« Civilisation carthaginoise » : différence entre les versions
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{{En-tête label|AdQ|année=2009}} |
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{{Infobox Ancienne entité territoriale |
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| nom français = Civilisation carthaginoise |
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| année début = [[Années 810 av. J.-C.|814 {{av JC}}]] |
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| carte = CarthageMap.png |
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| légende = Carthage et ses dépendances en {{Date-|-264}} |
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| capitale = [[Carthage]] |
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| langues = [[Punique (langue)|Punique]], [[phénicien]], [[libyque]], [[grec ancien]] |
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| religion = [[Religion punique]] |
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| monnaie = Shekel carthaginois |
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| superficie date = en {{Date-|-220}} |
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| superficie = {{nb|300000 km2}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1={{Lien|trad=Rein Taagepera}}|titre=Size and Duration of Empires: Growth-Decline Curves, 600 B.C. to 600 A.D.|périodique={{Lien|trad=Social Science History}}|volume=3|numéro=3/4|date=1979|pages=115|issn=0145-5532|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1170959|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref> |
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| pop4 date = 201 {{av JC}} |
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| gentilé = Carthaginois |
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| titre leaderA = Dirigeants : voir [[Constitution de Carthage]] |
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| evt1 date = {{Date-|-814}} |
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| evt1 = Fondation de [[Carthage]] |
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| evt2 date = {{Date-|-146}} |
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| evt2 = [[Troisième guerre punique|Conquête par Rome]] |
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| p1 = Tribus [[berbères]] ([[Libye antique]]) |
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| s1 = [[Image:Roman Empire Africa.svg|20px]] [[Afrique romaine]] |
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| s2 = [[Image:Sicilia SPQR.png|20px]] [[Sicile (province romaine)|Sicile]] |
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| notes = {{Références|groupe=B}} |
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La '''civilisation carthaginoise''' ou '''civilisation [[punique]]'''<ref>« Punique » veut dire « phénicien » en [[latin]], sachant que le mot « phénicien » vient du grec {{grec ancien|Φοινικήϊος|Phoinikếïos}}. Lui-même est fortement lié au mot grec « pourpre » ({{grec ancien|φοῖνιξ}} ou ''phoĩnix''), une spécialité phénicienne.</ref> est une ancienne [[civilisation]] située dans le [[bassin méditerranéen]] et à l'origine de l'une des plus grandes puissances commerciales, culturelles et militaires de cette région dans l'[[Antiquité]]. Sa capitale et berceau est [[Site archéologique de Carthage|Carthage]] sur le territoire de la [[Tunisie]] actuelle. |
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[[File:Terracota orante púnica Ibiza (M.A.N.) 01.jpg|thumb|200px|Statuette d'orant trouvée dans la [[nécropole punique de Puig des Molins|nécropole de Puig des Molins]], Ibiza]] |
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La '''civilisation carthaginoise''' ou '''civilisation punique'''<ref>Même si le terme n'est pas synonyme selon certains auteurs</ref> est une [[civilisation]] à l'origine de l'une des plus grandes puissances commerciales et militaires de l'[[Antiquité]] dans le [[bassin méditerranéen]]. |
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Fondée par les [[ |
Fondée par les [[Phéniciens]], notamment la reine [[Didon]] de [[Tyr]], sur les rives de l'actuelle [[Tunisie]] et plus précisément dans le [[golfe de Tunis]] en [[Années 810 av. J.-C.|814 {{av JC}}]], selon la tradition la plus couramment admise, Carthage a pris peu à peu l'ascendant sur les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d'essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation. Celle-ci est cependant moins connue que celle de la [[Rome antique]], en raison de la destruction de la cité par l'armée romaine à la fin de la [[troisième guerre punique]] en {{Date|-146}}, une fin relatée par des sources gréco-romaines qui furent largement et durablement relayées dans l'[[historiographie]]. Décriée au travers de la célèbre ''[[punica fides]]'', préjugé issu d'une longue tradition de méfiance envers les Phéniciens à partir d'[[Homère]], cette civilisation a suscité par ailleurs des avis plus favorables : {{Début citation bloc}}Par leur puissance, ils égalèrent les Grecs ; par leur richesse, les Perses.{{Fin citation bloc|[[Appien]], ''Libyca'', 2}} |
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Résultant de la fusion entre la culture qu'apportèrent avec eux les colons [[phéniciens]] et la culture autochtone des [[Libyens anciens|Libyens]] en Afrique<ref>{{Citation bloc|Les Carthaginois ne sont pas seulement des Phéniciens venus s'installer à l'ouest, comme on l'a souvent dit. Plusieurs données invitent à leur reconnaître une spécificité […] En réalité, la civilisation carthaginoise est le produit d'une hybridation. L'élément phénicien s'est mélangé à l'élément autochtone, qui apparaît sous le nom de ''libou'', « les Libyens ».|{{Article|langue=fr|auteur1=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=L'identité carthaginoise est faite de couches multiples|périodique=Les Cahiers de Science et Vie|numéro=104|date=avril-mai 2008|pages=25}}.}}</ref>, la civilisation carthaginoise a cependant toujours conservé son aspect oriental<ref>{{Citation bloc|Sur le plan des mœurs et du genre de vie, les Carthaginois étaient demeurés à l'Orient.|{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Hédi Slim]]|auteur2=[[Ammar Mahjoubi]]|auteur3=Khaled Belkhoja|auteur4=[[Abdelmajid Ennabli]]|titre=Histoire générale de la Tunisie|lieu=Paris|éditeur=[[Maisonneuve et Larose]]|année=2003|tome=I|titre tome=L'Antiquité|pages totales=459|passage=96|isbn=978-2706816956}}.}}</ref>, si bien qu'il n'est ainsi pas aisé de distinguer ce qui relève des Puniques de ce qui relève des Phéniciens dans le produit des fouilles archéologiques<ref>{{Harvsp|Moscati|1971|p=174}}.</ref>, dont le dynamisme depuis les [[années 1970]] a ouvert de vastes champs d'études où apparaît l'unité de cette civilisation en dépit de particularismes locaux. |
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Malgré les nombreuses fouilles archéologiques réalisées, de nombreuses inconnues sur la civilisation non matérielle perdurent en raison de la nature des sources écrites : toujours secondaires car toute la [[littérature]] punique a disparu, lacunaires et souvent subjectives car issues des peuples ayant eu à les combattre, Grecs et Romains. |
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Il n'est pas aisé de distinguer ce qui relève des Puniques et ce qui relève des Phéniciens dans le produit des fouilles archéologiques<ref>S Moscati, ''l'épopée des Phéniciens'', p174</ref> qui ont lieu et dont le dynamisme depuis une trentaine d'années a ouvert de vastes champs d'études, le moindre n'étant pas la prise de conscience d'une unité certaine de civilisation, en dépit de particularismes locaux. |
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== Histoire == |
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== Histoire == |
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{{Article détaillé|Histoire de Carthage}} |
{{Article détaillé|Histoire de Carthage}} |
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[[Fichier:Routes commerciales des Phéniciens-fr.svg|vignette|upright=1.5|Routes du commerce phénicien.]] |
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=== Des origines au {{s-|V|e}} === |
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==== Phéniciens en Afrique ==== |
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L'[[Afrique du Nord]] qui, au départ, n'est vraisemblablement pour les [[Phéniciens]] qu'une simple étape sur la route des métaux d'[[Espagne]], connaît des installations phéniciennes permanentes de façon très précoce, comme [[Utique]] qui est fondée en {{Date-|-1101}} selon [[Pline l'Ancien]]<ref>[[Pline l'Ancien]], ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire naturelle]]'', XVI, 216.</ref>. Le {{-s-|XII}} aurait vu également une installation à [[Lixus (ville antique)|Lixus]] au [[Maroc]]<ref>[[Pline l'Ancien]], {{Op. cit.}}, XIX, 63.</ref> et la fondation de [[Gadès]] en [[Espagne]]<ref>[[Velleius Paterculus]], ''Histoire romaine'', I, 2, 3.</ref>. |
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La date de la fondation de [[Site archéologique de Carthage|Carthage]] par [[Didon]], une princesse [[tyr]]ienne, a toujours fait l'objet d'un débat, non seulement durant l'Antiquité mais encore de nos jours. Deux traditions antiques se sont affrontées : la plus diffusée la situait en [[Années 810 av. J.-C.|814 {{av JC}}]], à la suite d'écrits de [[Timée de Tauroménion]] dont il ne reste que des fragments<ref>Fragment 82.</ref> réutilisés par d'autres auteurs. L'autre légende plaçait quant à elle la naissance de Carthage à peu près à l'époque de la [[guerre de Troie]] (soit aux alentours du {{-s|XII|e}}), tradition reprise par [[Appien]]<ref>[[Appien]], ''Libyca'', I, 1.</ref>. |
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Les fouilles archéologiques n'ayant rien livré d'une date aussi ancienne, certains historiens ont émis l'hypothèse d'une fondation beaucoup plus tardive (vers [[Années 670 av. J.-C.|670 {{av JC}}]]), voire d'une double fondation, un comptoir ayant précédé la naissance de la cité au sens strict selon [[Pierre Cintas]]. Les historiens les plus récents se fondent sur l'analyse des annales de [[Tyr]], utilisées comme source par [[Ménandre]] et [[Flavius Josèphe]], pour accepter une datation autour du dernier quart du {{-s|IX}} |
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==== Substrat libyen ==== |
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À l'époque des premières installations phéniciennes, l'Afrique du Nord est occupée par des populations [[Libye antique|libyennes]] importantes, dont la continuité avec les [[Berbères]] du [[Maghreb]] a été défendue par [[Gabriel Camps]]. Il a été considéré qu'il y avait un hiatus chronologique trop important et surtout des vagues d'invasions successives trop nombreuses pour n'avoir pas marqué les populations locales de façon durable, avant l'arrivée des Phéniciens, ces populations berbères ne se définissaient pas elles-mêmes comme un seul et même peuple uni : durant toute leur histoire, ils ont été divisés en plusieurs tribus, et d'après [[Gabriel Camps]] ils devaient plutôt s'identifier en référence à ces dernières. À partir du {{-s-|VIII}}, les [[Phénicien|Phéniciens]] installent des [[comptoir]]s partout à travers l'Afrique du Nord dont le plus prospère est [[Carthage]], et colonisent ces différents peuples [[berbères]]. Les [[Égypte antique|Égyptiens]] mentionnent les Libyens sous le nom de [[Libou|Lebou]] dès le {{-s|XII}} comme étant les populations situées immédiatement à l'ouest de leur territoire. |
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Les [[Phéniciens]] vont immigrer massivement et leur poids démographique et culturel va se faire ressentir ; en parallèle, une minorité de Phéniciens vont se métisser avec les populations berbères, ce qui donnera naissance aux [[Libyphéniciens]]. Ils sont mentionnés pour la première fois par [[Hécatée de Milet]], cité par [[Étienne de Byzance]]. Un texte très controversé, le ''[[Périple d'Hannon]]'', les mentionne. [[Polybe de Cos|Polybe]] les considère comme des sujets des Carthaginois ayant les mêmes lois qu'eux en tant que métis phénicien-berbère. Pour [[Diodore de Sicile]] (XX, 55, 4), il s'agirait d'habitants des villes maritimes qui possédaient le ''conubium'' (droit de mariage) avec les Carthaginois et devaient leur nom à ce mélange d'ethnies<ref name="berbere9">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean Servier]]|titre=Les Berbères|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=[[Que sais-je ?]]|année=1990|pages totales=127|passage=9|isbn=978-2130429319}}.</ref>, [[Tite-Live]] les considère comme un mélange de Puniques et d'Africains. [[Strabon]], (XVII, 3, 19) place leur origine entre le littoral carthaginois et les montagnes de [[Gétules|Gétulie]]. [[Pline l'Ancien|Pline]] (''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire naturelle]]'', V, 24) dit qu'ils habitent le ''Buzakion'', ce que précise peut-être [[Claude Ptolémée|Ptolémée]] qui les situe au sud de la région de [[Carthage]] et au nord de la ''Buzakitis''. En fait, ces ''Libuphoinikès'' (locuteurs d'une langue libyenne) étaient limités au sud de Carthage<ref name="berbere9"/>. Leur influence culturelle est importante puisqu'ils sont les intermédiaires culturels entre la civilisation phénicienne (punique) et les [[Berbères]]. |
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Les Phéniciens créent les premières villes de l'ouest de l'Afrique du Nord comme [[Site archéologique de Volubilis|Volubilis]], [[Utique]], [[Carthage]]{{etc}} |
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===Des origines au Ve siècle=== |
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==== Les Phéniciens en Afrique ==== |
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[[Image:Routes commerciales des Phéniciens-fr.svg|thumb|Les routes du commerce phénicien]] |
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Au départ vraisemblablement simple étape sur la route des métaux d'[[Espagne]] pour les Phéniciens, l'Afrique du Nord voit des installations permanentes très précoces : [[Utique]] est fondée en 1101 avant J.-C. selon [[Pline l'Ancien]]<ref>Pline l'Ancien, ''Histoire naturelle'', XVI, 216</ref>. Le XIIe siècle aurait vu également une installation à [[Lixus]] au [[Maroc]]<ref>Pline l'Ancien, ''Histoire naturelle'', XIX, 63</ref> et la fondation de [[Gadès]] en [[Espagne]]<ref>Velleius Paterculus, I, 2, 3</ref>. |
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L'origine des populations libyennes a été relatée par un grand nombre de légendes et de traditions, plus ou moins fantaisistes, certaines faisant état d'une origine [[Mèdes|mède]], voire [[Persans|perse]], selon [[Procope de Césarée]]<ref>[[Procope de Césarée]], ''Guerre contre les Vandales'', II, 10-13.</ref>. Mieux informé, [[Salluste]] évoque l'origine des Libyens dans sa ''[[Guerre de Jugurtha]]''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Gabriel Camps]]|titre=Les Berbères|sous-titre=mémoire et identité|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Errance]]|collection=Hespérides|année=1987|pages totales=259|passage=36-50|isbn=978-2903442323}}.</ref>. [[Strabon]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Strabon, ''Géographie'', XVII, 3|url=http://www.mediterranees.net/geographie/strabon/XVII-3.html|site=mediterranees.net|consulté le=17 mai 2009}}.</ref> a également décrit leurs différentes tribus. |
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La date de la fondation de Carthage a toujours fait l'objet d'un débat, non seulement dans l'antiquité mais encore récemment. Deux traditions s'affrontaient dans l'antiquité : La tradition la plus diffusée datait la naissance de [[site archéologique de Carthage|Carthage]] en 814 avant J.-C à la suite de [[Timée de Tauroménion]], dont il ne nous reste que des fragments<ref>fragment 82</ref> réutilisés par d'autres auteurs. L'autre légende quant à elle la plaçait aux alentours de la [[guerre de Troie]], tradition reprise par [[Appien]]. |
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=== Expansion en Méditerranée et en Afrique === |
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Les fouilles archéologiques n'ayant rien livré d'une date aussi élevée, certains historiens ont émis l'hypothèse d'une fondation beaucoup plus tardive (vers 670 av. J.-C.), voire même d'une double fondation, un comptoir ayant précédé la naissance de la cité au sens strict selon [[Pierre Cintas]]. |
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==== Mainmise sur les possessions phéniciennes en Méditerranée occidentale et colonisation punique ==== |
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Les historiens les plus récents se fondent sur l'analyse des annales de [[Tyr]] utilisées comme source par [[Ménandre]] et [[Flavius Josèphe]] pour accepter une datation autour du dernier quart du IXe siècle av. J.-C. |
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Il est très difficile de distinguer, à partir des fouilles archéologiques menées dans l'ensemble du domaine phénico-punique, ce qui relève des Phéniciens de ce qui relève des Puniques. Ainsi, les archéologues ne signalent pas de rupture comme pour certains sites anciens ([[Bithia (cité)|Bithia]] et [[Nora (cité punique)|Nora]] en [[Sardaigne]]). La fondation d'[[Ibiza]], traditionnellement datée de [[Années 670 av. J.-C.|675 {{av JC}}]], a donc pu être le fait des uns comme des autres. |
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L'« empire » punique, dont la formation et le fonctionnement ne relèvent pas d'un [[impérialisme]] au sens strict, est désormais considéré comme une sorte de [[Confédération (organisation politique)|confédération]] des colonies préexistantes derrière la plus puissante d'entre elles au moment du déclin de la cité mère, Tyr. Carthage aurait été chargée d'assurer la sécurité collective et la politique extérieure, voire commerciale, de la communauté. |
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==== Le substrat libyen ==== |
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L'Afrique est occupée à l'époque des premières installations phéniciennes par des populations [[Libye antique|libyennes]] importantes, dont la continuité avec les populations berbères du Maghreb a été défendue par [[Gabriel Camps]]. Les Libyens sont évoqués sous le nom de LEBOU dès le XIIe siècle av. J.-C. par les Egyptiens comme les populations immédiatement à l'ouest de leur pays. |
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Les Phéniciens d'Occident puis les Puniques ont eu des relations précoces avec d'autres civilisations, surtout les [[Étrusques]], avec lesquels des liens commerciaux se tissent<ref>[[Aristote]], ''[[Politique (Aristote)|Politique]]'', III, 9, 6.</ref>. L'archéologie témoigne de ces échanges, avec en particulier les [[lamelles de Pyrgi]] de [[Cerveteri|Caere]] et certaines découvertes effectuées dans les nécropoles carthaginoises : vases de production étrusque dits ''bucchero'' mais aussi inscription en étrusque sur laquelle un Carthaginois se présente<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Michel Gras]]|titre chapitre=Étrusques|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=163}}.</ref>. L'alliance avec les [[Étrusques]] a aussi visé à entraver l'expansion des Phocéens d'Occident, l'opération aboutissant à la défaite phocéenne d'[[Bataille d'Alalia|Alalia]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Edward Lipinski]]|titre chapitre=Alalia|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=14}}.</ref>. À partir du déclin des Étrusques, l'alliance devient cependant inopérante. |
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L'origine des populations libyennes a été évoquée par un grand nombre de légendes et de traditions, plus ou moins fantaisistes, certaines évoquant une origine [[Mèdes|mède]] voire [[Perses|perse]] selon [[Procope]]. Mieux informé est [[Salluste]] qui évoque l'origine des Libyens dans sa [[Guerre de Jugurtha]]. |
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[[Strabon]] en a également évoqué les différentes tribus, les divers noms n'entraînant pas nécessairement une distinction ethnique, et ne remettant donc pas en cause l'unité du peuplement de cette région au moment de l'arrivée des Phéniciens. |
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==== Antagonisme avec les Grecs : les guerres siciliennes ==== |
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===L'expansion en Méditerranée et en Afrique=== |
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[[Fichier:Afrique-Agathocle.jpg|vignette|Possessions de Carthage en Afrique au temps de l'invasion d'Agathocle.]] |
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====La mainmise sur les possessions phéniciennes en Méditerranée occidentale et la colonisation punique==== |
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Il est très difficile de distinguer pour les fouilles archéologiques dans tout le domaine phénico-punique ce qui relève des Phéniciens et ce qui relève des Puniques. Les archéologues ne signalent pas de rupture permettant de passer d'une obédience à une autre, comme par exemple certaines fondations anciennes (comme en Sardaigne [[Bithia]] et [[Nora (cité punique de Sardaigne)|Nora]]). La fondation d'Ibiza, traditionnellement datée de 675 av. J.-C., peut être le fait des uns et des autres. |
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La question de la nature de l'''empire'' punique doit être posée : plutôt que d'impérialisme au sens strict, certains auteurs évoquent une sorte de confédération des colonies préexistantes derrière la plus puissante d'entre elles au moment du déclin de la cité mère, Tyr. Carthage aurait été chargée d'assurer la sécurité collective et d'assurer la politique extérieure, voire commerciale, de la communauté. |
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La prospérité de Carthage, liée au commerce maritime, entraîne une rivalité avec les [[Grèce antique|Grecs]] sur le [[Sicile|territoire sicilien]]. C'est pourquoi l'île reste longtemps une zone d'affrontements locaux, dus à la volonté des protagonistes d'implanter des comptoirs ou des colonies sur ses côtes. |
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Les Phéniciens d'occident puis les Puniques ont des relations précoces avec d'autres civilisations, et surtout les [[Etrusques]] avec lesquels des liens commerciaux se tissent<ref>Aristote, ''Politique'', III, 9, 6</ref>. L'archéologie témoigne de ces liens avec en particulier les [[lamelles de Pyrgi]] de [[Caere]] et certaines découvertes effectuées dans les nécropoles carthaginoises : vases de production étrusque dits ''bucchero'', et aussi une inscription en étrusque sur laquelle un Carthaginois se présentait<ref>M.Gras, article ''Etrusques'' dans E. Lipinski, ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.163</ref>. L'alliance avec les Etrusques a aussi comme but d'entraver l'expansion des Phocéens d'occident, l'opération aboutissant à la défaite phocéenne d'[[Alalia]]<ref>E. Lipinski, article ''Alalia'' dans E. Lipinski, ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.14</ref>. A partir du déclin des Etrusques, l'alliance devient inopérante. |
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Au début du {{-s|V}}, le conflit change de nature : [[Gélon]], tyran de [[Syracuse]], tente d'unifier l'île avec le soutien de plusieurs [[Cité (ville)|cités]] grecques. La guerre, inévitable, éclate avec Carthage, qui obtient peut-être l'aide de l'[[Achéménides|Empire perse]]<ref>Selon la tradition, la [[Bataille d'Himère (480 av. J.-C.)|bataille d'Himère]] eut lieu le même jour que la [[bataille de Salamine]].</ref>. [[Hamilcar de Giscon]], commandant les troupes puniques, est battu à la [[Bataille d'Himère (480 av. J.-C.)|bataille d'Himère]] en {{Date|-480}} |
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====L'antagonisme avec les Grecs : les guerres siciliennes==== |
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La prospérité de Carthage liée au commerce maritime entraîne une rivalité se faire jour avec les Grecs, sur le terrain [[Sicile|sicilien]]. L'île est longtemps une zone d'affrontements locaux, du fait de la velléité des protagonistes d'implanter des comptoirs ou colonies sur ses côtes. |
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Vers [[410 av. J.-C.|410 {{av JC}}]], Carthage s'est remise de ce revers ; son implantation africaine est plus puissante, et les expéditions lointaines d'[[Hannon le Navigateur|Hannon]] et d'[[Himilcon]] confortent sa maîtrise des mers. [[Hannibal de Giscon]] prend alors pied en Sicile en [[409 av. J.-C.|409 {{av JC}}]] et remporte des victoires localisées qui ne touchent cependant pas Syracuse. En [[405 av. J.-C.|405 {{av JC}}]], la seconde expédition est plus difficile, le chef de l'armée ayant succombé à une épidémie de [[peste]] lors du siège d'[[Agrigente]]. Himilcon, qui succède à Hannibal, parvient à négocier avec Denys une cessation des hostilités qui est davantage une trêve qu'une paix réelle. Dès {{Date|-398}}, Denys attaque en effet [[Motyé]], qui tombe mais est reprise par la suite. Un nouveau siège a lieu devant Syracuse et dure jusqu'en [[396 av. J.-C.|396 {{av JC}}]], année où la peste oblige sa levée. La guerre continue durant soixante ans entre les belligérants. En {{Date|-340}}, l'[[Armée de Carthage|armée carthaginoise]] reste cantonnée uniquement au sud-ouest de l'île. |
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Le début du Ve siècle voit le conflit changer de nature : [[Gélon]], tyran de [[Syracuse]], tente d'unifier l'île avec le soutien de plusieurs [[cité]]s grecques. Le conflit inévitable éclate avec Carthage qui obtient peut-être l'aide de l'[[Achéménides|Empire perse]]<ref>selon la tradition la bataille d'Himère eut lieu le même jour que la [[bataille de Salamine]]</ref>. [[Hamilcar de Giscon]] est battu à la [[bataille d'Himère (480 av. J.-C.)|bataille d'Himère]] en [[-480|480 av. J.-C.]]. |
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En {{Date|-315}}, [[Agathocle de Syracuse]] s'empare de [[Messine]] et, en {{Date|-311}}, envahit les derniers comptoirs carthaginois de Sicile. [[Hamilcar (fils de Giscon)|Hamilcar]] mène la riposte ; en [[310 av. J.-C.|310 {{av JC}}]], il contrôle la quasi-totalité de la Sicile et met le siège devant Syracuse. L'expédition menée par Agathocle sur le continent africain représente une victoire puisque Carthage est contrainte de rappeler son armée pour défendre son propre territoire ; la guerre dure trois années et s'achève par la fuite d'Agathocle. |
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Vers [[-410|410 av. J.-C.]], Carthage s'est remise de ce revers. Son implantation africaine est plus forte, et les expéditions lointaines d'[[Hannon (navigateur)|Hannon]] et d'[[Himilcon]] confortent sa maîtrise des mers. |
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==== {{s-|V}} et naissance d'un empire africain ==== |
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[[Hannibal de Giscon]] prend pied en Sicile en [[-409|409 av. J.-C.]] et parvient à des victoires localisées ne touchant pas [[Syracuse]]. En [[-405|405 av. J.-C.]], la seconde expédition d'Hannibal est plus difficile, le siège d'[[Agrigente]] voyant une épidémie de peste emportant le chef de l'armée. [[Himilcon]] prend la succession d'Hannibal et parvient à négocier la paix avec Denys qui est davantage une trêve. Dès [[-398|398 av. J.-C.]], Denys attaque [[Motyé]] qui chute mais est reprise. Un nouveau siège a lieu devant Syracuse jusqu'en [[-396|396 av. J.-C.]], année où la peste oblige la levée. |
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Selon le point de vue le plus communément admis, Carthage s'est tournée vers son [[arrière-pays]] à la suite de la défaite d'Himère en {{Date-|-480}}<ref name="decret85">{{Harvsp|Decret|1977|p=85}}.</ref>. Toutefois, cette thèse est de plus en plus remise en cause par des historiens qui estiment que l'implantation africaine était devenue plus importante de manière tardive. Le {{s-|V}} n'aurait vu dans cette optique qu'une extension de l'espace nécessaire à l'alimentation d'une population croissante. |
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La guerre continue durant soixante ans entre les belligérants. En [[-340|340 av. J.-C.]], l'armée carthaginoise reste cantonnée uniquement au sud-ouest de l'île. |
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=== Antagonisme avec Rome et fin de la Carthage punique === |
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En [[-315|315 av. J.-C.]], [[Agathocle de Syracuse]] s'empare de Messine et, en [[-311|311 av. J.-C.]], envahit les derniers comptoirs carthaginois de Sicile. [[Hamilcar (fils de Giscon)|Hamilcar]] mène la riposte carthaginoise et en [[-310|310 av. J.-C.]], il contrôle la presque totalité de la Sicile entière, mettant le siège devant Syracuse. L'expédition menée par Agathocle sur le continent africain est une victoire, Carthage devant rappeler l'armée pour défendre son territoire même. La guerre dure trois années et s'achève par la fuite d'Agathocle. |
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==== Premières relations avec Rome : les traités ==== |
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Les premières relations avec Rome sont pacifiques, comme le prouvent les traités conclus en [[Années 500 av. J.-C.|509 {{av JC}}]] – transmis par l'œuvre de [[Polybe]]<ref>[[Polybe]], ''[[Histoires (Polybe)|Histoire générale]]'', III, 5.</ref> – puis en [[348 av. J.-C.|348 {{av JC}}]] et {{Date|-306}} ; ils garantissent à Carthage l'exclusivité du commerce depuis l'Afrique du Nord et l'absence de [[pillage]] mené contre les alliés de Rome en [[Italie]]. La durée de plus en plus brève entre ces traités a été considérée comme significative des tensions croissantes entre les deux puissances. |
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==== Affrontement : les guerres puniques ==== |
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====Le Ve siècle et la naissance d'un empire africain==== |
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[[File:Afrique-Agathocle.jpg|thumb|left|Les possessions de Carthage en Afrique au temps de l'invasion d'Agathocle]] |
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Selon le point de vue le plus communément admis Carthage s'est tournée vers son arrière-pays à la suite de la défaite d'Himère en 480 av. J.-C. Toutefois, celui-ci est de plus en plus remis en cause, l'implantation africaine devenant plus importante de manière tardive selon certains historiens. Le Ve siècle dans cette optique n'aurait vu qu'une extension de l'espace nécessaire à l'alimentation d'une population croissante. |
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{{Article détaillé|Guerres puniques}} |
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===L'antagonisme avec Rome, la fin de Carthage punique=== |
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[[Fichier:L'Empire carthaginois au IIIe siècle avant JC.jpg|vignette|Emprise carthaginoise au {{-s-|III}}]] |
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====Les premières relations avec Rome : les traités==== |
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[[Fichier:Punic wars-fr.svg|vignette|Variations du domaine carthaginois, de 265 à {{Date|-149}}, et localisation des principaux faits d'armes de la période.]] |
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Les premières relations avec Rome sont pacifiques, comme peuvent le prouver les traités conclus en [[-509|509 av. J.-C.]] et transmis par l'oeuvre de [[Polybe]]<ref>Polybe, ''Histoire générale'', Livre III, chapitre 5</ref> puis en [[-348|348 av. J.-C.]] et [[-306|306 av. J.-C.]], qui garantissent à Carthage l’exclusivité du commerce depuis l’Afrique et l’absence de pillage contre les alliés de Rome en Italie. La durée de plus en plus brève entre ces traités a été considérée comme significative de tensions entre les deux puissances. |
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Les épisodes dénommés « guerres puniques » voient l'antagonisme s'étendre sur plus d'un siècle, de [[264 av. J.-C.|264]] à {{Date|-146}}, l'issue ayant pu sembler longtemps incertaine. |
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====L'affrontement : les guerres puniques==== |
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[[File:Carthaginianempire.PNG|thumb|Variations du domaine carthaginois]] |
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Les épisodes dénommés [[guerres puniques]] voient l’antagonisme s’étendre sur plus d’un siècle, de [[-264|264]] à [[-146|146 av. J.-C.]], dont l'issue a pu sembler favorable à Carthage à certains instants. |
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Le [[Première |
Le [[Première guerre punique|premier conflit]] a lieu de [[264 av. J.-C.|264]] à {{Date|-241}}, aboutissant pour Carthage à la perte de la Sicile et au paiement d'un lourd tribut. Cette première défaite engendre de graves conséquences sociales avec l'épisode de la [[guerre des Mercenaires]], entre [[240 av. J.-C.|240]] et {{Date|-237}}, la ville étant finalement sauvée par [[Hamilcar Barca]]. Rome profite de ces difficultés internes pour alourdir les conditions de la paix. |
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Après cette étape, |
Après cette étape, l'impérialisme de Carthage s'oriente vers la [[péninsule Ibérique]] et se heurte aux alliés de Rome, rendant le [[Deuxième guerre punique|second conflit]] inéluctable ([[219 av. J.-C.|219]]-{{Date|-201}}) après le siège de [[Sagonte]]. Lors de l'aventure italienne, [[Hannibal Barca]] se montre capable de victoires éclatantes mais dans l'incapacité de les exploiter pour pousser son avantage et mettre à genoux une Rome pourtant vacillante. Après {{Date|-205}}, la guerre ne se déroule plus que sur le sol africain, l'année {{Date|-202}} marquant la victoire finale de [[Scipion l'Africain]] à [[Bataille de Zama|Zama]]. |
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Au cours des cinquante années qui suivent, Carthage rembourse de façon régulière le lourd tribut, mais en même temps elle se dote d'équipements coûteux, tels que les [[Ports puniques de Carthage|ports puniques]] dans leur dernier état de développement. La cité semble avoir retrouvé à cette époque une prospérité certaine, corroborée par la construction de programmes édilitaires concertés comme celui du quartier punique de [[Byrsa]] (lié au [[Suffète|suffétat]] d'Hannibal Barca). |
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Pourtant, face au relèvement de la cité et à la fin du paiement du tribut, Rome impose aux Carthaginois |
Pourtant, face au relèvement de la cité et à la fin du paiement du tribut, Rome impose aux Carthaginois d'abandonner la ville et de se retirer dans l'arrière-pays et, partant, de renoncer à leur identité maritime<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=56}}.</ref>. À ce propos, [[Velleius Paterculus]] a écrit que « Rome, déjà maîtresse du monde, ne se sentait pas en sûreté tant que subsisterait le nom de Carthage »<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Aïcha Ben Abed]]|titre=Carthage : capitale de l'Africa|périodique=[[Connaissance des arts]]|numéro=69 (hors-série)|titre numéro=Carthage|date=1995|pages=28|issn=0293-9274}}.</ref>. Le refus logique qui suit cette intransigeance entraîne le [[Troisième guerre punique|troisième et dernier conflit]]. Celui-ci, marqué par le [[Bataille de Carthage (149 av. J.-C.)|siège de Carthage]], dure trois années. À son terme, même si du sel n'a pas été répandu sur le sol ainsi que l'historiographie de la fin du {{sp-|XIX|e|et du début du|XX|e}} le relate<ref>{{Article|langue=en|auteur1=R.T. Ridley|titre=To Be Taken with a Pinch of Salt: The Destruction of Carthage|périodique=[[Classical Philology]]|volume=81|numéro=2|date=1986|pages=140-146|issn=0009-837X|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/269786|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>, la destruction de la ville est totale et une [[malédiction]] jetée sur son site, lequel est déclaré ''sacer''. Carthage n'existe plus comme entité politique, mais longtemps perdurent des aspects de sa civilisation, essaimés en Méditerranée : éléments religieux, artistiques et linguistiques, voire institutionnels en Afrique du Nord. |
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== Géographie == |
== Géographie == |
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===Localisation des implantations=== |
=== Localisation des implantations === |
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Les sites occupés par les Phéniciens puis les Puniques |
Les sites occupés par les Phéniciens puis les Puniques, tournés vers la mer pour assurer la liaison avec les routes commerciales, devaient également garantir la sécurité des habitants en les protégeant d'un arrière-pays qui pouvait leur être hostile. Cette sécurité était naturellement assurée sur une île, comme à [[Gadès]] ou [[Motyé]], mais également, bien que dans une moindre mesure, sur une [[presqu'île]] ou un espace entouré de [[colline]]s rendant, en cas d'attaque, sa défense plus aisée. De ce point de vue, l'excellence du site de [[Site archéologique de Carthage|Carthage]] explique qu'il ait été vanté par plusieurs auteurs anciens<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=55}}.</ref>, notamment [[Strabon]] qui comparait le site à un « navire à l'ancre ». Cependant, la qualité protectrice du site naturel ne pouvait suffire, ce qui impliquait qu'on la renforce par des aménagements supplémentaires, comme à Motyé : l'île est ainsi ceinturée par une muraille, une chaussée permettant de rejoindre la terre ferme et de faciliter l'approvisionnement. |
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=== Carthage, la ville principale : caractères généraux === |
=== Carthage, la ville principale : caractères généraux === |
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{{Article détaillé|Site archéologique de Carthage}} |
{{Article détaillé|Site archéologique de Carthage}} |
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[[Fichier:Quartier punique Byrsa.jpg|vignette|Vue du quartier Hannibal de Byrsa avec des murs en [[opus africanum]] datant du début du {{-s-|II}}]] |
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Selon la légende<ref>{{Harvsp|Amadasi Guzzo|2007|p=59}}.</ref>, Carthage se serait développée à partir de la colline de [[Byrsa]], citadelle et centre religieux, puis étendue dans la [[plaine]] côtière et sur les collines au nord, avec le faubourg de Mégara (aujourd'hui [[La Marsa]]) qui semble avoir été construit d'une manière plus anarchique que le reste de la ville ; il s'agit peut-être du faubourg le plus récent et celui-ci n'aurait donc pas eu le temps de se structurer. Car, à l'exception de Mégara, Carthage a été aménagée selon un plan assez ordonné, aux rues rectilignes, sauf sur les collines où l'urbanisation a tout de même été pensée. Globalement, la plaine était quadrillée par les rues, l'agora et les places faisant le lien avec les rues qui rayonnaient vers les collines. La cité était entourée d'épaisses murailles de blocs d'une pierre blanche qui la rendait lumineuse et visible de loin. Les fouilles du quartier dit de Magon ont permis d'étudier l'évolution des structures défensives et urbanistiques sur une longue durée<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Friedrich Rakob]]|titre chapitre=L'habitat ancien et le système urbanistique|auteurs ouvrage=[[Abdelmajid Ennabli]]|titre ouvrage=Pour sauver Carthage : exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine|lieu=Paris/Tunis|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]/[[Institut national du patrimoine (Tunisie)|Institut national d'archéologie et d'art]]|année=1992|isbn=978-9232027825|passage=29-37}}.</ref>. |
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La cité était donc conçue selon un plan qui suggère que les Grecs pourraient ne pas être exclusivement à l'origine des [[Plan hippodamien|plans urbains rectilignes ordonnés sur deux axes]], se croisant perpendiculairement en leur centre, communs à la plupart des cités du monde antique. Le quartier dégagé sur la colline de Byrsa a été bâti selon un plan orthogonal, laissant apparaître l'aspect organisé de l'urbanisme. Les rues, pavées et droites mais faites de terre battue sur les collines, se recoupaient à angle droit<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=Carthage|sous-titre=la cité punique|lieu=Tunis|éditeur=Cérès|année=1995|pages totales=127|passage=40|isbn=978-2271051912}}.</ref>. |
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Par pragmatisme, le relief est pris en compte dans les axes des rues qui changent, avec adjonction de volées d'escaliers ; de larges marches étaient aménagées là où le relief du terrain les rendait nécessaires. Ses quartiers d'habitations étaient en partie édifiés au moyen d'une sorte de [[ciment]] mêlé à des tessons de [[céramique]]s, ce mélange étant utilisé pour le sol des pièces ou l'élévation des murs. Les maisons étaient pourvues de couloirs et des escaliers en bois permettaient de monter dans les étages. Les habitations étaient alimentées en eau par des [[citerne]]s souterraines recueillant l'[[Eau pluviale|eau de pluie]], à partir d'une cour centrale, grâce à des [[canalisation]]s. Il n'y avait pas de réseau d'[[égout]]s mais des sortes de [[Fosse septique|fosses septiques]]. |
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Le quartier dégagé sur la colline de Byrsa laisse apparaître divers caractères : le quartier a été bati selon un plan orthogonal, laissant apparaître le côté organisé de l'urbanisme. Le relief est pris en compte par un pragmatisme dans les axes des rues qui changent, avec adjonction de volées d'escaliers. |
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Parmi les principaux éléments de la cité figurent l'agora, les ports marchand et militaire, des boutiques et échoppes diverses, des entrepôts, des quartiers d'artisans en périphérie (comme celui des potiers), des places de marchés, des [[nécropole]]s (dont plusieurs situées entre les habitations et la plaine, et d'autres plus haut sur les collines) ainsi que des temples. Le tout était couronné par la citadelle centrale sur la colline de Byrsa, qui accueillait aussi les principaux temples, comme [[Temple d'Eshmoun (Carthage)|celui d'Eshmoun]]. |
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Carthage était une grande cité cosmopolite de l'Antiquité, où vivaient des Phéniciens et où se côtoyaient Grecs, [[Berbères]] d'Afrique du Nord, Ibères d'Espagne et autres peuples issus des territoires carthaginois d'outre-mer via les côtes de l'[[océan Atlantique]] ou les routes des [[oasis]], routes reprises plus tard par les Romains. Les mariages mixtes n'y étaient pas rares, contribuant à développer une civilisation particulière. |
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Ses quartiers d'habitations sont en partie bâtis au moyen d'une sorte de [[ciment]] mêlé à des [[tesson]]s de [[céramique]]s pour former le sol de certaines pièces et certains murs. Les maisons étaient pourvues de couloirs et des escaliers en bois permettaient de monter dans les étages. Les habitations étaient alimentées en eau par des [[citerne]]s souterraines recueillant l'[[Eau pluviale|eau de pluie]] à partir d'une cour centrale grâce à des [[canalisation]]s. Il n'y avait pas de réseau d'[[égout]]s mais des sortes de [[Fosse septique|fosses septiques]]. Les rues, pavées et droites mais de terre battue sur les collines, se recoupaient à angle droit. De larges marches étaient aménagées là où le relief du terrain les rendait nécessaires. |
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=== Possessions : zone d'influence ou empire ? === |
