Organized by: Laetitia Guerlain, Université de Bordeaux, IUF; Florence Renucci, CNRS, IMAF; Baudouin Dupret, CNRS, LAM
This seminar aims to understand how the actors of colonizing nations (missionaries, colonial administrators, practicing or academic lawyers, etc.) apprehended the normative systems of the respective territories before colonization, during colonization, and then afterwards, in the context of decolonization.
In the various parts of (future) colonial territories, how did Westerners ‘learn [about] legal norms,’ often linked to religion, and sometimes very different in spirit and form from their own legal culture? For the colonizers, understanding local norms was often an essential prerequisite for controlling colonized societies. In many territories, for example, magistrates were competent to apply some of these local norms in disputes involving Indigenous populations (Renucci, 2016). More generally, however, the interest shown by certain actors in local norms gave rise to an ethnological type of scholarly production that was divorced from the issues of colonial domination. Far from the dialectic between knowledge and power, some academics have taken advantage of work on local rights to rework the problem of the classification of rights within the framework of a broader comparative law.
From the perspective of the history of knowledge, this seminar aims to identify the ways in which local norms have been apprehended and reworked. In the different zones of the colonial empires, who were the actors in the early days of legal ethnology, and what genealogies did they follow? How, by whom, and with what methodology (translations, questionnaires, informants, intermediaries) were these norms investigated? What types of scholarly production did this work give rise to (travel accounts, teaching manuals, articles in specialist journals, grey literature, etc.)? What links did the jurists have with ethnologists? In what organizations and with what support and funding did they carry out their work? What were the different stages in the development of ethnological knowledge of law (teaching, disciplinarization, creation of dedicated journals or publishing collections, creation of chairs or institutions, etc.)? This question is all the more important given that scholarly production on local rights was frequently subsequently taught in various institutions, thus freezing a certain vision of these norms, sometimes passed on to the Indigenous students themselves.
To address all these issues, this seminar aims to break down barriers in two ways.
- Firstly, far from confining ourselves to French colonial areas, we wish to compare the history of legal ethnology in the different colonial empires, emphasizing the links and reciprocal influences between the practices of the different colonizing nations (individual links between jurists, the role of international congresses, etc.)
- We also wish to cross the dividing line between pre-colonial and colonial times, on the one hand, and between colonization and decolonizing times, on the other, by examining the transformations in legal knowledge of local rights at the time of independence. How did legal ethnology survive the end of the colonial empires and through what channels (ORSTOM, cooperation, development ideology, etc.)? What did the states that became independent do with their standards transformed by colonization and what was the role of French jurists, particularly in the context of legal cooperation? (codification process of the 1960s-1970s, transformations in the teaching of law, etc.).
This seminar will take place on Zoom, every month from January to June. Speakers who wish to do so may submit their contributions for publication in the ‘History of the relationship between law and anthropology’ section of the peer-reviewed encyclopedia Bérose. Encylopédie internationale des histoires de l’anthropologie.
PROGRAM
Session 1 – February 17, 2024, 10:00-12:00 (CET)
Lena Foljanty (University of Vienna), “Classification et exotisme : les représentations de l’Asie orientale dans les débuts de l’anthropologie juridique en Allemagne”
Session 2 – March 24, 2024, 10:00-12:00 (CET)
Kentaro Matsubara (University of Tokyo), “The study of Chinese customary law in Japanese jurisprudence: colonial rule and legal scholarship”
Session 3 – April 24, 2024, 10:00-12:00 (CET)
Tsung-Mou WU (Institutum Iurisprudentiae, Academia Sinica), “L’ethnologie et le façonnage du droit à Formose/ Taïwan”
Session 4 – May 26, 2024, 10:00-12:00 (CET)
Bérengère Piret (Université Saint-Louis – Bruxelles/ Archives générales du Royaume de Belgique), “‘Fournir un guide à ces centaines de juridictions créées.'” Le Bulletin des
juridictions indigènes, vecteur des coutumes judiciaires”
Session 5 – June 23, 2024, 10:00-12:00 (CET)
Monica Cardillo (Université de Nantes), “L’anthropologie au service du programme colonial (comparaison France-Italie)”
Please join the seminar on Zoom by using this Zoom ID: 975 4028 1399, with the passcode 220881
Ce séminaire vise à comprendre comment les acteurs des nations colonisatrices (missionnaires, administrateurs coloniaux, juristes praticiens ou universitaires, etc.) appréhendent les systèmes normatifs des territoires avant la colonisation, pendant celle-ci puis après, en contexte de décolonisation. Dans les différentes parties des (futurs) territoires coloniaux, comment les Occidentaux font-ils leur « apprentissage [de] normes juridiques », souvent liées à la religion, et d’esprit comme de forme parfois très éloigné(e)s de leur propre culture juridique ? Du côté des colonisateurs, la compréhension des normes locales était souvent un préalable indispensable au contrôle des sociétés colonisées. Dans nombre de territoires, les magistrats, par exemple, étaient compétents pour appliquer une partie de ces normes locales dans des litiges impliquant des autochtones. Mais, de manière plus générale, l’intérêt de certains acteurs pour les normes locales a pu donner lieu à une production savante de type ethnologique décorrelée des enjeux de domination coloniale. Loin de la dialectique entre savoir et pouvoir, certains universitaires ont en effet tiré profit des travaux sur les droits locaux pour retravailler la problématique de la classification des droits dans le cadre d’un droit comparé élargi.
