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Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne

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Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de la reine Caroline-Mathilde.
Huile par Jens Juel, 1771.

Titre

Reine consort de Danemark et de Norvège


(5 ans, 4 mois et 29 jours)

Prédécesseur Juliane-Marie de Brunswick
Successeur Marie-Sophie de Hesse-Cassel
Biographie
Titulature Princesse de Grande-Bretagne
Dynastie Maison de Hanovre
Nom de naissance Caroline Matilda of Hanover
Naissance [note 1]
Leicester House, Londres, Drapeau de la Grande-Bretagne. Royaume de Grande-Bretagne
Décès (à 23 ans)
Château de Celle, Celle, Drapeau de l'Électorat de Hanovre Électorat de Brunswick-Lunebourg
Sépulture Château de Celle
Père Frédéric de Galles
Mère Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg
Conjoint Christian VII
Enfants Frédéric
Louise Augusta
Résidence Palais de Christiansborg
Château de Hirschholm
Château de Kronborg
Château de Celle
Religion Luthéranisme danois
Description de cette image, également commentée ci-après

Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne (en danois : Caroline Mathilde ; en anglais : Caroline Matilda[1]), née le 22 juillet 1751[note 1] et décédée le 10 mai 1775, reine consort de Danemark et de Norvège de 1766 à 1772 à la suite de son mariage avec le roi Christian VII.

Fille posthume et benjamine de Frédéric, prince de Galles, et de la princesse Augusta de Saxe-Gotha, elle porte le titre de princesse de Grande-Bretagne et est membre de la Maison de Hanovre. Caroline Mathilde grandit dans un environnement familial relativement isolé, loin des intrigues et du faste de la cour britannique. À seulement quinze ans, elle épouse son cousin germain, le roi Christian VII, dont la santé mentale fragile marque profondément leur mariage et leur règne. De cette union naissent deux enfants : le futur roi Frédéric VI et la princesse Louise Augusta, dont la paternité est souvent attribuée au médecin et conseiller royal Johann Friedrich Struensee.

L'arrivée de Struensee à la cour en 1769 marque un tournant décisif dans la vie de la reine et dans l'histoire du royaume. D'abord perçu comme un simple médecin du roi, Struensee gagne rapidement la confiance de Christian VII et devient une figure centrale du pouvoir. Sa relation intime avec Caroline Mathilde, ainsi que les réformes audacieuses qu'il entreprend avec son soutien, suscitent l'hostilité croissante de la noblesse conservatrice et de la reine douairière Juliane Maria de Brunswick, figure clé d'une conspiration visant à renverser le couple réformateur. En 1772, ce complot aboutit à l'arrestation de Struensee et à la destitution de Caroline Mathilde. Le médecin est exécuté, tandis que la reine, déchue de son titre, est contrainte au divorce et exilée à Celle, dans l'Électorat de Brunswick-Lunebourg. Isolée et discréditée, elle meurt prématurément en 1775, à l'âge de vingt-trois ans, des suites d'une scarlatine.

Jeunes années

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Naissance et origines familiales

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La princesse Caroline-Mathilde nouveau-née dans les bras de sa mère, la princesse Augusta; détail du portrait de groupe de George Knapton : La famille de Frédéric, Prince de Galles, 1751.

Membre de la maison princière de Hanovre, la dynastie royale d'origine allemande qui a succédé à la maison Stuart sur le trône britannique en 1714, la future reine consort de Danemark et de Norvège voit le jour à Londres le 22 juillet[note 1] 1751[2] à Leicester House, une vaste résidence aristocratique située à Westminster (Londres). Elle est la neuvième et plus jeune enfant de l’héritier du trône britannique, Frédéric, le prince de Galles, et de son épouse, la princesse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg[2],[3].

Son père, héritier présomptif du trône britannique, décède subitement trois mois avant sa naissance, le 31 mars 1751, faisant de Caroline Mathilde une enfant posthume[4],[5]. Malgré cette tragédie, elle reçut dès sa naissance le titre de princesse avec la qualification d'altesse royale, conformément à son rang de fille du prince de Galles. Ce titre prestigieux ayant toutefois été transféré à son frère aîné, George, qui deviendra plus tard le roi George III.

Leicester House, maison d'enfance de la princesse Caroline-Mathilde, en 1748.

