Conseil de sécurité: la Fédération de Russie décrie les ventes d’armes à l’Ukraine, l’ONU s’inquiète des attaques à grande échelle contre les civils
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)
Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, sur la question des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine. C’est la vingt et unième réunion que la Russie demande sur ce thème depuis le début de la guerre, le 24 février 2022. La « dix-septième en un an », a vitupéré le représentant du Royaume-Uni. Un « écran de fumée » ont protesté la France et Malte.
Depuis le dernier exposé au Conseil de sécurité sur ce sujet, le 31 octobre, nous avons continué d’assister à des niveaux inacceptables de morts et de blessés civils ainsi qu’au ciblage systématique et délibéré par la Russie des infrastructures énergétiques de l’Ukraine, a déclaré Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement. Ces attaques à grande échelle suscitent de graves inquiétudes quant au bien-être des civils qui font face à un hiver de rigueur et de misère, a-t-elle averti.
« Si les États-Unis n’avaient pas parrainé le Gouvernement de Kiev et rendu l’Ukraine antirusse, nous n’en serions pas là », a cinglé la Fédération de Russie. Dans un discours vindicatif, son délégué a reproché à l’Administration Biden de tenter par tous les moyens de livrer des armes à l’Ukraine, à l’encontre de la politique annoncée par le futur Président des États-Unis. La guerre en Ukraine, a-t-il insisté, est devenue pour les États-Unis un « laboratoire à ciel ouvert »; elle garantit « l’âge d’or » du complexe militaro-industriel des pays anglo-saxons et de leurs alliés.
Dénonçant « un flot de mensonges et de désinformation », l’Ukraine a dit utiliser ses armes contre des cibles militaires légitimes sur le territoire ukrainien occupé et sur le territoire russe. Son délégué a vu une corrélation claire entre les attaques russes incessantes contre les infrastructures civiles ukrainiennes et les réunions du Conseil initiées par la Russie.
« C’est la Russie et personne d’autre qui a lancé cette guerre d’agression non provoquée. C’est la Russie qui a systématiquement violé le droit international, y compris la Charte des Nations Unies, et aggravé la situation », a martelé le représentant britannique, pour qui la réunion du jour a pour but de « réécrire l’histoire », de « saper des faits vérifiés par l’ONU » et de « déformer la réalité ».
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se poursuivent, a souligné Mme Nakamitsu. Ces transferts portent entre autres sur des armes classiques lourdes -chars d’assaut, véhicules blindés, avions, hélicoptères, systèmes d’artillerie de gros calibre, systèmes de missiles et drones de combat-, ainsi que sur des munitions télécommandées, des armes légères et de petit calibre.
Dans le même temps, a ajouté Mme Nakamitsu, des États transfèrent, ou envisagent de transférer, des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes. Elle a indiqué avoir reçu des informations faisant état d’une intensification de la coopération militaire entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Russie. La nature des échanges porterait sur des missiles balistiques et des obus d’artillerie, ainsi que sur le déploiement de troupes de la RPDC dans la région de Koursk. Bien que l’ONU ne soit pas en mesure de vérifier ou de confirmer les allégations ou les rapports formulés, le Secrétaire général a déclaré que cela représenterait « une escalade très dangereuse de la guerre en Ukraine », a rappelé la Haute-Représentante.
Des informations déjà prises très au sérieux par divers membres du Conseil comme la Slovénie, l’Équateur, la France ou le Royaume-Uni, qui se sont inquiétés de l’implication présumée de soldats de la RPDC dans le conflit.
« La Corée du Nord a fourni à la Russie de grandes quantités de munitions, de missiles et d’artillerie, en violation des résolutions du Conseil de sécurité », a appuyé la République de Corée, qui a appelé la communauté internationale à condamner résolument cette coopération militaire « illégale ».
La République islamique d’Iran a elle aussi été épinglée. « Ce matin, la Russie a précédé la réunion du Conseil par des frappes aériennes contre des villes ukrainiennes », a affirmé le délégué ukrainien. Rien que sur Kyïv, « cinq missiles balistiques –des missiles Iskander ou des KN-23 nord-coréens– et 40 drones d’origine iranienne ont été lancés ».
Les États-Unis ont voulu dénoncer l’appui économique et militaire de la Chine à la Russie, accusant la première d’hypocrisie, alors qu’elle prétend défendre l’intégrité territoriale des États. Du point de vue américain, la Chine approuve tacitement la guerre en exportant des armes vers la Russie et en répétant ses éléments de langages « mensongers ». « Nous ne sommes pas partie à cette crise », a rétorqué la Chine en marquant son incompréhension. Elle a assuré travailler activement au sein du Groupe des « Amis de la paix » pour la résolution de la crise ukrainienne. Le délégué chinois a blâmé l’attitude « insensée » des États-Unis, qui jettent de l’huile sur le feu et travaillent à affaiblir d’autres pays pour « servir leurs propres desseins ».
