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CONTES DU CLUB DE L'IN-FOLIO
[modifier | modifier le code]Le projet d'un livre qui ne fut jamais publié
[modifier | modifier le code]On a pour habitude de traduire par "Contes du Club de l’In-Folio" ou Folio Club le projet d'un livre d’Edgar Allan Poe qui ne vit jamais le jour . Ce projet , s'il avait été mené à son terme aurait donné naissance au premier livre de contes de l'auteur "The tales Of Folio Club" bien avant la publication en 1838 de son unique roman "The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket" traduit en français en 1858 par Charles Baudelaire sous le titre "Les aventures d'Arthur Gordon Pym",
Le livre est d’abord intitulé Eleven Tales of the Arabesque dans une lettre accompagnée d'un conte intitulé "Epimanes" (2) que Poe envoya aux propriétaires du New England Magazine, Joseph T. et Edwin Buckingham, datée du 4 mai 1833 :
Baltimore May 4 th
Gentlemen,
I send you an original tale in hope of your accepting it for the N. E. Magazine. It is one of a number of similar pieces which I have contemplated publishing under the title of ‘Eleven Tales of the Arabesque‘. They are supposed to be read at table by the eleven members of a literary club, and are followed by the remarks of the company upon each. These remarks are intended as a burlesque upon criticism. In the whole, originality more than any thing else has been attempted. I have said this much with a view of offering you the entire M.S. If you like the specimen which I have sent I will forward the rest at your suggestion — but if you decide upon publishing all the tales, it would not be proper to print the one I now send until it can be printed in its place with the others. It is however optional with you either to accept them all, or publish ‘Epimanes’ and reject the rest — if indeed you do not reject them altogether.
Very resply,
Yr Obt St
Edgar Allan Poe [1]
« Je vous envoie un conte original dans l’espoir que vous l’acceptiez au N.E. Magazine. Il fait partie d’un certain nombre de pièces similaires que j’ai envisagé de publier sous le titre : “Onze contes arabesques”. Ils sont censés être lus à table par les onze membres d’un club littéraire, et sont suivis par les remarques du groupe sur chacun d’eux. Celles-ci se veulent être une parodie sur la critique. Dans l’ensemble, l’originalité plus que toute autre chose a été recherchée. Je dis cela en vue de vous proposer le manuscrit dans son intégralité. Si vous aimez l’échantillon que je vous ai envoyé, je vous transmettrai le reste selon votre souhait – mais si vous décidez de publier tous les contes, il ne serait pas bon d’imprimer celui que je vous adresse maintenant autrement qu’à sa place, avec les autres. Il vous revient toutefois, soit de les accepter tous, soit de publier « Epimanes » et de rejeter le reste – si tant est que vous ne les rejetiez pas tous. » Tr. de Sandy Pecastaing, revue et corrigée par Vivien Cosculluela. [2]
En 1832 Edgar Poe participa à un concours organisé par un journal de Philadelphie , le Saturday Courrier afin de désigner le meilleur conte américain.
A la grande déception de Poe ce fut une femme de lettres du nom de Leila S Bacon qui lui fut préférée et reçut le prix pour une histoire sentimentale intitulée "love’s martyr", (le martyre de l’amour). Toutefois, en dépit du verdict, l'hebdomadaire publia tous les textes que Poe lui avait envoyés. Au fil du temps, Poe augmenta le nombre de contes (onze en 1833, seize en 1835, dix-sept en 1836).
