(250 francs), et payant régulièrement leurs contributions. Chaque alderman est le chef de sa section : chargé de veiller à la conservation de l’ordre, il réunit les attributions d’officier de police judiciaire ayant mission de rechercher les délits, et de juge ayant mission de les réprimer. Il n’y a pas dans la cité de juges de paix et de police nommés par la couronne, ce sont les aldermen qui en tiennent lieu : ils siègent dans différentes cours de justice. Les aldermen étaient autrefois nommés pour un an, comme le lord-maire : actuellement leurs fonctions sont viagères. Les conseillers (councilmen) sont aussi élus par les 26 quartiers en nombre qui varie d’un minimum de 4 à un maximum de 16 pour chacun d’eux. Les élémens qui entrent dans la détermination de ce nombre sont la population et aussi la somme des biens imposables de chaque quartier. Les conseillers sont élus par les mêmes électeurs que les aldermen. Le conseil commun, formé de ces trois élémens, le maire, les aldermen et les town-counsellors, a des attributions sur certains points beaucoup plus vastes que celles des autres conseils municipaux d’Angleterre. Non-seulement c’est une assemblée délibérante, non-seulement même c’est un corps exécutif qui nomme en principe à tous les emplois, sauf quelques rares exceptions, qui dispose de tous les fonds et biens de la cité, mais encore, chose exorbitante aux yeux d’un administrateur français, c’est un corps législatif et constituant, ayant le pouvoir de modifier, sans l’intervention du gouvernement, la constitution intérieure de la cité : ainsi c’est par une ordonnance du conseil que la nomination à vie des aldermen a été substituée à leur élection annuelle. Contrairement à ce qui se passe dans les autres municipalités d’Angleterre, les aldermen de la cité de Londres forment avec le lord-maire une commission spéciale, ayant des attributions propres et distinctes de celles du conseil commun. Les fonctionnaires de la cité sont nommés, les uns par les aldermen, les autres parle conseil commun. Le conseil commun et la commission des aldermen sont les maîtres absolus de l’administration de la cité. Aucun fonctionnaire du pouvoir central n’est placé auprès d’eux pour les diriger, les surveiller ou les approuver ; ils ne relèvent que des électeurs : c’est l’autonomie la plus complète. L’organisation de la cité de Londres n’offre au législateur continental aucun point de rapprochement, aucun modèle facile ou utile à reproduire. C’est une curiosité archéologique au même titre que la Tour de Londres, dont les gardiens conservent encore le pittoresque costume du moyen âge. Les autres parties au contraire de l’agglomération métropolitaine anglaise méritent, à tous les points de vue, qu’on les examine de près et avec attention : ce n’est plus là en effet une étude désintéressée, c’est une observation grosse d’applications pratiques.
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