« Aktion T4 » : différence entre les versions
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| auteur = Emmanuel Le Roy Ladurie |
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== Origines idéologiques == |
== Origines idéologiques == |
Version du 19 mai 2012 à 13:14
Aktion T4 est la désignation courante, utilisée après la Seconde Guerre mondiale, pour la campagne systématique d'assassinat par le régime nazi de handicapés mentaux ou physiques. Au sens strict, elle ne concerne que les assassinats au moyen de chambres à gaz, mais la plupart des auteurs y incluent l'élimination des malades mentaux par la famine, des injections médicamenteuses létales ou d'autres méthodes. Bien qu'elle soit effectuée à l'insu des proches des patients concernés, et qu'elle n'ait pas pour but de mettre fin à des souffrances mais bien d'éliminer des individus considérés par les nazis comme une charge pour la société, cette campagne est également connue sous le nom de « programme d'euthanasie ».
Mise en œuvre à la demande expresse d'Adolf Hitler, l'« Aktion T4 » au sens strict dure officiellement de janvier 1940 à août 1941, mais les assassinats se poursuivent jusqu'à la fin du régime nazi.
Terminologie
Le terme Aktion T4 apparaît après 1945 ; il est dérivé de l'adresse du bureau central de l'opération, situé au n° 4 de la Tiergartenstrasse à Charlottenburg, un des quartiers résidentiels de Berlin[1]. Dans les archives fédérales allemandes, les dossiers relatifs à cette campagne de meurtres sont répertoriés sous le titre de Euthanasie-Akten (documents relatifs à l'euthanasie) ou Euthanasie-Verbrechen-Zentralarchiv (Archives centrales de crimes d'euthanasie)[1]. Dans son ordre écrit du 1er septembre 1939 à Karl Brandt et Philipp Bouhler, Adolf Hitler emploie le terme de Gnadentod, que l'on peut traduire par mort miséricordieuse[2].
De nombreux auteurs utilisent le terme d'euthanasie lorsqu'ils évoquent l'Aktion T4, mais cet usage est contesté par Michael Tregenza : « Les nazis utilisaient le mot euthanasie, qui signifie habituellement l'acte ou la pratique consistant à donner la mort sans douleur. [...] Il s'agit ici de rien de moins qu'un meurtre sous couvert d'euthanasie[3] ». Si Raoul Hilberg emploie le terme « euthanasie » qu'il considère comme étant la préfiguration conceptuelle en même temps que technique et administrative de la « Solution finale », il place ce terme entre guillemets et utilise également la notion d'holocauste psychiatrique[4]. Richard J. Evans place lui aussi le terme « euthanasie » entre guillemets[5] ou évoque un programme d'euthanasie forcée[6]. Quant à Ian Kershaw, il qualifie l'appellation du programme d'action d'euthanasie d'euphémisme[7].
Pour qualifier les six centres où sont exécutées les victimes, Tregenza préfère l'expression « centre de gazage » à celle « d'institution d'euthanasie »[3].
Dans un article du Monde Diplomatique datant de 2005[8], Suzanne Heim qualifie explicitement l'Aktion T4 d'euthanasie.
Origines idéologiques
Comme le souligne Ian Dowbiggin, les origines des mouvements en faveur de l'euthanasie aux États-Unis et en Europe sont antérieures au Troisième Reich et étroitement liées à l'histoire de l'eugénisme et du darwinisme social[9].
Dès la fin du XIXe siècle, les théories développées par Charles Darwin sont interprétées pour justifier l'application à l'homme du principe de la survie du plus fort, dans le courant du darwinisme social.
Le zoologiste Ernst Haeckel est le premier à appliquer aux être humains l'expression de lutte pour la vie ; en 1895, le juriste allemand Adolf Jost, dans son ouvrage Le droit à la mort demande que les malades mentaux soient tués ; toujours en Allemagne, Alfred Ploetz, fondateur en 1905 de la Société pour l'hygiène de la race, s'appuie sur la pensée de Friedrich Nietzsche, pour justifier l'assassinat des nouveau-nés chétifs et malformés. De telles idées se développent également en Grande-Bretagne[10].
En 1920, l'ouvrage Die Freigabe der Vernichtung lebensunwerten Lebens (L'autorisation de l'annihilation de la vie dénuée de valeur) de Karl Binding et Alfred Hoche propage en Allemagne les concepts de « semi-humains », « esprits morts », « avariés » et « existences superflues »[11]. Les deux auteurs, respectivement juriste et psychiatre, réclament « l'élimination des malades incurables et des fous à la demande de leurs parents ou d'une commission composée de deux médecins et de deux juristes qui auraient examiné en profondeur le dossier de la personne concernée. Parmi les raisons évoquées - et par la suite reprises par les nazis - figurait la nécessité d'éviter de dépenser un argent qui pourrait servir autrement à des fins « productives » »[12].