Elle est baptisée dix jours après sa naissance, le 1er août 1751, par Thomas Hayter, évêque de Norwich, dans la résidence familiale de Leicester House. Ses parrains et marraines sont son frère George III, sa tante Caroline, et sa sœur Augusta-Charlotte. Bien que son prénom officiel est Caroline Mathilde, elle est principalement appelée Matilda dans la sphère privée, tandis que son double prénom est utilisé dans les contextes formels pour la distinguer de sa tante paternelle, la princesse Caroline.

Enfance et éducation

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La famille de Frédéric, Prince de Galles. Portrait de groupe par George Knapton, 1751.

La princesse Caroline Mathilde grandit entourée de ses huit frères et sœurs, sous la surveillance attentive de leur mère, la princesse douairière Augusta, qui veille à les préserver des influences jugées corrompues de la cour britannique. Devenue veuve prématurément, Augusta choisit de vivre en relative réclusion, principalement entre Leicester House et Kew Palace, résidence d'été située dans les jardins botaniques de Kew, au bord de la Tamise. Malgré une éducation affectueuse mais stricte[6], certains contemporains critiquèrent Augusta pour avoir excessivement isolé ses enfants du monde extérieur et des cercles politiques. Pourtant, cet environnement protégé permet à Caroline Mathilde de développer une personnalité naturelle et spontanée, bien que parfois perçue comme capricieuse[5].

La princesse Caroline-Mathilde à l'âge de trois ans. Pastel par Jean-Étienne Liotard, 1754.

Elle montre dès son plus jeune âge des prédispositions intellectuelles et une grande curiosité pour les arts et les langues[7]. Malgré une éducation irrégulière, elle maîtrise couramment l'anglais, l'allemand, le français et l'italien. Elle cultive également un talent notable pour la musique et est considérée comme une chanteuse accomplie, avec une voix remarquable, et jouant habilement du clavecin. Sa mère cultive aussi son intérêt pour l'horticulture, et Caroline Mathilde apprécie la nature et les activités en plein air, trouvant du plaisir dans l’équitation et les promenades. Cette éducation la rend peu attirée par les jeux de pouvoir et les intrigues politiques de la cour, cette attitude influençant plus tard son rôle de reine consort[5].

Mariage à quinze ans

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Portrait de Christian VII, alors prince héritier de Danemark ; peintre inconnu (1749).

En 1764, est suggéré le mariage entre la Maison danoise d'Oldenbourg et la Maison britannique de Hanovre, ainsi entre Christian, prince héritier du Danemark et une princesse britannique. Le prince héritier danois est le fils aîné du roi Frédéric V et de sa première femme, la princesse Louise de Grande-Bretagne, sœur du défunt prince de Galles, et par conséquent les deux familles sont cousines[4]. Le mariage est jugé approprié car les deux familles royales sont protestantes et de même rang, et ont donc le même statut au regard de la religion. Les plans de mariage sont promus par le puissant homme d'État danois Johann Hartwig Ernst von Bernstorff, soucieux de renforcer les bonnes relations entre le Danemark–Norvège et la Grande-Bretagne. En outre, la défunte reine Louise a été très populaire au Danemark, et on espère que sa popularité déteint sur une nouvelle reine d'origine anglaise.

Les deux candidates au mariage pour le souverain danois : la princesse Caroline-Mathilde (debout) et sa sœur la princesse Louise, par Francis Cotes (1767).

Initialement, les négociations de mariage concernent la plus âgée des filles célibataires du prince de Galles, la princesse Louise, mais après que le représentant danois à Londres, le comte de Bothmer, ait été informé de sa faible constitution, c'est sa sœur cadette, Caroline-Mathilde, qui est choisie à sa place[8]. À l'âge de 13 ans seulement, Caroline-Mathilde est donc, à son insu, fiancée au prince héritier Christian, de deux ans son aîné. Les fiançailles officielles sont annoncées le 10 janvier 1765[4],[9].

Le 14 janvier 1766, au milieu des préparatifs pour le mariage, le roi Frédéric V meurt subitement, laissant place à son fils de 17 ans devenu le roi Christian VII[5]. Le 1er octobre de cette année, dans la chapelle royale du Palais de St James (ou selon d'autres sources, à Carlton House[2]), le mariage est célébré par procuration : le marié est représenté par le frère de la mariée, le prince Edouard-Auguste, duc d'York et d'Albany.

