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Gentilé des habitants de [[Mandeure]], département du [[Doubs (département)]], région [[Franche-Comté]]. [[Mandeure]] est une très ancienne cité gauloise dénommée [[Epomanduodurum]] où subsiste d'importants vestiges de l'époque romaine et gallo romaine, notamment un amphithéatre<ref>[http://mandeure.archéologie.free.fr/Le Site Archéologique de Mandeure, ville antique]</ref> L'étymologie de Mandubien tient ses racines dans le terme celtique "man", signifiant "Lichen" ou selon la langue celtique écossaise "Terre de lichen" avec l'adjonction du "dubis", nom celtique de la rivière Doubs. Le nom de mandubien signifie donc "habitant des sources du Doubs"<ref>[http://Epomanduodurum|Epomanduodurum]</ref>. |
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==Controverse d'Alésia== |
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Les '''Mandubiens''' (en latin '''''Mandubii''''') sont un [[Gaulois (peuples)|peuple gaulois]], cité par [[Jules César]], dont la capitale est [[Alésia]]<ref>César, ''De bello Gallico'', VII, 68 : ''« Fugato omni equitatu Vercingetorix copias, ut pro castris collocaverat, reduxit protinusque Alesiam, quod est oppidum Mandubiorum, iter facere coepit celeriterque impedimenta ex castris educi et se subsequi iussit. » Voyant toute sa cavalerie en fuite, Vercingétorix fit rentrer les troupes dans le camp et prit aussitôt le chemin d'Alesia, oppidum des Mandubiens; en même temps, il se fait suivre avec ses bagages. ''</ref>{{,}}<ref>[http://www.magister.msk.ru/library/babilon/latin/caesar01.htm C. IULI CAESARIS COMMENTARIORUM DE BELLO GALLICO], en ligne.</ref>{{,}}<ref>Le Gall (J.), ''Alésia ; archéologie et histoire'', Fayard (puis Errance à partir de 1990), Paris, 1963.</ref>{{,}}<ref name="Reddé">Reddé (M.), ''Alésia ; l'archéologie face à l'imaginaire'', Errance, Paris, 2003.</ref> et qui sont souvent<ref>Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », ''Revue archéologique de l'Est'', Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.</ref> considérés comme une fraction des [[Éduens]], dont le territoire correspondait approximativement à l'[[Auxois (région)|Auxois]]. |
Les '''Mandubiens''' (en latin '''''Mandubii''''') sont un [[Gaulois (peuples)|peuple gaulois]], cité par [[Jules César]], dont la capitale est [[Alésia]]<ref>César, ''De bello Gallico'', VII, 68 : ''« Fugato omni equitatu Vercingetorix copias, ut pro castris collocaverat, reduxit protinusque Alesiam, quod est oppidum Mandubiorum, iter facere coepit celeriterque impedimenta ex castris educi et se subsequi iussit. » Voyant toute sa cavalerie en fuite, Vercingétorix fit rentrer les troupes dans le camp et prit aussitôt le chemin d'Alesia, oppidum des Mandubiens; en même temps, il se fait suivre avec ses bagages. ''</ref>{{,}}<ref>[http://www.magister.msk.ru/library/babilon/latin/caesar01.htm C. IULI CAESARIS COMMENTARIORUM DE BELLO GALLICO], en ligne.</ref>{{,}}<ref>Le Gall (J.), ''Alésia ; archéologie et histoire'', Fayard (puis Errance à partir de 1990), Paris, 1963.</ref>{{,}}<ref name="Reddé">Reddé (M.), ''Alésia ; l'archéologie face à l'imaginaire'', Errance, Paris, 2003.</ref> et qui sont souvent<ref>Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », ''Revue archéologique de l'Est'', Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.</ref> considérés comme une fraction des [[Éduens]], dont le territoire correspondait approximativement à l'[[Auxois (région)|Auxois]]. |
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== Un peuple indépendant ou rattaché à ses voisins ?== |
== Un peuple indépendant ou rattaché à ses voisins ?== |
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[[image:Alise1.jpg|thumb|left|[[Site archéologique d'Alésia]] près d'[[Alise-Sainte-Reine]]. ]] |
