Le , le gouvernement rompt les relations diplomatiques des Kiribati avec la République de Chine (Taïwan) et reconnaît la République populaire de Chine[1]. Le , l'opposition organise une manifestation de protestation à Tarawa, et le chef de l'opposition (BTK), Titabu Tabane, promet de rétablir les relations avec Taïwan s'il remporte l'élection présidentielle début 2020[2]. Lorsque l'Assemblée législative siège le , pour la première fois depuis ce changement d'orientation diplomatique, le gouvernement de Taneti Maamau est privé de majorité parlementaire : Certains de ses députés ont formé un nouveau parti d'opposition, Kiribati d'abord (Kiribati Moa en gilbertin), mené par Banuera Berina, ancien président de Tobwaan Kiribati. Le parti Tobwaan Kiribati ne dispose plus que de vingt sièges sur quarante-six. Le BTK en a treize, et le parti Kiribati d'abord treize également[3].
Le gouvernement reporte alors le vote du budget, décision qui entraîne la démission du ministre des Finances, Natan Teewe. Le gouvernement bloque deux tentatives de mise à l'ordre du jour d'une motion de censure le , ce qui pousse l'opposition à déposer un recours devant la Cour suprême des Kiribati. Cette dernière juge le que les actions du gouvernement sont invalides, et que la motion de censure doit avoir lieu à la demande des députés[4]. Le même jour, l'Assemblée rejette le budget[5]. Deux jours plus tard le président de l'Assemblée, Tebuai Uaai, déclare subitement close la dernière session parlementaire avant les élections législatives à venir. Cette clôture de la session empêche l'Opposition de déposer à l'Assemblée une nouvelle motion de censure visant à destituer le gouvernement[6].
Initialement fixé au , le premier tour est reporté fin mars d'une semaine, en raison des mesures d'urgence prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19[7],[8],[9]. Les Kiribati sont à cette date l'un des rares pays au monde où le virus ne soit pas entré, et ont fermé leurs frontières, mais le système de santé du pays ne serait pas à même de faire face. La densité de la population dans des conditions parfois peu salubres à Tarawa-Sud, la capitale, ainsi que la forte proportion de maladies pulmonaires et cardiaques et de diabètes rendent beaucoup de Gilbertins particulièrement vulnérables et font craindre une propagation importante du coronavirus s'il venait à infecter certains habitants[10],[11].
Les Kiribati sont dotés d'un parlement unicaméral appelée Maneaba ni Maungatabu (littéralement « Maison commune de la montagne sacrée »), renouvelée tous les quatre ans. Cette assemblée est composée d'un total de 46 membres, dont 44 sont élus au scrutin direct selon une variante du scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans des circonscriptions de 1 à 3 sièges. Sept d'entre elles n'ont qu'un seul sièges à pourvoir, onze en ont deux, et cinq autres en ont trois[12].
Les électeurs sont ainsi munis d'autant de voix que de sièges à pourvoir dans leurs circonscription, et peuvent les répartir aux candidats de leurs choix. Au premier tour, les candidats des circonscriptions uninominales sont élus selon la forme classique de ce mode de scrutin : un candidat est élu s'il recueille la majorité absolue. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête, et celui réunissant le plus de suffrages est élu.
Dans les circonscriptions de deux ou trois sièges, cependant, les candidats doivent pour être élus arriver en tête et recueillir seuls au moins 25 % des suffrages. S'il reste des sièges à pourvoir passé le premier tour, un second est organisé entre les candidats arrivés en tête, à raison d'autant de candidats que de sièges, plus deux. Le ou les candidats arrivés en tête sont alors élus[13].
Enfin, un membre est élu au suffrage indirect par le Conseil des chefs de la communauté banaba de l'île de Rabi, tandis que le Procureur général devient membre ex officio s'il n'est pas déjà député, portant le total des membres de l'assemblée à 46. Le président de l'assemblée est quant à lui désigné en dehors des membres de cette dernière. N'étant pas député, il ne participe pas aux votes[14].
Il y a cent-dix-huit candidats, dont sept femmes. Parmi elles, Tessie Lambourne, ambassadrice des Kiribati à Taïwan jusqu'à la rupture des relations diplomatiques gilbertines avec ce pays[7].
Le nouveau parti d'opposition Kiribati d'abord (KM) remporte une courte majorité absolue des sièges. Le parti présidentiel (Tobwaan Kiribati) ne dispose plus que de douze sièges[16].
À la mi-mai, le BTK et Kiribati d'abord s'assemblent en un nouveau parti s'appelant Boutokaan Kiribati Moa (BKM) et présidé par Tessie Lambourne. Au 22 mai, lorsque la nouvelle assemblée siège pour la première fois, une dizaine de députés d'opposition ont rejoint le parti Tobwaan Kiribati, qui dispose ainsi de vingt-deux sièges, le BKM en ayant vingt-deux également[17],[18].
La nouvelle assemblée se réunit pour la première fois le . Tangariki Reete, membre du BTK et ancienne ministre des Femmes, de la Jeunesse et des Affaires sociales, battue dans sa circonscription de Betio à ces élections législatives, est la candidate de l'opposition pour la présidence du Parlement. Elle est élue à cette fonction avec 25 voix contre 19 pour le président de l'assemblée sortante, Tebuai Uaai, soutenu par le parti Tobwaan Kiribati[21].
Le même jour, les députés sélectionnent deux candidats ainsi autorisés à se présenter à l'élection présidentielle qui se tiendra le : le président sortant Taneti Maamau (Tobwaan Kiribati) et Banuera Berina, candidat de l'opposition[22]. Taneti Maamau est réélu avec 59,3 % des voix[23].
Ayant remporté peu de sièges pour son parti Tobwaan Kiribati aux élections législatives, le président Maamau fait la part belle à des députés élus sous les couleurs de l'opposition, et notamment du parti Kiribati d'abord, lorsqu'il nomme son nouveau gouvernement début juillet[24],[25].
David Christopher, le représentant nommé au Parlement par le Conseil de l'île de Rabi, meurt le [26].
Shiu Fung Jong, députée d'opposition de Tarawa-Sud, meurt en juin 2023[27]. Tebuai Uaai, candidat de la majorité, remporte l'élection partielle pour lui succéder[28].
↑Le député Uriam Iabeta est mort le 4 juin 2019. La fin de la législature approchant, il n'est pas remplacé. (en) "Members of the 11th Parliament 2016 - 2020", Parlement des Kiribati.