Une montre qui devient une voiture, c'était le pari fou de la Smart. Un concept révolutionnaire concrétisé à Hambach en Moselle. La dernière Smart devrait sortir de la chaîne de production fin mars 2024. Retour sur 27 années de hauts et de bas.

Le 27 octobre 1997, Jacques Chirac, président de la République, Helmut Kohl, chancelier d’Allemagne et Flavio Cotti, représentant la Confédération suisse inaugurent à Hambach (Moselle) le parc industriel de Smartville avec l’usine de montage de la Smart. Des VRP de luxe pour l'acte de naissance de la petite citadine de Daimler. Lors du discours d'inauguration, Jacques Chirac souligne "l'importance de ce projet exemplaire, tout d'abord, par son caractère novateur. Avec la Smart, tout est nouveau : nouveau concept, nouveau mode de fabrication, nouveau mode de commercialisation... C'est une chance pour la région Lorraine, pour les femmes et les hommes qui y vivent et qui souhaitent y travailler. 700 personnes déjà sur le site. 2.000 dans deux ans. Mais au-delà, ce sont plusieurs milliers d'emplois induits qui sont attendus, grâce aux nouvelles synergies créées autour de l'entreprise et de ses fournisseurs. Voilà pourquoi chacun ici s'est résolument engagé en faveur de ce projet".

Nicolas Hayek a imaginé la Swatchmobile, une petite voiture exclusivement urbaine. Le patron de Swatch a monté une joint-venture avec Mercedes pour permettre la construction de la Smart. Technologie, design, la voiture conçue pour les célibataires ou les couples sans enfant disposant de deux revenus. 2,5 mètres de long, soit un mètre plus courte que la Twingo ou la Ka de Ford, la Smart consomme 4 litres aux 100 km, à une vitesse bridée à 130 km/h. Problème, un an seulement après l'inauguration, l'inventeur de la Swatchmobile sort du capital de MCC. Il ne se reconnaît pas dans le projet industriel. Les couleurs ne sont finalement pas interchangeables et le prix s'avère élevé.

Les nuages s'amoncellent sur la Smart : ventes très en deçà des prévisions, problèmes d'approvisionnement, coûts de fabrication trop importants sans oublier les couacs en ce qui concerne la distribution. En 2004, Daimler cherche à rebondir en étoffant la gamme Smart en lançant une Smart ForFour, une petite quatre places beaucoup moins originale qui n'est pas assemblée à Hambach où la production de l'usine se stabilise autour 100.000 unités par an. En 2013, le gestionnaire d'actifs, Berstein Research, distingue la Smart avec un terrible trophée : celui du modèle européen le moins rentable de tous les temps, estimant qu'entre 1997 et 2006, Smart a totalisé 3,35 milliards d'euros de pertes.

27 mars 2019, Smartville est à vendre. "Nous ne produirons donc plus de Smart dans le berceau historique qu’était Hambach depuis 1998", explique le patron de la marque, Serge Siebert. La maison mère, Daimler (désormais Mercedes-Benz Group), souhaite délocaliser d’ici à 2024 la production en Chine, dans la métropole de Hangzou. C'est la douche froide pour les employés de l’usine qui ont accepté de travailler 39 heures payées 37 depuis 2015 pour maintenir la compétitivité du site. Mercedes vient pourtant d’investir plusieurs centaines de millions d’euros pour moderniser les installations en prévision de la production d’un nouveau modèle électrique.

Décembre 2020, le site change de mains avec l'arrivée du groupe britannique Ineos. C'est le seul repreneur. Ineos doit produire un 4x4, le Grenadier. Ineos est la propriété de Jim Ratcliffe, le Britannique le plus riche du Royaume. Smartville n'est plus. Fin de l'aventure franco-allemande et début d'une nouvelle histoire, cette fois franco-britannique.

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