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Selon Philippe Barral<ref>P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., ''Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale'', Errance, Paris, 2002, p. 279</ref> la localisation des Mandubiens « ne suscite plus désormais aucune critique sérieuse ». Pour [[Jérôme Carcopino]], les Mandubiens étaient des "Séquanes de l'Ouest"<ref>Carcopino (J.),"Alésia et les ruses de César", Paris,1958,p.144 </ref>, ce qui rendait possible de situer le combat de cavalerie ayant eu lieu la veille du siège en accord avec les textes de César, Plutarque, Dion Cassius et Strabon qui placent le combat de cavalerie chez les Séquanes. Mais cette thèse a été abandonnée après les travaux d'autres historiens et notamment ceux de E. Thevenot.<ref>E. Thevenot, "Le site d'Alésia et la frontière occidentale des Séquanes à l'époque de la guerre des Gaules" Les Etudes classiques, 27, 1959,p.151</ref> En revanche il subsiste nombre d’inconnues sur le statut de ce peuple et ses rapports avec ses voisins, les [[Éduens]] et les [[Lingons]], en particulier au premier siècle avant notre ère<ref> L’idée avancée par [[Jérôme Carcopino]] d’un rattachement aux Séquanes a été complètement abandonnée : P. Barral, ''op. cit''., 2002, p. 281</ref>. On place souvent les Mandubiens dans la dépendance éduenne<ref name="Barral">Barral (Philippe)¹, "Les Mandubiens : territoire, économie et culture" in ''Les Dossiers de l'archéologie'', n°305 (pp. 30-35), Faton, Dijon, 2005. (¹)Laboratoire de chrono-écologie, UMR 6565, CNRS, Université de Franche-Comté, FRANCE</ref>, et ils sont souvent<ref name="Barral"/>{{,}}<ref>Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », ''Revue archéologique de l'Est'', Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.</ref> considérés comme une fraction des [[Éduens]] située dans la région de l'[[Auxois (région)|Auxois]]<ref name="Reddé"/>{{,}}<ref>Les Dossiers de l'archéologie, n°305 (''Alésia ; Comment un oppidum gaulois est entré dans l'histoire''), Faton, Dijon, 2005.</ref>. En l’absence de texte, les analyses historiques ne peuvent se baser, pour répondre à la question, que sur la répartition et la typologie du matériel archéologique. À partir de l’analyse des monnaies trouvées sur le [[site archéologique d'Alésia]] à [[Alise-Sainte-Reine]], [[Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu]] supposa que les Mandubiens dépendaient des Lingons, cette analyse fut confortée par la présence de deniers de ''Kaletedu'' à Alise car on les attribuait au monnayage Lingon<ref>[[Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu]], « Le statut des ''Mandubii'' et le témoignage de la numismatique », ''Hommages à Marcel Renard'', t. III, collection Latomus, n° 103, Bruxelles, 1969, pp.146-153</ref>{{,}}<ref name="bmr-33" />. Cette attribution a toutefois été remise en question et pour Philippe Barral « rien ne permet à l’heure actuelle, dans la numismatique alisienne, d’affirmer que les Mandubiens se trouvaient dans l’orbite de l’un plutôt que de l’autre grand peuple de la zone bourguignonne, avant la conquête »<ref>P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., ''Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale'', Errance, Paris, 2002, pp. 281-282</ref>. La région présente aussi un faciès céramique particulier, visible dès le deuxième siècle avant notre ère dans l’oppidum d’Alise. L’originalité de la céramique mandubienne plaide donc pour une « relative indépendance, sinon politique, tout au moins économique et culturelle »<ref>P. Barral, ''op. cit''., 2002, p. 282</ref>. |