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Parmi les principaux éléments de la cité figurent l'[[agora]], les ports marchand et militaire, des boutiques et échoppes diverses, des entrepôts, des quartiers des artisans en périphérie comme celui des potiers, des places de marchés, des [[nécropole]]s (dont certaines sont situées entre les habitations et la plaine et d'autres plus haut sur les collines) ainsi que des temples. Le tout était couronné par la citadelle centrale sur la colline de [[Byrsa]] qui accueillait aussi les principaux temples de la ville comme celui de Ba'al Hammon. |
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À l'époque de sa plus grande expansion territoriale, en {{Date|-264}}, l'aire d'influence de Carthage était constituée de la majeure partie de la [[Bassin méditerranéen|Méditerranée occidentale]] par le biais de ses comptoirs en [[Afrique du Nord]] (dont l'ouest de la [[Libye]] et au moins une partie de la côte [[Royaume de Maurétanie|maurétanienne]]), en [[Sicile]], en [[Sardaigne]], aux [[îles Baléares]] et en [[Hispanie]], sans compter de petites îles comme [[Malte]], les [[îles Éoliennes]] et les [[îles Pélages]], mais aussi par le contrôle qu'elle exerçait sur d'anciens établissements phéniciens tels que [[Lixus (ville antique)|Lixus]] (près de [[Tanger]] au [[Maroc]]), Mogador (actuelle [[Essaouira]] sur la côte atlantique du Maroc), [[Gadès]] (actuelle [[Cadix]] en [[Andalousie]]) et [[Utique]]. Parmi les grandes cités puniques figurent, outre la capitale Carthage, [[Hadrumète]], [[Ruspina]], [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]] ou encore [[Hippone]]. |
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Gadès et Utique (sur le territoire de l'actuelle Tunisie) furent fondées par les Phéniciens entre le {{-s mini|XII|e}} et le {{-s|X}} Carthage a pour sa part été fondée sur une [[presqu'île]] entourée de [[lagune]]s au nord-est de l'actuelle [[Tunis]]. Au sommet de sa gloire, la cité compte {{Unité|700000 habitants}} si l'on en croit [[Strabon]], un géographe grec du {{-s|II}} |
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Carthage était une grande cité cosmopolite de l'Antiquité, peuplée de Phéniciens et où se côtoyaient Grecs, Berbères d'Afrique du Nord, Ibères d'Espagne et autres peuples issus des territoires carthaginois d'outre-mer mais provenant aussi d'Afrique noire par les côtes de l'Atlantique ou les routes des oasis, routes reprises plus tard par les Romains. Les mariages mixtes n'y étaient pas rares, contribuant à développer cette civilisation particulière. La ville subissait davantage les influences orientales dans son fonctionnement : on observe que la [[numérologie]] [[Babylone|babylonienne]] intervient en effet dans le nombre de navires de guerre et donc de cales servant pour réparer ces bateaux à sec dans le port militaire. Cette numérologie basée sur le [[6 (nombre)|chiffre 6]] conduit à des flottes de 60 navires. Certains textes grecs laissent penser que l'ensemble de la flotte punique comportait environ 220 vaisseaux — sans compter les navires marchands pouvant servir au transport de troupes — au moment des guerres entre Grecs et Puniques pour le contrôle de la Sicile. |
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Même si le type de liens entre Carthage et les diverses composantes de ses possessions nous échappe très largement, la métropole se chargeant sans doute des relations diplomatiques et du commerce, [[Sabatino Moscati]] a pu considérer l'« incapacité ''[de Carthage]'' à créer un empire solide et structuré » comme une cause de sa défaite finale<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=[[Sabatino Moscati]]|titre chapitre=L'empire carthaginois|auteurs ouvrage=[[André Parrot]], [[Maurice Chéhab|Maurice H. Chéhab]] et [[Sabatino Moscati]]|titre=Les Phéniciens|collection=L'Univers des formes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2007|isbn=978-2070118977|passage=65}}.</ref>. |
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=== Possessions : Zone d'influence ou empire ?=== |
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== Architecture et urbanisme == |
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[[Image:CarthageMap.png|right|thumb|300px|La [[cité-État]] de [[Carthage]] et ses territoires sous son influence politique et commerciale vers [[-264|264 av. J.-C.]]]] |
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=== Protéger la cité : la ville fortifiée === |
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Les auteurs anciens ont longuement évoqué les murailles des cités puniques à l'occasion de la relation des sièges subis par certaines d'entre elles<ref>Pour développer cet aspect, consulter en particulier les descriptions des murailles de Carthage.</ref>. Outre les citadelles des cités principales existaient également des [[Place forte|forteresses]] destinées au contrôle d'un territoire donné<ref name="fortifications">{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Edward Lipinski]]|titre chapitre=Fortifications|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=175-176}}.</ref>. Les fouilles archéologiques ont largement confirmé la diffusion dans tout l'espace punique du modèle de la ville avec enceinte fortifiée, du moins dans l'état actuel des recherches<ref name="fortifications"/>. Les fouilles du quartier Magon de Carthage ont mis en évidence le tracé de la muraille de la cité, au travers de laquelle une porte était percée, du côté de la mer. |
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Les Puniques ont réutilisé dans certains cas des murailles antérieures, comme à Eryx en Sicile, et leurs propres forteresses ont parfois servi de soubassement à d'autres éléments fortifiés, comme à [[Kélibia]] dans la péninsule du [[cap Bon]]. |
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Carthage dominait à l'époque de sa plus grande expansion territoriale (en 264 avant J.-C.) la [[Bassin méditerranéen|Méditerranée occidentale]] par le biais de ses comptoirs en [[Afrique du Nord]] ([[Maghreb]] actuel dont l'ouest de la [[Libye]] et au moins une partie de la côte [[maurétanie]]nne), en [[Sicile]], en [[Sardaigne]], aux [[îles Baléares]] et en [[Hispanie]], sans compter de petites îles comme [[Malte]], les [[îles Éoliennes]] — ou îles [[Stromboli (volcan)|Stromboli]] — et les [[îles Pélages]], et par le contrôle qu'elle exerçait sur d'anciens établissements phéniciens tels que [[Lixus]] (près de [[Tanger]] au [[Maroc]]), Mogador (actuelle [[Essaouira]] sur la côte atlantique du Maroc), le port de [[Gadès]] et le port d'[[Utique]]. Parmi les grandes cités puniques figurent, outre la capitale Carthage, [[Hadrumète]], [[Ruspina]], [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]] ou encore [[Hippone]]. |
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<gallery caption="Exemples de fortifications carthaginoises"> |
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Gadès (actuelle [[Cadix]] en [[Andalousie]]) et Utique sur le territoire de l'actuelle [[Tunisie]] furent fondées par les Phéniciens entre le {{-s mini|XII|e}} et le {{-s|X|e}}. Carthage a pour sa part été fondée en [[-814|814 av. J.-C.]] par des marins de [[Tyr]], sur une [[presqu'île]] entourée de [[lagune]]s au nord-est de l'actuelle [[Tunis]]. Au sommet de sa gloire, la cité compte {{formatnum:700000}} habitants si l'on en croit [[Strabon]], un géographe grec du {{-s|II|e}}. |
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KELIBIA Fort 01.JPG|Fort hispano-turc de [[Kélibia]] construit sur des soubassements puniques ({{s mini-|V|e}} et {{-sp-|III|e|-|II|e}}). |
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Carthaginian wall of Cartagena.jpg|Vestiges de la muraille punique de [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]] ({{-s-|III}}). |
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Erice mura.jpg|Muraille de la cité d'Eryx en Sicile avec réutilisation d'une base antérieure ({{-sp-|IV|e|-|III|e|s}}). |
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Carthage.svg|Plan de la Carthage punique. |
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=== Espaces publics et structures : routes et ports === |
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== Architecture et urbanisme== |
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===Protéger la cité : la ville fortifiée=== |
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Les murailles et les forteresses : Les auteurs anciens ont longuement évoqué les murailles des cités puniques à l'occasion de la relation des sièges dont certaines ont été victimes<ref>Voir en particulier les descriptions des murailles de Carthage</ref>. Outre les citadelles des cités principales, existaient également des forteresses destinées au contrôle d'un territoire donné<ref>article ''Fortifications'' par E. Lipinski dans ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.175</ref>. |
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Les fouilles archéologiques ont largement confirmé la diffusion du modèle de la ville avec enceinte fortifiée, dans tout l'espace punique, du moins dans l'état actuel des recherches<ref>article ''Fortifications'' par E. Lipinski dans ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.175-176</ref>. Les Puniques ont réutilisé dans certains cas des murailles antérieures comme à Eryx en Sicile, et leurs propres forteresses ont parfois servi de soubassement aux forteresses d'époque postérieure, ainsi à Kélibia dans la péninsule du Cap Bon. |
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{{Article détaillé|Ports puniques de Carthage}} |
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[[Fichier:Carthage - Punic port.jpg|gauche|vignette|Cales de radoub de l'îlot de l'amirauté (après le {{-s-|IV}}).]] |
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L'espace public s'organisait autour de l'agora : centre de la cité, la place était bordée par la bâtisse du Sénat et également par des bâtiments aux fonctions religieuses. L'agora de Carthage, même si sa localisation est à peu près connue, n'a pas fait l'objet de reconnaissances archéologiques. L'emplacement des sites utilisés par les Puniques nécessitait la mise en place de structures, ports et [[cothon]]s. Même si les bateaux durent être seulement à l'abri dans des [[Baie (géographie)|anses]] ou dans des sites naturels privilégiés, comme le ''stagnum'' de Motyé, au début de leur histoire, il est vite apparu indispensable de créer des structures artificielles appelées « cothon »<ref>{{Harvsp|Lipinski|1992|p=121 et 463}}.</ref>. On retrouve ce type de port artificiel à [[Rachgoun]], Motyé ou Sulcis<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=74}}.</ref> voire à [[Mahdia]], même si cette dernière attribution est discutée<ref>Les installations portuaires ont en effet été attribuées à l'époque [[Fatimides|fatimide]] de la cité.</ref>. |
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File:KELIBIA Fort 01.JPG|Le fort de [[Kélibia]] est construit sur des soubassements puniques |
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File:Cartagena muralla punica.jpg|Vestiges de la muraille punique de [[Carthagène]] |
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File:Erice mura.jpg|Muraille de la cité d'Eryx en Sicile, avec réutilisation d'une base antérieure |
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File:Carthage.gif|Plan de Carthage punique |
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[[Fichier:Mozia Kothon.jpg|vignette|Cothon de [[Motyé]] (avant {{Date-|-397}}).]] |
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===Espaces publics=== |
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* la place publique, l'agora : centre de la cité, place bordée par la bâtisse du Sénat et un grand temple. |
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Dans le cas de Carthage, les installations — du moins dans leur état final car la question de la localisation des ports primitifs de Carthage n'est toujours pas réglée — sont très élaborées et décrites par un texte célèbre d'Appien<ref>[[Appien]], ''Libyca'', 96.</ref>. La phase finale de la construction eut vraisemblablement lieu dans la première moitié du {{-s|II}}, avec un port marchand doublé d'un port circulaire possédant un îlot (dit de l'amirauté) permettant la sécurité de la flotte de guerre, ainsi qu'une discrétion limitant les risques d'espionnage<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=73}}.</ref>. La fouille de ces structures lors de la campagne internationale de Carthage a confirmé certaines données des textes, en particulier le nombre de 220 navires<ref>[[Appien]], ''Libyca'', 96, cité dans {{Harvsp|Decret|1977|p=65}}.</ref> pouvant y être abrités semblant désormais vraisemblable, à quelques dizaines d'unités près. L'hivernage y était assuré par des [[Forme de radoub|cales]] de [[radoub]] installées sur l'îlot et autour du port militaire à la fin de la période de domination carthaginoise<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=76}}.</ref>. Sur les pourtours du port de commerce se situait par ailleurs une zone d'entrepôts<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=77}}.</ref>, voire d'ateliers d'artisans. |
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* les ports |
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===Architecture sacrée=== |
=== Architecture sacrée === |
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{{Article connexe|Tophet de Carthage}} |
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{{Article détaillé|Tophet de Carthage}} |
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# lien avec la topographie urbaine : pas de règle dans le positionnement des lieux de culte. On a retrouvé des lieux de culte tant dans les centres urbains ou acropoles que dans les périphéries, si ce n'est dans les zones rurales. |
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[[Fichier:Tempio di Eshmun-Esculapio 1 (Nora).jpg|vignette|Temple d'Eshmoun-Esculape de Nora, {{-s-|II}}]] |
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# les temples et sanctuaires : le temple d'Eshmoun était le plus grand sanctuaire de Carthage situé selon Appien au sommet de l'[[acropole]] à laquelle on a identifié la colline Saint Louis, rebaptisée [[Byrsa]]<ref>A. Beschaouch, ''la légende de Carthage'', p. 81</ref>. Les fouilles ont permis de dégager des espaces cultuels : aux abords de l'actuelle gare de Salammbô à Carthage mais aussi en bordure de Sidi Bou Saïd. Il semblerait que la campagne internationale de l'UNESCO ait retrouvé le temple dit d'Apollon, à la lisière de l'espace utilisé par l'agora et auquel il faille associer nombre de stèles découvertes dans les environs au XIXe siècle et attribuées au tophet<ref>A. Beschaouch, ''la légende de Carthage'', p. 84-86</ref>. Le sanctuaire rural de Thinissut (Bir Bou Regba) quoi que daté du début de l'Empire romain possède tous les caractères des sanctuaires orientaux, tant par sa construction faite de plusieurs cours juxtaposées que par son mobilier de statues de terre cuite dont la célèbre représentation de Ba'al Hammon<ref>S.Lancel et E.Lipinski, article ''Thinissut'', dans ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.451</ref>. |
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[[Fichier:Tofet (Monte Sirai).JPG|gauche|vignette|Tophet de [[Monte Sirai]] en Sardaigne ({{-sp-|IV|e|-|II|e|s}}).]] |
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# le cas particulier du tophet : Espace identifié dans nombre de sites de Méditerranée occidentale , et situé à l'écart de la cité, voir même dans un espace insalubre dans le cas de Carthage. débat très virulent encore récemment, les fouilles ne permettant pas de mettre un terme aux polémiques issues de certaines sources classiques. Sanctuaire et cimetière selon certains auteurs. Aire occupée peu à peu par les dépositions d'urnes et de stèles et recouverte de terre afin de continuer à utiliser l'espace<ref>Édouard Lipinski [sous la dir. de], ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', éd. Brépols, Paris, 1992, p. 463</ref>. |
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File:Mastio dall'ingresso (Monte Sirai).JPG|Le ''Mastio'' de Monte Sirai, qui a servi un temps de temple |
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File:Tempio di Eshmun-Esculapio 1 (Nora).jpg|Temple d'Eshmoun de Nora |
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File:Tofet (Monte Sirai).JPG|Tophet de [[Monte Sirai]] en Sardaigne |
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File:Tofet reconstruction.jpg|Reconstitution d'une coupe stratigraphique du tophet de Sant'Antioco |
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La place de l'espace sacré dans la civilisation carthaginoise est liée à la topographie urbaine, même si l'archéologie a parfois mis en évidence l'absence de règles dans le positionnement des lieux affectés à cet usage. On en a en effet retrouvé tant dans les centres urbains ou acropoles que dans les périphéries, si ce n'est même dans les zones rurales. La localisation des lieux de culte est dépendante de la croissance des cités, qui reste une inconnue pour une très large part, leur position dans la cité ayant pu de ce fait évoluer. |
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===Architecture privée === |
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# l'organisation des quartiers : plan en damier, organisé. Le quartier dit de Magon. |
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Certains sont connus par les sources littéraires, ainsi le [[Temple d'Eshmoun (Carthage)|temple d'Eshmoun]], le plus grand sanctuaire de Carthage, qui était situé selon Appien en haut de l'acropole, à laquelle on a identifié la colline Saint-Louis, rebaptisée [[Byrsa]]. Cependant, le sommet totalement arasé à l'époque romaine a entraîné la perte de l'ensemble de ses vestiges<ref>{{Harvsp|Beschaouch|1993|p=81}}.</ref>. Le temple de [[Melqart]] à Gadès est quant à lui très longtemps réputé, jusqu'à l'époque romaine. |
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Organisation de la maison : la construction est connue par les fouilles de Kerkouane et le quartier Hannibal du flanc sud de Byrsa. |
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Le sanctuaire d'[[Astarté]] à Tas Silg, à Malte, succédant à un espace cultuel indigène, est également célèbre. Les fouilles de Carthage ont permis par ailleurs de dégager des espaces cultuels plus modestes, aux abords de l'actuelle gare du [[TGM]] de Salammbô à Carthage, mais aussi en bordure du village de [[Sidi Bou Saïd]]. Il semblerait aussi que la campagne internationale de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] ait retrouvé le temple dit d'Apollon à la lisière de l'espace utilisé par l'agora, auquel il faudrait associer nombre de [[stèle]]s découvertes dans les environs au {{s|XIX}} et attribuées au [[Tophet de Carthage|tophet]]<ref>{{Harvsp|Beschaouch|1993|p=84-86}}.</ref>. |
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L'entrée des maisons du quartier de Byrsa baptisé ''Quartier Hannibal'' est très étroite, un long couloir menant à une cour possédant un puisard et autour de laquelle s'ordonne la bâtisse. A l'avant se situait un espace consacré au commerce selon certaines interprétations. Un escalier menait à l'étage. Certaines sources en particulier Appien énoncent que les bâtisses possédaient 6 étages<ref>Appien, ''Lybica'', 128</ref>, les traces archéologiques retrouvées ont confirmé la présence de plusieurs étages mais avec une interrogation sur leur nombre<ref>S. Lancel et J.-P. Morel, « La colline de Byrsa : les vestiges puniques », ''Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine'', p. 55</ref>. |
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Le [[Sanctuaire de Thinissut|sanctuaire rural de Thinissut]] (actuelle Bir Bou Regba), quoique daté du début de l'[[Empire romain]], possède tous les caractères des sanctuaires orientaux, tant par son ensemble de cours juxtaposées que par son mobilier de statues de terre cuite, dont la représentation de [[Ba'al Hammon]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Serge Lancel]]|auteur2=[[Edward Lipinski]]|titre chapitre=Thinissut|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=451}}.</ref>. Le tophet est une structure que l'on retrouve sur de nombreux sites de Méditerranée occidentale et situé à l'écart de la cité, voire dans un lieu insalubre, dans le cas de Carthage. L'aire se présente comme un espace occupé peu à peu par des dépositions d'urnes et de stèles, et que l'on recouvre de terre afin de continuer à l'utiliser<ref>{{Harvsp|Lipinski|1992|p=463}}.</ref>. L'étude de la structure a entraîné depuis les origines un débat très virulent, qui persiste encore, les fouilles ne parvenant pas à mettre un terme aux polémiques issues de certaines sources classiques. Selon certains auteurs, on aurait là un sanctuaire et un cimetière. |
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Les constructions de Kerkouane. |
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# un modèle oriental ? |
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=== Architecture privée === |
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#l'eau : l'eau dans le monde punique est de la responsabilité de chacun, les maisons individuelles étant pourvues de citernes. Le monde oriental n'était pas rétif à l'eau, en témoignent les nombreuses baignoires-sabots retrouvées sur le site de Kerkouane. |
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[[Fichier:Maison punique byrsa.jpg|gauche|vignette|Maison punique de Byrsa datant du {{-s-|II}}]] |
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[[Fichier:Kerkouane1.JPG|vignette|Maison à péristyle de la rue de l'Apotropaion de Kerkouane, fin du {{-sp-|IV|e|- début du|III|e}}]] |
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Les fouilles de [[Kerkouane]] et des deux quartiers puniques de Carthage, ceux de Magon et d'Hannibal, ont mis en évidence des quartiers organisés selon un [[Plan hippodamien|plan en damier]] et disposant de larges rues. |
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L'organisation de la maison punique est désormais bien connue. L'entrée des habitations du quartier de Byrsa, baptisé quartier Hannibal, est très étroite, un long couloir menant à une cour possédant un puisard et autour de laquelle s'ordonne la bâtisse. À l'avant se situait un espace consacré, selon certaines interprétations, au commerce ; un escalier conduisait à l'étage. Différentes sources, en particulier Appien, affirment que les bâtisses possédaient six étages<ref>[[Appien]], ''Libyca'', 128.</ref>, les traces archéologiques ayant confirmé la présence de plusieurs étages mais avec une interrogation sur leur nombre<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Serge Lancel]]|auteur2=Jean-Paul Morel|titre chapitre=La colline de Byrsa : les vestiges puniques|auteurs ouvrage=[[Abdelmajid Ennabli]]|titre ouvrage=Pour sauver Carthage : exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine|lieu=Paris/Tunis|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]/[[Institut national du patrimoine (Tunisie)|Institut national d'archéologie et d'art]]|année=1992|isbn=978-9232027825|passage=55}}.</ref>. |
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File:Maison punique byrsa.jpg|Maison punique de Byrsa |
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File:Kerkouane vue.jpg|Vue générale sur les ruines de [[Kerkouane]] |
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File:Kerkouane1.JPG|Maison à péristyle de la rue de l'Apotropaion de Kerkouane |
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File:Kerkouane baignoire.jpg|Une baignoire-sabot caractéristique de Kerkouane |
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Certaines demeures apparaissent plus somptueuses que les autres, en particulier une villa à [[péristyle]] dans le quartier de Magon. On observe la même distinction dans les constructions de Kerkouane avec le bel exemple de la villa de la rue de l'Apotropaion. L'organisation des maisons a fait dire à [[M'hamed Hassine Fantar]] que l'on avait là un modèle oriental, avec une appropriation de substrats libyens. La question de l'eau dans le monde punique est de la responsabilité de chacun, les maisons individuelles étant pourvues de [[citerne]]s qui aident aujourd'hui les archéologues dans l'étude de la topographie urbaine. Enfin, on a retrouvé de nombreuses baignoires-sabots sur le site de Kerkouane. |
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===Architecture funéraire=== |
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* typologie des tombes : les tombes sont généralement creusées dans la roche et non construites. |
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**tombes à puits simple avec cercueil au fond ou à étage |
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**escalier menant à un puits |
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* modes d'inhumation : dominance de l'inhumation |
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* mobilier et décoration : poteries, talismans, bijoux, pierres, usage de l'ocre rouge (symbole du sange et donc de la vie), oeufs d'autruche peints (symbole renaissance), miniatures en argile de mobilier. cercueil souvent enduit de plâtre. sarcophage en bois de Kerkouane. décoration peinte tombes du Cap Bon. |
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=== Architecture funéraire === |
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L'architecture funéraire est le premier élément à avoir été étudié dès la fin du {{s|XIX}}, en particulier à Carthage, les exhumations donnant lieu à de véritables cérémonies mondaines<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=71}}.</ref>. La localisation en arc de cercle de ces [[nécropole]]s<ref>{{Harvsp|Picard|1951|p=39}}.</ref> a permis de circonscrire la cité punique et d'examiner les variations de son périmètre. |
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File:Tombes puniques parc antonin1.jpg|Tombes puniques à puits du parc des thermes d'Antonin de Carthage |
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File:Tombeau punique Byrsa.jpg|Tombeaux puniques de Byrsa |
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Les archéologues ont remarqué une certaine typologie des tombes, généralement creusées dans la roche et non construites, soit selon un type de tombe à puits simple avec [[cercueil]] au fond ou à étage, ou bien comprenant un escalier menant à un puits. Le mode de l'inhumation prédomine largement, sauf à certaines périodes comme l'a montré la fouille de la [[nécropole punique de Puig des Molins]]. |
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File:Begraafplaatsfeniciërs 5-05-2007 18-45-22.jpg|Tombe de Cala d'Hort, Ibiza |
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File:Necropoli punica 2 (Monte Sirai).JPG|Tombeau punique de Monte Sirai |
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Le mobilier et la décoration de ces sépultures sont stéréotypés : [[poterie]]s, [[talisman]]s, [[bijou]]x, pierres, usage de l'[[ocre]] rouge (symbole du sang et donc de la vie), œufs d'[[autruche]] peints (symbole de la renaissance) ou encore miniatures de mobilier en [[argile]]. Le cercueil est souvent enduit de [[plâtre]]. Un [[sarcophage]] de bois, dans un état exceptionnel de conservation, a été découvert à Kerkouane mais cet exemple reste unique à ce jour. Diverses tombes ont été ornées de décorations peintes, ainsi celles des tombes du Djebel Mlezza au cap Bon, qui ont pu apparaître comme symbolisant la croyance punique en un au-delà, l'âme du défunt effectuant une sorte de voyage : selon [[François Decret]], « pour ce peuple de marins, la Cité céleste était le dernier port où aborder »<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=151-152}}.</ref>. |
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<gallery caption="Série de tombes puniques"> |
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Tombes puniques parc antonin1.jpg|Tombes puniques à puits du parc des thermes d'Antonin de Carthage. |
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Tombeau punique Byrsa.jpg|Tombeaux puniques de Byrsa. |
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Begraafplaatsfeniciërs 5-05-2007 18-45-22.jpg|Tombe de Cala d'Hort (Ibiza). |
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Necropoli punica 2 (Monte Sirai).JPG|Tombeau punique de Monte Sirai. |
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=== Architecture et mosaïque puniques === |
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Peu de vestiges de l'architecture punique ont subsisté en élévation du fait de l'application du principe ''[[Delenda Carthago]]'', mais plusieurs caractéristiques peuvent se dégager des recherches archéologiques. Les fouilles de Carthage, en particulier celles du quartier d'habitation de bord de mer dit « quartier Magon », et de [[Kerkouane]], ont mis en évidence les apports architecturaux de l'[[Égypte antique]] pour les périodes les plus anciennes et de la [[Grèce antique]] pour les périodes plus récentes. |
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L'utilisation de la corniche à gorge ainsi que des modèles réduits de façades de temples sur les stèles avec disque solaire et ''[[Uræus|uræi]]'' témoignent de l'influence égyptienne<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=417-418}}.</ref>. Des fragments de colonnes moulurées de [[Grès (géologie)|grès]] d'[[El Haouaria]] ornées de [[stuc]] ont aussi été retrouvés, ainsi que les preuves de l'usage de l'[[ordre ionique]], notamment dans l'exemple du ''naïskos'' de [[Thuburbo Majus]]<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=426}}.</ref>, et de l'[[ordre dorique]] dans les fouilles de la colline de Byrsa. |
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Les fouilles de [[Kerkouane]] mais aussi du flanc sud de [[Byrsa]] ont révélé la présence de [[mosaïque|mosaïques]] dites ''pavimenta punica'', des tesselles étant agglomérées à une sorte de mortier rouge<ref>M. Hours-Médian, ''Carthage'', p.99</ref>. Il a été découvert des représentations figurées du signe de Tanit en particulier dans la cité du [[Cap Bon]]. Ces découvertes datables du IIIe siècle remettent en cause l'origine [[Grèce ancienne|grecque]] de la mosaïque classique longtemps considérée comme un fait acquis par les historiens et archéologues. |
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Les fouilles de Kerkouane, mais aussi du flanc sud de Byrsa, ont également révélé la présence de [[mosaïque]]s dites ''pavimenta punica'', des tesselles étant agglomérées à une sorte de [[Mortier (matériau)|mortier]] rouge<ref>{{Harvsp|Hours-Miédan|1982|p=99}}.</ref>. On a aussi découvert des représentations figurées du [[signe de Tanit]], entre autres dans la cité du [[cap Bon]]. Ces objets datés du {{-s|III}} remettent en cause l'origine grecque de la mosaïque classique, longtemps considérée comme un fait acquis par les historiens et les archéologues. |
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File:Pavimenta punica Byrsa.jpg|''Pavimenta punica'' dans le quartier Hannibal du flanc sud de Byrsa |
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<gallery caption="Éléments de l'architecture punique"> |
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Fichier:Kerkouane2.JPG|Maison de Kerkouane avec mosaïque portant le [[signe de Tanit|signe dit de Tanit]] |
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Maquette el haouaria carthage.jpg|Restitution d'un puits d'extraction de grès d'El Haouaria au Cap Bon, antiquarium du quartier de Magon à Carthage. |
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Urna.jpg|''Naïskos'' de Thuburbo Majus au musée national du Bardo (première moitié du {{-s-|II}}). |
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Pavimenta punica Byrsa.jpg|''Pavimenta punica'' dans le quartier Hannibal du flanc sud de Byrsa ({{-s-|II}}). |
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Kerkouane2.JPG|Maison de Kerkouane avec une mosaïque portant le [[Signe de Tanit|signe dit de Tanit]] (fin du {{-sp-|IV|e|-début du|III|e}}). |
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== Moyens de la puissance : marine et armée == |
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[[Serge Lancel]] dans sa synthèse a associé les deux termes<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=155}}.</ref>, tant il est vain de vouloir étudier la civilisation carthaginoise sans appréhender ces deux piliers de l'expansion punique en Méditerranée occidentale. |
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=== Marine === |
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L'expression a été utilisée par [[Serge Lancel]] dans sa synthèse magistrale<ref>Serge Lancel, ''Carthage'', p.155</ref>, tant il est vain de vouloir étudier la civilisation carthaginoise sans appréhender ces deux piliers de l'expansion punique en Méditerranée occidentale. |
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Carthage a bénéficié des avancées phéniciennes en matière de [[construction navale]] et de commerce maritime. La marine punique a eu dès le départ pour objet de protéger et de garder secrètes les routes commerciales, en particulier par un contrôle de la zone du [[détroit de Gibraltar]]. |
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===Marine=== |
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Carthage a bénéficié des avancées phéniciennes en matière de construction navale et de commerce maritime. La marine punique a eu comme objet dès le départ de protéger et garder jalousement les routes de commerce, par en particulier un contrôle de la zone du détroit de Gibraltar. |
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[[Fichier:Stèle navire MN carthage.jpg|vignette|Figuration d'un navire punique sur une stèle tardive du tophet de Carthage exposée au [[musée national de Carthage]], {{IIIe}}-{{-s-|II}}]] |
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Au service du commerce punique, la marine permit d'écarter les concurrents grecs, en particulier les Phocéens. |
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Au service du commerce, la marine a écarté les concurrents grecs, en particulier les Phocéens. Carthage domina longtemps les mers ; elle possédait la technologie maritime et la connaissance des mers la plus avancée. Copiée par les Romains pour rattraper leur retard dans ce domaine, sa puissance navale est réduite considérablement dès la [[première guerre punique]]. |
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Carthage conserva longtemps cet avantage, et un des objectifs de Rome a été de le réduire à néant, et dès la première guerre punique sa puissance navale fut réduite considérablement. |
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==== Types de navires ==== |
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{{Article détaillé|Flotte carthaginoise}} |
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Les deux marines de Carthage (marine marchande et marine de guerre) ont la même finalité à savoir la préservation du commerce. |
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Les deux marines de Carthage (marchande et de guerre) ont eu la même finalité, à savoir la préservation du commerce. |
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La puissance navale punique s'appuyait sur deux types de navires, [[trirème]]s |
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et [[quinquérème]]s. |
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[[Fichier:Corbita BM GR1850.3-4.32.jpg|gauche|vignette|Représentation d'un navire sur un relief romain en marbre du {{s-|II}} trouvé en Tunisie et exposée au [[British Museum]].]] |
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L'épave de [[Marsala]] : La découverte d'une épave d'un navire de guerre au large de la [[Sicile]] a permis d'accroître nos connaissances sur la construction navale punique du IIIe siècle avant J.-C. Il a pu être établi que les navires de l'époque étaient construits selon une technique très élaborée, identifiée à la mise en oeuvre d'éléments ''préfabriqués''<ref>H. Horst, cité par S. Lancel, ''Carthage'', p.185</ref>. Cette technique permet de valider ce que nous disent les textes, en particulier Appien<ref>Appien, ''Libyca'', 121</ref>. |
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Le navire, qualifié de chiourme, possédait un éperon destiné à frapper les navires ennemis<ref>S. Lancel, ''Carthage'', p.183</ref>. |
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File:Corbita BM GR1850.3-4.32.jpg|Représentation d'un navire sur un relief romain du second siècle de notre ère trouvé en Tunisie actuelle |
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Fichier:Stèle navire MN carthage.jpg|Figuration d'un navire punique sur une stèle tardive du tophet de carthage |
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La puissance navale de Carthage s'explique sans doute par sa maîtrise des techniques de navigation. Elle s'appuie sur deux types de navires : les [[Trière|trirèmes]], galère à trois rangs superposés de rames, et les [[quinquérème]]s, galère avec quatre puis cinq rameurs sur un banc de nage. Les navires étaient équipés de proues à protomé de tête de cheval, comme le suggèrent certaines représentations iconographiques. Excellents constructeurs de navires, les Puniques ont bâti grâce à leur flotte un empire maritime que certains ont pu comparer à celui d'[[Athènes]]. La découverte des [[Épaves puniques de Marsala|épaves de Marsala]], navires de guerre fouillés par [[Honor Frost]] au large de la [[Sicile]], a précisé les connaissances actuelles sur la construction navale punique du {{-s|III}} ; les navires de l'époque étaient construits selon une technique très élaborée, identifiée à la mise en œuvre d'éléments « préfabriqués »<ref>[[Honor Frost]], cité par {{Harvsp|Lancel|1992|p=185}}.</ref>. |
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====Les structures : routes et ports==== |
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Cette technique confirme ce que disent les textes, notamment ceux d'Appien<ref>[[Appien]], ''Libyca'', 121.</ref>. Le navire, qualifié de chiourme, possédait un [[Éperon (marine)|éperon]] destiné à frapper les bateaux ennemis<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=183}}.</ref>. |
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{{Article connexe|Ports puniques de Carthage}} |
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==== Périples ==== |
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La localisation des sites utilisés par les Puniques nécessitait la mise en place de structures, ports et [[cothon|cothons]]. Même si les bateaux durent être au début de leur histoire seulement à l'abri dans des anses ou dans des sites privilégiés comme le ''stagnum'' de Motyé, il apparut nécessaire de mettre en place des structures faites de main d'homme ou cothon<ref>Édouard Lipinski [sous la dir.], ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', éd. Brépols, Paris, 1992, p. 121 </ref>. On retrouve ce type de port artificiel à Rachgoun, Motyé, Sulcis<ref>H. Dridi, ''carthage et le monde punique'', p.74</ref>, voire à Mahdia, même si cette dernière attribution est discutée. Dans le cas de Carthage, les installations - du moins dans leur état final, car la question de la localisation des ports primitifs de Carthage n'est toujours pas réglée - sont très élaborées et décrites par un texte célèbre d'Appien<ref>Appien, ''Lybica'', 96 </ref>, la phase finale étant vraisemblablement construite dans la première moitié du second siècle avant J.-C, avec un port marchand doublé d'un port circulaire possédant un ilôt (dit de l'amirauté) permettant la mise en sécurité de la flotte de guerre, ainsi qu'une discrétion permettant de limiter les risques d'espionnage<ref>H. Dridi, ''carthage et le monde punique'', p.73</ref>. La fouille de ces structures lors de la campagne internationale de Carthage a permis de confirmer certaines données des textes, en particulier le nombre de navires pouvant y être abrités. L'hivernage était assuré par des cales de radoub installées sur l'îlot et autour du port militaire à la fin de la période<ref>H. Dridi, ''carthage et le monde punique'', p.76</ref>. Sur les bords du port de commerce se situait une zone d'entrepôts<ref>H. Dridi, ''carthage et le monde punique'', p.77</ref> voire d'ateliers d'artisans. |
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File:MahdiaCemetery.JPG|Le cothon punique de [[Mahdia]], derrière le cimetière marin contemporain |
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File:Mozia Kothon.jpg|Le cothon de Motyé |
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Fichier:Ilôt amirauté carthage.jpg|Plan et coupe de l'ilôt de l'amirauté du port militaire de Carthage |
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File:Carthage - Punic port.jpg|Cales de radoub de l'ilôt de l'amirauté de Carthage |
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[[Fichier:Hannon map-fr.svg|vignette|Zone explorée lors du périple de Hannon.]] |
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====Les périples==== |
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Les périples témoignent de la hardiesse des marins puniques, et de leur maîtrise des mers, il est possible que les Carthaginois aient découvert de nouvelles terres : Le périple de [[Hannon (navigateur)|Hannon]] mène les Puniques de Gadès à longer les côtes du [[Afrique|continent africain]] jusqu'au [[golfe de Guinée]] avec une [[flotte]] de navires carthaginois. Celui d'[[Himilcon]] les aurait mené aux [[îles Cassitérides]] vers la [[Grande-Bretagne]] sur la route de l'étain. Les [[périple des marins de Néchao|marins de Néchao]] seraient parvenus pour leur part à effectuer les premiers la circumnavigation du continent africain<ref>Hérodote, ''L'Enquête'', livre IV (Melpomène), 42</ref>. |
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Les périples maritimes témoignent de la hardiesse des marins puniques et de leur maîtrise des mers. Il est possible qu'ils aient découvert de nouvelles terres : le périple de [[Hannon le Navigateur|Hannon]] mène ainsi les Puniques de Gadès à longer les côtes du [[Afrique|continent africain]] jusqu'au [[golfe de Guinée]] avec une [[flotte]] de navires carthaginois. Celui d'[[Himilcon]] les aurait conduits aux [[îles Cassitérides]] vers la [[Grande-Bretagne]], sur la route de l'[[étain]]. |
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Fichier:Periplo de Hannón.jpg|Zone explorée lors du périple de Hannon |
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File:Necho-KnellingStatue BrooklynMuseum.png|Statue supposée représenter le pharaon [[Nékao II|Néchao]] au musée de Brooklyn |
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Les [[Périple des marins de Néchao|marins de Néchao]] seraient parvenus pour leur part à effectuer les premiers la [[circumnavigation]] du continent africain<ref>[[Hérodote]], ''[[Histoires|L'Enquête]]'', IV « Melpomène », 42.</ref>. |
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''{{Lien|trad=On Marvellous Things Heard|fr=De mirabilibus auscultationibus}}'' (soit ''Sur les choses merveilleuses entendues''), ouvrage [[Œuvres d'Aristote#Les faux : les Pseudo-Aristote|faussement attribué à Aristote]]<ref name=":03">''{{Lien|trad=On Marvellous Things Heard|fr=De mirabilibus auscultationibus}}'', 84, lire en ligne [https://penelope.uchicago.edu/Thayer/H/Roman/Texts/Aristotle/de_Mirabilibus*.html le texte grec], ainsi que [https://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Aristotle/de_Mirabilibus*.html sa traduction en anglais].</ref>, rapporte une légende sur une île découverte par les Carthaginois : |
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{{clr}} |