C'est en 1840, après plusieurs années de refus pour que les contes de Poe paraissent en deux volumes publiés sous le titre Tales of the Grotesque and the Arabesque par Lea & Blanchard à Philadelphie
Le premier volume contenait quatorze histoires, le second onze histoires parmi lesquelles on peut compter les onze contes prévus dans le projet qui devait porter le nom de contes de l"in-folio
The Edgar Allan Poe de Baltimore identifie 11 contes envoyés au Saturday Courrier:
'Metzengerstein', 'The Duc de L ’Omelette' ,'A Tale of Jerusalem', 'Loss of Breath', 'Bon-Bon', 'Epimanies', 'Lionizing', 'The Visionary', 'MS. found in a BottleShadow', 'Silence','Ombre'. [3]
Parmi ces derniers, cinq furent traduit par Charles Baudelaire en 1856 et 1857 (Metzengerstein, The Duc de L ’Omelette,le roi peste, manuscrit trouvé dans un bouteille,ombre,silence les trois autres le furent par Claude Richard et Jean Marie Manguin ( Edgar Allan Poe, Contes,Essais,Poèmes, Bouquins Robert Laffont 1989 réed: 2011) mais aussi par Alain Jaubert (Ne Pariez jamais votre tete au Diable Folio Gallimard 1989)
Le concours littéraire du Saturday Visiter de Baltimore (1833)
[modifier | modifier le code]Le 12 octobre 1833, suite aux délibérations de trois Gentlemen , John Pendleton Kennedy, écrivain et membre du congrès, le docteur James H Miller, médecin et John H B Latrobe , journaliste et littérateur , le prix du concours du meilleur conte fut attribué à Edgar Allan Poe pour son texte "Manuscrit trouvé dans une bouteille". Le prix de poésie échappa à Poe qui se sentit outragé en manifestant un orgueil et une confiance inconditionnelle en son génie. Jusqu’à cette date Poe avait publié trois volumes de poésie qui n’avait pas recueilli la reconnaissance artistique et financière qu’il méritait et qui le consacrerait beaucoup plus tard comme un des plus grands poètes américain. Le prix de poésie auquel concourait également Poe avec un poème intitulé “le Colisée” fut attribué au journaliste John Hewitt, ce qui provoqua chez Poe un tel ressentiment que les deux hommes en vinrent aux mains sur les marches du Saturday Visiter.
Les trois jurés qui se réunirent le 11 octobre 1833 dans l'appartement de John Latrobe situé au numéro 11 de West Mulberrty Street à Baltimore émirent le jugement suivant dans les colonnes du journal:
“Among the prose articles offered were many of various and distinguished merit; but the singular force and beauty of those sent by the author of the Tales of the Folio Club , leave us no room for hesitation in that department. We have accordingly awarded the premium to a Tale entitled MS. found in a Bottle . It would hardly be doing justice to the writer of this collection to say that the Tale we have chosen is the best of the six offered by him. We cannot refrain from saying that the author owes it to his own reputation, as well as to the gratification of the community, to publish the entire volume, (the Tales of the Folio Club.) These Tales are eminently distinguished by a wild, vigorous, and poetical imagination — a rich style — a fertile invention — and varied and curious learning.
(Signed) JOHN P. KENNEDY,
J.H.B. LATROBE,
JAMES H. MILLER.” [4]
« Parmi les six contes proposés, beaucoup portaient la marque de l’excellence et de la diversité ; Toutefois la force et la beauté singulières de celles envoyées par l'auteur des Contes du Folio Club ne laissent aucune place à l'hésitation. Nous avons donc attribué la prime à un Conte intitulé Manuscrit trouvé dans une bouteille. Ce ne serait pas rendre justice à l'auteur de ce recueil d'affirmer que le Conte que nous avons choisi est le meilleur des six qu'il propose. Afin d'honorer la réputation de l'auteur et de satisfaire au plaisir de ses lecteurs nous ne pouvons nous empêcher de publier l'intégralité du recueil , (les Contes du Folio Club.) Ces Contes se distinguent éminemment par la richesse du style , la force de l'imagination poétique ainsi que par une invention féconde et une érudition sans faille.”
Les références littéraires d'un Club très particulier
[modifier | modifier le code]Plusieurs sources semblent avoir été à l'origine du Folio Club. On citera certains ouvrages qui mettent en scène de joyeux convives contant tour à tour des histoires plus ou moins drolatiques depuis le banquet de Platon en passant par le Satyricon de Pétrone, le Décameron de Bocacce, mais aussi les Contes de Canterbury de Chaucer, ou bien De l'assassinat considéré comme un des beaux arts de Thomas de Quincey. A ces sources prestigieuses , il faut ajouter un club littéraire bien réel "The delphian club" évoqué par John C French dans le Maryland Historical magazine en 1937.
