ont longtemps considéré comme une évidence que les Romains avant de constituer un populus, par la fondation de Rome, appartenaient à l’ ethnie latine, qu’ ils étaient des Latins, c’ est-à-dire un peuple, un Volk, ayant en commun, une culture, une langue – le latin –, un territoire, le Latium Après des guerres ayant opposé Rome et les Latins, ceux-ci seraient passés sous la domination romaine et devenus progressivement romains, le Latium n’ ayant plus qu’ une définition géographique Les Latins avaient disparu, mais Rome aurait conservé une identité latine Un peuple, une langue, un territoire, une culture : tout s’ emboîte, tout va bien Nous sommes au xixe siècle Sauf que rien ne va Ce que nous savons du Latium pré-romain, des Latini et de la ville de Rome, ne correspond pas à ce schéma historique Cicéron, République, I, 25, 39 : Est igitur, inquit Africanus […] populus autem non omnis hominum coetus quoquo modo congregatus, sed coetus multitudinis iuris consensu et utilitatis communione sociatus ; « Donc dit Scipion l’ Africain […] un peuple n’ est pas tout groupe humain rassemblé par n’ importe quel lien, mais un groupe nombreux d’ hommes qui se sont alliés en s’ accordant sur des lois et une utilité commune » Voir Ando 2015, p 46 17 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 278 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) L’ Italie centrale est jusqu’ à la conquête romaine une mosaïque de villes dont la population est hétérogène, pluriethnique, mobile et parlant des langues multiples aussi différentes que le grec, l’ étrusque, le sabin, l’ osque, l’ ombrien…18 Le Latium n’ est pas un territoire occupé par un peuple unique, les Latins, mais par des cités, populi, entités politiques fondées sur le modèle politique de la polis, même si les rituels de fondation sont variables Rome est fondée selon le rite étrusque et gardera ce rite pour la fondation de ses colonies Les populi du Latium, comme le reste de l’ Italie, ont des populations bigarrées L’ épigraphie atteste d’ une grande mobilité des élites d’ une cité à l’ autre Elles ont, certes, une culture commune, mais qui n’ est pas spécifiquement latine, car elle se retrouve dans toute l’ Italie, en particulier dans les villes étrusques C’ est une koinè culturelle d’ origine grecque qui concerne essentiellement les élites L’ archéologie a mis à jour des vases de symposion, importés de Grande Grèce ou de fabrication locale, dans le style orientalisant, parfois même des banquettes maçonnées indiquant l’ usage de salles de banquet Les Romains se représentent eux-mêmes comme une cité plurielle, quand ils placent, au tout début de Rome, la figure de l’ asylum Romulus aurait peuplé la ville qu’ il venait de fonder en créant un refuge sur le Capitole, ouvert à tous sans discrimination : esclaves et criminels en fuite, aventuriers, bergers19 Selon Tite-Live, c’ était une pratique courante chez les fondateurs de cités, soucieux de peupler rapidement leur ville Ensuite pour faire oublier l’ origine douteuse des premiers habitants, ils faisaient circuler, écrit par des logographes grecs, un récit mythique de fondation, où les dieux favorisaient la croissance de la cité en faisant sortir des hommes de la terre, reprenant ainsi le mythe grec de l’ autochtonie Les Romains, au contraire ne cherchent pas à masquer les débuts de Rome ; ils ont conservé symboliquement l’ emplacement de l’ asylum, encore visible à l’ époque de Tite-Live Un autre récit, rapporté par Salluste, fait d’ Énée le fondateur de Rome et des Romains le résultat de la fusion entre les Aborigènes, nomades errants, et les Troyens d’ Énée, tout aussi errants Il place aux débuts de Rome un mélange de populations sédentarisées et unifiées grâce à des lois L’ institution politique de la cité crée la ciuitas, à partir d’ hommes que nous dirions aujourd’ hui « de cultures différentes » puisqu’ ils Tite-Live, I, 18, 3 témoigne d’ une Italie jadis hétérogène : « […] tot gentes dissonas sermone moribusque » 18 19 Tite-Live, I, 8, 5-6 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 2- L’ asylum romain et le primat du politique 279 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) diffèrent par la langue et le genre de vie (mores) Ils ne sont soumis à aucune norme sociale et n’ ont aucun lien d’ alliance20 La cité impose un vivre ensemble pacifique (concordia) ; les lois suppriment la violence créée par la diversité C’ est ce vivre ensemble institutionnel qui crée la cité comme communauté humaine singulière La fondation de Rome est présentée comme une ethnogenèse politique, aussi bien dans les récits historiques que mythiques Le peuple romain est une conséquence de la fondation de Rome et non son préalable Ces récits de fondation des deux historiens, qui donnent le primat au politique, coïncident avec la définition cicéronienne du populus Ils correspondent historiquement au passé bigarré de Rome Les noms des premiers consuls au début de la République ont été conservés par les fastes consulaires21 Beaucoup sont étrusques, d’ autres sabins ou volsques ; on trouve aussi des cognomina, les rattachant à des villes du Latium La révolution romaine qui renverse les Tarquins est une révolution politique, les nobles se débarrassent du tyran Ce n’ est pas une révolution ethnique qui aurait porté au pouvoir une élite latine à la place d’ une élite étrusque Il est vrai que ce scénario se retrouve ailleurs : une élite locale prend le pouvoir à la place d’ une élite grecque ou étrusque, sans que la population de la cité change Par exemple les Lucaniens à Poseidonia, ou les Prénestins à Préneste22 Ce n’ est pas le cas à Rome Certains libérateurs sont étrusques, comme Tarquin Collatin, petit-fils de Tarquin l’ Ancien Brutus, luimême, est son cousin par sa mère Tarquinia, fille de Tarquin Ce passé pluriel et hétérogène va de pair avec l’ absence de revendication identitaire et ethnique à Rome Jamais les Romains ne se réclament d’ une latinitas culturelle, ce terme de latinitas n’ étant employé que pour parler de la pureté de la langue latine23 3- Nomen : une fédération religieuse Alors que les cité-États ou les peuples, qui sont des entités politiques, sont fondées plus ou moins sur le modèle des poleis grecques, à partir du viie siècle avant J -C apparaît une forme de confédération, appelée nomen en latin et ethnos en grec 20 Salluste, La Conjuration de Catilina, VI, 1-2 21 Bourdin 2012, p 542 22 Dupont 2022, p 84 23 Dupont 2022, p 40 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Tite-Live témoigne de l’ existence dans la Péninsule italienne d’ une multitude de nomina : nomen Tuscum, Campani nomen, nomen Hernicum, Ligurum nomen, Volscum nomen, Lucanum nomen La documentation épigraphique dans des langues autres que le latin et le grec fait apparaître certains termes synonymes de nomen : numen, en ombrien et tuta en osque Certes, l’ emploi des mots n’ est pas systématique et tuta désigne aussi bien une cité qu’ une fédération Il ne faudrait donc pas s’ imaginer une organisation stricte et hiérarchisée entre nomen et populus En revanche, une différence de nature distingue le lien qui fonde ces deux formes de communauté Les cités sont des institutions politiques, les fédérations sont des associations religieuses Ce qui ne veut pas dire que les fondations de cité ne soient pas soumises à des rituels, ni que les confédérations n’ aient pas d’ action politique Ces confédérations, ces ethnè, sont-elles des créations contingentes et locales, comme les cités ? Ou rassemblent-elles des entités politiques, peuples ou cités, ayant une culture commune ? Autrefois, les historiens y ont vu la mise en forme institutionnelle d’ anciennes ethnies tribales en voie d’ affaiblissement La fondation des cités, qui se faisaient la guerre entre elles et tenaient à se distinguer de leurs voisines, aurait effacé progressivement leur identité commune La création d’ une fédération aurait permis de ranimer leur proximité culturelle grâce à un culte et un sanctuaire communs L’ hétérogénéité interne des cités suggère qu’ il s’ agirait plutôt de ligues entre des entités politiques qui s’ associent pour contenir par les armes leurs voisins quand ceux-ci tentent d’ étendre leurs territoires ou font des razzias sur les troupeaux, comme on le voit dans les premiers livres de Tite-Live Ces fédérations réunissent des populi affichant des rattachements divers et dont la liste est variable24 Ils peuvent avoir des points communs, comme les Étrusques, ou pas Ces fédérations résultent souvent d’ une séparation d’ avec un groupe plus vaste Dans le sud de l’ Italie, c’ est le cas des Campaniens qui se constituent en ethnos, et se distinguent des Samnites et des Étrusques leurs voisins, en adoptant ce nom d’ après une plaine proche25 Les Mamertins, mercenaires samnites, se constituent en ethnos et se donnent ce nom de Mamertins avant de s’ installer et prendre le pouvoir à Messine Ce n’ est donc pas une identité commune préalable qui motive la formation d’ un nomen, d’ un ethnos, mais inversement : c’ est l’ institution, l’ ethnos, le nomen, qui 24 Bourdin 2012, p 722 25 Diodore de Sicile, XII, 31, 1 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 280 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 281 crée une communauté nouvelle Le nomen affirme son identité, par la création d’ un ethnonyme et l’ invention d’ un récit de fondation sur le modèle grec de la ktisis26 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les fédérations de cités, nomen ou ethnos, étaient plus que des alliances instituées par des traités Un traité suppose deux ou plusieurs partenaires, son renouvellement réaffirme et maintient une distance, empêchant une fusion entre eux Le sacrifice obtient le résultat inverse : il unifie les participants et en fait une communauté réunissant ceux qui sacrifient et les dieux destinataires du sacrifice Outre le politique, l’ autre façon de « faire société » dans l’ Antiquité est donc la création d’ une communauté sacrificielle (societas) Les nomina se constituaient en communautés grâce à un sacrifice commun, renouvelé régulièrement Ce sacrifice, auquel participe chaque membre de la communauté, est offert dans un sanctuaire déterminé à un dieu particulier qui devient le dieu de cette communauté et lui donne son identité, parfois son nom27 Dans le cas d’ une fédération de cités, c’ est le représentant de chaque cité qui agit en son nom et participe au sacrifice Tous reçoivent leur part de la victime sacrifiée, selon un ordre fixé à l’ avance : le dieu puis les autres participants, selon leur statut Le partage sacrificiel non seulement crée un lien sacré entre les co-sacrificateurs mais organise la societas ainsi créée La différence entre les parts reçues crée une hiérarchie entre les participants et le scénario du rituel permet que l’ une des cités du nomen exerce une suprématie sur les autres Ensuite, la societas créée par le sacrifice pourra se réunir et prendre des décisions politiques concernant la communauté, jusqu’ au prochain sacrifice Chaque année, des cités peuvent ainsi entrer ou sortir de la ligue au moment du sacrifice, sans rien changer au nomen Cette sociabilité sacrificielle est omniprésente dans l’ Antiquité et elle est utilisée à tous les niveaux À Rome, elle fait la familia, par les sacrifices dans la domus aux Lares et aux Pénates ; un quartier est réuni par les sacrifices lors des Compitalia ; les collèges religieux, les collèges funéraires, les collèges professionnels, la cité elle-même, aucun acte collectif ne peut se faire sans un sacrifice préalable, célébré par les magistrats et définissant la collectivité engagée dans une action de la cité, que ce soit procéder à un vote ou engager une bataille 26 Voir infra, « l’ ethnographie mythique », p 286. 27 Voir Scheid 2005 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 4- La force fédérative du sacrifice Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 282 La force du sacrifice dans une société ritualiste comme le sont les cités anciennes tient à ce que le lien religieux ne suppose de la part des participants aucune croyance, aucune allégeance, aucune initiation, la pureté rituelle suffit Le sacrifice a des effets performatifs : le participant s’ il respecte scrupuleusement les rites, est intégré automatiquement à la societas du nomen Latinum Qu’ il représente une cité latine, Rome, une cité étrusque, volsque ou hernique, son populus fait partie des Latini © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Nous connaissons seulement, et plus ou moins bien, deux nomina : le nomen Tuscum et le nomen Latinum Nous savons que l’ un et l’ autre se réunissaient régulièrement dans un sanctuaire fédéral où un sacrifice était célébré en commun par tous les peuples du nomen Le sacrifice était suivi d’ une assemblée politique Le nomen Tuscum a-t-il servi de modèle au nomen Latinum ? Ou l’ inverse ? Ce que nous en savons montre une certaine similitude entre les deux28 Le siège de la Ligue étrusque était le fanum Voltumnae, à proximité de la grande métropole étrusque de Velzna, Volsinii en latin, où se renouvelait chaque année, dans un bois sacré près du sanctuaire, l’ union entre les douze grandes cités étrusques Les sacrifices étaient suivis d’ un concilium, l’ assemblée du nomen C’ est là que, selon Tite-Live, se décidaient en particulier les guerres ou le soutien à une ville de la dodécapole attaquée Le nombre douze a un caractère sacré, car aucune cité ne peut s’ y ajouter Quand le nombre de cités s’ accroît, d’ autres ligues de douze cités sont constituées sur le territoire étrusque, au sud en Campanie, au nord dans la vallée du Pô Si l’ on sait peu de choses des rituels étrusques à Volsinii, en revanche on connaît les rituels annuels du nomen Latinum – que les Romains appellent Feriae Latinae Ils associent un sacrifice, le Latiar, dans le sanctuaire fédéral de Jupiter Latiaris au sommet du Mons Albanus et une assemblée politique, qui se réunit à la source Ferentina, au pied des Monts Albains Au cours de cette assemblée, les cités du nomen Latinum décident des guerres, des fondations de colonies latines et fixent la date des prochaines feriae Nous possédons une description du sacrifice29 par Denys d’ Halicarnasse qui a dû y assister à son époque, c’ est-à-dire à la fin du ier siècle avant J -C Il attribue à Tarquin le Superbe la création des feriae, les datant ainsi de la fin du vie siècle avant J -C Le rituel a-t-il été modifié depuis ? Il est probable que le rituel existait avant et que Tarquin 28 Tite-Live, Histoire romaine, IV, 23, 5 ; IV, 25, 7 ; IV, 61, 2 ; V, 17, 6 ; VI, 2, 2 29 Denys d’ Halicarnasse, Antiquités romaines, IV, 49 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 5- Le nomen Latinum Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) n’ a fait que le transformer en donnant à Rome la prééminence (hègèmonia) dans le sacrifice, Rome devenant en termes techniques princeps30 Selon Denys d’ Halicarnasse, après avoir vaincu les Latins, Tarquin les associe aux Romains, aux Herniques et à deux cités des Volsques, dans le Latiar Il choisit un lieu central et décrète une loi qui impose une trêve durant toutes les fêtes Les cités contractantes forment un seul peuple au milieu d’ un territoire unifié, durant les feriae, mais seulement durant les feriae Ce qui est consommé en commun durant les feriae et tout ce qui est nécessaire au sacrifice est apporté par les cités, qui se répartissent les contributions : certaines apportent les fromages, d’ autres les agneaux, d’ autres le lait, etc Les Romains ayant la suprématie, sacrifient au nom de tous : ce sont eux qui prononcent la prière, au lieu que cet honneur tourne, revenant chaque année à une autre cité Le sacrifice consiste en un seul bœuf blanc, comme il convient à Jupiter Chaque cité qui participe au sacrifice en reçoit une part Nul doute que Rome, princeps, ne reçoive la première part, après Jupiter Le récit de Denys témoigne de l’ image du nomen à son époque : une fédération hétérogène avec un ancrage territorial L’ appartenance à la Ligue latine n’ est pas fondée sur une origine ethnique Elle rassemble ceux qui auparavant se désignaient comme Latins et auxquels les Romains de Tarquin faisaient précédemment la guerre, les Herniques et deux cités volsques Le nomen Latinum ainsi créé, ou plutôt réformé (?), est incontestablement un instrument politique Le Latiar fonde religieusement la suprématie des Romains, une suprématie qui devait valoir dans l’ assemblée politique qui suivait Dans les mêmes années (509-508 avant J -C ), un traité entre Rome et Carthage atteste de cette hégémonia des Romains sur ceux que le texte dénomme les Latins : Rome traite en leur nom, comme elle sacrifie en leur nom au Latiar Il était écrit, selon Polybe qui traduit en grec : Les Carthaginois ne feront aucun tort aux peuples (dêmôn) d’ Ardée, d’ Antium, de Laurentium, de Circée et de Terracine, ni à aucun autre des peuples latins (Latinôn) sous la domination de Rome (hupèkooi)31 Scheid 2005, p 264-274 Il commente le texte de Denys d’ Halicarnasse et reconstruit à partir de là le vocabulaire sacrificiel des Romains 30 31 Polybe, Histoires, III, XXII, 4-13 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 283 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Une entité politique constituée par Rome et les Latins « soumis » traite avec Carthage sous le nom de Rome et le fait en latin, puisque le texte, bien que difficile, est encore intelligible, selon Polybe, plus de trois siècles après Quelques années plus tard (en 493 avant J -C ), le foedus Cassianum, un traité de paix éternelle entre Rome et les Latins, transforme ce qui était une alliance entre des cités en une intégration politique de leurs citoyens grâce à la clause d’ isopoliteia Le foedus Cassianum, en effet, accorde aux Latins, c’ est-à-dire aux citoyens des cités membres du nomen Latinum, le droit de commerce, le droit de mariage, le droit de migrer et le droit de vote S’ ils s’ installent à Rome, ils deviennent des citoyens romains de plein droit Ce droit concerne aussi les colonies latines Cette clause va vider les cités latines de leur population par l’ émigration, et leur retirer toute identité Le nomen Latinum enfin perd ses pouvoirs politiques en 338 avant J -C après qu’ une révolte des Latins a été écrasée par les Romains ; l’ assemblée qui suivait le Latiar est supprimée Rome crée par le foedus Cassianum un type particulier de Romain, le citoyen de droit latin, ius Latinum La latinité est désormais un statut juridique et non plus le rattachement à un nomen Accèdent à ce statut les populations italiennes conquises par les Romains et leurs alliés C’ est ainsi qu’ en 273 avant J -C , Paiston la lucanienne, devient Paestum, une colonie romaine de droit latin Les Romains qui s’ y installent comme colons, en recevant des terres, perdent leur ancien statut pour celui de « Latin », à égalité avec les anciens habitants, devenus eux aussi des Latins Pourquoi dans ces conditions Rome conserve-t-elle les feriae Latinae et en faitelle un rituel romain qui allait être célébré jusqu’ au ive siècle après J -C ? Quelle latinité est ainsi conservée ? La réponse est politique Rome se désigne comme Res publica, c’ est-à-dire qu’ elle ne se réduit pas à une cité Elle conjoint l’ Vrbs et une fédération de villes de droit latin, dont les populations sont appelées à devenir des citoyens romains, à titre individuel ou collectif Ce système permet l’ intégration par une étape intermédiaire, des territoires et populations conquises Les magistrats romains qui gouvernent la Respublica sont à la fois ceux de Rome et ceux des cités fédérées à Rome C’ est pourquoi chaque année, à leur entrée en charge, ils vont en pèlerinage à Lavinium, ville latine symbolique, pour y sacrifier aux Pénates de Rome32 Voir Dupont 2011, chapitre 2 « L’ origo rituelle de Rome Le pèlerinage à Lavinium », et Thomas 1996 32 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 284 285 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Rome est une institution politique singulière, dont la singularité repose non sur une constitution, une politeia spécifique, mais sur deux pratiques rituelles extérieures à l’ Vrbs, qui la relie aux Latins : les Féries latines sur le Mons Albanus et le sacrifice aux Pénates de Lavinium Ces Latins n’ ont aucune identité ethnique, aucune ancestralité : ils sont une fiction indispensable à la Res publica Ils sont aussi fantomatiques que la ville de Lavinium L’ histoire du nomen Latinum peut se résumer en quatre étapes, de sa naissance à sa mort 1 À l’ époque des premiers regroupements qui avaient lieu lors de la création des premières cités-États, vers le viiie siècle avant J -C , avant la création du nomen Latinum proprement dit, une première association des populi Albenses dont la liste est donnée par Pline l’ Ancien, célèbre le Latiar sur le Mons Albanus33 2 La deuxième étape, sans doute dès le viie siècle avant J -C , est l’ élargissement de la communauté des populi Albenses à leurs colonies, avec lesquelles ils ont des liens d’ alliances et à d’ autres villes de la région À quel moment apparaît l’ expression nomen Latinum pour identifier la ligue ? Et, du même coup, le nom de Latini ? On a vu précédemment que les nomina ou ethnè, quand ils se constituaient, se donnaient des noms L’ adjectif Latinus vient-il du Latiar ? Le terme de Latiar lui-même désigne strictement le sacrifice à Jupiter sur le Mons Albanus. La terminaison en -ar est rare On trouve un autre exemple de cette suffixation pour un sacrifice très ancien, le Palatuar, célébré au Palatin Les peuples du nomen se sont-ils donné un nom comme les Campaniens ou les Lucaniens ? Latini est-il un ethnonyme composé sur le radical, comme le dieu Jupiter qualifié de Latiaris ? Cette deuxième étape coïnciderait avec l’ ethnogenèse des Latins, à partir de la ligue des peuples albains Mais il est impossible de dire si Rome faisait partie ou non de l’ ancien nomen Latinum, car des guerres incessantes l’ opposent aux Latins 3 La troisième étape est la soumission du nomen à une domination romanoétrusque sous le règne des Tarquins, que montrent le traité avec Carthage de 509 et le rituel sacrificiel décrit par Denys d’ Halicarnasse Après plusieurs révoltes des Latins et leur défaite au lac Régille en 498 avant J -C , la guerre se conclut par le foedus Cassianum en 493 avant J -C Les Latins ont temporairement créé 33 Pline l’ Ancien, Histoire naturelle, III, 69 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 286 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) L’ histoire du nomen Latinum suggère que les Latini sont le résultat d’ une ethnogenèse Constitué contre Rome et les Étrusques, le nomen Latinum réunit des cités qui ne forment pas un tout homogène, n’ ayant pas une spécificité ethnique préalable L’ affirmation identitaire des Latini, qui accompagne cette ethnogenèse, se manifeste par la création de récits mythologiques, qui racontent la création des Latins sur le mode de la fondation grecque, ktisis 6- Une ethnographie mythique La création de récits mythologiques donne une dignité et une visibilité à un nouvel ethnos ou à une ville récemment fondée De tels récits légitiment leur formation vis-à-vis de l’ extérieur et créent des liens de suggeneia (de parenté) avec les cités grecques Ils leur permettent d’ entrer dans un circuit de reconnaissances symboliques et d’ accéder à une forme de langage diplomatique Ces récits suivent le modèle des mythes de fondation coloniale, rendant le nomen semblable à n’ importe quel ethnos grec ; il est désormais pourvu d’ un héros éponyme, créé par les soins de quelque logographe grec ayant reçu commande, et il est repris ensuite par les historiens Dieu ou héros, le personnage fondateur vient d’ ailleurs : il est grec Souvent c’ est Héraclès, Ulysse, Énée, ou un de leurs compagnons Il appartient à la koinè culturelle grecque omniprésente chez les élites italiennes On connaît par Hérodote un récit fondateur du nomen Tuscum dont l’ ancêtre éponyme est un certain Tyrrhenus (signifiant « étrusque » en grec), venu de Lydie, audelà de la Grèce d’ Asie : Voir Coarelli 2012 Caton, Origines, II, 28 (fr 58) : Aricino Egerius Laeuius Tusculanus dedicauit dictator Latinus Lucum Dianium in nemore, puis il donne la liste des populi de la ligue 34 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) ou ranimé une ligue latine concurrente, vers 500 avant J -C , au sanctuaire de Diane à Nemi34 4 La quatrième étape consacre, après un ultime soulèvement, l’ écrasement définitif des armées latines en 338 avant J -C Rome dissout la ligue et soumet l’ une après l’ autre les cités latines qui avaient adhéré à la coalition contre elle Après la dissolution politique du nomen Latinum, chaque cité ou peuple devient l’ allié de Rome à titre individuel, avec le renouvellement personnalisé du foedus Cassianum Les communautés qui ne se sont pas révoltées obtiennent le droit de cité romaine Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 287 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Comme Tyrrhenus pour les Étrusques, Latinus est un ancêtre éponyme du nomen Latinum. Il est présent chez Hésiode, où il est le fils de Circé et d’ Ulysse, comme Telegonus et Agrios, le nom de ce dernier étant la traduction grecque de Silvius36 Tous les trois sont chez Hésiode des rois étrusques Cette présence dans la Théogonie nous renvoie au-delà du viie siècle avant J -C La mythologie de Latinus est donc très ancienne, sans doute associée à Albe et à la ligue des cités albaines Était-il le fondateur éponyme du Latiar, dont le nomen Latinum aurait tiré son nom ? Le texte d’ Hésiode reprend évidemment un de ces récits mythologiques inventant des rois éponymes et fondateurs, à l’ usage dans les cités et les ligues S’ agit-il de cités étrusques ? Certes, les Grecs ont souvent considéré comme étrusque toute l’ Italie centrale au bord de la mer Tyrrhénienne Différents récits sur le même modèle font de Latinus un roi d’ Albe Dans ces versions, un ancien roi Latinus, celui que nous retrouverons chez Virgile, règne sur les Laurentes, peuple qui se serait uni aux Troyens pour former les Latins37 Selon Tite-Live, il y avait deux versions : les Troyens auraient vaincu les Aborigènes, ou bien ils auraient combattu ensemble un ennemi commun, les Rutules De toute façon, après la mort de Latinus, roi des Aborigènes, Énée devenait leur chef commun et donnait aux deux peuples réunis le nom de Latins Tous ces récits et leurs variantes relèvent d’ un imaginaire de l’ ethnogenèse, formé sur le modèle des fondations coloniales, et constituent une ethnographie mythique Du nom de l’ ethnos ou de la cité est tiré le nom d’ un héros éponyme, grec, qui d’ une 35 Hérodote, Histoires, I, 94 36 Théogonie, 1011-1013 37 Voir Tite-Live, Histoire romaine, I, 23, et Varron, La langue latine, V, 32, 144 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Sous le règne d’ Atys, fils de Manès, toute la Lydie fut affligée d’ une grande famine, que les Lydiens supportèrent quelque temps avec patience Mais, en voyant que le mal ne cessait point, ils y cherchèrent remède, et chacun en imagina à sa manière […] Enfin, le mal, au lieu de diminuer, prenant de nouvelles forces, le roi partagea tous les Lydiens en deux classes, et les fit tirer au sort, l’ une pour rester, l’ antre pour quitter le pays Celle que le sort destinait à rester eut pour chef le roi même, et son fils Tyrrhénos se mit à la tête des émigrants Les Lydiens que le sort bannissait de leur patrie allèrent d’ abord à Smyrne, où ils construisirent des vaisseaux, les chargèrent de tous les meubles et instruments utiles, et s’ embarquèrent pour aller chercher des vivres et d’ autres terres Après avoir côtoyé différents pays, ils abordèrent en Ombrie, où ils se bâtirent des villes, qu’ ils habitent encore à présent ; mais ils quittèrent le nom de Lydiens, et prirent celui de Tyrrhéniens, à partir de Tyrrhénos, fils de leur roi, qui était le chef de la colonie35 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) façon ou d’ une autre devient l’ ancêtre fondateur Un étranger, ou un peuple migrant, est partie prenante de la fondation et va se confondre avec un peuple local Cette population locale peut être elle-même venue d’ ailleurs, c’ est-à-dire de l’ espace grec des mythologues et des historiens On lit ainsi chez Denys d’ Halicarnasse, qui avait réuni une multitude de récits sur la fondation de Rome, qu’ une version, reprise par Caton l’ Ancien, racontait que les Aborigènes étaient des Grecs ayant émigré en Italie avant la guerre de Troie, qui se réunirent aux Troyens d’ Énée pour former les Latins Virgile invente dans l’ Énéide une nouvelle ethnogenèse des Latins, en rompant avec les précédentes Une fusion entre les Troyens et les Latins produit un nouveau peuple latin, lors de la fondation de Lavinium Virgile fait se succéder ainsi deux peuples latins Les anciens Latins que rencontre Énée ont pour roi Latinus À la fin de l’ Énéide, de nouveaux Latins naîtront d’ un métissage contractuel entre ces anciens Latins et les Troyens Au chant XII, quand Turnus, roi des Rutules, qui combat pour les Latins, va mourir tué par Énée et entraîner la défaite des Latins, Junon demande à Jupiter de ne pas fonder une nouvelle Troie dans le Latium Jupiter promet à Junon que les Troyens ne vont pas soumettre les Ausoniens (Italiens) à des lois et une langue étrangère38 Ce terme d’ Ausoniens, désignant un ethnos d’ Italie du Sud, se substitue dans le texte à celui de Latins En fait, chaque peuple italien de l’ Énéide – les Latins comme les autres – est une métonymie de l’ Italie entière, c’ est-à-dire de tous les Italiens qui sont à l’ époque d’ Auguste, juridiquement, des Romains, des Latins ou des alliés Les Troyens ne devront pas imposer aux Latins une domination étrangère mais se mélanger avec eux39 Junon accepte que les Troyens vainqueurs s’ allient aux Latins par des mariages (conubiis) et par une union politique (foedera et leges) mais à condition de conserver le nomen Latinum, le nom qui fera d’ eux une communauté ; ils doivent aussi adopter la langue, c’ est-à-dire le latin, et les habitudes vestimentaires des Latins, c’ est-à-dire la toge Virgile a manipulé l’ ethnographie mythique traditionnelle qui faisait des Latins un peuple issu de la fusion entre les Aborigènes, eux-mêmes Arcadiens, et les Troyens d’ Énée Dans cette version, le roi Latinus tué par Énée donnait son nom aux Latini, un peuple nouveau Virgile procède autrement Le peuple qu’ Énée a rencontré en arrivant sur la côte du Latium est déjà celui des Latins et le nom du Latium, ne pouvant plus 38 Énéide, XII, 834-837 39 Énéide, XII, 820-828 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 288 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) être rattaché à Latinus, est expliqué à partir du verbe latere, « être caché », suivant une légende impliquant Saturne L’ absence de référence aux Aborigènes n’ est pas due, comme le disait Servius, à la seule impossibilité de faire entrer le mot Aborigènes dans l’ hexamètre Elle distingue les Latins des Troyens Selon un schéma mythique récurrent, qui associe une guerre et une fusion par le mariage lors des fondations coloniales, dans l’ Énéide, la future Rome latine est double : d’ un côté Énée et les Troyens, et de l’ autre l’ ancien peuple latin Virgile crée une autochtonie mythique et primitiviste, donnant comme ancêtres à Latinus des dieux rustiques du terroir : il a pour père Faunus, fils de Picus, lui-même fils de Saturne – trois dieux aux noms latins Le latin sera la langue identitaire de ce nouveau nomen Dans cette ethnogenèse des Latins, Virgile raconte la fondation de Lavinium, non pas celle de Rome Il fait l’ histoire de la composante latine, devenue italienne, fédérale de la Res publica Énée fondateur de Lavinium et de la gens Julia est aussi le héros fondateur des Latins Les deux composantes de Rome, l’ Vrbs fondée par Romulus et le nomen Latinum fondé par Énée sont indissociables dans la mythologie augustéenne et représentées face à face à l’ entrée de l’ ara Pacis D’ un côté la louve découvre les jumeaux ; de l’ autre Énée sacrifie sur le site de Lavinium Les récits en rapport avec l’ ethnogenèse des Latins ne sont donc pas les traces d’ anciens récits italiques et indigènes mais des constructions sur le modèle grec des récits de fondation « destinés à faciliter les relations avec le monde grec »40 Ils ne sont pas utilisables pour reconstituer la préhistoire de l’ Italie, mais traduisent la présence prégnante de « l’ hellénisme organique » dans l’ Italie préromaine41 Les cités du Latium, comme Rome elle-même, manifestent à leurs débuts politiques la forte présence d’ une culture civique grecque, qui allait reculer progressivement 7- Lavinium – ville grecque ? Hellénisme organique et identité latine Au vie siècle av J -C , quelles langues parlait-on à Lavinium, dans la cité emblématique du nomen Latinum, devenue le sanctuaire de la composante fédérale de la Res publica ? 