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{{Citation|Dans la mer au-delà des [[colonnes d'Hercule]], on dit que les Carthaginois trouvèrent une île déserte, ayant des bois de toutes sortes et des rivières navigables, remarquable par toutes sortes d'autres fruits, et à quelques jours de navigation ; comme les Carthaginois la fréquentaient souvent en raison de sa prospérité, et que certains y vivaient même, le chef des Carthaginois annonça qu'ils puniraient de mort quiconque proposerait d'y naviguer, et qu'ils massacreraient tous les habitants, afin qu'ils ne racontent pas l'histoire, et qu'une foule ne revienne pas sur l'île, ne s'en empare et n'enlève la prospérité des Carthaginois.}} |
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===Armée=== |
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====Recrutement et commandement==== |
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La question du recrutement de l'armée, de la question des mercenaires et de la place des citoyens a été un élément mis en avant par l'historiographie depuis l'antiquité : la défaite de Carthage était liée au fait du recrutement de soldats professionnels et du manque d'engagement des citoyens, contrairement au modèle grec puis romain. Cet argument omet le courage des derniers combats où la population s'engage dans le combat, et il ne prend pas en compte l'organisation militaire marine qui elle se faisait autour de citoyens. |
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=== Armée === |
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L'armée punique était composée de soldats de diverses origines : des mercenaires, des citoyens engagés volontaires mais aussi des sujets de ses territoires ou de ceux de ses alliés. Cette armée avait donc un fort caractère cosmopolite. Chaque partie apportait des unités en guise de participation à l'effort commun. Une telle structure n'était pas sans danger lorsque l'Etat n'était plus en mesure d'en régler la solde, comme le démontra la [[Guerre des mercenaires]] au lendemain de la [[première guerre punique]]. |
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{{Article détaillé|Armée de Carthage}} |
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==== Recrutement et commandement ==== |
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[[Fichier:Balearic Slinger.jpg|vignette|Restitution d'un [[Frondeurs des Baléares|frondeur des Baléares]] par Johnny Shumate.]] |
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le commandement était aux mains des membres des grandes familles de la cité et désignés par l'''Assemblée du peuple''<ref>Diodore de Sicile, XXV,8</ref>. La hiérarchie militaire est mal connue, même s'il semble avéré que le titre des généraux soit celui de [[Rab (dignitaire punique)|rab]]. La cité n'était guère indulgente envers les généraux vaincus, les textes énonçant maints exemples de généraux crucifiés ou exécutés<ref>H.Dridi, p.113</ref>. |
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File:Balearic Slinger.jpg|Restitution d'un frondeur des Baréales |
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La question du [[recrutement]] de l'armée carthaginoise, des [[mercenaire]]s et de la place des citoyens a été soulignée par l'[[historiographie]] depuis l'Antiquité : la défaite de Carthage serait liée au recrutement de soldats professionnels et au manque d'engagement des citoyens, contrairement au modèle grec puis romain. |
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====Unités==== |
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=====unités terrestres===== |
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Attention les unités ne sont pas figées dans le temps, évolution de l'armée en particulier sous l'impulsion d'[[Hannibal Barca]] qui fait changer une armée traditionnellement à base de phalanges. |
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Cet argument omet le courage des soldats lors des derniers combats, où s'engage la population, et ne prend pas en compte l'organisation de la marine militaire, qui se faisait autour de citoyens. L'armée punique se composait de soldats de diverses origines : des mercenaires, des citoyens engagés volontairement mais aussi des sujets de ses territoires ou de ceux de ses alliés. Cette armée présentait donc un fort caractère cosmopolite ; chaque partie apportait des unités en guise de participation à l'effort commun. Une telle structure n'était pas sans danger lorsque l'État n'était plus en mesure de régler la solde, comme le démontra la [[guerre des Mercenaires]] au lendemain de la [[première guerre punique]]. |
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armement |
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*infanterie légère : |
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**citoyens : lances, épées<ref>H.Dridi, p.117</ref>. Armement spécifique du bataillon sacré décrit par Diodore de Sicile <ref>Diodore de Sicile, XVI, 80, 2 </ref>Plutarque<ref>Plutarque, ''Timoléon'', 27-28</ref>. |
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** Frondeurs des Baléares. |
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** Libyens : javelot, poignard, bouclier de cuir<ref>H.Dridi, p.121</ref>. |
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** fantassins ibères : bouclier et épée courte ''falcata''<ref>H.Dridi, p.117</ref>. |
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Le commandement carthaginois était aux mains de militaires issus des grandes familles et désignés par l'assemblée du peuple<ref>[[Diodore de Sicile]], ''[[Bibliothèque historique]]'', XXV, 8.</ref>. La hiérarchie militaire demeure toutefois mal connue, même s'il semble avéré que le titre de général correspond à celui de [[Rab (dignitaire punique)|rab]]. La cité ne se montrait guère indulgente envers les officiers vaincus, les textes énonçant maints exemples de généraux crucifiés ou exécutés<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=113}}.</ref>. |
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*infanterie lourde : ex. les phalanges |
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**les cavaliers : numides uniquement au départ, puis autres origines dont Ibères et Gaulois<ref>H.Dridi, p.121</ref>. |
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==== Unités ==== |
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**les chars de guerre |
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===== Armement et unités terrestres ===== |
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**les éléphants de guerre : unité mise en exergue mais limitée en nombre et d'usage tardif, après la guerre de Pyrrhus. effet psychologique plus que militaire. origine des éléphants (espèce locale plus petite que l'éléphant d'Asie) et des cornacs (origine indienne parfois signalée)<ref>H.Dridi, p.122</ref>. |
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Les armées de Carthage ne différaient que peu des autres armées de l'époque. Les changements dans les structures et les manœuvres sont dus à [[Hannibal Barca]], désireux de modifier une armée fondée sur les [[Phalange (Antiquité)|phalanges]]<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, I, 33.</ref> issues de la tradition grecque<ref>{{Harvsp|Le Bohec|2003|p=39}}.</ref>, au moins pour la période la mieux connue de son histoire, à partir des guerres siciliennes puis puniques. |
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File:Numidian cavalry.png|Cavalier numide |
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Les unités étaient diverses, organisées en bataillons selon leur origine ethnique, et armées parfois selon leurs traditions propres. L'infanterie légère comprenait, outre des citoyens armés de lances et d'épées<ref name="dridi117">{{Harvsp|Dridi|2006|p=117}}.</ref>, des unités spécialisées : ainsi les frondeurs des [[îles Baléares]], des archers ou des lanciers [[Libyens anciens|libyens]] armés de javelots, poignards et boucliers de cuir<ref name="dridi121">{{Harvsp|Dridi|2006|p=121}}.</ref>, et également des groupes de fantassins [[ibères]] équipés de boucliers et d'une épée courte appelée ''falcata''<ref name="dridi117"/>. Le ''bataillon sacré'' décrit par [[Diodore de Sicile]]<ref>[[Diodore de Sicile]], {{Op. cit.}}, XVI, 80, 2.</ref> et [[Plutarque]]<ref>[[Plutarque]], ''Timoléon'', 27-28.</ref> possédait un armement spécifique. L'infanterie lourde était organisée en phalanges selon le modèle macédonien, mais on ignore si la [[sarisse]], caractéristique de cette formation, était usitée dans l'armée carthaginoise. |
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File:Hannibal spanish soldier.png|Soldat ibère |
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File:Libyan phoenician lancer.png|Lancier libyen |
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Le cœur de cette infanterie est principalement constitué de [[Libyens anciens|Libyens]] et d'[[Ibères]] (ces derniers à partir des Barcides) comme le souligne Khaled Melliti : |
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File:Carthaginian chariot.png|Char punique |
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{{citation bloc|De fait, le cœur de la puissance militaire carthaginoise sera toujours constitué par les Libyens peuplant l'intérieur de l'État carthaginois et, depuis peu, par les Ibères du territoire administré par les Barcides en Espagne, ainsi que par les compléments fournis par les cités phéniciennes d'Afrique, comme Utique ou Hadrumète. Ces unités, qui forment l'essentiel de l'infanterie, constituent les effectifs les plus stables et les plus fiables de l'armée punique. De fait, ils contribuèrent à stabiliser les effectifs puniques face à la versatilité des mercenaires, voire des auxiliaires - gaulois notamment -, ou à l'inexpérience des nouvelles recrues. Ils jouèrent un rôle d'encadrement et de maintien de la discipline indispensable pour un effectif aussi bigarré que l'armée d'Hannibal. Véritable relais du stratège sur le terrain, ce corps, colonne vertébrale de l'infanterie, jouera tout le long de la campagne d'Hannibal un rôle tactique de première importance<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Khaled Melliti|titre=Carthage|sous-titre=histoire d'une métropole méditerranéenne|lieu=Paris|éditeur=Perrin|année=2016|pages totales=549|passage=310|isbn=978-2262041120}}.</ref>.}} |
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Les autres unités terrestres se constituaient surtout de cavaliers, uniquement numides au départ puis issus d'autres origines, dont Ibères et Gaulois<ref name="dridi121"/>. Cet élément très mobile a fait la différence sur les champs de bataille de la deuxième guerre punique. L'équipement incluait également des chars de guerre, sans doute venus d'une longue tradition libyenne liée aux contacts de ce peuple avec les armées égyptiennes, et surtout les [[Éléphant de guerre|éléphants de guerre]]. Cette dernière unité, mise en exergue par les contemporains des guerres puniques, est dans les faits limitée en nombre et d'un usage tardif, vraisemblablement après la [[guerre de Pyrrhus en Italie]]. Un tel usage répondait à des finalités plus psychologiques que militaires. Ces éléphants appartenaient probablement à une [[race]] locale d'[[éléphant de forêt d'Afrique]], plus petite que l'[[éléphant d'Asie]]<ref>Il s'agit de l'hypothèse de nombre d'historiens comme [[Philippe Leveau]] ou Jean-Pascal Jospin.</ref>. Pour ce qui est des cornacs, on signale parfois une origine indienne<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=122}}.</ref>. |
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<gallery caption="Soldats de l'armée carthaginoise"> |
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Numidian cavalry.png|Cavalier numide vu par Theodore Ayrault Dodge (1891). |
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Hannibal spanish soldier.png|Soldat ibère vu par Theodore Ayrault Dodge (1891). |
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Libyan phoenician lancer.png|Lancier libyen vu par Theodore Ayrault Dodge (1891). |
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Carthaginian chariot.png|Char punique vu par Theodore Ayrault Dodge (1891). |
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=====unités marines===== |
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* trirèmes depuis le VIe siècle avant J.-C, avec 200 hommes embarqués, outre les rameurs. |
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* quadrirème inventée à l'époque hellénistique. |
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* quinquérème pendant les guerres puniques, avec 300 hommes embarqués au plus. |
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* logistique assurée par d'autres navires, les ''gauloi''. |
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===== Unités marines ===== |
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Les unités marines ont évolué au cours de l'histoire : la [[Trière|trirème]], apparue dès le {{-s|VI}}, embarquait {{nobr|200 hommes}} outre les rameurs. La [[Quinquérème|quadrirème]] est inventée à l'époque hellénistique. Quant à la [[quinquérème]], embarquant {{nobr|300 hommes}} au plus, elle est conçue pendant les guerres puniques. La logistique était assurée par d'autres navires, appelés ''gauloi''. |
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* apports macédoniens : organisation en phalange<ref>H.Dridi, p.123</ref> |
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disposition armée en campagne, les camps. |
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* changements apportés par Hannibal Barca : importance stratégique de la cavalerie, nouvelles manoeuvres d'enveloppement de l'adversaire (Cannes)<ref>H.Dridi, p.124-125</ref>. |
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* les éléphants de guerre : mythe et réalité. rôle psychologique et désorganisation des lignes ennemies. |
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* la guerre sur la mer : la question du ''corbeau'' mis au point par les Romains afin de contrer la puissance carthaginoise de manoeuvre sur mer. |
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*[[Siège (militaire)|poliorcétique]] : usage des tours de siège et balistes, catapultes |
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==== Techniques et manœuvres ==== |
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Parmi les apports macédoniens à l'art de la guerre carthaginois, les historiens relèvent l'organisation en [[Phalange (Antiquité)|phalange]]<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=123}}.</ref> ainsi que la disposition de l'armée en campagne et les camps. Cependant, des changements sont dus à [[Hannibal Barca]] : l'importance stratégique de la cavalerie, les nouvelles manœuvres d'enveloppement de l'adversaire ([[bataille de Cannes]])<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=124-125}}.</ref>, voire une stratégie d'embuscade pour pallier un désavantage numérique comme lors de la [[bataille du lac Trasimène]]. Les éléphants de guerre, peu et tardivement utilisés mais remarqués par les adversaires, jouaient avant tout un rôle d'intimidation et de désorganisation des lignes ennemies. |
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File:Zama.jpg|Représentation de la bataille de Zama par Cornelis Cort, 1567. |
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File:CannasBattle.gif|La bataille de Cannes |
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En ce qui concerne la guerre sur mer, l'usage de l'époque était d'éperonner les navires. Pour contrer l'avance carthaginoise, les Romains mirent au point le « [[Corbeau (système d'abordage)|corbeau]] » afin de faciliter l'abordage et reprendre l'avantage. Ils purent ainsi écraser Carthage lors de la [[bataille de Mylae]]. |
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File:Battle of lake trasimene-fr.svg|La bataille du Lac Trasimène |
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Les Carthaginois étaient également maîtres en [[Siège (militaire)|poliorcétique]], utilisant des tours de siège, balistes et catapultes. |
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<gallery caption="Batailles impliquant l'armée carthaginoise"> |
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Zama.jpg|Représentation de la bataille de Zama par Cornelis Cort en 1567, gravure, d'après Raphaël. |
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Battle cannae destruction.-fr.svg|Bataille de Cannes. |
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Battle of lake trasimene-fr.svg|Bataille du Lac Trasimène. |
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Stèle éléphant musée carthage-v2.jpg|Représentation d'un éléphant sur une stèle de calcaire du musée de Carthage ({{-sp-|III|e|-|II|e|s}}). |
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{{message galerie}} |
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== Politique et société == |
== Politique et société == |
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=== Institutions === |
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{{Article détaillé|Constitution de Carthage}} |
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L'organisation politique de Carthage était louée par de nombreux auteurs antiques qui mettaient en avant sa « réputation d'excellence »<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, VI, 43.</ref>. Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de la grande cité, on dispose néanmoins d'un texte précieux d'[[Aristote]]<ref>[[Aristote]], ''[[Politique (Aristote)|Politique]]'', II, XI, 1-16, {{p.|110-112}}.</ref> qui la dépeint comme un modèle de constitution « mixte », équilibrée et présentant les meilleures caractéristiques des divers types de régimes politiques ; ce document a alimenté un débat vif, certains historiens, dont [[Stéphane Gsell]], le considérant comme une description tardive<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Stéphane Gsell]]|titre=[[Histoire ancienne de l'Afrique du Nord]]|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1918|tome=II|titre tome=L'État carthaginois|passage=184}}.</ref>. Les chercheurs privilégient désormais une évolution des institutions au cours de l'histoire<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=562-563}}.</ref>. |
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En dépit des insuffisances de l'information dont on dispose sur Carthage, les données sont beaucoup plus importantes que pour les autres cités puniques. |
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==== Problématique de la royauté à Carthage ==== |
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Même si [[Didon]] était issue d'une famille royale, aucun élément dans la légende ne la cite comme reine. Les auteurs grecs ou latins mentionnent la présence de ''basileis'' ou de ''reges''. La théorie de la [[Liste des rois de Carthage|royauté de Carthage]], âprement défendue et développée par [[Gilbert Charles-Picard]] à la suite de [[Karl Julius Beloch]], est dorénavant réfutée par la plupart des historiens. Une partie de l'[[historiographie]] a également supposé des ambitions monarchiques sur le modèle hellénistique aux [[Barcides]] en Espagne, hypothèse également écartée par [[Maurice Sznycer]]<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=566-567}}.</ref>. |
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Le monde phénico-punique n'ignorait pourtant pas la [[monarchie]] : les rois phéniciens mentionnés à Tyr n'étaient toutefois pas détenteurs d'un pouvoir absolu<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=565}}.</ref>. |
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==== Suffètes ==== |
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{{Article détaillé|Suffète}} |
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Le terme ''suffète'', latinisation du mot [[phénicien]] ''shofet'' (pluriel : ''shofetim'') signifie littéralement « juge »<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Sophie Bessis]]|titre=Histoire de la Tunisie|sous-titre=de Carthage à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|année=2019|pages totales=528|passage=32-46|isbn=979-1021021433}}.</ref>. |
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Plus conforme aux traditions orientales et de Tyr, le gouvernement devait être comparable à celui de Rome, avec un Sénat et deux [[suffète]]s élus chaque année mais appelés « rois » par les Romains et les Grecs en raison de leur incapacité à trouver dans leur culture un terme adéquat pour transmettre la réalité punique<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=568}}.</ref>. |
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On pense que ces suffètes exerçaient à la fois le pouvoir judiciaire et exécutif mais non le pouvoir militaire, réservé à des chefs élus séparément chaque année par l'assemblée du peuple et recrutés parmi les grandes familles de la cité. Le cas d'Hannibal Barca peut être souligné, étant élu suffète après la [[Bataille de Zama|défaite de Zama]], en {{Date|-196}} selon [[Tite-Live]]<ref>[[Tite-Live]], ''[[Ab Urbe condita libri]]'', XXIII, 46, 3.</ref>. Le pouvoir des suffètes était vraisemblablement un pouvoir civil d'administration de la chose publique<ref>[[Sénèque]], ''[[Sur la tranquillité de l'âme]]'', IV, 5.</ref>. |
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==== Éléments oligarchiques ==== |
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Les suffètes étaient assistés par un « Conseil des Anciens » : les textes évoquent les « Anciens de Carthage » tout comme à [[Leptis Magna|Lepcis Magna]] on mentionne encore en pleine époque romaine les « Grands de Lepcis »<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=576}}.</ref>. Ce Conseil a été assimilé au Sénat, les membres étant dénommés dans les diverses sources ''gerontes'' ou ''seniores''. |
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Le Sénat, probablement composé par les membres des familles influentes, compta sans doute plusieurs centaines de membres<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=578}}.</ref>. Il avait compétence pour toutes les affaires de la cité : guerre, paix, diplomatie, etc. Les généraux rendaient compte de leurs actes devant cette assemblée, qui avait le dernier mot. On ne sait toutefois pas si les suffètes étaient élus par ces [[Oligarchie|oligarques]] ou par l'ensemble du peuple. |
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En outre, Aristote est le seul à mentionner un conseil restreint, les « Cent-Quatre » ou les « Cent »<ref>[[Aristote]], ''[[Politique (Aristote)|Politique]]'', II, 11, 3 et 7.</ref>, et les « pentarchies ». Ces institutions sont mal connues, la première ayant reçu, sur la base d'un texte de [[Justin (historien)|Justin]], un rôle judiciaire<ref>[[Justin (historien)|Justin]], ''{{Lien|trad=Epitome of the Philippic History of Pompeius Trogus|fr=Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée|texte=Epitoma historiarum Philippicarum Pompei Trogi}}'', XIX, 2, 5-6.</ref>. |
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==== Éléments démocratiques ==== |
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Une assemblée du peuple est citée dans le texte d'Aristote et, si l'on en croit Polybe, elle avait pris du pouvoir durant le {{-sp-|III|et le|II}}<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, VI, 51.</ref>. Ce pouvoir était sans doute grand ; le même auteur parle d'une [[corruption]] largement diffusée pour l'obtention des magistratures<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, VI, 56, 4.</ref> et des commandements militaires. Certaines affaires étaient évoquées devant cette assemblée en cas de désaccord entre les institutions à forme oligarchique, même si ces assertions ne sont étayées par aucune preuve archéologique. |
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On suppose que seuls les hommes libres y étaient admis et certaines sources, dont [[Diodore de Sicile]], font état d'une réunion sur l'agora de la cité<ref>[[Diodore de Sicile]], {{Op. cit.}}, XX, 9, 4.</ref>. |
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Ces inconnues ne permettent donc pas de déterminer quel était le degré de [[démocratie]] dans l'ancienne Carthage. Cependant, il semble acquis que les principales familles de marchands exerçaient l'essentiel du pouvoir. |
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=== Organisation sociale === |
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La société carthaginoise était très stratifiée : l'[[aristocratie]] d'origine [[tyr]]ienne détenait l'essentiel du pouvoir économique, politique et religieux<ref name=":1"/> ; le reste de la population se partageait entre une proportion inconnue d'artisans et de commerçants et un [[prolétariat]] hétéroclite composé d'[[Esclavage dans l'Antiquité|esclaves]] mais aussi de populations natives, voire puniques. La place des femmes reste encore sujette à débat. |
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==== Stratification de la société ==== |
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[[Fichier:Prêtre à l'enfant Musée Bardo.jpg|vignette|''Stèle du prêtre à l'enfant'' trouvée au [[tophet de Carthage]] et déposée au musée national du Bardo ({{-s-|III}}).]] |
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L'aristocratie carthaginoise avait comme caractéristiques son origine [[Phéniciens|phénicienne]] [[tyr]]ienne, sa fortune liée à ses fonctions d'[[armateur]]s puis de propriétaires fonciers<ref name=":1"/>, son rôle dans les magistratures et un mode de vie particulier dans des logements luxueux (au [[cap Bon]] ou dans le quartier de Mégara). |
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Au sein de cette aristocratie se recrutaient les prêtres, qui formaient une classe très organisée et peuplaient les nombreux temples, centres d'une vie intellectuelle active et qui ont notamment permis pendant des siècles le maintien de la langue et de la culture phéniciennes face à la romanisation<ref name=":1"/>. |
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Le sacerdoce pouvait être également exercé par les femmes. Leur habillement est connu notamment grâce à la ''Stèle du prêtre à l'enfant'' ; le personnage identifié comme le célébrant porte une robe de [[Lin (textile)|lin]] et une coiffe particulière qui couronne une tête rasée. |
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Les classes populaires sont méconnues mais on suppose qu'elles étaient formées d'hommes libres et d'esclaves pouvant être attachés à une personne ou à l'État. En outre, on trouvait dans les cités carthaginoises un certain nombre d'étrangers issus de l'ensemble du [[bassin méditerranéen]]<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=97-102}}.</ref>. |
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==== Femmes ==== |
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[[Fichier:Dido Cochet Louvre ENT2000.10.jpg|gauche|vignette|Marbre attribué à Christophe Cochet (mort en 1637), représentant [[Didon (Cochet)|Didon]], et déposé au Louvre.]] |
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En dépit des personnalités fortes et des destins tragiques comme ceux de [[Didon]] (Elishat en [[phénicien]]), [[Sophonisbe]] et l'épouse d'[[Hasdrubal le Boétharque]], les femmes à Carthage apparaissent peu dans les sources disponibles. Quoique marquée par un [[Patriarcat (sociologie)|caractère patriarcal]], la société carthaginoise accorde une relative indépendance aux femmes : l'étude des stèles du tophet de Carthage a mis en évidence des [[sacrifice]]s effectués par des femmes en leur propre nom<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=239}}.</ref>. De surcroît, il semble que nombre d'activités professionnelles leur étaient ouvertes. |
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Cette indépendance était toutefois tempérée par une certaine instrumentalisation des femmes au service de leur famille, au moment du choix de leur époux ou à des fins politiques, voire économiques : l'histoire de Sophonisbe est particulièrement évocatrice de cette sujétion, mariée successivement aux rois numides [[Syphax]] puis [[Massinissa]]<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=241}}.</ref>. Le contexte du mariage est peu connu et l'on ignore si la [[polygamie]] était pratiquée. |
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===Institutions=== |
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Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de Carthage, on dispose néanmoins d'un texte précieux d'[[Aristote]]<ref>Aristote, ''Politique'', II, XI, 1-16</ref> qui a alimenté un débat vif, certains historiens considérant le document comme une description tardive des institutions de la cité. En dépit des insuffisances de l'information dont nous disposons sur Carthage, celle-ci est beaucoup plus importante que pour les autres cités puniques, cités pour lesquelles les données sont rarissimes. |
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====Le problème de la royauté de Carthage==== |
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Même si Didon est de famille royale, rien dans la légende ne la cite comme reine. Les auteurs grecs ou latins dont nous disposons mentionnent des ''basileis'' ou ''reges''. La question de la [[Liste des rois de Carthage|royauté de Carthage]], âprement défendue par [[Gilbert-Charles Picard]], est désormais réfutée par la plupart des historiens. |
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Il est plus conforme aux traditions orientales et de Tyr qu'il devait s'agir d'un gouvernement de [[République|forme républicaine]], similaire à celui de Rome, avec un Sénat et deux [[suffète]]s (littéralement « juges ») élus chaque année. On pense que ces suffètes exerçaient à la fois le pouvoir judiciaire et exécutif mais non le pouvoir militaire exercé par des chefs élus séparément chaque année par l'assemblée du peuple et recrutés parmi les grandes familles de la cité. |
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====Eléments oligarchiques==== |
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En revanche, des cas de mariages mixtes figurent dans des sources et se retrouvent peut-être aussi dans des fouilles de sépultures multiples, avec un rite phénicien pour l'un des individus inhumés et [[Libye antique|africain]] pour un autre. Le cas de Sophonisbe est ici encore évocateur : fille d'Hasdrubal Gisco, général carthaginois, elle épousa Syphax, roi de Numidie, sur ordre de son père afin de sceller une alliance entre Carthaginois et Numides. |
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Les suffètes étaient assistés par un Conseil des anciens (les textes évoquent ''les Anciens de Carthage'') dont les membres étaient recrutés parmi les sénateurs. Ils furent choisis au départ au sein de la famille des [[Magonides]] puis dans celle des [[Hannonides]]. Il est probable que le Sénat était composé par les membres de ces familles influentes mais on ne sait pas si les suffètes étaient élus par ces [[oligarque]]s ou par l'ensemble du peuple. |
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==== Populations natives ==== |
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Les [[Peuple autochtone|populations autochtones]] sont encore plus difficiles à appréhender. Le contact avec les premiers navigateurs, même s'il est concevable au travers du [[commerce silencieux]] d'[[Hérodote]] au but commercial affirmé, s'est transformé en une relation qui peut se concevoir en termes de domination<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, I, 2, 71-72, cité par {{Harvsp|Decret|1977|p=92}}.</ref>. |
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Une assemblée du peuple est citée, et il est probable que cette institution ait pris du pouvoir aux III-IIe siècle. Cependant ces assertions ne sont étayées par aucune preuve. |
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Dans la société carthaginoise, les mariages mixtes pouvaient être fréquents ; des unions entre des nobles de l'aristocratie phénicienne et des princesses libyennes avaient ainsi lieu<ref name=":1"/>. Cependant, ces alliances matrimoniales de nature politique n'ont pas altéré la nature paradoxale de l'État carthaginois qui conserva son caractère gouvernemental phénicien<ref name=":1"/>. Les populations autochtones ont néanmoins joué un rôle déterminant dans la formation et l'histoire des colonies phéniciennes occidentales et les prospections archéologiques montrent que, déjà durant les premiers temps de cette colonisation, les communautés puniques étaient cosmopolites<ref>{{Article|langue=en|auteur=Michele Guirguis|titre=Central North Africa and Sardinian connections (end of 9th-8th century BC): The multi-ethnic and multicultural facies of the earliest Western Phoenician communities|périodique=Arid Zone Archaeology: Monographs|numéro=8|date=2019|pages=111-125}}.</ref> |
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Ces inconnues ne permettent pas de déterminer quel était le degré de [[démocratie]] dans l'ancienne Carthage. Cependant, il semble acquis que les principales familles de marchands exerçaient l'essentiel du pouvoir réel. |
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Il est avéré au travers de divers textes conservés que l'emprise carthaginoise a été lourde, tant au moment de la conquête qu'aux temps difficiles des guerres puniques, comme en témoignent les révoltes qui se sont succédé. Les populations natives de l'extérieur ont ainsi, en particulier sous l'égide de [[Massinissa]], contribué à la chute de la cité en raison de leurs empiètements successifs durant la seconde moitié du {{-s|II}} |
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===Organisation sociale=== |
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====l'aristocratie==== |
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L'aristocratie possède quelques caractères : son origine tyrienne, sa fortune, son rôle dans les magistratures, et un mode de vie particulier (au Cap Bon, dans le quartier de Mégara) dans un habitat luxueux. |
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====les prêtres==== |
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Les prêtres : classe très organisée, aucun rôle politique. Habillement connu de par la ''stèle du prêtre à l'enfant'', robe de [[lin]], chapeau particulier couronne une tête rasée. |
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====les classes populaires==== |
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les classes populaires : classes libres et esclaves. |
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== Économie == |
== Économie == |
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Carthage constituait un empire commercial, maritime, terrestre et agricole. De ce fait, le lien entre toutes les contrées, qu'elles soient puniques ou sous influence punique, se faisait par la mer grâce à la marine carthaginoise. |
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=== Commerce === |
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==== Routes des métaux précieux et produits importés ==== |
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Les Carthaginois, comme leurs ancêtres phéniciens, sont en effet d'excellents marins et commerçants. L'historien latin [[Pline l'Ancien]] écrit à leur propos que « les Puniques inventèrent le commerce ». Comme Tyr, Carthage fait le négoce des métaux, notamment avec les comptoirs en [[Hispanie]] du sud (royaume de [[Tartessos]]). Dans cette région, les mines étaient à la fois faciles à exploiter et accessibles. L'étain était également recherché, en provenance des îles cassitérides (Grande Bretagne actuelle). Leur maîtrise de la mer s'explique sans doute par leur maîtrise des techniques navales. Ainsi, la [[trière|trirème]] ([[Galère (navire)|galère]] à trois rangs superposés de rameurs) serait une invention phénicienne. Excellents constructeurs de navires, ils parviennent à bâtir grâce à leur flotte un empire maritime que certains ont pu comparer à celui d'[[Athènes]]. |
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Le commerce était également celui des caravanes mais ce type d'échange était beaucoup plus aléatoire et dangereux. |
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Le but des phénico-puniques était d'amener les métaux à l'état brut vers l'orient et jusqu'au VIe siècle elle jouit d'un monopole. |
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[[Fichier:Casa1.jpg|vignette|Vitrine de vases d'origine grecque et étrusque, argile, au [[Musée national du Bardo (Tunisie)|musée national du Bardo]].]] |
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Grâce à son [[monopole]] du commerce et de la navigation en Méditerranée occidentale, la cité de Carthage jouit d'un accès total aux métaux, aux ressources humaines et agricoles de régions entières. |
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====Les produits importés==== |
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* céramique grecque et étrusque |
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* artisanat égyptien : amulettes |
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Les Carthaginois, tout comme leurs ancêtres phéniciens, étaient d'excellents marins et commerçants. L'historien latin [[Pline l'Ancien]] écrit à leur propos que « les Puniques inventèrent le commerce »<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=103}}.</ref>. |
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====Les produits exportés==== |
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[[céramique]]s, objets divers en [[verre]] (spécialité phénicienne) ou tissu teint en [[pourpre]], spécialité phénicienne tirée du [[murex]] dont la préparation aboutit à cette couleur si prisée dans l'Antiquité, travail de l'[[ivoire]], bois et métaux (plaquage d'ivoire, d'or ou d'[[argent]] sur d'autres matières). Lien avec les articles qui ne sont pas périssables : les tissus, qui étaient réputés, n'ont pas laissé de traces archéologiques. |
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Comme Tyr, Carthage faisait le négoce des métaux, en recherchant surtout des [[Matière première|matières premières]] qui lui ont permis d'asseoir sa richesse et de développer son réseau commercial : [[argent]], mais aussi [[cuivre]] et [[étain]] en provenance des comptoirs du sud de l'[[Hispanie]] (royaume de [[Tartessos]]). Dans cette région, les [[Mine (gisement)|mines]] étaient à la fois facilement exploitables et accessibles. L'étain se trouvait également dans les [[îles Cassitérides]] (actuelle [[Grande-Bretagne]]). |
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====Commerce et exploration==== |
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Les voyages d'exploration peuvent s'expliquer par la recherche des minerais et de nouveaux débouchés commerciaux : l'[[étain]] de Grande-Bretagne ou d'Hispanie et l'[[or]] ou d'autres matières premières d'[[Afrique sub-saharienne]], certains produits leur servant pour le négoce étant fabriqués par leurs propres [[atelier]]s. |
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De manière secondaire, les Carthaginois ont importé et diffusé de petits objets manufacturés : [[céramique]]s grecques et étrusques mais aussi, dès le {{-s|VII}} des éléments d'artisanat égyptien comme des [[amulette]]s. Le négoce se pratiquait aussi par [[Caravane (convoi)|caravane]]s mais ce type d'échange était beaucoup plus aléatoire et dangereux. Ce commerce terrestre permet d'expliquer certaines implantations, en particulier en [[Libye antique|Libye]] et dans le sud de la Tunisie actuelle. |
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Image:Lister-Murex-brandaris.jpg|[[Haustellum brandaris|Murex brandaris]] dont était issue la couleur pourpre |
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File:Casa1.jpg|Vitrine de vases d'origine grecque du musée national du Bardo |
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Le but des Phénico-puniques était d'exporter les métaux à l'état brut vers l'Orient ; jusqu'au {{-s|VI}}, ils jouissaient d'un [[monopole]] du commerce et de la navigation en Méditerranée occidentale grâce auquel ils bénéficiaient d'un libre accès aux métaux, et aux ressources humaines et agricoles de régions entières. |
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==== Produits exportés ==== |
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[[Fichier:Lister-Murex-brandaris.jpg|vignette|[[Bolinus brandaris|Murex brandaris]] dont était issue la couleur pourpre, par Martin Lister, in ''Historia Conchyliorum'' ([[1685]]-[[1692]]).]] |
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===L'agriculture=== |
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Les Carthaginois ont excellé dans la verrerie, la [[Joaillerie|bijouterie]], l'artisanat textile et la [[teinture]]rie, en particulier la fabrication de la [[pourpre]]<ref name=":1"/>, dont la technique, tirée du [[Bolinus brandaris|murex]], a été inventée à [[Tyr]]<ref name=":1"/>. Ces derniers exportaient des produits manufacturés par leurs artisans ou importés : des céramiques, des objets en [[verre]] (spécialité phénicienne) ou encore du tissu teint en pourpre, travail de l'[[ivoire]], bois et métaux (placage d'ivoire, d'[[or]] ou d'[[argent]] sur différents matériaux). En raison de leur caractère potentiellement périssable, il est parfois difficile d'identifier certains de ces produits d'exportation : les tissus, très réputés, n'ont pas laissé de traces archéologiques en dehors d'amas de murex ou de poids destinés à tendre les tentures. |
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====territoire agricole de Carthage==== |
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==== Commerce et exploration ==== |
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À l'aube de la [[Première Guerre punique]], Carthage contrôle en [[Afrique du Nord]] un territoire d'environ {{formatnum:73000}} km² — son [[hinterland]], l'actuelle Tunisie, à la veille des [[guerres puniques]], représente un territoire dévolu à l'[[agriculture]] supérieur en [[superficie]] à celui de Rome et de ses alliés réunis, et restera l'une des zones agricoles de premier plan dans l'[[Empire romain]] — et une population de près de quatre millions d'habitants. |
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Les voyages d'exploration s'expliquent par la recherche de minerais et de nouveaux débouchés commerciaux : l'étain de Grande-Bretagne et d'Hispanie, l'or ou d'autres matières premières au [[Maghreb]]. Certains produits servant au négoce étaient fabriqués par les [[atelier]]s carthaginois. |
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Une telle population nécessite un approvisionnement régulier, et un arrière-pays assurant une production suffisante en quantité et en qualité. |
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=== Agriculture et pêche === |
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Ce territoire a été largement amputé par les attaques de Massinissa dans le dernier demi-siècle de l'existence de la cité, pour se limiter à une superficie inférieure à {{formatnum:25000}} km² en 146<ref>F.Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', p.85</ref>. |
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==== Territoire agricole de Carthage ==== |
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À l'aube de la [[première guerre punique]], Carthage contrôlait en [[Afrique du Nord]] un territoire d'environ {{unité|73000|km|2}} — son [[arrière-pays]], constitué par l'actuelle Tunisie, représentait alors un territoire dévolu à l'[[agriculture]] supérieur en superficie à celui de Rome et de ses alliés réunis, et reste l'une des zones agricoles de premier plan dans l'[[Empire romain]] — pour une population de près de quatre millions d'habitants. Une telle population nécessitait un approvisionnement régulier et un arrière-pays capable d'assurer une production suffisante en quantité et en qualité : une production de céréales destinée à toutes les couches sociales, mais aussi une production de fruits ou de viande destinée à une population plus aisée. |