John C. French [« Poe’s Literary Baltimore », Maryland Historical Magazine, 32 (1937), 101-112] notes the striking similarities between this club [the Folio Club] and the Delphian Club, a Baltimore literary group founded in 1816 and probably still meeting at the home of William Gwynn during Poe’s years in that city. An examination of the Delphian Club minutes in the Maryland Historical Society convinces me that Poe had access to them, probably through his acquaintance with Gwynn, a Baltimore editor and lawyer who knew Poe’s father, employed one of his cousins, and aided the young author during his efforts to publish “Al Aaraaf” [see Floyd Stovall, Edgar Poe the Poet (Charlottesville : Univ. Press of Virginia, 1969), pp. 3334]. The Delphians were, I think, an immediate but ultimately minor target for Poe’s satire in this collection [5]
John C French dans son article note Les frappantes similitudes entre ce club (le Folio Club) et le Delphian Club, un cénacle littéraire fondé en 1816 et qui se réunit probablement pendant les années de présence à Baltimore de Poe dans la maison de William Gwinn. "Un examen des minutes du Delphian Club m'a convaincu que Poe y avait eu accès grâce à ses liens avec Gwinn, un éditeur et juriste de Baltimore qui connaissait le père de Poe , employait un de ses cousins et aida le jeune auteur à promouvoir la publication d' Al Arraf . "Les Delphians furent, je pense une source d'inspiration satirique pour son projet d'ouvrage. La présence de John Neal parmi les membres du Delphian Club fut un élément supplémentaire en faveur des conclusions de John C. French, Mr. Snap étant la caricature de l’écrivain (conformément à la démonstration de Claude Richard, à laquelle Alexander Hammond souscrit sans réserve).
Un Club littéraire dit du mardi se réunissant à Anapolis au XVIII éme siècle fut également cité, le club de l'in-folio ayant choisi le mardi pour se retrouve
Il fut également avancé par Alexander Hammond que le Silver Fork Novel présidé par Henry Colburn contribua à fournir à Poe un vivier de caractères sur lesquels il put exercer ses talents critique et satisfaire ses penchants pour la parodie.
Les conteurs autour de la table
[modifier | modifier le code]« j’imagine – écrit Poe – un groupe de dix-sept personnes qui se sont donné le nom du Club de l’In-Folio. Elles se réunissent une fois par semaine pour un dîner nocturne où chaque membre lit à haute voix un conte de sa composition. Au terme de la soirée, on vote sur les mérites de chaque conte : le gagnant présidera la séance suivante, le perdant devra offrir le repas et les vins de cette même session Edgar Allan Poe, Contes, essais, poèmes, édition établie par Claude Richard, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1995, p. 1286. Tr. de Claude Richard.
Le nombre des convives fixé à onze en 1833 s'accrut de dix sept autres participants, nombre définitif en 1836. Alexander Hammond proposa pour chaque nouvelle le nom d'un conteur qu'il identifie à un équivalent parodique choisi parmi les auteurs majeurs de l'époque in « A Reconstruction of Poe’s 1833 Tales of the Folio Club, Preliminary Notes», Poe Studies, vol. V, no. 2, publié en Decembre 1972.[1] On note la présence de l'auteur, du diable et des auteurs de la littérature gothique germanique dont E.T.A Hoffmann est sans doute le plus célèbre représentant.