Caroline-Mathilde quitte Harwich pour Rotterdam à bord du yacht Mary le 3 octobre 1766, peint par Robert Wilkins, vers 1766-1767.

Deux jours plus tard, Caroline-Mathilde quitte Harwich à l'âge de quinze ans pour Rotterdam, laissant derrière elle sa famille et ses proches, en Grande-Bretagne, pour se rendre au Danemark y épouser son cousin, Christian VII, alors âgé de dix-sept ans. Après trois semaines de voyage, elle traverse l'Elbe et arrive à la ville frontière d'Altona dans le duché de Holstein, alors partie de la monarchie danoise. Selon les traditions répandues dans les monarchies européennes de l'époque, son entourage anglais y est échangée contre un entourage danois, choisi par la cour danoise.

Interprétation populaire de l'entrée de Caroline-Mathilde à Copenhague le .

Douze jours plus tard, Caroline-Mathilde arrive à la ville de Roskilde sur l'île de Seelande, où elle rencontre pour la première fois son futur mari. Elle fait son entrée officielle dans la capitale danoise le sous les acclamations de la population. Le jour même, une deuxième cérémonie de mariage avec le marié présent est célébré dans la chapelle royale du palais de Christiansborg, la résidence principale de la monarchie danoise, située sur l'île de Slotsholmen dans le centre de Copenhague[4]. La célébration de mariage est considérée comme l'une des plus fastueuses de la monarchie danoise. Les différentes cérémonies et bals durent un peu plus d'un mois. Son frère aîné, devenu à l'époque le roi Georges III, est préoccupé par ce mariage, bien qu'il ne soit pas encore parfaitement conscient de la maladie mentale de son beau-frère. Le 1er mai 1767, Caroline-Mathilde est couronnée reine du Danemark et de Norvège à Copenhague[2].

Reine consort du Danemark et de Norvège

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Très vite la jeune reine est décrite comme particulièrement capricieuse, mais nul n'ose dénier sa vivacité et son charme ainsi que ses capacités intellectuelles[7]. Considérée trop folle (à cause de ses prises de positions politiques et de son intérêt pour les idées françaises des Lumières) pour être décrite comme une beauté, elle est décrite comme attirante : il est rapporté que « son apparence lui permettait d'éviter les critiques des femmes, tout en captivant l'œil masculin »[7]. Cependant, sa nature et sa forte personnalité souvent décrite comme nonchalante, ne la rendent pas populaire au sein d'une cour danoise stricte, malgré le fait qu'elle ait été particulièrement bien reçue lors de son arrivée à Copenhague[7]. Le manque de volonté, l'auto-centrisme, et la folie mentale rendent Christian VII froid envers sa femme et peu enclin à consommer le mariage[7]. Les raisons de cette attitude à l'égard de Caroline-Mathilde pourraient venir du fait qu’il a été forcé de se marier par la cour, qui croit que par le sacrement du mariage ses problèmes mentaux s'amélioreraient. En outre, une partie de la cour estime que Christian VII préfère la compagnie des hommes à celle des femmes[7]. Malgré ces rumeurs d'homosexualité, le roi a une maîtresse dès l'été 1766 à Holstein et visite des courtisanes à Copenhague, dont la plus célèbre est Anna Katrina Bentgagen, surnommée Støvlet-Cathrine[10].

Caroline-Mathilde a deux enfants, tous deux reconnus officiellement comme les enfants de Christian VII :

La Reine Caroline Mathilde, Pastel de Francis Cotes, 1766.

