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Saqqara (MafS 2022). La nécropole de Pépy Ier et de son entourage

2023, Bulletin archéologique des Écoles françaises à l'étranger

Rapport d'activité de la MafS, campagne 2022.

Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger Égypte | 2023 Saqqara (MafS, 2022) La nécropole du pharaon Pépy Ier et de son entourage Philippe Collombert, Christelle Alvarez et Xavier Hénaff Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/baefe/8815 DOI : 10.4000/baefe.8815 ISSN : 2732-687X Éditeur ResEFE Référence électronique Philippe Collombert, Christelle Alvarez et Xavier Hénaff, « Saqqara (MafS, 2022) » [notice archéologique], Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger [En ligne], Égypte, mis en ligne le 01 juin 2023, consulté le 07 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/baefe/8815 ; DOI : https:// doi.org/10.4000/baefe.8815 Ce document a été généré automatiquement le 7 juin 2023. Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ Saqqara (MafS, 2022) Saqqara (MafS, 2022) La nécropole du pharaon Pépy Ier et de son entourage Philippe Collombert, Christelle Alvarez et Xavier Hénaff NOTE DE L’AUTEUR Année de la campagne : 2022 (12/11 – 17/12) Autorité nationale présente : Ministère du Tourisme et des Antiquités MoTA Numéro et intitulé de l’opération de terrain : 18120 – Mission Archéologique Francosuisse de Saqqara-Sud (MAFS) pour le chantier archéologique de la nécropole royale de Pépy I Composition de l’équipe de terrain : Philippe Collombert (professeur, université de Genève) ; Cristina Alba (étudiante, Sorbonne Université, UMR 8167 Orient et Méditerranée) ; Christelle Alvarez (égyptologue, Freie Universität Berlin) ; Mohamed Antar Gad (raïs, MoTA) ; Alain Charron (égyptologue, musée d’Arles) ; Luis Elia (topographe, indépendant) ; Marie-Noelle Fraisse (ingénieur d’études, CNRS UMR 8167 Orient et Méditerranée) ; Alix Frauchiger (étudiante, université de Genève) ; Xavier Henaff (archéologue-céramologue, Inrap) ; Audran Labrousse (architecte-égyptologue, CNRS) ; Emmanuel Laroze (architecte topographe, UMR 8167 Orient et Méditerranée, équipe « Mondes Pharaoniques ») ; Rémi Legros (égyptologue, université Lyon 2, UMR 5189 HiSoMA) ; Mathieu Luret (archéozoologue, université de Genève) ; Anne MinaultGout (égyptologue, CNRS) ; Némie Monbaron (égyptologue, université de Genève) ; Katia Novoa Martin (étudiante, université de Genève) ; Jérôme Rizzo (photographe, université Montpellier 3, UMR 5140 ASM) ; Julie Villaeys (étudiante, Sorbonne Université, UMR 8167 Orient et Méditerranée). Partenariats institutionnels : Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères MEAE ; université de Genève ; CNRS Organismes financeurs : Ministère des Affaires étrangères et du Développement international MAEDI ; Fondation Gandur pour l’Art ; CNRS ; Institut français d’archéologie orientale Ifao Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 1 Saqqara (MafS, 2022) Donnée scientifiques produites : https://www.ifao.egnet.net/recherche/archeologie/saqqara/ Introduction 1 Initialement prévue pour débuter au 1er novembre 2022, la mission n’a pu commencer à travailler qu’à partir du 12 novembre 2022, en raison de l’arrivée tardive des permis de fouille. Elle s’est déroulée jusqu’au 17 décembre 2022, tant dans le secteur de la nécropole de Pépy Ier que dans celui de la nécropole de Pépy II. Plusieurs des actions initialement envisagées n’ont cependant pu être menées à bien, faute de temps. 1. Secteur de la nécropole de Pépy Ier Xavier Hénaff, Philippe Collombert 2 Les travaux de cette année se sont concentrés sur un nouveau secteur de fouille. En effet, en 2012, la découverte inopinée, à l’ouest du mur de clôture ouest du complexe funéraire de Béhénou, près de la surface, de quatre grands blocs de calcaire provenant d’un mastaba, avait confirmé la conjecture selon laquelle la nécropole des grands dignitaires du royaume de l’époque de Pépy Ier devait se situer dans cette zone. Les textes de ces blocs indiquaient en outre qu’ils provenaient d’un mastaba très probablement réalisé pour le célèbre Ouni, connu pour sa remarquable autobiographie retrouvée par Auguste Mariette à Abydos en 1860. Il a donc été décidé d’entreprendre cette année un nouveau programme, à la recherche de la nécropole de l’élite, en débutant les fouilles sur un périmètre d’environ 240 m2, à l’endroit où les quatre blocs avaient été retrouvés (fig. 1). Les fouilles de cette année ont pleinement confirmé cette hypothèse, et viennent jeter un éclairage nouveau tant sur ce secteur encore inconnu que sur la personne et la famille de Ouni lui-même. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 2 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 1. Localisation du secteur de fouilles ouvert pendant la saison 2022 (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMCN_001 1.1. La nécropole des hauts dignitaires de Pépy Ier 3 La fouille de ce secteur s’est déroulée du 13 novembre au 11 décembre 2022. 4 Ce secteur avait été abordé pour la première fois en 2012, dans le but de sécuriser les abords de la partie occidentale du complexe de la reine Béhénou. En effet, la sédimentation de cette zone atteint par endroits près de 5 m de hauteur. Ainsi, la fouille s’était arrêtée à quelques mètres vers l’ouest sans toucher les niveaux de l’Ancien Empire. Plusieurs murs en briques crues avaient été identifiés comme construits immédiatement au contact du mur d’enceinte ouest de Béhénou. Ce sont ainsi deux tombes en four aperçues en 2012 et deux mastabas qui ont été mis au jour pendant la saison 2022 (fig. 2-3). 5 Pour les besoins de l’enregistrement des structures à la fouille, nous avons choisi de distinguer les mastabas des tombes en four, respectivement construits majoritairement en calcaire pour les premiers et en briques crues pour les secondes. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 3 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 2. Ortho-photographie du secteur de fouilles ouvert pendant la saison 2022 (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_001 Fig. 3. Interprétation des vestiges mis au jour pendant la saison 2022 (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMCN_002 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 4 Saqqara (MafS, 2022) 1.1.1. Des mastabas Le mastaba M.1 (nord de la zone de fouilles) 6 Placé au nord de notre secteur de fouille, le mastaba M.1 est de loin la structure la plus importante découverte lors de cette campagne. Identifiée sur quelques mètres linéaires en début de fouille, cette tombe occupe à ce jour un espace relativement vaste (10,30 m de largeur pour 16,50 m de longueur) occupant tout le quart nord-ouest du secteur mis au jour cette année. L’angle sud-est du mastaba M.1 a été dégagé avec la découverte de plusieurs pièces (fig. 4). Les faces méridionale et, dans une moindre mesure, orientale ont en partie été préservées, permettant ainsi de restituer le plan et les élévations du monument. Les murs de façade mesurent 2,10 m d’épaisseur et présentent un fruit sur leur face extérieure. Malgré un état de destruction avancé, les fragments épars retrouvés à proximité de ce qui constituait la façade orientale montrent qu’elle était composée d’un décor et d’inscriptions en creux d’une très belle facture. Les informations correspondent à la suite des textes découverts lors des fouilles de 2012 : il s’agit pour l’essentiel de l’autobiographie d’Ouni, vizir et juge sous les règnes de Téti à Merenrê (voir infra). Fig. 4 : Mastaba M.1 – Identification et/ou proposition d’organisation des différentes pièces aménagées dans la superstructure (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_002 7 L’entrée du mastaba M.1 est située à 12 m de son angle sud-est. Un fragment du jambage nord est encore en place et son seuil est en parfait état. La porte mesure 0,80 m de largeur et ouvre sur une pièce oblongue (A) orientée nord-sud de 2,10 m de largeur pour 4,80 m de longueur identifiée (la partie nord n’est pas dégagée). Cette pièce a livré de nombreux fragments de parois décorées dont certains éléments Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 5 Saqqara (MafS, 2022) retrouveront facilement leur emplacement originel. En effet, plusieurs blocs ont été découverts en place (des montants de porte notamment). La partie sud de la pièce (A) est percée de deux portes : l’une placée au sud-est donnant sur une seconde salle (B) non décorée et l’autre percée dans l’angle sud-ouest, ouvrant sur une quatrième salle (D) non dégagée à ce