40 Bourdin 2012, p 286 41 Sur « l’ hellénisme organique », voir Humm 2007 et Dupont 2022, p 43-47 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 289 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Lavinium42 est une ville banale dans sa région Les découvertes archéologiques permettent de comparer Lavinium et les villes du Latium, dès la fin du iie millénaire avant J -C On y trouve les mêmes tombes à incinération, plus anciennes, et des tombes à fosses, plus récentes Puis, les fouilles révèlent la présence aux viie et au vie siècle avant J -C d’ une culture urbaine hellénisée, accompagnée d’ une forte croissance démographique et économique, et d’ importants échanges commerciaux avec la Grèce Datant des alentours de 650 avant J -C , la vaisselle de style orientalisant atteste que Lavinium participe à la koinè culturelle de l’ Italie pré-romaine, comme l’ Étrurie méridionale et les cités falisques La ville avait cédé à la séduction de la mythologie grecque, en se donnant comme héros fondateur Énée, le rescapé de Troie Aux viie et au vie siècle avant J -C , Lavinium est à l’ apogée de sa puissance Les fouilles ont dégagé un complexe monumental, désigné comme « l’ aire sacrée des treize autels » L’ étude des plus anciens de ces autels a montré qu’ ils étaient du même style que les autels grecs de la même époque, sans médiation étrusque Ont été trouvées au même endroit des statuettes de koroi et de korai, inspirées des modèles grecs archaïques de la Grande Grèce et faites par des artisans locaux, ainsi que des bronzes votifs et des vases qui prouvent de très anciennes relations directes avec le monde grec On peut prolonger l’ enquête et se demander quelle langue parlait-on dans les sanctuaires de Lavinium Une dédicace aux Dioscures a été retrouvée sur le site, datant au plus tard de la fin du vie siècle avant J -C Elle est généralement qualifiée d’ inscription latine archaïque CASTOREIPODLOUQUEIQUEQUROIS Aux jeunes garçons Castor et Pollux43 Figure 1 : Lamelle de bronze avec dédicace, CIL I2, 2833. Crédit/source : https://kb.osu.edu/handle/1811/99099. 42 Voir Moyaers 1977 43 CIL I2, 2833 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 290 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Des quatre mots qui la composent, seul est latin l’ enclitique -que ; les trois autres mots sont des emprunts au grec, même si l’ alphabet est latin L’ écriture, en effet, va de gauche à droite et les lettres sont semblables à celles de l’ inscription du cippe du Forum ; il s’ agit donc d’ un alphabet latin avec quelques variantes La dédicace à Castor et Pollux est claire : les deux noms propres sont au datif grec, comme le nom commun qurois La forme Podlouquei (en latin Polluci) présente une anomalie graphique par rapport à l’ alphabet latin : l’ usage de quei au lieu de cei. La forme Podlouquei, en outre, n’ est pas la transcription phonétique du grec Poludeukei ; le nom a été adapté au phonétisme local On peut supposer que le u bref de Polu a disparu et que le groupe ld, imprononçable, est devenu dl, présent dans le phonétisme local (e. g. le latin adloquor) Le mot qurois, en alphabet latin, représente le ionien kourois Kouroi a été isolé à partir de Dioskouroi, dénomination habituelle de Castor et Pollux Cet isolement de kouroi suppose que le rédacteur de l’ inscription connaissait le grec Il a recréé la gémellité des dieux devenue invisible, en les liant par un -que Cette connaissance de l’ étymologie grecque des Dioscures est manifeste dans d’ autres langues d’ Italie, où leur nom de « fils de Zeus » a été traduit – ce qui n’ est pas le cas ici En étrusque, cela donne Tinias Cliniiarias et en marse, langue sabellique, Iovies Pucles La présence du -que est intrigante Elle témoigne d’ un mélange des langues que l’ on retrouve dans d’ autres inscriptions, cataloguées trop rapidement comme étant « latines » archaïques Le plurilinguisme des cités de la région du Latium a pu causer une déformation des langues, en particulier du grec Les Grecs de Sicile s’ en plaignaient d’ après le témoignage d’ Aristoxène de Tarente Parlant des Poseidoniates, celui-ci écrivait : Après avoir été originairement Grecs, ils sont devenus Toscans ou Romains, c’ est-à-dire barbares ; ils ont perdu leur langue, oublié leurs usages, et ne font plus qu’ une seule des fêtes de la Grèce, s’ y rassemblant pour se rappeler encore une fois par an les noms antiques des choses et des coutumes de leur pays44 L’ inscription archaïque de Lavinium atteste de l’ usage du grec dans le culte des Dioscures importé de Grèce, comme toute la culture matérielle ce qui rendait possible le bios grec de l’ élite locale Si Lavinium fait déjà partie à cette époque du nomen Latinum, elle n’ affiche pas une identité latine de la cité, même si visiblement le latin parasite quelque peu le grec religieux Au contraire, cette présence de la culture grecque à Lavinium suggère un « hellénisme organique » de la ville Lorsque les habitants ont 44 Athénée, Deipnosophistes, XIV, XXXI, 632a DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 291 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 292 fondé leur cité, c’ était une polis, dont le cadre politique et religieux était grec Ensuite, progressivement, en intégrant le nomen Latinum, Lavinium s’ est latinisée : cette inscription en marquerait les prémices © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les Grecs faisaient correspondre une langue à chaque ethnos45 Ainsi, Denys d’ Halicarnasse considère que les Samnites, les Bruttiens et les Opiques parlent des langues différentes, parce qu’ il s’ agit d’ ethnè différents46 Or, nous savons qu’ ils parlaient tous l’ osque Cet a priori idéologique était tellement fort qu’ Hérodote qui veut affirmer l’ unité des Hellènes face au péril perse, comme reposant sur une culture commune (to hellénikon), écrit contre toute évidence : Nous sommes unis par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, et nos mœurs qui sont les mêmes47 Or, chaque cité grecque a son panthéon, son dialecte, son alphabet, ses traditions vestimentaires, etc Tous les peuples du Latium ne sont pas identifiés par le latin La langue du populus ou de la ciuitas est celle qui les identifie à l’ extérieur C’ est une des langues utilisées : ce n’ est pas nécessairement la même dans les inscriptions d’ appartenance, les inscriptions funéraires ou les inscriptions publiques et religieuses Si la langue sert d’ identifiant pour les historiens grecs, rien ne permet de dire que c’ est LA langue du peuple En conséquence, il est impossible de passer de la langue à la culture Si un ethnos, un nomen, se caractérise par une « langue » cela ne prouve pas qu’ un populus qui se rattache à ce nomen, se caractérise par cette langue Certaines villes du nomen Latinum en sont l’ exemple À Lavinium, le latin a-t-il rongé le grec et l’ a-t-il barbarisé, comme à Poseidonia ? Le latin a-t-il été la langue du nomen Latinum, adoptée progressivement comme langue de la cité par Lavinium et les autres cités du nomen Latinum qui utilisaient chez elles aussi d’ autres langues, dont le grec ? Le latin surgit comme la langue du pouvoir dans la Res publica48 Elle est la langue du sénat (patrius sermo) et conjoint les deux espaces 45 Hérodote, Histoires, III, 98, et Aulu-Gelle, Nuits attiques, XVII, 17, 2 46 Denys d’ Halicarnasse, Antiquités romaines, I, LXXXIX, 3 et I, XXIX, 3-4 47 Hérodote, Histoires, VIII, 144 48 Dupont 2022, p 100 et suiv DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 8- Hérodote, langue et identité Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 293 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 9- Naissance, vie et mort d’ un nomen L’ histoire du nomen Latinum nous donne l’ occasion de constater qu’ une ethnogenèse n’ est pas un processus irréversible Du nomen Latinum créé dans les Monts Albains, sept à six siècles plus tôt, il ne reste à la fin de la République que les récits mythologiques associés à l’ ethnogenèse des Latins, un statut juridique et une langue Les villes latines sont vides ou devenues romaines Ces récits, quels qu’ ils soient, sont la mémoire de Rome, une mémoire artificiellement construite à partir de modèles grecs Toute histoire de Rome doit commencer par là Ces récits disant une ethnogenèse de la Res publica sont vivants à l’ époque de Virgile, dans la mesure où ils sont politiquement manipulables Dans l’ Énéide, Virgile réinvente les Latins, les enracine dans le Latium, pour en faire la composante italienne de la Res publica, incarnée par Auguste Le nomen Latinum n’ était pas un peuple Il serait impossible d’ en raconter l’ histoire, si nous devions traduire son nom et parler du « peuple des Latins » ou de « l’ ethnie latine » Bibliographie Ando C (2015), Roman Social Imaginaries. 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Quelques réflexions épistémologiques et méthodologiques sur l’ approche des phénomènes identitaires dans l’ Antiquité », Cahiers d’ histoire, 31/2, p 87-111 Gruen 2011, considère que l’ identité romaine s’ est construite en opposition à une identité grecque réinventée par Rome Voir aussi Dupont 2022, p 185-190 49 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) politiques, la cité et la fédération L’ extension rapide de l’ imperium à toute l’ Italie puis les conquêtes extérieures font du latin – qui s’ inscrit en lettres capitales dans les villes des alliés – un monumentum de la puissance romaine En ayant conquis l’ Italie, les Romains se confrontent à l’ Orient hellénisé, au-delà de l’ Adriatique Ils vont affirmer leur identité en s’ opposant aux Grecs, jusqu’ à faire de la langue latine la rivale et l’ égale de la langue grecque la plus prestigieuse, le néo-attique49 Cicéron dit nostri quand il veut opposer les auteurs latins aux auteurs grecs La création du latin comme « autre grec » contribue à l’ ethnogenèse latine de Rome Le latin chez Virgile est un des marqueurs identitaires des Latini 294 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Bourdin S (2019), « L’ organisation politique et territoriale des peuples de l’ Italie préromaine vue par Tite-Live », Mélanges de l’ École française de Rome – Antiquité, 131/1, p 53-64 Bourdin S (2012), Les peuples de l’ Italie préromaine. Identités, territoires et relations inter-ethniques en Italie centrale et septentrionale (viiie-ier s. av. 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J.-C., Paris Florence Dupont DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Coarelli F (2012), « Le sanctuaire de Diana Nemorensis : nouvelles découvertes », Comptes rendus des séances de l’ Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 156/1, p 555-569 295 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) III- Du nouveau sur l’ ethnogenèse des Latins De quand date l’ ethnogenèse des Latins50 et selon quels paramètres peut-on l’ évaluer ? Est-il même licite de supposer qu’ à partir d’ une certaine période et dans un territoire donné serait apparue, au sein des communautés humaines qui y résidaient et selon des modalités qu’ il conviendrait de préciser, une conscience, voire une identité communautaire, ressentie et revendiquée comme telle ? Et si, d’ une manière ou d’ une autre, on arrive à proposer des réponses, fussent-elles partielles, à ces questions, quels ont pu être les rapports de cet ensemble latin avec la naissance et les premiers développements de Rome ? Assurément, le regain actuel des recherches sur le concept d’ ethnos dans l’ Antiquité51 apporte d’ utiles instruments conceptuels et permet des approches renouvelées D’ autant que la question des Latins et de leurs rapports avec la cité romaine relève d’ un domaine scientifique qui a une très longue histoire, et qu’ on appellera, faute de mieux, les origines de Rome52 Quoique lacunaires, les sources, tant philologiques qu’ archéologiques, y sont beaucoup plus riches que pour toute autre région du monde méditerranéen antique : ainsi, en deux siècles d’ érudition (si on part des travaux de Niebuhr au tout début du xixe siècle), bien des pistes ont été explorées, et des impasses repérées, mais aussi bien des perspectives s’ offrent à qui entend prendre la pleine mesure des possibilités offertes par le développement des recherches Ce qui n’ empêche pas que, ici plus qu’ ailleurs sans doute, le savoir ne peut prétendre qu’ à être une délimitation de l’ incertitude, même s’ il s’ agit d’ une délimitation en constante évolution : irréductiblement, la masse de ce qu’ on ignore, et de ce qu’ on ignore ignorer, dépassera toujours le peu que l’ on sait, ou croit savoir De cette constatation qui ne prétend certes pas à l’ originalité, je tire personnellement la conclusion qu’ il vaut la peine de chercher sans trêve à aller plus loin dans l’ enquête, que rien n’ est jamais figé ou acquis pour toujours, et qu’ il est sain de remettre en question les évidences les mieux établies Au premier rang de celles-ci figure dans la vulgate contemporaine, pour des raisons qu’ il serait trop long d’ analyser ici, la conviction que l’ ethnos serait à chaque Ce thème étant au centre de mes recherches depuis longtemps, on voudra bien m’ excuser de devoir renvoyer les lecteurs à plusieurs de mes travaux où je l’ ai traité en détail 50 51 Voir le bilan dressé par Dan 2016, p 278-286 Pour une présentation générale de ce domaine de recherches, avec la bibliographie récente, voir Grandazzi 20193 (2003) Voir aussi le livre, bien informé et nuancé, de De Sanctis 2021 52 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) fois un phénomène artificiel et tardif, qui relèverait plus d’ une fabrication a posteriori et à visée idéologique que de la réalité historique ou, en l’ occurrence, protohistorique Ainsi le déconstructionnisme contemporain ne considère-t-il les sources littéraires faisant état des Latins à haute époque que du point de vue des enjeux idéologiques à l’ œuvre au moment de leur publication (qui est, elle, beaucoup plus tardive) ; quant aux données archéologiques, surtout les plus récentes, il n’ en a, la plupart du temps, qu’ une connaissance très partielle, ne serait-ce que parce que plusieurs d’ entre elles, et des plus importantes pour notre propos, ont été publiées postérieurement au maîtrelivre de Stéphane Bourdin sur les peuples antiques de l’ Italie centrale53 Si nouveau qu’ il se veuille aujourd’ hui dans les différents champs des sciences humaines, il est à observer que ce déconstructionnisme a, dans le domaine des origines de Rome, plus d’ un siècle d’ existence Simplement, il s’ y est développé sous le nom d’ hypercritique, et on sait très bien à quoi il a abouti : la disparition de la possibilité même de tout savoir, la réduction de la recherche à la seule dimension de la réception Venons-en maintenant à l’ examen des faits, qui, s’ agissant d’ une ethnogenèse, doit commencer par un regard sur l’ espace géographique où a pu se produire celleci Les Latini sont le, ou plutôt, les peuples habitant le Latium, c’ est-à-dire la région délimitée au nord par le Tibre et l’ Anio, à l’ ouest par la mer, à l’ est par une suite de reliefs constituant les contreforts des Apennins, et au sud par le promontoire du cap Circeo : la côte maritime bordant le grand large, les montagnes étant pourvues de nombreux points de passages, le fleuve étant franchissable, on peut dire qu’ il s’ agit là d’ un territoire ouvert à toutes les influences Or des recherches publiées récemment54 ont montré que la basse vallée du Tibre est, dès l’ époque néolithique, l’ une des aires les plus fréquentées de toute l’ Europe occidentale À mi-chemin entre la Sicile et les rivages méridionaux de la France, juste en face du détroit de Bonifacio, et en liaison avec la Sardaigne, l’ embouchure – ostia – du Tibre est dans une situation exceptionnelle qui en fait un carrefour majeur pour les échanges de toutes sortes Archéologiquement, il apparaît qu’ il s’ agit de la zone la plus dense en Europe au Néolithique, disons entre 3 500 et 2 500 ans avant J -C C’ est dire que ce bilan tout à fait récent peut apparaître comme une confirmation saisissante d’ un modèle proposé au xixe siècle par le grand géographe Élisée Reclus, modèle qu’ on Bourdin 2012 ; il est vrai que les Latins y sont à la portion congrue, la section qui leur est consacrée n’ occupant que les p 143 à 147 53 54 Par Cifani 2021, p 24-26 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 296 297 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) peut appeler des trois cercles : si la Méditerranée est bien au centre du monde antique, la péninsule italienne en occupe la position médiane, tandis que le Latium et la plaine tibérine, en particulier, se trouvent au milieu de l’ isthme que dessine l’ Italie Autrement dit, la prééminence économique qui se dessine dès le Néolithique pour la plaine latiale constitue la meilleure preuve qui soit de la justesse de cette théorie des trois cercles Bien sûr, cela n’ explique ni les Latins ni les Romains, dont la cité est encore située loin dans le futur, mais cela représente la mise en place du cadre régional et « international » dans lequel les communautés des uns et des autres viendront à naître puis à se développer Quant à l’ histoire du site romain et celle de ses rapports avec les Latins, si Latins il y a, il n’ est pas inutile d’ en rappeler rapidement les caractéristiques principales : le premier lieu à avoir livré des traces d’ une fréquentation humaine régulière est la colline du Palatin, au milieu du Paléolithique, mais il s’ agit alors plus de passages épisodiques que d’ habitat stable On peut faire débuter la protohistoire de Rome durant la phase dite âge du bronze moyen et, plus précisément, au xviie siècle avant J -C C’ est à ce moment-là, en effet, que se fixe, sur le haut de la colline du Capitole, un habitat sans doute alors seulement saisonnier, évidemment implanté à cet endroit en raison des facilités de défense qu’ offre le relief le plus pentu de l’ ensemble du site romain On touche là à la fameuse question des collines de Rome, qui, bien entendu, furent toujours plus de sept : le site romain55 est sans conteste d’ une complexité particulière, puisqu’ il résulte des forces telluriques opposées, provoquées, aux âges géologiques récents, par deux systèmes volcaniques, les monts Sabatini au nord, les monts Albains au sud, les deux disposés de part et d’ autre de la vallée du paléo-Tibre, qui devait être aussi puissant que l’ Amazone actuel Au cours de nombreux épisodes éruptifs, suivis à chaque fois par plusieurs millénaires d’ érosion, les laves du plateau albain sont venues repousser le Tibre et aboutir jusque dans sa vallée, l’ érosion y creusant ensuite le relief des fatales collines Rien de plus étrange et de moins fait pour l’ unité urbaine qu’ un tel site, dont l’ aménagement exigera toujours des efforts et des travaux considérables, à l’ inverse des grands plateaux de l’ Étrurie méridionale qui, à Véies, à Tarquinia, à Orvieto, semblaient attendre de toute éternité les cités puissantes qui s’ y dresseraient un jour ! Cependant, outre son caractère fragmenté et dissymétrique, le site romain se distingue par la continuité naturelle qui s’établit entre lui et la campagne environnante, puisque le sommet de ses collines n’ est jamais qu’ à la hauteur du plateau d’ ensemble descendant en pente douce du sommet du Volcan Latial (aujourd’ hui monts Albains) 55 Voir Grandazzi 20202 (1991), p 136-162 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Cette continuité morphologique est un facteur capital pour l’évaluation des rapports entre Latins et Romains : en effet, si le centre géométrique du Latium se trouve dans le massif des monts Albains, alors que Rome est à la marge, à la frontière de la région, les deux sites sont directement reliés entre eux par le chemin pris par les coulées de lave que n’ aura plus qu’ à emprunter la future via Appia D’ où une première conclusion : s’ il y a eu des Latins dans le massif Albain, il y en a forcément eu aussi dans le (futur) site romain Sur quelles bases peut-on parler d’ un ethnos latin ? Même si une population particulière ou plusieurs autres ont pu se réclamer d’ ancêtres communs, il est clair que la détection d’ éventuelles ascendances biologiques est hors de portée de la science De plus, il est non moins clair que les revendications exprimées de ce point de vue par les mythes d’ origine, celui du roi Latinus en l’ occurrence56, ont pu – dès une époque haute, puisque le nom est présent chez Hésiode57 (qu’ il s’ agisse ou non d’ une interpolation importe peu ici) – relever d’ une construction idéologique, ne traduisant, et c’ est déjà beaucoup pour l’ historien moderne, qu’ une volonté commune d’ identification Comment, dans ces conditions, repérer et prouver l’ émergence possible d’ un ethnos latin ? L’ archéologie contemporaine a répondu à cette question en conceptualisant, sur la base d’ un siècle et demi de découvertes et d’ innombrables publications et classifications de détail, l’ idée d’ une cultura/civiltà laziale pour le dire en italien, puisqu’ il s’ agit d’ une découverte en grande partie italienne58 Il se trouve en effet que, dans toute l’ étendue de la région du Latium, et avec une simultanéité et une analogie impressionnantes, notamment du point de vue des rites funéraires, se manifeste à partir d’ une certaine période une civilisation matérielle présentant un profil général qui la différencie nettement des régions avoisinantes L’ émergence de cette unité culturelle massive se produit à la fin de l’ âge du bronze, dont la chronologie absolue tend aujourd’ hui à être révisée vers le haut : non plus xe siècle avant J -C , mais xie, voire xiie dans certains cas Les caractéristiques principales de cette « culture latiale » sont : la miniaturisation des mobiliers funéraires, la présence récurrente d’ armes dans lesdits mobiliers, le recours à des cinéraires en forme de cabanes, accompagnés, dans quelques rares cas, de figurines à forme humaine Si les archéologues – Renato Peroni, Giovanni Colonna et Anna Maria Bietti Sestieri étant les plus connus – ont conservé à cette « culture » le qualificatif, venu du xixe siècle 56 Sur les traditions relatives à Latinus, voir Grandazzi 2008, vol II, p 752-760 57 Théogonie, v 1011 et suiv Le catalogue de la grande exposition tenue à Rome en 1976 sous le titre, Civiltà del Lazio Primitivo, reste une référence incontournable 58 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 298 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) avec Giovanni Pinza, de « latiale », c’ est que le Latium est la seule région où ces caractéristiques matérielles se trouvent réunies et uniformisées à ce point De topographique, le qualificatif peut-il devenir ethnique ? En d’ autres termes, a-t-on le droit de considérer que les hommes et les femmes dont les urnes funéraires ont été retrouvées dans le Latium, mais aussi en plein centre de Rome, notamment au Forum, étaient des Latins ? Ce qui permet de donner une réponse positive à cette question, c’ est d’ abord la totale continuité entre les habitats et les nécropoles de cette civilisation « latiale » avec les habitats et les nécropoles du Latium des époques postérieures, et ce notamment dans les cités bien connues de la période classique Il semble en effet très difficile d’ imaginer que, en l’ absence de toute césure ultérieure constatable sur le terrain, les populations des premières époques aient été totalement allogènes par rapport à celles identifiables par la suite comme incontestablement latines Une autre manière de répondre à la question de la latinité et de son émergence, passe par l’ examen du facteur linguistique59 Il faut bien sûr rappeler qu’ il n’ y a pas nécessairement homologie entre les facteurs démographiques et linguistiques : on peut tout à fait parler une langue sans faire partie de ses locuteurs de naissance D’ autre part, il est évident que le latin des périodes dites « latiales » devait être profondément différent de celui que nous connaissons : il se caractérisait par ce que les linguistes appellent aujourd’ hui son polycentrisme, autrement dit, par une grande diversité dialectale On ne parlait pas tout à fait le même latin à Lavinium, à Tibur ou à Rome, même s’ il y avait néanmoins une unité linguistique Bien sûr, comme toute langue, le latin de cette culture latiale était influencé par les langues avec lesquelles il était en contact : l’ étrusque, auquel il a emprunté plusieurs vocables (en moins grand nombre, toutefois, qu’ on ne le dit parfois) ; le grec, dont des locuteurs ont pu être présents en Latium dès les époques post-mycéniennes ; les langues sabelliques, parlées par des peuplades proches Comme on le sait, la plus ancienne inscription latine est celle de la fibule de Préneste, les linguistes actuels y reconnaissant une variété de latin parlée dans ce lieu, et donc bien un témoignage de l’ existence du latin60 ; j’ ajoute que la fibule est désormais (depuis 2011) reconnue comme très probablement authentique sur la base d’ analyses techniques d’ une ingénierie très poussée61 : l’ objet et son inscription sont donc bien datables de la première moitié du viie siècle avant J -C Or une langue 59 Voir Van Heems 2016 60 Voir Touratier 2013, ainsi que l’ importante recension qu’ en a faite Martzloff 2014 61 Voir Limon Belén, Fernández Martinez 2015 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 299 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) qui commence à pouvoir être écrite au viie siècle avant J -C est une langue qui existait déjà, à tout le moins, au siècle précédent On parlait donc latin en Latium aux débuts de l’ âge du fer, et, compte tenu de la continuité topographique et « culturelle » (au sens archéologique du mot) rappelée précédemment, on peut présumer que le latin était parlé en Latium depuis au moins les débuts de cette civilisation latiale, c’ est-àdire, encore une fois, depuis le xiie ou xie siècle avant J -C Qu’ il l’ ait été auparavant, c’ est probable, mais non prouvable On considérera donc que les locuteurs de cette langue latine peuvent être appelés des Latins Compte tenu de ce qui a été dit plus haut sur la continuité géographique entre le massif Albain – espace où a été trouvé le plus grand nombre d’ urnes cabanes « latiales » – et le site romain, on peut en conclure que les Latins ont été présents dès les débuts de la « civilisation latiale » sur les collines bordant le grand fleuve de leur région qui formeront un jour le site de Rome, ce que suggère aussi l’ analogie entre les toponymes Latium et Palatium Ils n’ y ont sans doute pas été les seuls, mais ils ont été les seuls à laisser des traces aussi repérables et uniformes Ce qui veut dire, en d’ autres termes, que les traditions antiques sur une origine latine de Rome sont vérifiées par les résultats de l’archéologie et de l’ anthropologie Il n’ y a dès lors pas à s’ étonner que le latin ait été la langue des Romains, comme en atteste du reste la désignation même de leur cité, urbs, qui, on le sait désormais, relève d’ une origine indo-européenne62 Prévalence latine dans le surgissement de l’ entité romaine qui s’ illustre également par le fait que tous les vocables décrivant les rites auguraux, indispensables à la fondation et au fonctionnement de la cité romaine en tant qu’ organisme politique, sont, sans exception, de facture latine : augurium, auspicium, sulcus primigenius, pomerium, arx, auguraculum Quant à la question de l’ historicité des légendes concernant la fondation de Rome, qui n’ est pas notre sujet ici, il n’ est pas possible de faire comme si les vestiges découverts au pied du Palatin par Andrea Carandini et son équipe n’ existaient pas : le grand livre récemment publié à ce propos par Adam Ziólkowski montre la voie d’ une interprétation qui satisfait pleinement aux critères les plus exigeants de la science historique63 Pour autant, cette première Rome n’ était pas que latine : ce que la tradition antique dit avec insistance, parlant tantôt d’ une urbs geminata, c’ est-àdire unissant Latins et Sabins, tantôt d’une civitas triplex, par allusion aux fameuses trois 62 Voir Grandazzi 2020, p 138, sur les rapports avec le nomen Latinum 63 Ziólkowski 2019 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 300 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) tribus romuléennes des Ramnes, Titienses et Luceres64 Mais on est là, on va le voir dans un instant, à un stade déjà nettement postérieur à l’ ethnogenèse des Latins Ces Latins, qui parlaient le latin (un proto-latin, bien entendu, par rapport à celui que nous connaissons), avaient-ils conscience d’ être des Latins ? Autrement dit, se sentaient-ils appartenir à un ensemble humain différenciable de ceux qui pouvaient exister autour d’ eux ? Si on veut échapper aux risques de la paléo-psychologie, voire à ceux du roman, c’ est vers l’ étude des facteurs religieux qu’ il faut se tourner Comme on l’ a vu, il y a d’ abord ce fait, remarqué depuis très longtemps, qu’ est la surprenante homologie des cultes funéraires dans toute la région : même si on ne peut restituer les croyances qui accompagnaient ces rites, il est certain que cette uniformité de comportements rituels implique des formes minimales de conscience collective Mais il y a plus et il convient de rappeler ici la définition de la latinité que donnait un auteur aussi informé que Varron : pour lui, peuvent être définis comme Latins les participants aux Féries Latines, autrement dit la principale panégyrie du Latium, célébrée et contrôlée à l’ époque classique par l’ État romain65 Latinae feriae dies conceptiuus, dictus a Latinis populis, quibus in Albano monte ex sacris carnem petere fuit ius cum Romanis, a quibus Latinis Latinae dictae Mobile est le jour des Féries latines nommées d’ après les peuples latins, qui, sur le mont Albain, avaient en commun avec les Romains le droit de réclamer leur portion du sacrifice ; c’ est d’ après ces Latins qu’ elles ont été appelées Latines66 Il s’ agissait, comme on sait, d’ une fête confédérale regroupant une fois par an sur le sommet du Monte Cavo, antique mons Albanus ou arx Albana67, et en présence d’ une très nombreuse assistance, les délégués des cités latines et ceux de Rome pour un sacrifice commun célébré en l’ honneur de Iuppiter Latiaris, Jupiter Latial C’ est dire qu’ on se trouve ici en présence de la typologie, bien connue par ailleurs, d’ une panégyrie fondant l’ appartenance, et le sentiment d’ appartenance, à un ethnos, en l’ occurrence le nomen Latinum Que celui-ci soit désigné par le mot nomen est du reste révélateur de la capacité d’ ouverture et d’ intégration de cette confédération latine : pour qu’ une 64 Sur ces aspects, voir l’ ultime ouvrage (posthume) de Prosdocimi 2016 J’ ai consacré à l’ analyse détaillée des Féries Latines les p 517 à 729 du vol II de Grandazzi 2008 ; la liste des populi Albenses y est étudiée p 676-727 65 La Langue latine, VI, 25, éd -trad P Flobert, 1985, p 15 Se retrouveront dans la liste plinienne, le mot populi ainsi que la formule carnem in monte Albano : autant d’ indices en faveur de la provenance des deux textes d’ une même source 66 67 Pour la démonstration de cette équivalence, voir Grandazzi 2006 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 301 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) population (car il s’ agit, comme presque toujours dans le monde antique, d’ un rituel à dimension collective et non individuelle) puisse être qualifiée de « Latine », il suffit qu’ elle puisse être nommée comme telle du fait de sa participation aux Féries Latines Ce qui ouvrait la porte à des peuples d’ origine non latine, comme, de fait, il semblerait que, d’ après Denys d’ Halicarnasse68 ce fut le cas pour les Herniques et même les Volsques (en tout cas, une partie d’ entre eux) En somme, ou on est latin par naissance, ou on peut le devenir aussi, parce qu’ on est dit tel, sur la base d’ une participation à certains