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Jeanne Boitel

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Jeanne Boitel
Description de l'image Jeanne Boitel2.jpg.
Nom de naissance Jeanne Marie Andrée Boitel
Surnom Mozart (Résistance)
Naissance
Paris 3e (France)
Nationalité Française
Décès (à 83 ans)
Paris 15e (France)
Profession Actrice

Jeanne Marie Andrée Boitel, née le à Paris (3e)[1] et morte le dans la même ville (15e) est une comédienne française.

Véritable star des années 1930, elle refusa de tourner sous l'Occupation et se distingua dans la Résistance.

Carrière artistique

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Passionnée de théâtre — elle est sur les planches dès ses 19 ans — Jeanne Boitel a suivi les cours du conservatoire de Paris dont elle sort en 1924[2]. Après un beau début de carrière comme actrice de théâtre[2], sa beauté et un joli talent de chanteuse lui valent les avances des réalisateurs de cinéma et elle tourne dès 1931 avec les plus grands noms du cinéma français dans des films dirigés par Viktor Tourjansky, Georges Lacombe puis Jean Renoir. Sa distinction naturelle la destine - et la confine - aux rôles de grande dame raffinée. Elle tourne une trentaine de films dans les années trente[3]. Sous l’Occupation, elle refusa toute compromission avec les Allemands qui contrôlaient tout le cinéma de 1940 à 1944 et elle revint à sa passion originelle pour le théâtre tout en travaillant pour la Résistance.

Jeanne Boitel dans les années 1930

C'est au travers de son engagement dans la Résistance qu'elle rencontre Jacques Jaujard, conservateur du Musée du Louvre. Sous le nom de code de « Mozart », elle lui a été envoyée pour inventorier et discuter du sort des œuvres qu’il a dissimulées[4]. Ils tombent amoureux et se marieront après la guerre, après le divorce de Jaujard[5].

Après la guerre, se considérant trop âgée pour reprendre sa carrière cinématographique là où elle l'avait laissée, elle entra à la Comédie Française et y reste de 1947 à 1966[réf. souhaitée][6].

Elle revient, modestement, au cinéma en 1954 après que Sacha Guitry, qui l'avait dirigée avant guerre dans Remontons les Champs-Élysées et avait gardé d'elle un souvenir ébloui, l'eut courtisée et finalement convaincue de participer au film Si Versailles m'était conté..., puis à quelques autres. Elle fait ensuite sa dernière apparition à l’écran dans le rôle de Mme Maigret, dans Maigret tend un piège, aux côtés de Jean Gabin. Ce rôle lui apporte une renommée durable puisqu'elle restera longtemps la seule Mme Maigret du cinéma.

Après avoir tourné encore pour la télévision, elle se retire définitivement du cinéma à 70 ans.

De sa liaison[7] avec Jacques Jaujard, elle eut un fils, François-Xavier Jaujard (1946-1996), traducteur, éditeur. Veuve depuis 20 ans, elle meurt le à 83 ans.

Elle a été présidente de l'Union catholique du théâtre et de la musique[6].

Rôle pendant la Résistance

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Pendant l'Occupation, Jeanne Boitel est recrutée avec huit autres comédiennes par Henri Rollan (Bach dans la Résistance), professeur au Conservatoire et acteur de renom à la Comédie-Française et à l'Odéon, pour constituer un réseau discret qui, durant toute l'Occupation, assurera l'hébergement parisien et le secrétariat des envoyés de Londres parmi lesquels les plus grandes figures de la Résistance de Jean Moulin, Alexandre Parodi, à Pierre Brossolette ou Gaston Defferre. Elles prenaient leurs rendez-vous et assuraient les reconnaissances avant le passage de ces personnalités pour des réunions ou leur logement. Les neuf « muses » n'ignoraient rien des responsabilités de leurs relations et leur arrestation eût été catastrophique, mais « Bach » et « Mozart » surent rester si discrets qu'on les oublia un peu même après la guerre[8]. Jeanne Boitel aurait choisi le pseudonyme de Mozart, en souvenir du Mozart de Reynaldo Hahn qu’elle avait joué en Amérique du Sud en 1939[9]. Femme d'un grand sang froid, Jeanne Boitel qui transportait tous les jours une serviette bourrée de câbles et de documents, a déclaré : « C’était une volupté de me trouver dans le métro, avec cette serviette, serrée contre les Allemands. »[9]

Décorations

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Son courage lui a valu d'être décorée de la Croix de Guerre, de la Rosette de la Résistance et de la Légion d'Honneur[10].

Filmographie

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Notes et références

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  1. Acte de naissance n° 13 (vue 3/31) avec mentions marginales du mariage et du décès. Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 3e arrondissement, registre des naissances de 1904.
  2. a et b « Jeanne Boitel », La Rampe,‎ (lire en ligne)
  3. Caroline Hanotte, notice sur Jeanne Boitel, site cineartistes.com, créée le 25 février 2007 et modifiée le 15 mai 2014, consultée le 9 décembre 2017
  4. documentaire de France 3 Illustre et inconnu - Comment Jacques Jaujard a sauvé le Louvre
  5. Alain Pélissier, « Jacques Jaujard (1895 - 1967) : patrimoine », Presse régionale protestante,‎ (lire en ligne)
  6. a et b Base de données de la Bibliothèque nationale de France, consultée le 9 décembre 2017
  7. Le mariage eut lieu 12 ans après la naissance de leur enfant, cité dans le documentaire de FR3 et rapporté par Télé Scoop [1].
  8. Voir l'article d'André Lafargue, « Un réseau à la Comédie-Française », Le Parisien Libéré, 25 août 2004, consulté le 9 décembre 2017 ; il recommande à ce sujet l'ouvrage de Rosemonde Pujol, qui fit partie de ce réseau, Nom de guerre, Colinette, Éd. de l'Armançon.
  9. a et b Élisabeth Terrenoire, Combattantes sans uniforme — Les femmes dans la résistance, Éditions Bloud et Gay, 1946, cité par Claire Grube blog histoire, consulté le 9 décembre 2017.
  10. Jeanne Boitel, Biography, site IMDb, consulté le 9 décembre 2017 [2].
  11. Le Figaro, 26 décembre 1937, p. 4 ; Le Petit Journal, 23 août 1939.

Liens externes

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