jour. La salle (B), située immédiatement à l’angle sud-est du mastaba, mesure également 2,10 m de largeur pour 4,50 m de longueur. La paroi sud de cette salle affiche un très bel état de conservation : 2,50 m de hauteur (fig. 5). Fig. 5 : Mastaba M.1 – Illustration de l’état de conservation des murs de la partie sud de la pièce (A) (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_003 8 Son angle sud-ouest est percé d’une porte dont l’encastrement pour le linteau est préservé à 2,10 m de hauteur. Cette ouverture mène à un escalier (E) en parfait état, culminant, au bout de 14 marches, à 3,20 m de hauteur au-dessus du sol de la tombe (fig. 6). Cet escalier était destiné à accéder au toit-terrasse du mastaba. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 6 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 6 : Mastaba M.1 – L’escalier (E) menant probablement au toit-terrasse du mastaba (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_004 9 Vers l’ouest et le nord et culminant également à plus de 3 m de hauteur, plusieurs structures linéaires construites en moellons liés à la mouna correspondent à ce qui subsiste des bourrages des murs de calcaire disparus aujourd’hui. Ainsi peut-on imaginer la présence d’autres pièces intérieures du mastaba (fig. 4). 10 L’épigraphie confirme que ce monument en cours de dégagement doit bien être attribué au célèbre Ouni. Ainsi, deux fragments d’une grande inscription horizontale dans le creux, retrouvés au niveau du mastaba (mais malheureusement pas en place), sont au nom de « [l’imakhou au]près d’Osiris, Ouni l’aîné » (fig. 7). Plusieurs autres fragments de la décoration intérieure vont dans le même sens. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 7 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 7. Mastaba M.1 – Fragments d’inscription au nom de Ouni-l’aîné (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_001 11 De nouveaux fragments de l’inscription autobiographique de Ouni ont aussi été retrouvés cette année ; l’un d’entre eux se raccorde même avec un fragment trouvé en 2012. Malheureusement, aucun n’a été retrouvé en place sur la façade, détruite sur toute sa hauteur hormis un élément de la première assise, sans décoration, à droite de l’entrée. 12 La présence d’un fragment portant le cartouche de Mérenrê (fig. 8) et attribuable à la partie finale de l’autobiographie telle qu’attestée par le bloc d’Abydos (CGC 1435) permet d’assurer que c’est bien tout le texte d’Ouni d’Abydos qui était présent aussi à Saqqara, et non pas seulement la première partie, relative au règne de Pépy I er. Par ailleurs, la présence de plusieurs fragments qui ne trouvent aucun parallèle dans la version d’Abydos permet aussi de confirmer que la version de Saqqara n’était pas exactement identique à la première. Fig. 8. Mastaba M.1 – Fragment de l’autobiographie de Ouni (MafS, P. Collombert). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_002 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 8 Saqqara (MafS, 2022) 13 Un autre fragment important, d’environ 1,40 m de haut et provenant vraisemblablement de la façade lui aussi, compte tenu de sa gravure dans le creux et de son lieu de découverte, soulève quelques questions. Il ne fait pas partie de l’autobiographie de Ouni. On y voit représenté le vizir Iouou (père de Ouni), surmonté d’une liste de ses titres (orientation ←). Derrière lui, se trouvent les vestiges malheureusement très fragmentaires d’une autre inscription autobiographique (orientation ←). Devant lui est représenté, en train de lui faire offrande, « son fils, son aimé », qui porte les titres d’« ami unique et prêtre cérémoniaire » et est nommé « Ouni-le-moyen » (Wnj-ḥry-jb). Cette mention permet d’affirmer que ce n’est pas le célèbre Ouni (« Ouni-l’aîné ») qui officie ici devant son père, mais un autre Ouni, vraisemblablement un de ses frères cadets. Si tel est bien le cas, on en déduirait que Iouou avait eu trois fils dénommés Ouni. 14 Tant l’orientation générale des inscriptions et des figures que le lieu de découverte de l’ensemble des différents fragments en relief dans le creux permettent actuellement d’envisager l’hypothèse que l’autobiographie de Ouni (texte tourné vers la droite) était située sur le mur de façade situé à gauche de