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Texte : « Le livre d’une langue » sous la direction de Barbara Cassin publié par les Editions du Patrimoine
Rédaction en chef : Vanadis Feuille
Photos : @monsieurgac, Opale.photo, Fondation Amadou Hampâté Bâ et Bridgeman Images
Documentation sonore de RFI : Françoise Delignon
Extraits sonores : RFI/INA
Conception, graphisme et développement : Studio Graphique - France Médias Monde
Adjoint au directeur de RFI chargé des opérations culturelles et de la Francophonie : Pascal Paradou
Adjoint au directeur de RFI chargé du Numérique : Christophe Champin
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Marguerite Abouet

Côte d'Ivoire

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Marguerite Abouet est née à Abidjan en Côte d’Ivoire en 1971.

«Le nouchi, je me souviens que mes parents ne voulaient même pas qu’on parle un mauvais français. Parce qu’à l’école, non, il fallait être bon en français justement, et mettre enfin des articles. Alors non, non, moi c’est quelque chose que j’ai volé. […] la particularité c’est ce mélange de français avec toutes ces ethnies et le fait que la première définition n’est pas vraiment la même. Elle change quand on dit qu’une femme est sincère. Le mot sincère, sincère, c’est qu’elle a du monde au balcon. […] Pour moi, c’est des poètes, c’est des inventeurs. Et les Africains sont plus francophones aujourd’hui que les Français eux-mêmes, vu ce qu’ils ont fait de cette langue. »

Extrait sonore : Emission En sol majeur, Yasmine Chouaki, première diffusion le 28-01-2018
Photo : © Beowulf SHEEHAN/PEN/Opale.photo

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Adonis

Syrie

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Adonis est né à Al-Qassabin en Syrie en 1930.

« Il y a sûrement des caractéristiques liées à la spécifi cité de la langue arabe. Mais le monde, on est dans un même monde, on affronte les mêmes problèmes. Pour moi, l’Occident et l’Orient ne sont que deux conceptions idéologiques. Donc […], à mon sens, l’Occident n’est que le prolongement ou l’autre face de l’Orient, et l’Orient aussi n’est que le prolongement et l’autre face de l’Occident. Ce sont une même réalité. »

Extrait sonore : Emission Panoramique, Anne Blancard, première diffusion le 18-06-1996
Photo : © Astrid di CROLLALANZA/Opale. photo

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Vassilis Alexakis

Grèce

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Vassilis Alexakis, 1943-2021, est né à Athènes en Grèce.

« On peut très bien écrire dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle. En France, pendant longtemps, on a cru que, on s’étonnait d’ailleurs que moi j’écrivais en français. On me disait : “mais, c’est difficile, il y a tellement de nuances, etc.” [...] Mais moi je dirais qu’il y a même des avantages à écrire dans une langue étrangère, que c’est pas un Il y a peut-être un inconvénient, parce qu’on n’a pas une…, au début, en tout cas, une mémoire dans la langue […], Moi, je pouvais difficilement parler de mon enfance en français. C’est vrai, ça a été vrai pendant assez longtemps. Mais en même temps, il y a un avantage à garder une distance avec la langue dans laquelle on s’exprime. Et ce n’est possible que dans une langue étrangère, dans la langue maternelle, on n’a pas de distance. »

Extrait sonore : Emission Mille Soleils, Théogène Karabayinga, première diffusion le 30-01-1996
Photo : © Philippe Matsas/Opale.photo

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Amadou Hampâté Bâ

Mali

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Amadou Hampâté Bâ, 1901-1991, est né à Bandiagara au Mali.

