Unification du Népal

processus politico-militaire de constitution du royaume du Népal entre 1744 et 1816

L'unification du Népal est le processus par lequel, de 1744 à 1816, les petits États occupant le versant méridional de l'Himalaya sont progressivement unis pour former le royaume du Népal. Ce processus est principalement l'œuvre de Prithvi Narayan, qui proclame officiellement l'unité du royaume le et installe la capitale de la nouvelle entité à Katmandou.

Unification du Népal
Carte ancienne d'un pays montagneux
Carte dressée en 1819 du royaume nouvellement uni du Népal
Autre nom नेपालको एकीकरण
Date - (processus)
(proclamation)
Lieu Népal
Résultat Les États népalais son rassemblés en une seule entité, le royaume du Népal, dont Prithvi Narayan devient roi, avec Katmandou pour capitale

Contexte

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Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, le territoire connu postérieurement comme « Népal » est divisé en une cinquantaine de principautés. Le nom « Népal » lui-même ne recouvre que la vallée de Katmandou, divisée entre les royaumes de Katmandou, Lalitpur et Bhatgaon[1].

Le père de Prithvi Narayan, Nara Bhupal (en), roi de Gorkha, échoue lors de son règne à prendre le district de Nuwakot, qui lui aurait permis de contrôler la rive orientale de la rivière Trishuli, dépendant alors du royaume de Katmandou. Son royaume montagneux couvre alors à peine 250 kilomètres carrés[2],[3].

Déroulement

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Tactique et premiers succès

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En 1743, Prithvi Narayan accède au trône de Gorkha et lance une politique de conquête des autres royaumes népalais. Celle-ci se révèle certes efficace d'un point de vue militaire, du fait d'une bonne préparation logistique. Mais l'atout principal de Prithvi Narayan est son sens aigu de la politique, et son jeu permanent entre séduction et autorité. Ainsi, il se fait apprécier de ses soldats en leur offrant la propriété des terres qu'ils conquièrent, ce qui leur donne une motivation à se battre. Surtout, il profite des divisions des Newars, ses adversaires, que l'identité commune ne suffit pas à rassembler. À la brève exception d'un front commun durant l'année 1757, les royaumes Newars négocient séparément avec le roi de Gorkha, ce qui les affaiblit[2].

Prise de Katmandou

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Le , Prithvi Narayan entre dans Katmandou, proclame officiellement l'unité du Népal et fait de la ville conquise sa capitale[2].

Règne de Prothvi Narayan

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Toutefois, la conquête du territoire népalais n'est pas alors achevée. Prothvi Narayan poursuit les opérations militaires qui l'amènent à conquérir Bhaktapur en . Jusqu'à sa mort survenue en 1775, il mène une politique de conquête en direction de l'est du pays ainsi que du Sikkim[2].

Conséquences

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Politiques

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La prise de Katmandou marque l'avènement de la Dynastie Shah. Prithvi Narayan et ses successeurs cherchent à créer une triple unité dans le pays, en valorisant une caste, celle des Khas (en), une langue, le népalais et une religion, l'hindouisme[4],[5].

Sociales et religieuses

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D'un point de vue ethnique et religieux, la mainmise des Gorkhas sur le territoire népalais détruit progressivement, jusqu'à la fin du XIXe siècle, le tissu communautaire préexistant. La structure sociale est redéfinie suivant les principes de l'hindouisme, notamment le système des castes qui viennent bouleverser des populations tibéto-birmanes alors majoritairement bouddhistes. Par ailleurs, les poulations vinacues sont vassalisées, les terres devenant propriété de l'armée victorieuse et les paysans exploitants devenant métayers, versant la moitié de leur récolte en impôts[4],[3].

Historiographie

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Ainsi, la grande politique d'unification du Népal est considérée de manière très différente suivant les populations. L'historiographie officielle en fait le point de départ de l'histoire moderne du pays. Les Newar, en revanche, analysent cette campagne militaire comme la fin de leur époque, une défaite humiliante et le symbole de leur asservissement dans un État dont ils deviennent citoyens de seconde zone. Ce choc dure encore deux siècles plus tard et explique en partie la guerre civile népalaise qui se déroule de 1996 à 2006[6].

Notes et références

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  1. Marc Gaborieau, « Une affaire d’État au Népal. Depuis deux siècles le prosélytisme chrétien et musulman », Archives de sciences sociales des religions, no 87,‎ , p. 57-72 (ISSN 1777-5825, DOI 10.3406/assr.1994.1455, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d (en) John Whelpton, « Unification and sanskritisation : 1743-1885 », dans John Whelpton, A History of Nepal, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 9780521800266, OCLC 1332037280, DOI 10.1017/CBO9781107050860.006, lire en ligne), p. 35-60.
  3. a et b (en) Amish Raj Mulmi, « The Making of the Gorkha Empire: Part I – Land », Record Nepal, (consulté le ).
  4. a et b Brigitte Steinmann, « La révolution au Népal : Mao, les brahmanes et les paysans », Critique internationale, t. 2006-2, no 31,‎ , p. 177-195 (ISSN 1290-7839, DOI 10.3917/crii.031.0177, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Krishna Hachhethu, Nation-building and federalism in Nepal, Oxford, Oxford University Press, , 314 p. (ISBN 9780198872894, présentation en ligne).
  6. Gérard Toffin, « Les enjeux politiques et identitaires du tantrisme dans la vallée de Katmandou, Népal », Archives de sciences sociales des religions, no 99,‎ , p. 33-46 (ISSN 1777-5825, DOI 10.3406/assr.1997.1131, www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1997_num_99_1_1131, consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • [Ludwig F. Stiller 1973] (en) Ludwig F. Stiller, The rise of the House of Gorkha : a study in the unification of Nepal, 1768-1816, New Delhi, Mañjuśrī, coll. « Bibliotheca Himalayica » (no 1-15), , 390 p. (OCLC 1205883)
  • [Kumar Pradhan 1991] (en) Kumar Pradhan, The Gorkha conquests : the process and consequences of the unification of Nepal, with particular reference to eastern Nepal, Oxford, Oxford University Press, coll. « Bibliotheca Himalayica » (no 1-15), , 282 p. (ISBN 9780195627237, OCLC 1126011514)
  • [Ulrich Theobald 2020] (en) Ulrich Theobald, « Tibetan and Qing troops in the Gorkha Wars (1788–1792) as presented in chinese sources: a paradigm shift in military culture », Revue d'études tibétaines, no 53,‎ , p. 114-146 (ISSN 1768-2959)