Lors de la publication de l'ouvrage, l'écrasante majorité des médecins allemands rejette l'euthanasie, mais l'idée de mettre à mort des malades se propage dans l'opinion : en 1922, une revue de droit pénal publie un projet de loi sur la suppression des malades mentaux, et en 1925, une enquête menée auprès de théologiens fait apparaître que certains d'entre eux considèrent qu'il est inutile d'aider médicalement les enfants attardés[10]. En Autriche, lors de la fondation de l'Association viennoise pour l'hygiène raciale en 1924, son président déclare que « c'est seulement si nous favorisons le fort, celui qui est apte à la vie, et si nous anéantissons celui qui est inapte à la vie, comme l'exige la Nature, que nous encouragerons cette hygiène utile à la collectivité »[13].
« L'érection de la dictature, à partir de 1933, avait autorisé le corps des médecins et des psychiatres à penser l'impensable. Des points de vue minoritaires, contraints même dans une démocratie qui battait de l'aile, purent alors devenir l'idéologie dominante »[12]. Le mouvement eugéniste, avec son idéologie bio-médicale, avait une grande influence en Amérique et en Europe avant l'arrivée des nazis au pouvoir, il a trouvé à ce moment en Allemagne des conditions favorables à la mise en œuvre ses propositions les plus radicales[14], [15].
Propagande et endoctrinement
Dès 1929, lors d'un rassemblement du parti nazi à Nuremberg, Hitler ne cache pas son souhait de mesures radicales pour préserver la « force ethnique » (Volkskraft) du peuple allemand.
« Si l'Allemagne devait avoir un million d'enfants par an et se défaire des sept cents ou huit cents mille les plus faibles d'entre eux, il en résulterait peut-être au final un accroissement général de notre force. »
— Adolf Hitler, 1929[16]
Annoncée dans Mein Kampf, la volonté de Hitler de stériliser les patients atteints d'une maladie héréditaire se traduit le 14 juillet 1933 par la loi sur la stérilisation forcée[17]. Cette législation ne suscite pas d'autre opposition que celle de l'Église catholique, qui la juge contraire à l'encyclique Casti connubii[18].
À partir de 1933, une intense campagne de propagande utilisant films, livres, brochures et affiches est lancée sur le coût que représentent les malades mentaux : on affirme notamment qu'un patient hospitalisé dans un asile coûte 5,5 Reichsmarks par jour, cette somme suffisant aux besoins d'une famille avec trois enfants en bonne santé[19].
Entre 1935 et 1937, l'Office politique et racial national-socialiste (NS-Rasse und Politisches Amt) produit cinq films muets comportant « des scènes propres à horrifier le public allemand et à le convaincre de la nécessité d'éliminer la lie de la société pour le bien de la population tout entière »[17]. Réalisé en 1936, Erbkrank (maladie héréditaire) est tellement apprécié par Hitler qu'il en commande une suite avec une bande son, Opfer der Vergangenheit (Victime du passé), diffusée en 1937 dans tous les cinémas allemands[17],[N 1]. On peut également citer Mission et Conscience, J'accuse ou Une existence sans vie, qui se termine par la phrase « N'est-ce pas l'exigence de la charité : délivre ceux que tu ne peux guérir ! »
L'enseignement est également mis à contribution. Le manuel de mathématiques destiné aux élèves des écoles primaires supérieures pour l'année scolaire 1936, pose le problème suivant : « La construction d'un asile d'aliénés coûte six millions de marks. Combien de nouvelles habitations à 15 000 marks pourrait-on construire avec cette somme? »[20]. La presse et le public sont encouragés à se rendre dans les asiles de leur région, où « de grotesques étalages des pires cas de maladie mentale et de malformations furent organisés »[21].
Décision
Le programme d'extermination des personnes handicapées est envisagé par Hitler de longue date : il l'évoque en 1933 avec Karl Brandt et Hans Heinrich Lammers[16] ; le projet est mis en veilleuse en temps de paix, avant d'être mis en œuvre lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de radicalisation idéologique[22].
En 1936, les projets d'exterminatioon des malades mentaux se heurtent à l'opposition de ministre de la Justice Franz Gürtner qui estime qu'il est impensable de mettre en œuvre une campage d'euthanasie sans pendre les mesures juridiques indispendables sauf à « porter atteinte aux fondements mêmes des enseignements apportés à l'humanité par de christianisme : ce serait la concrétisation des idéèes nietzschéennes » ; cette position est partagée par la commission sur le droit pénal du Ministère de la Justice, dont un rapport, également daté de 1936, précise « qu'il ne peut aucunement être question d'autoriser l'extermination des prétendues vies indignes d'être vécues » ; elle est également suivie par certains médecins, comme à la clinique universitaire de Heidelberg dont un des professeurs, Carl Schneider, déclare que « la profession médicale ne consisterait alors plus à soigner, mais à exécuter »[23]. Les préparatifs se poursuivent toutefois, comme en témoigne l'inspection, au cours de l'été 1938, du château de Harteim effectuée par une délégation de responsables du parti nazi et de la SS sous la conduite de Viktor Brack[24].