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Ce territoire a été largement amputé par les attaques de [[Massinissa]] dans le dernier demi-siècle d'existence de la cité, pour se limiter à une superficie inférieure à {{unité|25000|km|2}} en {{Date|-146}}<ref name="decret85"/>. |
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La zone occupée par Carthage en Afrique est très fertile, jouissant d'une pluviosité largement suffisante pour une large production agricole, ces atouts déjà présents à l'époque punique étant développés par la suite dans la province d'Afrique romaine<ref>F.Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', p.87-88</ref>. |
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La zone occupée par Carthage en Afrique était très fertile car elle jouissait d'une pluviosité amplement suffisante pour la production agricole. Ces atouts ont été exploités par la suite dans la [[Province d'Afrique|province]] de l'[[Afrique romaine]]<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=87-88}}.</ref>. |
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====culture et élevage==== |
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[[File:Olive z03.jpg|thumb|Les Carthaginois ont développé la greffe de l'olivier à des fins d'amélioration de la productivité]] |
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Carthage a très vite instauré un partage des tâches, entre des cultures à visée spéculative développées dans les terres proches de la capitale et les cultures céréalières laissées aux populations libyennes. En outre, l'élevage était pratiqué, en particulier de chevaux, boeufs et mulets. |
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Elle parvient à développer son hinterland en y développant la culture de l'[[amande]], de la [[figue]], de l'[[olive]], de la [[Grenade (fruit)|grenade]] — perçue comme un fruit punique par les Romains — et du [[vin]] en plus du [[blé]]. Ces plantes étaient déjà présentes à l'état sauvage dans la région mais les Phéniciens y apportent les plants qui leur permettent d'en faire une production d'[[exportation]] dans tout le [[bassin méditerranéen]] (on trouvera des traces de produits agricoles puniques jusqu'en [[Grèce antique|Grèce]]). |
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==== Culture et élevage ==== |
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La réussite de Carthage s'explique aussi par ses prouesses en matière d'agriculture, ce qui lui procure richesse et développement. Les Carthaginois surent développer les techniques agricoles parmi les plus efficaces de l'Antiquité puisque celles-ci furent reprises par les Romains à travers la traduction en [[latin]] du [[Traité (littérature)|traité]] du punique [[Magon le Carthaginois|Magon]]<ref>F.Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', p.87</ref>. |
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Ils bénéficiaient de matériel agricole non dénué d'intérêt pour le développement de la production, comme en témoignent les représentations de charrues, ce qui n'a pas manqué de trancher avec la production libyenne traditionnelle<ref>F.Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', p.88</ref> en particulier sur une sculpture retrouvée sur le territoire de la Libye actuelle<ref>voir la représentation d'une scène de charrue tirée par un dromadaire dans F. Heimburger, ''Naissance d'un empire'' dans ''Les cahiers de science et vie n°104, avril-mai 2008'', p.37</ref>. |
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[[Fichier:Olive z03.jpg|vignette|Les Carthaginois ont développé la greffe de l'olivier à des fins d'amélioration de la productivité.]] |
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===L'artisanat=== |
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Carthage a très vite instauré un partage des tâches entre des cultures à [[Spéculation (économie)|visée spéculative]], dans les terres proches de la capitale, et les cultures [[Céréale|céréalières]] laissées aux populations libyennes, ces dernières étant soumises à un tribut en nature dont le poids, en particulier durant les guerres puniques, a pu influencer le cours des événements en les poussant à la révolte<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, I, 2, 71-72.</ref>. La cité a développé son arrière-pays grâce à la culture de l'[[amande]], de la [[figue]], de l'[[olive]], de la [[Grenade (fruit)|grenade]] — perçue comme un fruit punique par les Romains — et de la [[vigne]], en plus du [[blé]]. Ces plantes étaient déjà présentes à l'état sauvage dans la région mais les Phéniciens y ont apporté des plants qui leur ont permis d'exporter dans tout le [[bassin méditerranéen]] : on trouve ainsi des traces de produits agricoles puniques jusqu'en [[Grèce antique|Grèce]]. |
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Les Puniques sont donc des artisans spécialisés et reconnus de cette époque. Les [[Grèce antique|Grecs]] leur donnent la réputation de vendre des bibelots, verroterie fabriquée par les artisans puniques en échange de produits de valeur, matières premières issues des régions qu'ils abordent avec leurs navires (aux proues en tête de cheval comme le suggèrent certaines représentations iconographiques). |
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L'[[élevage]] était pratiqué de longue date par les populations autochtones, en particulier celui des [[Cheval|chevaux]], des [[Bos taurus|bœufs]] et des [[mulet]]s<ref>[[Polybe]], {{Op. cit.}}, XII, 3, 3.</ref>. |
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Ainsi, nombres d'objets et bibelots phéniciens d'inspiration diverse (grecque, égyptienne, etc.) ont été retrouvés sur les sites qu'ils fréquentaient. Les nécropoles qui ont fait l'objet de fouilles archéologiques depuis le XIXe siècle ont livré un important matériel varié dénotant un artisanat développé : travail des métaux avec en particulier de beaux exemples de rasoirs de bronze ornés le plus souvent de motifs gravés, petits masques de [[pâte de verre]] à fonction apotropaïque qui ornaient de beaux colliers, ivoires et os gravés mais aussi bijoux. |
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====Céramiques==== |
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#poterie |
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#lampes à huile |
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==== Techniques agricoles ==== |
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File:Casa2.jpg|Vitrines de productions locales de céramiques au musée national du Bardo |
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La réussite de Carthage s'explique aussi par ses prouesses en matière d'[[agronomie]]. Les Carthaginois sont parvenus à développer les techniques agricoles parmi les plus efficaces de l'Antiquité puisque celles-ci furent reprises par les Romains à travers la traduction en [[latin]] du [[Traité (littérature)|traité]] du punique [[Magon le Carthaginois|Magon]]<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=87}}.</ref>. [[Columelle]] a conservé des fragments de l'œuvre punique, dont un processus de [[vinification]]<ref>''[[De re rustica]]'', XII, 39, 1-2.</ref>. |
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File:Lampes puniques MNC.jpg|Lampes puniques du musée national de Carthage |
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File:Lucerna punica - Foto di G. Dall'Orto.jpg|Lampes puniques du musée de Palerme |
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File:Lampes et ceramiques MNC.jpg|Céramiques et lampes puniques au Musée de Carthage |
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La plantation des oliveraies obéissait à des règles précises, en particulier l'espacement entre les plants, règles parfois encore respectées de nos jours. Le matériel agricole jouait un rôle important dans l'amélioration de la production, comme en témoignent les représentations de [[charrue]]s, notamment sur une sculpture retrouvée sur le territoire de la Libye actuelle<ref>Voir la représentation d'une scène de charrue tirée par un dromadaire dans {{Article|langue=fr|auteur1=Florence Heimburger|titre=Naissance d'un empire|périodique=Les Cahiers de Science et Vie|numéro=104|date=avril-mai 2008|pages=37}}.</ref>, ce qui n'a pas manqué de trancher avec la production libyenne traditionnelle<ref>{{Harvsp|Decret|1977|p=88}}.</ref>. |
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====amulettes==== |
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De nombreuses amulettes d'os, de pâte de verre et de pierre ont été retrouvées, ayant comme objet de protéger les individus au moyen de rites magiques. Elles étaient soit importées (d'Egypte par exemple), soit fabriquées sur place. Certains thèmes sont récurrents, comme l'utilisation du dieu égyptien [[Bès]]. |
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==== Pêche et produits de la mer ==== |
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De somptueux bijoux d'or et de pierres dures ont été retrouvés dans les nécropoles. La production retrouvée consiste en des colliers retrouvés sont très chargés et lourds, mais aussi en des anneaux d'oreille mais aussi de nez. |
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[[Fichier:Factoría de salazones 001.jpg|vignette|Fabrique de garum de [[Baelo Claudia]] (environs de Cadix) datée de l'époque romaine.]] |
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File:Bijoux puniques MN Carthage.jpg|Bijoux puniques de la collection du musée national de Carthage |
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La pêche était une activité répandue à l'époque punique et, outre des productions de [[salaison]]s et de murex, il est établi que ce sont les Phénico-puniques qui ont répandu l'usage du [[garum]] dans le bassin méditerranéen. Cette sauce à base de poissons gras, utilisée en cuisine et dans un but médicinal, était produite à grande échelle au sein d'installations retrouvées sur un certain nombre de sites<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Véronique Krings|auteur2=[[Edward Lipinski]]|titre chapitre=Garum|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=185}}.</ref>. La production et la commercialisation du garum se sont poursuivies largement à l'époque romaine. |
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File:Joies.jpg|Vitrine de bijoux puniques au Musée national du Bardo |
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== Art et artisanat == |
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=== Sculptures === |
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==== Pierre ==== |
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L'essentiel des éléments conservés jusqu'à nos jours est lié à un usage funéraire. D'autres sculptures existent, mais de taille réduite, comme la [[Dame de Galera]] ou le protomé de lion de Sant'Antioco. |
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Les [[cippe]]s et [[stèle]]s, parfois en forme de [[bétyle]]s ou « maison du dieu », laissent apparaître une évolution stylistique. Sculptés dans le [[Grès (géologie)|grès]] au départ, ces éléments sont conçus par la suite en [[calcaire]], parfois flanqués d'[[acrotère]]s et de motifs incisés à l'influence grecque marquée : motifs animaliers, végétaux, humains et surtout symboles. À partir des {{-s2-|V|e|IV|e}}, on voit la diffusion du motif dit « [[signe de Tanit]] » qui se retrouve sur bien d'autres supports. On l'a cru présent uniquement en Méditerranée occidentale, mais les recherches actuelles témoignent d'une présence sur les sites du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=François Bertrandy|titre chapitre=Signe de Tanit|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=417}}.</ref>. D'autres motifs ont pu être reconnus ainsi celui de l'[[idole-bouteille]]. On distingue des différences locales, en particulier à Motyé, où les représentations humaines sont plus précoces et plus généralisées qu'à Carthage<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=448}}.</ref>. |
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Les [[sarcophage]]s sont très représentatifs du métissage propre aux Phénico-puniques : le type anthropoïde originellement présent en [[Phéniciens|Phénicie]] a évolué en Méditerranée occidentale. Outre en Afrique, des exemples bien conservés ont été retrouvés en Sicile et dans la [[péninsule Ibérique]]. Au {{-s|IV}}, le type change en Tunisie pour figurer au-dessus une statue du défunt<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Jean Ferron]]|titre chapitre=Sarcophages|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=392}}.</ref>. Les sarcophages de Sainte-Monique, dénommés ''du prêtre et de la prêtresse'' et conservés au [[musée national de Carthage]], sont particulièrement intéressants par le traitement du drapé et l'attitude des deux personnages : le prêtre a la main droite levée en un geste de [[bénédiction]]<ref>{{Harvsp|Parrot|Chéhab|Moscati|2007|p=214}}.</ref>, la prêtresse tient pour sa part une [[colombe]] ; les mains gauches des deux personnages portent un [[Vase (récipient)|vase]] à [[encens (résine oliban)|encens]] à l'usage [[Liturgie|liturgique]] connu, d'où le nom donné à ces œuvres<ref>{{Harvsp|Slim|Fauqué|2001|p=73}}.</ref>. |
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<gallery caption="Stèles et sarcophages puniques"> |
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Stele tofet Nora.jpg|Stèle du tophet de [[Nora (cité punique)|Nora]] exposée au musée archéologique de Nora. |
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Karthago Tophet.JPG|Stèle du tophet de Carthage. |
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Tophet Carthage.5.jpg|Stèle du tophet de Carthage avec main ouverte, poisson et signe dit de Tanit. |
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Dama de Galera reducida.jpg|[[Dame de Galera]] datant du {{-s-|VII|e}} et exposée au [[musée archéologique national de Madrid]]. |
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DSC00089 - Sarcofago fenicio del sec. V a.C. - da Palermo - Foto G. Dall'Orto.jpg|Sarcophage du {{-s-|V|e}} exposé au musée archéologique régional de Palerme. |
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Protome di leone, alabastro, Sant'Antioco (IV-III sec. a.C.).JPG|Lion de San Antioco (Sardaigne) datant du {{-s-|IV|e}} et exposée au [[musée Barracco]] de [[Rome]]. |
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Sarcophages carthage 1.jpg|''Sarcophages du prêtre et de la prêtresse'' de la nécropole des Rabs de Carthage exposés au musée national de Carthage ({{-sp-|IV|e|-|III|e|s}}). |
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Sarcophages puniques musée Louvre.jpg|Sarcophages de la nécropole des Rabs exposés au musée du Louvre ({{-sp-|IV|e|-|III|e|s}}). |
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==== Terres cuites ==== |
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La production des terres cuites, très variée, consistait en des masques grotesques aux traits marqués, d'origine sans doute [[Levant (Proche-Orient)|levantine]]<ref name="guzzo108">{{Harvsp|Amadasi Guzzo|2007|p=108}}.</ref>. Les formes en sont diverses ; les rides et les bouches déformées s'accompagnent parfois de motifs géométriques. Des masques aux traits négroïdes caractérisés ont également été retrouvés. Destinés à être suspendus, ces masques avaient une fonction [[apotropaïque]] : ils étaient censés chasser les démons. |
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On trouve de petites tablettes en ivoire sculpté, substitué fréquemment par de l'os d'un coût moindre. L'influence orientale ancienne voire égyptienne est particulièrement fréquente dans ces ''artefacts'' qui ont été retrouvés fréquemment par les archéologues sur les divers sites de Méditerranée tant orientale qu'occidentale. |
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Il existait aussi des [[protomé]]s représentant la partie supérieure de corps d'hommes ou de femmes. Le style de ce type de produits est divers, à la fois égyptien mais également grec à partir du {{-s|VI}}, et on en a établi une classification<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=455-460}}.</ref>. |
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<gallery caption="Masques et protomés en terre cuite"> |
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Masque Carthage AO Louvre surrounding.png|Masque provenant de Carthage au département des antiquités orientales du [[musée du Louvre]], fin du {{-s mini-|VII|e}}-début du {{-s-|VI|e}} |
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Tunisie Bardo 002.jpg|Masque grimaçant au musée national du Bardo (fin du {{-s-|VI|e}}). |
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Sileno (Sulcis).jpg|Masque en forme de Silène provenant de Sulcis (Sardaigne). |
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Mozia masque.jpg|Masque grimaçant au [[Musée Whitaker (Motyé)|musée Whitaker]] de [[Motyé]] (Sicile). |
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Tunisie Bardo.jpg|Protomé au département punique du musée national du Bardo. |
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Protome AO Carthage1.jpg|Protomé égyptisante du musée du Louvre. |
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Protome Carthage AO Louvre.jpg|Protomé égyptisante du musée du Louvre ({{-sp-|VI|e|-|V|e|s}}). |
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La production de coroplastie ou [[coroplathie]] était répandue dans nombre de sites puniques, de l'Afrique du Nord aux îles Baléares en passant par la Sicile et la Sardaigne. Il s'agit de figurines moulées, tenant des objets (des [[Tambourin (sur cadre)|tambourins]] par exemple) ou de petits animaux ; des stéréotypes phénico-puniques cohabitent avec d'autres stéréotypes hellénisants, voire liés à une production locale<ref name="guzzo108"/>. La technique a été également utilisée pour des pièces de dimension variable, à usage religieux, y compris après la chute de Carthage. On en a découvert plusieurs exemplaires dans les fouilles du sanctuaire de Thinissut au cap Bon (petite sculpture de [[Ba'al Hammon]] encadré par deux [[Sphinx (mythologie grecque)|sphinges]] mais également de belles représentations de grande taille de [[Tanit]] « léontocéphale » et de [[Déméter]]). |
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====rasoirs de bronze==== |
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Les rasoirs retrouvés avaient une fonction religieuse et étaient destinés à être suspendus. En outre, un dessin était figuré sur les deux faces. |
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<gallery caption="Figurines en terre cuite"> |
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Statuette tambourin Bardo.jpg|Statuette avec tambourin au musée national du Bardo. |
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File:Navaja púnica de Ibiza (M.A.N. Inv.1923-60-1416) 01.jpg|rasoir punique de bronze trouvé dans la [[nécropole punique de Puig des Molins|nécropole de Puig des Molins]], Ibiza |
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Dama de Ibiza.jpg|Figurine issue de la nécropole de Puig des Molins, {{-s-|III|e}} |
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Terracota femenina Ibiza (M.A.N.) 01.jpg|Fragment de statuette d'argile provenant d'Ibiza des {{-sp-|IV|e|-|III|e|s}} |
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Terracotta statue of Baal-Hammon on a throne AvL.JPG|Ba'al Hammon de Thinissut datant du {{s-|I|er}}. |
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=== Vie quotidienne === |
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Les Puniques étaient des artisans spécialisés et reconnus. Les [[Grèce antique|Grecs]] leur donnaient la réputation de vendre des bibelots, verroterie fabriquée par les artisans en échange de produits de valeur comme les matières premières issues des régions qu'ils abordaient avec leurs navires. Ainsi, nombre d'objets et de bibelots phéniciens d'inspiration diverse (grecque, égyptienne, etc.) ont été découverts sur les sites qu'ils fréquentaient. Les [[nécropole]]s qui ont fait l'objet de fouilles archéologiques depuis le {{s|XIX}} ont livré un matériel important et varié qui dénote un artisanat développé<ref name="Guzzo_p106">{{Harvsp|Amadasi Guzzo|2007|p=106}}.</ref> : travail des métaux avec en particulier des exemples de [[rasoir]]s de [[bronze]] ornés le plus souvent de motifs gravés, petits masques de [[pâte de verre]] à fonction [[apotropaïque]] qui ornaient des colliers, [[ivoire]]s et [[os]] gravés mais aussi [[bijou]]x. |
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Le [[verre]] a été inventé par les Phéniciens selon une légende relatée par Pline l'Ancien<ref>Pline l'Ancien, ''Histoire naturelle'', XXXVI, 190-191</ref> et ils en auraient conservé le secret de fabrication durant une longue période. En fait, les Phéniciens auraient développé la technique du soufflage et surtout commercialisé à large échelle leur production<ref>E. Gubler, notice ''verrerie'' dans ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', p.490</ref>, ce qui aurait permis la naissance de la légende mentionnée par Pline. |
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==== Céramiques ==== |
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Les découvertes sont assez fréquentes sur les sites archéologiques<ref>voir l'étude de M.L.Uberti, ''le verre'', dans ''Les Phéniciens'', p.536-561</ref>, tant en occident qu'en Méditerranée orientale. Les fabrications les plus remarquables en ce matériau consistent en de petits masques à figure humaine à faciès varié, destinés à être insérés dans des colliers comportant en plus de petits billes de verre. Il y a aussi de petits pots à onguent ou à parfum. Les pièces les plus remarquables sont colorées dans la masse. |
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Pour la [[poterie]] utilisée dans la vie quotidienne, hors contexte religieux, les fouilles ont livré des céramiques à but alimentaire ou culinaire et aussi des [[Lampe à huile|lampes à huile]] dont les formes démontrent une production stéréotypée et rationalisée ; des exemples de vases-biberons ont aussi été retrouvés. |
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File:Amulettes pâte verre.jpg|amulette de pâte de verre, musée du Bardo |
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Si, à partir du {{-s|III}}, on voit nombre d'imitations d'importations grecques, il persiste une production typique dénommée « moules à gâteaux »<ref name="Lancel_p466">{{Harvsp|Lancel|1992|p=466}}.</ref>. |
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File:Verrerie MNC Carthage.JPG|Verrerie au musée de Carthage |
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Les fouilles des nécropoles de Carthage ont mis au jour des maquettes représentant des éléments de la vie quotidienne : un four à pain de type [[Pain tabouna|tabouna]], déposé au [[musée national de Carthage]], mais aussi de petites pièces de mobilier qui permettent d'imaginer l'intérieur des habitations. |
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<gallery caption="Céramiques et lampes puniques"> |
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Casa2.jpg|Vitrines de productions locales de céramiques au musée national du Bardo. |
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Lampes puniques MNC.jpg|Lampes puniques du musée national de Carthage. |
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Lucerna punica - Foto di G. Dall'Orto.jpg|Lampes puniques du musée de Palerme. |
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Lampes et ceramiques MNC.jpg|Céramiques et lampes puniques au musée national de Carthage. |
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==== Amulettes ==== |
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[[Fichier:Joies.jpg|vignette|Vitrine de bijoux puniques au musée national du Bardo.]] |
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== Culture == |
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=== Influences === |
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De nombreuses [[amulette]]s d'os, de pâte de verre et de pierre ont été retrouvées dans les sépultures, essentiellement de femmes et d'enfants, ayant pour objet de protéger les défunts au moyen de rites magiques. Elles étaient importées (surtout d'[[Égypte]]) ou fabriquées sur place. Certains thèmes sont récurrents, comme le dieu égyptien [[Bès]], mais aussi [[Horus]] ou l'[[œil oudjat]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Éric Gubel|titre chapitre=Amulettes|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=27-28}}.</ref>. |
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[[Image:Head man Carthage Louvre AO3783.jpg|thumb|right|Tête d'homme barbu en pâte de verre ([[Musée du Louvre]])]] |
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==== Bijoux ==== |
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La vie culturelle de cet empire que certains ont appelé [[thalassocratie]] résulte du mélange des influences indigènes, phénicienne, grecque mais aussi [[Égypte antique|égyptienne]]. L'art phénicien est en effet un subtil mélange d'éléments grecs et égyptiens. Si la culture égyptienne a profondément influencé les Phéniciens dès le {{IIIe millénaire av. J.-C.}}, la [[Époque hellénistique|culture helléniste]] prend le relais à partir du {{-s|IV|e}}. La culture phénicienne émerge ainsi à partir de l'effondrement égyptien suite à l'invasion des [[Peuples de la mer]] en Égypte, en [[-1200|1200 av. J.-C.]]. Avant son existence, elle était confondue dans l'aire syro-libanaise ([[Pays de Canaan]]). D'ailleurs, certains Puniques d'Occident<ref>« Punique » veut dire « phénicien » en [[latin]], sachant que le mot « phénicien » vient du grec {{grec ancien|Φοινικήϊος}} ou ''Phoinikếïos'', lui-même lié fortement lié au mot grec « pourpre » ({{grec ancien|φοῖνιξ}} ou ''phoĩnix''), une spécialité phénicienne</ref> se nommeront Cananéens longtemps après l'absorption de l'empire carthaginois par les Romains. En effet, avant même la fondation de Carthage, les Phéniciens sont présents dans l'Occident méditerranéen et Carthage va cristalliser et regrouper cette présence, la transformant en empire, tout en favorisant l'essor de la colonisation punique. |
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[[Fichier:Bijoux puniques MN Carthage.jpg|vignette|gauche|Bijoux puniques de la collection du musée national de Carthage.]] |
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L'art punique, celui des Phéniciens d'Occident, montre des composantes égyptiennes comme le travail du verre — comme les petits masques de verre des tombes puniques spécifiques à la mentalité phénicienne et qui servent à repousser les mauvais esprits ou démons du mort — et des motifs comme le [[Lotos|lotus]] qu'on retrouve sur des objets ou sur la décoration de bâtiments. En outre, on trouve à partir du {{-s|IV|e}} de nettes traces d'influence hellène, se superposant aux influences égyptiennes et s'ajoutant à la culture punique. La sculpture voit alors une évolution d'un style hiératique, presque symbolique, vers un style plus représentatif et idéalisant la perfection (d'un corps, d'un état etc.). La poterie grecque est aussi copiée, approchant petit à petit de sa qualité (des potiers grecs se seraient installés à Carthage). |
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De somptueux bijoux d'[[or]], d'[[argent]] et de pierres dures proviennent des nécropoles. Liée à la structure du commerce phénico-punique et issue d'une longue tradition orientale, cette production consiste en des colliers très chargés et lourds, mais aussi en des [[bague]]s, anneaux d'oreille ou de nez (dits aussi ''nezem'') significatifs de l'apparence qui devait être celle des Puniques, aspect largement raillé dans les sources classiques. Des scarabées ont également été découverts ainsi que des étuis porte-amulettes à la fonction protectrice évidente<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Giovanna Pisano|titre chapitre=Les bijoux|auteurs ouvrage=[[André Parrot]], [[Maurice Chéhab|Maurice H. Chéhab]] et [[Sabatino Moscati]]|titre=Les Phéniciens|collection=L'Univers des formes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2007|isbn=978-2070118977|passage=418-444}}.</ref>. |
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La famille du général [[Hannibal Barca]], l'une des plus anciennes de Carthage, fut fortement hellénisée. Son père [[Hamilcar Barca]] eut un maître grec dans l'apprentissage de la guerre et ce fut lui qui combattit les Romains lors de la [[Première Guerre punique]] en Sicile, appliquant avec brio les leçons de son maître. De même, pour son fils Hannibal, qui réorganisa l'armée punique tout en gardant une base hellène. |
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==== Ivoires et os ==== |
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Cette culture a aussi été fortement influencée par un rapport étroit et durable avec la mer. |
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On trouve aussi de petites tablettes en [[ivoire]] sculpté, matériau souvent remplacé par de l'[[os]], d'un coût moindre. L'influence orientale ancienne, voire égyptienne, est récurrente dans ces artefacts fréquents sur les divers sites de Méditerranée tant orientale qu'occidentale. Un grand nombre d'objets de cette nature date des {{-sp-|VIII|e|-|IV|e|s}} et la présence dans les mêmes lieux d'ivoire à l'état brut suggère une fabrication locale<ref name="Guzzo_p106"/>. |
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Elle inventa la [[Trière|trirème]], galère à trois rangs superposés de rameurs, puis la galère avec quatre puis cinq rameurs sur un banc de nage. Lors de la Première Guerre punique, Carthage domine les mers et possèdent la technologie maritime et la connaissance des mers la plus avancée mais qui sera copiée par les Romains pour rattraper leur retard dans ce domaine. |
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=== Art === |
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==== Sculptures==== |
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===== Pierre ===== |
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* [[cippe|Cippes]] et [[stèle|stèles]] |
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* le [[signe de Tanit]] |
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* Les sarcophages de Saint Monique, conservés au Musée national de Carthage sont particulièrement intéressants par le traitement du drapé, l’attitude des deux personnages. Le prêtre a la main droite levée en un geste de [[bénédiction]]<ref>André Parrot, Maurice H. Chéhab et Sabatino Moscati, ''Les Phéniciens'', éd. Gallimard, coll. L’univers des formes, Paris, 2007, p. 214</ref>, la prêtresse tenant une [[colombe]]. Les mains gauches des deux personnages portent un [[Vase (récipient)|vase]] à [[encens]], à l’usage [[Liturgie|liturgique]] connu, d’où le nom donné à ces œuvres<ref>Hédi Slim et Nicolas Fauqué, ''La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin'', éd. Mengès, Paris, 2001, p. 73</ref>. |
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==== Rasoirs de bronze ==== |
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File:Stele tofet Nora.jpg|Stèle du tophet de [[Nora (cité punique de Sardaigne)|Nora]] |
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File:Karthago Tophet.JPG|Stèle du tophet de Carthage |
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File:Dama de Galera reducida.jpg|La [[Dame de Galera]] |
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File:DSC00089 - Sarcofago fenicio del sec. V a.C. - da Palermo - Foto G. Dall'Orto.jpg|Sarcophage du Ve s av. J.-C., musée archéologique régional de Palerme |
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File:Protome di leone, alabastro, Sant'Antioco (IV-III sec. a.C.).JPG|Lion de San Antioco, Sardaigne, IVe s av. J.-C. |
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Fichier:Sarcophages carthage 1.jpg|''sarcophages du prêtre et de la prêtresse'' au Musée national de Carthage |
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File:Sarcophages puniques musée Louvre.jpg|sarcophages au musée du Louvre |
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[[Fichier:Navaja púnica de Ibiza (M.A.N. Inv.1923-60-1416) 01.jpg|vignette|Rasoir punique de bronze trouvé dans la [[Nécropole punique de Puig des Molins|nécropole de Puig des Molins]] (Ibiza) ({{-sp-|VI|e|-|IV|e|s}}), [[Madrid]], [[Musée archéologique national de Madrid|musée archéologique national]].]] |
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De nombreux [[rasoir]]s de [[bronze]] ou de [[fer]] ont été découverts dans les nécropoles ultérieures au {{-s|VII}} De tels objets ont été liés à une symbolique de purification des défunts. Ils exerçaient une fonction religieuse, voire talismanique<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=453}}.</ref> et ont pu être destinés à être suspendus, du moins pour ce type de matériel présent dans le monde Ibérique. |
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En outre, à partir du {{-s|V}}, une décoration s'est fait jour. Ces dessins — parfois figurés sur les deux faces dans le cas des exemplaires tardifs — témoignent d'influences variées, essentiellement égyptienne ou égéenne. La production a pu atteindre des développements autonomes dans les diverses régions des possessions carthaginoises, démontrant de réelles capacités créatives<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Serena Maria Cecchini|titre chapitre=Rasoirs|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=371-372}}.</ref>. |
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==== Verre ==== |
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Selon une légende relatée par [[Pline l'Ancien]]<ref>[[Pline l'Ancien]], {{Op. cit.}}, XXXVI, 190-191.</ref>, le [[verre]] a été inventé par les Phéniciens, qui en auraient conservé le secret de fabrication durant une longue période. En fait, ils ont sans doute développé la technique du soufflage et surtout commercialisé leur production à une large échelle<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Éric Gubler|titre chapitre=Verrerie|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=490}}.</ref>, ce qui aurait permis la naissance de la légende. |
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La production en est très variée. Elle consiste en des masques grotesques aux traits marqués : des rides, des bouches déformées sont parfois accompagnées de décors géométriques. On a retrouvé des masques aux traits négroïdes marqués. Destinés à être suspendus, ces masques avaient une fonction apotropaïque, de faire la chasse aux démons. |
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Il y a également des [[protomé|protomés]], représentant le partie supérieure des corps d'hommes ou de femmes. L'influence de ce type de produit est diverse, à la fois égyptienne mais également grecque. |
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Les découvertes sont assez fréquentes sur les sites archéologiques<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=Maria Luisa Uberti|titre chapitre=Le verre|auteurs ouvrage=[[André Parrot]], [[Maurice Chéhab|Maurice H. Chéhab]] et [[Sabatino Moscati]]|titre=Les Phéniciens|collection=L'Univers des formes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2007|isbn=978-2070118977|passage=536-561}}.</ref>, tant en Occident qu'en Méditerranée orientale. Les objets les plus typiques sont de petits masques à figure humaine et à faciès varié, destinés à être insérés dans des colliers comportant de petites billes de verre ; il existait aussi de petits pots à [[Pommade|onguent]] ou à [[parfum]]. Les pièces les plus remarquables sont colorées dans la masse. |
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File:Masque Carthage AO Louvre.jpg|Masque provenant de Carthage au département des antiquités orientales du [[Musée du Louvre]] |
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<gallery caption="Artisanat en verre"> |
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Fichier:Mozia museum masque.jpg|Masque grimaçant au musée de Motyé |
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Head man Carthage Louvre AO3783.jpg|Tête d'homme barbu en pâte de verre au [[musée du Louvre]] ({{-sp-|IV|e|-|III|e|s}}). |
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File:Tunisie Bardo 002.jpg|Masque grimaçant au musée du Bardo |
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Amulettes pâte verre.jpg|Amulette de pâte de verre au musée national du Bardo (fin du {{-sp-|IV|e|-début du|III|e}}). |
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File:Sileno (Sulcis).jpg|Masque en forme de Silène provenant de Sulcis (Sardaigne) |
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Verrerie MNC Carthage.JPG|Verrerie au musée national de Carthage. |
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File:Tunisie Bardo.jpg|protomé au département punique du musée du Bardo |
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Unguentario punico3.jpg|Vase à onguent, musée de Puig des Molins. |
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File:Protome AO Carthage1.jpg|Protomé égyptisante du Musée du Louvre |
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File:Protome Carthage AO Louvre.jpg|Protomé égyptisante du Musée du Louvre |
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==== Numismatique ==== |
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[[Fichier:CarthageElectrumCoin250BCE.jpg|vignette|Monnaie carthaginoise avec une tête de déesse couronnée de céréales aux environs de {{Date-|-250}} [[Londres]], [[British Museum]].]] |
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====Statuettes==== |
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* statuettes moulées, tenant des objets ([[tambourin]] par exemple) ou de petits animaux (comme la dama d'Ibiza) |
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Les monnaies carthaginoises apparaissent tardivement : l'économie punique n'est pas monétaire au départ car les échanges s'effectuent en utilisant des [[lingot]]s voire par l'usage du [[troc]]<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=155}}.</ref>. Les premières datent de [[480 av. J.-C.|480]] voire {{Date|-430}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Jacques Alexandropoulos|titre chapitre=Numismatique|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=320-327}}.</ref>. La naissance du monnayage punique est à lier à la nécessité de payer les [[mercenaire]]s engagés pour le compte de la cité punique en Sicile<ref name="dridi157">{{Harvsp|Dridi|2006|p=157}}.</ref>, les ateliers de [[Motyé]] et [[Palerme]] ayant été considérés comme les lieux de frappe des premières monnaies de cette civilisation<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=155-156}}.</ref>. À Carthage, les ateliers ne commencent leur activité qu'au milieu du {{-s|IV}}<ref name="dridi156">{{Harvsp|Dridi|2006|p=156}}.</ref>. Le métal utilisé est l'[[or]], l'[[électrum]] et l'[[argent]] à la fin du {{-s|III}} L'aloi et la qualité de frappe de ce monnayage baisse dès la fin de la [[deuxième guerre punique]]<ref name="dridi156"/>, les fouilles archéologiques ne permettant pas de considérer cet élément comme un argument d'une supposée décadence<ref name="dridi157"/>. |
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File:Dama de Ibiza.jpg|''[[Dame d'Ibiza|Dama de Ibiza]]'' de la nécropole de Puig des Molins |
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Les émissions proprement carthaginoises passent d'un système pondéral étalonné sur la [[Drachme (Grèce antique)|drachme]] éginétique au shekel phénicien. Selon Jacques Alexandropoulos, cette transition métrologique serait liée à la perte des comptoirs siciliens, justifiant le passage d'un système punico-grec à vocation internationale vers des frappes phénico-puniques à usage interne, exprimant également un sursaut « nationaliste » de Carthage. La typologie des monnaies de Carthage étaye d'un point de vue stylistique l'idée de la paternité grecque de ce monnayage. C'est particulièrement le cas du type dit, selon [[Stéphane Gsell]], [[Gilbert Kenneth Jenkins]] ou encore [[Pierre Cintas]], à la tête d'[[Aréthuse (nymphe)|Aréthuse]], de [[Cérès (mythologie)|Cérès]] ou de [[Tanit]]. Quel qu'il soit, ce portrait semble devoir beaucoup à [[Évainète]]. À l'instar des cités grecques et de leurs colonies en [[Grande-Grèce|Grande Grèce]], Carthage affirme son identité. Elle s'annonce africaine à travers des types monétaires emblématiques : outre la tête de divinité controversée, le [[cheval]] (passant au [[galop]] en [[protomé]]) et le [[Arecaceae|palmier]] sont utilisés alternativement ou conjointement. |
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Une plus grande diversité des types abordés dans le monnayage carthaginois apparaît dans les émissions de Sicile, de Sardaigne, de la [[péninsule Ibérique]] et sur les trois derniers siècles d'existence de la métropole<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur=Gaëlle Thevenin|titre=Projet de polices des inscriptions monétaires : le cas des monnaies ibériques et carthaginoises|url=https://antiquitebnf.hypotheses.org/2074|date=25 mars 2018|site=antiquitebnf.hypotheses.org|issn=2555-1159|doi=10.58079/b8l3|consulté le=17 mai 2009}}.</ref>. |
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=== Langue et littérature=== |
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==== Glyptique ==== |
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De nombreuses bagues [[Sceau|sigillaires]] ont été retrouvées dans les nécropoles puniques. Elles présentent souvent un chaton en forme de scarabée égyptisant gravé dans des pierres semi-dures ([[cornaline]], [[agate]], [[calcédoine]], [[jaspe]], [[chrysoprase]], [[Onyx (minéral)|onyx]], etc.) Le plat du scarabée offre fréquemment un sujet d'inspiration talismanique. |
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{{Article détaillé|Phénicien}} |
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[[Image:Inscription bilingue de Thugga.jpg|upright=1.2|left|thumb|Inscription libyque et punique du [[Mausolée libyco-punique de Dougga]] désormais exposée au [[British Museum]]]] |
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Cet engouement est issu d'une très longue tradition orientale. Ces pierres traitées en [[intaille]] pourraient être à l'origine des produits d'importation<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Ernest Babelon]]|titre=La gravure en pierres fines|sous-titre=camées et intailles|lieu=Paris|éditeur=Librairies-imprimeries réunies|année=1894|pages totales=320|passage=79 et suiv}}.</ref>. Les pierres gravées provenaient d'ateliers phéniciens, et plus fréquemment égyptiens. Elles étaient investies de vertus talismaniques semblables à celles que leur prêtaient les croyances égyptiennes. |
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Néanmoins, on constate une certaine dégénérescence à partir de la seconde moitié du {{IVe siècle av. J.-C.}}<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Éric Gubel|titre chapitre=Glyptique|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=194}}.</ref>, avec une production moins noble (gravures sur pâte de verre) qui pourrait être l'indice d'une production typiquement carthaginoise tandis que l'apparence des importations évolue et présente une gravure de style plus fréquemment [[Époque hellénistique|hellénistique]]. |