« La France a décapité son roi. La Russie s’est secouée du joug de ses tsars. L’Amérique s’est affranchie de ses dominateurs. La reine d’Angleterre n’est plus, n’a plus droit de vie et de mort à volonté. Bravo, bravo pour vous, Monsieur le Blanc ! Vous avez donc un dénominateur commun pour vous entendre et vous faire mieux voir de nous, anciens colonisés et vos pupilles. Pour ma part, ce que je souhaite pour le Mali d’abord et pour tous les territoires, anciennes possessions européennes, c’est de n’être plus pour personne, ni une mitraillette qu’on tire, ni une cible sur laquelle on tire. Vous nous avez appris à lire et à écrire. Merci. Vos langues nous ont permis de constituer des grandes unités en dépit des diversités de nos idiomes. Encore merci. Nous vous en resterons reconnaissants. Maintenant, puisque vous nous avez appris à compter, il ne doit plus être possible pour vous de nous faire accepter que 2 et 2 font 7. »

Extrait sonore : Emission La Marche du Monde, Valérie Nivelon, première diffusion le 21-03-2021 (Discours d’Amadou Hampata Ba, ambassadeur du Mali, à la tribune de l’Unesco en 1960)
Photo : © Fondation Amadou Hampâté Bâ – DR

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Patrick Chamoiseau

France (Martinique)

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Patrick Chamoiseau est né à Fort-de-France en Martinique en 1953.

« Joyce, lorsqu’il écrivait Ulysse, il dit, très rapidement, je suis arrivé au bout de l’anglais. Pourquoi il arrive au bout de l’anglais ? Parce qu’il essaie de reproduire le mouvement mental, le langage mental des êtres qu’il décrit, et ce chaos mental ne pouvait pas s’accorder dans le seul espace d’une langue. Donc il va au bout de l’anglais et il va chercher d’autres parlers et d’autres langages pour construire son langage. Et je crois que l’écrivain contemporain, comme la littérature contemporaine, est désormais en face d’un théâtre linguistique qui est ouvert sur toutes les langues du monde. Mais moi, dans mon espace, en cohabitant ou en construisant mon langage avec langue créole et langue française, je rentre dans une disponibilité langagière, je rentre dans ce que Segalen aurait appelé le désir imaginant de toutes les langues du monde. Et ça, c’est ça qui est fondamental. »

Extrait sonore : Emission Entre les lignes, Catherine Fruchon-Toussaint, première diffusion le 11-02-2005
Photo : © Hannah ASSOULINE/Opale.photo

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François Cheng

Chine

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François Cheng est né à Nanchang en Chine en 1929.

« J’ai compris que ma place n’était plus en Chine. Donc j’ai décidé de rester en France. À partir de ce moment-là, justement, il a fallu relever ce défi que constituait l’apprentissage de cette langue que j’aime, que j’ai aimé bien sûr. Mais à ce moment-là, je ne pouvais pas mesurer toutes les difficultés que j’ai dû surmonter par la suite. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de dire qu’abandonner sa langue maternelle, c’est une forme de sacrifice énorme. Et pourtant, adopter une autre langue, surtout une grande langue comme le français, une des plus belles langues du monde. Là, il y a une sorte de compensation. C’est-à-dire que j’ai éprouvé réellement à une certaine époque cette ivresse à travers cette nouvelle langue, de renommer les choses à neuf comme au matin du monde. »

Extrait sonore : Emission Mille Soleils, Zéphirin Kouadio, première diffusion le 09-09-2002
Photo : © Patrice NORMAND/Opale.photo

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Maryse Condé

France (Guadeloupe)

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Maryse Condé est née à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe en 1937.

« Le créole, d’abord, a été à cette position un peu honteuse de ne véhiculer que l’oralité et qu’un certain nombre de traditions, très chères peut-être à la population, mais qui ne sont pas valorisées. Et depuis quelques années, on assiste à une revendication, un désir de voir le créole pénétrer à tous les niveaux de la vie culturelle. Par exemple, les slogans politiques sur les murs de Pointe-à-Pitre ou de Fort-de-France sont en créole, ce qui est nouveau. Les discours que les hommes politiques font sont en grande partie en créole. Les poèmes faits par des intellectuels et qui sont publiés dans certaines revues sont aussi en créole. Donc on veut absolument que le créole perde une certaine image un peu folklorique et doudouiste comme nous l’appelons, pour devenir une langue avec tout ce que cela peut sous-entendre de complexité, de richesse. »

Extrait sonore : Emission Mille soleils, Jacqueline Sorel, première diffusion le 12-12-1978
Photo : © Philippe MATSAS/Opale.photo

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Assia Djebar

Algérie

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Assia Djebar, 1936-2015, est née à Cherchell en Algérie.