Elle est proche de sa première dame de compagnie, son Overhofmesterinde (en), Louise von Plessen, qui considère les amis du roi, Conrad Holck (en) ou Enevold Brandt par exemple, comme immoraux et cherche à isoler Caroline-Mathilde de son mari. Ce qui n'est pas difficile, vu les relations qu'entretenait le couple royal ; des rumeurs courent d'ailleurs sur l'homosexualité du roi de Danemark. Louise von Plessen conseille d'ailleurs à la reine de prétendre être indisposée lorsque le roi exprime le désir d'intimité physique, pensant que la distance réveillerait le désir du roi. Mais au contraire cela ne le rend que plus réticent[11]. Christian VII décide, sur les conseils de son ancien tuteur Reverdil (en), de consommer son mariage par souci d'assurer la succession. Ainsi, après que la reine a donné naissance au prince héritier Frédéric le 28 janvier 1768, il se détourne d'elle au profit des maisons closes de Copenhague[7] et de la courtisane Støvlet-Cathrine, avec qui il visite les bordels de Copenhague. Caroline-Mathilde est malheureuse en mariage, négligée et humiliée par le roi. Lorsque Louise von Plessen est exilée de la cour en 1768, elle perd sa seule confidente, la laissant encore plus isolée.

Bien que Caroline-Mathilde ne s'intéresse pas à la politique, elle va progressivement jouer un rôle clé à la cour à la suite de la naissance de son fils[12]. Son aversion pour les favoris de son mari augmente lorsqu'en 1768, Holck réussit à exiler Louise von Plessen, isolant encore plus la reine. Elle refuse d'accepter la remplaçante de Plessen, toujours proposée par Holck, Anne Sofie von Berckentin, qu'elle soupçonne d'avoir participé à l'exil de Plessen. Ainsi, personne n'est nommé jusqu'en 1768 lorsque Margrethe von der Lühe accepte le poste.

En mai 1768, Christian VII effectue sa longue tournée en Europe, notamment des séjours à Altona, à Paris et à Londres. Pendant son absence, Caroline-Mathilde prend soin de son fils, exerçant son rôle de mère à la perfection. Elle prend pour habitude de faire de longues promenades à Copenhague[10]. Son modernisme scandalise car les femmes danoises de lignées royales et nobles n'avaient pas habitude de se comporter ainsi[7]. Depuis le début du règne de son mari, Caroline-Mathilde fut l'objet de rumeurs concernant des relations amoureuses illégitimes. En 1768 passant l'été au château de Frederiksborg avec son fils avant de retourner à Copenhague à l'automne [13], la cour colporte une affaire entre la reine et un certain La Tour, un bel acteur et un chanteur du Hofteatret de théâtre en langue française[11]. La Tour est connu pour être l'amant de Elisabet von Eyben, sa dame de compagnie, mais il est de notoriété publique qu'il recevait des cadeaux d'une « main supérieure ». Il est dit que ses visites à répétition dans la chambre de von Eyben étaient en fait des visites rendues à la reine[11]. Les allégations à l'encontre de La Tour n'ont pas été considérées comme vraies mais il est tout de même exilé après le retour du roi, sans doute parce que la rumeur est assez dommageable en elle-même[11]. En plus de von Eyben, Caroline-Mathilde arrive progressivement à ce constituer un entourage d'amies comme Christine Sophie von Gähler, Anna Sofie Bülow et Amalie Sofie Holstein, connues elles aussi pour leurs liaisons amoureuses. Selon le rédacteur de lettres Luise Gramm, elles encouragent la reine à avoir une vie sociale, à participer davantage aux faits et gestes de la cour, aux danses ainsi qu'au flirt[11].

Aventure extra-conjugale

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Johann Friedrich Struensee (1737-1772) par Jens Juel.

Le roi rentre à Copenhague le , en ramenant avec lui Johann Friedrich Struensee en tant que médecin du roi, qui devient plus tard également l'un des ministres de sa cour. Il a rencontré Struensee à Altona au début de ses voyages en Europe. Struensee parvient, semble-t-il, à gérer l'instabilité mentale du roi, ce qui est un grand soulagement pour tous les conseillers de celui-ci, et le roi lui accorde sa confiance.

Struensee encourage le roi à améliorer ses rapports avec Caroline-Mathilde, et Christian VII lui témoigne son attention sous la forme d'une fête de trois jours pour célébrer son anniversaire, le . La reine est parfaitement consciente que c'est à Struensee qu'elle doit ces améliorations, et son intérêt comme son affection pour le séduisant médecin ne fait que croître ; en janvier 1770, on lui attribue sa propre chambre au palais royal, et, au printemps 1770, il devient son amant. Une vaccination couronnée de succès du tout jeune héritier de la couronne accroît encore son influence.

La maladie du roi progressant, le pouvoir de la reine grandit à la cour. Struensee devient conseiller privé du roi le 15 septembre 1770 et dirige de fait le royaume quand le roi perd ses capacités cognitives en mars 1771. En juillet 1771, la reine donne naissance à Louise-Augusta, dont la filiation est sujette à question.

Château de Celle.

L'interrogatoire de Johann Friedrich Struensee débute le 20 février 1772, en reconnaissance du « crime de familiarité » à l'égard de la reine, mais il n'a rien admis d'autre pendant les trois jours suivant l'aveu. Plus tard, Struensee tente à maintes reprises de transférer la responsabilité de l'adultère sur Caroline-Mathilde. Le principal associé politique et ami de Struensee, Enevold Brandt, interrogé en même temps, aurait admis sa connaissance des crimes perpétrés par le favori. À la suite de ces révélations, un comité de quatre nobles est envoyé à Kronborg pour interroger la reine. Lors de leur première visite, et probablement après l'avis de Robert Murray Keith (diplomate britannique), Caroline-Mathilde refuse de s'entretenir avec eux, répondant que « elle ne reconnaît aucun tribunal autre que la cour du roi »[14]. Dans les dernières visites du comité, la reine nie toutes relations adultérines avec Struensee dans l'unique espoir de le sauver[7]. Le 9 mars 1772, une confession signée par Struensee est présentée à Caroline-Mathilde. Dans un dernier élan d'espoir, elle signe également une confession reconnaissant sa culpabilité et portant la faute sur elle-même, espérant ainsi atténuer le sort de son amant, bien qu'elle ait été pressée ou manipulée très probablement pour admettre l'affaire par l'interrogateur du comité[7].

Le 24 mars 1772, un acte d'accusation contre la reine est présenté au tribunal, composé de trente-cinq membres de la noblesse. Le 2 avril, elle reçoit un avocat qui déclare que la reine est innocente et que ses confessions ont été signées sous pression[7] uniquement pour protéger Struensee[14]. Le jugement est rendu le 6 avril[15]. Deux jours plus tard, la reine est informée des décisions prises : son mariage avec Christian VII est dissous[3], bien que les motifs dynastique ou moral ne soient pas utilisés[16], additionnant l'interdiction de prononcer le nom de la reine durant les services religieux. Struensee et Brandt sont condamnés à mort et exécutés le 28 avril 1772. Comme le rappelle plus tard Caroline-Mathilde, elle a intuitivement connu la mort de son amant[14].

En Grande-Bretagne, les nouvelles de l'arrestation de Caroline-Mathilde sont reçues avec beaucoup d'enthousiasme. Après le divorce, et sur les ordres de son frère le roi George III, Robert Murray Keith commence les négociations de sa libération[17], sans succès. À la même époque, George III fournit des preuves concluantes contre sa sœur, et il est signalé que le monarque britannique a été informé que sa sœur ne pouvait pas rester à la cour danoise. Après la mort de Caroline-Mathilde, il est découvert que les Danois proposaient d'envoyer Struensee et ses alliés en exil à Aalborg dans le nord du Jutland, mais le gouvernement britannique a fermement refusé de consentir à cette idée et a même menacé de rompre les relations diplomatiques avec le Danemark et d'entamer une intervention militaire[16]. Un escadron britannique est arrivé sur les rives de Copenhague, mais quelques heures avant son arrivée, George III reçoit la nouvelle que le gouvernement danois garantissait la liberté de la reine[18]. Keith a également pu obtenir le retour de sa dot[16], une pension et le droit de Caroline-Mathilde de conserver son titre royal[18].

En mai 1772, les gouvernements britannique et danois avaient pu constater où habitait Caroline-Mathilde. À la suggestion de George III, la nouvelle résidence de sa « sœur criminelle » devait être le château de Celle, situé en Hanovre[16]. Le 3 mai 1772, la reine, accompagnée de Keith et d'une délégation de nobles danois, partit de Helsingør dans deux frégates. Quant à ses deux enfants, le prince héritier Frédéric et Louise Augusta, elle dut les abandonner à Copenhague et ne les a jamais revus. Le 5 juin, elle arriva dans le district de Stade (où la délégation danoise l'a finalement quittée) et où elle fut accueillie par une cérémonie élaborée, suivie le lendemain d'une réception en son honneur. De Stade, l'ancienne reine est allée à Göhrde, et est restée là pendant quelques mois dans cet état électoral réputé pour la chasse, puis s'est enfin rendue à Celle. Le 20 octobre, Caroline-Mathilde fit une entrée solennelle dans la ville, où une cour fut organisée pour elle. Par la suite, elle a rarement quitté Celle, avec seulement quelques visites à Hanovre[18].