rituels collectifs en un certain lieu, l’ arx Albana en l’ occurrence : on voit qu’ on n’ est alors plus très loin de ce qui deviendra, aux époques postérieures, le type de définition et de conditions d’ accès à la citoyenneté romaine En tout cas, on doit souligner que, grâce à un document exceptionnel, aujourd’ hui considéré presque unanimement comme authentique et très ancien, on a une image de ce qu’ a pu être la première ligue latine : il s’ agit de la liste des populi dits Albenses, transmise par Pline69, mais remontant beaucoup plus avant et qu’ on date désormais d’ avant le temps des cités en Latium, soit les toutes premières périodes de ce qui est, archéologiquement, la « civilisation latiale » Collectivement comme personnellement, on prend toujours conscience de soi par rapport à autrui : à cet égard, il se pourrait bien que l’ histoire de la religion étrusque apporte une illustration du rayonnement « international » qu’ a pu avoir cette première ligue latine à base religieuse, s’ il se confirmait que, comme l’ ont supposé naguère le linguiste Helmut Rix puis l’ archéologue Mario Torelli70, les noms de plusieurs de leurs divinités (notamment Maris, Uni, Nethuns, Selvans, Menerva, Satre, Veive) arrivèrent aux Étrusques en provenance de territoires situés sur la rive gauche du Tibre : ainsi, au rebours de la vulgate traditionnelle, les emprunts religieux allèrent du Latium vers l’ Étrurie, et non pas dans le sens inverse Ce qui n’ a pu se faire, comme le soulignait M Torelli, qu’ avant le décollage culturel et économique que connaîtront les territoires étrusques avec l’ urbanisation qui s’ y manifestera à partir du ixe siècle avant J -C Il reste qu’ il faut bien admettre que la preuve archéologique de l’ existence d’ un sanctuaire confédéral sur le Mont Albain dès la fin de l’ âge du bronze est plus présumable que définitivement concluante : le site n’ a cessé, en effet, d’ être, depuis la Renaissance, soumis à des déprédations continuelles71 Fort heureusement, il se trouve 68 Antiquités Romaines, IV, 49 69 Histoire naturelle, III, 69 70 Torelli 2009 71 Description et analyse des fouilles successives dans Grandazzi 2008, vol I, p 267-281 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 302 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) qu’ à quelques km de là, dans ce même massif Albain, qui apparaît avoir été, aux époques hautes, le centre de la latinité, une nouvelle découverte archéologique vient apporter un élément d’ importance majeure pour notre propos Sur la rive du lac de Nemi, en effet, là où s’ élevait le sanctuaire de Diane et dont n’ avaient été retrouvées jusqu’ à récemment que des traces relativement tardives, a été enfin identifié, à la faveur de fouilles encore en cours, le site du sanctuaire le plus ancien, qui se situait non pas au bord de l’ eau, comme on l’ avait pensé, mais sur une terrasse à mi-hauteur de la pente Or, à cet endroit, a été trouvé et dégagé un enclos de pierre destiné, selon toute vraisemblance, à entourer une plantation à laquelle était conférée ainsi une sacralité particulière : devant ledit enclos, a été retrouvé un dépôt votif qui paraît avoir été en usage dès une chronologie très haute, le xie, voire le xiie siècle av J -C Filippo Coarelli et Giuseppina Ghini ont proposé de reconnaître dans ces vestiges l’ aire sacrée de l’ arbre connu dans la tradition virgilienne72 comme l’ arbre au rameau d’ or, objet d’ une dévotion collective dont le dépôt votif, situé juste devant lui, témoignerait pour une durée de plusieurs siècles Or les céramologues qui ont étudié ledit dépôt votif ont noté que, dès ses phases les plus anciennes, il porte les signes d’ un début de différenciation régionale73 On l’ aura compris : il se pourrait bien que l’ on fût là en présence du plus ancien lieu de culte collectif identifiable en Latium, un culte qui, compte tenu de l’ identité de la divinité honorée là à l’ époque historique, et de la continuité d’ occupation et de fréquentation que révèle le site, ne peut qu’ avoir été de caractère latin dès ses tout premiers débuts Nous ne pouvons mieux faire que citer la conclusion qu’ en tire Filippo Coarelli lui-même74 : L’ apparition en plein âge du bronze du sanctuaire de Diane, telle qu’ elle s’ avère aujourd’ hui démontrée, constitue une preuve déterminante en faveur de la datation à cette même époque de la plus ancienne ligue latine On a donc ici une preuve archéologique de l’ ethnogenèse latine dès la toute première phase de la culture latiale, une preuve qui, compte tenu de son histoire tourmentée, restait insuffisante sur le Mont Albain L’ ethnogenèse latine n’ est donc ni tardive ni artificiellement fabriquée bien des siècles après par des littérateurs idéologues ; elle est un phénomène protohistorique, présumable par l’ anthropologie religieuse et vérifié par l’ archéologie 72 Servius, Commentaire à l’ Éneide, VI, 136 73 Voir Bruni 2014, p 48 74 Coarelli 2012, p 564 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 303 304 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Bibliographie Bourdin S (2012), Les peuples de l’ Italie préromaine. Identités, territoires et relations inter-ethniques en Italie centrale et septentrionale (viiie-ier s. av. J.-C.), Rome (BEFAR 350) Bruni B (2014), « I materiali preistorici e protostorici », dans Il Santuario di Diana a Nemi. Le terrazze e il ninfeo. Scavi 1989-2009, Rome, p 43-71 Coarelli F (2012), « Le sanctuaire de Diana Nemorensis : nouvelles découvertes », Comptes rendus des séances de l’ Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 156/1, p 555-569 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Dan A (2016), « II Identités ethniques », dans A Dan et al , « Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi Chronique 2016 – Mythe, histoire, identités ethniques », Dialogues d’ histoire ancienne, 42/1, p 273-351 De Sanctis G (2021), Roma prima di Roma. 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La langue latine au contact de ses voisines : questions de méthode et réflexions autour du cas du “bilinguisme” étrusco-latin », dans M Aberson, M C Biella et alii, L’ Italia centrale e la creazione di una koiné culturale ? E pluribus unum ?, vol II, Berne, p 105119 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Cifani G (2021), The Origins of the Roman Economy, Cambridge Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 305 Ziólkowski A (2019), From the Roma quadrata to La grande Roma dei Tarquini. A Study of the Literary Tradition on Rome’ s Territorial Growth under the Kings, Stuttgart Alexandre Grandazzi IV- Géographie, ethnographie, identité et romanisation en Ibérie/Hispanie75 Quamquam est uno loco condicio melior externae victoriae quam domesticae, quod hostes alienigenae aut oppressi serviunt aut recepti beneficio se obligatos putant… © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Ce texte traite de la réalité pluri-identitaire de l’ Ibérie/Hispanie en rapport avec le processus de « romanisation » car, à notre avis, les deux concepts sont indéniablement connectés 1- La crise du concept de « romanisation » Entre le xixe siècle et les années 1960, le caractère positif de la « romanisation » n’ a pas été mis en cause Le débat académique se fixait autour de la portée, du degré, de l’ intensité ou des agents intervenants dans ce « processus historique » Certes, au fur et à mesure que l’ on disposait de nouvelles données – archéologiques ou littéraires –, le phénomène de la « romanisation » commençait à être régionalisé Mais la vision de la romanisation comme progrès continu des territoires et des sociétés conquises, tant d’ un point de vue matériel que du point de vue culturel, ne fut pas contestée L’ extension de la cité et de ses formes les plus efficaces d’ exploitation économique et socio-politique, l’ homogénéisation des territoires et de leurs populations grâce au développement des réseaux de communication qui permirent, à leur tour, la mobilité sociale et la diffusion de valeurs et de cultures partagées, le gouvernement s’ appuyant sur un corpus juridique Projets de recherche : « Geografía y etnografía antiguas de la Península Ibérica de Eratóstenes a Ptolomeo: describir el espacio y dibujar el mapa II » (PID2020-117119GB-C21), « Hacia las fronteras del mundo habitado Conocimiento y transmisión de la literatura geográfica e historiográfica griega » (US1380757), « Incognitae Terrae, Incognitae Gentes El conocimiento geográfico e historiográfico antiguo: formación, evolución, transmisión y recepción » (P20_00573) y Grupo de Estudios Historiográficos (Plan Andaluz de Investigación HUM-394) Ce texte s’ appuie sur une conférence tenue au Séminaire « Géographie historique et géoarchéologie » le 14 février 2020 à l’ École Normale Supérieure de Paris Nous tenons ici à remercier nos collègues Anca Dan, pour son aimable invitation, pour son accueil ainsi que pour la correction du texte en français, et Pilar Ciprés pour ses suggestions concernant le texte 75 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) (Cicéron, Contre Catilina, IV, 22, 1) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) unique, ou l’ implantation d’ une langue et d’ une écriture communes, entre autres éléments, furent considérés comme de jalons incontestables de progrès et de bien-être, en particulier pour les populations dispersées, fragmentées et éloignées de l’ Europe occidentale et des côtes africaines Dans ce contexte-là, les communautés préexistantes à la conquête qui, d’ une façon ou d’ une autre, continuèrent d’ exister jusqu’ à leur absorption définitive et leur transformation en « Romains », étaient considérées comme de simples agents passifs76 Les processus dramatiques de décolonisation vécus par les puissances européennes à partir des années 50 ont eu un effet dévastateur non seulement sur la vision du présent mais aussi du passé Jusqu’ alors, les entreprises coloniales avaient partagé une idée : étendre la civilisation aux populations emprisonnées par une culture arriérée lorsqu’ elle n’ était pas primitive Il s’ agissait, en conséquence, de reprendre le chemin commencé par Rome et interrompu par l’ Islam La décolonisation et l’ apparition de nouveaux modèles d’ organisation politique qui ont, en partie, marqué une rupture avec ce passé colonial ont mis en lumière la réalité en toute son âpreté : la colonisation n’ avait été qu’ un processus d’ exploitation et d’ assujettissement mené avec la connivence des minorités corrompues, et même d’ extermination de populations entières, soumises à une tentative d’ acculturation forcée et échouée qui, par ailleurs, a engendré de fortes tensions internes Les mouvements contre la ségrégation raciale aux États-Unis, la crise de Mai 68 ou la guerre du Vietnam, qui ont mis en cause le modèle occidental dominant, n’ ont fait que creuser l’ écart dans les contradictions du système Inévitablement, ce passé idéal, dans lequel Rome était la seule protagoniste, a dû être revisité et débattu77 C’ est bien connu que nous devons à Th Mommsen la vision canonique de la romanisation, surtout à partir la publication du cinquième tome de sa Römische Geschichte en Angleterre en 1886 Son idée de départ était que la romanisation était un processus inévitable et positif ; même les communautés provinciales conquises y assumaient un rôle actif, car Rome les faisait échapper à une vie de pauvreté et de barbarie (voir Wulff 2021, p 169-231) Le succès de cette perspective sans nuances a été total, notamment dans le monde anglo-saxon (voir Haverfield 1915), en raison de la légitimation d’ une politique impérialiste (cf Freeman 1997 ; Crespo Mas 2008) 76 Cette forte contestation des systèmes impérialistes, coloniaux et néocoloniaux, qui eut lieu entre les années 60 et 80 du dernier siècle, fut très importante dans les milieux universitaires européens et nordaméricains et elle eut une forte influence historiographique dans tous les domaines d’ étude, y compris celui de l’ Antiquité Le vieux paradigme qui voyait le monde gréco-romain comme une phase incontournable dans le processus civilisateur, dans lequel les civilisations plus anciennes ou périphériques vaincues finissaient par être absorbées, commence à être mis en cause La révision du vieux modèle passait par une réévaluation du phénomène colonial grec, en octroyant aux communautés locales un rôle actif dans 77 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 306 307 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts employés ont commencé à changer78 Ainsi, l’ intégration a laissé place à la résistance, à la persistance ou à la continuité ; la « romanisation » a laissé, à son tour, place à des expressions telles que « modes de contact » ou « processus de transferts » qui laissaient un rôle de protagoniste aux communautés vaincues ou soumises79 En conséquence, est né un débat sur la portée et les possibles effets négatifs de l’ impérialisme romain L’ étude des langues préromaines ou la continuité de certains usages culturels ou religieux ont été mises en valeur et quelques phénomènes qui avaient été catalogués comme strictement romains commencèrent à être analysés selon une optique différente, qui finit par déboucher vers une « provincialisation » de la romanisation On a donc commencé à parler de la singularité hispano-romaine ou gallo-romaine d’ un point de vue culturel mais aussi social80 Le changement de paradigme s’ impose : le débat à propos de l’ identité et des nouvelles perspectives sur la romanisation vont de pair, à tel point que le dernier concept devient pratiquement obsolète à cause de l’ irruption du premier Aujourd’ hui, personne ne doute que l’ Empire romain était constitué d’ un conglomérat d’ identités leur évolution Elle passait aussi par l’ acceptation du caractère multiethnique et innovateur des empires orientaux, qui n’ étaient plus conçus comme des réalités compactes, statiques et peu développées En même temps, plusieurs études sur les particularités de la culture hellénistique face à l’ idée traditionnelle de l’ homogénéité du modèle classique commencent à être publiées Toutes ces approches critiquent les regards conservateurs sur les processus de contact entre des sociétés inégales Elles mettent en doute « l’ utilité » des impérialismes antiques et les bontés de l’ épanouissement de la civilisation Suite à ces critiques, on vient à regretter l’ ignorance préconçue envers les oubliés et les vaincus de l’ Histoire grécoromaine ainsi qu’ à revendiquer une vision plurielle du monde classique, qui inclue les Perses, les Puniques, les Iraniens, les Juifs, les Scythes, les Italiques, etc Dans ce sens-là, le livre d’ A Momigliano (1975) causa un vrai bouleversement historiographique (cf Wullf 2019b) Voir les résultats du colloque tenu à Cortone en mai 1981, et publié par l’ École Française de Rome en 1983 sous le titre Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes 78 Voir l’ étude essentielle de Bénabou 1976, qui évoque la résistance des populations nord-africaines, pour préserver leur identité face à l’ imposition du modèle de Rome ; cette opposition transparaît aussi dans des résistances quotidiennes, silencieuses ou invisibles, qui expriment autant les permanences et continuités culturelles que les phénomènes d’ hybridation avec les modèles exogènes 79 Voir les études fondamentales de Millet 1990 qui pense que le succès fût l’ intégration des élites locales, car elles viennent à assumer la culture romaine afin de perpétuer leur pouvoir et leur prestige communautaires, lors du processus de romanisation Voir aussi les travaux de Woolf 1998, qui soutient que le modèle de la romanisation a permis le développement des cultures provinciales à caractère hybride, qui provoquent de changements dans deux sens, pas seulement dans les milieux provinciaux mais aussi dans le pouvoir romain même (cf Keay, Terrenato 2001) 80 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) qui agissaient autant dans la sphère publique que dans la sphère privée81 La question s’ inscrit désormais dans le contexte de la crise des identités traditionnelles de l’ hémisphère Nord, avec le développement de sociétés multi-ethniques, multiculturelles et multi-identitaires, le succès des modèles d’ analyse postmodernistes qui remettent en cause les schémas analytiques précédents, pétrifiés à la chute du mur de Berlin, la crise de l’ hégémonie académique occidentale, la critique des perspectives eurocentristes ainsi que l’ émergence d’ approches post-processuelles et post-coloniales dans l’ étude des sociétés périphériques du présent et du passé82 On n’ y peut pas faire abstraction du rôle joué par le développement de l’ archéologie, sous de nouveaux critères épistémologiques et méthodologiques De manière progressive, l’ archéologie classique des monuments – apparentée à l’ histoire de l’ art et à la philologie – fut remplacée par une discipline très influencée par la sociologie et l’ anthropologie, qui s’ intéressaient à la culture matérielle et à toute manifestation 81 Revell 2015 Actuellement, les débats atteignent de positions plus extrêmes que celles de Millet et Woolf qui n’ arrivaient pas à nier la position de Rome en tant que puissance dominatrice En fait, au plus fort du succès des études post-coloniales (notamment dans l’ historiographie anglo-saxonne), les discussions se tournent vers « l’ agence locale », le rôle des « groupes subalternes », les minorités et leur « résistance passive », les « espaces intermédiaires » ou « neutres », les phénomènes d’ hybridation et de transfert culturel, en arrivant même à la négation de l’ opérativité du concept de « romanisation » (voir Barrett 1997) car il s’ agit d’ une notion unidirectionnelle et généraliste qui ne tient pas compte des réalités culturelles et identitaires locales très dynamiques et à caractère hétérogène On opte ainsi pour la « créolisation », le « bricolage culturel » ou même la « glocalisation » qui, comme la globalisation actuelle, sert à mettre l’ accent sur la multi-directionnalité des changements au niveau politique, économique et culturel de manière unitaire et en même temps interconnectée À notre avis, l’ expression braudélienne de « transfert culturel » reflète le mieux ce virage (Dan, Queyrel 2014) Voir, en général, Hingley 2005 ; Mattingly 2011 ; Webster 2001 ; Scott 1985 ; pour les derniers concepts mentionnés, voir Pitts, Versluys 2015 ou Roudometof 2016 ; pour un état de la question en partant d’ une perspective post-coloniale, voir Van Oyen 2015 De telles approches ont été qualifiées d’ « idéalistes » car, en mettant un accent excessif sur le fait local, elles finissent par diluer le rôle de Rome, ainsi que l’ inégalité et la dépendance implicite et explicite de tout colonialisme : voir Gardner 2013 ; Silliman 2005 Elles ont été aussi critiquées d’ être excessivement théoriques, car elles projettent sur le monde romain, avec un excès d’ automatisme, les modèles d’ analyse des réalités contemporaines (voir Beltrán 2017, p 18-21, et plus spécialement, Cardete del Olmo 2018, p 659-673) Pour une analyse plus mesurée, voir Le Roux 2004 ; 2006b, p 159-166, et Pereira Menaut 2010 ; pour un état de la question, voir Versluys 2014, avec le travail de Woolf Une synthèse a été publiée dans Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 3 5 et 5 1 82 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 308 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 309 susceptible de fournir de données à caractère historique83 En faisant cela, l’ archéologie fixe son attention sur de sujets ou de processus qui, jusque-là, avaient été passés sous silence ou n’ avaient pas été consciemment pris en compte, étant donné qu’ ils ne sont présents ni dans la littérature classique ni dans l’ histoire politique qui en découle84 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) L’ Espagne est un cas d’ études à part La situation académique et historiographique y était bien distincte de celle du reste de l’ Europe Le franquisme, au moins jusqu’ à l’ arrivée du développementalisme et le saut culturel des années 60, n’ eut pas cessé de mépriser le développement vécu par la science espagnole entre 1890 et 1936 – une période connue, à juste titre, comme edad de plata de la culture espagnole Le régime récupéra un modèle éducatif et culturel ancré dans le conservatisme catholique du xixe siècle, dans une université appauvrie par la guerre civile, complètement isolée et anéantie par l’ exil forcé de ses représentants les plus notables85 D’ un point de vue historiographique, l’ idée de Rome qui continuait à se répandre en Espagne était celle d’un pouvoir politique qui avait réussi à soumettre les indomptables Ibères, en mettant un terme à leur tendance naturelle à l’ affrontement civil et en les dotant d’ une langue et d’ une culture communes86 Ainsi, Mela, Martial, Il n’ est pas nécessaire d’ expliquer pourquoi l’ archéologie a joué et joue encore un rôle central dans les débats à propos des identités (tant au niveau théorique ‒ pour les approches constructivistes ‒ comme au niveau pratique) La culture matérielle en tant qu’ item ethnique identitaire est, très souvent, la seule variable dont on dispose quand il s’ agit d’ étudier les communautés illettrées, c’ est-à-dire la majeure partie des sociétés dans l’ Antiquité Les identités collectives y jouent un rôle plus important que les identités individuelles La culture matérielle devient pourtant une variable d’ interprétation complexe, car le passage que suit un élément matériel à usage commun et quotidien pour arriver à être un item identitaire n’ est pas jamais automatique : ce sont les communautés qui lui confient une certaine valeur, selon la pratique sociale Voir les travaux déjà classiques de Barth 1969, Hodder 1982, Shennan 1989 ou Jones 1997 ; plus récemment Fernández-Götz 2008 et 2009, et Fernández-Götz, Ruiz Zapatero 2011 Une synthèse dans Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 2 1 et 3 4 Le débat sur la « romanisation » a d’ ailleurs été mené en large mesure par les archéologues (voir n 82) 83 Le succès actuel des théories philosophiques post-humanistes qui nient le rôle central de l’ être humain a fait pencher l’ archéologie à nouveau vers l’ artéfact, laissant complètement de côté l’ élément humain : voir Díaz de Liaño, Fernández-Götz 2021, et Fernández-Götz, Gardner, Díaz de Liaño, Harris 2021 84 85 Voir Wulff 2004 On trouve ainsi dans l’ Antiquité le « caractère essentiel » espagnol, avec un fort individualisme, une nature indomptable qui fait face aux envahisseurs, un attachement à la terre d’ origine et un monothéisme 86 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 2- Le dossier espagnol : historiographie et politique © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Sénèque, Trajan, Hadrien, Théodose ou Isidore étaient des figures qui s’ imposaient par leur origine hispanique et par leur capacité de gestion politique, culturelle et religieuse au milieu d’ un empire décadent Ainsi, on était face à une romanisation à l’espagnole87 D’ autre part, la clé de voûte de l’ identité espagnole ne résidait pas dans l’ époque antique, mais au Moyen Âge et, surtout, à la période de l’ expulsion des musulmans Dans ce contexte, la discipline antiquaire n’ était, loin il s’ en fallait, l’ une des plus puissantes car elle ne comptait pas sur un appui politique solide, comme c’était le cas en Italie, par exemple Au-delà d’ un essentialisme démodé, où les gènes de « l’ espagnol » ont été trouvés chez les premiers habitants du terroir hispanique, le nœud gordien de notre identité nationale devait être cherché dans l’ unification territoriale, politique et religieuse d’ Isabelle de Castille et Ferdinand d’ Aragon, les rois catholiques, qui avaient comme précédent l’ éphémère période visigothique Par ce modèle, on dépassait pour la première fois la contradiction que l’ on héritait depuis l’ Antiquité : l’ étranger et/ou l’ infidèle était finalement expulsé et l’ on atteignait l’ unité politique et religieuse longuement attendue88 Il nous paraît important de souligner ces questions car elles nous aident à comprendre dans quel état se trouvait le débat à propos de la romanisation en Espagne, pendant que d’ autres paradigmes poussaient dans l’ historiographie européenne Dans le cas espagnol, de facto, les sciences humaines et sociales n’ ont commencé à décoller que dans les années 60, lorsqu’ un certain développement économique a permis aux chercheurs et scientifiques espagnols une timide ouverture vers l’ Europe Ce décollement a été encouragé par la réactivation de l’ activité scientifique d’ institutions comme l’ Instituto Arqueológico Alemán ou la Casa de Velázquez, à Madrid Leurs travaux en collaboration avec les protohistoriens et les archéologues ont contribué largement au renouvellement des techniques de fouille, primitif, qui annoncerait le triomphe du Christianisme Cet historicisme culturel, très répandu dans les études d’ archéologie préhistorique publiées entre dans les premières 60 années du xxe siècle n’ est pas, loin il s’ en faut, un phénomène constaté seulement en Espagne, mais dans toute l’ Europe (Díaz-Andreu et al 2009, p 30-36 ; Díaz-Andreu 2002, p 38-41) Gozalbes Cravioto, González Ballesteros 2007 Cette vision positive de la romanisation et de son hispanisation contraste avec des approches plus critiques ‒ bien que minoritaires ‒ comme celle de P Bosch Gimpera dans les années 20 Bosch Gimpera, qui a fini ses jours exilé en Mexique, soutenait que la romanisation était une « super structure » sous laquelle un component social et culturel indigène a toujours survécu, renaissant après la chute de l’ Empire romain (cf Blázquez 1969) Paradoxalement, il faudra atteindre quelques années ‒ pendant la période de « soulagement intellectuel » de l’ époque franquiste ‒ pour que les idées de Bosch trouvent leur place dans l’ historiographie hispanique Pour la figure de Bosch, voir Cortadella 2003 87 88 Voir en général Wulff 2003 et Wulff, Álvarez Martí-Aguilar 2003 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 310 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) des concepts et des méthodologies d’ analyse, en donnant lieu à la création de nouveaux réseaux d’ échanges scientifiques Cette circonstance a aussi permis aux nouvelles générations d’ archéologues espagnols d’ augmenter leurs capacités de formation et leurs possibilités de spécialisation thématique et technique La multiplication des campagnes de fouilles, pas seulement au sein de chantiers monumentaux ou emblématiques mais aussi sur des sites beaucoup moins connus, a permis d’ouvrir le champ de recherche vers des cultures ou des périodes inattendues jusqu’ alors Le débat sur « l’ essence espagnole » est toujours présent89, mais un changement de perspective commença à s’y développer doucement Dans ce processus, on remarque surtout les premiers travaux de M Vigil90, qui opposa la romanisation à la survivance des structures sociales indigènes dans le cas précis du nord de la péninsule (fait qui avait déjà été souligné par Broughton91) Peu après, il développa ses hypothèses dans son introduction à la Formación del feudalismo, en collaboration avec Abilio Barbero92 Le seul fait de parler de « items ou rythmes de romanisation » ou de la distinction d’ un impact divers de Rome parmi les communautés indigènes constituait déjà une transformation envers la vision centraliste romaine des années 40 et 5093 Mais ce changement de perspective n’ a rien de comparable avec l’ effet rénovateur que l’ anthropologie, la sociologie ou l’ archéologie ont eu sur l’ histoire ancienne en Europe, pendant les années 60 et 70 du xxe siècle Un changement quantitatif et qualitatif apparaît à la période postfranquiste, quand les conditions matérielles et intellectuelles en Espagne sont devenues plus propices Dès ce moment-là, on y assista à un profond renouvellement des institutions universitaires espagnoles, qui commençaient à disposer d’ un budget plus important Ces ressources économiques ont servi à financer des séjours de recherche et des programmes de formation du professorat espagnol, lui permettant de prendre contact avec des laboratoires de recherche français et italiens, en premier lieu, ainsi qu’ anglosaxons quelques années plus tard Il va de soi que les équipes qui y travaillaient étaient de pionniers dans leurs approches méthodologiques et conceptuelles En même temps, le renforcement de l’ archéologie locale et régionale allait mettre à la disposition des chercheurs un nombre considérable de données matérielles 89 Voir, par exemple, Blázquez 1969, qui critique la « romanisation super structurelle » de Bosch 90 Vigil 1963 91 Broughton 1959 92 Barbero 1978 93 Voir Balil 1956 ; Palol 1960 ; Blázquez 1962 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 311 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 312 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Ce n’ est pas un hasard si les changements de paradigme interprétatif dans l’ historiographie hispanique commencent par les études sur les peuples du Nord péninsulaire, en suivant la voie de recherche ouverte par Marcelo Vigil La rupture dans cette zone du modèle traditionnel de romanisation est beaucoup plus évidente si l’ on tient compte de la documentation épigraphique et littéraire Pour cela, il suffisait d’ y apposer un regard différent : une survivance quelconque ne peut pas avoir la même valeur ni peut jouer le même rôle dans deux contextes différents En sens inverse, une nouveauté romaine qui apparaissait dans un contexte précoce de conquête ne pouvait être analysée en partant seulement d’ une approche acculturatrice Voici quelques exemples Dans le monde gallaïque et, en général, sur la côte cantabrique, la réalité antique était complexe D’ une part, la conquête romaine tardive et une situation périphérique par rapport aux aires de tension et d’ activité militaire pendant le iie et le ier siècle avant J -C 94 ont contribué au développement des cultures locales, qui étaient très puissantes quand Auguste y parvient à les soumettre entre 29 et 19 avant J -C 95 D’ autre part, juste après la conquête, nous y constatons une hybridation identitaire dans l’ épigraphie (qui accepte les usages latins)96 et même dans les croyances (quand les dieux locaux s’ expriment en se servant d’ un « nouvel ordre institutionnel »)97 Les rapports en sont encore plus évidents dans le domaine politique et administratif Dans le cas gallaïque, le contrôle romain s’ organise autour des castella et de plusieurs populi/civitates. Assez tôt, Rome crée ainsi une identité consciente, autour d’ une réalité neuve ‒ Callaecia98 Cette identité est construite sur certaines bases qui finissent par acquérir un sens ethnique Cette affirmation doit être nuancée car la situation dans la zone méridionale gallaïque (beaucoup plus développée du point de vue économique et urbain, grâce aux grands oppida), différente de celle que l’ on documente dans la partie septentrionale de la région (voir la bibliographie, n 99) 94 Dans le cas gallaïque, ni les interventions militaires de D Iunius Brutus en 138 av Ch , ni celle de César en 61-60 av Ch , tenues dans les zones méridionales du nord-ouest n’ ont presque pas d’ effet 95 96 Albertos 1987 97 González Rodríguez 2005 ; 2018 Le choronyme précède l’ ethnonyme de « gallaïcan » Ce territoire fut reconnu en tant que prouincia en 239 apr J -C , sous Dioclétien Pour Callaecia en tant que région historique crée par Rome, voir Pereira 1983 et 1984 98 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 3- Les changements de paradigme : les peuples du nord péninsulaire comme étude de cas 313 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) et territorial nouveau99 Ainsi, l’ intervention romaine dans la sphère publique est perceptible dans des documents épigraphiques à une date très proche après la conquête, comme c’ est le cas du bronze de Bembibre, daté de 15 avant J -C , ou de la Tabula Lougeiorum, datée de 1 après J -C Dans le premier cas100, à travers ses legati, Auguste modifie les limites et les munera de communautés de dediticii (castella et gentes/civitates) appartenant à une zone de la Transduriana prouincia101, pour récompenser les communautés qui sont restées fidèles à Rome et punir celles qui n’ont pas accompli leurs obligations (sans doute à caractère militaire, mais il n’ est pas clair qu’ elles soient les seuls revenus réclamés par l’ Empire) L’ importance du bronze de Bembibre ne réside pas