« Le français que j’écris a d’abord été une sorte d’arme, d’arme de colonisé qui, en quelque sorte, prend la langue de l’autre pour s’affirmer. […] Mais petit à petit […], cette langue que je n’avais pas choisie et qui venait doubler un peu ma langue maternelle, c’est-à-dire l’arabe, et qui venait s’inscrire sur un effacement de la langue la plus ancienne, c’est à dire le berbère, cette langue, je l’ai vraiment choisie parce que, depuis une dizaine d’années, je m’aperçois que la langue de création, étant écrivain, c’est forcément une langue d’amour. Donc je pense que je suis vraiment un écrivain, comme on dit, francophone, de langue française. »

Extrait sonore : Emission La Grande Affiche, Jean Maurice de Montrémy, première diffusion le 02-02-1996
Photo : © Anabell GUERRERO/Opale.photo

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Frankétienne

Haïti

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Frankétienne est né à Ravine Sèche en Haïti en 1936.

« La langue française – et je sais que ça n’a pas plu à certaines personnes quand je leur ai dit – c’est la langue de mes frustrations, c’est la langue de mes tripes, c’est la langue de mon individualité, parce que je suis un petit-bourgeois qui a été formé à l’école occidentale. [...] Je suis un Occidental, j’ai vécu ma vie de petit-bourgeois. J’ai appris, j’ai appris à savoir ce que c’est que la haine, les émotions, l’amour à travers Racine. J’ai eu mes premières expériences de l’amour ou encore, je ne sais pas, des sentiments humains à travers Molière, à travers La Fontaine. [...] C’est-à-dire que c’est mon individualité et c’est ma personne à moi qui passe dans mes œuvres écrites en français. Je ne suis pas présent dans mes œuvres créoles. Je ne peux pas écrire un bon poème d’amour en créole. Et c’est pourquoi je suis plus romancier en créole qu’en français. En français, je suis poète. »

Extrait sonore : Emission Mille soleils, Théogène Karabayinga, première diffusion le 22-09-1992
Photo : © Guillaume PERRET/Opale.photo

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Vénus Khoury-Ghata

Liban

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Vénus Khoury-Ghata est née à Bcharré au Liban en 1937.

«J’ai l’impression de payer une taxe chaque fois que je traverse les frontières entre les deux langues. Et cette taxe, cet impôt, c’est les rajouts et les... les manques. [...] La langue arabe est très riche, elle est très bavarde, bavarde dans le bon sens, elle est ample, elle est généreuse. La langue française est devenue très austère avec le temps. Alors il faut tout le temps laminer. Il faut enlever l’exagération, la sentimentalité. [...] Pas d’adjectifs, pas de métaphores. Alors ce qui fait que quand je m’empare d’un texte arabe pour le traduire en français, il faut tout le temps assagir, il faut tout le temps rendre plus sage, plus austère. »

Extrait sonore : Emission La Bande passante, Catherine Fruchon-Toussaint, première diffusion le 24-03-2013
Photo : © Gallimard via Opale.photo

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Ahmadou Kourouma

Côte d'Ivoire

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Ahmadou Kourouma, 1927-2003, est né à Boundiali en Côte d’Ivoire.