Vie au château de Celle

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Monument en l'honneur de Caroline-Mathilde de Danemark, à Celle en Allemagne.

À Celle, Caroline-Mathilde eut une vie paisible. Elle s'y est finalement retrouvée avec son ancienne maîtresse des robes et amie la comtesse Louise von Plessen. La reine était souvent visitée par de nombreux parents et amis, parmi lesquels sa sœur Augusta-Charlotte, duchesse de Brunswick-Wolfenbüttel, considérée par de nombreux contemporains comme une façon de la surveiller. Le divertissement principal de Caroline-Mathilde à Celle était un petit théâtre, construit spécialement pour elle dans le château, ainsi qu'une bibliothèque constituée de nombreux ouvrages allemands et anglais. De plus, elle était connue pour sa grande âme charitable envers les enfants et les orphelins pauvres. Robert Murray Keith, qui a visité Caroline Mathilde en novembre 1772, a ensuite signalé à Lord Suffolk, qu'il avait trouvé la reine dans une ambiance satisfaite et qu'elle ne voulait pas avoir de relations avec la cour danoise, sauf celles qui affectent directement le bien-être de ses enfants[18].

Bien qu'elle ne soit plus la reine, Caroline-Mathilde a toujours joué un rôle important dans la politique danoise, puisqu'elle était la mère du futur roi[16]. En septembre 1774, elle a été visitée par le voyageur et aventurier Nathaniel Wraxall. Au cours de cette visite, il a recueilli beaucoup d'informations sur la vie de Caroline-Mathilde au Danemark, ce qui a permis ensuite de constituer la base de ses mémoires. Il fut reconnu en tant qu'agent secret d'un groupe de nobles danois réitérés. Certains ont été exilés à Hambourg pour leur soutien à l'ancienne reine (notamment le baron Frederik Ludvig Ernst Bülow (époux d'Anna Sofie Bülow) et le comte Ernst von Schimmelmann (fils de Caroline von Schimmelmann[11]) et l'autre est resté à Copenhague. Désireux de changer le pays par le retour de Caroline-Mathilde en tant que régente et gardien du prince héritier[7],[18]. Caroline-Mathilde était prête à agir, mais seulement avec le consentement de son frère George III, craignant pour la vie de ses enfants. George III était prêt à soutenir sa sœur et le complot, mais à la condition que les conspirateurs devaient d'abord gagner le pouvoir au Danemark[19]. Wraxall a rendu visite à l'ancienne reine à Celle pour discuter avec elle des détails du complot. Il jouait le rôle de messager entre George III et sa sœur[18].

Avec lui, Caroline-Mathilde a envoyé une lettre à son frère, dans laquelle elle apporta son approbation à la conspiration[19] qu'elle nomma « ce plan pour le bonheur de mon fils »[7]. Mais au cours du mois de , en attendant une audience avec le roi à Londres, Wraxall apprit la mort de Caroline-Mathilde[18].

Caroline-Mathilde est morte subitement de la scarlatine le [3],[20],[7],[18],[21]. Sur son lit de mort, elle a écrit une lettre à son frère dans laquelle elle clame son innocence. Elle est enterrée dans la crypte de la Stadtkirche St. Marien près de son arrière-grand-mère paternelle Sophie-Dorothée de Brunswick-Lunebourg, également divorcée et exilée à Celle[22].

Titres et honneurs

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  • 22 juillet 1751 — 8 novembre 1766 : Son Altesse royale la princesse Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne
  • 8 novembre 1766 — 10 mai 1775 : Sa Majesté la Reine de Danemark et de Norvège

Armes et monogramme

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Généalogie

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Descendance

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Caroline-Mathilde a deux enfants, tous deux reconnus officiellement comme les enfants de Christian VII :

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
16. Ernest-Auguste de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
8. George Ier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17. Sophie de Hanovre
 
 
 
 
 
 
 
4. Georges II
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18. Georges-Guillaume de Brunswick-Lunebourg
 
 
 
 
 
 
 
9. Sophie-Dorothée de Brunswick-Lunebourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19. Éléonore Desmier d'Olbreuse
 
 
 
 
 
 
 
2. Frédéric de Galles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20. Albert II de Brandebourg-Ansbach
 
 
 
 
 
 
 
10. Jean-Frédéric de Brandebourg-Ansbach
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
21. Sophie-Marguerite d'Oettingen-Oettingen
 
 
 
 
 
 
 
5. Caroline d'Ansbach
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
22. Jean-Georges Ier de Saxe-Eisenach
 
 
 
 
 
 
 
11. Éléonore-Erdmuthe de Saxe-Eisenach
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
23. Jeannette de Sayn-Wiggenstein
 
 
 
 
 
 
 
1. Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
24. Ernest Ier de Saxe-Gotha
 
 
 
 
 
 
 
12. Frédéric Ier de Saxe-Gotha-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
25. Élisabeth-Sophie de Saxe-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
6. Frédéric II de Saxe-Gotha-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
26. Auguste de Saxe-Weissenfels
 
 
 
 
 
 
 
13. Madeleine-Sibylle de Saxe-Weissenfels
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
27. Anne-Marie de Mecklembourg-Schwerin
 
 
 
 
 
 
 
3. Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
28. Jean VI d'Anhalt-Zerbst
 
 
 
 
 
 
 
14. Charles-Guillaume d'Anhalt-Zerbst
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29. Sophie-Augusta de Holstein-Gottorp
 
 
 
 
 
 
 
7. Madeleine-Augusta d'Anhalt-Zerbst
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
30. Auguste de Saxe-Weissenfels
 
 
 
 
 
 
 
15. Sophie de Saxe-Weissenfels
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
31. Anne-Marie de Mecklembourg-Schwerin
 
 
 
 
 
 

Dans l'art et la culture

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Kristian Zahrtmann (1873): Scene de la cour de Christian VII. La reine et Struensee jouent aux échecs tandis que le roi joue avec son perroquet (collection Hirschsprung).
Kristian Zahrtmann (1881): Interieur de la cour de Christian VII (collection Hirschsprung).

L'histoire de la reine Caroline-Mathilde, sa liaison avec Johann Friedrich Struensee, et leur relation complexe avec Christian VII, ainsi que le conflit entre Struensee et les dirigeants danois a inspiré de nombreuses reproductions artistiques:

Littérature

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  • 1935 : (de) Else von Hollander-Lossow, Die Gefangene von Celle [« La prisonnière de Celle »], E. A. Seemann,
  • 2000 : Per Olov Enquist (trad. du suédois par Marc de Gouvenain et Lena Grumbach), Le Médecin personnel du roi [« Livläkarens besök »], Actes Sud,
  • 2000 : (da) Bodil Steensen-Leth, Prinsesse af blodet [« Princesse du sang »], Forum, [23]. Le film Royal Affair est basé sur ce roman.
  • 2015 : (it) Dario Fo, C'è un re pazzo in Danimarca [« Il y a un roi fou au Danemark »], Chiarelettere,

Notes et références

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  1. a b et c Caroline-Mathilde est née le 11 juillet selon le calendrier julien, le 22 juillet selon le calendrier grégorien. Durant la vie de Caroline-Mathilde, deux calendriers étaient utilisés : l'ancien calendrier julien et le nouveau calendrier grégorien. Le Danemark-Norvège adopta le calendrier grégorien le 19 février/1er mars 1700 tandis que la Grande-Bretagne fit cette transition le 3/14 septembre 1752. Dans cet article, les dates sont systématiquement données dans le calendrier grégorien.