tellement dans le fait qu’ il s’ agit d’ un texte officiel qui reflète le « respect » montré par Rome aux « organisations indigènes » et a priori à leurs territoires en permettant un certain degré d’ autonomie aux divers castella des civitates ‒ ce qui était d’ ailleurs normal dans les communautés pérégrines Rome y montre sa capacité de reformuler le rôle et les fonctions des castella autour de la gens/civitas. La civitas se constitue alors dans une structure politique et C’ est surtout dans l’ habitat que les signes de continuité sont les plus évidents, même si l’ effet que l’ articulation précoce des territoires autour des trois grandes capitales conventuelles a eu sur les castra reste encore à étudier en profondeur (Dopico, Santos Yanguas 2017, p 710-711) Pour la culture castreña voir : González Ruibal 2007 et Calo Lourido 1997 Pour la romanisation de la zone, voir la première partie de Dopico, Rodríguez, Villanueva Acuña 2009 99 Imp(erator) Caesar divi fil(ius) Aug(ustus) trib(unicia) pot(estate) / VIII{I} et proco(n)s(ule) dicit / castellanos Paemeiobrigenses ex / gente Susarrorum desciscentibus / ceteris permansisse in officio cog/novi ex omnibus legatis meis qui / Transdurianae provinciae prae/fuerunt itaque eos universos im/munitate perpetua dono quosq(ue) agros et quibus finibus possede/runt Lucio Sestio Quirinale leg(ato) / meo eam provinciam optinente{m} / eos agros sine controversia possi/dere iubeo / castellanis Paemeiobrigensibus ex / gente Susarrorum quibus ante ea(m) / immunitatem omnium rerum dede/ram eorum loco restituo castellanos / Aiiobrigiaecinos ex gente Gigurro/rum volente ipsa civitate eosque / castellanos Aiiobrigiaecinos om/ni munere fungi iubeo cum / Susarris / actum Narbone Martio / XVI et XV K(alendas) Martias / M(arco) Druso Li/bone Lucio Calpurnio Pisone co(n)s(ulibus) HEp 7, 1997, 378 = HEp 8, 1998, 325 = HEp 11, 2001, 286 = HEp 2013, 285 = AÉ 1999, 915 = AÉ 2000, 760 = AÉ 2001, 1214 Provenance : Bembibre, León – une zone de « frontière » entre le monde des Gallaïcans et celui des Astures Pour une synthèse sur débat autour l’ authenticité du bronze voir Wulff 2012, p 504-507, et Rodríguez Colmenero 2010, n 1 Pour le rôle des gentes, voir infra, sur le Pacte des Zoelae 100 Prouincia à existence éphémère, la Transduriana dépend du legatus Lucius Sestius L’ existence de cette prouincia montre encore une fois l’ énorme adaptabilité romaine aux instruments politiques et militaires qu’ elle a à sa disposition Pour le terme prouincia et le cas précis de la Transduriana, voir Díaz Fernández 2015 et 2021 L’ aire de cette prouincia coïncide avec l’ imperium d’ un legatus qui a sous ses ordres deux légions ; elle se place au-delà du fleuve Douro, jusqu’ au territoire des Gallaïcans dont parle Strabon dans III, 4, 20 101 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) administrative neuve, où les obligations des castella deviennent interchangeables Tout cela se passe dans un contexte qui est encore à caractère préurbain102 La Tabula Lougeiorum103 nous a permis de dater une nouvelle structure territoriale, politique et administrative : le conuentus iuridici, qui rassemblait une série de civitates et de populi (en en éloignant en même temps d’ autres) sur la base de leur affinité ethnique ou pour des questions stratégiques et économiques, autour d’ un siège conventuel Le legatus-gouverneur s’ y déplaçait de manière régulière, pour y appliquer la loi de Rome dans les cas litigieux104 Ces deux documents épigraphiques sont à notre avis deux exemples clairs des changements structurels qui touchent le noyau des communautés indigènes ‒ voire leurs capacités de détermination et leurs territoires ‒ même si elles arrivaient à garder une partie de leur identité Dans cette partie de la péninsule ibérique, Rome se servait des pactes d’ hospitalité afin de réorganiser les territoires et/ou d’ y établir de liens personnels et collectifs soit parmi les différentes communautés, soit avec des personnalités locales prestigieuses qui intervenaient dans les affaires de leur gentes/civitates105, où elles Wulff 2012 et 2019 ; à propos les possibles exigences et exemptions, voir Rodríguez Colmenero 2010, p 42 102 103 C(aio) Caesare Aug(usto) f(ilio) L(ucio) Aemilio Paullo co(n)s(ulibus) / ex gente Asturum conventus Arae / August(a)e / civitas Lougeiorum hospitium fecit cum / C(aio) Asinio Gallo libereis postereisque eius / eumque liberos posterosque eius sibi libe/reis postereisque suis patronum cooptarunt / isque eos in fidem clientelamque suam suo/rumque recepit / egerunt legati / Silvanus Clouti / Nobbius Andami HEp 1, 1989, 458 ; HEp 3, 1993, 247 ; HEp 7, 1997, 402 ; HEp 4, 1994, 505 ; AÉ 1984, 553 ; AÉ 1987, 561 ; AÉ 1989, 431 ; AÉ 1997, 862 Provenance : Lugo Voir Santos Yanguas 1985 104 Dopico, Santos Yanguas 2012 ; Dopico, Santos Yanguas 2016 ; en général : Ozcáriz 2012 L’ exemple le plus connu est le Pacte des Zoelae, provenant de l’ aire des Astures C’ est un document épigraphique exceptionnel, par son état de conservation et son contenu Il témoigne d’ un pacte d’ hospitalité signé en 27 apr J -C et renouvelé en 152 apr J -C Le texte met en évidence l’ évolution de la gens, en tant que structure supra familiale, à la civitas, en tant que communauté politique : M(arco) Licinio Crasso / L(ucio) Calpurnio Pisone co(n)s(ulibus) / IIII K(alendas) Maias / gentilitas Desoncorum ex gente Zoelarum / et gentilitas Tridia/vorum ex gente idem / Zoelarum hospitium vetustum antiquom / renova/verunt eique omnes ali(u)s alium in fi/dem clientelamque suam suorumque libero/rum posterorumque receperunt egerunt / Araus Ablecaeni et Turaius Clouti Docius Elaesi / Magilo Clouti Bodecius Burrali Elaesus Clutami / per Abienum Pentili magistratum Zoelarum / actum Curunda / Glabrione et Homullo co(n)s(ulibus) V Idus Iulias / idem gentilitas Desoncorum et gentilitas / Tridiavorum in eandem clientelam eadem / foedera recepunt ex gente Avolgigorum / Sempronium Perpetuum Orniacum et ex gente / Visaligorum Antonium Arquium et ex gente / Cabruagenigorum Flavium Frontonem Zoelas / egerunt / L(ucius) Domitius Silo et / L(ucius) Flavius Severus / Asturicae (CIL II, 2633) Si dans la première partie du pacte, la gens Zoelarum commence à fonctionner comme une civitas ‒ avec Curunda comme lieu de réunion autour du magistratum 105 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 314 315 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) jouaient le rôle de principes106 reconnus par Rome, à un moment où les structures romaines à proprement parler étaient loin de s’ être imposées En conséquence, ces gentilitates/gentes107 devenaient pour Rome un efficace instrument d’ organisation et de réorganisation d’ un territoire (surtout pour la sécurité et l’ exploitation économique et militaire), tout en perdant une importante partie de leur possible essence d’ origine Mais, comme on peut le voir, il ne s’ agit pas d’ assumer une identité préalable à Rome (dans un phénomène de transfert culturel), mais d’ une création romaine ex novo qui finit, au fil du temps, par acquérir un caractère historique aux yeux des populations gallaïco-romaines Dans l’ origo d’ un gallaïque continue à apparaître le castellum originaire, même lorsque l’ individu en question est déjà complètement romanisé La situation se révèle très similaire chez les Astures et les Cantabres, ethniques crées par Rome après la conquête du littoral nord de la péninsule, menée par Auguste Ainsi, l’ apparition des ethnies asture ou cantabre ‒ et d’ autres gentes (= civitates romaines dans certains cas108) qui ne sont pas mentionnées dans les témoignages littéraires ‒ apposées à des noms de citoyens romains sur des inscriptions jusqu’ au iie siècle après J -C peut être due à plusieurs raisons : Zoelarum, dans sa deuxième partie la civitas Zoelarum (y compris l’ ordo Zoelarum mentionné au CIL II, 2606) est déjà l’ élément politique et administratif central tant pour Rome que pour l’ ensemble de communautés (cf a civi Zoelae dans CIL II, 5684 et AÉ 1988, 759 des iie-iiie siècles apr J -C ) Même si les gentes continuent à jouer un rôle dont nous n’ arrivons pas à saisir la portée réelle, elles doivent au moins continuer à garder une valeur identitaire qui fait référence à une réalité collective pas trop éloignée dans le temps Voir Santos Yanguas 2010, p 56-57, et la thèse doctorale de Beltrán Ortega 2015, p 70 et suiv Princeps Copororum (IRPLugo 349), parmi les Copori à Lucus Augusti ; princeps Albionum (ERA 14 ; AÉ 1946, 121), chez les Astures ; princeps Cantabrorum (HEp 7, 1997, 380 = AÉ 1997, 875 = ERPLe 374) chez les Deobriguenses ; princeps Arcailon (CIL II, 5762), attesté à Paredes de Nava, Palencia Sur la figure et le rôle de ces principes du Nord après les guerres cantabres, lorsque le modèle politique et administratif romain n’ a pas été complètement implanté, voir González Rodríguez 2002 Sur princeps/ dux (et leurs dérivés), leurs composants politiques et militaires dans le contexte de la conquête romaine et leurs effets sur les communautés indigènes, voir Ciprés 1993, p 116-135 ; Moret 2002-2003 ; Pérez Zurita 2021 106 107 Les gentilitates et les gentes peuvent être définies comme des structures supra-familiales qui articulent d’ un point de vue territorial (et aussi identitaire) les populations placées dans un habitat épars et qui peuvent être assimilées à des ethnè, des civitates ou des populi Voir González Rodríguez 1986 et González Rodríguez, Santos Yanguas 1994 108 Pacte des Zoelae, cit. supra, n 105 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 316 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) En même temps, les ethnies asture et cantabre sont attestées dans les ouvrages de Tite-Live113, Pline l’ Ancien114, Florus115 et Orose116 Cela signifie, à notre avis, que ces ethniques crées par Rome après la conquête deviennent des acquis identitaires de ces communautés, tout en s’ assimilant à des structures à caractère politique comme les civitates ou les gentes On peut trouver des exemples dans toute la péninsule En somme, ce qui pendant très longtemps a été vu et analysé comme des persistances maladroites de peuples souffrant d’ un retard et d’ une C(aio) Annio L(uci) f(ilio) / Quir(ina) Flavo / Iuliobrigens(i) / ex gente Canta/brorum / provincia Hispa/nia citerior / ob causas utilita/tesque publicas / fideliter et con/stanter defensas (CIL II, 4192) (iie siècle apr J -C ) 109 ……tribuno laticlavio l[eg(ionis)] / VII Gemin(ae) a<d=T> census accipi[en]/dos CIVITATIUM XXIII / Vasconum et Vardulorum / vixit annis XXXVI / ex testamento (CIL VI, 1463) (1re moitié du iie siècle apr J -C ) 110 C. Nonio C. f. An(iensi) Caepian[o] ---- pra[ef(ecto)] alae Asturum ----- C. Valerius Saturninus d[ec(urio)] alae Asturum--- (CIL XI, 393) (2e moitié du iie siècle apr J -C ) 111 …et cohortib]us VI quae appellantur / [Gallorum Petria]na c(ivium) R(omanorum) et I Tungrorum / [et I Hispanorum Ast]urum et I Hispanorum / [et III et I] Fida Vardullorum…. (CIL XVI, 43) (98 apr J -C ) 112 Lucullus cos., cum Claudius Marcellus, cui successerat, pacasse omnes Celtiberiae populos uideretur, Vaccaeos et Cantabros et alias incognitas adhuc in Hispania trentes subegit (Tite-Live, Periochae, XLVIII, 19) 113 Civitatum novem Regio Cantabrorum, flumen Sauga, portus Victoriae Iuliobrigensium. Ab eo fontes Hiberi quadraginta millia passum. Portus Blendium, Orgenomesci e Cantabris. Portus eorum Vereasueca… (Pline l’ Ancien, Histoire Naturelle, IV, 110-111) 114 Sub occasu pacata erat fere omnis Hispania, nisi quam Pyrenaei desinentis scopulis inhaerentem citerior adluebat Oceanus. Hic duae validissimae gentes, Cantabri et Astures; inmunes imperii agitabant. Cantabrorum et prior et acrior et magis pertinax in rebellando animus fuit, qui non contenti libertatem suam defendere proximis etiam imperitare temptabant Vaccaeosque et Turmogos et Autrigonas crebris incursionibus fatigabant (Flore, II, 33) 115 Anno ab urbe condita DCCXXVI imperatore Augusto Caesare sexies et bis M. Agrippa consulibus Caesar parum in Hispania per ducentos annos actum intellegens, si Cantabros atque Astures, duas fortissimas Hispaniae gentes, suis uti legibus sineret, aperuit Iani portas atque in Hispanias ipse cum exercitu profectues est. Cantabri et Astures Gallaeciae prouinciae portio sunt, qua extentum Pyrenaei iugum haud procul secundo Oceano sub septentrione dedicitur… (Orose, Histoire contre les païens, VI, 21, 1) 116 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) • indiquer leurs origines109, • dans le cadre de démarches censuelles110, • en faisant référence aux unités auxiliaires de l’ armée111, • dans les diplômes militaires112 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) forte résistance à la romanisation, commence à être lu comme un système neuf et opératif d’ adaptation mutuelle La péninsule était, de fait, un terrain d’ essai de l’ impérialisme romain Paradoxalement, Rome promeut la création d’ identités collectives autour de civitates (le seul modèle permis par l’ Vrbs) qui acceptaient la conquête En faisant cela, elle arrive à contrôler, de manière efficace, les territoires et leurs habitants117 Comme on peut le voir, ces résultats ont précédé les débats actuels sur les identités et la romanisation Néanmoins, leurs conclusions sont sensiblement différentes et viennent à confirmer les critiques de certains secteurs de la recherche envers une théorisation excessive et un regard bienveillant vers les mécanismes purement impérialistes développés par Rome118 Bien entendu, le souvenir des identités ethniques préexistantes, autour des lieux de cultes attachés aux origines, a continué à occuper une place essentielle dans la mémoire individuelle, familiale ou sociale, sans entrer en conflit avec les identités civiques émergentes119 Mais, après un important processus de réorganisation et de restructuration, ces dernières sont les seules à être reconnues par Rome120 4- Les changements de paradigme : nouvelles lectures des sources antiques Ce changement radical de perspective s’ applique non seulement à l’ interprétation des données archéologiques et épigraphiques, mais aussi à l’ analyse des sources littéraires qui, bien que très peu nombreuses, sont indispensables, surtout quand elles ont un caractère géographique ou ethnographique Il convient de souligner que le corpus littéraire des références aux peuples préromains avait été évalué auparavant soit en partant d’ une perspective essentialiste, soit en adoptant un postulat positiviste On a dû attendre l’ ouvrage de P Thollard, Barbarie et civilisation chez Strabon : Étude Pour une brève synthèse sur les aires des Gallaïques et des Astures avec les inscriptions et la bibliographie fondamentale, voir Santos Yanguas 2010 117 Voir n 82 Le Roux 2014 réclame, à juste titre, que le débat terminologique (« hybridation », « créolisation », « transfert culturel ») ne peut être abordé avec succès qu’ au cas par cas, vu que la réalité provinciale est très diverse et que la présence romaine est très différente selon les sphères publique, privée, religieuse, cultuelle, etc 118 Sur les limites et les possibilités de défendre l’ existence d’ une « identité cultuelle » des communautés indo-européennes de la péninsule voir Alfayé 2012 Pour le rôle de la « mémoire » dans l’ élaboration des identités collectives, voir l’ intéressante réflexion de Dan 2015 119 120 Voir Ortiz de Urbina 2019 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 317 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) critique des livres III et IV de la Géographie en 1987, ou les études de J C Bermejo121 pour qu’ un auteur de l’ importance de Strabon soit mis en valeur et qu’ il cesse d’ être considéré comme un simple compilateur Cela s’ explique par le fait qu’ auparavant, la méthodologie dominante avait été celle de la Quellensforschung allemande : émietter l’ ouvrage du géographe avec le seul propos de mettre en lumière les sources dont il s’ était servi pour le rédiger Concrètement, la raison est l’ utilisation récurrente de l’ édition d’ A Schulten, Estrabón, Geografía de Iberia, publiée en 1952 et l’ omission de celle de F Lasserre de 1966, ainsi que l’ emploi répandu dans les milieux universitaires espagnols des Fontes Hispaniae Antiquae, un corpus compilé aussi par Schulten entre les années 20 et 60 du siècle passé ‒ avec un supplément daté des années 90 Il est indéniable que le volume des informations littéraires dont on dispose pour la péninsule Ibérique est réduit et fragmentaire, surtout en comparaison avec d’ autres zones de l’ œkoumène : la situation périphérique d’ Hispania par rapport aux grands protagonistes et aux événements de l’ histoire ancienne de la Méditerranée a été un handicap difficile à surmonter Néanmoins, cette particularité rend ce corpus, même si compliqué à saisir et à évaluer, beaucoup plus précieux Nonobstant, pour le comprendre, il fallut laisser définitivement de côté une lecture qui voyait ces sources comme de simples compléments ou ajouts au discours historique dominant, et commencer à les analyser en prenant compte leur valeur intrinsèque L’ introduction progressive en Espagne des études axées sur la géographie et l’ ethnographie antiques, qui avaient déjà un long parcours en Italie et en France122, a favorisé l’ apparition des nouvelles lectures de ce corpus littéraire123 Dans ce changement de paradigme, Strabon 121 Bermejo 1977-1978 ; 1981 ; 1982 ; 1983 ; 1986 ; 1987 L’ ouvrage édité par F Prontera aux éditions Laterza en 1983 (avec les contributions de Stahl, Jacob, Peretti, Myres, Janni, Dihle, Dion ou Van Paassen entre autres) peut être considéré un point d’ inflexion, car le modèle des études consacrées à la géographie et à l’ ethnographie antiques a changé après sa publication Ce changement commençait à être aperçu déjà dans les travaux d’ Aujac 1966 ; Van Paassen 1957 ; le bref mais suggestif manuel de Jacob 1991 ; ou l’ approche « révolutionnaire » de Janni 1984 avec une perception de l’ espace géographique ancien caractérisé comme « hodologique » 122 F J Gómez Espelosín a été pionnier dans l’ étude de la géographie et de l’ ethnographie de l’ Ibérie d’ un point de vue littéraire (Gómez Espelosín et alii 1994 et 1995) Sans vouloir être exhaustifs nous soulignerons aussi l’ importance des deux colloques à la Casa de Velázquez (Madrid) en mars 2005 et en avril 2006 et publiés respectivement en 2006 et 2007 sous le titre de L’invention d’ une géographie de la péninsule Ibérique, I, L’ époque républicaine et II L’ époque impériale (Cruz Andreotti, Le Roux, Moret 2006 et 2007) Une synthèse récente dans Castro-Páez 2023 123 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 318 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) a joué, comme nous l’ avons dit tout à l’ heure, un rôle central, car la conservation de son ouvrage presque complet nous permet une analyse holistique de la péninsule Ibérique d’ un point de vue historique124 En lisant les commentaires de Schulten tout au long du livre III de la Géographie, on voit que son travail s’ est limité, comme l’ on vient de le dire, à essayer d’ établir les sources auxquelles Strabon a puisé En réalité, en critiquant le manque d’ originalité du géographe d’ Amasée, le philologue allemand montre sa propre incapacité de comprendre un ouvrage historique et son esprit colossal125 Strabon fait la géographie dont l’ Empire a besoin, mais il ne s’ agit pas d’ une géographie ou d’ une cartographie qui donnent raison à l’ extension des domaines impériaux Il rédige une histoire de l’ expansion de la civilisation toujours en tenant compte du fait que Rome y joue un rôle fondamental sans pour autant être le seul élément sur le tableau de jeux Strabon se sert du genre littéraire de la géographie afin de montrer que Rome représente la ligne d’ arrivée ou, si l’ on veut, la dernière étape d’ un processus de civilisation initié par la Grèce, mais que seule l’ Vrbs a réussi à faire aboutir126 Certes, le livre III de la Géographie peut très bien être expliqué en termes de civilisation versus barbarie, avec tout ce que l’ organisation spatiale de l’ Ibérie et un discours narratif et descriptif sur les peuples qui y habitaient et leurs rapports avec Rome impliquent C’ est un modèle hérité par Strabon de l’ historiographie hellénistique, mais qui remontait déjà à Hérodote et même à Hécatée : un modèle qui repose sur une « rhétorique de l’ altérité » parfaitement compréhensible pour un lecteur grec ou romain et qui, à l’ époque de Strabon, venait de connaître un fort revival en tant qu’ instrument du discours légitimiste augustéen – dont les Res Gestae constituent un bon exemple127 Mais c’ est également un modèle historique construit sur l’ acceptation des profonds changements introduits par Rome dans les territoires soumis Dans ce schéma né de la conquête et de la pacification, l’ ethnographie de l’ Ibérie joue un rôle central, bien plus important que la cartographie Par conséquent, pour un auteur comme Strabon, les conditions environnementales sont importantes mais la capacité 124 Cruz Andreotti 1999 125 Une synthèse peut être consultée dans Cruz Andreotti, Castro-Páez 2021, p 131-150 Cela devient très évident quand on compare le modèle descriptif employé par Strabon tout au long des livres dédiés aux territoires occidentaux conquis par Rome avec sa description du monde hellénique, qui répond à un schéma classique où la barbarie n’ a pas de place et où le rôle de Rome est assez dilué Les études dédiées par F Prontera à Strabon sont innombrables et indispensables : voir Prontera 2016 ; Castro-Páez, Cruz Andreotti 2020, p xxvii-xxxviii 126 127 García Quintela 2007 ; voir la bibliographie de Bermejo mentionnée dans la n 121 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 319 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) des peuples à avoir une vie civilisée est absolument indispensable : une agriculture qui procure la stabilité et la croissance démographique ; un réseau commercial productif et prospère ; une communauté citadine fondée sur une législation commune Le contraire est une pauvreté structurale, le recours constant à la guerre et au brigandage pour arriver à survivre et l’ inexistence d’ un système qui vise à régler la vie communautaire Voici le rôle que doit jouer Rome : imposer ce système là où il le faut De ce point de vue, la géographie de la péninsule Ibérique n’ est pas une image fixe mais une construction permanente, par les communautés qui y habitent Le fait que les deux référents fondamentaux du livre III de Strabon soient deux historiens comme Polybe et Posidonius ne doit pas donc nous surprendre128 Quand Strabon entreprend de nommer les grands groupes ethniques qui s’ articulent sur le littoral nord de la péninsule – les Astures, les Cantabres ou les Basques dont on a déjà fait mention – et, en même temps, refuse de faire mention des autres à cause de « leur nom imprononçable et leur manque de prestige »129, il est en train de doter de catégorie identitaire les peuples qui n’ en avaient pas auparavant car ils étaient des sauvages Il emploie la même méthode quand il décrit les Celtibères comme des togati qui, peu de temps auparavant, étaient des barbares130 Dans ce cas précis, Strabon reconnaît une réalité en transformation, car il raconte que l’ espace celtibérique et la Lusitanie sont plus réduits qu’ auparavant, alors que les Gallaïcans s’ étaient répandus vers le nord-ouest, à cause des transferts de population lusitaine en deçà des fleuves Douro et Tage131 Néanmoins, il ne s’ agit pas non plus d’ une ethnographie actuelle, car la configuration ethnique péninsulaire antérieure à la présence de Rome continue à y occuper une place importante132 Toutefois, dans tous ces cas, c’ est la conquête romaine qui fait apparaître ces peuples dans le récit historique en les définissant et en leur donnant des limites plus ou moins définies, selon un modèle cohérent d’ articulation de leurs territoires (oppida, póleis) Par conséquent, c’ est encore Rome qui leur attribue (ou non) une identité spécifique, car elle-même en a besoin Cette identité, comme on 128 Cruz Andreotti 2009 ; Cruz Andreotti, Ciprés Torres 2011 ; Le Roux 2010, p 105-107 Strabon, Géographie, III, 3, 7 : ὀκνῶ δὲ τοῖς ὀνόμασι πλεονάζειν φεύγων τὸ ἀηδὲς τῆς γραφῆς ‒ εἰ μή τινι πρὸς ἡδονῆς ἐστιν ἀκούειν Πλευταύρους καὶ Βαρδυήτας καὶ Ἀλλότριγας καὶ ἄλλα χείρω καὶ ἀσημότερα τούτων ὀνόματα 129 130 Strabon, Géographie, III, 2, 15 ; III, 4, 20 131 Strabon, Géographie, III, 2, 11 ; III, 1, 6 ; III, 3, 2 et 3 132 Moret 2004 et 2017, spécialement les chapitres 1 et 4 pour l’ ethnographie précédente DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 320 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 321 l’ a vu, émerge tant dans les sources littéraires que dans les témoignages épigraphiques133 Pour citer Polybe (à propos de l’ Ibérie) : © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les Turdétans participent, eux aussi, à un mécanisme de création identitaire Mais ce processus n’ a pas été mis en marche par Rome Aux yeux de Strabon, les habitants du Sud de la péninsule ont derrière eux un parcours historique qui est qualifié de civilisé, grâce à leurs contacts avec les Phéniciens, les Puniques et, en dernier lieu, avec les Romains C’ est à cause de cela qu’ ils sont appelés togati135, tout un symbole d’ identité culturelle136 Les Turdétans sont les seuls à qui Strabon peut attribuer un schéma ethno-identitaire classique : depuis l’ Antiquité, ils ont eu une langue et une littérature propres, une histoire de leurs origines (Tartessos) enregistrée par leurs scribes, un territoire articulé tout autour du fleuve Bétis, une claire tendance à la vie poliade et, même, un corpus de lois composé en vers137 À ne pas s’ en douter, Strabon leur reconnaît une identité précise qui existait déjà avant l’ arrivée de Rome, identité qui La portée historique de cette « reconnaissance » n’ est pas facile à saisir car les documents apparaissent pendant la guerre ou immédiatement après (voir Ciprés Torres 2006 et plus précisément 2012) Pour les ethnè, gentes, populi ou regiones chez Pline, dans le contexte de l’ expansion de la civitas dans l’ articulation territoriale et/ou identitaire de l’ Hispanie citérieure voir Ciprés Torres 2014 ; 2016 ; 2017 ; 2019 ; 2020 133 Polybe, Histoires, III, 37, 11 Polybe signalait, à son tour, que la connaissance certaine de la périphérie œcuménique n’ arriva qu’ après les conquêtes d’ Alexandre et de Rome (III, 59, 1-5) Pour Polybe et la géographie de l’ Ibérie voir Cruz Andreotti 2003 134 135 Strabon, Géographie, III, 2, 15 Nous gardons la lecture de togati proposée par Meineke face à celle de stolati proposée par Lasserre, en consonance avec la lecture de Le Roux 2006a, p 22 En Turdétanie, on constate un fait singulier par rapport à d’ autres régions péninsulaires : le passage d’ une identité culturelle parfaitement assimilable (les togati du texte) à une identité juridique et politique (les Latini) qui n’ est pas encore confirmée de manière définitive Dans le premier des cas, la toge portée par les élites ibériques (García Cardiel 2019) peut être expliquée par un usage symbolique qui signale certains liens individuels avec la puissance dominatrice et l’ éloignement conscient de l’ individu qui la porte de la communauté ethnique dont il fait partie (voir Le Roux 2006a, p 22-35) L’ abandon de sa langue maternelle et l’ adoption du latin comme langue véhiculaire tel que nous explique Strabon est un instrument d’ acculturation plutôt mythique que réel (Dubuisson 1982 ; à propos de l’ implantation « réelle » du latin, voir Beltrán 2004, et Le Roux 2010, p 93-104) 136 Strabon, Géographie, III, 1, 6 Pour l’ emploi du mythe de Tartessos dans l’ invention du passé prestigieux de la Turdétanie chez Strabon, voir Cruz Andreotti 2010 et 2019b 137 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) τὸ δὲ παρὰ τὴν ἔξω καὶ μεγάλην προσαγορευομένην κοινὴν μὲν ὀνομασίαν οὐκ ἔχει διὰ τὸ προσφάτως κατωπτεῦσθαι, κατοικεῖται δὲ πᾶν ὑπὸ βαρβάρων ἐθνῶν καὶ πολυανθρώπων, ὑπὲρ ὧν ἡμεῖς μετὰ ταῦτα τὸν134 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 322 était peut-être plus complexe qu’ une simple construction littéraire138 C’ est du moins ce que semblent indiquer les écrits d’ Asclépiades de Myrlea, qui avait été invité par les élites locales en tant qu’ enseignant de grammaire139, ou d’ Artémidore d’ Éphèse et de Posidonius d’ Apamée lorsqu’ ils menaient leurs recherches au sud de la péninsule140 On comprend mieux pourquoi Strabon fait des Phéniciens et des Puniques les découvreurs et les maîtres du littoral méridional hispanique avant l’ avènement de Rome, et la plus grande partie de la population contemporaine141, ainsi que le colophon avec lequel Strabon clôt la description de la Turdétanie : © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) L’ identité est commune à tous Le schéma narratif de Strabon apparaît de façon très nette : la présence des Phéniciens et des Puniques et les extraordinaires conditions naturelles du milieu ont donné lieu à un développement ethno-génétique exemplaire, ce qui a facilité le chemin vers une « romanisation » réelle143 Par opposition à ce que l’ on constate parmi les peuples du nord de la péninsule, l’ emploi du mot « turdétan » n’ apparaît pas comme ethnonyme dans l’ épigraphie républicaine ou impériale, probablement parce que ce que l’ on considère « turdétan » est la seule identité assimilable à ce que l’ on appelle « romain », à la différence des 138 Pour le modèle identitaire grec, voir Cruz Andreotti, Machuca Prieto 2022, chap 4 139 Strabon, Géographie, III, 4, 3 140 Strabon, Géographie, III, 1, 4 et III 5, 8 respectivement 141 Strabon, Géographie, III, 2, 13 et 14 142 Strabon, Géographie, III, 2, 15 Voir n 128 Bendala 2006 signalait déjà le fait que la rapide « romanisation » de la partie méridionale de la Péninsule ne serait pas arrivée s’ il n’ y avait pas eu un réseau urbain et institutionnel préalable, avec des systèmes d’ organisation et d’ exploitation des produits agricoles, miniers, maritimes, etc qui avait été mis en place auparavant par les Phéniciens et les Puniques occidentaux hybridés avec les populations locales Il conclut : « De modo que en una ciudad de la Bética, durante mucho tiempo bajo la dominación romana, un individuo podría vestir toga, porque había adquirido la ciudadanía romana, comer a la manera turdetana, orar y venerar a sus dioses según la tradición púnica y enterrar a sus muertos según ritos mezclados de tradiciones púnicas, turdetanas y romanas, algunas de ellas parecidas o concluyentes » (p 292) (cf García Fernández 2019) À propos de la survivance d’ une identité phénicienne à la manière « romaine » pendant la période républicaine : Machuca Prieto 2019a, 2019b, Ferrer Albelda 2019, Álvarez Martí-Aguilar 2019 143 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Λατῖνοί τε οἱ πλεῖστοι γεγόνασι καὶ ἐποίκους εἰλήφασι Ῥωμαίους, ὥστε μικρὸν ἀπέχουσι τοῦ πάντες εἶναι Ῥωμαῖοι142 323 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) autres communautés hispaniques144 Est-il possible que toute cette complexe élaboration de Strabon, avec cette mention d’ Asclépiades, soit une sorte d’ hápax littéraire ? Évidemment, cela serait la réponse la plus facile à défendre et, en conséquence, la plus répandue : voir la description de Strabon comme un construit littéraire Mais c’ est aussi possible que l’ identification tartésique-turdétan/Tartesos-Turdétanie et même l’ idée d’ un Tartesos légendaire, identifié avec les horizons phénicien et gaditan, soit restée dans la mémoire collective, au moins pendant la période romaine, d’ après ce que les sources littéraires laissent entrevoir On ne veut pas mettre en cause le fait que Strabon élabore une narration cohérente mais, il est possible que cette mémoire était déjà présente dans certaines traditions locales qui, de ce fait, réaffirment leur caractère et rivalisent pour avoir une « identité classique et prestigieuse » Dès lors, nous avons affaire à des poleis qui non seulement partageaient un passé légendaire, tissu à partir de modèles hellénistiques bien connus, mais aussi à une coexistence de populations et d’ ethnè, non seulement au sein de fondations d’ origine romaine, mais aussi tout autour de poleis cataloguées comme mixtes, tel que l’ était la propre Corduba, capitale provinciale Dans ce sens-là, le rôle de Gades en tant que ville fondée par Héraclès et distinguée par l’ octroi de la citoyenneté en 49 avant J -C devient essentiel au moment où il était question de revendiquer son passé singulier et une certaine position de domination sur les communautés méridionales145 Le fait que des personnalités de la taille d’ Artémidore, de Posidonius ou d’ Asclépides choisissaient Gades comme « base L’ ethnique Turduli apparaît dans l’ épigraphie comme indicatif d’ origine (HEp 1998, 76 ; HEp 1998, 28 y CIL II, 523) Rappelons que chez Polybe (Histoires, XXXIV, 9), les Turduli et les Turdetani étaient deux ethnies différentes ; Strabon, en revanche, souligne qu’ à son époque il n’ y existe plus de distinction entre eux (Géographie, III, 1, 6) Pline l’ Ancien (Histoire naturelle, III, 8) ou Mela (Chorographie, III, 1, 7 ; III, 1, 12) ne font mention que des Turduli Ces données peuvent peut-être indiquer une identité double, les Turdetani étant identifiés avec ce que l’ on considère comme « romain », alors que les Turduli seraient plus puniques, comme les Bastuli-Bastetani : Pline l’ Ancien, Histoire naturelle, III, 8 ; Strabon, Géographie, III 1, 7 ; III 4, 1 Cf Ferrer Albelda, García Fernández 2002 et García Fernández 2019 144 Strabon, en suivant Posidonius, souligne la survivance d’ un récit identitaire propre à Gades, directement attaché aux prestigieuses origines tyriennes (en concurrence avec les « nouvelles » origines italiques des autres communautés, comme le montre Asclépiades) Quand Posidonius visite Gades (Strabon, Géographie, III, 5, 5-6), il y a encore deux traditions sur l’ emplacement des Colonnes : la première ‒ d’ origine grecque ‒ les plaçait au Détroit de Gibraltar et la second ‒ d’ origine locale ‒ à l’ Héracleion gaditan, le temple le plus ancien dédié à Melkart en Occident On en déduit l’ existence de deux « histoires de fondation » divergentes La question n’ est pas sans importance, ni hasardeuse, ni simplement érudite : Gades était, il ne faut pas l’ oublier, la plus « romaine » des villes de la Bétique Voir Álvarez Martí-Aguilar 2014 avec toutes les références textuelles 145 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) opérationnelle » pendant leurs séjours en Ibérie prend, de ce point de vue, tout son sens La Turdétanie de Strabon qui, pour l’ historiographie traditionnelle, était le cas de figure de la romanisation, peut être lue, en revanche, comme un véritable essai de constructions identitaires convergentes encouragé par Rome, mais en réalité de manière assez différente du reste de la péninsule Le passé (autrefois) et le présent (aujourd’ hui) et avec eux les processus de déconstruction et de construction ethno-identitaires sont autant d’ éléments nucléaires dans le récit strabonien, car ils font partie de l’ élaboration du paysage péninsulaire et de la condition historique de sa géographie La « romanisation » relatée par Strabon n’ est pas du tout homogène, car les différents niveaux de narrations nous parlent de très divers acteurs, en nous montrant comment l’ attitude de Rome n’ est pas toujours la même et qu’ elle dépend de qui est en face La description de Pline l’ Ancien constitue le point d’ arrivée de ce long processus146 5- En guise de conclusion Retournons au début de notre exposé : « romanisation » et « identité » ne sont pas deux concepts opposés, mais complémentaires Ils font partie d’ un même processus historique où, sans le développement de l’ élément local, l’ énorme capacité romaine à maintenir stable un si vaste empire, du moins entre le ier et le iie siècles après J -C , ne peut pas être comprise Le débat post-colonial sur la romanisation a sans aucun doute contribué à ouvrir de nouvelles perspectives dans l’ analyse de la documentation disponible et à confirmer sa valeur et sa richesse, également pour l’ histoire de la péninsule Ibérique En tout cas, les données étaient là pour ceux qui voulaient les voir sans les charges historiographiques du passé L’ historiographie espagnole l’ a fait depuis les années 1980 sans préjugés, en sachant bien que la péninsule Ibérique a été le premier grand laboratoire extra-italien de mise en œuvre de l’ impérialisme romain Dans ce contexte, les « nouvelles identités » jouent un rôle essentiel, jusqu’ à arriver à conformer un ensemble de sociétés provinciales à caractère hétérogène, dans lesquelles il n’ y a rien de véritablement romain ou d’ essentiellement autochtone 146 Voir n 126 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 324 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 325 Bibliographie Abréviations ERA = Epigrafía romana de Asturias ERPLe = Epigrafía romana de la provincia de León IRPLugo = Inscripciones romanas de la provincia de Lugo © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Albertos Mª L (1987), « La onomástica personal indígena de la región septentrional », dans Actas del IVº Coloquio sobre lenguas y culturas paleohispánicas, Vitoria-Gasteiz, p 155-194 Alfayé S (2012), « Religiones indígenas e identidades (étnicas) en la Hispania indoeuropea », dans J Santos Yanguas, G Cruz Andreotti (éds), Romanización, fronteras y etnias en la Roma antigua: el caso hispano, Vitoria-Gasteiz (Revisiones de Historia Antigua, VII), p 307-334 Álvarez Martí-Aguilar M (2019), « Tyrian Connections: Evolving Identities in the Punic West » dans G Cruz Andreotti (éd ), Roman Turdetania. 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Cornelius praetor et militum animos nunc consolando nunc castigando sedavit, et civitates omnes quae defecerant in dicionem redegit; atque ex iis Murgentiam Hispanis quibus urbs agerque debebatur ex senatus consulto attribuit: Livio, XXVI, 21, 17 148 149 Iunius Brutus cos. in Hispania iis qui sub Viriatho militaverant agros et oppidum dedit, quod vocatum est Valentia: Livio, Periochae, LV, 4 Bandelli 2002, p 108 Per S Sisani invece sub Viriatho avrebbe una valenza esclusivamente temporale, ovvero “al tempo di Viriato” (Sisani 2018, p 344-345) DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Gonzalo Cruz Andreotti, Encarnación Castro-Páez © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 334 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Figura 1: Pianta della Sicilia antica. Crediti/fonte: De Vincenzo 2013a, p. 9, fig. 2. 335 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Il racconto di Livio, pur fornendoci quindi una notizia estremamente preziosa, apre però uno squarcio su di una serie di accadimenti e di procedure utilizzate da Roma anche in Sicilia durante una fase particolarmente povera di notizie storiche Tenuto conto della diffusione di questa procedura, non si può certamente escludere che simili operazioni siano state effettuate anche in riferimento ad altri centri o contesti territoriali di Sicilia, che nel corso delle prime due guerre puniche si erano opposti o che avevano tradito Roma Analoghe considerazioni si possono avanzare per due passaggi delle Verrine, dove Cicerone riferisce dell’ intervento di Verre per favorire la nomina di nuovi senatori nei senati di Agrigento150 e di Eraclea Minoa151 In questi centri il numero dei senatori provenienti dalle fila dei vecchi abitanti doveva essere superiore a quello dei coloni Verre però, ricevendone in cambio favori, sostenne la nomina di un senatore proveniente dai coloni, contravvenendo quindi alla norma che definiva la composizione di tali senati Il dato significativo ai fini di questa analisi è però la presenza di coloni in questi due centri, spostati secondo Cicerone da altri oppida di Sicilia Ad Agrigento i coloni furono insediati dal pretore T Manlio, probabilmente Manlio Vulsone, pretore del 197 a C ; ad Eraclea Minoa invece i coloni furono insediati da Publio Rupilio, pretore nel 131 a C 152 La notizia di Cicerone, ancorché cursoria, getta anche in questo caso una luce significativa su accadimenti di cui altrimenti si sarebbe completamente persa memoria Soprattutto i passi in questione delle Verrine lasciano intuire l’ esistenza di procedure, quali quelle dello spostamento di persone da vari oppida della Sicilia e del loro insediamento come coloni in determinate città, che con ogni probabilità potrebbe risultare anche diffuso, tenuto conto che i due episodi sono documentati a circa settant’ anni l’ uno dall’ altro 150 Agrigentini de senatu cooptando Scipionis leges antiquas habent, in quibus et illa eadem sancta sunt et hoc amplius: cum Agrigentinorum duo genera sint, unum veterum, alterum colonorum quos Titus Manlius praetor ex senatus consulto de oppidis Siculorum deduxit Agrigentum, cautum est in Scipionis legibus ne plures essent in senatu ex colonorum numero quam ex vetere Agrigentinorum: Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 Idem fecit Heracleae. Nam eo quoque colonos Publius Rupilius deduxit, legesque similes de cooptando senatu et de numero veterum ac novorum dedit. Ibi non solum iste ut apud ceteros pecuniam accepit, sed etiam genera veterum ac novorum numerumque permiscuit: Cicerone, In Verrem, II, 2, 125 151 152 Manganaro 1980, p 422-423 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) I casi evidenziati da Cicerone non sono certamente isolati nel contemporaneo panorama delle province, quali ad esempio quelle galliche e quelle iberiche 153 Significativo in questo senso l’ esempio di Aquae Sextiae nella Narbonense, città fondata nel 122 a C 154 All’ interno di un più antico oppidum fu insediato un presidio di cittadini romani, nel quale è stato proposto di riconoscere non uno stanziamento militare ma un conventus di negotiatores Quello di Aquae Sextiae viene quindi a configurarsi come un significativo esempio di un centro provinciale, riorganizzato dal punto di vista sia giuridico sia urbanistico da parte di Roma Tali radicali interventi erano realizzati nell’ ambito della pratica della contributio su iniziativa dei singoli magistrati per dare seguito a esigenze legate al controllo territoriale, senza quindi una pronuncia da parte del senato, come di norma avveniva fino a tutto il II a C 155 Ulteriori esempi provengono dai territori iberici a nord del fiume Tagus, dove durante le campagne di Bruto Callaico, riferibili agli anni 138-136 a C , i Romani ridussero a villaggio la maggior parte delle città di questa regione, mentre altre furono accresciute concentrando lì la popolazione 156 Tra gli interventi che diedero vita a nuove comunità con un proprio centro e un proprio territorio vi è la fondazione dell’ oppidum di Gracchuris nella Hispania Citerior, avvenuta nel 178 a C da parte di T Sempronio Gracco 157 A quest’ ultimo si deve inoltre la fondazione di Complega, ancora nella Citerior, realizzata secondo Appiano aggiungendo agli abitanti della città indigena anche elementi di classi sociali subalterne, a cui furono assegnate delle terre 158 In merito a problematiche analoghe nella Grecia di età romana intese come “urbanizzazione forzata” vd Alcock 1993, p 183-187 153 Livio, Periochae, LXI, 1; Strabone, IV, 1, 5; Cassiodoro, Chronica, 442 Tali passi lasciano ipotizzare degli interventi di natura esclusivamente urbanistica piuttosto che la deduzione di una vera e propria colonia, come si evincerebbe anche dal verbo condere mai utilizzato da Livio con il significato di (coloniam) deducere 154 155 Sisani 2018, p 338-339 In merito alla contributio vd Laffi 1966, p 99-165 156 Strabone, III, 3, 1-5 Sisani 2018, p 339 Tib. Sempronius Gracchus procos. Celtiberos victos in deditionem accepit, monimentumque operum suorum Gracchurim, oppidum in Hispania, constituit: Livio, Periochae, XLI, 2 Bandelli 2002, p 107-108 157 158 […] τῆς Κομπλέγας κατέσχε καὶ τῶν περιοίκων Τοὺς δὲ ἀπόρους συνῴκιζε, καὶ γῆν αὐτοῖς διεμέτρει (Appiano, Hispania, 43) Bandelli 2002, p 107 Sempronio Gracco nel 178 a C dedusse nella Hispania Ulterior anche Iliturgi: Ti. Sempronio Graccho / deductori / populus Iliturgitanus: CIL II2, 7, 32 Nella Ulterior fu inoltre fondata probabilmente nel 189 a C Turris Luscutana da parte di L Emilio Paolo, che dopo aver liberato i servi degli Hastenses residenti nel centro di Turris Luscutana, assegnò loro sia la città sia il territorio: L. Aimilius L. f. inpeirator decreivit / utei quei Hastensium servei / in Turri Lascutana DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 336 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Simili procedure insediative e nel contempo fondative risultavano pertanto in ambito provinciale durante il II a C particolarmente diffuse Si tratta di vere e proprie fondazioni promosse da magistrati o promagistrati cum imperio, dotati della facoltà di operare a loro completo arbitrio Tali fondazioni, realizzate in modo quasi esclusivo con indigeni provenienti anche dagli strati subalterni, erano caratterizzate quasi certamente da una condizione giuridica destinata a rimanere peregrina 159 In linea generale quanto documentato nei territori delle province galliche e soprattutto iberiche potrebbe quindi offrire un utile confronto per quanto potrebbe essere stato realizzato anche in Sicilia e di cui non sono rimaste che tracce storiche estremamente labili Passando ad analizzare i dati archeologici relativi alla struttura e alla cronologia degli impianti urbanistici di età romana di alcuni significativi centri dell’ isola, non si può trascurare di soffermarsi su Agrigento ed Eraclea Minoa, in considerazione anche della cursoria e isolata notizia di Cicerone relativa all’ insediamento di coloni in queste due città 160 Ad Agrigento nello specifico, la strutturazione del c d Quartiere ellenistico-romano è stata datata genericamente al IV-III sec a C sulla base della tecnica edilizia, in considerazione soprattutto dell’ utilizzo di blocchi in bugnato, ritenuti simili a quelli del bouleuterion 161 Solo tra la fine del II e il I sec a C sarebbero stati invece realizzati i muri perimetrali degli isolati È in questa fase che si affermano ad Agrigento una serie di edifici considerati prossimi ai modelli romani 162 Ancora da definire risulta invece la cronologia del teatro, di recente scoperta, ritenuto l’ ultimo intervento monumentale nell’ area dell’ agora, la cui edificazione è stata collocata in via ancora preliminare tra la fine del III e il II sec a C 163 È stato inoltre ipotizzato che tale monumento, in modo simile ad altri centri greci, abbia soppiantato nelle funzioni politiche l’ ekklesiasterion, caduto invece in disuso nel corso del II sec a C e obliterato habitarent / leiberei essent, agrum oppidumqu(e) / quod ea tempestate posedisent / item possidere habereque / iousit dum poplus senatusque / Romanus vellet. Act(um) in castreis / a(nte) d(iem) XII K(alendas) Februarias (CIL I2 614) Bandelli 2002, p 107 Una notizia di Plinio documenta la fondazione di Tarraco da parte di Scipione, forse nel 206 a C , senza però fornire notizie in merito alla natura dei coloni: colonia Tarracon, Scipionum opus, sicut Carthago Poenorum: Plinio, Naturalis historia, III, 21 Terraconam in Hispania Scipiones construxerunt (Isidoro, Etymologiarum sive Originum, XV, 1, 65); Sisani 2018, p 339 159 Bandelli 2002, p 115, 120-121, 124 160 Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 e 125 161 In generale sul c d quartiere ellenistico romano vd De Miro 2010; Lepore et al 2019 162 De Miro 2010, p 407; Aiosa 2018, p 87; Giannella 2015, p 136-137 163 Brienza, Caliò 2018, p 55 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 337 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) poi contestualmente alla costruzione del c d Oratorio di Falaride In modo analogo è stata avanzata la suggestione che l’ edificazione del teatro potrebbe essere da ricondurre allo sviluppo di Agrigento dopo l’ arrivo dei coloni voluta da Manlio Vulsone, pretore del 197 a C 164 Il dato interessante, in linea generale, è che successivamente alla II guerra punica la città sembrerebbe mostrare tracce, ancorché esigue, di un rinnovamento urbano, documentato dall’ edificazione del teatro, che verrà poi ad assumere le funzioni politiche dell’ ekklesiasterion della città greca Della struttura urbana di Eraclea Minoa, città presa da Roma probabilmente dopo la caduta di Agrigento nel 210 a C , si conosce unicamente il settore del teatro, del quartiere abitativo immediatamente a sud di questo e parte della cinta muraria165 (fig. 2) I dati di scavo sono nel loro insieme ancora molto parziali e non consentono di definire il contesto culturale in cui è maturato il suo impianto urbanistico regolare Questo si fonderebbe su insulae larghe ca 35 m, secondo la ricostruzione proposta da E Schmidt sulla base della fotografia aerea, ed è datato in genere alla seconda metà del IV sec a C 166 Alla fase più antica della città sono stati riferiti gli isolati regolari, il sistema viario ortogonale e le tracce di una cinta muraria conservata solamente a nord del pianoro della città 167 Un successivo radicale intervento è documentato dalla realizzazione del muro di fortificazione in opera quadrata con bugnato, immediatamente a est del teatro, che ha prodotto il restringimento dell’ area urbana 168 L’ impostazione del muro taglia le case più antiche, ovvero quelle del c d strato II, ed è stata datata a una fase compresa tra le due guerre puniche Il successivo allargamento di questo muro, che sembra invece adattarsi a tali case, evitando di distruggerle, ma causando l’ obliterazione dell’ euripo del teatro, è stato messo in relazione con la prima guerra servile 169 164 Soraci 2017, p 19 Sulla deduzione di una colonia ad Agrigento vd Manganaro 1980, p 422-423 Polibio, I, 26-29 Schmiedt 1957, p 25-27 Alla città arcaica e classica, sono stati ricondotti unicamente alcuni tratti della cinta muraria in mattoni crudi, ritenuti contestuali alla prima fase, conservati sotto le mura ellenistiche: De Miro 2014 165 166 Schmiedt 1957; De Miro 1958b; 1966, p 233 De Miro 1965, p 11-14 Questa risistemazione e stata interpretata dagli scavatori come conseguenza di una fondazione da parte di “Eracleoti da Cefalodio” che ripopolarono il centro: De Miro 2003, p 278 167 168 De Miro 1958a, p 232-239; 1965, p 15; 1966, p 229 169 De Miro 1965, p 15 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 338 339 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 2: Eraclea Minoa. Planimetria dell’ area del teatro. Crediti/fonte: De Miro 1965, p. 41, fig. 20. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Riguardo all’ edilizia privata, una serie di case della prima fase (strato II) presentano consistenti tracce di riutilizzo, documentate dallo strato I,170 ricondotto quest’ ultimo all’ episodio citato da Cicerone, secondo cui Rupilio, pretore nel 131 a C , avrebbe introdotto dei coloni in città; l’ isolato mostra un successivo abbandono nel corso del terzo quarto del I sec a C 171 Riguardo alle case dello strato I, ovvero quelle datate alla fase di Rupilio, queste presentano strutture più povere delle precedenti, evidenziando inoltre una disposizione urbanistica maggiormente irregolare Al riguardo tali case vanno a occupare una serie di spazi in precedenza a destinazione pubblica, come nel caso dell’ area antistante al teatro Sulla base delle similitudini tra le case di Eraclea Minoa e quelle di Finziade è stato invece proposto in modo condivisibile uno spostamento della loro cronologia e del rinnovamento dell’ impianto urbanistico a una fase compresa tra la fine del III e l’ inizio del II sec a C , prossima quindi alla fine della II guerra punica 172 L’ osservazione dei contesti di fondazione del rinnovamento urbanistico di età romana di Agrigento e Eraclea Minoa conferma, in modo concreto, l’ estrema esiguità e parzialità dei dati stratigrafici e in generale archeologici di cui disponiamo riguardo a questa strategica e articolata fase della provincia romana Gli elementi in nostro possesso, come è ben noto, diventano maggiormente consistenti in riferimento alla diffusa fase di monumentalizzazione dei centri della Sicilia romana, datata in modo ormai condiviso a partire dalla fine del II sec a C Tale monumentalizzazione, in molti dei centri dell’ isola, va però ad inserirsi all’ interno di una precedente, radicale riorganizzazione urbanistica delle città, documentata dalla presenza di strutture urbanistiche di tipo ortogonale, che lasciano postulare un progetto urbano unitario alla base di una serie di città, quali ad esempio Solunto, Halaesa, Thermae Himeraeae, Tindari e Finziade 173 Tali progetti urbanistici unitari sono da riferire alla fase romana dell’ isola e devono di conseguenza essere intesi come delle vere e proprie rifondazioni, successivamente monumentalizzate sullo scorcio del II sec a C 174 Ancora aperta resta però la questione 170 De Miro 1966, p 223; 1980 Cicerone, In Verrem, II, 2, 125 La Torre 2006, p 90 Per più recenti indagini stratigrafiche in relazione all’ edilizia privata di Eraclea Minoa vd Campagna 1996 171 La Torre 2006, p 90 Per una proposta di cronologia della riorganizzazione dei centri della Sicilia centrale “starting perhaps about 180 BC or 170 BC ” vd Wilson 2013, p 100 172 173 La Torre 2006; 2009 174 Per i termini della questione vd De Vincenzo 2018, con bibl prec DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 340 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) relativa alla cronologia di tali rifondazioni ed è proprio questo aspetto, come anticipato, che si vuole affrontare in questo contributo Allo sviluppo di progetti urbanistici di tipo regolare fanno da contraltare una serie di impianti, quali ad esempio quelli dei centri elimi, in primo luogo Segesta e Monte Iato, connotati invece da un’ urbanistica non ortogonale ma di tipo scenografico Significativo anche il caso di Tauromenion, sulla costa orientale dell’ isola, anch’ esso situato in altura così come gli insediamenti elimi 175 Questi centri conserveranno in età romana il loro assetto urbanistico, successivamente interessato da una consistente monumentalizzazione, in modo precipuo dei settori pubblici a partire dalla fine del II sec a C 176 Tra i contesti maggiormente esplicativi ai fini di questa disamina vi è il caso di Finziade, centro fondato nel 282 a C alla foce dell’ Himera da Finzia, tiranno di Agrigento, ma che secondo la condivisibile ricostruzione di G F La Torre avrebbe sviluppato un’ urbanistica di tipo regolare negli anni successivi alla seconda guerra punica 177 Le indagini stratigrafiche hanno consentito d’ indagare nella loro interezza due abitazioni, mentre una terza è stata scavata solamente per metà Tali case hanno evidenziato misure costanti (14,3 x 13,4 m), con una superficie di ca 190 m2 Allo stesso modo, le case presentano analoghe caratteristiche sia strutturali, con zoccolature in blocchi di pietra locale e alzato in crudo, sia decorative, con pavimenti in calce e in cocciopesto con tessere inserite e con intonaci e cornici in stucco di primo stile 178 La struttura urbanistica del centro risulta articolata con isolati rettangolari larghi 27/28 m e lunghi ca 54 m, con un rapporto quindi tra i lati di 1:2 179 In merito alla cronologia, sia l’ impostazione delle case indagate sia la stessa struttura urbanistica del centro con isolati regolari sono state ritenute di poco successive alla II guerra punica, quando Finziade da avamposto militare e base per la flotta romana Lo sviluppo urbanistico in senso scenografico di matrice microasiatica di Tauromenion è stato ricondotto alla politica urbanistica ed edilizia di Ierone II di Siracusa: Campagna 2009, p 215 175 Sulla monumentalizzazione di età tardo-repubblicana dei centri urbani di Sicilia vd Campagna 2006; De Vincenzo 2013a, p 114-129 176 177 Sull’ impianto urbanistico di Finziade vd La Torre 2006, p 83-90; 2009, p 195-196 178 La Torre 2006, p 83-85 La Torre 2006, p 87 Gli stenopoi sono larghi ca 3 m, mentre gli ambitus che dividono le insulae nel senso della lunghezza mostrano una larghezza di 0,6 m 179 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 341 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) durante la I guerra punica passò a essere uno dei maggiori centri caricatori di grano da inviare a Roma 180 Significativo anche il contesto di Tindari, fondata da Dionisio I di Siracusa nel 396 a C (fig. 3) Sulla scorta dei dati restituiti dallo scavo integrale dell’ insula IV, sono stati ipotizzati isolati di 28,3 x 72,4 m, secondo un modulo quindi di 1:2,5, composti da due file di cinque case di ca 14 x 13,5 m, in modo analogo a quelle di Finziade 181 L’ impostazione delle case indagate è stata datata tra la fine del II e l’ inizio del I sec a C , mentre l’ impianto urbanistico della città è stato ritenuto genericamente almeno successivo alla deditio ai Romani nel 254 a C , avvenuto insieme a Solunto e Iaitai durante la I guerra punica, senza escludere una datazione della struttura urbana di Tindari con il contestuale passaggio del centro da phrourion a polis subito dopo la II guerra punica Alla strutturazione del centro in senso urbano seguì poi una fase di monumentalizzazione sostenuta dalla ricca aristocrazia locale 182 Sebbene ancora più esigui siano i dati archeologici relativi ad Halaesa, è stato comunque ipotizzato anche per questo centro, caratterizzato analogamente ai casi di Tindari e Finziade da isolati rettangolari in rapporto di 1:2, uno sviluppo urbano almeno successivo alla I guerra punica 183 In considerazione del rapporto tra i lati degli isolati, prossimo a un modulo di 1:2, che sembra caratterizzare i centri sopra descritti, si potrebbe con ogni probabilità inserire in tale ambito cronologico anche il caso di Cefalù, situato sulla costa settentrionale dell’ isola L’ impianto urbanistico è stato ricostruito con isolati di ca 30 x 60 m , con un modulo quindi di 1:2, proponendo per la sua impostazione una generica datazione a età ellenistica 184 La Torre 2006, p 89-90 Finziade è citata da Cicerone accanto ad Halaesa e Catania quale centro dove un produttore di Enna poteva concentrare e consegnare il grano al pretore: Cicerone, In Verrem, II, 3, 192 180 181 La Torre 2006, p 90-91; Spigo 2006 182 La Torre 2006, p 91-93; 2009, p 197 183 Scibona, Tigano 2009; La Torre 2006, p 87, 92; Portale 2017, p 109-110 184 Tullio 1993 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 342 343 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 3: Tindari. Impianto urbanistico. Crediti/fonte: Spigo 2006, p. 98, fig. 1. Tra i casi maggiormente esplicativi per ciò che concerne la definizione dei contesti urbanistici della fase più antica della provincia Sicilia vi è certamente quello DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 344 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 4: Solunto. Planimetria della città romana. Crediti/fonte: Van Wiegand 1997, p. 3, fig. 2. Tra i pochi elementi riconducibili alla più antica frequentazione del sito, anteriore alla fase di monumentalizzazione dell’ ultimo quarto del II sec a C , vi sono quelli restituiti dagli scavi effettuati da C Greco sotto parte del lastricato della c d Diodoro Siculo, XIV, 48, 4-5; 78, 7 Per una sintesi sulla storia degli scavi di Solunto vd Cutroni Tusa et al. 1994, p 12-15 185 Ad oggi sono visibili tre plateiai larghe 8 m, di cui quella centrale, la c d Via dell’ Agorà, costituisce l’ asse principale che congiunge l’ area urbana con la pianura sottostante Sull’ urbanistica di Solunto vd Italia, Lima 1987; Cutroni Tusa et al. 1994, p 33-36; Portale 2006; 2017, p 103-109 186 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) di Solunto Il centro è stato fondato in un momento ancora imprecisato nel corso del IV sec a C sulla sommità del monte Catalfano, su di un pianoro con un accentuato dislivello 185 La città con una superficie di circa 18 ettari, nonostante la forte pendenza, da una quota di 235 a una quota di 170 m, presenta un impianto urbanistico regolare, con assi stradali che delimitano isolati disposti per strigas, ciascuno di 40 x 80 m ca, secondo un modulo 1:2186 (fig. 4) 345 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Via degli Ulivi Tali indagini hanno evidenziato tre battuti pavimentali sovrapposti, precedenti alla posa del lastricato In particolare il battuto pavimentale più recente ha restituito materiale datato in modo generico al III-II sec a C 187 Il teatro, e più in generale l’ agora, sono stati realizzati invece nell’ ambito di una consistente monumentalizzazione del sito alla fine del II sec a C , che ha distrutto precedenti strutture a carattere però privato e non pubblico 188 Questa sovrapposizione evidenzia come in realtà solo in età romana sia stata realizzata l’ area pubblica, su di un precedente settore con una differente destinazione d’ uso 189 A questi dati vanno ad aggiungersi le recenti indagini realizzate da C Portale nell’ area dei santuari a monte del teatro, nell’ ambito delle quali è stato indagato il contesto di fondazione della c d “Via degli artigiani”, una delle plateiai della città, consentendo di collocare cronologicamente l’ impostazione della strada, e con ogni probabilità dello stesso rinnovamento urbanistico della città romana, tra la fine del III e l’ inizio del II sec a C 190 Questo dato, ancorché isolato in un quadro di quasi totale assenza di dati stratigrafici, contribuisce in modo concreto a corroborare l’ ipotesi di una rifondazione di molti dei centri della provincia Sicilia avviata in una fase a cavallo della fine della II guerra punica, che si struttura con un’ urbanistica di tipo regolare basata su insulae di modulo tendente a 1:2 Riguardo ai restanti centri di fondazione punica del settore occidentale dell’ isola, una serie d’ interessanti spunti si possono altresì dedurre dai casi di Lilibeo e Palermo In riferimento a quest’ ultimo centro, è stata ipotizzata una struttura urbanistica regolare basata su di un’ unica plateia a partire dalla metà del IV sec a C Tale asse, intersecato in modo ortogonale da una serie di stenopoi, è stato riconosciuto nell’ attuale Corso Vittorio Emanuele 191 Il progetto urbanistico di Palermo presenterebbe insulae larghe 187 Spatafora 2009, p 232 L’ edificazione della cavea del teatro ha obliterato alcune precedenti strutture a carattere verosimilmente privato realizzate in opera a telaio, che mostrano un orientamento leggermente divergente rispetto a quello documentato nei restanti settori della città: Wiegand 1997, p 18, Abb 7; 25 188 Era stato proposto di riferire alla fase punica lo stesso impianto urbanistico di Solunto, ipotizzando una sua strutturazione sul cubito punico R Wilson considera l’ impiego del cubito punico una forma di persistenza della cultura semitica in Sicilia: Wilson 2005, p 913 Per i termini della questione e una rilettura in chiave romana dell’ impianto di Solunto vd De Vincenzo 2013b 189 190 Portale et al. 2022; Ead. et al. (in c d s) Ringrazio Chiara Portale per avermi consentito la lettura del contributo ancorché in stampa Belvedere 1987; Spatafora 2009, p 227-228 Le indagini stratigrafiche hanno evidenziato un livellamento su cui sarebbe stato realizzato l’ impianto di IV sec a C Nel contempo non sono stati individuati sotto gli assi viari livelli stradali anteriori al IV sec a C (Spatafora 2003, p 1179-1180) 191 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 51/53 m, mentre non è stata avanzata alcuna proposta per la lunghezza di tali insulae, e si baserebbe sul cubito punico con isolati larghi 100 cubiti 192 Anche per Palermo, così come per Solunto, si deve evidenziare come questa misura possa allo stesso modo corrispondere a 180 piedi romani, pari quindi a 1,5 actus Sulla scorta unicamente del sistema metrico, non si può quindi assolutamente escludere anche per Palermo un consistente rinnovamento urbanistico della città di età romana Un dato significativo ai fini di questa disamina emerge dallo scavo realizzato a Piazza della Vittoria tra l’ Edificio B e l’ Edificio A, che ha consentito di portare alla luce un asse stradale in terra battuta, orientato così come gli stenopoi, ma con una larghezza di 4,2 m La strada era più antica dell’ Edificio B, poiché tagliata dalla trincea di fondazione del suo muro perimetrale orientale Tale muro taglia quattro livelli di uso della strada Nel più recente di questi livelli è stata rinvenuta una moneta di bronzo con Testa di Giove sul dritto e guerriero con lancia con legenda Panorm(itan) al rovescio, datata in genere all’ inizio del II sec a C 193 L’ ultimo livello di utilizzo della strada evidenzierebbe una strutturazione del piano stradale maggiormente articolata, mostrando un impluvio centrale e un piano di calpestio a forma di schiena d’ asino con anche piccoli marciapiedi ai suoi lati Anche questo livello ha restituito una moneta analoga a quella rinvenuta nello strato sottostante Questi dati, che documentano a Palermo un intervento urbanistico nel corso della prima metà del II sec a C , sono tra i pochi riscontri stratigrafici di cui disponiamo in riferimento alla struttura urbanistica della città ed è doveroso di conseguenza riconoscergli la necessaria importanza In merito a Lilibeo, scelta dai Romani quale sede del governatore della provincia,194 le indagini hanno contribuito solo in piccolissima parte alla ricostruzione del suo tessuto urbano, per la cui definizione molto si deve ancora alle fotointerpretazioni di G Schmiedt 195 Secondo quest’ ultimo la città mostrerebbe un impianto ortogonale, con insulae ordinate per scamna con un rapporto di 1:3, che sarebbe da ritenere di 192 Belvedere 1987, p 294-296 Spatafora, Montali 2006, p 135-136 Questa moneta è datata in genere all’ inizio del II sec a C : FreyKupper 1992, Caccamo Caltabiano 2000, p 200, 206 La presenza di analoghe monete nel più recente piano stradale e nello strato immediatamente sottostante lascerebbe ipotizzare una contemporaneità piuttosto che un rapporto di posteriorità tra questi due contesti Lo strato tagliato dall’ Edificio B potrebbe pertanto costituire un livello di preparazione della strada 193 194 Manganaro 1980, p 448-451 Schmiedt 1963; Vecchio 2001 Sulle recenti indagini a Lilibeo vd Palazzo, Vecchio 2015; Mandruzzato et al 2018 195 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 346 347 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) matrice romana, senza però avanzare proposte di cronologia 196 Questi dati sono poi stati riconsiderati da E Caruso, che ha proposto invece di far risalire la cronologia dell’ organizzazione urbanistica di Lilibeo al IV sec a C , al momento quindi della fondazione punica del centro 197 La struttura urbanistica ortogonale sarebbe stata organizzata per strigas, con sei plateiai principali e almeno tre secondarie, alle quali si intersecherebbero ortogonalmente 23 stenopoi L’ impianto si sarebbe basato sul cubito punico, con un modulo degli isolati variabile di 1:3 e 1:4, larghi entrambi 60 cubiti e lunghi rispettivamente 200 e 240 cubiti 198 Come ho già avuto modo di evidenziare, la lunghezza di 106,56 m può però calcolarsi in 360 piedi romani, che lascerebbe quindi calcolare insulae di 120 x 360 piedi, pari a 1 x 3 actus 199 A Lilibeo il dato archeologico maggiormente significativo è stato restituito dagli scavi nell’ ampio settore in prossimità di Capo Boeo, dove è stato messo in luce un intero quartiere abitativo L’ insula di Capo Boeo con una forma quasi quadrata (45,4 x 43,9 m) scaturirebbe dall’ accorpamento realizzato a partire dalla fine del II sec d C di più unità abitative 200 In merito alle fasi più antiche, sotto i livelli pavimentali di due ambienti si sono rinvenute delle strutture riferibili genericamente al II sec a C , impostate su di uno strato di livellamento che ha restituito materiale di IV e III sec a C 201 La presenza di un livellamento con materiale anche di III sec a C e la datazione delle strutture al II sec a C potrebbe portare a non escludere anche in questo caso un’ impostazione dell’ insula a partire dagli anni finali o subito dopo la II guerra punica Dati stratigrafici maggiormente concreti ai fini della definizione della cronologia del rinnovamento dell’ impianto urbanistico di età romana di Lilibeo sono emersi dagli scavi effettuati da P Vecchio a Capo Boeo,202 dove è stata indagata l’ area compresa tra il “decumano massimo” e i tre cardines (A, B e C), che delimitavano quattro Schmiedt 1963, p 70 I cardines avrebbero avuto tra loro una distanza regolare di 35,52 m, in modo da formare insulae di 35,52 x 106,56 m 196 197 Caruso 2003, p 153 198 Caruso 2003, p 154 199 De Vincenzo 2013b, p 775-776 Caruso 2003, p 157; 2005 In generale sull’ edilizia privata di Lilibeo vd Di Stefano 1976-1977; AAVV 1984, p 36-37, 104-107, 134-139; Giglio, Vecchio 2006, p 123-127 In merito agli isolati di età romana di forma quadrata vd Gros, Torelli 1988, p 392-409 200 201 Caruso 2003, p 157 202 Palazzo, Vecchio 2013 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) insulae numerate in progressione “IV, V, VI e VII” In questo settore l’ asportazione di uno strato di riempimento di una fossa di spoliazione tardoantica, nell’ angolo orientale dell’ insula V, ha consentito di mettere in luce, sebbene solo in sezione, una sequenza di battuti stradali anteriori al livello stradale di età romana Dati stratigrafici particolarmente interessanti per ciò che riguarda il passaggio dall’ età punica a quella romana sono emersi soprattutto nel settore più occidentale del decumano 203 Lo scavo realizzato in un’ area caratterizzata dall’ assenza di lastricato stradale, rimosso già in antico, ha evidenziato, sotto al piano di preparazione stradale, tre setti murari tra loro legati Tali muri delimitavano un vano abitativo di forma quadrangolare, che era parte dello spazio urbano di età punica, evidenziando quindi come in questa fase l’ asse stradale fosse più stretto La riorganizzazione urbanistica di età romana della città si fonderebbe quindi su assi stradali più larghi di quelli punici, che andarono parzialmente a coprire i contesti abitativi più antichi Riguardo alla cronologia di questo radicale intervento, tra i materiali datanti rinvenuti negli strati che coprono i setti murari del vano quadrato sono presenti anfore puniche databili tra la metà del III e i primi decenni del II a C Sulla scorta di questi dati sembra quindi plausibile la collocazione anche del rinnovamento urbanistico di età romana di Lilibeo in una fase prossima alla fine della II guerra punica Non lontano da Lilibeo, a Erice, nel Santuario di Venere Ericina, complesso sacro questo con un significativo ruolo politico nel quadro della provincia, le indagini stratigrafiche tuttora in corso hanno evidenziato una significativa riorganizzazione di età romana, documentata dalla realizzazione di una sostruzione funzionale all’ ampliamento e alla regolarizzazione dello spazio sacro Tra i materiali utili alla datazione del contesto vi sono alcuni frammenti di anfore greco-italiche, databili tra l’ ultimo quarto del III e la metà del II sec a C ,204 un ambito cronologico anche in questo caso a cavallo della fine della II guerra punica Considerazioni conclusive Nel quadro della riorganizzazione della provincia, i centri urbani venivano necessariamente a ricoprire un ruolo fondamentale, tenuto conto che costituivano dei capisaldi per il controllo sia amministrativo sia tributario dell’ isola È in riferimento a tali esigenze quindi che si pongono le premesse per il rinnovamento urbanistico 203 Palazzo, Vecchio 2013, p 141-142 204 Blasetti Fantauzzi 2020 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 348 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) dei centri della Sicilia romana, che in alcuni territori, quali quelli della Sicilia punica, viene a coincidere con delle vere e proprie rifondazioni, tenuto conto che in questo settore dell’ isola il grado di urbanitas non risultava essere adeguato 205 I nuovi impianti presentano delle caratteristiche comuni quali gli assi viari ortogonali e insulae con un rapporto tra i lati tendente a 1:2 206 Solo a partire dallo scorcio del II sec a C è ben documentata invece una massiccia monumentalizzazione dei settori sia pubblici sia privati di queste città, attuata attraverso consistenti interventi evergetici da parte delle aristocrazie locali, come è stato ormai da più parti evidenziato 207 A interventi di carattere evergetico invece certamente non si possono ricondurre i vari rinnovamenti urbanistici di molti dei centri dell’ isola, contestualmente ai quali si vengono a realizzare delle rifondazioni in senso più marcatamente urbano di più antichi insediamenti L’ impostazione di una struttura urbanistica, infatti, con tutte le opere ad essa correlate, relative allo sbancamento e al livellamento dell’ area urbana, al trasporto dei materiali di risulta e di quelli costruttivi, alla realizzazione delle strade, del sistema difensivo oltre che alla definizione dei settori pubblici, rientra in un ambito decisamente più complesso e articolato dei singoli interventi evergetici, ancorché questi ultimi si possano presentare in alcuni casi particolarmente monumentali Simili radicali interventi possono avere luogo nel quadro di operazioni volute da un’ autorità politica che abbia forza per gestire l’ attuazione del progetto urbanistico e nel contempo per imporre una totale ridefinizione del regime delle proprietà all’ interno di tali centri Un caso particolarmente esplicativo di questa situazione si deve ritenere l’ iscrizione apposta su di una lastra in calcare inserita nella pavimentazione in laterizio della c d Via dell’ Agora di Solunto, che corrisponde al tratto più prossimo all’ agora Tale iscrizione documenta il finanziamento da parte di Antallos Ornichas figlio di Asklapos, membro di una famiglia locale, proprio della pavimentazione in laterizio della strada L’ iscrizione è stata datata su base paleografica al II-I sec a C e ritenuta contestuale al grande portico dell’ agora soluntina, datato alla fine del II sec a C 208 Appare chiaro in questo caso come l’ intervento evergetico vada a impostarsi su di un asse stradale realizzato in precedenza, limitandosi di conseguenza ad abbellire e non certamente a fondare la strada principale 205 Sulla struttura urbana dei centri punici di Sicilia vd De Vincenzo 2013a 206 Sulla diffusione del modulo 1:2 nella Sicilia tardorepubblicana vd La Torre 2006, p 94 207 Portale 2017 con bil prec 208 Campagna 2007, p 113 Una dedica analoga è quella di Lucius Decimius Secundio a Scolacium DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 349 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) della città, impostata invece con ogni probabilità da un’ autorità centrale Sulla scorta anche di quanto emerso dai contemporanei esempi relativi alle province soprattutto iberiche, questi nuovi impianti urbanistici vengono che rientrano nel quadro di una riorganizzazione amministrativa della provincia da parte di Roma, come si evincerebbe anche dalla posizione strategica di tali centri in relazione al territorio circostante, agli assi viari e ai porti, come del resto avvenne in Spagna con la fondazione dei centri per la gestione delle fertili valli del Guadalquivir o dell’ Ebro Contestuale a tale processo si deve ipotizzare anche un consistente spostamento di persone da un territorio all’ altro dell’ isola Il riferimento di Cicerone in relazione all’ introduzione ad Agrigento all’ inizio del II sec a C di coloni da altri oppida della Sicilia è in questo senso estremamente esplicativo 209 In un simile contesto, che non è purtroppo possibile comprendere appieno ma solamente intuire, potrebbe non essere peregrino assegnare anche a tali spostamenti di persone all’ interno dell’ isola un qualche ruolo nella diffusione della lingua, della cultura nonché delle forme urbanistiche, architettoniche e decorative di matrice greca, che connotano i centri anche del settore occidentale dell’ isola di fondazione punica a partire dalla tarda repubblica Quando si sarebbe avviato un simile processo? I dati archeologici evidenziati, ancorché esigui e parziali, lasciano intuire come tale consistente rinnovamento degli impianti urbanistici dei centri di Sicilia, sia stato attuato solo successivamente alla conquista romana dell’ intera isola durante la seconda guerra punica Questa fase fu inaugurata da un deciso cambio di rotta da parte di Roma nell’ organizzazione amministrativa della provincia, documentata in modo significativo a partire dalla stessa figura di M Valerio Levino, che governò la Sicilia come proconsole durante gli anni 209-207 a C , impegnandosi a risollevare e riorganizzare l’ isola dopo il lungo periodo di guerre 210 Si deve con ogni probabilità allo stesso Levino la strategica realizzazione della via Valeria, così chiamata da Strabone, che congiungeva Lilibeo a Messina 211 È 209 Cicerone, In Verrem, II, 2, 123 210 Marino 1995, p 83-94 Strabone, V, 2, 1 (C 266) Per le proposte di cronologia di questa strada vd Uggeri 2004, p 117162; Puglisi 2009, p 74 In merito ancora all’ organizzazione della provincia durante questi complessi anni, poco dopo Levino, nel 205 a C , il console L C Scipione volle come sua provincia la Sicilia per poter preparare lo sbarco in Africa Egli reintegrò immediatamente i legittimi proprietari terrieri, comprendendo che da loro avrebbe potuto ottenere mezzi e non uomini In cambio dell’ esonero ottenne quindi molti mezzi: Manganaro 1980, p 422 211 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 350 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) solo a partire da questa fase che si deve quindi con ogni probabilità ipotizzare la reale e concreta progettazione e strutturazione della Sicilia romana Elementi utili alla definizione di questo contesto storico sono forniti in modo significativo anche dalla documentazione numismatica Le analisi dei segni di valore e delle iconografie, adottate contemporaneamente dalle numerose zecche attive in Sicilia successivamente alla conquista romana dell’ intera isola, hanno evidenziato come tali monete abbiano accompagnato la riorganizzazione amministrativa della provincia, a partire proprio dagli interventi di Levino e Scipione alla fine del III a C 212 Il quadro inoltre si arricchisce se si tiene conto, come è stato dimostrato da J Prag, che in Sicilia i Romani non stanziarono soldati, ma la difesa dei centri e di conseguenza dell’ intera provincia era garantita dalle truppe locali Questa condivisibile ipotesi si fonda sull’ assenza di dati sia epigrafici sia più in generale archeologici riconducibili in qualche modo a guarnigioni romane sull’ isola, e nel contempo sulla notevole diffusione di ginnasi nella Sicilia tardorepubblicana, ricondotti con giusta ragione anche alla formazione di un corpo militare cittadino 213 A tal riguardo risulta quindi verosimile collegare al finanziamento di truppe locali le monete coniate durante la prima metà del II sec a C con il sostegno dei magistrati romani, che intendevano in questo modo favorire le autonomie locali La coniazione di monete, associata alla presenza dei ginnasi e di truppe locali, costituiscono un solido indizio di sviluppo e rafforzamento dell’ identità delle città della Sicilia romana, sostenuta e favorita da Roma perché utile alla stessa difesa della provincia Propedeutico a tutto questo si deve però ritenere il rinnovamento urbanistico dei centri di Sicilia, avviato da Roma subito dopo la conquista del settore orientale dell’ isola per diffondere un più elevato grado di urbanitas, soprattutto nei territori in precedenza controllati da Cartagine, perché è proprio nelle nuove città che Roma pone il fulcro intorno al quale far ruotare la riorganizzazione amministrativa della provincia Roman control of Sicily implies a more complex range of imperial practices than we have hitherto tended to assume In Sicily Roman imperialism was inextricably bound up in local culture 214 Carroccio 2004, p 286-287 Su queste monete vd anche Frey-Kupper 1992; 2006; Caccamo Caltabiano 2000 212 213 Prag 2007 Sulla diffusione dei ginnasi in Sicilia vd anche Mango 2009 214 Prag 2007, p 99 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 351 352 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. 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Osservazioni sulla struttura urbana dei municipia italici del Sannio nella tarda repubblica Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 1: I municipia dell’ Italia centrale. In nero le strade romane principali, in grigio quelle secondarie. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi/Roman Road Network version 2008. Se in generale nella prima fase della ricerca su tali temi negli ultimi decenni del secolo scorso la municipalizzazione successiva al bellum sociale veniva legata alla urbanizzazione, in particolare in territori abitati vicatim,217 negli ultimi tempi la città è generalmente vista come un graduale portato della romanizzazione e la condizione urbana non solo non verrebbe raggiunta al momento dell’ inquadramento di un centro nello stato romano sotto la forma giuridica del municipio, ma la costituzione di municipia sarebbe legata in modo uniforme all’ esistenza di una condizione urbana preesistente 218 Inoltre, l’ urbanizzazione municipale sarebbe da ritenersi un fenomeno lento e non omogeneo 219 L’ urbanitas associata alla municipalizzazione si sarebbe quindi realizzata come un processo autonomo di appropriazione dei modi di vita urbani da “Vicatim” secondo la definizione di Livio, IX, 13, 7, corrispondente al komedòn in Strabone, V, 2, 1 e 4, 2 Gabba 1976, p 319-320; Sommella 1995, p 279 Su tale problematica vd da ultimo Di Cesare 2010, p 33 217 218 La Regina 1970; Campanelli 1995; Paci 2003, p 36-37; Di Cesare 2010, p 32 219 Bispham 2007 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 357 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) parte delle aristocrazie locali 220 Il municipium porterebbe con sé la necessità di adeguare gli spazi pubblici e l’ architettura politico-amministrativa al nuovo stato giuridico 221 In definitiva nell’ ambito degli studi su tale tematica la colonizzazione e la municipalizzazione vengono chiaramente distinte l’ una dall’ altra La colonia è intesa come una creazione artificiale di una nuova entità urbana e costituisce uno strumento di occupazione dei territori conquistati da Roma, il municipium invece è ritenuto un mezzo di assimilazione, con l’ incorporazione di centri già esistenti nella cittadinanza romana 222 Se però queste considerazioni possono essere vere per le più antiche coloniae trasformate poi in municipia o per i primi municipia nati nella media età repubblicana, tali ipotesi come vedremo non si possono ritenere valide per tutti i municipia sorti dopo la guerra sociale Anche alcune delle stesse coloniae al contrario si possono ritenere non fondate ex nihilo come proposto in passato, ma su aree già interessate da più antichi insediamenti 223 Mentre cospicui e dettagliati studi di natura storica e giuridico-amministrativa mettono in evidenza come la municipalizzazione sia un tema ancora altamente rilevante,224 Gros, Torelli 1988, p 152 Secondo P Gros e M Torelli le classi dirigenti locali avrebbero avuto un peso determinate nella formazione della città, che sarebbe da intendere come un processo autonomo di acquisizione della forma urbana avviato e guidato dalle aristocrazie locali; dello stesso avviso Robinson 2021 Vd anche a tal proposito La Torre 1985, p 170 220 221 Gabba 1972 Sulla monumentalizzazione degli edifici pubblici connessa all’evergetismo vd Torelli 1993 222 Coarelli 1992 Sommella 1988, p 23-24 Riguardo in particolare a Alba Fucens per l’ ipotesi di un centro equo precedente alla fondazione della colonia, vd Sommella 1988, p 23 F Pesando ipotizza l’ esistenza di un luogo sacro nell’ area del santuario di Ercole ad Alba Fucens, precedente alla deduzione coloniale: Pesando 2012, p 211 Anche Carsoli presenta materiali d’ impasto e bucchero che fanno ipotizzare un’ occupazione dell’ area già nel periodo preromano: Sommella 1988, p 23 A questi esempi si possono aggiungere anche Isernia e Beneventum: Sommella 1988, p 23-24 Una fase precedente alla deduzione della colonia è stata riscontrata inoltre per la colonia maritima di Castrum Novum: Migliorati 1994, p 282 223 Il lavoro di Humbert 1978 rimane tuttora un caposaldo in particolare per quelle amministrazioni municipali nate contemporaneamente alle fondazioni coloniali tra fine IV e III sec a C ; tale studio fu preceduto da un’ analisi degli aspetti storici e giuridici dei municipia realizzata da Manni 1947 M Tarpin successivamente incentra la sua ricerca sui concetti di colonia, municipium e vicus (Tarpin 1999), così come U Laffi che approfondisce aspetti specifici dell’ organizzazione e dell’ istituzione di colonie e municipi (Laffi 2007) Fondamentali rimangono i lavori di L Capogrossi Colognesi e E Gabba, che affrontano assieme ad altri studiosi vari aspetti legati ai municipi e soprattutto alla loro legislazione (Capogrossi Colognesi, Gabba 2006) Tra gli ultimi contributi sull’ argomento, sempre incentrati sugli aspetti legislativi e giuridici, è doveroso segnalare oltre all’ opera di E Bispham, gli atti del convegno a cura di S Evangelisti e C Ricci 224 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 358 359 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) l’ interesse degli ultimi decenni del secolo scorso sugli aspetti archeologici dei municipia non ha invece trovato seguito, nonostante i numerosi dati a disposizione da nuovi scavi archeologici condotti in tali città, con una conseguente lacuna nella storia degli studi 225 Partendo dai numerosi e significativi studi storiografici e dai dati archeologici, piuttosto dettagliati ma non studiati finora sistematicamente, ad oggi rimangono ancora aperti alcuni quesiti riguardo alle dinamiche insediative seguite alla nuova organizzazione dei territori italici 226 In particolare una questione ancora aperta è quella relativa alla struttura urbana dei municipia e alla fase durante la quale questa sia stata raggiunta A tale aspetto risulta chiaramente connesso il concetto di urbanizzazione, nello specifico se questa sia legata o meno alla municipalizzazione in un rapporto di causa-effetto Allo stesso modo ancora da definire sono la tipologia della struttura urbana, così come gli edifici pubblici e privati che vengono costruiti nonché la loro datazione Oltre a ciò si aggiungono questioni aperte riguardo ai cambiamenti che interessano gli insediamenti italici a seguito del raggiungimento della urbanitas romana dopo la costituzione di un municipium Nel quadro di queste considerazioni, in un contesto territoriale caratterizzato nel II sec a C da imponenti santuari confederali extra urbani, con una valenza economica, politica e di aggregazione sociale, è certamente rilevante allo stesso modo comprendere sulle forme municipali tra il I sec a C e il III sec d C : Bispham 2007; Evangelisti, Ricci 2017 Un significativo ultimo contributo in ordine di tempo è quello di S Sisani, che affronta il tema dei municipia retti da duoviri (Sisani 2021) Nell’ ambito degli studi sull’ urbanizzazione dell’ Italia centrale, in particolare appenninica, fondati su di un approccio archeologico sono da annoverare i lavori di E Gabba (in particolare Gabba 1972), e soprattutto i lavori di P Sommella, sia generali sull’ urbanistica romana sia in particolare sui siti oggetto di questo contributo: Sommella 1988, p 119-123, con schede delle città a cura di L Migliorati Sull’ urbanistica tardorepubblicana in Italia centrale con riferimento anche ai centri della Regio IV vd le più recenti considerazioni in Pesando 2015 225 Laffi 1973, p 39; Paci 2003, p 33 Lo statuto municipale delle città è in genere attestato da iscrizioni, in cui sono citati i quattuorviri, magistrati che governano i municipia creati dopo la guerra sociale La presenza invece dei duoviri fa collocare l’ istituzione del municipium in una fase verosimilmente successiva al 49 a C , in età cesariana Sono questi i due momenti principali nel corso del I sec a C durante i quali si realizzarono municipia in Italia (Sisani 2007, p 268) In riferimento a questo schema sono state messe in evidenza in un recente studio di S Sisani una serie di difformità, con casi di adozione del quattuorvirato tanto in municipia nati da comunità già incluse nell’ ager Romanus prima della guerra sociale, così come in municipia ricostituiti nella fase post-cesariana Inoltre vi sono attestazioni di schemi magistratuali anomali in municipia posteriori al 90 a C (Sisani 2021) 226 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) quale ruolo abbiano avuto tali santuari e in generale i contesti sacri nel processo di municipalizzazione e formazione delle entità urbane 227 Sulla base delle numerose evidenze archeologiche, nel presente contributo si è tentato in particolare di approfondire questi aspetti attraverso un’ analisi dettagliata dei dati archeologici dei municipia del Sannio compresi tra la Valle del Biferno a sud e il fiume Tordino a nord, area corrispondente alle attuali regioni Abruzzo e Molise, considerando in particolare la loro disposizione topografica, l’ estensione delle città, così come l’ organizzazione dei settori pubblici Da questa sintesi e dal confronto tra tali città è stato possibile di conseguenza delinearne con un approccio olistico le caratteristiche urbanistiche e ricostruire alcuni aspetti generali, che si possono ritenere elementi connotanti dei municipia tra la tarda repubblica e la prima età imperiale, allo scopo di contribuire a una migliore definizione dell’ origine e dello sviluppo della città in questi territori L’ analisi dei municipia segue un criterio topografico ed etnico Nello specifico, i centri di cui si posseggono sufficienti dati archeologici relativamente alla struttura urbana sono trattati partendo da nord e procedendo verso sud, con un’ attenzione ai gruppi di centri appartenenti ai differenti ethne italici (Praetutii, Vestini, Paeligni, Marrucini, Carricini, Frentani, Aequi/Marsi) 228 2- Organizzazione dello spazio urbano dei municipia A- Interamna Praetuttianorum e Hatria Uno dei casi più esemplari in tale ambito è Interamna Praetuttianorum, i cui resti sono collocati nell’ attuale centro di Teramo (fig. 2) 229 Il centro è sorto come conciliabulum civium Romanorum nell’ ambito di assegnazioni viritane dopo la conquista romana della Sabina da parte di M Curio Dentato, che interessò anche il territorio pretuziano, verosimilmente dopo il 268 a C in un periodo di poco successivo alla deduzione della colonia latina di Hatria e quella romana di Castrum Novum 230 Il centro era posto lungo un diverticolo della via Caecilia, che si dipanava all’ altezza di 227 Si pensi ad esempio ai santuari di Pietrabbondante e Monte Rinaldo: Strazzulla 1971; Giorgi et al. 2020 228 Non sono oggetto invece di una descrizione dettagliata in questo contributo quei municipia che sono attestati solo epigraficamente o nelle fonti letterarie 229 Secondo G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 758-759, così come in Di Cesare 2010, p 28-29, il toponimo sarebbe da riconoscere in Interamna Praetuttianorum piuttosto che in Interamnia Praetuttiorum 230 Frontinus, De controuersiis, p 18, 10-11 L; Buonocore, Firpo 1998, p 760-761 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 360 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 361 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 2: Interamna Praetuttianorum, posizionamento degli edifici antichi nell’ area della città moderna. Crediti/fonte: Di Cesare 2010. 231 Di Cesare 2010, p 27 Migliorati 1976, p 243; Coarelli, La Regina 1984, p 35; Buonocore, Firpo 1998, p 760; Di Cesare 2010, p 27-34, 39; Secondo E Bispham il centro avrebbe ricevuto lo status di municipium in un periodo precedente la guerra sociale, rimanendo l’ unico caso per questa zona trattata della Regio V (Bispham 2007, s. v. “appendix 3”, nota 21), mentre secondo S Sisani il centro fu elevato a municipium solo in età augustea da una precedente condizione di conciliabulum: Sisani 2010, p 207-210; Sisani 2021, p 55 232 Floro riferisce che in questo centro fu dedotta una colonia sillana: Floro, Epitoma, II, 9, 27-28; Gabba 1970-1971, p 472 Vi sono iscrizioni che menzionano contemporaneamente le due istituzioni: CIL IX, 5074; CIL I2, 1904; AÉ 1998, 416 Nella documentazione epigrafica di Interamna Praetuttianorum è attestata la contemporanea presenza di duoviri (CIL IX, 5063; CIL I2, 1905) e octoviri (CIL IX, 5067) fino alla fine del I sec a C , che troverebbe spiegazione riconoscendo nei duoviri i magistrati della colonia mentre negli octoviri quelli del conciliabulum: Buonocore, Firpo 1998, p 761; Sisani 2010, p 209 Sullo stato giuridico e amministrativo della città vd anche Migliorati 1976, p 243-244 e Guidobaldi 1995, p 219-221 233 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Montorio al Vomano e collegava il centro con Castrum Novum 231 Il centro fu elevato a municipium dopo la guerra sociale232 e dalla prima metà del I sec a C ricevette contemporaneamente allo statuto municipale anche lo status giuridico di colonia 233 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Inizialmente sono stati riconosciuti due orientamenti nel tessuto urbano, ricondotti a tale duplicità amministrativa,234 ipotesi definitivamente superata 235 Come ha infatti dimostrato L Migliorati con argomenti convincenti, la città presenta in realtà un unico schema urbanistico, con orientamento est-ovest degli assi viari, ricalcato da via dei Mille, corso Cerulli e via Stazio, e impianti rettangolari, con modulo di 270 x 200 piedi romani 236 La fascia centrale presenta invece isolati quadrati di 270 x 270 piedi romani, per via della presenza della piazza forense, che venne localizzata in un primo tempo in maniera ipotetica in piazza Verdi all’ incrocio tra corso Cerulli e via S Antonio 237 Il rapporto 1:1,3 è raffrontabile con esempi compresi tra gli inizi del II sec a C e gli inizi del I sec a C , ponendo la guerra sociale come terminus post quem non 238 La conformazione geomorfologica del pianoro su cui sorge la città avrebbe inoltre condizionato la costruzione della cinta muraria, limitando la sua costruzione al solo lato occidentale, posta in corrispondenza della via dell’ Antica Cattedrale e la via Muzi 239 Tale impianto urbano è da collocare quindi negli anni immediatamente La Regina 1966b; Gabba 1970-1971, p 462; Coarelli, La Regina 1984, p 35; M Torelli, in Gros, Torelli 1988, p 150; de Smet 1989-1990, p 63-74; Guidobaldi 1995, p 223 234 Migliorati 1976; Sommella 1985, p 390-391; L Migliorati in Sommella 1988, p 127; Sommella 1988, p 114-115; Guidobaldi 1995, p 222 In particolare è stata sottolineata la mancanza di una doppia cinta muraria Tra l’ altro il rinvenimento di pavimenti di età repubblicana rinvenuti alla stessa profondità su due lati di via S Antonio dimostrerebbero che tale via non potesse costituire il limite dei due diversi orientamenti 235 236 Migliorati 1976, p 255-256 Ipotesi suffragata dal rinvenimento nelle vicinanze di quest’ area di materiale architettonico e iscrizioni onorarie: L Migliorati, in Sommella 1988, p 127; Coarelli, La Regina 1984, p 39; Guidobaldi 1995, p 225, Staffa 2006, p 73-74, fig 107, n 37; p 83, fig 128 Di diverso avviso R Di Cesare, che vede in quest’ area piuttosto la presenza di un complesso sacrale (Di Cesare 2010, p 43-48), come si discuterà oltre Un’ iscrizione datata alla metà del I sec a C indicherebbe l’ appalto per la costruzione del muro perimetrale del foro (CIL I2, 3296): Buonocore 2006, p 116, n 105 237 238 Lucca presenta isolati di 3 x 3, 5 actus con rapporto 1:1,3, impianto urbano datato agli inizi del II sec a C mentre Allifae presenta isolati di 3,2 actus con un rapporto 1:1,4 riconducibile agli inizi del I sec a C Il modulo con isolati quadrati è da ricondurre invece alle colonie triumvirali e augustee: Migliorati 1976, p 256; Sommella 1974 Migliorati 1976, p 246-253, spostando quindi il limite della città verso est rispetto alle ipotesi precedenti che vedevano in via della Banca il limite occidentale di Interamna (Migliorati 1976, p 252253) Le mura di VI sec a C rinvenute lungo tale percorso seguirebbero quindi l’ andamento della cinta muraria di epoca romana Per le varie ipotesi sulla cinta muraria vd Di Cesare 2010, p 30, nota 43 con bibliografia precedente 239 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 362 363 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) successivi alla guerra sociale e da riferire all’ istituzione del municipium 240 In posizione extraurbana, ad ovest di tale tratto murario sono stati costruiti nella prima età augustea il teatro, collocato a sud di corso Cerulli241 e nella seconda metà del I sec d C l’ anfiteatro, posto immediatamente a sud della Cattedrale 242 Nell’ estremità orientale della città invece, presso Largo Madonna delle Grazie, è stato scavato un complesso termale di età augustea e probabilmente un campus riqualificato in età municipale 243 Secondo una recente lettura delle evidenze di Interamna, il foro sarebbe da collocare a 200 metri ad est del Complesso di S Giovanni, sotto corso de’ Michetti, dove è stata rinvenuta una pavimentazione con lastre rettangolari di grandi dimensioni riconducibili a una piazza, in posizione centrale nella città antica rispetto a piazza Verdi 244 Questo sarebbe stato ubicato con l’ istituzione del municipium, ricevendo poi una pavimentazione tarda all’ inizio del II sec d C 245 L’ area di Piazza Verdi sarebbe invece da ricondurre a un complesso santuariale da collocare ad una fase subito successiva alla guerra sociale e alla deduzione sillana, cui si riferirebbero un’ area terrazzata, alcuni resti strutturali oltre a una serie di capitelli corinzio-italici provenienti dalla zona e 240 Migliorati 1976, p 255-256 Per la fase precedente l’ istituzione del municipium, è stato ipotizzato un impianto urbano tra la seconda metà del III e la metà del II sec a C , con orientamento nord-ovest/sudest e una porta urbica da collocare a nord del teatro Tra i vari elementi riferibili a un impianto precedente sono da considerare pavimenti di domus private e un edificio dalla planimetria complessa con una serie di vani intorno a un quadriportico rinvenuto tra il Largo Madonna delle Grazie e Piazza Caduti della Libertà, interpretato come sede di un collegio della metà del II sec a C , date le grandi proporzioni di uno dei vani e il motivo ornamentale rinvenuto del caduceo: Guidobaldi 1995, p 227-230; Staffa 2006, p 74, n 11; Di Cesare 2010, p 30-31 241 Coarelli, La Regina 1984, p 35-37; Guidobaldi 1995, p 224 242 Coarelli, La Regina 1984, p 38-39; Guidobaldi 1995, p 224-225 Guidobaldi 1995, p 227-231 Per il campus rimane difficile la localizzazione Sono state rinvenute due iscrizioni speculari della metà del I sec a C che commemorano la strada di accesso a un campus Si tratta di due cippi in calcare Una delle epigrafe è stata reimpiegata come mensa dell’ altare maggiore nella Chiesa delle Grazie Le dimensioni del cippo avrebbero reso difficile il trasporto e farebbero propendere per una collocazione del campus in prossimità del rinvenimento, a est del pianoro Buonocore 2006, p 115, n 25 e 106; Di Cesare 2010, p 41-42 A tale periodo sono da riferire altri atti evergetici, tra cui quelli di due fratelli della famiglia senatoria dei Poppaei In due iscrizioni della metà del I sec a C i due patroni del municipio a proprie spese offrirono l’ uso di un edificio termale: Buonocore 2006, p 115, n 23-24; Di Cesare 2010, p 40 243 244 Staffa 2006, p 74, n 60; Di Cesare 2010, p 46-47 245 Di Cesare 2010, p 46 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) datati agli ultimi decenni del II sec a C -inizio del I sec a C e un piede in calcare riferibile a un acrolito rinvenuto nelle vicinanze 246 Sono state rinvenute una serie di ricche e grandi domus, tra cui la Casa del Leone presso corso Cerulli in posizione centrale nell’ abitato antico, datata alla prima metà del I sec a C ,247 il cui proprietario è stato riconosciuto in via ipotetica da M P Guidobaldi in C. Sornatius C.f. Vel. Barba, colono sillano, legato di Lucullo in Asia tra il 74 e il 68 a C , proprietario di fundi, che si arricchì con la vendita del vino 248 Riguardo alla necropoli, sono attestati 14 basamenti di tombe monumentali allineati lungo una via sepolcrale presso Ponte Messato e datati alla metà del I sec a C 249 Riferito al territorio dei Praetutii è anche il centro di Hatria Posto su un plateau tra i fiumi Piomba e Calvano, è situato a 10 km dalla costa 250 In questo sito fu dedotta una colonia latina nel 289 a C in seguito alla conquista dei Praetuttii da parte di Manius Curius Dentatus Verosimilmente divenne municipium dopo la guerra sociale, mentre durante l’ età augustea fu rifondata come colonia 251 246 Di Cesare 2010, p 47 Coarelli, La Regina 1984, p 39-41; Guidobaldi 1995, p 231-233 Durante vari scavi condotti a Teramo sono state individuate strutture da ricondurre a abitazioni private, collocate per la gran parte all’ inizio e metà del I sec a C In particolare in via del Baluardo sono stati scavati ambienti datati tra il I sec a C e il V sec d C ; presso vico Corto vi sono pavimenti datati all’ inizio del I sec a C ; in via dei Tribunali e in via di Porta Carrese vi sono strutture collocate tra l’ età tardo repubblicana e la prima età imperiale; ambienti di fine II/inizio I sec a C sono stati rinvenuti anche a vico dell’ Ariete; in vico degli Orti sono venuti alla luce pavimenti di età imperiale Particolarmente numerose sono le strutture rinvenute presso corse de’ Michetti, tra cui due domus datate tra la fine del II sec a C e l’ inizio del I sec a C e una pavimentazione collocata genericamente nel II-I sec a C Per tali evidenze vd Guidobaldi 1995, p 233237 247 Guidobaldi 1995, p 232 A tale orizzonte cronologico possono riferirsi anche due altre ricche domus, una situata a nord-est di quella del Leone e denominata di “Torre Bruciata”, che date le dimensioni più che a un’ abitazione sarebbe da riferire a un edificio ufficiale, forse la sede di una corporazione, e la domus rinvenuta sotto Palazzo Melatino: Di Cesare 2010, p 50-52 248 249 Coarelli, La Regina 1984, p 41-44; Guidobaldi 1995, p 236-237; Di Cesare 2010, p 57-60 Sull’ urbanistica di Hatria vd in particolare Azzena 1987; Guidobaldi 1995, p 189-214; Guidobaldi 2001; Buonocore 2002 Vd da ultimo anche Vermeulen 2017, p 176-177 250 Sulla deduzione coloniale: Livio, Periochae, XI; Sulle notizie relative alla conquista della Sabina da parte di M Curio Dentato: Floro, I, 15,3; Sulla ipotizzabile costituzione del municipium dopo la guerra sociale: Azzena 1987, p 22; Guidobaldi 1995, p 194; Sulla colonia sillana e/o augustea: Liber Coloniarum, I, 227, 11; Plinio, Naturalis historia, III, 110; Azzena 1987, p 21 secondo il quale è improbabile una colonia sillana mentre sicura sarebbe quella augustea; Guidobaldi 1995, p 194-195 251 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 364 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 365 La colonia latina di Hatria, fiorente in età repubblicana, come dimostrano oltre che le strutture urbane quali le mura, il foro e un settore abitativo, anche le attività produttive di terrecotte architettoniche, non presenta interventi riferibili al periodo successivo alla guerra sociale e alla municipalizzazione, mentre all’ età augustea sarebbe da riferire il teatro 252 B- Pinna Vestinorum, Peltuinum e Aveia © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Alcuni tratti murari in opus quadratum a nord dell’ attuale paese, lungo Via della Circonvallazione, sono da riferirsi alla cinta muraria coeva alla fondazione della colonia, e di cui si può ipotizzare il percorso a nord, ovest e sud del sito condizionata dalla geomorfologia del territorio Più complesso rimane determinare invece il limite orientale della città, che andrebbe oltre l’ attuale confine del centro medievale della città, fino al Colle Maralto, Colle di Mezzo e Colle Muralto, con un’ estensione che oscilla nelle varie ipotesi tra i 45 e i 70 ettari Per la cinta muraria coeva alla deduzione della colonia vd Azzena 1987, p 48, n 31; 67 Azzena 1987, p 65-67 è incline a vedere un’ estensione ridotta della città, che comprenderebbe a est la zona della Villa comunale (il colle di Mezzo) escludendo la zona del Colle Maralto a Nord e Colle Muralto a sud Di diverso avviso M P Guidobaldi che sulla base di rinvenimenti anche su questi due colli è propensa a vedere la città più ampia, fatto che non sarebbe anomalo confrontando altre città dell’ Italia romana: Guidobaldi 1995, p 198-200 Il foro della città è da collocare presso la Piazza antistante il Comune di Atri, oggi Piazza Duchi d’ Acquaviva, lungo il prosieguo dell’ odierno Corso Adriano, che coinciderebbe con il decumanus maximus della città, e a nord di esso Non sono forniti dati sulla datazione della piazza che rientra pienamente nell’ urbanistica della città: Azzena 1987, p 72-75 Risulta superata l’ idea che la piazza forense fosse collocata presso la piazza della Cattedrale per la presenza di abitazioni private nell’ area nel periodo repubblicano: Azzena 1987, p 72; Guidobaldi 1995, p 204 A circa 300 m a est della piazza del foro, al di sotto del piano pavimentale della zona antistante la Catterdrale di Atri sono state messe in luce alcune strutture riconducibili a un settore abitativo, collocato genericamente all’ età repubblicana e probabilmente coevo alla fondazione della colonia Ad una fase successiva sono attribuibili invece resti di suspensurae oltre a muri di sostruzioni che hanno fatto interpretare l’ area come un complesso termale il cui abbandono è da collocare nel I sec d C : Azzena 1987, p 24-17, n 4-6; p 57-60, n 35 Infine il teatro posto nella parte nord-est della città sarebbe stato costruito tra l’ età augustea e la fine del I sec d C La datazione ad età augustea è stata proposta sulla base dell’ integrazione della struttura nel piano urbanistico della città alla fine del I sec a C , oltre a confronto dei muri in laterizio con i tratti murari rinvenuti nell’ area della Cattedrale: Azzena 1987, p 53-57, n 34; Guidobaldi 1995, p 205 252 253 Diodoro Siculo, XXVII, 19, 3-5; 20-21 254 Valerio Massimo, V, 4, ext 7 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Riguardo invece ai Vestini, tra gli esempi è da citare il caso di Pinna L’ insediamento si trova lungo la strada per Ausculum, nella zona abitata dai Vestini Transmontani Durante la guerra sociale la città rimase fedele a Roma,253 tanto da essere assediata dagli Italici e poi rioccupata da parte dei Romani 254 Probabilmente la città doveva essere © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) cinta da mura 255 Dopo la guerra sociale Roma conferì a Pinna Vestinorum un territorio molto ampio che andava fino all’Adriatico 256 La città fu amministrata da quattuorviri, come attesta un’ iscrizione che riferisce dell’ opera di regolamentarizzazione della fonte di Acqua Ventina, mediante la costruzione di camere di smistamento e delle relative cellae a volta (castella e concomeratio), intervento dedicato alle divinità Fons, Ventina e Vires La fonte è da collocare probabilmente presso l’ estrema propaggine occidentale del Colle del Duomo 257 Il piano urbanistico della città è stato datato a partire dal I sec a C , contestualmente alla sua elevazione a municipium, dopo la guerra sociale (fig. 3) 258 Il municipium è collocato lungo la strada che da Asculum passando per Interamna e Pinna conduceva a Teate, corrispondente all’ attuale SS 81 Piceno Aprutina Nonostante la continuità di frequentazione fino ai giorni nostri e al disfacimento del sito per via delle costruzioni medievali, tratti di tale strada sono ricostruibili presso Porta da Piedi sul Colle Castello fino a Porta San Francesco, che tra I sec a C e I sec d C sarebbe stata oggetto di un rifacimento Il tracciato risale almeno fino al III sec a C , come dimostrano alcuni tratti scavati fuori dalla città così come edifici rustici e necropoli rinvenuti lungo il suo tracciato Il terrazzamento sostruttivo della strada di ingresso alla città è stato collocato però cronologicamente ad un periodo non anteriore alla metà del I sec a C , in concomitanza con la formazione del municipium 259 L’ altro asse importante per la città era costituito da un diverticolo della via Flaminia Adriatica ad est La città antica era situata sul Colle Duomo, dove scavi sistematici hanno messo in evidenza un piano ortogonale con orientamento nord-est/sud-ovest 260 L’ impianto viene adattato alla morfologia del luogo e disposto su terrazzamenti Rimane difficile ricostruire con precisione l’ impianto urbanistico della città, che durante l’ età romana doveva estendersi su una superficie corrispondente al successivo insediamento medievale 261 La città romana occupava infatti parte del Colle Castello, le sue pendici 255 Franchi dell’ Orto 2010, p 167-170 256 Liber Coloniarum, II, 257, 11 L CIL IX, 3351 L’ acqua di Pinna è ricordata tra l’ altro da Vitruvio per le sue proprietà terapeutiche: Vitruvio, De Architectura, VIII, 3, 5 257 Staffa 2000-2001, p 295; Staffa 2010, p 94 Secondo M Buonocore l’ insediamento sarebbe stato formato subito dopo la fine della guerra sociale: Buonocore 2010, p 222 258 259 Staffa 2010, p 158 260 Staffa 2000-2001, p 306-311 261 Staffa 2000-2001, p 295 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 366 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 367 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 3: Pinna Vestinorum, planimetria della città moderna con i resti delle strutture antiche. Crediti/fonte: Franchi Dell’ Orto 2010. 262 Staffa 2010, p 97 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) verso l’ attuale viale Ringa, l’ area di piazza Luca da Penne ed il Colle del Duomo fino all’ area di Porta San Francesco 262 Un impianto termale è stato rinvenuto nella zona della cattedrale e datato alla prima età imperiale, così come una strada è stata individuata presso il Palazzo vescovile e datata anch’ essa a questa fase © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Nel settore meridionale di Colle Castello, lungo l’ attuale Viale Ringa, è stato messo in luce un quartiere residenziale con domus particolarmente sontuose, con la presenza di ninfei, costruite in opera reticolata e mista, e datate dal II sec a C fino al I sec d C 263 Numerosi bolli laterizi attestano santuari, tra cui quelli con la dicitura Ops/Opes databili alla metà del I sec a C , che indicherebbero il culto della divinità all’ inizio della formazione del municipium (81) 264 Un unico santuario dei tanti attestati nei bolli laterizi è stato collocato nel centro urbano, anche se in maniera molto ipotetica Questo presenta una pianta quadrata, cella tripartita con pronao antistante La grandezza sarebbe simile a quella di Castel di Ieri (15 x 19,9 m) datato tra il II e il I sec a C e troverebbe confronti anche con quello di San Giovanni in Galdo Dalla descrizione fornita nelle pubblicazioni sembra possa trattarsi di un capitolium Le élite locali, mercanti e proprietari arricchitisi, si lasciano seppellire a partire dal II sec a C e nel I sec a C in tombe a camera, come attestano le necropoli di Porta San Francesco, Arce Conaprato, Casale e Trofigno Nell’ ambito dei corredi vi sono letti in osso e balsamari in bronzo 265 Riguardo invece alla necropoli di età imperiale riferibile al centro, questa doveva situarsi a sud-est della città, presso l’ attuale campo sportivo, lungo il tracciato che conduceva alla valle del Tavo, verso Teate, ed è costituita da nuclei di tombe a incinerazione 266 Un’ organizzazione urbanistica regolare è stata postulata anche per il sito più interno di Aveia (fig. 4) Il sito è collocato in Provincia de L’ Aquila e corrisponde in parte al paese di Fossa, in territorio vestino, lungo un diverticolo che portava alla via Claudia nova Lo status giuridico di Aveia rimane ancora incerto allo stato attuale della ricerca Con verosimiglianza fu dapprima praefectura e solo in età augustea il centro fu elevato a municipium 267 263 Staffa 2000-2001, p 296-299 Sui bolli laterizi riferibili a divinità vd Buonocore 2010, p 222 Tra le divinità attestate vi sono Vesta, Venere e Giunone 264 265 Franchi dell’ Orto 2010, p 68-81 266 Buonocore, Firpo 1998, p 855, n 44; Franchi dell’ Orto 2010, p 252-253, n 52 La città non compare nell’ elenco fornito da Plinio relativo ai municipia delle regiones augustee (Plinio, Naturalis historia, III, 107, Vestinorum Angulani, Pennenses, Peltuinates, quibus inguntur Aufinates Cismontani), è stato quindi proposto che questa, come Peltuinum, fosse da ritenere una praefectura (CIL IX, 3627 e 3613), mantenendo probabilmente tale status anche in età imperiale L’ unica iscrizione che menziona il municipium è datata infatti al III sec d C : ILS 9087 Vd La Regina 1968, p 383-384; Coarelli, La Regina 1984, p 14 e anche La Torre 1985, p 157 A La Regina propone una lettura diversa del testo di 267 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 368 369 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 4: Aveia, ricostruzione planimetrica. Crediti/fonte: Pesando 2014. Anche se le indagini sono ancora limitate e preliminari, Aveia sembra evidenziare comunque un’ organizzazione ortogonale, con una parte alta alle pendici del monte Circolo e una più bassa pianeggiante, separate da una strada pedemontana 268 L’ unica evidenza archeologica ricostruibile in linea di massima è la cinta muraria di cui sono stati indagati alcuni tratti Si tratta di mura in opera incerta di grande pezzatura, con nucleo in cementizio, che cingono sia la città alta che quella bassa Le due strutture interconnesse tra loro sono state datate al periodo augusteo, anche se in maniera molto ipotetica e in attesa di ulteriori auspicabili indagini, sulla base di esigui reperti, provenienti dalle fosse di fondazione, e in particolare della tecnica muraria, e fatti risalire all’ istituzione del municipium, secondo l’ ipotesi che vede l’ istituzione del municipium di Aveia in età augustea 269 Interessante risulta l’ individuazione di un tratto murario precedente a tale fortificazione, con una tecnica muraria simile, definito genericamente di età pre-romana ancora non datato con precisione 270 La città si estendenderebbe per un’ area di ca 24 ettari e presenterebbe isolati rettangolari di 105 x 60 m 271 Plinio integrandolo in questo modo: Vestinorum: Angulani, Pennenses, Trasmontani; Aveiates, Peltuinates quibus iuguntur Aufinates, Cismontani (La Regina 1968, p 370-371) Di diverso avviso M Buonocore, che colloca l’ istituzione del municipium all’ epoca augustea, ipotesi accettata anche da F Pesando: Buonocore 2004, p 418-428; Pesando 2014, p 236 Le indagini sono state condotte da La Torre 1985 negli anni Ottanta del secolo scorso e riprese successivamente nel 2009 da Pesando 2014 Vd anche Sommella 1988, p 141-142 268 269 Pesando 2014, p 235-236 270 Pesando 2014, p 239 271 La Torre 1985, p 162; Sommella 1988, p 142 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 370 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 5: Peltuinum, planimetria. Crediti/fonte: Migliorati 2016. Secondo Coarelli, La Regina 1984, p 28 la città rimase praefectura senza divenire municipium Dello stesso avviso G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 859 e La Regina 1968, p 400 Diversamente Sisani 2010, p 191: Peltuinum presenterebbe anomalie rispetto alla struttura di tipo quattuorvirale/ duovirale caratteristica dei municipia d’ Italia, tenuto conto che in relazione a questo centro sono attestati solo quaestores, aediles, praefecti iure dicundo, con la prerogativa censoria segnata dal titolo quinquennalis associata agli aediles È probabile quindi che il municipium fosse retto da un collegium costituito da praefecti iure dicundo con affianco gli aediles Peltuinum quindi pur essendo stato elevato a municipium “continua a rapportarsi al proprio territorio come una praefectura”, quale doveva essere anteriormente al municipium Sulle fonti letterarie e epigrafiche provenienti da Peltuinum vd Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 272 Su Peltuinum Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 Secondo Coarelli, La Regina 1984, p 28 la città rimase praefectura senza divenire municipium Dello stesso avviso G Firpo in Buonocore, Firpo 1998, p 859 e La Regina 1968, p 400 Diversamente Sisani 2010, p 191 Sulle fonti letterarie e epigrafiche provenienti da Peltuinum vd Buonocore, Firpo 1998, p 859-891 Un’ analoga attestazione epigrafica del praefectus iure dicundo è stata restituita da Amiternum e da Nursia, che lascia ipotizzare come in questi centri la magistratura maggiore del municipium almeno durante la sua prima fase fosse quella dei praefecti: Sisani 2010, p 202, 205 273 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Nel caso del vicino centro di Peltuinum,272 sempre in area vestina, il centro da praefectura fu elevato a municipium dopo la guerra sociale (fig. 5) 273 371 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Situato lungo una via della transumanza sul cui tracciato viene costruita nel 47 d C la via Claudia Nova, è verosimile ipotizzare un luogo di culto a partire dall’ età arcaica probabilmente legato ad Ercole e successivamente a partire dalla metà del I sec a C consacrato ad Apollo, come attestato da un’ iscrizione che cita la divinità su una mensa per offerte votive reimpiegata come soglia di una delle tabernae situate lungo la via Claudia Nova (fig. 7) 274 Una cisterna coperta dal temenos del successivo tempio di età augustea con materiale di ambito votivo databile tra la fine del IV e la metà del I sec a C , avvalorerebbe tale ipotesi 275 Inoltre alcune strutture in mattoni crudi hanno fatto ipotizzare la presenza di un insediamento nel III-II sec a C legato all’ attività transumante, seppur di difficile definizione e probabilmente non ancora a carattere urbano 276 In continuità con l’ area sacra viene impostato in epoca augustea all’ estremità meridionale dell’ area forense un tempio con podio, esastilo prostilo circondato da una porticus 277 La pianificazione urbanistica del centro è stata collocata alla metà del I sec a C ,278 proponendo una datazione al 40/30 a C per la cinta muraria in opera incerta 279 Ancora visibili sono in particolare i resti della porta occidentale a due fornici I tratti murari visibili e quelli ipotizzati racchiuderebbero un’ area di ca 22 ettari di 274 Migliorati 2008; Migliorati 2011, p 4-5 Sull’ iscrizione (AÉ 1994, 545) e la datazione alla fine dell’ età repubblicana (II-I sec a C ) vd in particolare Buonocore 1989-1990, p 218 in cui fa riferimento al contributo di Giustizia 1985, tav XLVII; Sommella 1995, p 284-288, che fornisce una datazione generica alla fine della Repubblica; per la datazione, ritenuta più probabile, alla metà del I sec a C vd Buonocore 2022, p 144 (l’ articolo è aggiornato rispetto a quello pubblicato nel 1989-1990) e Sommella 2011-2012, p 284 L’ iscrizione si trova anche nel catalogo di iscrizioni in Buonocore, Firpo 1998, p 882-883, n 106 Sul tratturo e in generale la transumanza in tale territorio vd Migliorati 2010-2011; Migliorati, Canino 2014, p 127-135 275 Migliorati 2008, p 344-346; Migliorati 2011, p 4 276 Sommella 1995, p 280 Per la datazione del tempio all’ epoca augustea vd Bianchi 2009, p 140 Per la divinità titolare del tempio vd in particolare le osservazioni in Sommella 2011-2012, p 285-286 Sulla porticus vd inoltre Migliorati, Canino 2014, p 135-138 277 278 Sommella 1988, p 178; Migliorati 2011, p 1; Sommella 2011-2012, p 275 Sommella 2011-2012, p 275 P Sommella esclude tra l’ altro la formazione del centro e la costruzione della cinta muraria in un periodo precedente alla guerra sociale I tratti di mura in opera incerta ricondotti alla cinta muraria erano stati collocati in precedenza genericamente alla metà del I sec a C : Blake 1947, p 233; Jouffroy 1986, p 21 279 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 372 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) C- Sulmo e Corfinium Passando ad analizzare i vicini municipia di area peligna, il municipium di Sulmo, collocato nell’ estremità meridionale della valle Peligna su un pianoro a ca 400 m s l m delimitato dal fiume Gizio e dal torrente Vella, si trova sulla strada che collegava la via Valeria con Aufidena e il Sannio La città divenne municipium amministrato da quattuorviri e iscritto nella tribù Sergia, probabilmente dopo la guerra sociale 286 La città antica si estende tra la via di Porta romana a nord, il lato settentrionale di piazza Garibaldi a sud, la via Quatrario a ovest e la circonvallazione orientale a est (fig. 6) Tali limiti sono inoltre determinati dalla presenza di necropoli, datate in particolare all’ età imperiale Non si hanno dati dalla città per il periodo precedente l’ istituzione del municipium, ma solo dal territorio, seppur esigui, in cui sono attestate tombe di età repubblicana a est del fiume Gizio e fuori la Porta Napoli, che hanno fatto ipotizzare la posizione dell’ insediamento peligno a Nord di Porta Napoli La posizione risulterebbe infatti piuttosto strategica, alla confluenza di strade che passano lungo la valle del Sagittario e in direzione del fiume Sannio 280 Se valida la ricostruzione ipotetica di Coarelli e La Regina: Coarelli, La Regina 1984, p 28 281 Sommella 2011-2012, p 276-277 282 Migliorati 2016, p 54 Con verosimiglianza il teatro è da ritenere intramurario (Sommella 2011-2012, p 279) a differenza dell’ ipotesi che vedeva l’ edificio collocato al di fuori della cinta muraria (Coarelli, La Regina 1984, p 28) 283 284 285 286 Migliorati 2016, p 53 Campanelli 1996, p 32-34, 37-38 CIL IX, 3023; Bispham 2007, p 469, nota 90 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) forma irregolare, di ca 650 m in direzione est-ovest e 600 m in direzione nord-sud 280 L’ impianto urbano è legato al doppio multiplo dell’ actus, che lo fa collocare alla fase tardo-repubblicana/augustea La strada in direzione NW-SE, poi divenuta claudia nova, costeggia il rettangolo forense lungo il lato breve settentrionale 281 L’ unico scavo effettuato lungo la parte conservata del tratturo ha messo in evidenza una strada ortogonale ad esso 282 Immediatamente a sud del tempio è situato il teatro datato a età giulio-claudia,283 mentre a nord-ovest del sito sono documentate alcune domus costituite da muri in opera reticolata e opera incerta 284 Le domus sono state collocate alla prima età augustea, con rifacimenti successivi dell’ età di Caligola 285 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 6: Sulmona, pianta della città con indicazione dei resti antichi. Crediti/fonte: Van Wonterghem 1984, p. 228, fig. 306. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 373 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) L’ urbanizzazione della città è collocata nel I sec a C per la presenza della maggior parte degli edifici in opera reticolata 287 Si tratta di un impianto quadrato di 400 m di lato, non dissimile da quello successivo medievale, che segue il corso dei fiumi Gizio e Vella Questi ne costituiscono i confini occidentale e orientale L’ impianto è suddiviso in modo regolare da sei assi viari nei due sensi, per una superficie totale di ca 17 ettari 288 La città doveva essere cinta da mura, anche se non se ne sono trovati resti Si ipotizza che in parte le mura servissero a sostruire i pendii scoscesi verso i due fiumi 289 L’ asse centrale della città è costituito dall’ odierno Corso Ovidio, lungo il quale sarebbe da collocare il foro Agli estremi di questo asse dovevano collocarsi due porte, Porta di S Agostino a nord e Porta Salvatoris a sud, come in età medievale Solo la porta meridionale ha restituito strutture riconducibili all’ età romana, anche se non riconosciute unanimemente come appartenenti ad una porta (fig. 6, n 28) 290 L’ altro asse era probabilmente costituito da quello trasversale che unisce la Porta Joannis Bonorum Hominum e la Porta Joannis Passeri, e che avrebbe costituito probabilmente il decumano L’ andamento delle vie trasversali ha fatto pensare ad un orientamento non perfettamente ortogonale, che richiamerebbe quello di Sepino 291 E’ stato ipotizzato che la città fosse dotata anche di un teatro e un anfiteatro nella zona nord-est, tra le odierne via Solimo e via Innocenzo VII All’ interno della città antica sono collocati resti più tardi, soprattutto di pavimenti mosaicati riconducibili ad abitazioni, da collocare tra il II e il III sec d C Resti di un quartiere residenziale suburbano sono stati rinvenuti a nord della città, tra la Porta S Agostino e la Cattedrale S Panfilo (fig. 6, n 20) 292 Riguardo alla necropoli, le tombe più antiche, la maggior parte delle quali collocate presso la necropoli del Crocefisso, non risalgono oltre il I sec a C (fig. 6, La Regina 1966, p 115 Secondo A La Regina la città in realtà presentava una cinta muraria e quindi era già strutturata prima della guerra sociale 287 288 Coarelli, La Regina 1984, p 133-137 Per la ricostruzione urbanistica della città vd La Regina 1966 289 Secondo Ovidio le mura delimitavano una città di piccole dimensioni: Ovidio, Amores, III, 15, 12 290 Van Wonterghem 1984, p 130, n 28 291 Van Wonterghem 1984, p 226 Van Wonterghem 1984, p 130, n 20 Inoltre le iscrizioni attestano numerosi culti, tra cui quello di Angitia, Cerere e Venere (CIL IX, 3076) oltre a una serie di culti di divinità romane e al culto imperiale Inoltre sono attestati vari personaggi di origine locale quali L Staio Murco, pretore nel 45 a C e il poeta Ovidio, che sottolinea l’ estensione limitata della città CIL IX, 3080; Velleio, II, 69 292 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 374 375 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) n 35) 293 Ad ovest della città invece lungo le vie di percorrenza verso ovest erano situate le necropoli più antiche, nella parte settentrionale con una frequentazione anche in età imperiale 294 Subito fuori dalla città, a nord-ovest di essa, è stata rinvenuta una stipe votiva con monete, oltre a ornamenti in bronzo e statuette fittili, databili alla seconda metà del I sec a C , probabilmente riconducibili a un santuario extra-urbano (fig. 6, n 25) 295 Sulmona mostrerebbe quindi un’ urbanizzazione dopo la guerra sociale, diventando con l’ amministrazione da parte di Roma il centro principale in quest’ area 296 Passando al centro di Corfinium, questo situato nell’ attuale Corfinio è il centro più importante tra i Peligni fino alla guerra sociale (fig. 7) 297 La sua posizione risulta particolarmente strategica, in quanto posto sulla riva destra del fiume Aterno, in cui confluiscono la via appenninica proveniente da nord e la via Valeria, che in antichità aveva come ultimo centro proprio Corfinium La città ebbe il ruolo di capitale degli insorti durante la guerra sociale, assumendo il nome di Italica 298 Secondo Diodoro Siculo al tempo la città presentava un foro, una curia, oltre ad arsenali e depositi di tesoro e provviste 299 La città divenne municipium verosimilmente subito dopo la guerra sociale per la presenza dei quattuorviri 300 Come tutta la zona dei Peligni, il territorio venne inserito nella tribù Sergia Cesare colloca Corfinium a 7 miglia a N di Sulmo Successivamente nel liber Coloniarum Corfinium è collocato nella Provincia Valeria301 sotto le Civitates Piceni e Civitates Regionis Samnii 302 293 Van Wonterghem 1984, p 130, n 35 294 Van Wonterghem 1984, p 226 295 Van Wonterghem 1984, p 130, n 25 296 Ipotesi avanzata anche in Dionisio 2015 Van Wonterghem 1984, p 113-122; Coarelli, La Regina 1984, p 118-132; Plinio, Naturalis historia, III, 106; Strabone, V, 4, 2 Su Corfinium vd in generale van Wonterghem 1984; Valenti 2010; Biella 2010; Isayev 2011; Dionisio 2015 297 298 Velleio Petercolo, II, 16; Diodoro Siculo, XXXVII, 2 299 Diodoro Siculo, XXXVII, 2 300 Bispham 2007, p 500, Q84 301 Cesare, De bello civili, I, 16-23; Liber Coloniarum, I, 228, 18 302 Liber Coloniarum, II, 255, 3-12; II, 260, 3 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 7: Corfinio, pianta della città con indicazione dei resti antichi. Crediti/fonte: Van Wonterghem 1984, p. 121, fig. 108. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 376 377 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Il primo nucleo della città si ipotizza fosse posto su una zona terrazzata, dove fu in seguito costruito il Castro medievale di Pentima L’ area presenta le pareti scoscese su tre lati, mentre un quarto lato è collegato con un altopiano E’ stato ipotizzato si tratti di un vicus per la presenza di relative tombe a camera datate tra il IV e il I sec a C Tale vicus, con una frequentazione a partire dal V sec a C viene lentamente ad allargarsi dal IV sec in poi, in modo particolare nel II sec a C 303 L’ uso della lingua locale così come l’ utilizzo delle tombe a camera terminano con la fine della guerra sociale Con l’ istituzione del municipium sono attestate infatti tombe a incinerazione, così come i monumenti funerari a torre La collocazione della città della fine dell’ età repubblicana e di età imperiale è stata riconosciuta nella località Piano di Civita L’ impianto urbano si organizza intorno alla via Valeria (attuale via Poppedio)304 e la via proveniente da sud-est, corrispondente alla via di Pratola, lungo la quale è collocata una necropoli di età repubblicana (fig 84, n 3, p 33-35) 305 Lungo la via di Pratola tra il Castrum e la necropoli sarebbe da collocare secondo Wonterghem l’ area sacra di un ipotizzato pagus,306 mentre la via Poppedio determina l’ urbanizzazione di età romana, nell’ attuale loc Madonna del Loreto e Loc S Giacomo La collocazione del foro rimane incerta, ipotizzata inizialmente vicino la chiesa di Madonna delle Grazie, lungo la via di Pratola in quello che più probabilmente sembrerebbe trattarsi di un campus 307 Cesare fa riferimento a mura probabilmente costruite quando il centro divenne municipium, che comprenderebbero sia la parte arroccata sia parte dell’altopiano, come testimonia la posizione delle necropoli di età repubblicana 308 Il teatro, di cui si riconosce la planimetria grazie alla disposizione a semicerchio delle case intorno al paese, si addossava alle pendici della collina, con muri radiali in opera incerta per la parte occidentale costruita e una cavea di 75 m (fig 84, n 4) 309 L’ edificio è stato datato all’inizio del I Molti segnacoli presentano iscrizioni in dialetto locale e alfabeto latino, segno di una precoce penetrazione della cultura romana 303 304 Van Wonterghem 1984, p 48, n 3 Van Wonterghem 1984, p 48, n 33-35 Per una descrizione dettagliata delle varie tipologie di tombe rinvenute a Corfinium vd Van Wonterghem 1984, p 144-154 305 306 Van Wonterghem 1984, p 118 307 Van Wonterghem 1984, p 157-162 Cesare, De bello civili, I, 16-23 Caesar […] iuxtaque murum castra posuit; Cesare, De bello civili, I, 21: Domitius […] portas murosque adversari iubet 308 309 Van Wonterghem 1984, p 48, n 4 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) sec a C , per via di un’iscrizione in cui viene menzionato un quattuorviro quinquennale T. Mittius Celer, che ne curò la sua costruzione, con gradinate 310 E’ inoltre menzionata la costruzione di un mundus, inteso come probabile atto fondativo del municipium 311 Presso il cimitero di Corfinio, sempre nella zona Piano S Giacomo, sono state trovate tombe repubblicane, che non documentano un utilizzo della necropoli in età imperiale (fig 84, n 20) 312 L’ assenza di una fase imperiale ha fatto pensare che tale zona fosse occupata dal centro urbano tra la fine della Repubblica e la prima età imperiale Lungo la via di Pratola, probabilmente in posizione extraurbana sono collocati due edifici templari di piccole dimensioni di età tardo repubblicana o inizio dell’ età imperiale 313 Uno presenta un edificio in opera cementizia con paramento in opera incerta, orientato nord ovest/sud-est, con cella quadrata, pronao e due colonne in antis Per la tecnica costruttiva il tempietto è stato ricondotto a un periodo compreso tra la prima metà del I sec a C e il I sec d C Il materiale votivo trovato nelle vicinanze tra cui sette statuette bronzee di Ercole, hanno fatto identificare in questa divinità quella venerata nel tempio L’ orientamento non coincide con quello della città, ma segue la via San Giacomo e alcuni edifici nelle vicinanze, elemento che ha fatto ipotizzare si tratti probabilmente dell’ area sacra del più antico pagus poi monumentalizzata durante l’ età imperiale (fig 84, n 10) 314 D- Teate Nel territorio della popolazione italica dei Marrucini viene istituito invece un unico municipium, quello di Teate, i cui resti sono situati nella città di Chieti (fig. 8) 315 Definita da Silio Italico magnum Teate, il centro è situato su di un colle tra il fiume Pescara a ovest e il fiume Alento a est Il municipium fu amministrato da quattuorviri, mentre successivamente divenne colonia, come attesta un’ iscrizione di età tarda (113) 316 CIL IX, 3173 T. Muttius P.f. Celer IIII v(ir) q(uinquennalis)/theatrum, mundum, /gradus, faciendos cura(vit), / senatique consultum / fecit[que] utei pequnia(m) a/populo pageis retribueret. 310 311 Vd a tal proposito Buonocore, Firpo 1991, p 227, n 31; Gros, Torelli 1988, p 153 312 Van Wonterghem 1984, p 48, n 20 313 Van Wonterghem 1984, p 48, n 12; per la descrizione dell’ edificio vd ibid , p 127-130 314 Van Wonterghem 1984, p 48, n 10; CIL IX, 6333, 6336 315 Viglietti 2008; Iaculli 2017; Liberatore 2017 Silio Italico, VIII 522; CIL IX, 3022; CIL IX, 3044 Secondo Buonocore, Firpo 1991, p 100 Teate divenne municipium durante la guerra sociale e mantenne anche in seguito tale status giuridico 316 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 378 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 8: Teate, posizionamento degli edifici antichi nell’ area della città moderna. Crediti/fonte: Liberatore 2017. A Teate è stato individuato l’ asse centrale della città, che correva parallelo all’ attuale corso Marrucino, spostato di 6 m verso est rispetto a questo e corrispondente al tratto urbano della via Valeria La gran parte degli edifici antichi rinvenuti, quali un edificio termale, il teatro e tre tempietti lungo il lato lungo nord-occidentale dell’ ipotetica piazza forense, si colloca alla metà del I sec d C 317 Pochi ma di estremo interesse sono i dati sulla fase precedente, riferibili in particolare a strutture di carattere sacro Sulla Civitella, una zona ad ovest e più elevata rispetto alle evidenze di età imperiale, una porticus in opera reticolata di età cesariana interseca una struttura sacra più antica (il c d edificio De Chiara), costituendone il terminus ante quem relativo alla sua dismissione 318 La struttura non si è conservata, ma gli elementi di decorazione architettonica in terracotta permettono la ricostruzione di un frontone con la Triade capitolina, oltre a due frontoni, uno con i Dioscuri e Coarelli, La Regina 1984, p 143-151; Sommella 1988, p 180-181 Teate divenne municipium subito dopo la guerra sociale e rimase tale anche in età imperiale: su Teate vd anche Gabba 1972, p 100; Buonocore, Firpo 1991, p 392 317 318 Liberatore 2017 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 379 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) l’ altro con Apollo, Ercole e le Muse, questi ultimi due collocati alla prima metà del II sec a C 319 La costruzione del capitolium della città potrebbe riferirsi invece ad una fase subito successiva alla guerra sociale, in concomitanza con l’ istituzione del municipium 320 E’ stato inoltre ipotizzato che la sua costruzione sia dovuta a uno dei membri della famiglia degli Asinii 321 Il culto capitolino probabilmente fu spostato in età imperiale nella zona orientale della città presso l’ area forense con la costruzione alla metà del I sec d C di tre tempietti su alto podio interpretati non senza riserve come capitolium 322 Anche i tempietti si impostano su strutture in opera quadrata riconducibili a una struttura sacra precedente, cui sarebbero da riferire terrecotte architettoniche del II sec a C 323 All’ angolo occidentale della piazza del foro è stato individuato un tempio tetrastilo prostilo in antis contemporaneo ai tre tempietti, nella cui costruzione sono stati reimpiegati blocchi di tufo riconducibili a un edificio precedente, con funzione sacra, se si attribuiscono a questo edificio alcune terrecotte architettoniche datate tra la fine del II sec a C e l’ inizio del I sec a C , oppure da interpretare come curia se si esclude un legame con le terrecotte architettoniche 324 E- Alba Fucens, Marruvium e Anxa Una microregione distinta è caratterizzata dal lago del Fucino e i municipia a esso afferenti, corrispondenti alle zone delle popolazioni dei Marsi e in parte degli Aequi Dopo la guerra sociale vennero istituiti in quest’ area tre municipia: Marruvium sulla sponda orientale del lago Fucino in una zona verosimilmente non abitata in precedenza, Anxa sulla sponda occidentale, su di un sito dove dal III sec a C sorgeva un santuario consacrato alla divinità italica Angitia e l’ antica colonia di Alba Fucens a nord, lungo la via Valeria La colonia latina di Alba Fucens fu fondata nel 303 a C per controllare la regione della popolazione italica degli Equi lungo la Via Valeria, la cui costruzione 319 Liberatore 2017, p 157-160 320 Liberatore 2017, p 160-161 321 Liberatore 2017, p 161-163 322 Iaculli 2017, p 108-115; Liberatore 2017, p 158-165 323 Liberatore 2017, p 164 324 Iaculli 2017, p 115 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 380 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) può essere collocata con verosimiglianza nel 307 a C (fig. 9) 325 La città è divisa da assi stradali in blocchi regolari di forma allungata e risulta munita da mura in opera poligonale costruite nel momento della fondazione della città; a questa fase sono state riferite anche la rete stradale urbana e le porte urbiche 326 Tra la cosiddetta Via del Miliario e Via dei Pilastri è situato il foro, con i principali edifici di carattere civile: il comitium e il diribitorium ritenuti contemporanei alla fondazione della colonia, e la successiva basilica di fine II-inizio I sec a C , impostata su di una zona verosimilmente già in precedenza funzionalizzata ad area pubblica;327 più a sud si trova il santuario di Ercole, le cui terrecotte architettoniche lasciano ipotizzare una prima fase già a partire dal III sec a C 328 Tale complesso è da interpretare verosimilmente come un forum pecuarium 329 A nord-ovest del santuario vi sono edifici più tardi, in particolare un complesso con il macellum del I sec a C e le terme di cui è attestata una fase di II sec d C Le altre strutture poste lungo le strade sono tabernae e abitazioni, di cui emerge con sicurezza una fase medio-imperiale 330 L’ antica Marruvium, oggi situata nel comune di San Benedetto dei Marsi, in Abruzzo, è collocata invece direttamente sulla sponda orientale del Lago Fucinus, non lontano dalla via Valeria e lungo il fiume Giovenco Inserito nell’ elenco di Plinio il Vecchio il municipium è retto da quattuorviri, carica documentata fino ad età tiberiana,331 e di conseguenza con verosimiglianza sorto nel periodo successivo la guerra sociale 332 Rimangono comunque ad oggi nulli i dati archeologici relativi alla fase precedente la guerra sociale Differente invece la situazione per ciò che riguarda il periodo successivo a questa, quando Marruvium divenne municipium Livio, IX, 45; X, 1, 1-2; In particolare una sintesi relativa alle vicende di scavo nel sito di Alba Fucens si trovano in Balty 2012 325 326 Liberatore 2004, p 132 327 Liberatore 2004, p 135-141 328 De Visscher et al. 1963; Liberatore 2014 Coarelli, La Regina 1984, p 87 I materiali rinvenuti nell’ area del santuario lasciano ipotizzare un’ area sacra in questo luogo già a partire dal III sec a C , mentre le strutture risalgono solo al I sec a C L’ ipotesi del forum pecuarium non viene accettata da D Liberatore, che ritiene l’ apparato scultoreo troppo ricco per una tale interpretazione: Liberatore 2014 329 330 Di Cesare, Liberatore 2017 331 CIL IX, 3664 e 7678 332 Plinio, Naturalis historia, III, 106 Per una discussione a riguardo vd Letta 1988, p 206-207 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 381 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 9: Alba Fucens, planimetria. Crediti/fonte: Mertens 1969. DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 382 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Il centro presenta un’ organizzazione ortogonale all’ interno di un’ area compresa tra un ramo del fiume Giovenco a nord, un tratto di cinta muraria a sud, due monumenti funerari a torre a ovest e alcune tombe del I sec a C a est, dove poi verrà impostato l’ anfiteatro di età augustea (fig. 10) 333 A Marruvium è attestato su base epigrafica anche un capitolium della fine dell’ età repubblicana, da collocare con buona probabilità presso l’ attuale Chiesa di Santa Sabina nel centro del paese di San Benedetto dei Marsi 334 Una serie di strutture in opera reticolata, riferite ad edifici sia privati che pubblici, indicano una strutturazione della città nel periodo subito successivo alla municipalizzazione e una monumentalizzazione in età augustea In particolare lungo via Vittorio Veneto è attestata una ricca domus nei pressi dell’ area pubblica della città Figura 10: Marruvium, probabile estensione del municipium con indicazione delle evidenze archeologiche. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. 333 Per una sintesi critica delle evidenze vd Blasetti Fantauzzi 2016; Blasetti Fantauzzi 2019 CIL IX, 3688; Letta, D’ Amato 1975, n 49: Octavius Laenas [.] Cervasius P.f. IIIIvir(i) quinq. viam post Capitolium silice sternend(am) ex d.d. locarunt idemq(ue) probar(unt) Per la collocazione vd Coarelli, La Regina 1984, p 101 334 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 383 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) La fondazione ex nihilo del municipium Marruvium si è resa necessaria con verisimiglianza per sfruttare il territorio lungo la sponda orientale del lago 335 Il lago, così come la vicinanza all’ unico fiume della regione e più in generale quindi il complesso delle risorse naturali, hanno probabilmente giocato il ruolo decisivo per il posizionamento del sito Dirimente inoltre è stato certamente anche il rapporto con la rete stradale, poiché Marruvium era collegato alla via Valeria, situata a non molta distanza, ed era inoltre in comunicazione con le strade che gravitavano intorno al lago La posizione strategica rispetto alla disponibilità di risorse e il buon collegamento con il territorio sono stati probabilmente i criteri dirimenti alla base di tale nuova fondazione Sulla sponda del lago opposto a Marruvium è situato invece un complesso sacro ricondotto al culto della dea italica Angitia, intorno al quale venne organizzato dopo la guerra sociale uno spazio urbano, che divenne municipium, con il nome di Anxa, come attesta la notizia di Plinio 336 Il municipium, disposto su terrazze lungo le pendici scoscese e rocciose del monte Penna, si allargò dopo il 52 d C , acquisendo parte delle terre bonificate da Claudio 337 Non si hanno dati sufficienti per delineare le caratteristiche del sito urbano o la sua estensione In località il Tesoro presso l’ attuale paese di Luco dei Marsi è stata individuata l’ imponente area sacra, nella parte orientale del monte Penna, disposta su terrazze rivolte verso il Fucino ai piedi di un balzo roccioso e all’ interno di un circuito murario in opera poligonale datato per la tecnica muraria di III e IV maniera al IV sec a C Tale area è stata identificata con il Nemus Angitiae di cui riferisce Virgilio nell’ Eneide, luogo legato sia ai serpenti sia alle sue caratteristiche magiche, curative e di fertilità 338 Il complesso è considerato nella letteratura come il santuario federale dei Marsi, mentre il nome della dea nella più antica attestazione è A(n)ctia da cui deriverebbe il nome del municipium F- Iuvanum e Larinum Così come per il caso di Anxa, nell’ ambito dell’ impostazione dei municipia, sono attestati alcuni casi di santuari con una valenza territoriale scelti come sede per le nuove città Tali santuari vengono monumentalizzati nel II secolo a C e si trovano in 335 Blasetti Fantauzzi 2019; Blasetti Fantauzzi 2020 336 Plinio, Naturalis historia, III, 106 Di diverso avviso S Sisani, che colloca il sito di Anxa presso Scanno, per la presenza di iscrizioni che menzionano i decuriones (CIL IX, 3088; 3093) e un quattuorvir (CIL IX, 7143): Sisani 2021, p 45, nota 30 337 338 Virgilio, Eneide, VII, 755-760 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 384 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 385 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 11: Iuvanum, planimetria dei templi A e B. Crediti/fonte: Fabbricotti 1997. Un sito importante in questo senso è quello di Iuvanum nel territorio dei Carricini L’ insediamento, situato su di un plateau ad un’ altitudine di 1 000 m, Alcuni di questi santuari furono definitivamente abbandonati dopo la guerra sociale, come il santuario di Monte Rinaldo nel Picenum e quello di Pietrabbondante nel Sannio Riguardo al santuario di Pietrabbondante vd Strazzulla 1971; La Regina 1976; La Regina 1984; Coarelli, La Regina 1984, p 230256; Stek 2009, p 40-43 Monte Rinaldo è stato oggetto di recenti scavi archeologici, che hanno permesso di delineare con precisione le sue fasi di frequentazione: Demma 2019, p 343-344; Giorgi et al. 2020 339 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) punti territoriali importanti lungo le rotte della transumanza, risultando poi inglobati nei nuovi municipia 339 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) presenta una fase di frequentazione a partire dal IV sec a C fino al VI sec d C 340 A partire dal III sec a C è attestato un santuario sannita Durante il III o il II sec a C fu costruito un temenos di forma poligonale (fig. 11) All’ interno dell’ area terrazzata, sono stati posti due templi allineati tra di loro, rivolti a sud-est dove è situato l’ ingresso 341 Alla fine del II secolo a C , il santuario fu completato da un teatro di pietra locale, che potrebbe essere stato utilizzato per spettacoli, riunioni religiose, civili e politiche 342 Il sito di Iuvanum presenta una continuità di frequentazione durante il periodo della municipalizzazione Nella parte settentrionale della collina del santuario, su di un altopiano, viene infatti impostato il foro del municipio (fig. 12) Lo spazio forense risulta di piccole dimensioni (67 x 27 m), con la via d’ accesso che collega il foro con l’ area rialzata dei templi Nell’ area settentrionale è presente una basilica, la cui costruzione, sulla base di un’ iscrizione in cui si menzionano anche un tribunal e altri edifici ma in cui non è possibile riconoscere il nome dei costruttori, è stata fatta risalire alla concessione dello statuto municipale 343 Il foro presenta poi una monumentalizzazione di età giulio-claudia, come attesta un’ iscrizione pavimentale bronzea su tre lastre, rivenuta lungo l’ asse minore mediano del foro datata al 49 d C , che menziona C Herennius Capito, a cui si deve la pavimentazione dell’ area 344 Alcune strutture a sud della piazza, allineate con il foro di forma pseudo-rettangolare, sarebbero da collegarsi alle pratiche cultuali del santuario 345 In generale su Iuvanum vd Fabbricotti 1990; Fabbricotti 1992; Fabbricotti 1997; Fabbricotti 2008; Lapenna 1997; Lapenna 2006 Il nome del municipium è noto da fonti epigrafiche tarde del 352/357 d C (CIL IX, 2956) 340 Un primo tempio (A) fu costruito nel III o nella prima metà del II sec a C nella parte centrale del recinto sacro All’ inizio del II sec a C , il secondo tempio (B) fu costruito parallelamente al primo, a una distanza di circa 4 m a nord di esso Le datazioni fornite in vari contributi di E Fabricotti e S Lapenna sono differenti In Fabbricotti 2008 si parla di un temenos costruito nel corso del III sec a C , con il tempio A anch’ esso datato nel III sec a C , mentre in Lapenna 1997 la datazione è più tarda, spostata alla prima metà del II sec a C Verosimilmente si deve ritienere valida quest’ ultima datazione, poiché proposta in tutte le pubblicazioni successive allo scavo 341 342 La datazione del teatro non è certa, tenuto conto che la documentazione di uno scavo effettuato negli anni Quaranta del Secolo scorso è andata persa 343 CIL IX, 2961; Jouffroy 1986, p 49; Paci 1990, p 56; Gros 1996, p 244; Walthew 2002, p 45-52 Sull’ iscrizione oltre che per la posizione dell’ iscrizione, la planimetria del foro e i confronti con altri siti della penisola vd Iaculli 1990 Vd anche Firpo 1997 344 Un certo numero di altre strutture indicano un’ occupazione precedente a questa fase La loro funzione, tuttavia, non è chiara È stato ipotizzato possano aver avuto una funzione abitativa Queste (stanze I, L, K, 345 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 386 387 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 12: Iuvanum, foro e basilica. Crediti/fonte: Gros 1996. L’ osservazione di questi esempi mostra in modo evidente come lo spazio forense sia stato impostato al momento della nascita dei municipia, diventando un elemento costitutivo di queste città La connessione tra foro e processo di municipalizzazione risulta evidenziata anche dal fatto che in alcune città fondate in una fase anteriore alla guerra sociale e quindi già strutturate, il foro sembra svilupparsi solo in concomitanza con la municipalizzazione Una situazione piuttosto simile è attestata a Larinum nell’ area dei Frentani, dove il foro è sovrapposto a un quartiere abitativo più antico J, W, X, Z) hanno un orientamento diverso dalle strutture del periodo giulio-claudio collocate nell’ angolo sudorientale del foro (strutture A, B, C, D, G) e sono parzialmente intersecate dalla strada del foro DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 388 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 13: Larinum, prima fase del foro. Crediti/fonte: Caliò et al. 2012. Figura 14: Larinum, seconda fase del foro. Crediti/fonte: Caliò et al. 2012. 346 Su Larinum vd in particolare De Felice 1994; Caliò et al. 2012; Robinson 2021 347 Caliò et al. 2012, p 174 348 Caliò et al. 2012, p 173-174 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Sono documentate tre aree con differenti orientamenti all’ interno della città 346 La più recente di queste, relativa al foro, indica una riorganizzazione urbanistica nel contesto della municipalizzazione (fig. 13) Il foro, costruito nella sua prima fase all’ inizio del I sec a C , presenta una planimetria piuttosto semplice, con una struttura a pettine con stanze rettangolari, situata su uno dei lati corti della piazza (50 x 100 m) e preceduta da un portico, con una funzione verosimilmente commerciale 347 Nel periodo augusteo, il foro fu ampiamente rimodellato e dotato di monumenti onorari, rivelando così una maggiore attenzione alle funzioni di rappresentanza, nel cui contesto fu costruita anche un’ area absidata (fig. 14) 348 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 389 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) I dati topografici dei municipia lasciano emergere come questi siano nella gran parte situati in zone pianeggianti o leggermente elevate e quasi costantemente nei pressi di corsi d’ acqua (fig. 15) E’ possibile infatti individuare un rapporto con il sistema fluviale costituito dal corso d’ acqua principale oppure dalla media o alta valle di un fiume Nel caso di Sulmo il municipium è a fondovalle tra due fiumi che ne costituiscono anche il confine topografico lungo i due lati Allo stesso modo Marruvium sembrerebbe evidenziare confini naturali in due rami del fiume Giovenco Alcuni municipia sono disposti in posizione strategica, in zone collinari in prossimità di fiumi Teate è situata su un colle tra i fiumi Pescara a ovest e Alento a est, Hadria su un plateau tra i fiumi Piomba e Calvano e Larinum presso la Valle del Biferno Interamna Praetuttianorum è situata anch’ essa su una terrazza fluviale di forma trapezoidale delimitata a Nord e a Est rispettivamente dai fiumi Vezzola e Tordino 349 Direttamente sulla costa sono collocati pochi municipia, tra cui quelli di Hortona e Histonium 350 Figura 15: Il contesto geografico dei municipia dell’ Italia centrale. Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. 349 Migliorati 1976, p 246 Indicativo anche il toponimo 350 Sulla collocazione topografica di tali municipi si hanno solo dati epigrafici DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 3- Il rapporto dei municipia con il sistema fluviale e quello viario © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Spesso i fiumi vengono utilizzati anche come confini territoriali, come nel caso di Hadria, Angulum351 e Pinna Vestinorum Verso l’ interno, la vicinanza a un corso d’ acqua o la collocazione lungo una valle fluviale risultano essere allo stesso modo una caratteristica quasi generale Aveia si trova presso il fiume di Fossa, affacciato sulla Valle dell’ Aterno La presenza di una falda acquifera e la conseguente disponibilità di acqua e di facilità nell’ approvvigionamento idrico deve aver contributo anche alla scelta del luogo per l’ impianto del centro romano di Peltuinum, oltre alla posizione su un vasto pianoro all’ interno di una conca intramontana 352 Le valli fluviali costituiscono nel contempo un elemento di collegamento tra i vari municipia come si evince dai municipia situati nella valle del Sangro, quali Aufidena nell’ alta valle del Sangro e Iuvanum e Anxanum (Lanciano)353 lungo la media e bassa valle del Sangro, mentre Histonium (Vasto) gravita sul Trigno, alla cui foce è vicino Nella parte appenninica più interna hanno lo stesso ruolo le Valli dell’ Aterno, la Valle del Sagittario e la Valle Roveto Un caso diverso è quello dei municipia nati intorno all’ antico lago del Fucino, ora bonificato e usato per scopi agricoli, lago che costituiva nell’ antichità la risorsa naturale più significativa della zona in particolare per i municipia di Marruvium e Anxa L’ altro fattore che si può riscontrare nella collocazione dei municipia è il rapporto con il sistema viario romano, sia con le strade romane principali sia con i loro diverticoli e, soprattutto per ciò che riguarda l’ area interna appenninica, con i percorsi della transumanza (fig. 16) 354 351 La collocazione topografica del municipium di Angulum è su base epigrafica 352 Migliorati 2007, p 108-111; Migliorati 2008, p 342; Migliorati 2011, p 2-4 353 La collocazione topografica del municipium di Anxanum è su base epigrafica Per le strade romane è stato utilizzato McCormick et al. 2013 Le rotte della transumanza sono state digitalizzate secondo quelle tracciate in van Wonterghem 1992 354 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 390 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Figura 16: Il sistema viario dei municipia dell’ Italia centrale. Strade romane (rosso); diverticoli (giallo); strade della transumanza (tratteggiate). Crediti/fonte: C. Blasetti Fantauzzi. Significative in questo contesto si dimostrano la via Caecilia,355 prolungamento della Salaria, che collega Roma con l’ Adriatico passando per Interocrium, Forum, Amiternum fino a Hadria, e la Via Valeria che passando per Carseoli, Alba Fucens, Corfinium arriva fino a Teate e alla costa adriatica Da quest’ ultima si dipanano diverticoli che collegano Alba Fucens con Antinum verso Sora; Marruvium con Aufidena; Corfinium con Sulmo, Aufidena, Aesernia fino a Saepinum I municipia sulla costa sono invece collegati tra di loro tramite la strada costiera che da Castrum Novum passa per Hortona e proseguendo per Histonium arriva ad attraversare Larinum 355 Sulla via Caecilia vd Guidobaldi 1995, p 293-313 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) 391 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Particolarmente significative si presentano le rotte della transumanza su cui sono collocati i centri di Amiternum e Peltuinum, rotte che passando per Anxanum e Larinum arrivano fino ad Arpi L’ altra rotta nord-sud è costituita dalla strada CelanoFoggia, lungo la quale è collocata Sulmona La terza grande strada di transumanza è quella che da Aufidena passando per Aesernia si dirige verso Saepinum 356 Il sistema stradale nel suo insieme, come le vie della transumanza, sembrano quindi aver agito come catalizzatori per lo sviluppo di queste città, in tutta l’ area appenninica e adriatica dell’ Italia centrale I municipia, situati generalmente nella valle, vicino ai fiumi e nei pressi di strade e tratturi permettono, infatti, sia un migliore uso agricolo dell’ area circostante sia di trarre profitto dall’ allevamento intensivo del bestiame, con il controllo dei relativi mercati, che giocava un ruolo rilevante nelle dinamiche economiche dell’ Italia centrale tardorepubblicana 357 4- Osservazioni conclusive Sulla scorta dei dati archeologici presentati, la municipalizzazione in Italia centrale non sembrerebbe essere stata un processo lento e frammentario, come in genere supposto, ma più verosimilmente un processo controllato e organizzato centralmente da Roma L’ istituzione dei municipia coincide, infatti, in molti casi con una nuova organizzazione urbanistica Gli edifici pubblici non sono solo monumentalizzati con atti evergetici, ma in molti casi vengono costruiti solo a partire dalla fase municipale Più in generale, in alcuni casi gli stessi centri furono più probabilmente fondati solo durante la municipalizzazione piuttosto che semplicemente monumentalizzati in questa fase, come mostra chiaramente il caso di Marruvium In questo contesto anche insediamenti già esistenti furono elevati a municipia Si tratta, soprattutto di colonie latine più antiche e di alcuni insediamenti situati lungo le vie della transumanza o in generale in punti strategici del sistema stradale romano Tali centri mostrano in ogni caso una chiara e radicale ristrutturazione dal punto di Molto probabilmente da un’ indagine di superficie effettuata nel territorio del Fucino sarebbe da individuare un’ ulteriore rotta in quella che da Marruvium si ricollega ad Aufidena, così come una strada parallela, la c d via Pecorale, che da Anxa attraversa la Vallelonga per giungere anch’ essa ad Aufidena In alcuni casi le rotte stradali coincidono con quelle della transumanza (Blasetti Fantauzzi 2016; Blasetti Fantauzzi 2020) 356 357 Esempi sono il forum pecuarium di Alba Fucens, Nursia e Forum Novum DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 392 393 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) vista urbanistico, nell’ ambito della quale si assiste alla realizzazione dell’ area del foro e degli edifici funzionali alla gestione della vita amministrativa e politica del municipium La radicale riorganizzazione degli insediamenti più antichi può essere spiegata in relazione alla funzione che i municipia venivano a svolgere L’ analisi della struttura di questi centri, infatti, sembrerebbe evidenziare in primo luogo un loro coinvolgimento nell’ amministrazione e nello sfruttamento delle risorse dei territori Roma aveva infatti necessità di strutturare dei nuovi poli politico-amministrativi in Italia Si spiegano quindi in relazione al loro carattere principalmente amministrativo le dimensioni relativamente ridotte di molti di questi centri Riguardo ai centri di cui è possibile riscostruire la planimetria, emerge chiaramente una organizzazione ortogonale del loro spazio urbano con dimensioni ridotte, che supera raramente i 20 ettari Il municipium presenta in genere soprattutto il foro e alcune strutture pubbliche Significativa in questo senso è la connessione tra la strutturazione dei fora e l’ istituzione dei municipia Il foro si configura, infatti, come elemento essenziale e dirimente per i municipia, sottolineando ulteriormente la natura amministrativa ed economica di tali centri A ciò si aggiungono gli edifici pubblici connotanti la città, quali ad esempio i capitolia di Teate e Marruvium o la basilica di Iuvanum I contesti residenziali finora identificati sostanziano ulteriormente questo quadro, tenuto conto che si tratta in genere di singole domus, ricche e di grandi dimensioni Esempi importanti in questo senso sono la domus di via Vittorio Veneto a Marruvium e le ricche domus di Intermana 358 Tali edifici sono di norma situati nelle vicinanze del foro, mentre le aree suburbane sembrano non essere occupate, almeno nelle prime fasi della municipalizzazione La popolazione continua a vivere nelle campagne circostanti, probabilmente in piccoli insediamenti, in villae e fattorie, come prima della municipalizzazione Si potrebbe con verosimiglianza interpretare queste domus come sede di magistrati o edifici con funzioni pubbliche, per la loro vicinanza al foro e ai suoi monumenti 359 Un ulteriore elemento da sottolineare è relativo alla centralità da riconoscere ai grandi santuari tardorepubblicani per la localizzazione di alcuni municipia Il municipium come visto viene istituito nei pressi di alcuni di questi: nel caso di Iuvanum 358 Blasetti Fantauzzi 2016 Alla stregua della condivisibile interpretazione fornita da S Sisani su alcuni casi di singole domus in municipia di area umbra (Sisani 2014) 359 DHA, 49/1, 2023 – CC-BY © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 394 Les concepts en sciences de l’ Antiquité : mode d’ emploi. Chronique 2023 © Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 16/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 44.209.135.156) Bibliografia Abbreviazioni ILS = Dessau H , Inscriptiones Latinae Selectae, Berlin, 1892-1916 Studi Azzena G (1987), Atri Forma e urbanistica, Roma Balty J C (a cura di) (2012), Belgica et Italica. Atti del Convegno in memoria di Joseph Martens, Bruxelles Bianchi F (2009), “Contributo all’ architettura templare di epoca augustea: il tempio di Apollo a Peltuinum: osservazioni su modelli, maestranze e tradizione decorative”, Studi romani, 57, p 126-152 Bispham E (2007), From Asculum to Actium. 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