« Le livre commence par une expression “Kone avait fi ni”. Qu’est-ce que ça veut dire fini ? Mais parce que la culture africaine est une culture animiste. Les gens ne meurent pas. Si je voulais écrire en français, si j’utilisais l’expression française “Il est mort”, j’allais mentir parce que c’est pas ça, il ne meurt pas. Il interrompt quelque chose. Il finit et il reprend. Donc cette première expression déjà indique la différence entre le français et l’africain. »

Extrait sonore : Emission Mille Soleils, Catherine Pont-Humbert, première diffusion le 03-01-2000
Photo : © Basso Cannarsa/Opale.photo

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Kevin Lambert

Canada

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Kevin Lambert est né à Montréal au Canada en 1992.

« J’ai pas du tout la pureté du français. Je tiens à la mixité aussi, et je tiens à ce que le français soit travaillé par l’anglais aussi. Et puis parce que tu sais, c’est ça surtout quand on est à Montréal, au Lac Saint-Jean, ça se trouve moins parce qu’il n’y a pas beaucoup d’anglophones, c’est assez rare, mais à Montréal, c’est certain que la langue de Montréal et même la langue que moi je parle quand je suis à Montréal est travaillée par l’anglais. Puis je trouve que le français un peu mixte que ça crée, c’est assez intéressant en fait. Puis j’aime ça. Mais moi, c’est aussi de défendre, d’écrire la langue québécoise qui est différente de la langue… du français international ou du français parisien, ou vous avez un peu les mêmes choses en France, c’est-à-dire qu’il y a des variations régionales importantes dans la francophonie. Tu sais, le français haïtien n’est pas le même que le français algérien ou sénégalais ou québécois. Mais moi je trouve ça intéressant de travailler la langue qui est la mienne et que je connais comme un matériau littéraire, tu sais. Et puis pas de m’inventer une langue un peu… normalisée, juste parce que c’est de la littérature. Tu sais, je pense que toutes les langues peuvent être de la littérature et que c’est même important de travailler les langues des marges, aussi. »

Extrait sonore : Emission Littératures sans frontières, Catherine Fruchon-Toussaint, première diffusion le 04-10-2019
Photo : @monsieurgac

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Antonine Maillet

Canada

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Antonine Maillet est née à Bouctouche au Canada en 1929.

« Moi, par tempérament, par goût, peut-être par métier ou par goût littéraire, j’ai toujours été… eu un penchant pour les gens d’en bas, parce que c’est là où je sentais les choses bouger. C’est quand on est en bas qu’on monte, on monte pas quand on est en haut, on a tendance à descendre. J’avais le goût de révéler un peuple en train de monter et l’Acadie monte par opposition à la vieille… à la vieille Europe, par opposition… Le nouveau monde monte, vous comprenez ? Alors, en ce sens, ce n’est pas ma prédilection pour les gens d’en bas, [elle] n’allait pas que pour les Acadiens que j’ai appelés les crasseux. C’était pour tous les gens qui viennent de populations en train de se réveiller, de renaître, de surgir. Actuellement, la vitalité de la francophonie vient de la périphérie. »

Extrait sonore : Emission Mille Soleils, Dany Toubiana, première diffusion le 28-03-1995
Photo : © Witi De TERA/Opale.photo

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Akira Mizubayashi

Japon

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Akira Mizubayashi est né à Sakata au Japon en 1952.

« J’essaye de m’éloigner de ce qui me paraît naturel, de ce qui est maternel, de ce qui est, je dirais même national, par le biais d’un territoire que je dois conquérir de façon permanente parce que ce n’est jamais acquis. Et ce territoire-là se nomme le français. Je crois que pour bien comprendre ce qui se passe chez soi, pour bien sentir même ce qui se passe chez soi, il faut s’en éloigner. Il faut avoir une distance suffisamment importante pour évaluer, apprécier le lieu où on est. »

Extrait sonore : Emission En sol majeur, Yasmine Chouaki, première diffusion le 21-09-2014
Photo : © Gallimard via Opale.photo

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Scholastique Mukasonga

Rwanda

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Scholastique Mukasonga est née dans la province de Gikongoro au Rwanda en 1956.

«J’avais une histoire à raconter, qui ne concernait pas que les Rwandais, qui concernait la communauté internationale. Le génocide, ça concerne tout le monde, donc il me fallait une langue au-delà de la langue kinyarwanda pour justement faire le travail que je dois faire, qui est de faire la transmission, de faire connaître… Moi quand je dis ça, je le dis sérieusement et profondément : peut-être qu’un jour on pourra dire “plus jamais ça !”. Mais pour cela, il fallait trouver une langue qui me permettait de… de conserver, d’honorer cette mémoire, mais par la voix de… plus large que le Rwanda. Et ça, le français s’est présenté à moi comme une langue de communication. »

Extrait sonore : Emission Littérature sans frontières, Catherine Fruchon-Toussaint, première diffusion le 06-05-2018
Photo : © Mantovani ©Gallimard/opale.photo

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Mohamed Mbougar Sarr

Sénégal

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Mohamed Mbougar Sarr est né à Dakar au Sénégal en 1990.

« [Je suis] métis par la culture [...] c’est certain. Ne serait-ce que la culture sérère elle-même dialogue avec la culture wolof et dialogue avec la culture peule. Et tout cela m’imprègne, évidemment. Et puis, de façon plus générale, oui, je suis aussi pétri dans la culture... une culture européenne. »

Extrait sonore : Emission En sol majeur, Yasmine Chouaki, première diffusion le 24-12-2017
Photo : ©Philippe Matsas/ Leextra via opale.photo

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Sony Labou Tansi

République du Congo

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Sony Labou Tansi est né à Kimwenza en République du Congo en 1947.

« C’est nous qui donnons vie aux mots, et il n’y a pas de mots éternels. Or ce qui m’intéresse moi, c’est pas la langue française, ça m’intéresse pas, c’est le langage que je peux trouver à l’intérieur de ça pour arriver à communiquer, parce que nous avons parmi tant de problèmes qu’on a, on a la TV, on a le fax, on a tout ce qu’il faut, mais en termes de communication on est nul. On est peut-être l’époque la plus nulle qui soit en termes de communication, on arrive pas à communiquer. On ne crée que des solitudes de gens seuls. C’est effarant. Tout le monde parle mais personne n’écoute. Est-ce qu’il n’y a pas des moyens à l’intérieur d’une langue quelle qu’elle soit, parce qu’en plus moi j’écris aussi en kongo, même si Le Seuil ne publie pas en kongo. J’écris aussi en kongo. »

Extrait sonore : Emission Ecrivains francophones d’aujourd’hui, Soeuf Elbadawi, première diffusion le 18-11-2002 (extrait d’un entretien avec Bernard Magnier en 1994)
Photo : © Sophie Bassouls. All rights reserved 2023 / Bridgeman Images

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Brina Svit

Slovénie

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Brina Svit est née à Ljubljana en Slovénie en 1954.

«Je découvre toutes les différences entre ces deux langues. Par exemple, toutes les scènes qui sont un peu érotiques, en slovène, ça passe pas du tout. Le slovène est une langue très pudique, tandis qu’en français, oui, ça passe beaucoup mieux. Ce qui, ce qui n’est absolument pas un hasard, vous savez bien, vous savez bien que c’est en français, on a marquis de Sade, Bataille, tout ça. […] C’est sûr que c’est une langue qui manie beaucoup mieux l’érotisme [...] tandis que le slovène est plus une langue de l’intime. Parce que, par exemple, le slovène possède le duel. Le duel donc c’est une forme grammaticale spécifique pour deux personnes. Donc on n’a pas besoin de dire nous deux. Déjà, dans la morphologie de la langue, il y a ce nous deux, donc on est tout de suite dans l’intimité. »

Extrait sonore : Emission Entre les lignes, Catherine Fruchon-Toussaint, première diffusion le 17-03-2006
Photo : © Mantovani ©Gallimard Opale.photo