l’entrée, et que les textes et figures relatifs à son père Iouou (orientés vers la gauche) étaient situés quant à eux à droite de l’entrée. Un graffito au nom de Iouou, seul retrouvé en place, dans la partie basse de la façade à droite de l’entrée pourrait être un indice supplémentaire en faveur de cette disposition. Le mastaba pourrait dès lors être interprété comme un monument familial. La suite des fouilles apportera probablement quelques éclaircissements sur tous ces points. Le mastaba M.2 (sud de la zone de fouilles) 15 Immédiatement placé au sud de M.1, le mastaba M.2 ne lui est distant que de 1,50 m, espace correspondant à l’aménagement d’une ruelle orientée est-ouest non entièrement fouillée à l’issue de cette campagne (fig. 3). De fait, seul le sommet de la première assise de la façade nord est visible. L’angle nord-est et la partie nord de la face est ont perdu leur parement de calcaire fin, mais les dalles de fondation des façades sont encore en place. Celle faisant face à l’est montre à ce jour la présence, sur plus de 4 m de longueur, d’une série de bassins creusés directement dans la pierre (fig. 9). Nous savons que ces bassins sont en lien direct avec la piété populaire et qu’ils se situent de manière privilégiée aux abords immédiats des entrées des tombes. Ce mastaba demeure en attente d’investigations. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 9 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 9 : Mastaba M.2 – Série de bassins creusés dans les dalles de fondation du mur de façade oriental du mastaba (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_005 1.1.2. Des tombes en four 16 Entre le mur d’enceinte de Béhénou à l’est et la rangée de mastabas des hauts fonctionnaires à l’ouest, un espace de près de 6 m de largeur a été occupé par une nouvelle rangée de tombes en briques crues. Celles-ci sont numérotées dans l’ordre de leur découverte. La tombe 1 Fig. 10. Tombe 1 – Ortho-photographie de la tombe de briques crues à l’issue de la saison 2022 (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_006 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 10 Saqqara (MafS, 2022) 17 La tombe 1 est la plus septentrionale du secteur (fig. 10). Il s’agit d’une construction rectangulaire en briques crues de 8,50 m de longueur pour 3,80 m de largeur. Cette structure s’élève actuellement à 1 m en moyenne au-dessus du sol de l’époque. La partie centrale du monument a été très endommagée lors d’épisodes successifs de pillage et de démontage des monuments voisins (mastaba M.1 et complexe de Béhénou entre autres). Curieusement, l’angle nord-est du bâtiment affecte un angle saillant que seule une adaptation du plan à la présence d’une structure antérieure peut expliquer. En effet, la découverte en 2012 de la tombe de la prêtresse d’Hathor Henenséti toute proche pourrait en être responsable. 18 Le centre de la face orientale de la tombe montre un décrochement, très ruiné aujourd’hui ; il pourrait correspondre à l’emplacement d’une stèle dont plusieurs fragments ont été retrouvés à proximité. Ces fragments constituent les vestiges des deux montants d’une fausse-porte. Ils sont au nom d’un « grand des médecins » nommé très vraisemblablement Nebi[p]outéti (nb=j-[p]w-ttj), « C’est-mon-maître-que-(le-roi)Téti ». L’ensemble est de très bonne facture mais ne peut être contemporain du roi cité, compte tenu du lieu de découverte. 19 Un petit édicule construit en briques crues s’appuie contre la face nord de la tombe et semblerait lui être postérieur. De plan carré, une entrée axiale permet d’y accéder depuis le nord. Les murets sont constitués d’une seule épaisseur de briques et sont couverts d’un enduit blanc à l’extérieur. Un aménagement semble avoir été creusé dans la face nord de la tombe 1 (une stèle ?). 20 Les contraintes de temps ne nous ont malheureusement pas permis d’explorer plus en détail cet ensemble. Il fera donc l’objet d’une nouvelle investigation en 2023. La tombe 2 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 11 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 11. Tombe 2 – Ortho-photographie de la tombe de briques crues à l’issue de la saison 2022 (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_007 21 La tombe 2 est la plus méridionale du secteur (fig. 11). Sa superstructure affiche un plan rectangulaire de 6,50 m de longueur pour 3,20 m de largeur avec une hauteur conservée de 1 m en moyenne. Toute la masse est réalisée en briques crues tandis qu’un parement de calcaire fin recouvrait les quatre faces (fig. 12). Au centre de la face est, un décroché a été aménagé afin d’accueillir une stèle, disparue aujourd’hui (fig. 13). Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 12 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 12. Tombe 2 – Illustration du parement de calcaire fin encore en place à l’angle nord-est de la superstructure (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_008 Fig. 13. Tombe 2 – Vestiges de la niche d’encastrement de la stèle fausse-porte au centre de la façade orientale de la superstructure (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_009 22 Plusieurs fragments du parement ont livré des inscriptions. Il devait s’agir d’une frise courant tout autour du monument à une hauteur qu’il est aujourd’hui difficile d’estimer. Une partie de ces inscriptions présente un texte plus ou moins banal, sur au moins deux lignes, de formules de menaces contre les profanateurs éventuels de la Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 13 Saqqara (MafS, 2022) tombe (« je serai jugé avec lui dans la nécropole par le grand dieu, je saisirai son cou [...] ») placées dans la bouche d’un « médecin principal du palais » (zwnw sms pr-ʿȝ) (fig. 14) dont le nom semble perdu (orientation ←). Une autre partie présente, sur une ligne, les éléments de la titulature de ce médecin anonyme, comportant notamment les titres de « médecin des yeux [du palais (?)] » (swnw jr.ty [pr-ʿȝ (?)]), « responsable de l’anus » ([nrw] pḥw.t [...]), mais aussi de « khenty-shé de MenneferMéryrê, ouâb des 200, chef de [...] » (ḫnty-š mry-rʿ-mn-nfr wʿb 200 jmy-r[...]) (orientation →). L’épigraphie est de belle facture mais pourrait cependant difficilement être contemporaine de l’époque de Pépy Ier. Fig. 14. Tombe 2 – Fragment d’une frise d’inscriptions donnant les fonctions du propriétaire de la tombe 2 (MafS, P. Collombert). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_003 23 Un puits de plan pratiquement carré (1,70 m × 1,60 m) est placé dans sa moitié nord ; il mesure près de 3 m de profondeur actuellement. Les murs sont enduits d’une couche de mouna dont le lissage n’est pas uniformément régularisé et plusieurs encoches sont visibles dans les parois est et ouest. 24 Au fond du puits s’ouvre la chambre funéraire vers le sud. Elle mesure 1,75 m de longueur pour 1,20 m de largeur et 1,90 m sous l’intrados de la voûte construite à double voussoir. Les murs de briques étaient parementés de dalles de calcaire dont il ne subsiste actuellement que deux fragments correspondant à l’entrée. Disparu aujourd’hui, un plafond constitué de dalles de même nature devait s’appuyer dessus. Les parois de la chambre étaient probablement décorées des thèmes habituels : les vases à huiles sacrées à l’ouest et un amoncellement d’offrandes à l’est, comme le laissent suggérer les rares éléments en place à l’entrée (fig. 15). Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 14 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 15. Tombe 2 – Vestiges de la décoration en place dans la chambre funéraire (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_004 25 L’intérieur de la tombe était comblé de différentes couches de rejets provenant du puits d’accès après sa vidange par les pilleurs. En fouillant et tamisant ces couches, nous avons retrouvé des éléments appartenant probablement au viatique du défunt (objets en bois, céramiques). Néanmoins, ce puits est resté ouvert après pillage et a servi de dépotoir. En effet, du matériel très hétérogène y a été récolté (tables d’offrandes, fragments de décors, etc.) parmi lequel des éléments de provenance royale : vases en calcite inscrits avec les cartouches de Pépy I er et de Merenrê pouvant appartenir à des reines (pour rappel, le complexe de Béhénou est présent à quelques mètres à l’est). Hormis une trace visible de l’emplacement du sarcophage sur le sol de la chambre funéraire, ni cercueil ni corps n’ont été découverts. 1.1.3. Des structures postérieures 26 En plusieurs endroits du secteur de fouilles, des murs en briques crues et en pierres ont été également mis au jour lors de cette campagne (fig. 3). 