L’étude de la coroplastie en Gaule romaine s’intéresse aux objets figuratifs fabriqués en argile ... more L’étude de la coroplastie en Gaule romaine s’intéresse aux objets figuratifs fabriqués en argile par modelage et/ou moulage, dont les plus connues sont les figurines en terre cuite. Il s’agit d’une discipline ancienne qui a connu une histoire inégale, entre phases d’intenses productions scientifiques et phases de désintérêt généralisé. La synthèse sur ce thème, publiée en 1993, n’a pas eu le rôle escompté par ses auteurs, celui d’être une étape dans la recherche. Elle a plutôt constitué une « sorte » d’arrêt. Depuis, malgré des découvertes majeures et quelques travaux de recherche important, la discipline semble désertée, ce qui est, bien évidemment, loin d’être le cas !
Ce colloque a pour objectif de relancer l’étude de la coroplastie de la Gaule romaine et de rassembler tous les acteurs de l'archéologie, spécialistes ou non, et de les inviter à présenter des données peu connues ou oubliées. Il ne s’agira pas ici nécessairement de présentation d’études terminées et complètes, mais plutôt d’états des lieux de la recherche qui serviront de point de départ à une nouvelle dynamique de recherche.
Le colloque aura lieu les 13 et 14 septembre 2024 à Autun, dans la salle de l'Hexagone.
Les après-midi seront consacrés aux communications. Le samedi matin sera dédié d'une part, à la découverte du projet du Panoptique - Musée Rolin et d'autre part, à la présentation et à la manipulation d'objets de coroplastie issus des collections d'Autun.
La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’u... more La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’un espace de la ville d’Augustodunum où se côtoyaient tout au long de l’occupation antique habitat et artisanats. Parmi ces derniers, même si la métallurgie (fer et cuivre) est la plus représentée, deux ateliers de potiers ont été mis au jour. L’un d’eux se trouve être l’un des ateliers du coroplastes Pistillus (IIIe s. apr. J.-C.). Associé au mobilier de cette officine, deux objets, interprétés comme des moules à figurines, ont bénéficié d’un nouvel éclairage récent amenant à reconsidérer leur fonction. Le poster proposé ici vise à présenter ces deux objets en les replaçant à la fois dans leur contexte archéologique et dans le champ d’études des moules à pâtisserie. L’analyse succincte du contexte archéologique permettra d’apporter un nouvel éclairage à la datation de ce type d’objet. L’étude iconographique et technique de l’objet, ainsi que sa mise en perspective avec d’autres objets similaires connus dans le monde romain permettra de proposer une approche réactualisée des moules à pâtisserie. Le but n’étant pas de bouleverser les connaissances, il s’agira ici de présenter un nouvel objet de ce domaine assez méconnu et d’attirer l’attention sur ces objets si particuliers.
Les techniques d’acquisition et de modélisation 3D se sont largement développées ces dernières an... more Les techniques d’acquisition et de modélisation 3D se sont largement développées ces dernières années et commencent à être de plus en plus utilisées dans le domaine de l’archéologie. Si l’utilisation de la photogrammétrie est très répandue, les technologies faisant appel à des scanners lasers ou à lumières structurées se démocratisent avec une utilisation orientée vers la médiation et le partage. Les figurines en terre cuite gallo-romaine résultent d’une production en série utilisant des moules bivalves. L’agglomération d’Augustodunum-Autun présente un corpus de coroplastie important avec la présence de trois espaces de productions. Ce travail, réalisé dans le cadre d’un stage, a consisté en la création de modèles numériques tridimensionnels à l’aide d’un scanner à lumière structurée. Les modèles 3D offrent une grande liberté de manipulation et d’analyse qui rendent possibles des comparaisons de surfaces entre des figurines ou des moules entre eux, ou entre des figurines et des moules. Les études réalisées mettent en évidence des liens entre au moins deux ateliers autunois et offrent l’opportunité de mieux caractériser les productions de ces ateliers. Elles permettent d’appréhender les diffusions des figurines au sein des espaces de consommation, à Autun, ou dans d’autres agglomérations. Les modèles tridimensionnels offrent un support de médiation intéressant pour pouvoir présenter les résultats des recherches, mais aussi pour faire découvrir la coroplastie gallo-romaine. L’emploi d’une imprimante 3D permet la manipulation de copies de véritables objets pour une meilleure compréhension.
Bien que les figurines en terre cuite gallo-romaines aient fait l’objet de nombreuses études au X... more Bien que les figurines en terre cuite gallo-romaines aient fait l’objet de nombreuses études au XIXème et dans la seconde moitié du XXème siècle, peu d’études ont été menées récemment. Contrairement aux études anciennes, les recherches récentes s’intéressent aux contextes archéologiques des figurines et non uniquement à leur iconographie. Les recherches menées depuis 2013 sur le secteur de la Genetoye à Autun (Saône-et-Loire, 71) ont permis la mise au jour d’un riche mobilier coroplastique, notamment en 2014 à l’emplacement d’un quartier artisanal. Ce corpus a constitué le point de départ d’une nouvelle étude de ces objets en liens avec leurs contextes archéologiques. Pour mener à bien cette recherche, un inventaire précis et complet des figurines de la Genetoye ainsi que de leurs contextes a été réalisé. La base de données obtenue a été complétée par l’inventaire des figurines servant de comparaison dans ce travail. Un autre aspect des recherches menées est la réalisation de modèles numériques tridimensionnels à l’aide d’un scanner 3D afin de mettre en place de nouvelles méthodologies d’étude des productions coroplastiques gallo-romaines. Ce travail a permis la mise en évidence d’un nouvel atelier de production de figurines à Autun. Ce dernier, à l’extérieur de la ville, est contemporain des deux autres déjà connus, le faubourg d’Arroux et la rue des Pierres. Ils ont fonctionnés entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle ap. J.-C. Autun apparait donc comme un grand centre de production de figurines, et des relations existent avec d’autres ateliers comme celui de Gueugnon et ceux de l’Allier. Ce travail de mémoire permet d’apporter un éclairage nouveau à la fois sur des aspects de production et des aspects de consommation, leur circulation entre les centres de productions et les lieux où elles ont été utilisées.