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La langue phénicienne servit de liant et de fond linguistique et culturel commun aux Phéniciens d'occident dont le centre culturel devint Carthage la punique. Cette langue sera utilisée tant par les élites que par les populations des régions sous influence punique — [[Numidie|Numides]] et [[Berbères]] du [[Maghreb]] (comme au Maroc) mais aussi [[Ibères]] et autres populations du royaume de [[Tartessos]] (dans le sud de l'Hispanie) — et sera véhiculée en profondeur dans leurs territoires. Cette langue fut présente, même si le latin était devenu prépondérant, jusqu'à l'arrivée des envahisseurs arabes au {{VIe siècle}}. En effet, au moment de l'arrivée de ces nouveaux envahisseurs, cette langue déclinante est encore utilisée comme patois local, au moins dans certaines régions. Corollaire de la langue, l'[[alphabet]] phénicien, qui est à l'origine de l'[[alphabet grec]], se répand dans tout le monde méditerranéen et devient le vecteur de la pensée des peuples situés dans la sphère d'influence punique. Cette [[écriture]] comportant peu de voyelles, son évolution, après l'implantation romaine en Afrique du Nord, tend vers l'ajout de celles-ci. Son aspect se modifie et se différencie également dans le temps et selon les régions. Au {{IVe siècle}}, l'alphabet latin est utilisé pour la langue punique. |
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== Langue et littérature == |
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=== Langue === |
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Quant à la littérature carthaginoise, elle ne nous est pas parvenue, même si nous savons qu'il existait à Carthage de nombreuses bibliothèques ce qui induit une certaine production littéraire, ou à tout le moins d'une diffusion de la littérature de l'époque en particulier de langue grecque<ref>M.G.Amadasi Guzzo, ''Carthage'', 2007, p.121</ref>. La philosophie était répandue dans le milieu punique, certains noms nous sont connus par ce qu'en disent d'autres, [[Diogène Laërce]] ou [[Jamblique]]<ref>H. Dridi, ''op. cit.'', p.196</ref>. Le plus célèbre philosophe d'origine carthaginoise est sans conteste [[Clitomaque de Carthage|Clitomaque]]. |
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{{Article détaillé|Punique (langue)}} |
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Il existait une littérature de droit, d'histoire, de géographie, tout étant perdu. Toutefois nous avons des fragments d'un important traité d'agriculture, écrit par [[Magon le Carthaginois|Magon]], qui influença fortement les Romains : la preuve en est que la traduction en latin fut décidée par les conquérants au lendemain de la prise de la cité<ref>M.G.Amadasi Guzzo, ''Carthage'', 2007, p.121</ref>. Les auteurs romains postérieurs en citent des extraits et ne tarirent pas d'éloge sur lui ([[Pline l'Ancien]] <ref>XVIII,22-23</ref>, [[Varron]] <ref>I,1,10-11</ref>, [[Columelle]] <ref>I,1,3 ; XII,4,2</ref>). Le [[périple de Hannon]], même s'il s'agit d'un texte en grec, doit également être la traduction d'un texte punique qui devait être affiché dans un temple<ref>M.Hours-Médian, ''Carthage'', p.17</ref>. Cependant, difficile d'interprétation, le document suscite de nombreuses polémiques. |
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[[Fichier:Inscription bilingue de Thugga.jpg|vignette|Inscription libyque et punique du [[mausolée libyco-punique de Dougga]] désormais exposée au [[British Museum]] ({{-s-|II}}).]] |
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La langue punique a servi de liant et de fonds linguistique et culturel commun aux Phéniciens d'Occident<ref name="Lancel_p466"/>, dont le centre est Carthage la punique. Cette langue, utilisée par les élites comme par les populations des régions sous influence punique — [[Royaume de Numidie|Numides]] et autres [[Berbères]] du [[Maghreb]] (comme en [[Tunisie]] et en [[Algérie]] ou encore au [[Maroc]]) mais aussi [[Ibères]] et autres populations du royaume de [[Tartessos]] (dans le sud de l'Hispanie) — était véhiculée en profondeur dans leurs territoires. La langue officielle des royaumes numides était ainsi le punique<ref name=":1"/>. |
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Il existe cependant un grand nombre de stèles et tout un corpus d'inscriptions, en particulier les textes des stèles trouvées en quantités dans les divers [[tophet|tophets]] fouillés, dont celui de [[Tophet de Carthage|Carthage]] et qu'on retrouve collectés en particulier au sein du [[Corpus Inscriptionum Semiticarum]]<ref>M.Hours-Médian, ''Carthage'', p.16</ref>. Hélas ces textes sont très stéréotypés et n'apportent guère à la connaissance de la cité. En outre, elles n'apportent guère d'informations sur l'[[onomastique]], le nombre de noms propres connu étant limité. |
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L'archéologie a permis de retrouver en outre un petit nombre de documents appelés ''tarifs de sacrifices'', qui étaient placés dans les temples<ref>M.Hours-Médian, ''Carthage'', p.17</ref>. Le plus connu d'entre eux est le ''tarif de Marseille'', nommé ainsi car retrouvé dans le port de cette ville. En dépit du lieu de sa découverte, le texte est selon les spécialistes d'origine carthaginoise. |
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Il faut citer comme inscription particulière le cas des [[lamelles de Pyrgi]] trouvées à [[Caere]], en Italie, qui apportent un éclairage sur les relations entre [[Etrusques]] et Puniques au VIe siècle. |
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Elle montre néanmoins certaines particularités phonétiques par rapport au parlé de Phénicie notamment dû à des influences libyco-berbères<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ahmed Ferjaoui|titre=Recherche sur les relations entre l'Orient phénicien et Carthage|lieu=Fribourg/Göttingen|éditeur=Éditions universitaires de Fribourg/Vandenhoeck & Ruprecht|année=1993|pages totales=504|passage=221-222|isbn=978-3525537589}}.</ref>. |
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=== Religion === |
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Elle a perduré, malgré la prépondérance du [[latin]], jusqu'à l'arrivée des [[Conquête musulmane du Maghreb|Arabes]] au {{VIe siècle}}. À cette date, cette langue déclinante était devenue un [[patois]] local, au moins dans certaines régions. Corollaire de la langue, l'[[alphabet phénicien]], ancêtre de l'[[alphabet grec]], s'est répandu dans tout le [[bassin méditerranéen]] jusqu'à devenir le vecteur de la pensée des peuples de la sphère punique. Cette [[écriture]] sans [[voyelle]]s s'est modifiée après l'implantation romaine en Afrique du Nord, l'[[alphabet punique]] tendant à inclure des voyelles. Son aspect s'est différencié dans le temps et selon les régions. Au {{s|IV}}, l'alphabet latin était utilisé pour transcrire la langue punique<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=587}}.</ref>. |
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La langue finit par devenir, avec le [[Langues berbères|berbère]], le [[Substrat (linguistique)|substrat]] sur lequel s'établit l'[[arabe tunisien]] et les autres dialectes [[Arabe maghrébin|maghrébins]] modernes, influencés par l'[[arabe]]<ref name="Mohand">{{Article|langue=fr|auteur1=Tilmatine Mohand|titre=Substrat et convergences : le berbère et l'arabe nord-africain|périodique=Estudios de dialectologia norteaafricana y andalusi|numéro=4|date=1999|pages=99-119|issn=1137-7968}}.</ref>{{,}}<ref name="maghribi">{{Article|langue=fr|auteur1=Farid Benramdane|titre=''Le maghribi, langue trois fois millénaire'' de ELIMAM, Abdou (Éd. ANEP, Alger, 1997)|périodique=Insaniyat|numéro=6|date=1998|pages=129-130|issn=2335-1578|lire en ligne=http://insaniyat.revues.org/12102|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. |
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====le panthéon==== |
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La [[mythologie]] carthaginoise est en grande partie héritée des Phéniciens mais intègre également certains aspects des cultes africains tel que celui rendu à la déesse [[Tanit]], variante locale d'[[Astarté]] et au dieu [[Ba'al Hammon]]. Tous deux figurent au sommet du [[panthéon]] punique. On observe donc une continuité religieuse, les anciens dieux phéniciens étant toujours vénérés chez les Carthaginois comme Astarté, [[Eshmoun]] (dieu de la médecine) et [[Melqart]] (dieu phénicien de l'expansion et de l'enrichissement de l'expérience humaine). Enfin, au moins un culte grec, [[Déméter]] et [[Perséphone|Coré]] (culte de la fertilité et de la moisson) est introduit dans la culture carthaginoise à l'occasion de la guerre gréco-punique, le saccage du temple de ces déesses en 396 avant J.-C. ayant entraîné des calamités l'introduction de leurs cultes valant réparation. Melqart adopte pour sa part des caractères du dieu grec [[Héraclès]]. Ba'al Hammon, originaire de Phénicie, est aussi influencé par des apports égyptiens car [[Ammon (dieu)|Ammon]] était connu en [[Libye antique|Libye]] et dans pratiquement toute l'Afrique du Nord et fut assimilé à un dieu local dont la représentation était également un [[Bélier (mammifère)|bélier]]. Ce dieu et son culte étaient liés au feu et au soleil. À l'époque romaine, le culte de [[Baal]] adopte des traits de [[Jupiter (mythologie)|Jupiter]], dieu majeur du panthéon romain et est encore connu à l'arrivée du [[christianisme]]. |
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=== Littérature et épigraphie === |
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Ils sont particulièrement honorés aux moments importants de l'histoire de l'empire comme pour rendre grâce du succès d'une expédition maritime ou favoriser une entreprise militaire à venir. Les lieux de cultes découverts sont urbains et ceux situés en bord de mer profitent de leur contact avec les étrangers pour s'enrichir (offrandes, ex-voto, donation, etc.). Les cultes ont alors un poids économique important par les offrandes (comme les viandes et autres denrées, boissons, etc.) faites aux dieux et aux prêtres. Il existe des tarifs en fonction de chaque demande. Les cultes et leur pratique ont laissé des traces visibles dans les différentes colonies phéniciennes de Méditerranée occidentale, devenues carthaginoises, mais aussi chez les peuples entrés en contact avec cette civilisation comme les Berbères de Numidie et de Maurétanie et les Ibères. |
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[[Fichier:Piedra de nora224.png|vignette|[[Stèle de Nora]] avec mise en évidence de l'alphabet phénicien ({{-sp-|IX|e|-|VIII|e|s}}), [[Cagliari]], [[Musée archéologique national de Cagliari|musée archéologique national]].]] |
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====les sanctuaires et les rites==== |
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[[image:Prêtre à l'enfant Musée Bardo.jpg|thumb|La ''Stèle du prêtre à l'enfant'' trouvée au [[tophet de Carthage]], et déposée au Musée du Bardo]] |
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#les sanctuaires et la question du [[tophet de Carthage|tophet]]. |
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La littérature carthaginoise ne nous est pas parvenue<ref name="belin">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Stéphane Bourdin|auteur2=[[Catherine Virlouvet]]|titre=Rome, naissance d'un empire|sous-titre=de Romulus à Pompée, 753-70 av. J.-C.|lieu=Paris|éditeur=Belin|collection=Mondes anciens|année=2020|pages totales=796|passage=245|isbn=978-2701164953}}.</ref>, mais on sait qu'il existait à Carthage de nombreuses bibliothèques, ce qui induit une certaine production littéraire ou à tout le moins une diffusion de la littérature de l'époque, en particulier celle de [[Grec ancien|langue grecque]]<ref name="amadasi121">{{Harvsp|Amadasi Guzzo|2007|p=121}}.</ref>. La [[philosophie]] était répandue dans le milieu punique, certains noms sont connus par ce qu'en disent [[Diogène Laërce]] ou [[Jamblique]]<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=196}}.</ref> ; le plus célèbre philosophe d'origine carthaginoise est sans conteste [[Clitomaque de Carthage|Clitomaque]]. |
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La religion est affaire d'État à Carthage même si les prêtres n'interviennent pas directement dans la politique intérieure ou extérieure de Carthage. Ils ont toutefois une grande influence sur une société profondément religieuse. Les cultes sont structurés avec une hiérarchie de prêtres dont les plus hautes fonctions sont occupées par les membres des familles les plus influentes de la cité. On note néanmoins une différence entre la religion d'État et la croyance populaire en des amulettes et autres talismans (protection contre les démons, les maladies, etc.) à forte influence égyptienne. De même, on trouve des divinités égyptiennes comme le dieu nain [[Bès]] dans les classes populaires. |
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Il existait une littérature de droit, d'histoire, de géographie, même si tout cela a été perdu. Toutefois, on a conservé des fragments de l'important [[Traité (littérature)|traité]] d'[[agronomie]] de [[Magon le Carthaginois|Magon]], qui influença fortement les Romains<ref name="belin"/>: la preuve en est que la traduction en latin a été décidée par les conquérants au lendemain de la prise de la cité<ref name="amadasi121"/>. Les auteurs romains postérieurs en citent des extraits et ne tarissent pas d'éloges à son sujet ([[Pline l'Ancien]]<ref>[[Pline l'Ancien]], {{Op. cit.}}, XVIII, 22-23.</ref>, [[Varron (écrivain)|Varron]]<ref>[[Varron (écrivain)|Varron]], ''[[De re rustica]]'', I, 1, 10-11.</ref> et [[Columelle]]<ref>[[Columelle]], ''[[De re rustica]]'', I, 1, 3.</ref>{{,}}<ref>[[Columelle]], {{Op. cit.}}, XII, 4, 2.</ref>). Le récit du périple de [[Hannon le Navigateur|Hannon]], même s'il s'agit d'un texte rédigé en grec, doit être la traduction d'un texte punique probablement affiché dans un temple<ref name="hours17">{{Harvsp|Hours-Miédan|1982|p=17}}.</ref>. Cependant, difficile d'interprétation, le document suscita de nombreuses polémiques. |
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====la religiosité populaire==== |
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[[Image:Square weight Tanit Louvre AO2042.jpg|left|thumb|Poids carré en plomb portant le [[signe de Tanit]]]] |
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Les Puniques avaient foi en une vie après la mort. On trouve en conséquence des chambres mortuaires — même si l'[[incinération]] était aussi pratiquée — où les morts préparés pour leur vie suivante étaient accompagnés d'offrandes en nourriture et boissons. Par ailleurs, leur tombe était décorée comme une demeure et l'on parfumait le tombeau avant de le refermer. Certains morts étaient couchés selon le rite oriental alors que d'autres étaient en position fœtale selon la croyance berbère et enduis d'[[ocre]], démontrant une influence locale sur la religion carthaginoise, au moins en Afrique du Nord. De même, on a retrouvé dans des tombes puniques aux [[îles Baléares]] des statuettes typiques de la culture locale. Il était même question de [[nécropole]] pour les enfants appelée [[tophet]]. Certains pensent que des enfants y étaient sacrifiés pour le compte d'une divinité assimilable à [[Moloch]] même si le débat reste ouvert. |
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De nombreuses [[stèle]]s fournissent cependant tout un corpus d'inscriptions, notamment les stèles trouvées en quantité dans les tophets, dont celui de [[Tophet de Carthage|Carthage]]. Ces textes ont été collectés au sein du ''[[Corpus Inscriptionum Semiticarum]]''<ref>{{Harvsp|Hours-Miédan|1982|p=16}}.</ref>. Mais ils apparaissent très stéréotypés et apportent peu à la connaissance de la cité. En outre, ils ne livrent guère d'informations sur l'[[onomastique]], les noms propres connus étant en nombre limité. |
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==Une civilisation exogène et métissée == |
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* l'éphèbe de Motyé : cette statue de marbre du Ve siècle a été identifiée à une représentation de Melkart possèdant une influence grecque nette. D'autres chercheurs considèrent que la statue est une oeuvre grecque transportée à [[Motyé]]. |
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Par ailleurs, les archéologues ont mis au jour un petit nombre de documents appelés « [[Tarif sacrificiel|tarifs de sacrifices]] », qui étaient placés dans les temples<ref name="hours17"/>. Le plus connu d'entre eux est le « tarif de Marseille », ainsi nommé car il est retrouvé dans le port de cette ville. En dépit de sa localisation, il est, selon les spécialistes, d'origine carthaginoise. Il faut également citer comme inscription particulière le cas des [[lamelles de Pyrgi]] découvertes à [[Cerveteri|Caere]], en [[Italie]], qui offrent un éclairage sur les relations entre [[Étrusques]] et Puniques au {{VIe siècle av. J.-C.}} |
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File:DSC00097 - Edicola funebre greco-punica da Marsala - Foto G. Dall'Orto.jpg|Edicule funèbre gréco-punique de Marsala, actuellement au [[Musée archéologique régional Antonio Salinas]] de Palerme |
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File:Mozia 1.jpg|Ephebe de Motyé |
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Enfin les monnaies constituent également une source épigraphique et permettent notamment d'étudier la variation parfois importante de la calligraphie et de la forme des lettres<ref name=":0"/>. |
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== Religion == |
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{{Article détaillé|Religion punique}} |
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=== Persistances orientales et apports africains=== |
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=== L'identité carthaginoise=== |
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=== Persistances après 146 === |
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====dans les institutions locales==== |
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# persistance dans les institutions des cités romaines d'Afrique du Nord des [[suffète|suffètes]]: magistrats municipaux, jusqu'au second siècle après J.-C.<ref>E. Lipinski, ''op. cité'', p. 429</ref> |
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La [[mythologie]] et la [[religion]] de Carthage sont en grande partie héritées de [[Phéniciens#La religion phénicienne|celles des Phéniciens]]. Malgré une transcription en [[latin]] ou en [[grec]] dans les sources antiques, elles gardent, tout au long de leur histoire, leur caractère profondément ouest-sémitique<ref>{{Harvsp|Sznycer|1978|p=586}}.</ref>. |
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====dans la religion==== |
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# [[Saturne]] africain<ref>voir les travaux de M. Le Glay</ref> : interpretatio romana du Ba'al punique. Importance également de sa parèdre Caelestis, transposant Tanit. |
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# maintien des sanctuaires ruraux : ex. [[Bir Bou Regba|Thinissut]], Bou Kornine. |
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=== Panthéon === |
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[[Fichier:Incense burner depicting Baal-Hammon AvL.JPG|gauche|vignette|Brûle-parfum de Carthage représentant Ba'al Hammon avec une tiare à plumes ({{-s-|II}}), argile, [[musée national de Carthage]].]] |
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Le panthéon initialement sémitique évolue au cours des rencontres avec des traditions locales. Dans diverses colonies, certaines [[Religion punique#Panthéon|divinités carthaginoises]] acquièrent le caractère de [[poliade]], comme Tinnit ou [[Tanit]] à Carthage, [[Melqart]] à Gadès (où lui fut élevé un temple réputé), Sid (''Sardus Pater'' à l'époque romaine) en Sardaigne<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=172}}.</ref>. Cet important panthéon<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=170-175}}.</ref> est dominé par [[Ba'al Hammon]] accompagné de sa [[parèdre]] [[Tanit]] (face de Ba'al). |
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[[Fichier:Terracota orante púnica Ibiza (M.A.N.) 01.jpg|vignette|Statuette d'[[orant]] ({{-s-|III|e}}) trouvée dans la [[Nécropole punique de Puig des Molins|nécropole de Puig des Molins]] (Ibiza) et exposée au [[musée archéologique national de Madrid]].]] |
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Si les anciens dieux phéniciens sont toujours vénérés par les Carthaginois, comme [[Astarté]], déesse de la fécondité et de la guerre, [[Eshmoun]], dieu de la médecine, et Melqart, dieu phénicien de l'expansion et de l'enrichissement de l'expérience humaine, ils se transforment : ainsi Melqart prend des caractères au [[héros]] grec [[Héraclès]] tandis que le Ba'al Hammon phénicien devient l'[[Zeus Ammon|Ammon]] [[Libye antique|libyque]] symbolisé par un [[bélier]] emprunté à la [[mythologie égyptienne]], puis adopte des traits [[Jupiter (mythologie)|jupitériens]] qu'il avait toujours à l'arrivée du [[christianisme]]. |
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=== Sanctuaires et rites === |
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[[Fichier:Louvre AO Stele scène religieuse.jpg|gauche|vignette|Scène religieuse représentée sur une stèle de Carthage déposée au musée du Louvre.]] |
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Les lieux de culte sont des constructions spécifiques ou des espaces aménagés. Plusieurs temples urbains ont été retrouvés dans des endroits divers ; leur emplacement n'obéissait donc pas à une règle précise. Ceux situés en bord de mer bénéficiaient de leur contact avec les étrangers ([[Don (acte)|offrandes]], [[ex-voto]]s, donation, etc.) On a également découvert des sanctuaires dans des grottes. |
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[[Fichier:Karthago Tophet 2.JPG|gauche|vignette|Vue d'une partie des stèles du tophet de Carthage.]] |
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La religion était une affaire d'État à Carthage ; même si les prêtres n'intervenaient pas directement dans la politique intérieure ou extérieure, ils jouissaient d'une grande influence sur une société profondément religieuse, structurée autour d'une hiérarchie de prêtres dont les plus hautes fonctions étaient occupées par les membres des familles les plus puissantes de la cité<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=178}}.</ref>. Les cultes jouaient un rôle économique important grâce aux offrandes (comme les viandes et autres denrées) aux dieux et aux prêtres. Le sacrifice avait aussi un poids significatif : des « tarifs » étaient définis pour chaque type de [[sacrifice]] en fonction de chaque demande ; après le partage du produit du sacrifice entre divinité, prêtre et fidèle, une stèle était érigée en guise de commémoration<ref>{{Harvsp|Dridi|2006|p=85}}.</ref>. |
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[[Fichier:Square weight Tanit Louvre AO2042.jpg|vignette|Poids carré en plomb portant le [[signe de Tanit]], {{-sp-|V|-|II|s}}, [[Paris]], [[musée du Louvre]].]] |
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Les cultes et leur pratique ont laissé des traces visibles dans les différentes colonies carthaginoises de Méditerranée occidentale, devenues carthaginoises, mais aussi chez les peuples en contact avec cette civilisation, comme les [[Berbères]] de [[Royaume de Numidie|Numidie]] et de [[Royaume de Maurétanie|Maurétanie]] et les [[Ibères]]. |
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La question des [[Sacrifice humain|sacrifices d'enfants]] que mentionnent [[Diodore de Sicile]] ou [[Tertullien]]<ref>[[Tertullien]], ''Apologétique'', IX, 2-3.</ref> a fait la part belle aux interprétations les plus diverses. Les textes restent cependant peu explicites<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=340}}.</ref> et des textes essentiels, comme [[Tite-Live]], n'en font nulle mention, alors que les Romains n'avaient aucun intérêt à cacher un argument qui aurait justifié le sort réservé à Carthage<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=348}}.</ref>. Le débat n'est pas tranché et quant aux ossements contenus dans les urnes, la science ne décèle pas de causes violentes parmi les causes des décès et ne peut donc pas affirmer que leur accumulation était autre chose qu'une [[nécropole]] pour enfants<ref>{{Ouvrage|langue=it|auteur1=[[Sabatino Moscati]]|titre=Il sacrificio punico dei fanciulli : realtà o invenzione ?|lieu=Rome|éditeur=[[Académie des Lyncéens]]|collection=Problemi attuali di scienza e di cultura|numéro dans la collection=261|année=1987|pages totales=15|isbn=978-8821807725}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=it|auteur1=Sergio Ribichini|titre=Il tofet e il sacrificio dei fanciulli|lieu=Sassari|éditeur=Chiarella|collection=Sardò|année=1987|pages totales=63|passage=9|oclc=20561898}}.</ref>. |
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== Civilisation exogène et métissée == |
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La vie culturelle de cette civilisation, que certains ont appelée [[thalassocratie]] du fait de son rapport étroit et durable avec la mer, résulte d'un syncrétisme entre la culture phénicienne des colons tyriens et les diverses influences indigènes, grecques mais aussi égyptiennes. |
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=== Persistances orientales et apports africains === |
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L'art phénicien est un subtil mélange d'éléments grecs et égyptiens. Si la culture égyptienne a profondément influencé les Phéniciens dès le {{IIIe millénaire av. J.-C.}}, la [[Grèce antique|culture hellénique]] a pris le relais à partir du {{-s|IV}} La culture phénicienne émerge à partir de l'effondrement égyptien, à la suite de l'invasion des [[Peuples de la mer]] en [[Années 1200 av. J.-C.|1200 {{av JC}}]] Avant son existence, elle était confondue dans l'aire syro-libanaise ([[Canaan (région)|pays de Canaan]]). D'ailleurs, certains Puniques d'Occident se nommeront Cananéens longtemps après l'absorption de l'empire carthaginois par les Romains. En effet, du fait de la position géographique de Carthage et alors que les Phéniciens sont présents dans l'Occident méditerranéen, la cité punique cristallise et regroupe cette présence, la transformant en empire, tout en favorisant l'essor de la colonisation. |
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=== Identité carthaginoise === |
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L'art punique, celui des Phéniciens d'Occident, montre des composantes égyptiennes comme le travail du verre — avec les petits masques de verre des tombes puniques spécifiques à la mentalité phénicienne et qui servent à repousser loin du mort les mauvais esprits ou démons — et des motifs comme le [[Lotos|lotus]] que l'on retrouve sur des objets ou sur la décoration de bâtiments. En outre, à partir du {{-s|IV}}, apparaissent des traces d'influence hellène se superposant aux influences égyptiennes et s'ajoutant à la culture phénicienne primitive. |
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[[Fichier:TUNISIA DOUGGA MAUSOLEE LYBICO PUNIQUE 001.JPG|vignette|[[Mausolée libyco-punique de Dougga]], {{-s-|II}}]] |
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[[Fichier:Mozia 1.jpg|gauche|vignette|Éphèbe de Motyé, vers 450-{{Date-|-440}}, marbre, [[Musée Whitaker (Motyé)|musée Whitaker]], [[Motyé]].]] |
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Le mausolée libyco-punique de Dougga occupe une place particulière car il symbolise le [[syncrétisme]] architectural entre traditions égyptiennes et apports grecs, voire hellénistiques<ref>[[Filippo Coarelli]] et [[Yvon Thébert]] cités par {{Harvsp|Lancel|1992|p=421}}.</ref>. Il subsiste d'autres témoins de cette architecture funéraire monumentale comme à [[Sabratha]]. |
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La [[sculpture]] évolue d'un style hiératique, presque symbolique, vers une esthétique plus figurative mais idéalisant la perfection. L'éphèbe de [[Motyé]], un [[marbre]] du {{-s|V}} découvert lors de fouilles terrestres en [[1979]], témoigne de ce contact avec le monde grec de Sicile. Cette statue a donné lieu à diverses thèses : certains y ont vu une représentation de [[Melqart]] avec une nette influence grecque alors d'autres chercheurs considèrent la statue comme une œuvre grecque transportée à Motyé à la suite d'opérations militaires. D'autres encore l'identifient comme une commande à un artiste grec de Sicile du {{-s|V}} mais selon les canons carthaginois, en particulier sur le plan vestimentaire<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur=[[Vincenzo Tusa]]|titre chapitre=Le jeune homme de Motyé|auteurs ouvrage=[[André Parrot]], [[Maurice Chéhab|Maurice H. Chéhab]] et [[Sabatino Moscati]]|titre=Les Phéniciens|collection=L'Univers des formes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2007|isbn=978-2070118977|passage=618-621}}.</ref> ; on a même évoqué un rôle d'[[aurige]] voire un commanditaire de jeux<ref>[[Vincenzo Tusa]] cité par {{Harvsp|Lancel|1992|p=439}}.</ref>. L'ambiguïté des canons de cette œuvre entraîne « une perte des repères habituels, source d'inconfort intellectuel et esthétique »<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=440}}.</ref>. Le sarcophage dit « de la prêtresse » de la [[nécropole des Rabs]] montre également ces influences mêlées. |
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Les canons esthétiques des [[protomé]]s indiquent le même métissage et les critères à l'origine des choix des artisans restent difficiles à appréhender. Les statuettes d'[[Ibiza]] révèlent quant à elles une influence locale sans doute liée au relatif isolement de l'île<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=460}}.</ref>. Métropole située entre Orient et Occident, Carthage a globalement joué un rôle facilitateur d'échanges économiques et culturels, révélant une grande porosité aux apports extérieurs<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=462}}.</ref>. |
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=== Persistances après la chute === |
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[[Fichier:P6212453 dougga.jpg|vignette|Opus africanum du Capitole de Dougga, {{sap-|II}}]] |
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[[Fichier:DSC00097 - Edicola funebre greco-punica da Marsala - Foto G. Dall'Orto.jpg|vignette|Édicule funèbre gréco-punique de Marsala, époque [[Empire romain|romaine impériale]], actuellement exposé au [[musée archéologique régional Antonino-Salinas]].]] |
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La civilisation punique a perduré bien au-delà de la destruction de Carthage en {{Date|-146}}, dans les institutions locales des cités romaines, dans l'architecture et surtout dans la religion et dans la langue. On constate la présence de [[suffète]]s, magistrats municipaux, dans les institutions des cités romaines d'Afrique du Nord jusqu'au {{IIe siècle}}<ref>{{Harvsp|Lipinski|1992|p=429}}.</ref>. Parfois, les suffètes étaient au nombre de trois, ce qui est considéré par certains sémitisants comme un apport berbère. |
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Les persistances dans l'architecture concernent surtout l'[[opus africanum]] et la [[mosaïque]]. L'opus africanum est un type de construction à chaînage retrouvé dans les fouilles de [[Kerkouane]] ainsi que sur bien d'autres sites puniques, et dont l'un des exemples de l'époque romaine se situe au [[Capitole]] de [[Dougga]]. Quant à la mosaïque, l'école de mosaïstes africains, particulièrement habile et bénéficiant en outre de [[marbre]]s de belle qualité, a largement diffusé ses modèles de bestiaires et de scènes mythologiques dans l'[[Empire romain]]. |
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Dans le domaine religieux, la persistance du culte rendu à [[Saturne (mythologie)|Saturne]] africain<ref>Sur cette question, se reporter aux travaux de [[Marcel Le Glay]].</ref> et l'''[[Interpretatio graeca|interpretatio romana]]'' du Ba'al punique ainsi que de sa [[parèdre]] Caelestis, transposant la déesse [[Tanit]]<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=580}}.</ref>, a été étudiée ; le culte de ''Sardus Pater'' en [[Sardaigne]] procède de la même évolution. Les sanctuaires ruraux se sont maintenus, comme à Thinissut et à Bou Kornine. Le sanctuaire néo-punique le plus important fouillé jusqu'à présent, et ayant livré les témoignages les plus intéressants de fusion d'éléments libyques et puniques, se trouve à El Hofra ([[Cirta]]). On a découvert des éléments de continuité dans les stèles dites « de la Ghorfa » ainsi qu'une vitalité du Saturne africain, dieu infernal et pourvoyeur des moissons, jusqu'à la fin du premier quart du {{s|IV}}<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=584-586}}.</ref>. |
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La transmission des « livres puniques » des bibliothèques de la cité martyre vers les souverains numides<ref>[[Pline l'Ancien]], {{Op. cit.}}, XVIII, 22.</ref> a fait l'objet d'âpres discussions, leur utilisation par [[Salluste]] lors de l'élaboration de sa ''[[Guerre de Jugurtha]]'' ayant été évoquée. Cependant, on perd très vite la trace de ces ouvrages dans les sources ; ils ne sont plus évoqués que comme souvenir dès [[Augustin d'Hippone]]<ref>[[Augustin d'Hippone]], ''Epistolae ad romanos inchoata expositio'', 17, 2.</ref>. |
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Il semble également que durant longtemps la [[Punique (langue)|langue punique]] s'est maintenue, comme en témoignent les textes dits « néo-puniques » et la diffusion de la langue dans les royaumes numides, en particulier dans leur monnayage<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=475-476}}.</ref>. Augustin l'évoque même dans l'une de ses œuvres<ref>[[Augustin d'Hippone]], {{Op. cit.}}, 13, les Africains parlant punique se font appeler « Cananéens ».</ref> : {{citation bloc|Ainsi demandez à nos paysans ce qu'ils sont. Ils vous répondront, en langue punique : « Chanani », c'est-à-dire [...] Cananoei (Cananéens)|[[Augustin d'Hippone]], ''Epistolae ad romanos inchoata expositio''}} |
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Selon Augustin d'Hippone, les villageois {{En latin|rustici}} d'Afrique du Nord, parlant la langue phénicienne ({{Citation étrangère|lingua punica|langue=la}}), s'identifiaient eux-mêmes ou leur langue comme {{Citation étrangère|Chanani|langue=la}}. Augustin, dans une discussion sur la [[guérison de la fille d'une Cananéenne]] du [[Nouveau Testament]], a soutenu que ce nom {{En latin|Chanani}} était le même que le mot {{Traduction|langue=la|Chananaei|Cananéens}}. La formulation latine correcte parmi les manuscrits est débattue et le contexte est ambigu. Bien que ce passage ait été avancé pour démontrer que le nom {{Citation|Cananéen}} était l'endonyme des Phéniciens, il est possible que le contexte réhétorique des paroles d'Augustin signifie qu'elles ne peuvent pas être invoquées comme preuve historique<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Josephine Crawley Quinn]]|auteur2=Neil McLynn|auteur3=Robert M. Kerr|auteur4=Daniel Hadas|titre=Augustine's Canaanites|périodique=Papers of the British School at Rome|volume=82|date=2014|pages=175–197|issn=0068-2462|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/24780081|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. [[Gabriel Camps]] propose pour sa part d'y voir un dialecte libyque plutôt que punique, d'autant plus que le terme {{citation étrangère|punicus|langue=la}} au temps d'Augustin était dans de nombreux contextes synonyme d'africain<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Gabriel Camps]]|titre=''Punica Lingua'' et épigraphie libyque dans la Numidie d'Hippone|périodique=Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques / Afrique du Nord|volume=23|date=1990|pages=36}}.</ref> et la région d'où ces paysans provenaient est l'une des régions d'Algérie avec la plus forte concentration de stèles libyques<ref>{{Harvsp|Camps|1990|p=46 et 48}}.</ref>. |
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Ce maintien d'une langue sémitique a pu faciliter l'arabisation du [[Maghreb]] selon [[Stéphane Gsell]] et [[M'hamed Hassine Fantar]] après lui<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=589}}.</ref>. |
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=== Génétique === |
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Depuis la fin des années 2010, des études génétiques basées sur l'[[ADN fossile|ADN ancien]] ont montré que les Puniques de Sardaigne, d'Ibiza et du sud de la péninsule ibérique notamment étaient issus principalement d'un mélange génétique entre populations d'Afrique du Nord et de l'est de la Méditerranée<ref name="olalde">{{Article|langue=en|auteur1=Iñigo Olalde|et al.=oui|titre=The genomic history of the Iberian Peninsula over the past 8000 years|périodique=[[Science (revue)|Science]]|volume=363|numéro=6432|date=15 mars 2019|pages=1230-1234|issn=0036-8075|doi=10.1126/science.aav404|lire en ligne=https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.aav4040|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>{{,}}<ref name="marcus">{{Article|langue=en|auteur1=Joseph H. Marcus|auteur2=Cosimo Posth|auteur3=Harald Ringbauer|et al.=oui|titre=Genetic history from the Middle Neolithic to present on the Mediterranean island of Sardinia|périodique=[[Nature Communications]]|numéro=11|date=24 février 2020|pages=|issn=2041-1723|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41467-020-14523-6|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>{{,}}<ref name="sarno">{{Article|langue=en|auteur1=Stefania Sarno|et al.=oui|titre=Insights into Punic genetic signatures in the southern necropolis of Tharros (Sardinia)|périodique={{Lien|trad=Annals of Human Biology}}|volume=48|numéro=3|date=29 août 2021|pages=247–259|issn=0301-4460|pmid=34459340|doi=10.1080/03014460.2021.1937699|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/03014460.2021.1937699|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>{{,}}<ref name="angelis">{{Article|langue=en|auteur1=Flavio De Angelis|et al.=oui|titre=Ancient genomes from a rural site in Imperial Rome (1st–3rd cent. CE): a genetic junction in the Roman Empire|périodique={{Lien|trad=Annals of Human Biology}}|volume=48|numéro=3|date=29 août 2021|pages=234-246|issn=0301-4460|pmid=34459340|doi=10.1080/03014460.2021.1944313|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/03014460.2021.1944313|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>{{,}}<ref name="spread">{{Article|langue=en|auteur1=Daniel M. Fernandes|auteur2=Alissa Mittnik|auteur3=Iñigo Olalde|et al.=oui|titre=The spread of steppe and Iranian-related ancestry in the islands of the western Mediterranean|périodique=[[Nature Ecology and Evolution]]|numéro=4|date=24 février 2020|pages=334–345|issn=2397-334X|doi=10.1038/s41559-020-1102-0|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. |
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En 2019, une étude génétique de Iñigo Olalde et ses collègues montre que les individus du sud de la [[péninsule Ibérique]] entre les {{s2|III|VII}} possédaient une ascendance nord-africaine substantielle et beaucoup plus importante que les populations actuelles de la même région. Selon les auteurs, cet important flux de gènes en provenance d'Afrique du Nord aurait pu se produire à l'époque romaine ou lors de la période punique<ref name="olalde"/>. |
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En 2020, selon une étude génétique de Flavio De Angelis et ses collègues, l'individu trouvé dans une sépulture collective à Ibiza dans un hypogée punique daté de 361-178 av. J.-C. a un profil génétique différent des autres individus des îles Baléares datant de la même époque car il possède une ascendance nord-africaine importante<ref name="spread"/>. |
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Une étude de Stefania Sarno et ses collègues portant sur quatorze échantillons de la nécropole punique de Tharros et s'étalant du {{-sp-|V|au|III}} démontre de fortes affinités avec l'Afrique du Nord et la [[péninsule Ibérique]]<ref name="sarno"/>. |
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Une autre étude génétique de Joseph H. Marcus et ses collègues sur l'histoire génomique de la Sardaigne publiée en 2020 montre que les six individus issus du site punique de [[Villamar]] en Sardaigne avaient une ascendance nord-africaine ancienne substantielle (20-35 %), contrairement aux individus du site de [[Monte Sirai]], fondé plusieurs siècles plus tôt par les Phéniciens, qui en possèdent très peu, de même que les Sardes actuels<ref name="marcus"/>. |
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Deux études publiées en 2021 dans la revue ''{{Lien|trad=Annals of Human Biology}}'' montrent également une forte proximité génétique avec les populations d'Afrique du Nord de plusieurs individus, peut-être descendants de captifs des guerres puniques selon les auteurs, du site de ''Quarto Cappello del Prete'', situé près de [[Gabies]] en Italie et datant de la Rome impériale ({{sp|I|-|III|s}}), et de ceux du site punique de [[Tharros]] ({{-s2-|V|III}}), situé en Sardaigne<ref name="sarno"/>{{,}}<ref name="angelis"/>. |
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Une étude d'Alessandra Sperduti et Lorenzo Bondioli portant sur l'origine des [[Étrusques]] montre que certains individus des {{-s2-|IV|III}} du site de San Germano in Vetulonia et de [[Tarquinia (ville étrusque)|Tarquinia]] ont un composant nord-africain qu'ils finissent par attribuer à l'expansion carthaginoise dans le bassin occidental de la Méditerranée<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Cosimo Posth|et al.=oui|titre=The origin and legacy of the Etruscans through a 2000-year archeogenomic time transect|périodique=[[Science Advances]]|numéro=7|date=24 septembre 2021|pages=1-15|issn=2375-2548|doi=10.1126/sciadv.abi7673|lire en ligne=https://www.academia.edu/53331244/2021_The_origin_and_legacy_of_the_Etruscans_through_a_2000_year_archeogenomic_time_transect|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. |
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Une étude de Hannah M. Moots et ses collègues publiée en 2022<ref name="moots">{{Article|langue=en|auteur1=Hannah M. Moots|auteur2=Margaret Antonio|auteur3=Susanna Sawyer|et al.=oui|titre=A genetic history of continuity and mobility in the Iron Age central Mediterranean|périodique=[[Nature Ecology and Evolution]]|numéro=7|date=15 mars 2022|pages=1515–1524|issn=2397-334X|doi=10.1038/s41559-023-02143-4|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41559-023-02143-4|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>, portant sur la Méditerranée centrale de l'[[âge du fer]], montre que douze individus de la petite cité punique de [[Kerkouane]] dans le [[cap Bon]] ont un profil très hétérogène. Parmi eux, sept individus montrent de fortes affinités avec les populations siciliennes de l'[[âge du bronze]]. Un individu parmi ces douze échantillons est similaire aux [[Marocains]] et aux [[Mozabites]] actuels tandis que quatre autres présentent « une continuité génétique avec les agriculteurs néolithiques maghrébins qui précèdent, suggérant que ces individus représentent une population nord-africaine autochtone »<ref name="moots"/>. De manière surprenante, les auteurs notent l'absence d'influence génétique levantine substantielle<ref name="moots"/> et proposent comme explications des rites funéraires différents (incinération) ou une colonisation superficielle impliquant peu d'individus phéniciens. Au niveau archéologique, la présence de colons grecs de Sicile à Kerkouane est par ailleurs bien attestée<ref>{{Encyclopédie berbère|volume=27|auteur=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=Kerkouane|numéro article=1340|passage=4166–4175}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Serge Lancel]]|titre=Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1992|pages totales=529|titre chapitre=Kerkouane, cité agricole du cap Bon|isbn=978-2213028385}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|trad=Carolina López-Ruiz}}|auteur2=Brian R. Doak|titre=The Oxford handbook of the Phoenician and Punic Mediterranean|lieu=Oxford|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=2019|pages totales=768|titre chapitre=Funerary Rituals as Social Arenas|isbn=978-0190499341}}.</ref>. Selon les auteurs de l'étude, « ces résultats indiquent que les populations autochtones d'Afrique du Nord ont contribué de manière substantielle à la composition génétique ''[de la population]'' de Kerkouane »<ref name="moots"/>. De plus, les auteurs notent que « la contribution des populations autochtones d'Afrique du Nord dans l'histoire carthaginoise est obscurcie par l'utilisation de termes tels que « Phéniciens occidentaux », et même dans une certaine mesure, « puniques », dans la littérature pour désigner les Carthaginois ». Selon les auteurs, ces termes suggèrent une population principalement coloniale et minimisent le rôle des populations autochtones dans l'empire carthaginois. Les auteurs montrent que les approches génétiques sont bien adaptées pour examiner de telles hypothèses, et que, en réalité, « les populations nord-africaines ont contribué de manière substantielle à la composition génétique des populations des villes carthaginoises »<ref name="moots"/>. |