En juillet 1939, lors d'une réunion entre Leonardo Conti, Hans Heinrich Lammers et Martin Bormann chef de la chancellerie du parti nazi, Hitler envisage l'extension des mesures de destruction des « vies sans valeur » déjà mises en œuvre pour les enfants handicapés et d'incorporer malades psychiques adultes au programme d'assassinat[25].
« Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d'étendre les attributions de certains médecins à désigner nominativement. Ceux-ci pourront accorder une mort dite miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible. »
— Adolf Hitler, le [26]
Rédigé au cours du mois d'octobre mais antidaté, l'« autorisation » de Hitler ne repose sur aucune base juridique, mais son application traduit chez les exécutants la notion de « travailler en direction du Führer » développée par Ian Kershaw[27]. Refusant de promulguer une loi en la matière, parce qu'il craint la mise en place d'une bureaucratie pesante et des contraintes juridiques, Hitler se limite à donner une « permission » écrite[N 2] en dehors du cadre gouvernemental : le ministre de la Justice Franz Gürtner n'en reçoit copie que le 27 août 1940, mais estime que la volonté du Führer a force de loi[28] , [N 3].
Plusieurs projets de loi à la rédaction desquels Reinhard Heydrich participe, sont rédigés après l'ordre de Hitler, pour être abandonnés en octobre 1940 : pour Hitler, une loi en la matière ne peut être envisagée qu'après la victoire, pour éviter d'éventuelles réactions de l'ennemi[20]. Après la mort de Gürtner, les responsables de plus hautes juridictions du Reich sont informés de l'Aktion T4 lors d'un séminaire organisé à Berlin les 23 et 24 avril 1941 : malgré l'absence de toute base légale, ils ne désapprouvent pas l'opération et conviennent que toute plainte à ce sujet ne doit pas être instruite localement, mais envoyée au ministère de la Justice du Reich[29].
Organisation et personnel
Afin de garder le caractère secret de l'Aktion T4, Hitler n'en confie la responsabilité ni au Secrétaire d'État à la Santé du ministère de l'Intérieur, Leonardo Conti, ni à la chancellerie du Reich, dirigée par Lammers, ni à la Chancellerie du NSDAP, dirigée par Martin Bormann, mais à la Chancellerie du Führer, placée sous la responsabilité de Philipp Bouhler[30].
Créée en 1934 pour traiter les courriers qui lui sont adressés à titre personnel par des membres du parti, et les deux cent cinquante mille lettres qu'il reçoit à la fin des années 1930, il s'agit d'un organisme sans grand pouvoir[30]. Mais Hitler sait pouvoir compter sur la loyauté sans faille de Bouhler, son efficacité, son attachement fanatique au parti nazi et pouvoir utiliser son ambition. Sour les ordres de Bouhler, Viktor Brack, encore plus ambitieux que son supérieur et ancien participant au Putsch de la brasserie, est également idéologiquement sûr. Le bureau qu'il dirige l'Amt II (Hauptamt à partir de 1939), comporte notamment une section IIb, placée sous la responsabilité de Hans Hefelmann, qui traite notamment des demandes relatives au Ministère de l'Intérieur, y compris les questions sensibles de la compétence des services de santé[30].
Sur base d'instructions orales donnée par Hitler à son médecin personnel, Karl Brandt et à Boulhler, et peut-être à la suggestion de ceux-ci, Hefelman entame des discussions avec des médecins notoirement favorables à l'euthanasie et met en place une organisation destinée à camoufler l'assassinat d'enfants handicapés : la commission du Reich pour l'enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves (Reichsausschuss zur wissenschaftlichen Erfassung erb- und anlagebedingter schwerer Leiden)[31].
Ayant eu vent de la réunion du mois de juillet entre Hitler et Leonardo Conti, Brack craint de voir le contrôle de l'opération lui échapper. Il demande donc à Hefelman d'établir un bref mémoire statistique sur les patients internés dans des asiles et de le transmettre à Bouhler; Celui-ci obtient rapidement l'accord de Hitler pour que Brack puisse étendre ses opérations à des patients adultes, pour autant qu'elles se déroulent dans le secret le plus absolu, via une solution totalement non bureaucratique et en tenant le Ministère d'Intérieur à l'écart[25]. Le nombre des patients concernés étant estimé à 60 000, le maintien de secret nécessite la mise en place de nouvelles sociétés de camouflage. L’Association des asiles du Reich, chargé de distribuer les questionnaires d'évaluation des patients, la Fondation d'utilité publique pour la gestion des asiles, responsable de la gestion du personnel et des aspects financiers, et la Société d'utilité publique pour le transport des patients (Gekrat), sont créées, placées sous la direction de Brack : elle s'installent toutes les trois au n° 4 de la Tiergartenstrasse[25]. Outre Brandt, Brack et Bouhler, l'organisation dispose à ce moment de cent quatorze personnes[25]. Le personnel engagé pour « supprimer les bouches inutiles », à l’administration centrale ou dans les centres de gazage, ne fait l'objet d'aucune contrainte et les médecins qui refusent d'y participer ne voient pas leur carrière en souffrir ; ceux qui ne désirent plus collaborer à l'Aktion T4, ne font l'objet d'aucune sanction, ou de sanctions mineures[29]. « Presque tous ceux qui furent sollicités se déclarèrent prêts à s'engager. En dehors des avantages financiers, des possibilités d'avancement, ou de la fierté de participer à un projet secret, une certaine conception de l'obéissance a pu jouer un rôle : on était disposé à accepter sans examen critique, comme obligatoires, des instructions à partir du moment où elles venaient « d'en haut » »[32]. Cette adhésion au projet d'euthanasie forcée peut également découler du fait que le corps médical est la profession la plus nazifiée du Reich : plus de 50% des médecins sont membres du parti nazi, de la SA et de la SS[33].