Après la reddition de [[Vercingétorix]] et des assiégés d'Alésia, l'oppidum des Mandubiens fut incendié, rasé, et détruit par les légions de César<ref> Bellum Gallicum, Commentaires de César sur la Guerre des Gaules, Livre VII, Chapitre 80</ref>, les Mandubiens survivants tués et ceux qui étaient encore valides donnés aux légionnaires ou vendus en esclavage. L'oppidum tomba dans l'oubli. Selon Philippe Barral<ref>P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., ''Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale'', Errance, Paris, 2002, p. 279</ref> la localisation des Mandubiens « ne suscite plus désormais aucune critique sérieuse ». Il présente une thèse situant les Mandubiens dans le pays des Eduens, alliés de César. Pour [[Jérôme Carcopino]], les Mandubiens étaient des "Séquanes de l'Ouest"<ref>Carcopino (J.),"Alésia et les ruses de César", Paris,1958,p.144 </ref>, ce qui rendait possible de situer le combat de cavalerie ayant eu lieu la veille du siège en accord avec les textes de César, Plutarque, Dion Cassius et Strabon qui placent le combat de cavalerie chez les Séquanes. Mais cette thèse a été abandonnée après les travaux d'autres historiens et notamment ceux de E. Thevenot.<ref>E. Thevenot, "Le site d'Alésia et la frontière occidentale des Séquanes à l'époque de la guerre des Gaules" Les Etudes classiques, 27, 1959,p.151</ref> En revanche il subsiste nombre d’inconnues sur le statut de ce peuple et ses rapports avec ses voisins, les [[Éduens]] et les [[Lingons]], en particulier au premier siècle avant notre ère<ref> L’idée avancée par [[Jérôme Carcopino]] d’un rattachement aux Séquanes a été complètement abandonnée : P. Barral, ''op. cit''., 2002, p. 281</ref>. On place souvent les Mandubiens dans la dépendance éduenne<ref name="Barral">Barral (Philippe)¹, "Les Mandubiens : territoire, économie et culture" in ''Les Dossiers de l'archéologie'', n°305 (pp. 30-35), Faton, Dijon, 2005. (¹)Laboratoire de chrono-écologie, UMR 6565, CNRS, Université de Franche-Comté, FRANCE</ref>, et ils sont souvent<ref name="Barral"/>{{,}}<ref>Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », ''Revue archéologique de l'Est'', Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.</ref> considérés comme une fraction des [[Éduens]] située dans la région de l'[[Auxois (région)|Auxois]]<ref name="Reddé"/>{{,}}<ref>Les Dossiers de l'archéologie, n°305 (''Alésia ; Comment un oppidum gaulois est entré dans l'histoire''), Faton, Dijon, 2005.</ref>. En l’absence de texte, les analyses historiques ne peuvent se baser, pour répondre à la question, que sur la répartition et la typologie du matériel archéologique. À partir de l’analyse des monnaies trouvées sur le [[site archéologique d'Alésia]] à [[Alise-Sainte-Reine]], [[Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu]] supposa que les Mandubiens dépendaient des Lingons, cette analyse fut confortée par la présence de deniers de ''Kaletedu'' à Alise car on les attribuait au monnayage Lingon<ref>[[Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu]], « Le statut des ''Mandubii'' et le témoignage de la numismatique », ''Hommages à Marcel Renard'', t. III, collection Latomus, n° 103, Bruxelles, 1969, pp.146-153</ref>{{,}}<ref name="bmr-33" />. Cette attribution a toutefois été remise en question et pour Philippe Barral « rien ne permet à l’heure actuelle, dans la numismatique alisienne, d’affirmer que les Mandubiens se trouvaient dans l’orbite de l’un plutôt que de l’autre grand peuple de la zone bourguignonne, avant la conquête »<ref>P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., ''Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale'', Errance, Paris, 2002, pp. 281-282</ref>. La région présente aussi un faciès céramique particulier, visible dès le deuxième siècle avant notre ère dans l’oppidum d’Alise. L’originalité de la céramique mandubienne plaide donc pour une « relative indépendance, sinon politique, tout au moins économique et culturelle »<ref>P. Barral, ''op. cit''., 2002, p. 282</ref>. |