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=== Anthropologie biologique === |
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Une étude de Debbie Guatelli-Steinberg, Joel D. Irish et {{Lien|trad=John R. Lukacs}} portant sur la morphologie dentaire de populations nord-africaines démontre que les Carthaginois présentent de fortes similarités avec celles-ci et notamment avec les [[Guanches]] des [[îles Canaries]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Debbie Guatelli-Steinberg|auteur2=Joel D. Irish|auteur3={{Lien|trad=John R. Lukacs}}|titre=Canary islands-north African population affinities: measures of divergence based on dental morphology|périodique=HOMO|volume=52|numéro=2|date=14 novembre 2004|pages=173–188|issn=0018-442X|doi=10.1078/0018-442X-00027|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0018442X04700153|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. |
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Une étude de Marie-Claude Chamla et Denise Ferembach<ref>{{Encyclopédie berbère|volume=5|auteur=Marie-Claude Chamla et Denise Ferembach|titre=Anthropologie (partie II)|numéro article=2896|passage=713–775}}.</ref>reprise par S.O.Y. Keita<ref>{{Article|langue=en|auteur1=S. O. Y. Keita|titre=Studies of ancient crania from northern Africa|périodique=[[American Journal of Physical Anthropology]]|volume=83|numéro=1|date=1990|pages=35–48|issn=0002-9483|lire en ligne=https://www.academia.edu/29592422/Studies_of_ancient_crania_from_northern_Africa|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref> portant sur les affinités des Puniques par rapport à un échantillon de populations anciennes et actuelles du bassin méditerranéen démontre que les populations les plus proches de l'échantillon carthaginois sont les [[Algériens]] de l'époque protohistorique ([[Années 1500 av. J.-C.|1500 av. J.-C.]]) et ensuite la série espagnole romaine de Tarragone. |
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En 2018, une étude de Keita portant sur l'analyse craniométrique de douze crânes carthaginois d'époque « pré-Hannibal » montre que les résultats sont intermédiaires entre les séries phéniciennes et maghrébines avec néanmoins une position plus proche de la série maghrébine et démontre d'après l'auteur que les Carthaginois étaient issus d'un mélange entre Phéniciens et populations locales<ref>{{Article|langue=en|auteur1=S. O. Y. Keita|titre=Brief Report: Carthaginian Affinities with Ancient and Recent Maghreban and Levantine Groups: Craniometric Analyses Using Distance and Discrimination|périodique=[[African Archaeological Review]]|volume=35|numéro=1|date=28 février 2018|pages=133–137|issn=1572-9842|doi=10.1007/s10437-018-9285-3|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/s10437-018-9285-3|consulté le=15 décembre 2024}}.</ref>. |
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== Naissance et essor d'une discipline == |
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=== Redécouverte de la civilisation === |
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L'intérêt pour le monde phénico-punique est né au {{s|XVII}} — avec en particulier le rôle des Phéniciens appréhendé dans la ''Geographia sacra'' de [[Samuel Bochart]] — mais s'est épanoui surtout aux {{sp-|XVIII|-|XIX|s}}, sous l'angle de l'[[épigraphie]] et de la [[philologie]]. C'est au {{s-|XVIII}} qu'a été découverte la [[stèle de Nora]] qui fit l'objet de nombreuses études. |
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La peinture de [[Joseph Mallord William Turner|Turner]], ''Didon construisant Carthage ou l'ascension de l'Empire carthaginois'', exposée à la [[Royal Academy of Arts]] en [[1817]], est inspirée de l'''[[Énéide]]''. Elle représente Carthage, fondée par [[Didon]]. L'histoire de la montée et de la chute des empires a été un thème qui a préoccupé Turner tout au long de sa vie, et il a peint dix peintures majeures sur le thème de l'empire carthaginois<ref>{{Lien web|langue=en|titre=''Dido building Carthage''|url=https://www.nationalgallery.org.uk/paintings/joseph-mallord-william-turner-dido-building-carthage|site=nationalgallery.org.uk|consulté le=3 mars 2021}}.</ref>. Il a vu la montée et la chute des empires autrefois grands, comme inévitables<ref>{{Lien web|langue=en|titre=''The Decline of the Carthaginian Empire …''|url=https://www.tate.org.uk/art/artworks/turner-the-decline-of-the-carthaginian-empire-n00499|site=tate.org.uk|consulté le=3 mars 2021}}.</ref>. |
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====dans la langue==== |
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# transmission des "livres puniques" aux souverains numides, utilisation par Salluste lors de l'élaboration de sa Guerre de Jugurtha. |
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# maintien longtemps de la langue punique : Saint Augustin. |
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<gallery style="text-align:center" mode="packed" heights="200px" caption="Tableaux de Turner"> |
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====dans l'architecture==== |
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Turner Dido Building Carthage.jpg|<center>''Didon construisant Carthage'', 1817<br>[[National Gallery]], Londres.</center> |
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#l'[[opus africanum]] : type de construction à chaînage retrouvé dans les fouilles de Kerkouane et dont l'un des plus beaux exemples se situe au capitole de [[Dougga]]. |
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Joseph Mallord William Turner - The Decline of the Carthaginian Empire - WGA23169.jpg|<center>''Le Déclin de l'empire carthaginois'', [[1817]]<br>[[Tate Britain]], Londres.</center> |
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#la mosaïque : école de mosaïstes africains particulièrement habiles, bénéficiant en outre de marbres de belle qualité. Bestiaires, scènes mythologiques. |
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{{message galerie}} |
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Au {{s-|XIX}}, dans le contexte de [[colonisation]] contemporaine, de vastes fouilles sont effectuées dans les pays du Maghreb, axées surtout sur l'époque romaine et byzantine, les vestiges de la période antérieure étant moins impressionnants et n'obéissant pas à l'idéologie sous-jacente à ces recherches. |
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==Naissance et essor d'une discipline== |
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Néanmoins, au début du {{XXe siècle}} des découvertes majeures ont lieu comme le [[tophet de Carthage]] en [[1921]] et, avant cette date, il faut signaler le rôle pionnier de [[Joseph Whitaker]] à [[Motyé]]. |
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=== De l'orientalisme à la discipline scientifique=== |
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=== Indépendance de la discipline et apports de l'archéologie=== |
=== Indépendance de la discipline et apports de l'archéologie === |
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Après la dernière période de l'occupation coloniale, avec l'arrivée de chercheurs (comme [[Gilbert Charles-Picard]]), la vague des indépendances à partir de [[1956]] permet l'éclosion d'une école de recherches en [[Tunisie]], représentée notamment par [[M'hamed Hassine Fantar]] et [[Abdelmajid Ennabli]]. Les fouilles depuis la [[Libye]] jusqu'au [[Maroc]], ainsi qu'en [[Espagne]] ([[îles Baléares]] et [[Andalousie]]) et en [[Italie]] avec les recherches en [[Sicile]] et surtout l'étude à visée exhaustive de la [[Sardaigne]] phénico-punique, élargissent considérablement la problématique<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Edward Lipinski]]|titre chapitre=Études phénico-puniques|auteurs ouvrage=[[Edward Lipinski]] (dir.)|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|isbn=978-2503500331|passage=164-165}}.</ref>. |
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=== Champ d'étude actuel === |
=== Champ d'étude actuel === |
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Depuis la fin des [[années 1970]] et la naissance du [[Congrès international des études phéniciennes et puniques]], les savants des divers pays de l'espace punique mettent en place une synergie dans leurs axes de recherche, en particulier les chercheurs italiens de l'[[Université de Rome « La Sapienza »|Université La Sapienza]] de [[Rome]] (à la suite de [[Sabatino Moscati]]), et leurs collègues espagnols et tunisiens. |
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[[Stéphane Gsell]], dans le tome IV de sa monumentale ''[[Histoire ancienne de l'Afrique du Nord]]'', a des mots très durs sur la civilisation carthaginoise : {{Début citation bloc}}Pour sa part, Carthage a fort peu contribué à la civilisation générale. Son luxe n'a guère été utile à l'art. Nous avons dit ce que son industrie, qui n'inventa rien, se traîna dans la routine, et dont la technique même est soit médiocre, soit mauvaise<ref>{{Harvsp|Gsell|1920|p=486}}.</ref>.{{Fin citation bloc}} Les avancées de l'archéologie depuis la seconde moitié du {{s-|XX|e}} ont permis de nuancer ce propos, qui reste celui d'un homme marqué par le classicisme, car la civilisation carthaginoise n'entre pas dans ce schéma d'une domination des arts majeurs<ref>{{Harvsp|Lancel|1992|p=416}}.</ref> et ne pouvait que difficilement être appréhendée par un savant du premier tiers du {{s-|XX|e}}, qui a par ailleurs œuvré à la faire sortir de l'oubli. |
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== Notes et références== |
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Les nombreuses expositions ayant eu lieu à partir des [[années 1980]], depuis celle du [[palais Grassi]] en [[1988]] pour ne citer que la plus marquante jusqu'à celle de l'[[Institut du monde arabe]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Exposition « La Méditerranée des Phéniciens » (6 novembre 2007-20 avril 2008)|url=http://www.imarabe.org/temp/expo/pheniciens.html|site=imarabe.org|consulté le=17 mai 2009}}.</ref> en [[2007]]-[[2008]], démontrent l'intérêt du public pour une civilisation ouverte sur les autres, « entre Orient et Occident » selon Serge Lancel et en ce sens très contemporaine, malgré son « identité ambigüe ». |
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<references/> |
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== Notes et références == |
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== Voir aussi== |
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=== Bibliographie === |
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{{Références nombreuses|taille=35}} |
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====Généralités==== |
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* Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, ''L’Univers phénicien'', éd. Arthaud, Paris, 1994 {{ISBN|2700307321}} |
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* [sous dir.] V. Krings : ''la civilisation phénicienne et punique, manuel de recherches'', 1995. |
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* [sous dir.]E. Lipinski : ''Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique'', 1992. |
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* Sabatino Moscati, ''L'épopée des Phéniciens'', 1971. |
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== Bibliographie == |
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{{Légende plume}} |
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*Maria Giulia Amadasi Guzzo, ''Carthage'', éd. PUF, Paris, 2007 {{ISBN|9782130539629}} |
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=== Généralités === |
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*[[Azedine Beschaouch]], ''La légende de Carthage'', éd. Découvertes Gallimard, Paris, 1993 {{ISBN|2070532127}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Josette Elayi]]|titre=Histoire de la Phénicie|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin]]|année=2013|pages totales=341|isbn=978-2262036621}}. |
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* François Decret, ''Carthage ou l'empire de la mer'', éd. Seuil (coll. Points histoire), Paris, 1977 {{ISBN|2020047128}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Michel Gras]]|auteur2=[[Pierre Rouillard]]|auteur3=Javier Teixidor|titre=L'Univers phénicien|lieu=Paris|éditeur=[[Arthaud (maison d'édition)|Arthaud]]|année=1989|pages totales=283|isbn=978-2700307320}}. |
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* Hédi Dridi, ''Carthage et le monde punique'', éd. Les Belles Lettres, Paris, 2006 {{ISBN|2251410333}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Stéphane Gsell]]|titre=[[Histoire ancienne de l'Afrique du Nord]]|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1920|tome=IV|titre tome=La civilisation carthaginoise|pages totales=515|plume=oui}}. |
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*[[M'hamed Hassine Fantar]], ''Carthage. Approche d’une civilisation'', éd. Alif, Tunis, 1993 |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Véronique Krings|directeur1=oui|titre=La civilisation phénicienne et punique|sous-titre=manuel de recherches|lieu=Leyde|éditeur=[[Éditions Brill]]|année=1995|pages totales=923|isbn=978-9004100688|plume=oui}}. |
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* Madeleine Hours-Miédan, ''Carthage'', éd. PUF, Paris, 1982 {{ISBN|2130374891}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Edward Lipinski]]|directeur1=oui|titre=Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique|lieu=Turnhout|éditeur=[[Brepols]]|année=1992|pages totales=502|isbn=978-2503500331|plume=oui}}. |
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* [[Serge Lancel]], ''Carthage'', éd. Fayard, Paris, 1992 {{ISBN|2213028389}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Sabatino Moscati]]|titre=L'épopée des Phéniciens|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1971|pages totales=370}} |
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*[[Gilbert Charles-Picard|Gilbert]] et Colette Charles-Picard, ''La vie quotidienne à Carthage au temps d’Hannibal'', éd. Hachette, Paris, 1958 |
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* {{Article|langue=fr|titre=Carthage, la cité qui fit trembler Rome|périodique=Les Cahiers de Science et Vie|numéro=104|date=avril-mai 2008|pages=|issn=1157-4887|plume=oui}}. |
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* ''Hannon ou l'empire punique' |
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=== Carthage === |
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====Art et catalogues d'expositions==== |
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* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Maria Giulia|nom1=Amadasi Guzzo|titre=Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=[[Que sais-je ?]]|année=2007|pages totales=127|isbn=978-2130539629|plume=oui}}. |
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*Badr-Eddine Arodaky [sous la dir.], ''La Méditerranée des Phéniciens. De Tyr à Carthage'', éd. Somogy, Paris, 2007 {{ISBN|9782757201305}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Azedine Beschaouch]]|titre=La légende de Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|collection=[[Découvertes Gallimard]] / Archéologie|numéro dans la collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (1re partie)|172]]|année=1993|pages totales=176|isbn=978-2070532124|plume=oui}}. |
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*Collectif, ''Carthage. L’histoire, sa trace et son écho'', éd. Association française d’action artistique, Paris, 1995 {{ISBN|9973220269}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[François Decret]]|titre=Carthage ou l'empire de la mer|collection=Points histoire|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=1977|pages totales=252|isbn=978-2020047128|plume=oui}}. |
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* Sabatino Moscati [sous la dir.], ''Les Phéniciens'', 1989, rééd. 1997. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Gabriel Demerliac|auteur2=Jean Meirat|titre=Hannon ou l'empire punique|lieu=Paris|éditeur=[[Les Belles Lettres]]|année=1983|pages totales=359|isbn=978-2251334172}}. |
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* [collectif] ''De Carthage à Kairouan'', catalogue exposition 1982. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Hédi Dridi]]|titre=Carthage et le monde punique|lieu=Paris|éditeur=[[Les Belles Lettres]]|année=2006|pages totales=287|isbn=978-2251410333|plume=oui}}. |
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*« La Méditerranée des Phéniciens », ''Connaissance des arts'', n°344, octobre 2007 |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=Carthage, approche d'une civilisation|lieu=Tunis|éditeur=Alif|année=1993|pages totales=762|isbn=978-2271050281}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Magdeleine Hours|Madeleine Hours-Miédan]]|titre=Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1982|pages totales=126|isbn=978-2130374893|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4807341v|plume=oui}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Serge Lancel]]|titre=Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1992|pages totales=643|isbn=978-9973194206|plume=oui}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Yann Le Bohec]]|titre=Histoire militaire des guerres puniques|sous-titre=264-{{Date-|-146}}|lieu=Monaco|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|année=2003|pages totales=337|isbn=978-2268021478|plume=oui}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Gilbert Charles-Picard]]|auteur2=[[Colette Picard]]|titre=La Vie quotidienne à Carthage au temps d'Hannibal|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1958}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Colette Picard]]|titre=Carthage|lieu=Paris|éditeur=[[Les Belles Lettres]]|année=1951}}. |
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* {{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Maurice Sznycer]]|titre chapitre=Carthage et la civilisation punique|auteurs ouvrage=[[Claude Nicolet]] (dir.)|titre ouvrage=Rome et la conquête du monde méditerranéen|tome=2|titre tome=Genèse d'un empire|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1978|isbn=|passage=545–593|plume=oui}}. |
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=== Art et catalogues d'expositions === |
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====Archéologie==== |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=De Carthage à Kairouan|sous-titre={{nombre|2000|ans}} d'art et d'histoire en Tunisie, Musée du Petit Palais de la Ville de Paris, 20 octobre 1982-27 février 1983|lieu=Paris|éditeur=[[Association française d'action artistique]]|année=1982|pages totales=280|isbn=978-2865450152}}. |
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* Pierre Cintas, ''Manuel d'archéologie punique'', (tome 1, 1970 ; tome 2 [posth.], 1976) |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Élisabeth Fontan|auteur2=Hélène Le Meaux|directeur2=oui|titre=La Méditerranée des Phéniciens|sous-titre=de Tyr à Carthage|lieu=Paris|éditeur=Somogy|année=2007|pages totales=407|isbn=978-2757201305}}. |
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*Collectif, ''Carthage, sa naissance, sa grandeur'', archéologie vivante vol.1 n°2, (1968-1969). |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Sabatino Moscati]]|auteur2=[[Pierre Amiet]]|titre=Les Phéniciens|lieu=Paris|éditeur=Le Chemin vert|année=1989|pages totales=590|isbn=978-2714423788}}. |
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*Hédi Slim et Nicolas Fauqué, ''La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin'', éd. Mengès, Paris, 2001 {{ISBN|285620421X}} |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[André Parrot]]|auteur2=[[Maurice Chéhab|Maurice H. Chéhab]]|auteur3=[[Sabatino Moscati]]|titre=Les Phéniciens|collection=L'Univers des formes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=2007|pages totales=348|isbn=978-2070118977}}. |
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*Collectif, « La Méditerranée des Phéniciens », ''Connaissance des arts'', n°344, octobre 2007 |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Carthage|sous-titre=l'histoire, sa trace et son écho|lieu=Paris|éditeur=[[Paris Musées]]|année=1995|pages totales=319|isbn=978-2879001968}}. |
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*Collectif, ''La Tunisie, carrefour du monde antique'', éd. Faton, Paris, 1995 |
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* {{Article|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=La Méditerranée des Phéniciens|périodique=[[Connaissance des arts]]|numéro=344|date=octobre 2007|issn=0293-9274}}. |
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*[[Abdelmajid Ennabli]] et Hédi Slim, ''Carthage. Le site archéologique'', éd. Cérès, Tunis, 1993 {{ISBN|997370083X}} |
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*[[M'hamed Hassine Fantar]], ''Kerkouane, cité punique au pays berbère de Tamezrat'', éd. Alif, Tunis, 2005 {{ISBN|9973-22-120-6}} |
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*Collectif, ''Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine'', éd. Unesco/INAA, 1992 {{ISBN|9232027828}} |
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=== Archéologie === |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Pierre Cintas]]|titre=Manuel d'archéologie punique|sous-titre=histoire et archéologie comparées|lieu=Paris|éditeur=Picard|année=1970-1976|pages totales=928}} |
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====Histoire==== |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Abdelmajid Ennabli]]|titre=Pour sauver Carthage|sous-titre=exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine|lieu=Paris/Tunis|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]]/[[Institut national du patrimoine (Tunisie)|Institut national d'archéologie et d'art]]|année=1992|pages totales=251|isbn=978-9232027825|plume=oui}}. |
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* [[Histoire de Carthage]] |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Abdelmajid Ennabli]]|auteur2=Alain Rebourg|auteur3=Helmuth Nils Loose|titre=Carthage|sous-titre=le site archéologique|lieu=Tunis|éditeur=Cérès|année=1993|pages totales=91|isbn=978-9973700834}}. |
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* [[Les Phéniciens et les Puniques en Sicile]] |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[M'hamed Hassine Fantar]]|titre=Kerkouane|sous-titre=cité punique au pays berbère de Tamezrat, VI{{e}}-III{{e}} siècle avant J.-C.|lieu=Tunis|éditeur=Alif|année=2005|pages totales=125|isbn=978-9973221209}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Paul Morel|directeur1=oui|titre=La Tunisie|sous-titre=carrefour du monde antique|lieu=Dijon|éditeur=Faton|année=1995|pages totales=135|isbn=978-2878440201|plume=oui}}. |
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Hédi Slim]]|auteur2=Nicolas Fauqué|titre=La Tunisie antique|sous-titre=de Hannibal à saint Augustin|lieu=Paris|éditeur=Mengès|année=2001|pages totales=259|isbn=978-2856204214}}. |
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* {{Article|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Carthage, sa naissance, sa grandeur|périodique=Archéologie vivante|volume=1|numéro=2|date=1968-1969}}. |
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== Voir aussi == |
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=== Articles connexes === |
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* {{fr}} [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_carthaginois_marins_et_agronomes.asp Jean-Paul Thuillier, « Les Carthaginois, marins et agronomes », Clio, janvier 2001] |
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Dernière version du 28 décembre 2024 à 22:35
Capitale | Carthage |
---|---|
Langue(s) | Punique, phénicien, libyque, grec ancien |
Religion | Religion punique |
Monnaie | Shekel carthaginois |
Population (en ) | env. 1 500 000 habitants |
---|---|
• | env. 2 500 000 habitants |
• | env. 2 500 000 habitants |
• 201 av. J.-C. | env. 700 000 habitants |
• 146 av. J.-C. | env. 700 000 habitants |
Gentilé | Carthaginois |
Superficie (en ) | 300 000 km2[1] |
---|
Fondation de Carthage | |
Conquête par Rome |
Entités précédentes :
- Tribus berbères (Libye antique)
Entités suivantes :
La civilisation carthaginoise ou civilisation punique[2] est une ancienne civilisation située dans le bassin méditerranéen et à l'origine de l'une des plus grandes puissances commerciales, culturelles et militaires de cette région dans l'Antiquité. Sa capitale et berceau est Carthage sur le territoire de la Tunisie actuelle.
Fondée par les Phéniciens, notamment la reine Didon de Tyr, sur les rives de l'actuelle Tunisie et plus précisément dans le golfe de Tunis en 814 av. J.-C., selon la tradition la plus couramment admise, Carthage a pris peu à peu l'ascendant sur les cités phéniciennes de la Méditerranée occidentale, avant d'essaimer à son tour et de développer sa propre civilisation. Celle-ci est cependant moins connue que celle de la Rome antique, en raison de la destruction de la cité par l'armée romaine à la fin de la troisième guerre punique en , une fin relatée par des sources gréco-romaines qui furent largement et durablement relayées dans l'historiographie. Décriée au travers de la célèbre punica fides, préjugé issu d'une longue tradition de méfiance envers les Phéniciens à partir d'Homère, cette civilisation a suscité par ailleurs des avis plus favorables :
« Par leur puissance, ils égalèrent les Grecs ; par leur richesse, les Perses. »
— Appien, Libyca, 2
Résultant de la fusion entre la culture qu'apportèrent avec eux les colons phéniciens et la culture autochtone des Libyens en Afrique[3], la civilisation carthaginoise a cependant toujours conservé son aspect oriental[4], si bien qu'il n'est ainsi pas aisé de distinguer ce qui relève des Puniques de ce qui relève des Phéniciens dans le produit des fouilles archéologiques[5], dont le dynamisme depuis les années 1970 a ouvert de vastes champs d'études où apparaît l'unité de cette civilisation en dépit de particularismes locaux.
Malgré les nombreuses fouilles archéologiques réalisées, de nombreuses inconnues sur la civilisation non matérielle perdurent en raison de la nature des sources écrites : toujours secondaires car toute la littérature punique a disparu, lacunaires et souvent subjectives car issues des peuples ayant eu à les combattre, Grecs et Romains.
Histoire
[modifier | modifier le code]Des origines au Ve siècle
[modifier | modifier le code]Phéniciens en Afrique
[modifier | modifier le code]L'Afrique du Nord qui, au départ, n'est vraisemblablement pour les Phéniciens qu'une simple étape sur la route des métaux d'Espagne, connaît des installations phéniciennes permanentes de façon très précoce, comme Utique qui est fondée en selon Pline l'Ancien[6]. Le XIIe siècle av. J.-C. aurait vu également une installation à Lixus au Maroc[7] et la fondation de Gadès en Espagne[8].
La date de la fondation de Carthage par Didon, une princesse tyrienne, a toujours fait l'objet d'un débat, non seulement durant l'Antiquité mais encore de nos jours. Deux traditions antiques se sont affrontées : la plus diffusée la situait en 814 av. J.-C., à la suite d'écrits de Timée de Tauroménion dont il ne reste que des fragments[9] réutilisés par d'autres auteurs. L'autre légende plaçait quant à elle la naissance de Carthage à peu près à l'époque de la guerre de Troie (soit aux alentours du XIIe siècle av. J.-C.), tradition reprise par Appien[10].
Les fouilles archéologiques n'ayant rien livré d'une date aussi ancienne, certains historiens ont émis l'hypothèse d'une fondation beaucoup plus tardive (vers 670 av. J.-C.), voire d'une double fondation, un comptoir ayant précédé la naissance de la cité au sens strict selon Pierre Cintas. Les historiens les plus récents se fondent sur l'analyse des annales de Tyr, utilisées comme source par Ménandre et Flavius Josèphe, pour accepter une datation autour du dernier quart du IXe siècle av. J.-C.
Substrat libyen
[modifier | modifier le code]À l'époque des premières installations phéniciennes, l'Afrique du Nord est occupée par des populations libyennes importantes, dont la continuité avec les Berbères du Maghreb a été défendue par Gabriel Camps. Il a été considéré qu'il y avait un hiatus chronologique trop important et surtout des vagues d'invasions successives trop nombreuses pour n'avoir pas marqué les populations locales de façon durable, avant l'arrivée des Phéniciens, ces populations berbères ne se définissaient pas elles-mêmes comme un seul et même peuple uni : durant toute leur histoire, ils ont été divisés en plusieurs tribus, et d'après Gabriel Camps ils devaient plutôt s'identifier en référence à ces dernières. À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens installent des comptoirs partout à travers l'Afrique du Nord dont le plus prospère est Carthage, et colonisent ces différents peuples berbères. Les Égyptiens mentionnent les Libyens sous le nom de Lebou dès le XIIe siècle av. J.-C. comme étant les populations situées immédiatement à l'ouest de leur territoire.
Les Phéniciens vont immigrer massivement et leur poids démographique et culturel va se faire ressentir ; en parallèle, une minorité de Phéniciens vont se métisser avec les populations berbères, ce qui donnera naissance aux Libyphéniciens. Ils sont mentionnés pour la première fois par Hécatée de Milet, cité par Étienne de Byzance. Un texte très controversé, le Périple d'Hannon, les mentionne. Polybe les considère comme des sujets des Carthaginois ayant les mêmes lois qu'eux en tant que métis phénicien-berbère. Pour Diodore de Sicile (XX, 55, 4), il s'agirait d'habitants des villes maritimes qui possédaient le conubium (droit de mariage) avec les Carthaginois et devaient leur nom à ce mélange d'ethnies[11], Tite-Live les considère comme un mélange de Puniques et d'Africains. Strabon, (XVII, 3, 19) place leur origine entre le littoral carthaginois et les montagnes de Gétulie. Pline (Histoire naturelle, V, 24) dit qu'ils habitent le Buzakion, ce que précise peut-être Ptolémée qui les situe au sud de la région de Carthage et au nord de la Buzakitis. En fait, ces Libuphoinikès (locuteurs d'une langue libyenne) étaient limités au sud de Carthage[11]. Leur influence culturelle est importante puisqu'ils sont les intermédiaires culturels entre la civilisation phénicienne (punique) et les Berbères.
Les Phéniciens créent les premières villes de l'ouest de l'Afrique du Nord comme Volubilis, Utique, Carthage, etc.
L'origine des populations libyennes a été relatée par un grand nombre de légendes et de traditions, plus ou moins fantaisistes, certaines faisant état d'une origine mède, voire perse, selon Procope de Césarée[12]. Mieux informé, Salluste évoque l'origine des Libyens dans sa Guerre de Jugurtha[13]. Strabon[14] a également décrit leurs différentes tribus.
Expansion en Méditerranée et en Afrique
[modifier | modifier le code]Mainmise sur les possessions phéniciennes en Méditerranée occidentale et colonisation punique
[modifier | modifier le code]Il est très difficile de distinguer, à partir des fouilles archéologiques menées dans l'ensemble du domaine phénico-punique, ce qui relève des Phéniciens de ce qui relève des Puniques. Ainsi, les archéologues ne signalent pas de rupture comme pour certains sites anciens (Bithia et Nora en Sardaigne). La fondation d'Ibiza, traditionnellement datée de 675 av. J.-C., a donc pu être le fait des uns comme des autres.
L'« empire » punique, dont la formation et le fonctionnement ne relèvent pas d'un impérialisme au sens strict, est désormais considéré comme une sorte de confédération des colonies préexistantes derrière la plus puissante d'entre elles au moment du déclin de la cité mère, Tyr. Carthage aurait été chargée d'assurer la sécurité collective et la politique extérieure, voire commerciale, de la communauté.
Les Phéniciens d'Occident puis les Puniques ont eu des relations précoces avec d'autres civilisations, surtout les Étrusques, avec lesquels des liens commerciaux se tissent[15]. L'archéologie témoigne de ces échanges, avec en particulier les lamelles de Pyrgi de Caere et certaines découvertes effectuées dans les nécropoles carthaginoises : vases de production étrusque dits bucchero mais aussi inscription en étrusque sur laquelle un Carthaginois se présente[16]. L'alliance avec les Étrusques a aussi visé à entraver l'expansion des Phocéens d'Occident, l'opération aboutissant à la défaite phocéenne d'Alalia[17]. À partir du déclin des Étrusques, l'alliance devient cependant inopérante.
Antagonisme avec les Grecs : les guerres siciliennes
[modifier | modifier le code]La prospérité de Carthage, liée au commerce maritime, entraîne une rivalité avec les Grecs sur le territoire sicilien. C'est pourquoi l'île reste longtemps une zone d'affrontements locaux, dus à la volonté des protagonistes d'implanter des comptoirs ou des colonies sur ses côtes.
Au début du Ve siècle av. J.-C., le conflit change de nature : Gélon, tyran de Syracuse, tente d'unifier l'île avec le soutien de plusieurs cités grecques. La guerre, inévitable, éclate avec Carthage, qui obtient peut-être l'aide de l'Empire perse[18]. Hamilcar de Giscon, commandant les troupes puniques, est battu à la bataille d'Himère en
Vers 410 av. J.-C., Carthage s'est remise de ce revers ; son implantation africaine est plus puissante, et les expéditions lointaines d'Hannon et d'Himilcon confortent sa maîtrise des mers. Hannibal de Giscon prend alors pied en Sicile en 409 av. J.-C. et remporte des victoires localisées qui ne touchent cependant pas Syracuse. En 405 av. J.-C., la seconde expédition est plus difficile, le chef de l'armée ayant succombé à une épidémie de peste lors du siège d'Agrigente. Himilcon, qui succède à Hannibal, parvient à négocier avec Denys une cessation des hostilités qui est davantage une trêve qu'une paix réelle. Dès , Denys attaque en effet Motyé, qui tombe mais est reprise par la suite. Un nouveau siège a lieu devant Syracuse et dure jusqu'en 396 av. J.-C., année où la peste oblige sa levée. La guerre continue durant soixante ans entre les belligérants. En , l'armée carthaginoise reste cantonnée uniquement au sud-ouest de l'île.
En , Agathocle de Syracuse s'empare de Messine et, en , envahit les derniers comptoirs carthaginois de Sicile. Hamilcar mène la riposte ; en 310 av. J.-C., il contrôle la quasi-totalité de la Sicile et met le siège devant Syracuse. L'expédition menée par Agathocle sur le continent africain représente une victoire puisque Carthage est contrainte de rappeler son armée pour défendre son propre territoire ; la guerre dure trois années et s'achève par la fuite d'Agathocle.
Ve siècle et naissance d'un empire africain
[modifier | modifier le code]Selon le point de vue le plus communément admis, Carthage s'est tournée vers son arrière-pays à la suite de la défaite d'Himère en [19]. Toutefois, cette thèse est de plus en plus remise en cause par des historiens qui estiment que l'implantation africaine était devenue plus importante de manière tardive. Le Ve siècle n'aurait vu dans cette optique qu'une extension de l'espace nécessaire à l'alimentation d'une population croissante.
Antagonisme avec Rome et fin de la Carthage punique
[modifier | modifier le code]Premières relations avec Rome : les traités
[modifier | modifier le code]Les premières relations avec Rome sont pacifiques, comme le prouvent les traités conclus en 509 av. J.-C. – transmis par l'œuvre de Polybe[20] – puis en 348 av. J.-C. et ; ils garantissent à Carthage l'exclusivité du commerce depuis l'Afrique du Nord et l'absence de pillage mené contre les alliés de Rome en Italie. La durée de plus en plus brève entre ces traités a été considérée comme significative des tensions croissantes entre les deux puissances.
Affrontement : les guerres puniques
[modifier | modifier le code]Les épisodes dénommés « guerres puniques » voient l'antagonisme s'étendre sur plus d'un siècle, de 264 à , l'issue ayant pu sembler longtemps incertaine.
Le premier conflit a lieu de 264 à , aboutissant pour Carthage à la perte de la Sicile et au paiement d'un lourd tribut. Cette première défaite engendre de graves conséquences sociales avec l'épisode de la guerre des Mercenaires, entre 240 et , la ville étant finalement sauvée par Hamilcar Barca. Rome profite de ces difficultés internes pour alourdir les conditions de la paix.
Après cette étape, l'impérialisme de Carthage s'oriente vers la péninsule Ibérique et se heurte aux alliés de Rome, rendant le second conflit inéluctable (219-) après le siège de Sagonte. Lors de l'aventure italienne, Hannibal Barca se montre capable de victoires éclatantes mais dans l'incapacité de les exploiter pour pousser son avantage et mettre à genoux une Rome pourtant vacillante. Après , la guerre ne se déroule plus que sur le sol africain, l'année marquant la victoire finale de Scipion l'Africain à Zama.
Au cours des cinquante années qui suivent, Carthage rembourse de façon régulière le lourd tribut, mais en même temps elle se dote d'équipements coûteux, tels que les ports puniques dans leur dernier état de développement. La cité semble avoir retrouvé à cette époque une prospérité certaine, corroborée par la construction de programmes édilitaires concertés comme celui du quartier punique de Byrsa (lié au suffétat d'Hannibal Barca).
Pourtant, face au relèvement de la cité et à la fin du paiement du tribut, Rome impose aux Carthaginois d'abandonner la ville et de se retirer dans l'arrière-pays et, partant, de renoncer à leur identité maritime[21]. À ce propos, Velleius Paterculus a écrit que « Rome, déjà maîtresse du monde, ne se sentait pas en sûreté tant que subsisterait le nom de Carthage »[22]. Le refus logique qui suit cette intransigeance entraîne le troisième et dernier conflit. Celui-ci, marqué par le siège de Carthage, dure trois années. À son terme, même si du sel n'a pas été répandu sur le sol ainsi que l'historiographie de la fin du XIXe et du début du XXe siècle le relate[23], la destruction de la ville est totale et une malédiction jetée sur son site, lequel est déclaré sacer. Carthage n'existe plus comme entité politique, mais longtemps perdurent des aspects de sa civilisation, essaimés en Méditerranée : éléments religieux, artistiques et linguistiques, voire institutionnels en Afrique du Nord.
Géographie
[modifier | modifier le code]Localisation des implantations
[modifier | modifier le code]Les sites occupés par les Phéniciens puis les Puniques, tournés vers la mer pour assurer la liaison avec les routes commerciales, devaient également garantir la sécurité des habitants en les protégeant d'un arrière-pays qui pouvait leur être hostile. Cette sécurité était naturellement assurée sur une île, comme à Gadès ou Motyé, mais également, bien que dans une moindre mesure, sur une presqu'île ou un espace entouré de collines rendant, en cas d'attaque, sa défense plus aisée. De ce point de vue, l'excellence du site de Carthage explique qu'il ait été vanté par plusieurs auteurs anciens[24], notamment Strabon qui comparait le site à un « navire à l'ancre ». Cependant, la qualité protectrice du site naturel ne pouvait suffire, ce qui impliquait qu'on la renforce par des aménagements supplémentaires, comme à Motyé : l'île est ainsi ceinturée par une muraille, une chaussée permettant de rejoindre la terre ferme et de faciliter l'approvisionnement.
Carthage, la ville principale : caractères généraux
[modifier | modifier le code]Selon la légende[25], Carthage se serait développée à partir de la colline de Byrsa, citadelle et centre religieux, puis étendue dans la plaine côtière et sur les collines au nord, avec le faubourg de Mégara (aujourd'hui La Marsa) qui semble avoir été construit d'une manière plus anarchique que le reste de la ville ; il s'agit peut-être du faubourg le plus récent et celui-ci n'aurait donc pas eu le temps de se structurer. Car, à l'exception de Mégara, Carthage a été aménagée selon un plan assez ordonné, aux rues rectilignes, sauf sur les collines où l'urbanisation a tout de même été pensée. Globalement, la plaine était quadrillée par les rues, l'agora et les places faisant le lien avec les rues qui rayonnaient vers les collines. La cité était entourée d'épaisses murailles de blocs d'une pierre blanche qui la rendait lumineuse et visible de loin. Les fouilles du quartier dit de Magon ont permis d'étudier l'évolution des structures défensives et urbanistiques sur une longue durée[26].
La cité était donc conçue selon un plan qui suggère que les Grecs pourraient ne pas être exclusivement à l'origine des plans urbains rectilignes ordonnés sur deux axes, se croisant perpendiculairement en leur centre, communs à la plupart des cités du monde antique. Le quartier dégagé sur la colline de Byrsa a été bâti selon un plan orthogonal, laissant apparaître l'aspect organisé de l'urbanisme. Les rues, pavées et droites mais faites de terre battue sur les collines, se recoupaient à angle droit[27].
Par pragmatisme, le relief est pris en compte dans les axes des rues qui changent, avec adjonction de volées d'escaliers ; de larges marches étaient aménagées là où le relief du terrain les rendait nécessaires. Ses quartiers d'habitations étaient en partie édifiés au moyen d'une sorte de ciment mêlé à des tessons de céramiques, ce mélange étant utilisé pour le sol des pièces ou l'élévation des murs. Les maisons étaient pourvues de couloirs et des escaliers en bois permettaient de monter dans les étages. Les habitations étaient alimentées en eau par des citernes souterraines recueillant l'eau de pluie, à partir d'une cour centrale, grâce à des canalisations. Il n'y avait pas de réseau d'égouts mais des sortes de fosses septiques.
Parmi les principaux éléments de la cité figurent l'agora, les ports marchand et militaire, des boutiques et échoppes diverses, des entrepôts, des quartiers d'artisans en périphérie (comme celui des potiers), des places de marchés, des nécropoles (dont plusieurs situées entre les habitations et la plaine, et d'autres plus haut sur les collines) ainsi que des temples. Le tout était couronné par la citadelle centrale sur la colline de Byrsa, qui accueillait aussi les principaux temples, comme celui d'Eshmoun.
Carthage était une grande cité cosmopolite de l'Antiquité, où vivaient des Phéniciens et où se côtoyaient Grecs, Berbères d'Afrique du Nord, Ibères d'Espagne et autres peuples issus des territoires carthaginois d'outre-mer via les côtes de l'océan Atlantique ou les routes des oasis, routes reprises plus tard par les Romains. Les mariages mixtes n'y étaient pas rares, contribuant à développer une civilisation particulière.
Possessions : zone d'influence ou empire ?