Dans une perspective d’histoire des savoirs, ce séminaire souhaiterait repérer la ou les manières dont les normes locales ont été appréhendées et retravaillées. Dans les différentes zones des empires coloniaux, qui sont les acteurs des balbutiements de l’ethnologie juridique et dans quelles généalogies s’inscrivent-ils ? De quelle manière, par qui et avec quelle méthodologie (traductions, questionnaires, informateurs, intermédiaires) des enquêtes sur ces normes ont-elles été réalisées ? À quels types de productions savantes ces travaux ont-ils donné lieu (récits de voyage, manuels d’enseignement, articles dans des revues spécialisées, littérature grise, etc.) ? Quels étaient les liens des juristes avec les ethnologues ? Dans quels organismes et avec quels soutiens et financements menaient-ils leurs travaux ? Quelles ont été les différentes étapes de la constitution des savoirs ethnologiques sur le droit ? (enseignements, disciplinarisation, création de revues ou de collections éditoriales dédiées, création de chaires ou d’institutions, etc.). Cette question est d’autant plus importante que la production savante sur les droits locaux était fréquemment, par la suite, enseignée dans diverses institutions, figeant ainsi une certaine vision de ces normes, parfois transmises aux étudiants autochtones eux-mêmes.
Pour envisager toutes ces questions, ce séminaire souhaite opérer un double décloisonnement:
Tout d’abord, loin de nous cantonner à l’espace colonial français, nous souhaitons comparer l’histoire de l’ethnologie juridique dans les différents empires coloniaux, en mettant l’accent sur les liens et les influences réciproques entre les pratiques des différentes nations colonisatrices (liens individuels entre juristes, rôle des congrès internationaux, etc.).
Nous souhaitons également franchir la ligne de démarcation entre les temps précoloniaux et coloniaux d’une part et entre les temps de la colonisation et de la décolonisation d’autre part, en interrogeant les transformations des savoirs juridiques sur les droits locaux à l’heure des indépendances. Comment l’ethnologie juridique a-t- elle survécu à la fin des empires coloniaux et par quels biais ? (ORSTOM, coopération, idéologie du développement, etc.). Qu’ont fait les États devenus indépendants de leurs normes transformées par la colonisation et quel a été le rôle des juristes français, particulièrement dans le cadre de la coopération ? (processus de codification des années 1960-1970, transformations de l’enseignement du droit, etc.)
PROGRAMME
Séance 1 – 17 février 2025, 10h-12h
Lena Foljanty (Université de Vienne), “Classification et exotisme : les représentations de l’Asie orientale dans les débuts de l’anthropologie juridique en Allemagne”
Séance 2 – 24 mars 2025, 10h-12h
Kentaro Matsubara (Université de Tokyo), “The study of Chinese customary law in Japanese jurisprudence: colonial rule and legal scholarship”
Séance 3 – 24 avril 2025, 10h-12h
Tsung-Mou Wu (Institutum Iurisprudentiae, Academia Sinica), “L’ethnologie et le façonnage du droit à Formose/ Taïwan”
Séance 4 – 26 mai 2025, 10h-12h
Bérengère Piret (Université Saint-Louis – Bruxelles/ Archives générales du Royaume de Belgique), “‘Fournir un guide à ces centaines de juridictions créées.'” Le Bulletin des juridictions indigènes, vecteur des coutumes judiciaires”
Séance 5 – 23 juin 2025, 10h-12h
Monica Cardillo (Université de Nantes), “L’anthropologie au service du programme colonial (comparaison France-Italie)”
Le séminaire se tiendra en zoom : ID de réunion : 975 4028 1399 – Code secret : 220881