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À partir du règne d’[[Auguste]] le statut des Mandubiens semble plus clair, et on considère en général comme acquis le rattachement de leur territoire à la cité des [[Lingons]] lors de l’organisation des Trois Gaules au plus tard<ref name="barral-279" />. La culture matérielle de l’Auxois se rapproche des productions des Lingons à partir de la moitié du {{Ier}} siècle avant notre ère. Les Mandubiens ne sont plus une cité autonome mais un ''[[pagus]]''<ref name="barral-279" />. Toutefois Monique Dondin-Payre a attiré l’attention des chercheurs sur la fragilité des témoignages [[épigraphie latine|épigraphiques]] sur lesquels on se base pour affirmer que les Mandubiens constituaient un ''pagus'' et considère qu'ils formaient une cité indépendante<ref>M. Dondin-Payre, « Magistrature et administration municipale dans les Trois Gaules », dans M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, ''Cités, Municipes, Colonies'', Publication de la Sorbonne, Paris, 1999, p. 201 et 213</ref>. Le dossier épigraphique des Mandubiens est en effet « problématique car il rassemble des inscriptions soit fragmentaires […], soit difficiles à localiser »<ref> L. Lamoine, « Autocélébration, mémoire et histoire des notables des cités des Gaules » dans M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine, F. Trément éd., ''Autocélébration des élites locales dans le monde romain'', P.U.B.P., Clermont-Ferrand, 2004, p. 448, n. 30. Les inscriptions qui peuvent mentionner le pagus des Mandubiens sont [[Corpus inscriptionum latinarum|''CIL'']] XIII, 2877 b,c,d et 11252</ref>. |
À partir du règne d’[[Auguste]] le statut des Mandubiens semble plus clair, et on considère en général comme acquis le rattachement de leur territoire à la cité des [[Lingons]] lors de l’organisation des Trois Gaules au plus tard<ref name="barral-279" />. La culture matérielle de l’Auxois se rapproche des productions des Lingons à partir de la moitié du {{Ier}} siècle avant notre ère. Les Mandubiens ne sont plus une cité autonome mais un ''[[pagus]]''<ref name="barral-279" />. Toutefois Monique Dondin-Payre a attiré l’attention des chercheurs sur la fragilité des témoignages [[épigraphie latine|épigraphiques]] sur lesquels on se base pour affirmer que les Mandubiens constituaient un ''pagus'' et considère qu'ils formaient une cité indépendante<ref>M. Dondin-Payre, « Magistrature et administration municipale dans les Trois Gaules », dans M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, ''Cités, Municipes, Colonies'', Publication de la Sorbonne, Paris, 1999, p. 201 et 213</ref>. Le dossier épigraphique des Mandubiens est en effet « problématique car il rassemble des inscriptions soit fragmentaires […], soit difficiles à localiser »<ref> L. Lamoine, « Autocélébration, mémoire et histoire des notables des cités des Gaules » dans M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine, F. Trément éd., ''Autocélébration des élites locales dans le monde romain'', P.U.B.P., Clermont-Ferrand, 2004, p. 448, n. 30. Les inscriptions qui peuvent mentionner le pagus des Mandubiens sont [[Corpus inscriptionum latinarum|''CIL'']] XIII, 2877 b,c,d et 11252</ref>. |
Version du 23 octobre 2013 à 17:29
Gentilé des habitants de Mandeure, département du Doubs (département), région Franche-Comté. Mandeure est une très ancienne cité gauloise dénommée Epomanduodurum où subsiste d'importants vestiges de l'époque romaine et gallo romaine, notamment un amphithéatre[1] L'étymologie de Mandubien tient ses racines dans le terme celtique "man", signifiant "Lichen" ou selon la langue celtique écossaise "Terre de lichen" avec l'adjonction du "dubis", nom celtique de la rivière Doubs. Le nom de mandubien signifie donc "habitant des sources du Doubs"[2].