[modifier | modifier le code]À l'époque de sa plus grande expansion territoriale, en , l'aire d'influence de Carthage était constituée de la majeure partie de la Méditerranée occidentale par le biais de ses comptoirs en Afrique du Nord (dont l'ouest de la Libye et au moins une partie de la côte maurétanienne), en Sicile, en Sardaigne, aux îles Baléares et en Hispanie, sans compter de petites îles comme Malte, les îles Éoliennes et les îles Pélages, mais aussi par le contrôle qu'elle exerçait sur d'anciens établissements phéniciens tels que Lixus (près de Tanger au Maroc), Mogador (actuelle Essaouira sur la côte atlantique du Maroc), Gadès (actuelle Cadix en Andalousie) et Utique. Parmi les grandes cités puniques figurent, outre la capitale Carthage, Hadrumète, Ruspina, Carthagène ou encore Hippone.
Gadès et Utique (sur le territoire de l'actuelle Tunisie) furent fondées par les Phéniciens entre le XIIe et le Xe siècle av. J.-C. Carthage a pour sa part été fondée sur une presqu'île entourée de lagunes au nord-est de l'actuelle Tunis. Au sommet de sa gloire, la cité compte 700 000 habitants si l'on en croit Strabon, un géographe grec du IIe siècle av. J.-C.
Même si le type de liens entre Carthage et les diverses composantes de ses possessions nous échappe très largement, la métropole se chargeant sans doute des relations diplomatiques et du commerce, Sabatino Moscati a pu considérer l'« incapacité [de Carthage] à créer un empire solide et structuré » comme une cause de sa défaite finale[28].
Architecture et urbanisme
[modifier | modifier le code]Protéger la cité : la ville fortifiée
[modifier | modifier le code]Les auteurs anciens ont longuement évoqué les murailles des cités puniques à l'occasion de la relation des sièges subis par certaines d'entre elles[29]. Outre les citadelles des cités principales existaient également des forteresses destinées au contrôle d'un territoire donné[30]. Les fouilles archéologiques ont largement confirmé la diffusion dans tout l'espace punique du modèle de la ville avec enceinte fortifiée, du moins dans l'état actuel des recherches[30]. Les fouilles du quartier Magon de Carthage ont mis en évidence le tracé de la muraille de la cité, au travers de laquelle une porte était percée, du côté de la mer.
Les Puniques ont réutilisé dans certains cas des murailles antérieures, comme à Eryx en Sicile, et leurs propres forteresses ont parfois servi de soubassement à d'autres éléments fortifiés, comme à Kélibia dans la péninsule du cap Bon.
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Fort hispano-turc de Kélibia construit sur des soubassements puniques (Ve et IIIe – IIe siècle av. J.-C.).
-
Vestiges de la muraille punique de Carthagène (IIIe siècle av. J.-C.).
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Muraille de la cité d'Eryx en Sicile avec réutilisation d'une base antérieure (IVe – IIIe siècles av. J.-C.).
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Plan de la Carthage punique.
Espaces publics et structures : routes et ports
[modifier | modifier le code]L'espace public s'organisait autour de l'agora : centre de la cité, la place était bordée par la bâtisse du Sénat et également par des bâtiments aux fonctions religieuses. L'agora de Carthage, même si sa localisation est à peu près connue, n'a pas fait l'objet de reconnaissances archéologiques. L'emplacement des sites utilisés par les Puniques nécessitait la mise en place de structures, ports et cothons. Même si les bateaux durent être seulement à l'abri dans des anses ou dans des sites naturels privilégiés, comme le stagnum de Motyé, au début de leur histoire, il est vite apparu indispensable de créer des structures artificielles appelées « cothon »[31]. On retrouve ce type de port artificiel à Rachgoun, Motyé ou Sulcis[32] voire à Mahdia, même si cette dernière attribution est discutée[33].
Dans le cas de Carthage, les installations — du moins dans leur état final car la question de la localisation des ports primitifs de Carthage n'est toujours pas réglée — sont très élaborées et décrites par un texte célèbre d'Appien[34]. La phase finale de la construction eut vraisemblablement lieu dans la première moitié du IIe siècle av. J.-C., avec un port marchand doublé d'un port circulaire possédant un îlot (dit de l'amirauté) permettant la sécurité de la flotte de guerre, ainsi qu'une discrétion limitant les risques d'espionnage[35]. La fouille de ces structures lors de la campagne internationale de Carthage a confirmé certaines données des textes, en particulier le nombre de 220 navires[36] pouvant y être abrités semblant désormais vraisemblable, à quelques dizaines d'unités près. L'hivernage y était assuré par des cales de radoub installées sur l'îlot et autour du port militaire à la fin de la période de domination carthaginoise[37]. Sur les pourtours du port de commerce se situait par ailleurs une zone d'entrepôts[38], voire d'ateliers d'artisans.
Architecture sacrée
[modifier | modifier le code]La place de l'espace sacré dans la civilisation carthaginoise est liée à la topographie urbaine, même si l'archéologie a parfois mis en évidence l'absence de règles dans le positionnement des lieux affectés à cet usage. On en a en effet retrouvé tant dans les centres urbains ou acropoles que dans les périphéries, si ce n'est même dans les zones rurales. La localisation des lieux de culte est dépendante de la croissance des cités, qui reste une inconnue pour une très large part, leur position dans la cité ayant pu de ce fait évoluer.
Certains sont connus par les sources littéraires, ainsi le temple d'Eshmoun, le plus grand sanctuaire de Carthage, qui était situé selon Appien en haut de l'acropole, à laquelle on a identifié la colline Saint-Louis, rebaptisée Byrsa. Cependant, le sommet totalement arasé à l'époque romaine a entraîné la perte de l'ensemble de ses vestiges[39]. Le temple de Melqart à Gadès est quant à lui très longtemps réputé, jusqu'à l'époque romaine.
Le sanctuaire d'Astarté à Tas Silg, à Malte, succédant à un espace cultuel indigène, est également célèbre. Les fouilles de Carthage ont permis par ailleurs de dégager des espaces cultuels plus modestes, aux abords de l'actuelle gare du TGM de Salammbô à Carthage, mais aussi en bordure du village de Sidi Bou Saïd. Il semblerait aussi que la campagne internationale de l'Unesco ait retrouvé le temple dit d'Apollon à la lisière de l'espace utilisé par l'agora, auquel il faudrait associer nombre de stèles découvertes dans les environs au XIXe siècle et attribuées au tophet[40].
Le sanctuaire rural de Thinissut (actuelle Bir Bou Regba), quoique daté du début de l'Empire romain, possède tous les caractères des sanctuaires orientaux, tant par son ensemble de cours juxtaposées que par son mobilier de statues de terre cuite, dont la représentation de Ba'al Hammon[41]. Le tophet est une structure que l'on retrouve sur de nombreux sites de Méditerranée occidentale et situé à l'écart de la cité, voire dans un lieu insalubre, dans le cas de Carthage. L'aire se présente comme un espace occupé peu à peu par des dépositions d'urnes et de stèles, et que l'on recouvre de terre afin de continuer à l'utiliser[42]. L'étude de la structure a entraîné depuis les origines un débat très virulent, qui persiste encore, les fouilles ne parvenant pas à mettre un terme aux polémiques issues de certaines sources classiques. Selon certains auteurs, on aurait là un sanctuaire et un cimetière.
Architecture privée
[modifier | modifier le code]Les fouilles de Kerkouane et des deux quartiers puniques de Carthage, ceux de Magon et d'Hannibal, ont mis en évidence des quartiers organisés selon un plan en damier et disposant de larges rues.
L'organisation de la maison punique est désormais bien connue. L'entrée des habitations du quartier de Byrsa, baptisé quartier Hannibal, est très étroite, un long couloir menant à une cour possédant un puisard et autour de laquelle s'ordonne la bâtisse. À l'avant se situait un espace consacré, selon certaines interprétations, au commerce ; un escalier conduisait à l'étage. Différentes sources, en particulier Appien, affirment que les bâtisses possédaient six étages[43], les traces archéologiques ayant confirmé la présence de plusieurs étages mais avec une interrogation sur leur nombre[44].
Certaines demeures apparaissent plus somptueuses que les autres, en particulier une villa à péristyle dans le quartier de Magon. On observe la même distinction dans les constructions de Kerkouane avec le bel exemple de la villa de la rue de l'Apotropaion. L'organisation des maisons a fait dire à M'hamed Hassine Fantar que l'on avait là un modèle oriental, avec une appropriation de substrats libyens. La question de l'eau dans le monde punique est de la responsabilité de chacun, les maisons individuelles étant pourvues de citernes qui aident aujourd'hui les archéologues dans l'étude de la topographie urbaine. Enfin, on a retrouvé de nombreuses baignoires-sabots sur le site de Kerkouane.
Architecture funéraire
[modifier | modifier le code]L'architecture funéraire est le premier élément à avoir été étudié dès la fin du XIXe siècle, en particulier à Carthage, les exhumations donnant lieu à de véritables cérémonies mondaines[45]. La localisation en arc de cercle de ces nécropoles[46] a permis de circonscrire la cité punique et d'examiner les variations de son périmètre.
Les archéologues ont remarqué une certaine typologie des tombes, généralement creusées dans la roche et non construites, soit selon un type de tombe à puits simple avec cercueil au fond ou à étage, ou bien comprenant un escalier menant à un puits. Le mode de l'inhumation prédomine largement, sauf à certaines périodes comme l'a montré la fouille de la nécropole punique de Puig des Molins.
Le mobilier et la décoration de ces sépultures sont stéréotypés : poteries, talismans, bijoux, pierres, usage de l'ocre rouge (symbole du sang et donc de la vie), œufs d'autruche peints (symbole de la renaissance) ou encore miniatures de mobilier en argile. Le cercueil est souvent enduit de plâtre. Un sarcophage de bois, dans un état exceptionnel de conservation, a été découvert à Kerkouane mais cet exemple reste unique à ce jour. Diverses tombes ont été ornées de décorations peintes, ainsi celles des tombes du Djebel Mlezza au cap Bon, qui ont pu apparaître comme symbolisant la croyance punique en un au-delà, l'âme du défunt effectuant une sorte de voyage : selon François Decret, « pour ce peuple de marins, la Cité céleste était le dernier port où aborder »[47].
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Tombes puniques à puits du parc des thermes d'Antonin de Carthage.
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Tombeaux puniques de Byrsa.
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Tombe de Cala d'Hort (Ibiza).
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Tombeau punique de Monte Sirai.
Architecture et mosaïque puniques
[modifier | modifier le code]Peu de vestiges de l'architecture punique ont subsisté en élévation du fait de l'application du principe Delenda Carthago, mais plusieurs caractéristiques peuvent se dégager des recherches archéologiques. Les fouilles de Carthage, en particulier celles du quartier d'habitation de bord de mer dit « quartier Magon », et de Kerkouane, ont mis en évidence les apports architecturaux de l'Égypte antique pour les périodes les plus anciennes et de la Grèce antique pour les périodes plus récentes.
L'utilisation de la corniche à gorge ainsi que des modèles réduits de façades de temples sur les stèles avec disque solaire et uræi témoignent de l'influence égyptienne[48]. Des fragments de colonnes moulurées de grès d'El Haouaria ornées de stuc ont aussi été retrouvés, ainsi que les preuves de l'usage de l'ordre ionique, notamment dans l'exemple du naïskos de Thuburbo Majus[49], et de l'ordre dorique dans les fouilles de la colline de Byrsa.
Les fouilles de Kerkouane, mais aussi du flanc sud de Byrsa, ont également révélé la présence de mosaïques dites pavimenta punica, des tesselles étant agglomérées à une sorte de mortier rouge[50]. On a aussi découvert des représentations figurées du signe de Tanit, entre autres dans la cité du cap Bon. Ces objets datés du IIIe siècle av. J.-C. remettent en cause l'origine grecque de la mosaïque classique, longtemps considérée comme un fait acquis par les historiens et les archéologues.
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Restitution d'un puits d'extraction de grès d'El Haouaria au Cap Bon, antiquarium du quartier de Magon à Carthage.
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Naïskos de Thuburbo Majus au musée national du Bardo (première moitié du IIe siècle av. J.-C.).
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Pavimenta punica dans le quartier Hannibal du flanc sud de Byrsa (IIe siècle av. J.-C.).
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Maison de Kerkouane avec une mosaïque portant le signe dit de Tanit (fin du IVe -début du IIIe siècle av. J.-C.).
Moyens de la puissance : marine et armée
[modifier | modifier le code]Serge Lancel dans sa synthèse a associé les deux termes[51], tant il est vain de vouloir étudier la civilisation carthaginoise sans appréhender ces deux piliers de l'expansion punique en Méditerranée occidentale.
Marine
[modifier | modifier le code]Carthage a bénéficié des avancées phéniciennes en matière de construction navale et de commerce maritime. La marine punique a eu dès le départ pour objet de protéger et de garder secrètes les routes commerciales, en particulier par un contrôle de la zone du détroit de Gibraltar.
Au service du commerce, la marine a écarté les concurrents grecs, en particulier les Phocéens. Carthage domina longtemps les mers ; elle possédait la technologie maritime et la connaissance des mers la plus avancée. Copiée par les Romains pour rattraper leur retard dans ce domaine, sa puissance navale est réduite considérablement dès la première guerre punique.
Types de navires
[modifier | modifier le code]Les deux marines de Carthage (marchande et de guerre) ont eu la même finalité, à savoir la préservation du commerce.
La puissance navale de Carthage s'explique sans doute par sa maîtrise des techniques de navigation. Elle s'appuie sur deux types de navires : les trirèmes, galère à trois rangs superposés de rames, et les quinquérèmes, galère avec quatre puis cinq rameurs sur un banc de nage. Les navires étaient équipés de proues à protomé de tête de cheval, comme le suggèrent certaines représentations iconographiques. Excellents constructeurs de navires, les Puniques ont bâti grâce à leur flotte un empire maritime que certains ont pu comparer à celui d'Athènes. La découverte des épaves de Marsala, navires de guerre fouillés par Honor Frost au large de la Sicile, a précisé les connaissances actuelles sur la construction navale punique du IIIe siècle av. J.-C. ; les navires de l'époque étaient construits selon une technique très élaborée, identifiée à la mise en œuvre d'éléments « préfabriqués »[52].
Cette technique confirme ce que disent les textes, notamment ceux d'Appien[53]. Le navire, qualifié de chiourme, possédait un éperon destiné à frapper les bateaux ennemis[54].
Périples
[modifier | modifier le code]Les périples maritimes témoignent de la hardiesse des marins puniques et de leur maîtrise des mers. Il est possible qu'ils aient découvert de nouvelles terres : le périple de Hannon mène ainsi les Puniques de Gadès à longer les côtes du continent africain jusqu'au golfe de Guinée avec une flotte de navires carthaginois. Celui d'Himilcon les aurait conduits aux îles Cassitérides vers la Grande-Bretagne, sur la route de l'étain.
Les marins de Néchao seraient parvenus pour leur part à effectuer les premiers la circumnavigation du continent africain[55].
De mirabilibus auscultationibus (en) (soit Sur les choses merveilleuses entendues), ouvrage faussement attribué à Aristote[56], rapporte une légende sur une île découverte par les Carthaginois :
« Dans la mer au-delà des colonnes d'Hercule, on dit que les Carthaginois trouvèrent une île déserte, ayant des bois de toutes sortes et des rivières navigables, remarquable par toutes sortes d'autres fruits, et à quelques jours de navigation ; comme les Carthaginois la fréquentaient souvent en raison de sa prospérité, et que certains y vivaient même, le chef des Carthaginois annonça qu'ils puniraient de mort quiconque proposerait d'y naviguer, et qu'ils massacreraient tous les habitants, afin qu'ils ne racontent pas l'histoire, et qu'une foule ne revienne pas sur l'île, ne s'en empare et n'enlève la prospérité des Carthaginois. »
Armée
[modifier | modifier le code]Recrutement et commandement
[modifier | modifier le code]La question du recrutement de l'armée carthaginoise, des mercenaires et de la place des citoyens a été soulignée par l'historiographie depuis l'Antiquité : la défaite de Carthage serait liée au recrutement de soldats professionnels et au manque d'engagement des citoyens, contrairement au modèle grec puis romain.
Cet argument omet le courage des soldats lors des derniers combats, où s'engage la population, et ne prend pas en compte l'organisation de la marine militaire, qui se faisait autour de citoyens. L'armée punique se composait de soldats de diverses origines : des mercenaires, des citoyens engagés volontairement mais aussi des sujets de ses territoires ou de ceux de ses alliés. Cette armée présentait donc un fort caractère cosmopolite ; chaque partie apportait des unités en guise de participation à l'effort commun. Une telle structure n'était pas sans danger lorsque l'État n'était plus en mesure de régler la solde, comme le démontra la guerre des Mercenaires au lendemain de la première guerre punique.
Le commandement carthaginois était aux mains de militaires issus des grandes familles et désignés par l'assemblée du peuple[57]. La hiérarchie militaire demeure toutefois mal connue, même s'il semble avéré que le titre de général correspond à celui de rab. La cité ne se montrait guère indulgente envers les officiers vaincus, les textes énonçant maints exemples de généraux crucifiés ou exécutés[58].
Unités
[modifier | modifier le code]Armement et unités terrestres
[modifier | modifier le code]Les armées de Carthage ne différaient que peu des autres armées de l'époque. Les changements dans les structures et les manœuvres sont dus à Hannibal Barca, désireux de modifier une armée fondée sur les phalanges[59] issues de la tradition grecque[60], au moins pour la période la mieux connue de son histoire, à partir des guerres siciliennes puis puniques.
Les unités étaient diverses, organisées en bataillons selon leur origine ethnique, et armées parfois selon leurs traditions propres. L'infanterie légère comprenait, outre des citoyens armés de lances et d'épées[61], des unités spécialisées : ainsi les frondeurs des îles Baléares, des archers ou des lanciers libyens armés de javelots, poignards et boucliers de cuir[62], et également des groupes de fantassins ibères équipés de boucliers et d'une épée courte appelée falcata[61]. Le bataillon sacré décrit par Diodore de Sicile[63] et Plutarque[64] possédait un armement spécifique. L'infanterie lourde était organisée en phalanges selon le modèle macédonien, mais on ignore si la sarisse, caractéristique de cette formation, était usitée dans l'armée carthaginoise.
Le cœur de cette infanterie est principalement constitué de Libyens et d'Ibères (ces derniers à partir des Barcides) comme le souligne Khaled Melliti :
« De fait, le cœur de la puissance militaire carthaginoise sera toujours constitué par les Libyens peuplant l'intérieur de l'État carthaginois et, depuis peu, par les Ibères du territoire administré par les Barcides en Espagne, ainsi que par les compléments fournis par les cités phéniciennes d'Afrique, comme Utique ou Hadrumète. Ces unités, qui forment l'essentiel de l'infanterie, constituent les effectifs les plus stables et les plus fiables de l'armée punique. De fait, ils contribuèrent à stabiliser les effectifs puniques face à la versatilité des mercenaires, voire des auxiliaires - gaulois notamment -, ou à l'inexpérience des nouvelles recrues. Ils jouèrent un rôle d'encadrement et de maintien de la discipline indispensable pour un effectif aussi bigarré que l'armée d'Hannibal. Véritable relais du stratège sur le terrain, ce corps, colonne vertébrale de l'infanterie, jouera tout le long de la campagne d'Hannibal un rôle tactique de première importance[65]. »
Les autres unités terrestres se constituaient surtout de cavaliers, uniquement numides au départ puis issus d'autres origines, dont Ibères et Gaulois[62]. Cet élément très mobile a fait la différence sur les champs de bataille de la deuxième guerre punique. L'équipement incluait également des chars de guerre, sans doute venus d'une longue tradition libyenne liée aux contacts de ce peuple avec les armées égyptiennes, et surtout les éléphants de guerre. Cette dernière unité, mise en exergue par les contemporains des guerres puniques, est dans les faits limitée en nombre et d'un usage tardif, vraisemblablement après la guerre de Pyrrhus en Italie. Un tel usage répondait à des finalités plus psychologiques que militaires. Ces éléphants appartenaient probablement à une race locale d'éléphant de forêt d'Afrique, plus petite que l'éléphant d'Asie[66]. Pour ce qui est des cornacs, on signale parfois une origine indienne[67].
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Cavalier numide vu par Theodore Ayrault Dodge (1891).
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Soldat ibère vu par Theodore Ayrault Dodge (1891).
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Lancier libyen vu par Theodore Ayrault Dodge (1891).
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Char punique vu par Theodore Ayrault Dodge (1891).
Unités marines
[modifier | modifier le code]Les unités marines ont évolué au cours de l'histoire : la trirème, apparue dès le VIe siècle av. J.-C., embarquait 200 hommes outre les rameurs. La quadrirème est inventée à l'époque hellénistique. Quant à la quinquérème, embarquant 300 hommes au plus, elle est conçue pendant les guerres puniques. La logistique était assurée par d'autres navires, appelés gauloi.
Techniques et manœuvres
[modifier | modifier le code]Parmi les apports macédoniens à l'art de la guerre carthaginois, les historiens relèvent l'organisation en phalange[68] ainsi que la disposition de l'armée en campagne et les camps. Cependant, des changements sont dus à Hannibal Barca : l'importance stratégique de la cavalerie, les nouvelles manœuvres d'enveloppement de l'adversaire (bataille de Cannes)[69], voire une stratégie d'embuscade pour pallier un désavantage numérique comme lors de la bataille du lac Trasimène. Les éléphants de guerre, peu et tardivement utilisés mais remarqués par les adversaires, jouaient avant tout un rôle d'intimidation et de désorganisation des lignes ennemies.
En ce qui concerne la guerre sur mer, l'usage de l'époque était d'éperonner les navires. Pour contrer l'avance carthaginoise, les Romains mirent au point le « corbeau » afin de faciliter l'abordage et reprendre l'avantage. Ils purent ainsi écraser Carthage lors de la bataille de Mylae.
Les Carthaginois étaient également maîtres en poliorcétique, utilisant des tours de siège, balistes et catapultes.
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Représentation de la bataille de Zama par Cornelis Cort en 1567, gravure, d'après Raphaël.
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Bataille de Cannes.
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Bataille du Lac Trasimène.
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Représentation d'un éléphant sur une stèle de calcaire du musée de Carthage (IIIe – IIe siècles av. J.-C.).
Politique et société
[modifier | modifier le code]Institutions
[modifier | modifier le code]L'organisation politique de Carthage était louée par de nombreux auteurs antiques qui mettaient en avant sa « réputation d'excellence »[70]. Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de la grande cité, on dispose néanmoins d'un texte précieux d'Aristote[71] qui la dépeint comme un modèle de constitution « mixte », équilibrée et présentant les meilleures caractéristiques des divers types de régimes politiques ; ce document a alimenté un débat vif, certains historiens, dont Stéphane Gsell, le considérant comme une description tardive[72]. Les chercheurs privilégient désormais une évolution des institutions au cours de l'histoire[73].
En dépit des insuffisances de l'information dont on dispose sur Carthage, les données sont beaucoup plus importantes que pour les autres cités puniques.
Problématique de la royauté à Carthage
[modifier | modifier le code]Même si Didon était issue d'une famille royale, aucun élément dans la légende ne la cite comme reine. Les auteurs grecs ou latins mentionnent la présence de basileis ou de reges. La théorie de la royauté de Carthage, âprement défendue et développée par Gilbert Charles-Picard à la suite de Karl Julius Beloch, est dorénavant réfutée par la plupart des historiens. Une partie de l'historiographie a également supposé des ambitions monarchiques sur le modèle hellénistique aux Barcides en Espagne, hypothèse également écartée par Maurice Sznycer[74].
Le monde phénico-punique n'ignorait pourtant pas la monarchie : les rois phéniciens mentionnés à Tyr n'étaient toutefois pas détenteurs d'un pouvoir absolu[75].
Suffètes
[modifier | modifier le code]Le terme suffète, latinisation du mot phénicien shofet (pluriel : shofetim) signifie littéralement « juge »[76].
Plus conforme aux traditions orientales et de Tyr, le gouvernement devait être comparable à celui de Rome, avec un Sénat et deux suffètes élus chaque année mais appelés « rois » par les Romains et les Grecs en raison de leur incapacité à trouver dans leur culture un terme adéquat pour transmettre la réalité punique[77].
On pense que ces suffètes exerçaient à la fois le pouvoir judiciaire et exécutif mais non le pouvoir militaire, réservé à des chefs élus séparément chaque année par l'assemblée du peuple et recrutés parmi les grandes familles de la cité. Le cas d'Hannibal Barca peut être souligné, étant élu suffète après la défaite de Zama, en selon Tite-Live[78]. Le pouvoir des suffètes était vraisemblablement un pouvoir civil d'administration de la chose publique[79].
Éléments oligarchiques
[modifier | modifier le code]Les suffètes étaient assistés par un « Conseil des Anciens » : les textes évoquent les « Anciens de Carthage » tout comme à Lepcis Magna on mentionne encore en pleine époque romaine les « Grands de Lepcis »[80]. Ce Conseil a été assimilé au Sénat, les membres étant dénommés dans les diverses sources gerontes ou seniores.
Le Sénat, probablement composé par les membres des familles influentes, compta sans doute plusieurs centaines de membres[81]. Il avait compétence pour toutes les affaires de la cité : guerre, paix, diplomatie, etc. Les généraux rendaient compte de leurs actes devant cette assemblée, qui avait le dernier mot. On ne sait toutefois pas si les suffètes étaient élus par ces oligarques ou par l'ensemble du peuple.
En outre, Aristote est le seul à mentionner un conseil restreint, les « Cent-Quatre » ou les « Cent »[82], et les « pentarchies ». Ces institutions sont mal connues, la première ayant reçu, sur la base d'un texte de Justin, un rôle judiciaire[83].
Éléments démocratiques
[modifier | modifier le code]Une assemblée du peuple est citée dans le texte d'Aristote et, si l'on en croit Polybe, elle avait pris du pouvoir durant le IIIe et le IIe siècle av. J.-C.[84]. Ce pouvoir était sans doute grand ; le même auteur parle d'une corruption largement diffusée pour l'obtention des magistratures[85] et des commandements militaires. Certaines affaires étaient évoquées devant cette assemblée en cas de désaccord entre les institutions à forme oligarchique, même si ces assertions ne sont étayées par aucune preuve archéologique.
On suppose que seuls les hommes libres y étaient admis et certaines sources, dont Diodore de Sicile, font état d'une réunion sur l'agora de la cité[86].
Ces inconnues ne permettent donc pas de déterminer quel était le degré de démocratie dans l'ancienne Carthage. Cependant, il semble acquis que les principales familles de marchands exerçaient l'essentiel du pouvoir.
Organisation sociale
[modifier | modifier le code]La société carthaginoise était très stratifiée : l'aristocratie d'origine tyrienne détenait l'essentiel du pouvoir économique, politique et religieux[76] ; le reste de la population se partageait entre une proportion inconnue d'artisans et de commerçants et un prolétariat hétéroclite composé d'esclaves mais aussi de populations natives, voire puniques. La place des femmes reste encore sujette à débat.
Stratification de la société
[modifier | modifier le code]L'aristocratie carthaginoise avait comme caractéristiques son origine phénicienne tyrienne, sa fortune liée à ses fonctions d'armateurs puis de propriétaires fonciers[76], son rôle dans les magistratures et un mode de vie particulier dans des logements luxueux (au cap Bon ou dans le quartier de Mégara).
Au sein de cette aristocratie se recrutaient les prêtres, qui formaient une classe très organisée et peuplaient les nombreux temples, centres d'une vie intellectuelle active et qui ont notamment permis pendant des siècles le maintien de la langue et de la culture phéniciennes face à la romanisation[76].
Le sacerdoce pouvait être également exercé par les femmes. Leur habillement est connu notamment grâce à la Stèle du prêtre à l'enfant ; le personnage identifié comme le célébrant porte une robe de lin et une coiffe particulière qui couronne une tête rasée.
Les classes populaires sont méconnues mais on suppose qu'elles étaient formées d'hommes libres et d'esclaves pouvant être attachés à une personne ou à l'État. En outre, on trouvait dans les cités carthaginoises un certain nombre d'étrangers issus de l'ensemble du bassin méditerranéen[87].
Femmes
[modifier | modifier le code]En dépit des personnalités fortes et des destins tragiques comme ceux de Didon (Elishat en phénicien), Sophonisbe et l'épouse d'Hasdrubal le Boétharque, les femmes à Carthage apparaissent peu dans les sources disponibles. Quoique marquée par un caractère patriarcal, la société carthaginoise accorde une relative indépendance aux femmes : l'étude des stèles du tophet de Carthage a mis en évidence des sacrifices effectués par des femmes en leur propre nom[88]. De surcroît, il semble que nombre d'activités professionnelles leur étaient ouvertes.
Cette indépendance était toutefois tempérée par une certaine instrumentalisation des femmes au service de leur famille, au moment du choix de leur époux ou à des fins politiques, voire économiques : l'histoire de Sophonisbe est particulièrement évocatrice de cette sujétion, mariée successivement aux rois numides Syphax puis Massinissa[89]. Le contexte du mariage est peu connu et l'on ignore si la polygamie était pratiquée.
En revanche, des cas de mariages mixtes figurent dans des sources et se retrouvent peut-être aussi dans des fouilles de sépultures multiples, avec un rite phénicien pour l'un des individus inhumés et africain pour un autre. Le cas de Sophonisbe est ici encore évocateur : fille d'Hasdrubal Gisco, général carthaginois, elle épousa Syphax, roi de Numidie, sur ordre de son père afin de sceller une alliance entre Carthaginois et Numides.
Populations natives
[modifier | modifier le code]Les populations autochtones sont encore plus difficiles à appréhender. Le contact avec les premiers navigateurs, même s'il est concevable au travers du commerce silencieux d'Hérodote au but commercial affirmé, s'est transformé en une relation qui peut se concevoir en termes de domination[90].
Dans la société carthaginoise, les mariages mixtes pouvaient être fréquents ; des unions entre des nobles de l'aristocratie phénicienne et des princesses libyennes avaient ainsi lieu[76]. Cependant, ces alliances matrimoniales de nature politique n'ont pas altéré la nature paradoxale de l'État carthaginois qui conserva son caractère gouvernemental phénicien[76]. Les populations autochtones ont néanmoins joué un rôle déterminant dans la formation et l'histoire des colonies phéniciennes occidentales et les prospections archéologiques montrent que, déjà durant les premiers temps de cette colonisation, les communautés puniques étaient cosmopolites[91]
Il est avéré au travers de divers textes conservés que l'emprise carthaginoise a été lourde, tant au moment de la conquête qu'aux temps difficiles des guerres puniques, comme en témoignent les révoltes qui se sont succédé. Les populations natives de l'extérieur ont ainsi, en particulier sous l'égide de Massinissa, contribué à la chute de la cité en raison de leurs empiètements successifs durant la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C.
Économie
[modifier | modifier le code]Carthage constituait un empire commercial, maritime, terrestre et agricole. De ce fait, le lien entre toutes les contrées, qu'elles soient puniques ou sous influence punique, se faisait par la mer grâce à la marine carthaginoise.
Commerce
[modifier | modifier le code]Routes des métaux précieux et produits importés
[modifier | modifier le code]Les Carthaginois, tout comme leurs ancêtres phéniciens, étaient d'excellents marins et commerçants. L'historien latin Pline l'Ancien écrit à leur propos que « les Puniques inventèrent le commerce »[92].
Comme Tyr, Carthage faisait le négoce des métaux, en recherchant surtout des matières premières qui lui ont permis d'asseoir sa richesse et de développer son réseau commercial : argent, mais aussi cuivre et étain en provenance des comptoirs du sud de l'Hispanie (royaume de Tartessos). Dans cette région, les mines étaient à la fois facilement exploitables et accessibles. L'étain se trouvait également dans les îles Cassitérides (actuelle Grande-Bretagne).
De manière secondaire, les Carthaginois ont importé et diffusé de petits objets manufacturés : céramiques grecques et étrusques mais aussi, dès le VIIe siècle av. J.-C. des éléments d'artisanat égyptien comme des amulettes. Le négoce se pratiquait aussi par caravanes mais ce type d'échange était beaucoup plus aléatoire et dangereux. Ce commerce terrestre permet d'expliquer certaines implantations, en particulier en Libye et dans le sud de la Tunisie actuelle.
Le but des Phénico-puniques était d'exporter les métaux à l'état brut vers l'Orient ; jusqu'au VIe siècle av. J.-C., ils jouissaient d'un monopole du commerce et de la navigation en Méditerranée occidentale grâce auquel ils bénéficiaient d'un libre accès aux métaux, et aux ressources humaines et agricoles de régions entières.
Produits exportés
[modifier | modifier le code]Les Carthaginois ont excellé dans la verrerie, la bijouterie, l'artisanat textile et la teinturerie, en particulier la fabrication de la pourpre[76], dont la technique, tirée du murex, a été inventée à Tyr[76]. Ces derniers exportaient des produits manufacturés par leurs artisans ou importés : des céramiques, des objets en verre (spécialité phénicienne) ou encore du tissu teint en pourpre, travail de l'ivoire, bois et métaux (placage d'ivoire, d'or ou d'argent sur différents matériaux). En raison de leur caractère potentiellement périssable, il est parfois difficile d'identifier certains de ces produits d'exportation : les tissus, très réputés, n'ont pas laissé de traces archéologiques en dehors d'amas de murex ou de poids destinés à tendre les tentures.
Commerce et exploration
[modifier | modifier le code]Les voyages d'exploration s'expliquent par la recherche de minerais et de nouveaux débouchés commerciaux : l'étain de Grande-Bretagne et d'Hispanie, l'or ou d'autres matières premières au Maghreb. Certains produits servant au négoce étaient fabriqués par les ateliers carthaginois.
Agriculture et pêche
[modifier | modifier le code]Territoire agricole de Carthage
[modifier | modifier le code]À l'aube de la première guerre punique, Carthage contrôlait en Afrique du Nord un territoire d'environ 73 000 km2 — son arrière-pays, constitué par l'actuelle Tunisie, représentait alors un territoire dévolu à l'agriculture supérieur en superficie à celui de Rome et de ses alliés réunis, et reste l'une des zones agricoles de premier plan dans l'Empire romain — pour une population de près de quatre millions d'habitants. Une telle population nécessitait un approvisionnement régulier et un arrière-pays capable d'assurer une production suffisante en quantité et en qualité : une production de céréales destinée à toutes les couches sociales, mais aussi une production de fruits ou de viande destinée à une population plus aisée.
Ce territoire a été largement amputé par les attaques de Massinissa dans le dernier demi-siècle d'existence de la cité, pour se limiter à une superficie inférieure à 25 000 km2 en [19].
La zone occupée par Carthage en Afrique était très fertile car elle jouissait d'une pluviosité amplement suffisante pour la production agricole. Ces atouts ont été exploités par la suite dans la province de l'Afrique romaine[93].
Culture et élevage
[modifier | modifier le code]Carthage a très vite instauré un partage des tâches entre des cultures à visée spéculative, dans les terres proches de la capitale, et les cultures céréalières laissées aux populations libyennes, ces dernières étant soumises à un tribut en nature dont le poids, en particulier durant les guerres puniques, a pu influencer le cours des événements en les poussant à la révolte[94]. La cité a développé son arrière-pays grâce à la culture de l'amande, de la figue, de l'olive, de la grenade — perçue comme un fruit punique par les Romains — et de la vigne, en plus du blé. Ces plantes étaient déjà présentes à l'état sauvage dans la région mais les Phéniciens y ont apporté des plants qui leur ont permis d'exporter dans tout le bassin méditerranéen : on trouve ainsi des traces de produits agricoles puniques jusqu'en Grèce.
L'élevage était pratiqué de longue date par les populations autochtones, en particulier celui des chevaux, des bœufs et des mulets[95].
Techniques agricoles
[modifier | modifier le code]La réussite de Carthage s'explique aussi par ses prouesses en matière d'agronomie. Les Carthaginois sont parvenus à développer les techniques agricoles parmi les plus efficaces de l'Antiquité puisque celles-ci furent reprises par les Romains à travers la traduction en latin du traité du punique Magon[96]. Columelle a conservé des fragments de l'œuvre punique, dont un processus de vinification[97].
La plantation des oliveraies obéissait à des règles précises, en particulier l'espacement entre les plants, règles parfois encore respectées de nos jours. Le matériel agricole jouait un rôle important dans l'amélioration de la production, comme en témoignent les représentations de charrues, notamment sur une sculpture retrouvée sur le territoire de la Libye actuelle[98], ce qui n'a pas manqué de trancher avec la production libyenne traditionnelle[99].
Pêche et produits de la mer
[modifier | modifier le code]La pêche était une activité répandue à l'époque punique et, outre des productions de salaisons et de murex, il est établi que ce sont les Phénico-puniques qui ont répandu l'usage du garum dans le bassin méditerranéen. Cette sauce à base de poissons gras, utilisée en cuisine et dans un but médicinal, était produite à grande échelle au sein d'installations retrouvées sur un certain nombre de sites[100]. La production et la commercialisation du garum se sont poursuivies largement à l'époque romaine.
Art et artisanat
[modifier | modifier le code]Sculptures
[modifier | modifier le code]Pierre
[modifier | modifier le code]L'essentiel des éléments conservés jusqu'à nos jours est lié à un usage funéraire. D'autres sculptures existent, mais de taille réduite, comme la Dame de Galera ou le protomé de lion de Sant'Antioco.
Les cippes et stèles, parfois en forme de bétyles ou « maison du dieu », laissent apparaître une évolution stylistique. Sculptés dans le grès au départ, ces éléments sont conçus par la suite en calcaire, parfois flanqués d'acrotères et de motifs incisés à l'influence grecque marquée : motifs animaliers, végétaux, humains et surtout symboles. À partir des Ve et IVe siècles av. J.-C., on voit la diffusion du motif dit « signe de Tanit » qui se retrouve sur bien d'autres supports. On l'a cru présent uniquement en Méditerranée occidentale, mais les recherches actuelles témoignent d'une présence sur les sites du Levant[101]. D'autres motifs ont pu être reconnus ainsi celui de l'idole-bouteille. On distingue des différences locales, en particulier à Motyé, où les représentations humaines sont plus précoces et plus généralisées qu'à Carthage[102].
Les sarcophages sont très représentatifs du métissage propre aux Phénico-puniques : le type anthropoïde originellement présent en Phénicie a évolué en Méditerranée occidentale. Outre en Afrique, des exemples bien conservés ont été retrouvés en Sicile et dans la péninsule Ibérique. Au IVe siècle av. J.-C., le type change en Tunisie pour figurer au-dessus une statue du défunt[103]. Les sarcophages de Sainte-Monique, dénommés du prêtre et de la prêtresse et conservés au musée national de Carthage, sont particulièrement intéressants par le traitement du drapé et l'attitude des deux personnages : le prêtre a la main droite levée en un geste de bénédiction[104], la prêtresse tient pour sa part une colombe ; les mains gauches des deux personnages portent un vase à encens à l'usage liturgique connu, d'où le nom donné à ces œuvres[105].
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Stèle du tophet de Nora exposée au musée archéologique de Nora.
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Stèle du tophet de Carthage.
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Stèle du tophet de Carthage avec main ouverte, poisson et signe dit de Tanit.
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Dame de Galera datant du VIIe siècle av. J.-C. et exposée au musée archéologique national de Madrid.