Affirmant que la moitié des ventes d’armes destinées au conflit avaient bénéficié en 2023 à 41 sociétés américaines, lesquelles avaient reçu en échange « 317 milliards de dollars, soit 50% des recettes mondiales dans ce secteur », le délégué russe a misé sur un futur « audit » des fonds fournis à l’Ukraine par l’Administration Trump, qui devrait, selon lui, inspirer beaucoup de crainte au Président ukrainien.
Le délégué russe a accusé le Président Zelenskyy de tout mettre en œuvre pour qu’il y ait encore plus de victimes dans son pays. Pour « l’ancien comédien », a-t-il raillé, « la paix c’est le pire des cas de figure » car il ne bénéficie plus que de 11% de soutien auprès des Ukrainiens.
Pourtant, a objecté son homologue ukrainien, il existe un moyen simple pour la Russie de mettre fin aux souffrances et aux destructions causées par la guerre: « mettre fin à la guerre elle-même ». Jugeant toutefois que les déclarations d’hier du Président Vladimir Putin « ne laissent aucun doute sur sa cruauté pathologique et ses problèmes psychiatriques évidents », le délégué a conclu que « le régime de Putin doit être neutralisé au plus vite ».
Les États-Unis continueront d’aider l’Ukraine contre l’agression russe, a promis le délégué américain, dont c’était la dernière intervention devant ce Conseil. Il a réclamé pour l’Ukraine une paix juste et durable reposant sur la Charte des Nations Unies.
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MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Exposé
Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a confirmé que depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie, lancée en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international voici plus de 1 000 jours, les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se poursuivaient. Ces transferts portent entre autres sur des armes classiques lourdes -chars d’assaut, véhicules blindés, avions, hélicoptères, systèmes d’artillerie de gros calibre, systèmes de missiles et des drones de combat-, ainsi que sur des munitions télécommandées, des armes légères et de petit calibre.
Dans le même temps, a-t-elle ajouté, des États transfèrent, ou envisagent de transférer, des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes. Mme Nakamitsu a dit avoir reçu des informations faisant état d’une intensification de la coopération militaire entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Russie. La nature des échanges porterait sur des missiles balistiques et des obus d’artillerie, ainsi que sur le déploiement de troupes de la RPDC dans la région de Koursk.
Bien que l’ONU ne soit pas en mesure de vérifier ou de confirmer les allégations ou les rapports formulés, le Secrétaire général a publié le 3 novembre une déclaration dans laquelle il exprime sa préoccupation concernant les informations selon lesquelles des troupes de la RPDC seraient envoyées en Fédération de Russie, y compris leur éventuel déploiement vers la zone de conflit. Il a déclaré que cela représenterait une escalade très dangereuse de la guerre en Ukraine, a rappelé la Haute-Représentante.
Mme Nakamitsu a réitéré que tout transfert d’armes et de munitions devait se faire dans le respect du cadre juridique international applicable, notamment des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui, dans certains cas, imposent des sanctions et des mesures restrictives à ces transferts.
La Russie a en outre confirmé avoir testé un nouveau missile ballistique à portée intermédiaire, appelé « Oreshnik », en réponse à l’utilisation d’armes de longue portée fournies par les États-Unis et le Royaume-Uni aux forces armées ukrainiennes, dont certaines auraient causé des dommages à des biens civils en territoire russe. Mme Nakamitsu a exhorté toutes les parties concernées à s’abstenir de mesures susceptibles d’intensifier le conflit et de causer de nouvelles pertes civiles.
Mme Nakamitsu a observé que plusieurs types d’armes étaient utilisés de manière contraire au droit humanitaire dans le conflit. Entre le 24 février 2022 et le 30 novembre 2024, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé plus de 12 340 civils tués et plus de 27 836 civils blessés en Ukraine, a-t-elle précisé. Le HCDH rapporte que 42% des victimes du conflit en Ukraine en novembre ont été touchées par des armes à longue portée lancées par la Russie, une augmentation significative par rapport aux mois précédents.
Des informations font aussi état de frappes transfrontalières menées par l’Ukraine à l’aide de missiles et de drones à l’intérieur de la Russie, dont certaines auraient endommagé des biens civils, a poursuivi la Haute-Représentante. Enfin, des informations faisant état de l’utilisation et du transfert d’armes à sous-munitions demeurent extrêmement préoccupantes, en raison des dommages indiscriminés que ces armes peuvent causer et de la contamination généralisée qu’elles laissent derrière elles. Les annonces récentes concernant le transfert de mines terrestres antipersonnel non persistantes sont tout aussi alarmantes alors que ces types d’engins sont interdits.