Controverse d'Alésia
Les Mandubiens (en latin Mandubii) sont un peuple gaulois, cité par Jules César, dont la capitale est Alésia[3],[4],[5],[6] et qui sont souvent[7] considérés comme une fraction des Éduens, dont le territoire correspondait approximativement à l'Auxois.
Un peuple indépendant ou rattaché à ses voisins ?
Après la reddition de Vercingétorix et des assiégés d'Alésia, l'oppidum des Mandubiens fut incendié, rasé, et détruit par les légions de César[8], les Mandubiens survivants tués et ceux qui étaient encore valides donnés aux légionnaires ou vendus en esclavage. L'oppidum tomba dans l'oubli. Selon Philippe Barral[9] la localisation des Mandubiens « ne suscite plus désormais aucune critique sérieuse ». Il présente une thèse situant les Mandubiens dans le pays des Eduens, alliés de César. Pour Jérôme Carcopino, les Mandubiens étaient des "Séquanes de l'Ouest"[10], ce qui rendait possible de situer le combat de cavalerie ayant eu lieu la veille du siège en accord avec les textes de César, Plutarque, Dion Cassius et Strabon qui placent le combat de cavalerie chez les Séquanes. Mais cette thèse a été abandonnée après les travaux d'autres historiens et notamment ceux de E. Thevenot.[11] En revanche il subsiste nombre d’inconnues sur le statut de ce peuple et ses rapports avec ses voisins, les Éduens et les Lingons, en particulier au premier siècle avant notre ère[12]. On place souvent les Mandubiens dans la dépendance éduenne[13], et ils sont souvent[13],[14] considérés comme une fraction des Éduens située dans la région de l'Auxois[6],[15]. En l’absence de texte, les analyses historiques ne peuvent se baser, pour répondre à la question, que sur la répartition et la typologie du matériel archéologique. À partir de l’analyse des monnaies trouvées sur le site archéologique d'Alésia à Alise-Sainte-Reine, Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu supposa que les Mandubiens dépendaient des Lingons, cette analyse fut confortée par la présence de deniers de Kaletedu à Alise car on les attribuait au monnayage Lingon[16],[17]. Cette attribution a toutefois été remise en question et pour Philippe Barral « rien ne permet à l’heure actuelle, dans la numismatique alisienne, d’affirmer que les Mandubiens se trouvaient dans l’orbite de l’un plutôt que de l’autre grand peuple de la zone bourguignonne, avant la conquête »[18]. La région présente aussi un faciès céramique particulier, visible dès le deuxième siècle avant notre ère dans l’oppidum d’Alise. L’originalité de la céramique mandubienne plaide donc pour une « relative indépendance, sinon politique, tout au moins économique et culturelle »[19].
À partir du règne d’Auguste le statut des Mandubiens semble plus clair, et on considère en général comme acquis le rattachement de leur territoire à la cité des Lingons lors de l’organisation des Trois Gaules au plus tard[20]. La culture matérielle de l’Auxois se rapproche des productions des Lingons à partir de la moitié du Ier siècle avant notre ère. Les Mandubiens ne sont plus une cité autonome mais un pagus[20]. Toutefois Monique Dondin-Payre a attiré l’attention des chercheurs sur la fragilité des témoignages épigraphiques sur lesquels on se base pour affirmer que les Mandubiens constituaient un pagus et considère qu'ils formaient une cité indépendante[21]. Le dossier épigraphique des Mandubiens est en effet « problématique car il rassemble des inscriptions soit fragmentaires […], soit difficiles à localiser »[22].