27 En poursuivant la fouille autour de la tombe 1, nous avons dégagé au sud un corridor la séparant du mur d’enceinte de Béhénou. Cet espace étroit (1,30 m de largeur) est rythmé par plusieurs petits murets en briques crues formant piédroits venant s’appuyer contre, d’une part la tombe 1 et d’autre part, le mur d’enceinte de Béhénou. 28 De même, autour de la tombe 2, d’autres petits murets d’une largeur d’une à deux briques crues viennent obturer ici un passage (2,70 m de largeur) axé nord-sud séparant la rangée de mastabas en calcaire (M.1 et M.2) des tombes de briques crues. Ces murets s’appuient contre les faces de chacun des monuments. Les espaces aménagés entre ces murets ont livré des tables d’offrandes malheureusement Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 15 Saqqara (MafS, 2022) découvertes en contexte perturbé. Cependant, leur concentration dans ce secteur en particulier pourrait témoigner d’un lien avec le mastaba M.2 à l’ouest (cf. supra). 29 La ruelle située entre les mastabas M.1 et M.2 a également subi des modifications. Un « bouchon » construit en blocs de calcaire a obturé son extrémité est, bloquant ainsi l’accès à la rue nord-sud. La fouille d’une partie du remplissage de cette section de la ruelle a livré un nombre considérable de vases en céramique datés de l’Ancien Empire. 30 Le mastaba M.1 a vu son entrée bouchée par un mur de briques crues dont il ne subsiste aujourd’hui qu’une assise. Cependant, à proximité immédiate de l’entrée et contre le mur de façade, nous avons découvert un amoncellement de briques qui pourraient correspondre au résultat de son démontage. 31 Enfin, les niveaux supérieurs ont livré leur inévitable lot de sépultures isolées. Trois d’entre elles sont sous sarcophage, en plus ou moins bon état de conservation. La troisième inhumation est la plus intéressante dans la mesure où elle est très bien préservée : il s’agit d’un sarcophage en bois peint et inscrit qui était accompagné d’un vase en céramique datable de la Basse Époque (fig. 16). Fig. 16. La sépulture isolée 2022-06 et son vase associé (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_005 1.1.4. Chronologie du secteur 32 À l’issue de la fouille de la campagne 2022, il s’avère que la chronologie de ce secteur est désormais mieux comprise (fig. 17). Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 16 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 17. Proposition de phasage des structures du secteur fouillé en 2022 (MafS, X. Hénaff). © Ifao. 18120_2022_NDMCN_003 33 En ce qui concerne la chronologie relative, nous pouvons identifier quatre phases principales et des étapes intermédiaires au sein de ces phases. 34 La phase 1 correspond à l’installation de la nécropole : reines et hauts fonctionnaires se font construire leurs demeures d’éternité. Comme cela a été proposé depuis plusieurs années, nous avons la preuve de l’existence d’une rue à l’ouest des reines. De 6 m de largeur, celle-ci était planifiée dès la mise en place des chantiers, pour garder une distance entre la première rangée de mastabas et les murs d’enceintes occidentaux des reines (en l’occurrence Béhénou dans notre secteur). Par ailleurs, nous avons constaté que le niveau de la rue n’est pas à la même altitude que celui des dallages des complexes royaux mais exhaussé de 0,80 m. Cette observation avait déjà été faite en 2012 lors de la fouille de petites structures de briques et de la tombe de la prêtresse Henenséti à l’extérieur de l’angle nord-ouest du mur d’enceinte de la reine Béhénou. Tout ce secteur semble donc avoir subi un aménagement qui a provoqué une modification notable du niveau du sol naturel. Nous pensons que cela correspond à un nivellement général du terrain lors de la mise en place de la nécropole royale en général et de celle des nobles et hauts fonctionnaires en particulier. Le sol naturel serait-il plus irrégulier dans cette partie du plateau ? Des sondages seront programmés l’an prochain pour tenter de répondre à cette question. 35 La phase 2 correspond à la mise en place des tombes de briques entre le complexe de Béhénou et la rangée des mastabas de la phase 1. Étant donné que la rue ne devait pas être occupée, il aura probablement fallu attendre quelque temps (des années ou des décennies ?) pour que des tombes viennent s’y implanter. En tout cas, ce sont deux petits mastabas de briques crues identifiés à ce jour qui ont été construits. Les constructeurs se sont arrangés pour laisser assez de place de part (est) et Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 17 Saqqara (MafS, 2022) d’autre (ouest) des tombes pour y aménager des espaces de circulation. En outre, il est intéressant de noter que les ruelles créées à cet usage sont elles-mêmes constituées d’une épaisseur de terre crue et de galets recouvrant un radier d’éclats de calcaire, réhaussant ainsi le niveau de circulation de la rue initiale de 0,30 m en moyenne. Cet ajout de matière a recouvert par ailleurs toutes les dalles débordantes des fondations et le bas des façades des mastabas de la phase 1. 36 La phase 3 semble appartenir à la fin de l’occupation du secteur en tant que nécropole monumentale. En effet, plusieurs murs et murets de briques crues viennent s’appuyer à la fois contre les tombes de briques et contre les mastabas. Lors de la mise en place du culte funéraire quotidien, il y a souvent des petits aménagements en structures légères. Le cas le plus significatif est celui installé entre le mastaba M.2 et la tombe 2. Nous constatons non seulement une compartimentation de la ruelle en plusieurs petits espaces clos mais également la fondation des murs sur la ruine du parement de la tombe 2. 37 La phase 4 correspond à toutes les étapes postérieures à l’abandon de la nécropole. Elle se présente, en termes de stratigraphie, sous la forme d’une succession de couches montrant l’alternance des différents épisodes identifiés sur site : pillage, démolition/ récupération de matériaux et utilisation comme lieu de sépulture isolée. 38 En ce qui concerne la chronologie absolue, les mastabas de la phase 1 sont associés directement à l’activité de la nécropole depuis sa fondation sous le règne de Pépy I er jusqu’au règne de Pépy II inclus. Les petits aménagements sont probablement en partie contemporains des tombes de briques crues et en partie postérieurs à ces dernières, soit la fin de l’Ancien Empire au sens large (y compris la Première Période intermédiaire). Bien que présent sur la nécropole, le Moyen Empire n’a pas été identifié pour le moment dans ce secteur. Nous savons que le Nouvel Empire est présent sous différentes formes à la nécropole de Pépy I er (sépultures, phases de carrières…) mais n’avons pas d’éléments de cette époque. Enfin, les tombes secondaires isolées sont rarement datables de manière précise mais couvrent un large spectre : de la fin du Nouvel Empire à la période gréco-romaine. 1.2. Le dépôt secondaire d’ossements de bovidés 39 Alain Charron et Mathieu Luret ont poursuivi l’étude de l’abondant matériel osseux issu des fouilles de 2016 et 2019. 2. Secteur de la nécropole de Pépy II Christelle Alvarez 2.1. Le complexe funéraire du roi Qakarê Ibi 40 Les travaux sur le site de la pyramide d’Ibi ont eu lieu du 28 novembre au 12 décembre 2022. L’étude des fragments a ensuite continué en magasin jusqu’au 15 décembre. 41 La saison a commencé par le nettoyage de l’espace entre la chambre funéraire et le mur de la fosse de construction (caveau et serdab) qui avait été partiellement ensablé à la fin de la mission 2021 (fig. 18). L’objectif de cette saison était la restauration et la Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 18 Saqqara (MafS, 2022) sécurisation des appartements funéraires de la pyramide, un relevé photographique architectural et épigraphique, ainsi que l’étude des fragments de Textes des Pyramides. Fig. 18. Vue du caveau et du serdab avant la construction du toit (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_010 2.1.1. Travail de restauration 42 La mise en place du toit a requis la prolongation des murs de soutènement de la fosse de construction pour atteindre la hauteur du toit couvrant les appartements funéraires construit en 2016. Le nouveau toit recouvre maintenant l’ensemble de la fosse de construction et s’intègre à celui de la chambre funéraire (fig. 19). Le restaurateur a consolidé les traces de peintures rouges et noires qui correspondent aux marques d’architecte sur les parois de la fosse. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 19 Saqqara (MafS, 2022) Fig. 19. Vue du caveau et du serdab après la construction du toit (MafS, C. Alvarez). © Ifao. 18120_2022_NDMPF_011 43 Le bloc inscrit d’un texte horizontal ainsi que de treize colonnes qui avait été découvert au niveau du sol de la chambre funéraire dans l’angle sud-ouest de la fosse de construction lors de la saison 2021 a été retrouvé intact. Le restaurateur a pu consolider le bloc et les inscriptions avant et après son déplacement dans la chambre funéraire. 44 Le bloc inscrit a également pu être assemblé (fig. 20) dans la chambre avec l’autre moitié déjà connue que Gustave Jéquier avait restitué sur la quatrième assise de la paroi nord, à quelques centimètres de la paroi ouest. Fig. 20. Ortho-photographie de l’assemblage et des restaurations du bloc trouvé en 2021 (MafS, E. Laroze). © Ifao. 18120_2022_NDMPM_006 45 Un autre ensemble (Ibi-568+574+579) a également été sorti définitivement du magasin pour être replacé sur la première assise de la paroi nord. Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 20 Saqqara (MafS, 2022) 2.1.2. Relevé photographique 46 L’assemblage et l’ajout de fragments supplémentaires dans la pyramide ont été effectués en vue d’une nouvelle couverture photographique. Des ortho-images des quatre parois de la chambre, d’une centaine de fragments dans le magasin, ainsi que des blocs de granit conservés dans la zone de la descenderie ont été effectuées. Des prises de vues de la pyramide à l’aide d’une perche, le relevé photogrammétrique de l’ensemble de la pyramide, et le placement de bornes pour une photo aérienne du site ont également été faites. Ces données vont ainsi faciliter la reconstruction virtuelle des textes sur les parois et contribuer à l’étude de l’architecture du monument. 2.1.3. Nouveaux fragments 47 De nouveaux fragments ont été trouvés lors du désensablement de la fosse de construction et de l’utilisation des déblais à l’extérieur de la pyramide pour la construction du toit. Les fragments inscrits de Textes des Pyramides s’élèvent à 8 individus (I-672 à I-678 ; I-681) de petites dimensions (15 cm maximum). Parmi ceuxci, un fragment (I-668) comporte des étoiles incisées et des traces de peinture bleue ; celui-ci s’assemble avec un fragment retrouvé en 2021 (I-661). 2.1.4. Autre matériel archéologique 48 Des fragments de tables d’offrandes anépigraphe et de matériel en calcaire probablement liés à la construction ou au démantèlement de la pyramide ont été placés dans la pyramide. Les fragments inscrits ont été apportés en magasin (numéros d’inventaires I-669, I-670, I-671, I-679, I-680, I-682, I-683, I-684). Parmi ceux-ci se trouvent des fragments de tables d’offrandes, de stèles fausse-portes, et un fragment de montant de porte (I-682 : 0,29 m × 0,70 m × 0,25 m) inscrit avec le nom d’une ). Ce dernier a été trouvé au nord-ouest de la pyramide. phyle ( INDEX Thèmes : IFAO Année de l’opération : 2022 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtb1E0Dz7cSX anthroponymes https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtQ9AyAm92A9, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtwB5WrxLSZ4, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtFRqqNF9uqa, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtUPU2uKve6Z, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt5YHcM3HMP1 oeuvres https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtQ9AyAm92A9, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtwB5WrxLSZ4, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtFRqqNF9uqa, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtUPU2uKve6Z, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt5YHcM3HMP1 sujets https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtQ7gisMBU4H chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPu7ej4iq2x lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1w2hfQncE8 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 21 Saqqara (MafS, 2022) AUTEURS PHILIPPE COLLOMBERT Professeur, université de Genève CHRISTELLE ALVAREZ Égyptologue, Freie Universität Berlin XAVIER HÉNAFF Archéologue-céramologue, Inrap DIRECTEURFOUILLES_DESCRIPTION PHILIPPE COLLOMBERT Professeur, université de Genève Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger , Égypte 22