Pour régler les aspects techniques des assassinats, Brack fait appel à Christian Wirth, chef de la police criminelle de Stuttgart[4].
Sélection des victimes
En mars 1938, les asiles psychiatriques allemands comptent environ 250 000 lits, dont 70 000 à 80 000 sont occupés par des internés en permanence ; ils emploient 2 000 médecins et 40 000 infirmières[34].
Le recensement de tous les établissements thérapeutiques dont certains patients pourraient être concernés par l'opération d'euthanasie forcée est effectué sur base d'une circulaire de Leonardo Conti du 21 septembre 1939 ; le 9 octobre 1939, une nouvelle circulaire de Conti ordonne aux responsables des établissements de compléter des formulaires pour chaque patient[35]. D'après les données des formulaires, les médecins de l'Aktion T4 répartissent les patients en trois groupes :
- tous les patients souffrant de schizophrénie, d'épilepsie, de sénilité, de paralysie incurable et d'autres maladies syphilitiques, de faiblesse d'esprit, d'encéphalite, de la maladie de Huntington et de tous autres troubles neurologiques dans leurs phases finales.
- tous les patients hospitalisés depuis au moins cinq ans
- tous les patients internés comme aliénés criminels, les étrangers, et ceux qui étaient visés par la législation raciste nationale-socialiste[35].
Le premier groupe est ensuite « ramené aux malades incapables de travailler ou qu'on ne pouvait employer qu'à un travail machinal », comme le précise le 26 juillet 1940 Herbert Linden, pour qui « il y a lieu de déclarer plutôt trop de malades que pas assez »[35]. Ce critère de capacité au travail génère un effet paradoxal : dans un premier temps, de nombreux responsables d'asiles, craignant que leurs patients capables de travailler ne soient mobilisés pour l'économie de guerre, en classent le plus grand nombre possible dans la catégorie des « inaptes au travail »[35]. Lorsque le sort des « inaptes au travail » devient connu, la démarche inverse est souvent adoptée : des médecins d'institutions psychiatriques recensent dans la catégorie des « aptes au travail » tous les malades qui en présentent la moindre apparence. Cette démarche fait l'objet d'un contrôle de la part de l'administration de l'Aktion T4 : quand le nombre des aptes au travail est jugé excessif, une commission de contrôle est envoyée sur place. Dirigées par des collaborateurs médicaux expérimentés de l'Aktion T4, elles sont composées de jeunes médecins fidèles au parti mais tout à fait inexpérimentés, ou d'étudiants en médecine, ainsi que de secrétaires dactylographes : leurs membres n'examinent aucun patient, mais se contentent de vérifier le contenu des formulaires et d'interroger le personnel soignant, sans tenir compte des objections de celui-ci[35].
Les formulaires sont examinés par des membres de l'administration centrale de l'Aktion T4, qui prennent comme principal critère celui de l'aptitude au travail[36] ; sans avoir vu les patients, et sans aucune compétence psychiatrique, ils marquent les formulaires des futures victimes d'une croix, ce qui leur vaut le surnom de Kreuzelschreiber (faiseurs de croix)[37]. Les cas difficiles à trancher, comme ceux des anciens combattants de la Première Guerre mondiale sont soumis Viktor Brack, sous le pseudonyme de Jennerwein[36]. Lorsque certains responsables d'institutions psychiatriques refusent de remplir les questionnaires, conscient de sa véritable finalité, les médecins de l'Aktion T4 s'en chargent à leur place, sans le moindre contact avec les patients concernés. La plupart des victimes sélectionnées ne souffrent pas d'une maladie mortelle et aucune d'entre elles ne souhaite mourir[37].
Dès le début de l'Aktion T4, les patients juifs font l'objet d'un sort particulier : concentrés dans quelques asiles, ils sont presque tous gazés à Brandebourg-sur-la-Havel à partir de juillet 1940[38], [N 4].