Les Eminents Membres du Club et leurs Equivalents Parodiques
[modifier | modifier le code]1. Mr. Snap réf: John Neal
2. Mr. Convolvulus Gondola réf: Thomas Moore
3. De Rerum Natura réf: Le Diable ou Lucrece
4. « A very little man in a black coat with very black eyes » [Edgar Poe]
5. Mr. Solomon Seadrift [Cap Adam Seaborn John Cleves Symmes
6. Mr. Horribile Dictu [les auteurs de la littérature gothique germanique]
7. Mr. Blackwood Blackwood [William Maginn]
8. Mr. Rouge-et-Noir [Nathaniel Parker Willis]
9. « A stout gentleman who admired Sir Walter Scott » [Washington Irving]
10. Chronologos Chronology [Mordecai M. Noah]
11. « The newest Folio Club member who narrates the prologue » [Benjamin Disraeli
Entrée en scène des conteurs
[modifier | modifier le code]There was, first of all, Mr. Snap, the President, who is a very lank man with a hawk nose, and was formerly in the service of the Down-East Review.
Then there was Mr. Convolvulus Gondola, a young gentleman who had travelled a good deal.
Then there was De Rerum Natura, Esqr., who wore a very singular pair of green spectacles.
Then there was a very little man in a black coat with very black eyes.
Then there was Mr. Solomon Seadrift who had every appearance of a fish.
Then there was Mr. Horribile Dictu, with white eyelashes, who had graduated at Gottingen.
Then there was Mr. Blackwood Blackwood who had written certain articles for foreign Magazines.
Then there was the host, Mr. Rouge-et-Noir, who admired Lady Morgan.
Then there was a stout gentleman who admired Sir Walter Scott.
Then there was Chronologos Chronology who admired Horace Smith, and had a very big nose which had been in Asia Minor
Tout d’abord, il y avait M. Vadelavant, le président, un homme efflanqué avec un nez d’oiseau de proie. Il avait travaillé, jadis, pour la Revue du Maine. / Ensuite, il y avait M. Convolvulus Gondola, jeune homme de bonne famille qui avait beaucoup voyagé. / Ensuite il y avait M. De Rerum Natura ; il portait une paire de lunettes vertes très singulières. / Ensuite il y avait un tout petit homme aux yeux très noirs qui portait une redingote noire. / Ensuite il y avait M. Salomon Aladérive qui ressemblait trait pour trait à un poisson. / Ensuite il y avait M. Horribile Dictu. Ses cils étaient blancs et il était diplômé de l’université de Göttingen. / Ensuite il y avait M. Blackwood Blackwood qui avait écrit quelques articles pour des magazines étrangers. / Ensuite il y avait l’hôte, M. Rouge-et-Noir qui admirait Lady Morgan. / Ensuite il y avait un gros monsieur qui admirait Walter Scott. / Ensuite il y avait Chronologos Chronologie qui admirait Horace Smith, et dont le très gros nez s’était rendu en Asie Mineure ». Contes, Essais, Poesie (Bouquins, p. 74-75. Tr. de Claude Richard et Jean-Marie Maguin
Postérité des contes de l'In-Folio dans les oeuvres complètes
[modifier | modifier le code]En 1912, James .A. Harisson établit The Complete Works of Edgar Allan Poe publié à New-York par T. Y .Crowell et réédité en 1965. Cette édition reproduit des pages fractionnées du manuscrit des contes de l'In-Folio. On y trouve l'intégralité du prologue sur une feuille couverte des deux cotés et portant les numéros 9 et 10 avec en haut de la page 9 la mention "The Folio Club". la deuxième feuille paginée 61 et 62 contient une partie du conte "siope" (Silence), ces feuillets provenant de l' exécuteur testamentaire de Poe, Rufus.W.Griswold
- « Edgar Allan Poe Society of Baltimore - The Life and Writings of Edgar Allan Poe », sur www.eapoe.org (consulté le )
- Sandy Pecastaing, « Les Contes du Club de l’In-Folio », sur www.fabula.org (consulté le )
- D'autres sources évoquent 'The Spectacles' ('Les lunettes') ou 'Mystification' qui ont pu figurer dans le cadre extensif des dix sept contes rajoutés par l'auteur au projet initial
- « Edgar Allan Poe Society of Baltimore - Works - Editions - Tales of the Folio Club », sur www.eapoe.org (consulté le )
- « Edgar Allan Poe Society of Baltimore - Works - Editions - Tales of the Folio Club », sur www.eapoe.org (consulté le )