Références

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  1. Weir 2011, p. 285.
  2. a b c et d Weir 2011, p. 282.
  3. a b et c Michael A. Beatty, The English Royal Family of America, from Jamestown to the American Revolution, McFarland, , 261 p. (ISBN 978-0-7864-1558-8, lire en ligne).
  4. a b c et d Ward 1887, p. 145.
  5. a b c et d Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 350.
  6. Jensen 1934, p. 541.
  7. a b c d e f g h i j k l m et n (da) « Caroline Mathilde (1751 - 1775) » (consulté le ).
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  18. a b c d e f g et h Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 149
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  21. Weir, 2011, p. 283.
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  23. Forum, maison d'édition danoise. Non traduit
  24. « Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  25. « The Dictator » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  26. « Herrscher ohne Krone » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  27. « En kongelig affære » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  28. Dramatisk romance ved hoffet skildres i ny film, 16. februar 2011 (« Un nouveau film pour dépeindre une histoire d'amour dramatique à la cour », article paru dans le Politiken du 16 février 2011").

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • (sv) Arvid Ahnfelt, Från Europas hof, dess furstehus och aristokrati : skildringar hemtade i nya specialverk samt svenska och utländska arkiv. [« Des cours d'Europe, de ses maisons princières et de son aristocratie : descriptions reprises dans de nouveaux ouvrages spéciaux ainsi que des archives suédoises et étrangères. »], vol. 1, Stockholm, Oscar L. Lamms förlag, (lire en ligne)
  • (da) Asser Amdisen, Til nytte og fornøjelse : Johann Friedrich Struensee (1737-1772) [« Pour le bénéfice et le plaisir : Johann Friedrich Struensee (1737-1772) »], Copenhague, Akademisk Forlag, (ISBN 87-5-003730-7)
  • (de) Paul Barz, Doktor Struensee : Rebell von oben [« Docteur Struensee : Rebelle d'en haut »], Munich, Kabel Ernst Verlag, (ISBN 3-8225-0001-1)
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  • (en) Michael Bregnsbo, « Danish Absolutism and Queenship: Louisa, Caroline Matilda, and Juliana Maria », Queenship in Europe 1660-1815: The Role of the Consort, Cambridge University Press,‎ , p. 349–354 (ISBN 0-521-81422-7 et 978-0-521-81422-5, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (da) Michael Bregnsbo, Caroline Mathilde. Magt og skæbne [« Caroline Mathilde. Pouvoir et destin »], Copenhague, Lindhardt og Ringhof, (ISBN 978-8-7113-9265-2, lire en ligne)
  • (da) Ole Feldbæk, Den lange fred [« La longue paix »], Copenhague, coll. « Gyldendal og Politikens Danmarkshistorie » (no IX: 1700-1800)), (ISBN 87-89068-11-4)
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  • (da) Hans Jensen, « Caroline Mathilde », dans Dansk Biografisk Leksikon, vol. 4, Copenhague, J.H. Schultz Forlag, , 2e éd. (lire en ligne), p. 540-544. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Lars Stevnsborg, Kongeriget Danmarks ordener, medaljer og hederstegn. Kongeriget Islands ordener og medaljer, Syddansk Universitetsforlag,
  • Stella Tilliyard, A Royal Affair : George III and his Scandalous Siblings, Londres, Chatto & Windus, (ISBN 978-0-7011-7306-7)
  • (de) Hans Wagener, Robert Neumann : Biographie, Munich, Wilhelm Fink Verlag, , 294 p. (ISBN 978-3-7705-4465-3, lire en ligne)
  • Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 145–150. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alison Weir, Britain's Royal Families : The Complete Genealogy, Random House, , 400 p. (ISBN 978-1-4464-4911-0, lire en ligne), p. 282–283, 285. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • William Henry Wilkins, A Queen of Tears : Caroline Matilda, Queen of Denmark and Norway and Princess of Great Britain and Ireland, Library of Alexandria, (ISBN 978-1-4656-0740-9, lire en ligne)
  • Thomas Willement, Regal Heraldry : The Armorial Insignia of the Kings and Queens of England, from Coeval Authorities, (lire en ligne), p. 104–106
  • C. F. Lachelles Wraxall, Life and Times of Her Majesty Caroline Matilda, Lewis And Son, (lire en ligne)

Sources primaires publiées

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  • (da) Marianne Alenius (dir.), Mit ubetydelige Levnets Løb. Efter Charlotte Dorothea Biehls breve., Copenhague, Museum Tusculanums Forlag,
  • (da) Svend Cedergreen Bech (dir.), Brev fra Dorothea. Af Charlotta Dorothea Biehls historiske breve, Copenhague, Politikens Forlag,

Liens externes

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