Par la suite les Mandubiens sont détachés de la cité des Lingons et rattachés au territoire des Éduens. La date de transfert n’est pas connue avec certitude. Philippe Barral la situe dans les années qui suivent la mort de Néron, et en fait une conséquence de la rébellion des Lingons en 68-69[23] mais pour Jacky Bénard elle est plus tardive et le transfert a pu avoir lieu au Bas-Empire[17].
Notes,sources et références
- Site Archéologique de Mandeure, ville antique
- [1]
- César, De bello Gallico, VII, 68 : « Fugato omni equitatu Vercingetorix copias, ut pro castris collocaverat, reduxit protinusque Alesiam, quod est oppidum Mandubiorum, iter facere coepit celeriterque impedimenta ex castris educi et se subsequi iussit. » Voyant toute sa cavalerie en fuite, Vercingétorix fit rentrer les troupes dans le camp et prit aussitôt le chemin d'Alesia, oppidum des Mandubiens; en même temps, il se fait suivre avec ses bagages.
- C. IULI CAESARIS COMMENTARIORUM DE BELLO GALLICO, en ligne.
- Le Gall (J.), Alésia ; archéologie et histoire, Fayard (puis Errance à partir de 1990), Paris, 1963.
- Reddé (M.), Alésia ; l'archéologie face à l'imaginaire, Errance, Paris, 2003.
- Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », Revue archéologique de l'Est, Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.
- Bellum Gallicum, Commentaires de César sur la Guerre des Gaules, Livre VII, Chapitre 80
- P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale, Errance, Paris, 2002, p. 279
- Carcopino (J.),"Alésia et les ruses de César", Paris,1958,p.144
- E. Thevenot, "Le site d'Alésia et la frontière occidentale des Séquanes à l'époque de la guerre des Gaules" Les Etudes classiques, 27, 1959,p.151
- L’idée avancée par Jérôme Carcopino d’un rattachement aux Séquanes a été complètement abandonnée : P. Barral, op. cit., 2002, p. 281
- Barral (Philippe)¹, "Les Mandubiens : territoire, économie et culture" in Les Dossiers de l'archéologie, n°305 (pp. 30-35), Faton, Dijon, 2005. (¹)Laboratoire de chrono-écologie, UMR 6565, CNRS, Université de Franche-Comté, FRANCE
- Benard (J.), « L'agglomération de l'Oppidum d'Alésia à la Tène D2 : un exemple de proto-urbanisation en Gaule », Revue archéologique de l'Est, Dijon, 1997, vol. 48, pp. 119-165.
- Les Dossiers de l'archéologie, n°305 (Alésia ; Comment un oppidum gaulois est entré dans l'histoire), Faton, Dijon, 2005.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Le statut des Mandubii et le témoignage de la numismatique », Hommages à Marcel Renard, t. III, collection Latomus, n° 103, Bruxelles, 1969, pp.146-153
- J. Bénard, M. Mangin, L. Roussel, Les agglomérations antiques de Côte-d’Or, Besançon, 1994, p. 33
- P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel, « Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématique et éléments de réponse » dans D. Garcia et F.Verdin dir., Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale, Errance, Paris, 2002, pp. 281-282
- P. Barral, op. cit., 2002, p. 282
- P. Barral, op. cit., 2002, p. 279
- M. Dondin-Payre, « Magistrature et administration municipale dans les Trois Gaules », dans M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Cités, Municipes, Colonies, Publication de la Sorbonne, Paris, 1999, p. 201 et 213
- L. Lamoine, « Autocélébration, mémoire et histoire des notables des cités des Gaules » dans M. Cébeillac-Gervasoni, L. Lamoine, F. Trément éd., Autocélébration des élites locales dans le monde romain, P.U.B.P., Clermont-Ferrand, 2004, p. 448, n. 30. Les inscriptions qui peuvent mentionner le pagus des Mandubiens sont CIL XIII, 2877 b,c,d et 11252
- P. Barral, op.cit., 2002, p. 280