Coupe au bol
Une coupe au bol ou coupe en écuelle ou coupe en sébile est une coupe de cheveux très simple selon laquelle les cheveux sont coupés en frange droite sur le front et sont de même longueur tout autour de la tête ; elle est parfois accompagnée d'une tonsure entre la base du crâne et la nuque et sur les tempes[1].
Son nom vient du fait que la coupe semble avoir été obtenue en posant un bol sur le crâne et en coupant tous les cheveux qui dépassent.
La coupe au bol est appréciée parce qu'elle peut être facilement effectuée par un non-professionnel[1] mais elle est parfois considérée comme un attribut de la pauvreté parce qu'associée à l'impossibilité de payer un coiffeur[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Caractéristique du Moyen Âge tardif en Europe, la coupe au bol est particulièrement populaire chez les hommes durant la première moitié du XVe siècle[2],[3],[4],[5],[6].
La coiffure était réalisée en posant effectivement un bol[1] ou une calotte en cuir[5] ou en métal sur le crâne et en coupant ou rasant tous les cheveux dépassant (cheveux sur la nuque et les tempes), ce qui laissait seulement comme une calotte sur le dessus de la tête. Pour ce faire, le barbier médiéval employait de manière rudimentaire son « outil essentiel » : des « ciseaux-couteaux à deux branches [...] communément appelés forces »[7].
Selon la médiéviste Françoise Michaud-Fréjaville, la mode de cette coupe « en écuelle » ou en « sébile », avec la nuque et les tempes rasées, s'expliquerait « par la forme des bassinets et la façon d'attacher le camail[8]. »
En , avant de quitter Vaucouleurs pour aller rencontrer le roi Charles VII à Chinon, Jeanne d'Arc se fait couper les cheveux conformément à cette mode masculine ; elle arbore également un habit d'homme à compter de cette date[9],[10]. En 1431, les actes de son procès de condamnation mentionnent malveillamment qu'elle a les cheveux « rasés en rond comme un coquet, un jeune à la mode. » Françoise Michaud-Fréjaville observe que « le mot mangone ne désigne pas un page comme on le traduit d'habitude, mais un personnage qui améliore une apparence pour la présenter à son avantage (« relooker », si j'ose dire)[11]. »
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Le duc Jean de Bedford, vers 1415 (?) - 1430.
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Le chancelier Nicolas Rolin, vers 1435.
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La famille Jouvenel des Ursins, vers 1445-1449.
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Étienne Chevalier, vers 1450.
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Le duc Philippe le Bon, vers 1450 (?).
Usages récents
[modifier | modifier le code]Bien que différent de la coiffure masculine adoptée par la Pucelle au XVe siècle, un style surnommé « coupe à la Jeanne d'Arc » se développe avec la vogue des cheveux courts féminins durant l'entre-deux-guerres[12],[13]. Sa caractéristique la plus notable est la frange[14].
Dans le domaine de la mode, la coupe au bol est associée au coiffeur Vidal Sassoon qui en a créé une version artistique dans les années 1960 pour la styliste Mary Quant[15]. Elle est ainsi l'une des nombreuses variantes du « Bob » de ce coiffeur, ou coupe au carré[16]. Rapidement adoptée par des célébrités britanniques, elle devient aussi à cette époque la coupe de Danièle Gilbert et Mireille Mathieu[15]. Aux États-Unis, la coupe au bol est popularisée par le jeune acteur Adam Rich, qui joue dans la série Huit, ça suffit ! de 1977 à 1981. Durant cette période, des milliers de parents américains adoptent cette coupe pour leur fils[17].
Après être relativement passée de mode, la coupe au bol revient au cours des années 2000 et 2010 en étant portée par, entre autres, Rihanna, Carey Mulligan et Agyness Deyn[16].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bowl cut » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Page boy » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Bowl Haircut at FashionEncyclopedia.com » (consulté le )
- Harmand 1929.
- Élisabeth Taburet-Delahaye, L'Orfèvrerie gothique (XIIIe – XVe siècle) au Musée de Cluny, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, , 294 p. (ISBN 2-7118-2280-X), p. 220.
- Gilbert Bou, La Sculpture en Rouergue à la fin du gothique, XVe siècle et début du XVIe siècle, Decazeville, chez l'auteur, , 172 p., p. 27, n. 13.
- Gilles Bagard, La coupe : méthode globale, Dompierre-sur-Mer, Gbvéga éditions, , 214 p. (ISBN 978-2-9527538-2-1, lire en ligne), p. 17.
- (en) Daniel Delis Hill, History of World Dress and Fashion, San Antonio (Texas), GeminiDragon Publishing, , 2e éd. (ISBN 978-0-9864254-9-3), p. 311.
- Lebas et Jacques 1979, p. 336.
- Françoise Michaud-Fréjaville, « Cinéma, histoire : autour du thème « johannique » », Cahiers de recherches médiévales, Orléans / Paris, CEMO / Honoré Champion, no 12 « Une ville, une destinée : Orléans et Jeanne d'Arc. En hommage à Françoise Michaud-Fréjaville », , p. 287, n. 10 (lire en ligne).
- Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc en son siècle, Paris, Fayard, , 317 p. (ISBN 978-2-213-67205-2), p. 125-126.
- Harmand 1929, p. 35.
- Françoise Michaud-Fréjaville, « Un habit « déshonnête » : réflexions sur Jeanne d'Arc et l'habit d'homme à la lumière de l'histoire du genre », Francia, Ostfildern, Jan Thorbecke Verlag, vol. 34/1, , p. 179 (ISBN 978-3-7995-8123-3, lire en ligne).
- Georges Dubosc, « Les Cheveux « à la Jeanne d’Arc » », Journal de Rouen, (lire en ligne).
- « La bataille des cheveux de Jeanne d’Arc », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le ).
- Description sur le site Les femmes aux cheveux courts.com
- « Le retour de la coupe au bol : les stars et les podiums s'y mettent », sur Puretrend.com (consulté le )
- « Rihanna, Carey Mulligan, Agyness Deyn : la coupe au bol Vidal Sassoon fait des émules : Les stars adoptent la coupe au bol - Beauté Plurielles.fr », sur Plurielles.fr (consulté le )
- « "Eight Is Enough" cast: Where are they now, 30 years later? », Fox News, (lire en ligne, consulté le ) FOXNews.com, Jan 15, 2013. Quote: "Playing the youngest of the Bradford clan, Adam Rich was America's little brother. In the late '70s and early '80s, thousands of boys sported a Nicholas-style haircut."
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Adrien Harmand, Jeanne d'Arc. Ses costumes. Son armure. Essai de reconstitution, Paris, imprimerie Aulard, librairie Ernest Leroux, , 403 p. (présentation en ligne).
- Catherine Lebas et Annie Jacques, La Coiffure en France du Moyen Âge à nos jours, Paris, Delmas, , 358 p. (ISBN 2-86471-001-3).