Aller au contenu

Akélé

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Akélé

Populations importantes par région
Drapeau du Gabon Gabon 30 000 (2007)[1]
Autres
Langues Akélé[1]
Religions Christianisme
Ethnies liées Ongom, Tumbodié, Tombudi, Nkomon, Mbahouin, Sanpitu, Gnongha, Ossandey, Shaké, Ndambomo, Nkomon, Yungu, Akélé .

Les Akélé forment une population bantoue d'Afrique centrale, aujourd'hui dispersée à travers le Gabon.

Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs noms alternatifs, Bakele, Akélé, Akele, Kele, Nkele, Bongom, Bungom, Ongom, Ungom, Ntombodi, Motombolo, Nkomon, Mbahouin.

Leur langue Ungom ou Akélé. On trouve des personnes parlant l'Akélé dans les provinces du Moyen-Ogooué, de la Ngounié, de l'Ogooué-Lolo, du Haut-Ogooué, de l'Ogooué-Ivindo et de l'Estuaire. On trouve en effet des locuteurs dans le Moyen-Ogooué, autour de Lambaréné, dans le sud de la Ngounié et au nord de Sindara, à Mouila, Mimongo, dans le sud-est de Mbigou, dans les districts de Koulamoutou, de Booué, de Lastoursville, à l'ouest et à l'est de l'Ogooué, près du confluent de la Sébé, dans le district de Franceville et celui de Mékambo.

Ce groupe ethnolinguistique se trouve à peu près dans sept provinces du Gabon, sous appellations toutes différentes selon les régions qu'ils occupent. Notons par exemple qu'on les appelle Akélé, dans le Haut-Ogooué, on parle de Mbahouin, dans le Moyen-Ogooué, Akélé, dans la Ngounié les Kélé ou Bakélé à Fougamou, comme à Mouila, Mimongo, puis les Toumbidi à Mbigou et à Malinga. Dans l'Ogooué-Ivindo, on appelle les Ongom; dans l'Ogooué-Lolo, ls sont aussi Bakélé. Enfin, dans l'Ogooué-Maritime, ils sont appelés Akélé. N'oublions pas que leur appellation d'origine est « Ongom »

La langue est considérée comme menacée[note 1],[2].

Selon François Ngolet[3] (1998) historien gabonais, est le premier avoir reconstitué les schémas migratoires du peuple Ungom ou Akélé du Gabon. nous retenons que l'ethnonyme Ungom puise son origine de l'expression « Wonbe ya Ongom », qui signifie : temps de guerres ou peuples de guerre. En croisant les données des traditions orales Ungom avec les données des sources historiques, il indique ainsi qu'après leur implantation dans la région de la Lopé, les clans ungom eurent des relations d'alliance avec les Okandé et les Simba . Des mariages entre ces groupes et les ungom émergèrent un sous-groupe ungom connu sous l'appellation « Odiazé » (les mangeurs). Poursuivant leurs migrations, certains ungom installés à la Lopé iront vers la rivière « Djaddié » et « Djouha ». Ces clans s'installèrent à proximité des groupes Kota, Mahongwé et des groupes pygmées (très probablement des groupes Bakoya). Un autre groupe clanique « Legionga » (les tueurs, à cause de leur amour pour la guerre) a pris la direction de l'Est et s'est répandu entre le haut Offoué et la région de la Bouenguidi. ces sous groupes Ungom côtoyaient les Nzébi, les Adouma et les Pove.

D'autres clans Ungom émigrèrent en direction de la région de la Mpassa et Lékoni. Ce groupe est connu sous l'appellation de « Mbangwe» ou Mbahouin en référence aux différentes marques qui servaient de boussole pour s'orienter dans l'espace. Le clan « Izombo » doit son nom à la « sagesse » qu'incarnait le chef (akapa) de la société initiatique Ndokwè qui le conduisit. Les Izombo sont ces Ungom qui immigrèrent et allèrent s'installer vers le haut-Nyanga. Une autre partie de ce groupe alla du Haut Nyanga pour s'installer à la partie supérieure de la rivière Ngounié. Ce sous-groupe est connu sous l'appellation d'Osandé (sorte d'hommes de voyage), un nom qu'ils ont reçu en raison de leur mobilité fréquente.

De la Lopé, un grand nombre de clans Ungom se déplacèrent pour s'installer sur les rives des rivières Mvily et Mandjibé. Ceux qui émigrèrent vers le Sud-Est abordèrent les rives de la Ngounié. D'autres franchirent le fleuve Ogooué et s'installèrent à Ndjolé. Les clans Ungom qui sont descendus en aval de l'Ogooué, on atteint le lac Zilè, non loin de Lambaréné; d'autres allèrent s'établir dans les lacs Sud de la province du Moyen-Ogooué, ce sont les sous-groupes Ntombolo, qui doivent leur nom à un poisson (la lotte). De Ndjolé, certains Ungom vont se déplacer et atteindre les rives du Komo et de la Rembouè dans la province de l'Estuaire ; ce sont les osus-groupes Nkomo qui baptiseront le fleuve Komo de leur appellation.

Nous saisissons des indications historiques que rapporte François Ngolet, que le sous-groupes Ungom qui ont émigré de la Lopé, sont ceux qui se sont fragmentés sur l'ensemble du bassin de l'Ogooué, probablement entre le XVIIe et le XVIIIe siècles. L'identification de ces sous-groupes par leurs appellations endogènes, est aussi d'un apport majeur dans la connaissance des composantes linguistiques Ungom, qui reste à établir pour espérer connaître la proto langue de ce groupe. On note de même que l'ensemble des données historiques avancées par François Ngolet[4] se croise aisément avec les données cartographiques.

Les Akélé pratiquent plusieurs rites initiatiques à savoir:

Chakouè ou Alèchi (Circoncision) chez les Akélé est un rite de passage obligatoire, même si la décision au moment opportun est laissée au libre choix du candidat. Il est le strate préliminaire qui conduit à d'autres initiations. Il faut cependant noter que chakouè ne constitue pas forcément la première initiation de l’impétrant car en amont il y a des rites dits « rites des profanes ».

Matcholé et Makoma. Ces deux rites préparent l’impétrant à accéder à un savoir initiatique. Chakouè nécessite du candidat, force et courage et détermination.

Mungala ou Mangala est un rite initiatique réservé exclusivement aux hommes. C'est un rite de réjouissance et de deuil impliquant la circoncision. Il se pratique lors des naissances des jumeaux et est présent chez les peuples du sud-est du Gabon.

Ondoukoué est un rite initiatique strictement réservé aux hommes, mais sélectif. Pour y être admis, il fallait répondre à certains critères tels la robustesse et appartenir au clan fondateur de ce rite lequel formait des guerriers. Aujourd’hui ce n'est plus le cas.

Léchembé est un rite initiatique strictement réservé aux jeunes femmes.

Démographie

[modifier | modifier le code]

Selon Albert YANGARI anthropologue Ungom dans son Dictionnaire des Noms des Personnes souligne que l'on retrouve, le Peuple[5] appelé Akélé en grand nombre dans le Moyen-Ogooué à savoir dans les lacs du sud sous le Ntombolo, en dans le l'Ogooué amont dans le district de Makouké et le village Maguiéla, en aval et en amont du fleuve Ngounié précisément dans les village : Sindara, Lékita, Massassike, Meyeng, Bellevue, Lessobélia et Lézinda sous le nom Bakélé qui est selon François NGOLET (1994) un ethnonyme qui est une fabrication de l'administration coloniale.

Vocabulaire Akélé

[modifier | modifier le code]
  • odiěmiamě : bonjour (le matin)
  • abembi : longue durée, longtemps
  • gwěkě : le premier
  • madimilia : le dernier
  • ladinh : aimer, adorer
  • anyambie : Dieu, Seigneur, Créateur.
  • béba diěmiamě: bonjour à tous (le matin)
  • mbolane : bonjour (après midi et le reste de la journée)
  • mitchang : comment vas-tu ?
  • mbiambe : bien
  • me naka gouěni : je t'aime
  • agombi : le temps
  • ntche : le pays
  • alinga : la robe
  • nwondô: le manioc
  • malote : les « casse-à-dents » (plat à base de manioc)
  • akondo : la carpe
  • akândâ : la banane plantain
  • ntyěnguě : la cuvette
  • ntchono : le vélo
  • ntchuwa : la mer, la plage
  • metchozo : les chaussures
  • nwoto : un
  • baba ou raba : deux
  • balale ou rararé : trois
  • banayi : quatre
  • batane : cinq
  • tane na nwoto : six
  • diomo : dix
  • mabomaba : vingt
  • lakike : la vie
  • anenge : île
  • jobu : le fer
  • alemba : l'image
  • "lakienhthě" : bébé, nourrisson
  • "langâkâ, muliě" : la tête
  • "ndokwě" : le marteau

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « La transmission intergénérationnelle est en train de s'interrompre, mais la génération en âge de procréer peut toujours utiliser la langue[1]. »

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c (en) « kélé », sur ethnologue.com
  2. « L'akélé », sur sorosoro.org, .
  3. « Ngolet, François - Persée », sur www.persee.fr (consulté le ).
  4. François Ngolet, « Inventing Ethnicity and Identifies in Gabon. The case of Ongom (Bakele) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 85, no 321,‎ , p. 5–26 (DOI 10.3406/outre.1998.3686, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Association culturelle Melembia-mangue Mewobe na Beliba (Akélé du Gabon) | Facebook », sur www.facebook.com (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • André Raponda-Walker, « Les Akélés », dans Les tribus du Gabon, Fenixx, (1re éd. 1924), epub (lire en ligne)
  • Hubert Deschamps, « Bongom (Akélé) et assimilés », dans Traditions orales et archives au Gabon : Contribution à l'ethno-histoire, Paris, Berger-Levrault, , pddf (lire en ligne), p. 128-133
  • (en) David E. Gardinier, Historical dictionary of Gabon, Metuchen (N.J.) - Londres, Scarecrow Press, (ISBN 9780810814356), p. 35-36
  • Élikia M'Bokolo, Noirs et blancs en Afrique équatoriale : les sociétés côtières et la pénétration française, vers 1820-1874, Paris, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, , 302 p. (ISBN 9782713207761)
  • Roselyne Mendoume, Unilinéarité ou bilinéarité dans le rattachement juridique de l'enfant chez les patrilinéaires (Fang, M'Pongwé, Akélé) (Mémoire de DEA), Paris, Université Paris 1, , 78 p.
  • François Ngolet, La dispersion Ongom-Bakele en Afrique centrale : Esquisse d'anthropologie historique (origines - vers 1930) (thèse), Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier III, , 3 vol.
  • (en) James Stuart Olson, « Bakèlè », dans The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, (ISBN 9780313279188), p. 57
  • Anges F. Fatanga-Atoz, Les peuples du Gabon occidental : Ng'omyènè, Shekiani, Bakèlè, Benga, Ngubi, Gisire, Varama, Lumbu, Vili et Fang pendant la première période coloniale (1839-1914), t. I : Le cadre institutionnel, Libreville, Éditions Raponda Walker, , 359 p. (ISBN 9782912776174)
  • Guthrie, Malcom (1953). B20 Kele group. In The Bantu languages of Western Equatorial Africa. Oxford: Oxford University Press
  • Jacquot, A. (1983). Les classes nominales dans les langues bantoues des groupes B10, B20, B30 (Gabon-Congo). Travaux et documents de l'ORSTOM, 157, Paris.
  • Patrick Mouguiama-Daouda, Contribution de la linguistique à l'histoire des peuples du Gabon : la méthode comparative et son application au bantu, Paris, Éditions du CNRS, (ISBN 2-271-06298-5)
  • Janny DIVAGOU IBRAHIM KUMBA, Le veuvage de l'épouse d'un maître initié, mère de jumeaux dans la société Akélé du Moyen-Ogooué. Université Omar Bongo - Maitrise en sociologie de la connaissance 2009