Luis Mazzantini
Les Annales politiques et littéraires, 1902 | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Luis Mazzantini y Eguía |
Apodo | Luis Mazzantini |
Naissance | Elgóibar |
Décès | (à 69 ans) |
Nationalité | Espagnol |
Carrière | |
Alternative | à Séville Parrain Frascuelo |
Confirmation d'alternative | Madrid : Parrain Lagartijo |
Fin de carrière | 1924 |
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Luis Mazzantini y Eguía, né à Elgoibar (Guipuscoa, Espagne) le , mort à Madrid (Espagne) le , est un matador espagnol.
Présentation
[modifier | modifier le code]Luis Mazzantini est né d'un père italien, José Mazzantini, employé à la construction des chemins de fer, et d'une mère espagnole Bonifacia Eguía. Il reçoit une éducation « bourgeoise » dans une école religieuse où il obtient le baccalauréat en 1875. Il suit son père dans ses nombreux déplacements professionnels de Bilbao à Marseille, Naples ou Rome[1].
En 1870, quand Luis Mazzantini revient d’Italie, il fait partie de la suite d’Amédée de Savoie. Il est d'abord secrétaire particulier du Signor Marchino, chef des écuries royales[2] avant d’entamer une carrière dans les chemins de fer de l’Estramadure où on lui confie la responsabilité de la gare de Santa Olalla, près de Tolède[3].
Ses revenus médiocres et son envie de réussir le poussent d'abord vers le théâtre où il échoue, puis vers la tauromachie. On lui prête d'ailleurs cette boutade : « Dans ce pays de prosaïques pois chiches, on ne peut être que deux choses : ténor d'opéra ou matador de toros[2].»
Il torée dans un style qui lui vaut le surnom de « señorito loco » (petit monsieur fou). Avec une audace et un courage exceptionnels, il finit par s’imposer. Il prendra l'alternative à vingt-huit ans, le , à Séville. Son parrain est Frascuelo, le taureau est « Costurero » de la ganadería de Adalid[1]. L'alternative est confirmée par Lagartijo le à Madrid avec le taureau « Morito » de la ganaderia Muruba[2].
Torero dandy, il devient rapidement populaire, et il se fait remarquer par sa recherche vestimentaire à la ville, ce qui est plutôt inhabituel chez les toreros qui, selon Élisabeth Hardouin-Fugier sont «…souvent dépensiers, libertins, viveurs, fréquentant les tavernes, les filles de joie et quelquefois les brigands, les toreros des années 1800-1870 affichaient un mode de vie atypique. Le recrutement auprès de la petite bourgeoisie (Paquiro (Francisco Montes), Mazzantini, Pepete), des militaires : « El Salamanquíno » (Julián Casas del Guijo)[4] ou de l'aristocratie comme Don Rafael Pérez de Guzmán, imposa peu à peu un changement de conduite dans ce milieu[5] (…) ». Mazzantini, torero cultivé, était reçu dans le Tout-Madrid. Il avait gagné beaucoup d’argent dans le ruedo, ce qui lui permettait de vivre sur un grand pied : il allait à l’opéra en habit à une époque où les toreros portaient toujours une veste courte et il savait soigner sa popularité par ses relations.
Il s’est retiré des arènes, en 1904, après quelques courses d'adieu en Espagne, en France et en Amérique du Sud[2]. Il est ensuite devenu conseiller municipal et député provincial de Madrid, gouverneur civil de Guadalajara et d’Avila, puis commissaire de police jusqu’à l’arrivée au pouvoir du général Primo de Rivera en 1923[3].
Son style
[modifier | modifier le code]Les biographes s’accordent à le considérer comme un torero médiocre, mais audacieux, qui brillait surtout dans l’estocade finale, un al volapié éblouissant qui faisait de lui un dangereux rival pour Lagartijo et Frascuelo et même pour Guerrita[2]. Le public aimait aussi ses « faenas dansées » au cours desquelles la muleta semblait l’encombrer. Il avait gardé de son expérience théâtrale un fort goût de la mise en scène, ce qui faisait de lui un excellent chef de lidia [6].
On dit aussi que Mazzantini manquait d’afición et que les courses de taureaux n’étaient pour lui qu’un moyen de s’enrichir[6]. Vers 1904-1905 lorsqu’il fit ses adieux aux arènes, après quelques corridas en Espagne, en France et en Amérique du Sud, il avait participé à 1 022 corridas, et tué 2 706 taureaux[7].
Il a obtenu un succès triomphal lors de l'inauguration des arènes de la rue Pergolèse à Paris, le aux côtés d'autres figuras espagnoles : Frascuelo, Lagartijo[8]. Il était également présent dans les arènes du Nord de la France, notamment dans les Arènes de Roubaix, le [9]
Innovations
[modifier | modifier le code]Mazzantini a été le premier à réclamer et à imposer le sorteo, alors que jusque-là les taureaux étaient choisis par le torero le plus ancien ou la première épée[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Casanova et Dupuy 1991, p. 44
- Lafront et Tolosa 1950, p. 169
- Popelin et Harté 1970 et 1994, p. 182
- Ici, Élisabeth Hardouin-Fugier confond le père d'« El Salamanquíno » et le fils. Le père était militaire, il a envoyé son fils faire des études à l'université de Salamanque. « El Salamanquíno » est seulement « issu d'une famille militaire ». Bérard 2003, p. 366
- Éric Baratay et Élisabeth Hardouin-Fugier, « La Corrida », PUF, Que sais-je, n°568, Paris, 1995 p. 31 (ISBN 2130468829)
- Casanova et Dupuy 1991, p. 45
- Lafront et Tolosa 1950, p. 170
- Bérard 2003, p. 721
- Cartel de Roubaix
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins Laffont », , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
- Paul Casanova et Pierre Dupuy, Toreros pour l'histoire, Besançon, La Manufacture, (ISBN 2-7377-0269-0)
- Auguste Lafront et Paco Tolosa, Encyclopédie de la corrida, Paris, Prisma,
- Claude Popelin et Yves Harté, La Tauromachie, Paris, Seuil, 1970 et 1994 (ISBN 978-2-02-021433-9 et 2-02-021433-4) (préface Jean Lacouture et François Zumbiehl)