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Sarcophage du Ve siècle av. J.-C. exposé au musée archéologique régional de Palerme.
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Lion de San Antioco (Sardaigne) datant du IVe siècle av. J.-C. et exposée au musée Barracco de Rome.
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Sarcophages du prêtre et de la prêtresse de la nécropole des Rabs de Carthage exposés au musée national de Carthage (IVe – IIIe siècles av. J.-C.).
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Sarcophages de la nécropole des Rabs exposés au musée du Louvre (IVe – IIIe siècles av. J.-C.).
Terres cuites
[modifier | modifier le code]La production des terres cuites, très variée, consistait en des masques grotesques aux traits marqués, d'origine sans doute levantine[106]. Les formes en sont diverses ; les rides et les bouches déformées s'accompagnent parfois de motifs géométriques. Des masques aux traits négroïdes caractérisés ont également été retrouvés. Destinés à être suspendus, ces masques avaient une fonction apotropaïque : ils étaient censés chasser les démons.
Il existait aussi des protomés représentant la partie supérieure de corps d'hommes ou de femmes. Le style de ce type de produits est divers, à la fois égyptien mais également grec à partir du VIe siècle av. J.-C., et on en a établi une classification[107].
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Masque provenant de Carthage au département des antiquités orientales du musée du Louvre, fin du VIIe-début du VIe siècle av. J.-C.
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Masque grimaçant au musée national du Bardo (fin du VIe siècle av. J.-C.).
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Masque en forme de Silène provenant de Sulcis (Sardaigne).
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Masque grimaçant au musée Whitaker de Motyé (Sicile).
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Protomé au département punique du musée national du Bardo.
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Protomé égyptisante du musée du Louvre.
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Protomé égyptisante du musée du Louvre (VIe – Ve siècles av. J.-C.).
La production de coroplastie ou coroplathie était répandue dans nombre de sites puniques, de l'Afrique du Nord aux îles Baléares en passant par la Sicile et la Sardaigne. Il s'agit de figurines moulées, tenant des objets (des tambourins par exemple) ou de petits animaux ; des stéréotypes phénico-puniques cohabitent avec d'autres stéréotypes hellénisants, voire liés à une production locale[106]. La technique a été également utilisée pour des pièces de dimension variable, à usage religieux, y compris après la chute de Carthage. On en a découvert plusieurs exemplaires dans les fouilles du sanctuaire de Thinissut au cap Bon (petite sculpture de Ba'al Hammon encadré par deux sphinges mais également de belles représentations de grande taille de Tanit « léontocéphale » et de Déméter).
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Statuette avec tambourin au musée national du Bardo.
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Figurine issue de la nécropole de Puig des Molins, IIIe siècle av. J.-C.
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Fragment de statuette d'argile provenant d'Ibiza des IVe – IIIe siècles av. J.-C.
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Ba'al Hammon de Thinissut datant du Ier siècle.
Vie quotidienne
[modifier | modifier le code]Les Puniques étaient des artisans spécialisés et reconnus. Les Grecs leur donnaient la réputation de vendre des bibelots, verroterie fabriquée par les artisans en échange de produits de valeur comme les matières premières issues des régions qu'ils abordaient avec leurs navires. Ainsi, nombre d'objets et de bibelots phéniciens d'inspiration diverse (grecque, égyptienne, etc.) ont été découverts sur les sites qu'ils fréquentaient. Les nécropoles qui ont fait l'objet de fouilles archéologiques depuis le XIXe siècle ont livré un matériel important et varié qui dénote un artisanat développé[108] : travail des métaux avec en particulier des exemples de rasoirs de bronze ornés le plus souvent de motifs gravés, petits masques de pâte de verre à fonction apotropaïque qui ornaient des colliers, ivoires et os gravés mais aussi bijoux.
Céramiques
[modifier | modifier le code]Pour la poterie utilisée dans la vie quotidienne, hors contexte religieux, les fouilles ont livré des céramiques à but alimentaire ou culinaire et aussi des lampes à huile dont les formes démontrent une production stéréotypée et rationalisée ; des exemples de vases-biberons ont aussi été retrouvés.
Si, à partir du IIIe siècle av. J.-C., on voit nombre d'imitations d'importations grecques, il persiste une production typique dénommée « moules à gâteaux »[109].
Les fouilles des nécropoles de Carthage ont mis au jour des maquettes représentant des éléments de la vie quotidienne : un four à pain de type tabouna, déposé au musée national de Carthage, mais aussi de petites pièces de mobilier qui permettent d'imaginer l'intérieur des habitations.
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Vitrines de productions locales de céramiques au musée national du Bardo.
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Lampes puniques du musée national de Carthage.
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Lampes puniques du musée de Palerme.
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Céramiques et lampes puniques au musée national de Carthage.
Amulettes
[modifier | modifier le code]De nombreuses amulettes d'os, de pâte de verre et de pierre ont été retrouvées dans les sépultures, essentiellement de femmes et d'enfants, ayant pour objet de protéger les défunts au moyen de rites magiques. Elles étaient importées (surtout d'Égypte) ou fabriquées sur place. Certains thèmes sont récurrents, comme le dieu égyptien Bès, mais aussi Horus ou l'œil oudjat[110].
Bijoux
[modifier | modifier le code]De somptueux bijoux d'or, d'argent et de pierres dures proviennent des nécropoles. Liée à la structure du commerce phénico-punique et issue d'une longue tradition orientale, cette production consiste en des colliers très chargés et lourds, mais aussi en des bagues, anneaux d'oreille ou de nez (dits aussi nezem) significatifs de l'apparence qui devait être celle des Puniques, aspect largement raillé dans les sources classiques. Des scarabées ont également été découverts ainsi que des étuis porte-amulettes à la fonction protectrice évidente[111].
Ivoires et os
[modifier | modifier le code]On trouve aussi de petites tablettes en ivoire sculpté, matériau souvent remplacé par de l'os, d'un coût moindre. L'influence orientale ancienne, voire égyptienne, est récurrente dans ces artefacts fréquents sur les divers sites de Méditerranée tant orientale qu'occidentale. Un grand nombre d'objets de cette nature date des VIIIe – IVe siècles av. J.-C. et la présence dans les mêmes lieux d'ivoire à l'état brut suggère une fabrication locale[108].
Rasoirs de bronze
[modifier | modifier le code]De nombreux rasoirs de bronze ou de fer ont été découverts dans les nécropoles ultérieures au VIIe siècle av. J.-C. De tels objets ont été liés à une symbolique de purification des défunts. Ils exerçaient une fonction religieuse, voire talismanique[112] et ont pu être destinés à être suspendus, du moins pour ce type de matériel présent dans le monde Ibérique.
En outre, à partir du Ve siècle av. J.-C., une décoration s'est fait jour. Ces dessins — parfois figurés sur les deux faces dans le cas des exemplaires tardifs — témoignent d'influences variées, essentiellement égyptienne ou égéenne. La production a pu atteindre des développements autonomes dans les diverses régions des possessions carthaginoises, démontrant de réelles capacités créatives[113].
Verre
[modifier | modifier le code]Selon une légende relatée par Pline l'Ancien[114], le verre a été inventé par les Phéniciens, qui en auraient conservé le secret de fabrication durant une longue période. En fait, ils ont sans doute développé la technique du soufflage et surtout commercialisé leur production à une large échelle[115], ce qui aurait permis la naissance de la légende.
Les découvertes sont assez fréquentes sur les sites archéologiques[116], tant en Occident qu'en Méditerranée orientale. Les objets les plus typiques sont de petits masques à figure humaine et à faciès varié, destinés à être insérés dans des colliers comportant de petites billes de verre ; il existait aussi de petits pots à onguent ou à parfum. Les pièces les plus remarquables sont colorées dans la masse.
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Amulette de pâte de verre au musée national du Bardo (fin du IVe -début du IIIe siècle av. J.-C.).
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Verrerie au musée national de Carthage.
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Vase à onguent, musée de Puig des Molins.
Numismatique
[modifier | modifier le code]Les monnaies carthaginoises apparaissent tardivement : l'économie punique n'est pas monétaire au départ car les échanges s'effectuent en utilisant des lingots voire par l'usage du troc[117]. Les premières datent de 480 voire [118]. La naissance du monnayage punique est à lier à la nécessité de payer les mercenaires engagés pour le compte de la cité punique en Sicile[119], les ateliers de Motyé et Palerme ayant été considérés comme les lieux de frappe des premières monnaies de cette civilisation[120]. À Carthage, les ateliers ne commencent leur activité qu'au milieu du IVe siècle av. J.-C.[121]. Le métal utilisé est l'or, l'électrum et l'argent à la fin du IIIe siècle av. J.-C. L'aloi et la qualité de frappe de ce monnayage baisse dès la fin de la deuxième guerre punique[121], les fouilles archéologiques ne permettant pas de considérer cet élément comme un argument d'une supposée décadence[119].
Les émissions proprement carthaginoises passent d'un système pondéral étalonné sur la drachme éginétique au shekel phénicien. Selon Jacques Alexandropoulos, cette transition métrologique serait liée à la perte des comptoirs siciliens, justifiant le passage d'un système punico-grec à vocation internationale vers des frappes phénico-puniques à usage interne, exprimant également un sursaut « nationaliste » de Carthage. La typologie des monnaies de Carthage étaye d'un point de vue stylistique l'idée de la paternité grecque de ce monnayage. C'est particulièrement le cas du type dit, selon Stéphane Gsell, Gilbert Kenneth Jenkins ou encore Pierre Cintas, à la tête d'Aréthuse, de Cérès ou de Tanit. Quel qu'il soit, ce portrait semble devoir beaucoup à Évainète. À l'instar des cités grecques et de leurs colonies en Grande Grèce, Carthage affirme son identité. Elle s'annonce africaine à travers des types monétaires emblématiques : outre la tête de divinité controversée, le cheval (passant au galop en protomé) et le palmier sont utilisés alternativement ou conjointement.
Une plus grande diversité des types abordés dans le monnayage carthaginois apparaît dans les émissions de Sicile, de Sardaigne, de la péninsule Ibérique et sur les trois derniers siècles d'existence de la métropole[122].
Glyptique
[modifier | modifier le code]De nombreuses bagues sigillaires ont été retrouvées dans les nécropoles puniques. Elles présentent souvent un chaton en forme de scarabée égyptisant gravé dans des pierres semi-dures (cornaline, agate, calcédoine, jaspe, chrysoprase, onyx, etc.) Le plat du scarabée offre fréquemment un sujet d'inspiration talismanique.
Cet engouement est issu d'une très longue tradition orientale. Ces pierres traitées en intaille pourraient être à l'origine des produits d'importation[123]. Les pierres gravées provenaient d'ateliers phéniciens, et plus fréquemment égyptiens. Elles étaient investies de vertus talismaniques semblables à celles que leur prêtaient les croyances égyptiennes.
Néanmoins, on constate une certaine dégénérescence à partir de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C.[124], avec une production moins noble (gravures sur pâte de verre) qui pourrait être l'indice d'une production typiquement carthaginoise tandis que l'apparence des importations évolue et présente une gravure de style plus fréquemment hellénistique.
Langue et littérature
[modifier | modifier le code]Langue
[modifier | modifier le code]La langue punique a servi de liant et de fonds linguistique et culturel commun aux Phéniciens d'Occident[109], dont le centre est Carthage la punique. Cette langue, utilisée par les élites comme par les populations des régions sous influence punique — Numides et autres Berbères du Maghreb (comme en Tunisie et en Algérie ou encore au Maroc) mais aussi Ibères et autres populations du royaume de Tartessos (dans le sud de l'Hispanie) — était véhiculée en profondeur dans leurs territoires. La langue officielle des royaumes numides était ainsi le punique[76].
Elle montre néanmoins certaines particularités phonétiques par rapport au parlé de Phénicie notamment dû à des influences libyco-berbères[125].
Elle a perduré, malgré la prépondérance du latin, jusqu'à l'arrivée des Arabes au VIe siècle. À cette date, cette langue déclinante était devenue un patois local, au moins dans certaines régions. Corollaire de la langue, l'alphabet phénicien, ancêtre de l'alphabet grec, s'est répandu dans tout le bassin méditerranéen jusqu'à devenir le vecteur de la pensée des peuples de la sphère punique. Cette écriture sans voyelles s'est modifiée après l'implantation romaine en Afrique du Nord, l'alphabet punique tendant à inclure des voyelles. Son aspect s'est différencié dans le temps et selon les régions. Au IVe siècle, l'alphabet latin était utilisé pour transcrire la langue punique[126].
La langue finit par devenir, avec le berbère, le substrat sur lequel s'établit l'arabe tunisien et les autres dialectes maghrébins modernes, influencés par l'arabe[127],[128].
Littérature et épigraphie
[modifier | modifier le code]La littérature carthaginoise ne nous est pas parvenue[129], mais on sait qu'il existait à Carthage de nombreuses bibliothèques, ce qui induit une certaine production littéraire ou à tout le moins une diffusion de la littérature de l'époque, en particulier celle de langue grecque[130]. La philosophie était répandue dans le milieu punique, certains noms sont connus par ce qu'en disent Diogène Laërce ou Jamblique[131] ; le plus célèbre philosophe d'origine carthaginoise est sans conteste Clitomaque.
Il existait une littérature de droit, d'histoire, de géographie, même si tout cela a été perdu. Toutefois, on a conservé des fragments de l'important traité d'agronomie de Magon, qui influença fortement les Romains[129]: la preuve en est que la traduction en latin a été décidée par les conquérants au lendemain de la prise de la cité[130]. Les auteurs romains postérieurs en citent des extraits et ne tarissent pas d'éloges à son sujet (Pline l'Ancien[132], Varron[133] et Columelle[134],[135]). Le récit du périple de Hannon, même s'il s'agit d'un texte rédigé en grec, doit être la traduction d'un texte punique probablement affiché dans un temple[136]. Cependant, difficile d'interprétation, le document suscita de nombreuses polémiques.
De nombreuses stèles fournissent cependant tout un corpus d'inscriptions, notamment les stèles trouvées en quantité dans les tophets, dont celui de Carthage. Ces textes ont été collectés au sein du Corpus Inscriptionum Semiticarum[137]. Mais ils apparaissent très stéréotypés et apportent peu à la connaissance de la cité. En outre, ils ne livrent guère d'informations sur l'onomastique, les noms propres connus étant en nombre limité.
Par ailleurs, les archéologues ont mis au jour un petit nombre de documents appelés « tarifs de sacrifices », qui étaient placés dans les temples[136]. Le plus connu d'entre eux est le « tarif de Marseille », ainsi nommé car il est retrouvé dans le port de cette ville. En dépit de sa localisation, il est, selon les spécialistes, d'origine carthaginoise. Il faut également citer comme inscription particulière le cas des lamelles de Pyrgi découvertes à Caere, en Italie, qui offrent un éclairage sur les relations entre Étrusques et Puniques au VIe siècle av. J.-C.
Enfin les monnaies constituent également une source épigraphique et permettent notamment d'étudier la variation parfois importante de la calligraphie et de la forme des lettres[122].
Religion
[modifier | modifier le code]La mythologie et la religion de Carthage sont en grande partie héritées de celles des Phéniciens. Malgré une transcription en latin ou en grec dans les sources antiques, elles gardent, tout au long de leur histoire, leur caractère profondément ouest-sémitique[138].
Panthéon
[modifier | modifier le code]Le panthéon initialement sémitique évolue au cours des rencontres avec des traditions locales. Dans diverses colonies, certaines divinités carthaginoises acquièrent le caractère de poliade, comme Tinnit ou Tanit à Carthage, Melqart à Gadès (où lui fut élevé un temple réputé), Sid (Sardus Pater à l'époque romaine) en Sardaigne[139]. Cet important panthéon[140] est dominé par Ba'al Hammon accompagné de sa parèdre Tanit (face de Ba'al).
Si les anciens dieux phéniciens sont toujours vénérés par les Carthaginois, comme Astarté, déesse de la fécondité et de la guerre, Eshmoun, dieu de la médecine, et Melqart, dieu phénicien de l'expansion et de l'enrichissement de l'expérience humaine, ils se transforment : ainsi Melqart prend des caractères au héros grec Héraclès tandis que le Ba'al Hammon phénicien devient l'Ammon libyque symbolisé par un bélier emprunté à la mythologie égyptienne, puis adopte des traits jupitériens qu'il avait toujours à l'arrivée du christianisme.
Sanctuaires et rites
[modifier | modifier le code]Les lieux de culte sont des constructions spécifiques ou des espaces aménagés. Plusieurs temples urbains ont été retrouvés dans des endroits divers ; leur emplacement n'obéissait donc pas à une règle précise. Ceux situés en bord de mer bénéficiaient de leur contact avec les étrangers (offrandes, ex-votos, donation, etc.) On a également découvert des sanctuaires dans des grottes.
La religion était une affaire d'État à Carthage ; même si les prêtres n'intervenaient pas directement dans la politique intérieure ou extérieure, ils jouissaient d'une grande influence sur une société profondément religieuse, structurée autour d'une hiérarchie de prêtres dont les plus hautes fonctions étaient occupées par les membres des familles les plus puissantes de la cité[141]. Les cultes jouaient un rôle économique important grâce aux offrandes (comme les viandes et autres denrées) aux dieux et aux prêtres. Le sacrifice avait aussi un poids significatif : des « tarifs » étaient définis pour chaque type de sacrifice en fonction de chaque demande ; après le partage du produit du sacrifice entre divinité, prêtre et fidèle, une stèle était érigée en guise de commémoration[142].
Les cultes et leur pratique ont laissé des traces visibles dans les différentes colonies carthaginoises de Méditerranée occidentale, devenues carthaginoises, mais aussi chez les peuples en contact avec cette civilisation, comme les Berbères de Numidie et de Maurétanie et les Ibères.
La question des sacrifices d'enfants que mentionnent Diodore de Sicile ou Tertullien[143] a fait la part belle aux interprétations les plus diverses. Les textes restent cependant peu explicites[144] et des textes essentiels, comme Tite-Live, n'en font nulle mention, alors que les Romains n'avaient aucun intérêt à cacher un argument qui aurait justifié le sort réservé à Carthage[145]. Le débat n'est pas tranché et quant aux ossements contenus dans les urnes, la science ne décèle pas de causes violentes parmi les causes des décès et ne peut donc pas affirmer que leur accumulation était autre chose qu'une nécropole pour enfants[146],[147].
Civilisation exogène et métissée
[modifier | modifier le code]La vie culturelle de cette civilisation, que certains ont appelée thalassocratie du fait de son rapport étroit et durable avec la mer, résulte d'un syncrétisme entre la culture phénicienne des colons tyriens et les diverses influences indigènes, grecques mais aussi égyptiennes.
Persistances orientales et apports africains
[modifier | modifier le code]L'art phénicien est un subtil mélange d'éléments grecs et égyptiens. Si la culture égyptienne a profondément influencé les Phéniciens dès le IIIe millénaire av. J.-C., la culture hellénique a pris le relais à partir du IVe siècle av. J.-C. La culture phénicienne émerge à partir de l'effondrement égyptien, à la suite de l'invasion des Peuples de la mer en 1200 av. J.-C. Avant son existence, elle était confondue dans l'aire syro-libanaise (pays de Canaan). D'ailleurs, certains Puniques d'Occident se nommeront Cananéens longtemps après l'absorption de l'empire carthaginois par les Romains. En effet, du fait de la position géographique de Carthage et alors que les Phéniciens sont présents dans l'Occident méditerranéen, la cité punique cristallise et regroupe cette présence, la transformant en empire, tout en favorisant l'essor de la colonisation.
Identité carthaginoise
[modifier | modifier le code]L'art punique, celui des Phéniciens d'Occident, montre des composantes égyptiennes comme le travail du verre — avec les petits masques de verre des tombes puniques spécifiques à la mentalité phénicienne et qui servent à repousser loin du mort les mauvais esprits ou démons — et des motifs comme le lotus que l'on retrouve sur des objets ou sur la décoration de bâtiments. En outre, à partir du IVe siècle av. J.-C., apparaissent des traces d'influence hellène se superposant aux influences égyptiennes et s'ajoutant à la culture phénicienne primitive.
Le mausolée libyco-punique de Dougga occupe une place particulière car il symbolise le syncrétisme architectural entre traditions égyptiennes et apports grecs, voire hellénistiques[148]. Il subsiste d'autres témoins de cette architecture funéraire monumentale comme à Sabratha.
La sculpture évolue d'un style hiératique, presque symbolique, vers une esthétique plus figurative mais idéalisant la perfection. L'éphèbe de Motyé, un marbre du Ve siècle av. J.-C. découvert lors de fouilles terrestres en 1979, témoigne de ce contact avec le monde grec de Sicile. Cette statue a donné lieu à diverses thèses : certains y ont vu une représentation de Melqart avec une nette influence grecque alors d'autres chercheurs considèrent la statue comme une œuvre grecque transportée à Motyé à la suite d'opérations militaires. D'autres encore l'identifient comme une commande à un artiste grec de Sicile du Ve siècle av. J.-C. mais selon les canons carthaginois, en particulier sur le plan vestimentaire[149] ; on a même évoqué un rôle d'aurige voire un commanditaire de jeux[150]. L'ambiguïté des canons de cette œuvre entraîne « une perte des repères habituels, source d'inconfort intellectuel et esthétique »[151]. Le sarcophage dit « de la prêtresse » de la nécropole des Rabs montre également ces influences mêlées.
Les canons esthétiques des protomés indiquent le même métissage et les critères à l'origine des choix des artisans restent difficiles à appréhender. Les statuettes d'Ibiza révèlent quant à elles une influence locale sans doute liée au relatif isolement de l'île[152]. Métropole située entre Orient et Occident, Carthage a globalement joué un rôle facilitateur d'échanges économiques et culturels, révélant une grande porosité aux apports extérieurs[153].
Persistances après la chute
[modifier | modifier le code]La civilisation punique a perduré bien au-delà de la destruction de Carthage en , dans les institutions locales des cités romaines, dans l'architecture et surtout dans la religion et dans la langue. On constate la présence de suffètes, magistrats municipaux, dans les institutions des cités romaines d'Afrique du Nord jusqu'au IIe siècle[154]. Parfois, les suffètes étaient au nombre de trois, ce qui est considéré par certains sémitisants comme un apport berbère.
Les persistances dans l'architecture concernent surtout l'opus africanum et la mosaïque. L'opus africanum est un type de construction à chaînage retrouvé dans les fouilles de Kerkouane ainsi que sur bien d'autres sites puniques, et dont l'un des exemples de l'époque romaine se situe au Capitole de Dougga. Quant à la mosaïque, l'école de mosaïstes africains, particulièrement habile et bénéficiant en outre de marbres de belle qualité, a largement diffusé ses modèles de bestiaires et de scènes mythologiques dans l'Empire romain.
Dans le domaine religieux, la persistance du culte rendu à Saturne africain[155] et l'interpretatio romana du Ba'al punique ainsi que de sa parèdre Caelestis, transposant la déesse Tanit[156], a été étudiée ; le culte de Sardus Pater en Sardaigne procède de la même évolution. Les sanctuaires ruraux se sont maintenus, comme à Thinissut et à Bou Kornine. Le sanctuaire néo-punique le plus important fouillé jusqu'à présent, et ayant livré les témoignages les plus intéressants de fusion d'éléments libyques et puniques, se trouve à El Hofra (Cirta). On a découvert des éléments de continuité dans les stèles dites « de la Ghorfa » ainsi qu'une vitalité du Saturne africain, dieu infernal et pourvoyeur des moissons, jusqu'à la fin du premier quart du IVe siècle[157].
La transmission des « livres puniques » des bibliothèques de la cité martyre vers les souverains numides[158] a fait l'objet d'âpres discussions, leur utilisation par Salluste lors de l'élaboration de sa Guerre de Jugurtha ayant été évoquée. Cependant, on perd très vite la trace de ces ouvrages dans les sources ; ils ne sont plus évoqués que comme souvenir dès Augustin d'Hippone[159].
Il semble également que durant longtemps la langue punique s'est maintenue, comme en témoignent les textes dits « néo-puniques » et la diffusion de la langue dans les royaumes numides, en particulier dans leur monnayage[160]. Augustin l'évoque même dans l'une de ses œuvres[161] :
« Ainsi demandez à nos paysans ce qu'ils sont. Ils vous répondront, en langue punique : « Chanani », c'est-à-dire [...] Cananoei (Cananéens) »
— Augustin d'Hippone, Epistolae ad romanos inchoata expositio
Selon Augustin d'Hippone, les villageois (en latin : rustici) d'Afrique du Nord, parlant la langue phénicienne (« lingua punica »), s'identifiaient eux-mêmes ou leur langue comme « Chanani ». Augustin, dans une discussion sur la guérison de la fille d'une Cananéenne du Nouveau Testament, a soutenu que ce nom (en latin : Chanani) était le même que le mot Chananaei (« Cananéens »). La formulation latine correcte parmi les manuscrits est débattue et le contexte est ambigu. Bien que ce passage ait été avancé pour démontrer que le nom « Cananéen » était l'endonyme des Phéniciens, il est possible que le contexte réhétorique des paroles d'Augustin signifie qu'elles ne peuvent pas être invoquées comme preuve historique[162]. Gabriel Camps propose pour sa part d'y voir un dialecte libyque plutôt que punique, d'autant plus que le terme « punicus » au temps d'Augustin était dans de nombreux contextes synonyme d'africain[163] et la région d'où ces paysans provenaient est l'une des régions d'Algérie avec la plus forte concentration de stèles libyques[164].
Ce maintien d'une langue sémitique a pu faciliter l'arabisation du Maghreb selon Stéphane Gsell et M'hamed Hassine Fantar après lui[165].
Génétique
[modifier | modifier le code]Depuis la fin des années 2010, des études génétiques basées sur l'ADN ancien ont montré que les Puniques de Sardaigne, d'Ibiza et du sud de la péninsule ibérique notamment étaient issus principalement d'un mélange génétique entre populations d'Afrique du Nord et de l'est de la Méditerranée[166],[167],[168],[169],[170].
En 2019, une étude génétique de Iñigo Olalde et ses collègues montre que les individus du sud de la péninsule Ibérique entre les IIIe et VIIe siècles possédaient une ascendance nord-africaine substantielle et beaucoup plus importante que les populations actuelles de la même région. Selon les auteurs, cet important flux de gènes en provenance d'Afrique du Nord aurait pu se produire à l'époque romaine ou lors de la période punique[166].
En 2020, selon une étude génétique de Flavio De Angelis et ses collègues, l'individu trouvé dans une sépulture collective à Ibiza dans un hypogée punique daté de 361-178 av. J.-C. a un profil génétique différent des autres individus des îles Baléares datant de la même époque car il possède une ascendance nord-africaine importante[170].
Une étude de Stefania Sarno et ses collègues portant sur quatorze échantillons de la nécropole punique de Tharros et s'étalant du Ve au IIIe siècle av. J.-C. démontre de fortes affinités avec l'Afrique du Nord et la péninsule Ibérique[168].
Une autre étude génétique de Joseph H. Marcus et ses collègues sur l'histoire génomique de la Sardaigne publiée en 2020 montre que les six individus issus du site punique de Villamar en Sardaigne avaient une ascendance nord-africaine ancienne substantielle (20-35 %), contrairement aux individus du site de Monte Sirai, fondé plusieurs siècles plus tôt par les Phéniciens, qui en possèdent très peu, de même que les Sardes actuels[167].
Deux études publiées en 2021 dans la revue Annals of Human Biology (en) montrent également une forte proximité génétique avec les populations d'Afrique du Nord de plusieurs individus, peut-être descendants de captifs des guerres puniques selon les auteurs, du site de Quarto Cappello del Prete, situé près de Gabies en Italie et datant de la Rome impériale (Ier – IIIe siècles), et de ceux du site punique de Tharros (Ve et IIIe siècles av. J.-C.), situé en Sardaigne[168],[169].
Une étude d'Alessandra Sperduti et Lorenzo Bondioli portant sur l'origine des Étrusques montre que certains individus des IVe et IIIe siècles av. J.-C. du site de San Germano in Vetulonia et de Tarquinia ont un composant nord-africain qu'ils finissent par attribuer à l'expansion carthaginoise dans le bassin occidental de la Méditerranée[171].
Une étude de Hannah M. Moots et ses collègues publiée en 2022[172], portant sur la Méditerranée centrale de l'âge du fer, montre que douze individus de la petite cité punique de Kerkouane dans le cap Bon ont un profil très hétérogène. Parmi eux, sept individus montrent de fortes affinités avec les populations siciliennes de l'âge du bronze. Un individu parmi ces douze échantillons est similaire aux Marocains et aux Mozabites actuels tandis que quatre autres présentent « une continuité génétique avec les agriculteurs néolithiques maghrébins qui précèdent, suggérant que ces individus représentent une population nord-africaine autochtone »[172]. De manière surprenante, les auteurs notent l'absence d'influence génétique levantine substantielle[172] et proposent comme explications des rites funéraires différents (incinération) ou une colonisation superficielle impliquant peu d'individus phéniciens. Au niveau archéologique, la présence de colons grecs de Sicile à Kerkouane est par ailleurs bien attestée[173],[174],[175]. Selon les auteurs de l'étude, « ces résultats indiquent que les populations autochtones d'Afrique du Nord ont contribué de manière substantielle à la composition génétique [de la population] de Kerkouane »[172]. De plus, les auteurs notent que « la contribution des populations autochtones d'Afrique du Nord dans l'histoire carthaginoise est obscurcie par l'utilisation de termes tels que « Phéniciens occidentaux », et même dans une certaine mesure, « puniques », dans la littérature pour désigner les Carthaginois ». Selon les auteurs, ces termes suggèrent une population principalement coloniale et minimisent le rôle des populations autochtones dans l'empire carthaginois. Les auteurs montrent que les approches génétiques sont bien adaptées pour examiner de telles hypothèses, et que, en réalité, « les populations nord-africaines ont contribué de manière substantielle à la composition génétique des populations des villes carthaginoises »[172].
Anthropologie biologique
[modifier | modifier le code]Une étude de Debbie Guatelli-Steinberg, Joel D. Irish et John R. Lukacs (en) portant sur la morphologie dentaire de populations nord-africaines démontre que les Carthaginois présentent de fortes similarités avec celles-ci et notamment avec les Guanches des îles Canaries[176].
Une étude de Marie-Claude Chamla et Denise Ferembach[177]reprise par S.O.Y. Keita[178] portant sur les affinités des Puniques par rapport à un échantillon de populations anciennes et actuelles du bassin méditerranéen démontre que les populations les plus proches de l'échantillon carthaginois sont les Algériens de l'époque protohistorique (1500 av. J.-C.) et ensuite la série espagnole romaine de Tarragone.
En 2018, une étude de Keita portant sur l'analyse craniométrique de douze crânes carthaginois d'époque « pré-Hannibal » montre que les résultats sont intermédiaires entre les séries phéniciennes et maghrébines avec néanmoins une position plus proche de la série maghrébine et démontre d'après l'auteur que les Carthaginois étaient issus d'un mélange entre Phéniciens et populations locales[179].
Naissance et essor d'une discipline
[modifier | modifier le code]Redécouverte de la civilisation
[modifier | modifier le code]L'intérêt pour le monde phénico-punique est né au XVIIe siècle — avec en particulier le rôle des Phéniciens appréhendé dans la Geographia sacra de Samuel Bochart — mais s'est épanoui surtout aux XVIIIe – XIXe siècles, sous l'angle de l'épigraphie et de la philologie. C'est au XVIIIe siècle qu'a été découverte la stèle de Nora qui fit l'objet de nombreuses études.
La peinture de Turner, Didon construisant Carthage ou l'ascension de l'Empire carthaginois, exposée à la Royal Academy of Arts en 1817, est inspirée de l'Énéide. Elle représente Carthage, fondée par Didon. L'histoire de la montée et de la chute des empires a été un thème qui a préoccupé Turner tout au long de sa vie, et il a peint dix peintures majeures sur le thème de l'empire carthaginois[180]. Il a vu la montée et la chute des empires autrefois grands, comme inévitables[181].
-
Didon construisant Carthage, 1817
National Gallery, Londres. -
Le Déclin de l'empire carthaginois, 1817
Tate Britain, Londres.
Au XIXe siècle, dans le contexte de colonisation contemporaine, de vastes fouilles sont effectuées dans les pays du Maghreb, axées surtout sur l'époque romaine et byzantine, les vestiges de la période antérieure étant moins impressionnants et n'obéissant pas à l'idéologie sous-jacente à ces recherches.
Néanmoins, au début du XXe siècle des découvertes majeures ont lieu comme le tophet de Carthage en 1921 et, avant cette date, il faut signaler le rôle pionnier de Joseph Whitaker à Motyé.
Indépendance de la discipline et apports de l'archéologie
[modifier | modifier le code]Après la dernière période de l'occupation coloniale, avec l'arrivée de chercheurs (comme Gilbert Charles-Picard), la vague des indépendances à partir de 1956 permet l'éclosion d'une école de recherches en Tunisie, représentée notamment par M'hamed Hassine Fantar et Abdelmajid Ennabli. Les fouilles depuis la Libye jusqu'au Maroc, ainsi qu'en Espagne (îles Baléares et Andalousie) et en Italie avec les recherches en Sicile et surtout l'étude à visée exhaustive de la Sardaigne phénico-punique, élargissent considérablement la problématique[182].
Champ d'étude actuel
[modifier | modifier le code]Depuis la fin des années 1970 et la naissance du Congrès international des études phéniciennes et puniques, les savants des divers pays de l'espace punique mettent en place une synergie dans leurs axes de recherche, en particulier les chercheurs italiens de l'Université La Sapienza de Rome (à la suite de Sabatino Moscati), et leurs collègues espagnols et tunisiens.
Stéphane Gsell, dans le tome IV de sa monumentale Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, a des mots très durs sur la civilisation carthaginoise :
« Pour sa part, Carthage a fort peu contribué à la civilisation générale. Son luxe n'a guère été utile à l'art. Nous avons dit ce que son industrie, qui n'inventa rien, se traîna dans la routine, et dont la technique même est soit médiocre, soit mauvaise[183]. »
Les avancées de l'archéologie depuis la seconde moitié du XXe siècle ont permis de nuancer ce propos, qui reste celui d'un homme marqué par le classicisme, car la civilisation carthaginoise n'entre pas dans ce schéma d'une domination des arts majeurs[184] et ne pouvait que difficilement être appréhendée par un savant du premier tiers du XXe siècle, qui a par ailleurs œuvré à la faire sortir de l'oubli.
Les nombreuses expositions ayant eu lieu à partir des années 1980, depuis celle du palais Grassi en 1988 pour ne citer que la plus marquante jusqu'à celle de l'Institut du monde arabe[185] en 2007-2008, démontrent l'intérêt du public pour une civilisation ouverte sur les autres, « entre Orient et Occident » selon Serge Lancel et en ce sens très contemporaine, malgré son « identité ambigüe ».
Notes et références
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- « Punique » veut dire « phénicien » en latin, sachant que le mot « phénicien » vient du grec Φοινικήϊος / Phoinikếïos. Lui-même est fortement lié au mot grec « pourpre » (φοῖνιξ ou phoĩnix), une spécialité phénicienne.
« Les Carthaginois ne sont pas seulement des Phéniciens venus s'installer à l'ouest, comme on l'a souvent dit. Plusieurs données invitent à leur reconnaître une spécificité […] En réalité, la civilisation carthaginoise est le produit d'une hybridation. L'élément phénicien s'est mélangé à l'élément autochtone, qui apparaît sous le nom de libou, « les Libyens ». »
— M'hamed Hassine Fantar, « L'identité carthaginoise est faite de couches multiples », Les Cahiers de Science et Vie, no 104, , p. 25.
« Sur le plan des mœurs et du genre de vie, les Carthaginois étaient demeurés à l'Orient. »
— Hédi Slim, Ammar Mahjoubi, Khaled Belkhoja et Abdelmajid Ennabli, Histoire générale de la Tunisie, t. I : L'Antiquité, Paris, Maisonneuve et Larose, , 459 p. (ISBN 978-2706816956), p. 96.
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- Pour développer cet aspect, consulter en particulier les descriptions des murailles de Carthage.
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- Les installations portuaires ont en effet été attribuées à l'époque fatimide de la cité.
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- Il s'agit de l'hypothèse de nombre d'historiens comme Philippe Leveau ou Jean-Pascal Jospin.
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Bibliographie
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Généralités
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Carthage
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Art et catalogues d'expositions
[modifier | modifier le code]- M'hamed Hassine Fantar, De Carthage à Kairouan : 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, Musée du Petit Palais de la Ville de Paris, 20 octobre 1982-27 février 1983, Paris, Association française d'action artistique, , 280 p. (ISBN 978-2865450152).
- Élisabeth Fontan et Hélène Le Meaux (dir.), La Méditerranée des Phéniciens : de Tyr à Carthage, Paris, Somogy, , 407 p. (ISBN 978-2757201305).
- Sabatino Moscati et Pierre Amiet, Les Phéniciens, Paris, Le Chemin vert, , 590 p. (ISBN 978-2714423788).
- André Parrot, Maurice H. Chéhab et Sabatino Moscati, Les Phéniciens, Paris, Éditions Gallimard, coll. « L'Univers des formes », , 348 p. (ISBN 978-2070118977).
- Collectif, Carthage : l'histoire, sa trace et son écho, Paris, Paris Musées, , 319 p. (ISBN 978-2879001968).
- Collectif, « La Méditerranée des Phéniciens », Connaissance des arts, no 344, (ISSN 0293-9274).
Archéologie
[modifier | modifier le code]- Pierre Cintas, Manuel d'archéologie punique : histoire et archéologie comparées, Paris, Picard, 1970-1976, 928 p.
- Abdelmajid Ennabli, Pour sauver Carthage : exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, Paris/Tunis, Unesco/Institut national d'archéologie et d'art, , 251 p. (ISBN 978-9232027825). .
- Abdelmajid Ennabli, Alain Rebourg et Helmuth Nils Loose, Carthage : le site archéologique, Tunis, Cérès, , 91 p. (ISBN 978-9973700834).
- M'hamed Hassine Fantar, Kerkouane : cité punique au pays berbère de Tamezrat, VIe-IIIe siècle avant J.-C., Tunis, Alif, , 125 p. (ISBN 978-9973221209).
- Jean-Paul Morel (dir.), La Tunisie : carrefour du monde antique, Dijon, Faton, , 135 p. (ISBN 978-2878440201). .
- Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique : de Hannibal à saint Augustin, Paris, Mengès, , 259 p. (ISBN 978-2856204214).
- Collectif, « Carthage, sa naissance, sa grandeur », Archéologie vivante, vol. 1, no 2, 1968-1969.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Histoire
[modifier | modifier le code]- Libyphéniciens
- Histoire de la Sicile phénicienne
- Liste des cités et colonies phéniciennes et puniques
- Civilisations et cultures antiques
Musées abritant des antiquités puniques
[modifier | modifier le code]- Musée national du Bardo (Tunisie)
- Musée national de Carthage
- Musée du Louvre
- Musée archéologique national de Madrid
- Musée archéologique régional Antonino-Salinas
- Musée archéologique national de Cagliari
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :