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Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge

2007, Studi Francesi

Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone 153 (LI | III) | 2007 L'UMANESIMO IN EUROPA In ricordo di Franco Simone Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge Maria Colombo Timelli Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/9414 DOI : 10.4000/studifrancesi.9414 ISSN : 2421-5856 Éditeur Rosenberg & Sellier Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2007 Pagination : 621-622 ISSN : 0039-2944 Référence électronique Maria Colombo Timelli, « Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge », Studi Francesi [En ligne], 153 (LI | III) | 2007, mis en ligne le 30 novembre 2015, consulté le 11 janvier 2021. URL : http:// journals.openedition.org/studifrancesi/9414 ; DOI : https://doi.org/10.4000/studifrancesi.9414 Ce document a été généré automatiquement le 11 janvier 2021. Studi Francesi è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 4.0 Internazionale. Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge Maria Colombo Timelli RÉFÉRENCE Le vrai et le faux au Moyen Âge, «Bien dire et bien aprandre. Revue de Médiévistique», 23, 2005. 1 La première partie du volume se concentre autour des ‘Semblances’ et ‘senefiances’ romanesques. 2 Christine FERLAMPIN-ACHER (Celui qui croyait aux fées et celui qui n’y croyait pas: le merveilleux romanesque médiéval, du ‘croire’ au ‘cuidier’, pp. 23-39) aborde la question du rapport entre ‘vrai’ et ‘faux’ dans un corpus de romans: Partonopeu de Blois, Artus de Bretagne, Merlin de Robert de Boron, Escanor, Brun de la Montagne, Méliacin. Le questionnement, qui se situe nécessairement à la base du merveilleux romanesque, laisse en suspens la vérité de la merveille; les personnages incrédules (ceux qui dénoncent la merveille comme fausse) sont cependant rares, le scepticisme n’étant pas une attitude médiévale: de fait, comme merveilleux et romanesque vont de pair, le lecteur est impliqué dans le jeu du ‘cuidier’, sans que cela mette en doute le sens ultime, garanti par Dieu. 3 Étienne GOMEZ (Chacun sa vérité. Un nouvel examen de la Deuxième Continuation du “Conte du Graal”, pp. 41-54) fonde son analyse sur deux protestations de véridicité apparemment contradictoires: l’une en faveur des vers, dans la Deuxième Continuation, l’autre en faveur de la prose, dans le Didot-Perceval. Selon E.G. la première serait une réponse ironique à la seconde. En réalité, prose et vers expriment deux vérités différentes, l’une en rapport avec l’histoire, l’autre avec la fiction: si la prose se met au service de la vérité, le vers la trouve en lui-même. 4 Annaïg QUEILLÉ (Perceval le ‘nice’, Amadan mor, Peredur et Finn... Le vrai et le faux dans la représentation de la ‘folie’ de Perceval dans “Le conte du Graal” de Chrétien de Troyes, pp. 55-78) compare la marginalité et la sauvagerie de Perceval avec celles des héros de la mythologie celtique. De telles caractéristiques, nettement dévalorisantes, seraient Studi Francesi, 153 (LI | III) | 2007 1 Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge apprivoisées dans le roman du xiie siècle grâce à l’éthique courtoise, chevaleresque et chrétienne, fondée sur la notion de perfectibilité du héros. 5 Jean-René VALETTE (Les “Hauts livres” du Graal et le problème de la vérité, pp. 79-99) interroge les Hauts livres au niveau des énoncés, puis dans l’espace énonciatif des textes, afin d’examiner, d’abord, le rapport éventuel entre vérité de la fiction et vérité de la révélation chrétienne, deuxièmement pour vérifier comment la vérité dont les personnages sont en quête s’articule avec le statut fictionnel des œuvres littéraires. La conclusion ne saurait être qu’interrogative: tout dépend en effet du rapport que l’on établit entre la conception chrétienne qui règne dans ces textes, et la foi qu’il convient d’accorder à ceux-ci. 6 Les contributions de la deuxième partie sont groupées autour des Ambivalences tristaniennes. 7 Selon Jacques CHOCHEYRAS (De la tromperie à l’erreur, sémantique du faux’ au Moyen Âge, pp. 103-109), dans le domaine moral et en contexte romanesque, l’opposition ne se fait pas au xiie siècle entre vrai et faux, comme dans la langue moderne, mais entre vérité et mensonge, catégories qui se situent non pas au niveau de la réalité, mais à celui de la parole. 8 Jean-Marc PASTRÉ (Pour une éthique de la communication: le vrai et le faux dans les romans de Tristan, pp. 111-120) analyse les trois épisodes tristaniens où le vrai et le faux se confondent (serment ambigu, refrain chanté par Tristan à la cour de la Petite Bretagne, les deux ‘folies’) sur la base de la triade notionnelle dégagée par Lévi-Strauss pour les mythes amérindiens et grecs: indiscrétion, malentendu, oubli. Les traits qui marquent le couple adultère (déguisement, ambiguïté, duplicité) renvoient au ‘régime nocturne’ reconnu par G. Durand. 9 Jacques RIBARD (Le “Tristan” de Béroul ou l’impossible quête de vérité, pp. 121-127) lit le Tristan de Béroul comme une interrogation sur le problème du vrai et du faux. La quête de la connaissance se fondant sur la vue et sur l’ouïe, le regard et la parole en deviennent des thèmes majeurs: cependant, le regard se révèle impuissant à connaître la vérité, et la parole la déguise. Il faut alors admettre deux lectures possibles de l’adultère, deux ‘vérités’: la culpabilité des amants ôte toute responsabilité au philtre, qui, en invitant à une aventure exceptionnelle, serait une figure de la grâce. 10 Trois articles concernent les Visions et voyages dans l’au-delà. 11 Robert BAUDRY (Merlin: visionnaire ou faussaire?, pp. 129-141) analyse deux aspects fondamentaux du personnage: sa capacité de voir le vrai, dans le passé et dans le futur, et en même temps celle de faire voir le faux aux autres à travers la métamorphose. Si Merlin utilise les armes ambivalentes de son art, non seulement ses fins le justifient, mais il ne saurait mériter la sanction que lui réserve la morale moderne. 12 Aux yeux de Mattia CAVAGNA (La “Vision de Tondale” à la fin du Moyen Âge: vérité ‘historique’ ou fiction littéraire?, pp. 79-99), l’étude de la transmission médiévale de la Visio Tnugdali permet de reconnaître deux branches: d’une part, une tradition savante, en langue latine, qui ne cesse de s’interroger sur la ‘vérité’ du texte, de l’autre la tradition en langue vulgaire (française, mais aussi anglaise et allemande), qui souligne plutôt les aspects narratifs – aventure et merveilleux – du texte, sans se soucier de la condamnation qui pèse sur lui depuis le xive siècle. 13 Huguette LEGROS (Vérité testimoniale, vérité théologique et ‘vérité de l’art’ dans quelques récits de voyage dans l’au-delà, pp. 159-172) compare le Tractatus de Purgatorio Sancti Patricii et la Studi Francesi, 153 (LI | III) | 2007 2 Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge version française de Marie de France. Elle relève d’abord chez H. de Saltrey les hésitations et les doutes sur la véridicité du récit et sur la conformité de celui-ci à la vérité théologique. En revanche, l’Espurgatoire ne doute pas et insiste plutôt sur la vérité du témoignage: de fait, on revient avec Marie à une conception littéraire de la vérité, qui ne s’oppose pas tant au concept d’‘erreur’ qu’à celui de ‘mensonge’. 14 La question de la vérité et du mensonge s’avère centrale dans les textes épiques (François Suard, La question de la vérité dans les chansons de geste, pp. 175-193): d’abord, l’auteur ne donne pas pour acquise la véridicité de son récit, et il se doit de l’expliciter; deuxièmement, sur le plan du récit, l’affirmation nette du droit et du tort s’accompagne d’éléments problématiques, tels le mensonge et la trahison; de plus, le vrai – par exemple pour les songes prémonitoires – peut ne pas être reconnu comme tel. Selon les mots mêmes de F.S. en somme, loin du être étrangers l’un à l’autre, «mensonge et vérité sont liés à la construction du sens de la chanson de geste» (p. 192). 15 Le rapport entre vérité et Histoire est au centre des deux contributions réunies sous le titre de Fictionnalisation de l’histoire. Philip E. BENNETT (Jean le Bel, Froissart et la Comtesse de Salisbury: entre histoire et mythe chevaleresque, pp. 211-224) cherche à faire la part du vrai et du faux dans l’épisode des amours d’Edouard III, roi d’Angleterre, et de la comtesse de Salisbury, épisode qui serait à l’origine de la création de l’ordre chevaleresque de la Jarretière. Il compare donc le récit qui apparaît dans les Chroniques de Jean le Bel et les rédactions successives des Chroniques de Froissart, ce qui lui permet de conclure que les modifications introduites par celui-ci répondent non pas à une volonté documentaire, mais plutôt à une vision idéologique, et dans une certaine mesure mythique, de l’Histoire. 16 Marie-Geneviève GROSSEL (Entre désinvolture et imposture? “Les Récits d’un Ménestrel de Reims”, pp. 225-237) observe d’abord comment les Récits, loin d’être une ‘chronique’ au sens médiéval, résistent aux tentatives modernes de classification. Habile dans le maniement des genres (roman, histoire, mais aussi théâtre), le Ménestrel en prend certainement à son aise avec la ‘vérité’, mais s’avère capable tant de raconter des faits réels que de se faire conteur, un «conteur plein de verve et de fantaisie, qui visait à divertir tout en édifiant» (p. 237). 17 Quelques-unes des contributions de la section Rhétorique et linguistique concernent des textes littéraires. Dominique LAGORGETTE (La vérité du nom: métadiscours sur le droit nom, métadiscours sur l’origine?, pp. 277-293), ayant constaté la fréquence des échanges métadiscursifs sur le nom dans la littérature médiévale, reconnaît des constantes: d’une part, le nom joue une fonction programmatique, puisqu’il permet de prédire les comportements de celui qu’il désigne, d’autre part il révèle les jugements portés sur lui ou sur un membre de sa famille. C’est dans la littérature des xiv e et xv e siècles, et surtout dans la nouvelle, que le nom assume un nouveau rôle: il peut alors renvoyer à un savoir commun et devenir typique d’une classe sociale ou d’une conduite. 18 Selon Fabienne POMEL (L’art du faux-semblant chez Jean de Meun ou ‘la langue doublée en diverses plicacions’, pp. 295-313), c’est entre autres par Faux-Semblant que Jean de Meun introduit dans le Roman de la Rose une interrogation profonde sur la fausseté. Elle analyse alors ce personnage comme figure archétypale du falsificateur, puis dans la confrontation qui l’oppose à Male Bouche. Le but de Jean de Meun serait de solliciter le lecteur à chercher au-delà des signes linguistiques, qui peuvent s’avérer mensongers, une vérité seconde dont Dieu serait seul le garant. Studi Francesi, 153 (LI | III) | 2007 3 Aa. Vv., Le vrai et le faux au Moyen Âge 19 Une dernière partie est consacrée à L’autorité juridique et scientifique. Joëlle Ducos (Fantasmes et illusions: les apparitions aériennes, pp. 317-331) aborde la question des apparitions aériennes, phénomènes météorologiques qui demeurent problématiques au Moyen Âge tant sur le plan de la dénomination que sur celui de leur description et interprétation. Difficiles à nommer sinon par des métaphores ou des appellations floues – telles feu –, ils génèrent aussi bien des croyances populaires que des tentatives d’explications scientifiques. Cependant les descriptions proposées ne peuvent que s’appuyer sur l’analogie et la métaphore. 20 La dernière contribution, de Christine SILVI (Faire dire vrai dans le discours de vulgarisation scientifique en français (xiiie-xive siècles): l’argument d’autorité à l’épreuve de la méthode doxographique, pp. 351-368) concerne l’encyclopédie médiévale en langue vulgaire. Studi Francesi, 153 (LI | III) | 2007 4