Transport vers les centres de gazage
Les victimes sont transportées vers les centres de gazage par des autocars aux vitres obstruées : souvent, à l'arrivée des camions, les patients se réfugient dans les greniers, les jardins ou les annexes des asiles, d'où il faut les déloger[37], et dans bien des cas la violence est employée pour les faire monter dans les véhicules[39]. Une équipe de transport de la Gekrat, comportant trois ou quatre chauffeurs avec leurs autocars est affectée à chaque « institut d'eutahnasie ». Les convois sont dirigés par un membre de la Gekrat, un employé de l'Aktion T4 ou un médecin d'un centre de gazage : ils embarquent les malades avec leurs papiers et effets personnels transportables. Certains chefs de convoi acceptent parfois de laisser des malades à l'asile, mais habituellement ils exigent que le nombre initialement prévu soit respecté et qu'on leur livre des « remplaçants »[39].
Afin de brouiller les pistes, à partir de l'automne 1940, les malades ne sont plus transférés directement vers les « instituts d'euthanasie », mais transitent par des établissements intermédiaires[37]. Dans tous les cas, les familles ne sont averties du transfert qu'après que celui-ci ait eu lieu, en gardant la destination secrète ; le courrier précise également que les visites ne sont pas autorisées et qu'aucun renseignement ne peut être donné « en raison du manque de personnel dû à la guerre et du surcroît de travail qui en résulte »[39].
Centres de gazage et techniques d'assassinat
Les centres de gazage
Entre 1939 et 1941 six centres de gazage sont mis en place dans le Reich.
Centre de gazage de l'Aktion T4 | Nom de code | Nombre de victimes[40]. | Période de fonctionnement |
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Grafeneck | A | 10 654 | 20 janvier 1940 - décembre 1940 |
Brandebourg-sur-la-Havel | B | 9 772 | 8 février 1940 - octobre 1940[N 5] |
Schloss Hartheim | C | 18 269 | 6 mai 1940 - décembre 1944 |
Pirna-Sonnenstein | D | 13 720 | juin 1940 - septembre 1942 |
Bernburg | B | 8 601 | 21 novembre 1940 - 30 juillet 1943 |
Hadamar | E, puis A[N 6]. | 10 072 | janvier 1941 - 31 juillet 1942 |
Chaque centre est dirigé par un médecin dont on n'exige aucune expérience en psychiatrie ou en neurologie. Il a sous ses ordres un ou plusieurs médecins assistants, en général fraîchement diplômés et dépourvus de formation ou d'expérience psychiatriques[41] et du personnel infirmier. L'essentiel du processus d'assassinat est effectué par un détachement de SS.
Les techniques d'assassinat
Le monoxyde de carbone, déjà utilisé en Pologne, est choisi comme méthode d'assassinat de préférence à l'empoisonnement médicamenteux, après une démonstration réalisée à Brandenburg ; le gaz est fourni par IG-Farben sur base d'une simple commande par téléphone, et livré via l'intermédiaire de l'institut technique de criminologie de la Kripo[29].
Les exécuteurs
Les opérations de camouflage
Protestations et arrêt « officiel » de l'Aktion T4
Malgré les efforts des autorités nazies pour garder secrète l'Aktion T4, des rumeurs se propagent et des protestations individuelles s'élèvent rapidement. Des habitants d'Hadamar remarquent que de la fumée s'échappe des cheminées de l'institution peu après l'arrivée de chaque convoi et entendent des membres du personnel du centre d'exécution parler de leur travail ; les familles des victimes sont de plus en plus nombreuses à faire le lien entre le transfert de leurs proches dans un des six centres de gazage et leur décès immédiat[42]. Des bureaux spéciaux sont mis en place pour dissimuler le caractère systématique des assassinats, en falsifiant les dates et lieux des décès : mais des erreurs se produisent. Des familles reçoivent des urnes funéraires vides, d'autres sont averties que leurs proches sont décédés d'une appendicite aiguë, alors qu'ils avaient déjà été opérés[37].
Des fonctionnaires du ministère de la Justice, des magistrats et des procureurs s'étonnent de la fréquence anormale des décès dans les institutions psychiatriques. Un juge du Brandebourg, Lothar Kreyssig, spécialisé dans les affaires de tutelle écrit au ministre Franz Gürtner pour protester contre un « programme de meurtre de masse illégal et immoral » : celui-ci lui répond que « Si vous ne reconnaissez pas la volonté du Führer comme une source de la loi, comme une base de la loi, vous ne sauriez rester juge »[28]. Kreyssig est ensuite convoqué par Roland Freisler, le plus haut fonctionnaire du ministère de la Justice, qui lui confirme que les meurtres sont exécutés sur ordre de Hitler. Cela ne l'empêche pas d'écrire aux directeurs des hôpitaux psychiatriques de son district pour leur faire savoir que le transfert de patients vers les centres d'assassinat sont illégaux et passibles de poursuites : cette attitude persistante lui vaut une mise à la retraite forcée en décembre 1941[43]. Des médecins, des pasteurs et un évêque de l'Église protestante, Mgr Theophil Wurm, s'élèvent également à titre individuel contre la campagne d'assassinat, mais leurs critiques restent inconnues de la population allemande[44].
C'est de l'Église catholique allemande, pourtant peu critique envers le régime nazi depuis la signature du concordat du 20 juillet 1933[45], que vient la première protestation publique qui connaît un large écho. Dans un premier temps, la discrétion prime : si le Saint-Office affirme, le 2 décembre 1940, qu' « il est interdit de tuer, sur ordre de l'autorité publique, des personnes [...] qui du seul fait d'une infirmité psychique ou physique, ne peuvent plus être utiles à la nation », cette décision n'est pas publiée dans l'Osservatore Romano, ni relayée par Radio-Vatican[46], et elle n'est diffusée en Allemagne qu'en mars 1941[47]. Alors que le cardinal Adolf Bertram, président de la Conférence de Fulda tente de temporiser, estimant qu'il n'y a pas assez de preuves pour protester, l'évêque de Münster, Clemens August von Galen, prend position publiquement dans un sermon prononcé le 3 août 1941[48],[N 7].
« Il y a un soupçon général, confinant à la certitude, selon lequel ces nombreux décès inattendus de malades mentaux ne se produisent pas naturellement, mais sont intentionnellement provoqués, en accord avec la doctrine selon laquelle il est légitime de détruire une prétendue « vie sans valeur » - en d'autres termes de tuer des hommes et des femmes innocents, si on pense que leurs vies sont sans valeur future au peuple et à l'état. Une doctrine terrible qui cherche à justifier le meurtre des personnes innocentes, qui légitimise le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables des personnes âgées et des infirmes ! [...] Si on l'admet, une fois, que les hommes ont le droit de tuer leurs prochains « improductifs » - quoique cela soit actuellement appliqué seulement à des patients pauvres et sans défenses, atteints de maladies - alors la voie est ouverte au meurtre de tous les hommes et femmes improductifs : le malade incurable, les handicapés qui ne peuvent pas travailler, les invalides de l’industrie et de la guerre. La voie est ouverte, en effet, pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs. Alors on aura besoin seulement qu’un ordre secret soit donné pour que le procédé, qui a été expérimenté et éprouvé avec les malades mentaux, soit étendu à d'autres personnes « improductives », qu’il soit également appliqué à ceux qui souffrent de tuberculose incurable, qui sont âgés et infirmes, aux personnes handicapées de l'industrie, aux soldats souffrant de graves blessures de guerre ! »
— Clemens August von Galen, [49].
Le sermon de Galen connaît une énorme retentissement en Allemagne et à l'étranger. À l'initiative de l'évêque, il est imprimé sous forme de lettre pastorale et lu dans les églises paroissiales ; l'évêque de Limbourg adresse au ministre de la Justice une lettre condamnant les meurtres et celui de Mayence prononce un sermon dans ce sens. « C'était le mouvement de protestation le plus puissant, le plus explicite et le plus répandu contre une politique nazie depuis le début du IIIe Reich[50] ». L'allusion de Galen aux soldats souffrant de graves blessures influence de hauts responsables du Troisième Reich. En privé, le Generalfeldmarschall Keitel est contre l'euthanasie à cause des blessés et aliénés de la Première Guerre mondiale et parce que les hostilités en Russie, déclenchées en juin 1941, produiraient de nouvelles « vies improductives » : les supprimer porterait un coup terrible au moral des troupes sur le front. Cette position est partagée, pour les mêmes motifs par Himmler, chef de la Waffen-SS[51].
Les Britanniques, qui se sont procurés le texte du sermon, en font diffuser des extraits par le service allemand de la BBC ; ils le répandent en larguant des tracts au-dessus de l'Allemagne et en en faisant circuler des exemplaires en France, en Hollande, en Pologne et dans d'autres régions d'Europe[50].
Le 24 août 1941, Hitler ordonne à Karl Brandt de mettre fin à l'Aktion T4 et le charge de transmettre cette instruction à Philipp Bouhler et Viktor Brack, tout en s'assurant que le meurtre des enfants handicapés, pratiqué à une échelle beaucoup plus réduite et donc moins visible, se poursuive[52]. Cette décision d'arrêter l'opération fait suite aux protestations de Mgr Galen, à l'obstruction de nombreuses infirmières et aides-soignants, à l'inquiétude exprimée de plus en plus ouvertement par les parents, amis et voisins des victimes. Elle découle aussi de la crainte de Hitler de se voir directement rendu responsable des assassinats et du fait que le quota de 70 000 victimes qu'il avait initialement fixé a été atteint et même légèrement dépassé[52].
Cependant les éliminations de handicapés et de malades mentaux continuent jusqu'à la fin de la guerre[53].
Autres programmes d'assassinat de personnes handicapées
Si l'Aktion T4 est officiellement arrêtée le 24 août 1941, l'extermination de personnes considérées par les nazis comme des charges pour la société se poursuit jusqu'en 1945[4]. Le recensement des malades à éliminer se poursuit via des formulaires envoyés tous les six mois par les asiles, les institutions de l'Aide sociale et les maisons de repos à la commission du Reich pour l'enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves, et la GEKRAT continue à organiser le transport des patients vers leur lieu d'assassinat[38].
Sur base d'initiatives locales, des euthanasies sont pratiquées dans plusieurs Reichsgaue à partir de l'automne 1933[18].
À partir de 1938[18], sur décision de commissions de médecins, environ 5 000 voire 8 000[54] nourrissons et enfants atteints de malformations diverses sont placés dans des unités de pédiatrie spécialisées (Kinderfachabteilungen), où ils sont assassinés par des comprimés de luminal ou des injections de morphine et de scopolamine, ou sous-alimentés jusqu'à ce que mort s'ensuive[55]. Antérieure à l'Aktion T4 et indépendante de celle-ci, cette politique se poursuit jusqu'à la fin du conflit[38].
Officiellement « évacués des asiles situés dans des régions dont l'air est contaminé », des milliers de patients sont transférés vers des « camps de repos »[38], où médecins et infirmières les éliminent en les affamant ou par sur-dose médicamenteuse[4]. Le « traitement par la faim » est officiellement mis en place en Bavière en 1942 : une fiche de cuisine spéciale est distribuée dans les différents établissements de soins, prescrivant un régime dépourvu de matières grasses et exclusivement constitué de légumes bouillis, qui doit conduire à la mort dans un délai de trois mois[55].
En Pologne, dès octobre 1939, le Gauleiter de Poméranie fait « nettoyer » les asiles des villes côtières de Stralsund, Swinemünde et Stettin afin de libérer de la place pour l'implantation d'Allemands de la Baltique. Les patients sont emmenés au voisinage de Dantzig où ils sont fusillés par des escouades de SS. Son collègue de Prusse orientale, Erich Koch fait liquider 5 558 patients internés dans des établissements de son Gau, qui sont liquidés par des SS mis à disposition par Wilhelm Koppe. Dans le Wartheland, Arthur Greiser fait assassiner des malades mentaux par une équipe dirigée par Herbert Lange au moyen d'un camion à gaz du type de ceux utilisés par les Einsatzgruppen, puis au camp d'extermination de Chelmno[N 8]. Une chambre à gaz est mise en service dans un fort militaire de Poznan à l'automne 1939 ; à la demande du HSSPF de Königsberg, Lange et ses hommes gazent également 1 558 malades mentaux de Prusse orientale, rassemblés au camp de Soldau, au prix de 10 Reichsmarks par victime[56]. Au total, au milieu de l'année 1940, ces différentes actions locales ont fait environ 10 000 victimes[57].
Dans le Gouvernement général, les opérations sont confiées à Leonardo Conti qui donne l'ordre d'exterminer tous les malades mentaux,qu'ils soient polonais ou étrangers ; ceux-ci sont tués par la Gestapo ou par la SS[56].
De mi-1941 à l'hiver 1944-1945, les détenus des camps de concentration jugés trop faibles ou trop gênants pour être maintenus en vie, sont transférés pour être gazés dans les centres de mise à mort de l'Aktion T4, dans le cadre d'un opération connue sous le nom de code 14 f3[4].
En Alsace, partie intégrante du Gau Baden-Elsaß, 50 malades mentaux de l'hôpital de Stephansfeld-Brumath sont déportés à Hadamar le 5 janvier 1944 pour y être exterminés. Un seul a survécu[58].
Bilan
De 200 000[59] à 250 000[60] aliénés et handicapés sont assassinés par les nazis entre 1939 et 1945, soit par gazage, soit par injection, soit par dénutrition[59] ; entre 70 273 et 71 088 de ces victimes périssent par le seul gazage dans le cadre de l'Aktion T4[40].
De l'action T4 à la Shoah
De nombreux spécialistes de l'Aktion T4 poursuivent leurs activités meurtrières dans la cadre de la destruction des Juifs d'Europe ; ils sont notamment mis à disposition d'Odilo Globocnik dans le cadre de l'Opération Reinhardt, leurs salaires continuant à être versés par l'Aktion T4[61].
- Christian Wirth est nommé, en décembre 1941, commandant du camp d'extermination de Belzec, puis, en août 1942, inspecteur général des camps d'extermination de l'Opération Reinhardt[62].
- Après avoir été en poste à Pirna-Sonnenstein et à Harteim, Gottlieb Hering lui succède à la direction de Belzec[62].
- Herbert Lange dirige le camp d'extermination de Chelmno d'octobre 1941 à mars 1942[63].
- Irmfried Eberl, médecin-chef des centres de gazage de Brandebourg-sur-la-Havel et de Bernburg est le premier commandant du camp d'extermination de Treblinka[61], avant Franz Stangl et Gottlieb Hering
- Horst Schumann, medecin-chef de Grafeneck puis de Pirna-Sonnenstein, est ensuite affecté à Auschwitz où il se livre à des « expériences médicales » sur des déportés.
Après guerre
Certains responsables de l'Aktion T4 sont jugés lors du procès des médecins qui se tient à Nuremberg du 9 décembre 1946 au 20 août 1947 ; à l'issue de celui-ci Viktor Brack et Karl Brandt sont condamnés à mort et exécutés par pendaison. La publication, après ce procès d'un ouvrage d'Alexander Mitscherlich, reprenant les éléments de base du procès, fait accuser l'auteur par les autorités médicales allemandes de trahir sa patrie[61]. Si les 350 médecins en lien direct avec les opérations d'assassinat se justifient par le fait qu'ils n'ont fait qu'appliquer le « verdict » prononcé par d'autres médecins et sans opposition des tribunaux, « en acceptant d'appliquer ces verdicts, ils approuvaient la condamnation à mort de ceux qui « souillaient » la race et ils admettaient la ségrégation de toute une population de « malades », d'« asociaux », de « criminels » et de personnes appartenant aux races « inférieures » »[61].
Seuls 40 participants aux euthanasies forcées sont condamnés en République fédérale d'Allemagne ; de nombreux médecins sont acquittés ou ne sont pas poursuivis, de même que les fonctionnaires du ministère de la Justice ou les 200 maires et employés municipaux impliqués dans l'opération[61].
« Après la guerre, de nombreux acteurs de ces opérations d'extermination firent carrière. Beaucoup d'entre eux rencontrèrent de la compréhension, à la différence des victimes exterminées, dont les familles n'ont toujours eu droit à aucune indemnité »
— Willi Dressen[61].
Notes et références
Notes
- Cette version sonore utilise la technique alors inhabituelle de l'interview direct avec des patients, afin de mettre en relief leur confusion mentale, M. Tregenza, Aktion T4, p. 32
- « Il n'était ni dans son style ni dans sa nature de donner des ordres meurtriers par écrit. S'il le fit à cette seule et unique occasion, c'était à cause des difficultés, dans un pays où le droit écrit était encore censé prévaloir, que rencontraient déjà ceux qui tentaient, sans aucune autorité évidente,de créer secrètement une organisation chargée de mettre en œuvre son mandat d'extermination », I. Kershaw, Hitler, p. 391
- En 1936, Gürtner estime qu'il est impensable de mettre en œuvre une campage d'euthansie sans pendre les mesures juridiques indispendables sauf à « porter atteinte aux fondements mêmes des enseignements apportés à l'humanité par de christianisme : ce serait la concératisation des idéèes nietzschéennes », M. Tregenza, Aktion T4, p. 37
- Un bureau spécial d'état civil est installé à Berlin pour falsifier les actes de décès : ils sont officiellement enregistrés à l'asile d'aliénés de Chelm (Lublin) et postdatés, pour que les frais de soins soient perçus le plus longtemps possible, W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 253
- Transféré à Bernburg en novembre 1940, W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 251
- Reprend le nom de code de Grafeneck, W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 251
- En 1934, il avait été le seul dignitaire catholique à condamner publiquement les assassinats commis lors de la nuit des longs couteaux, cf. J. Philippon, La Nuit des Longs Couteaux : Histoire d'une intox, Paris, Armand Colin, 1995, p. 374
- À la différence de ceux-ci, à l'exception du premier camion utilisé à Chelmno, c'est de l'oxyde de carbone en bouteille qui est employé, et non les gaz d’échappement, W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 249
Références
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- E. Kogon, Les chambres à gaz
- M. Tregenza, Aktion T4
- R. Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe
- R. J. Evans, Le Troisième Reich, p. 107
- R. J. Evans, Le Troisième Reich, p. 117
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- W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 245-246
- E. Kogon, Les chambres à gaz
- I. Kershaw, Hitler, p. 392-393
- M. Tregenza, Aktion T4
- Lifton, The Nazi Doctors, p. 22-25
- B. Schreiber, The Men Behind Hitler, ch. 5
- I. Kershaw, Hitler, p. 394-395
- I. Kershaw, Hitler, p. 395-396
- W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 247
- M. Tregenza, Aktion T4
- W. Dressen L'élimination des malades mentaux, p. 246
- M. Tregenza, Aktion T4
- I. Kershaw, Hitler, p. 395
- M. Tregenza, Aktion T4, p. 37
- M. Tregenza, Aktion T4
- I. Kershaw, Hitler, p. 400-401
- E. Kogon, Les chambres à gaz, p. 28
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- Plaque inaugurée le 5 mai 1995 dans la cour d'honneur de l'hôpital, citée par Isabelle von Bueltzingsloewen, « Les « aliénés » morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2002/4 no 76, p. 104. DOI : 10.3917/ving.076.0099
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Annexes
Bibliographie
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- Volker Roelcke, Expérimentations humaines sous le nazisme : synthèse des travaux récents avec une attention particulière à la psychiatrie, in Christian Bonah, Anne Danion-Grilliat, Josiane Olff-Nathan et Norbert Schappacher, Nazisme, science et médecine, Paris, Glyphe, 2006, 365 p. 43-64
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