Majoritairement découvertes depuis le milieu du XIXe siècle, les figurines en terre cuite antique... more Majoritairement découvertes depuis le milieu du XIXe siècle, les figurines en terre cuite antiques des ateliers de la basse vallée de l’Allier sont aussi connues que méconnues. Les travaux de recherches et les publications sur ces objets demeurent aujourd’hui trop rares. De plus, ceux-ci souffrent de nombreux biais induits par l’ancienneté des découvertes, l’absence de documentation et la dispersion d’une partie du mobilier. Cependant, des travaux universitaires récents sur les figurines de Toulon-sur-Allier permettent d’éclairer d’un regard nouveau ces productions. En outre, cet intérêt pour les figurines s’est accru ces dernières années par la mise au jour de nouveaux corpus et d’ateliers inédits, dont ceux de l’agglomération antique d’Augustodunum/Autun. Ces dernières découvertes, ainsi qu’une étude conjointe des figurines toulonnaises et autunoises, mettent en lumière des liens entre ces deux centres de production et offrent aujourd’hui une compréhension sans précédent des dynamiques autour de ces territoires.
Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ... more Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ont révélé un vaste quartier artisanal jouxtant le sanctuaire. Son étude renouvelle la vision des productions artisanales (métallurgie, nombreux ateliers de production de céramiques) jusque-là essentiellement connues au travers des seuls ateliers intramuros. Le mobilier de coroplastie y est riche et abondant. Composé de plus de 800 objets, son étude bouleverse et enrichit nos connaissances dans le domaine, tant sur les productions autunoises qu’à l’échelle régionale (atelier de Gueugnon, ateliers de la vallée de l’Allier). Il permet aussi de mettre en évidence plusieurs espaces de productions et de mieux définir quels furent les thèmes iconographiques produits à Augustodunum-Autun. Son étude met en lumière des phénomènes de déplacement des moules, ce qui n’avait jamais été perçu auparavant. Ce poster aura donc pour vocation de présenter à la fois les premiers résultats de cette vaste étude, mais aussi le potentiel du corpus de figurines et les perspectives qui s’offrent à nous.
Les fouilles archéologiques menées en amont de la construction du tramway à Reims en 2007-2008 on... more Les fouilles archéologiques menées en amont de la construction du tramway à Reims en 2007-2008 ont permis la découverte d’un ensemble de figurines en terre cuite gallo‑romaines. Au sein de ces dernières, une Vénus sous édicule présente un décor inédit, attribuable au potier/coroplaste éduen Pistillus. La dorure apposée sur une partie de sa surface fait de cette figurine un exemplaire unique en Gaule romaine.
Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ... more Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ont révélé un vaste quartier artisanal jouxtant le sanctuaire. Son étude renouvelle la vision des productions artisanales (métallurgie, nombreux ateliers de production de céramiques) jusque-là essentiellement connues au travers des seuls ateliers intramuros. Le mobilier de coroplastie y est riche et abondant. Composé de plus de 800 objets, son étude bouleverse et enrichit nos connaissances dans le domaine, tant sur les productions autunoises qu’à l’échelle régionale (atelier de Gueugnon, ateliers de la vallée de l’Allier). Il permet aussi de mettre en évidence plusieurs espaces de productions et de mieux définir quels furent les thèmes iconographiques produits à Augustodunum-Autun. Son étude met en lumière des phénomènes de déplacement des moules, ce qui n’avait jamais été perçu auparavant. Ce poster aura donc pour vocation de présenter à la fois les premiers résultats de cette vaste étude, mais aussi le potentiel du corpus de figurines et les perspectives qui s’offrent à nous.
La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’u... more La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’un espace de la ville d’Augustodunum où se côtoyaient tout au long de l’occupation antique habitat et artisanats. Parmi ces derniers, même si la métallurgie (fer et cuivre) est la plus représentée, deux ateliers de potiers ont été mis au jour. L’un d’eux se trouve être l’un des ateliers du coroplastes Pistillus (IIIe s. apr. J.-C.). Associé au mobilier de cette officine, deux objets, interprétés comme des moules à figurines, ont bénéficié d’un nouvel éclairage récent amenant à reconsidérer leur fonction. Le poster proposé ici vise à présenter ces deux objets en les replaçant à la fois dans leur contexte archéologique et dans le champ d’études des moules à pâtisserie. L’analyse succincte du contexte archéologique permettra d’apporter un nouvel éclairage à la datation de ce type d’objet. L’étude iconographique et technique de l’objet, ainsi que sa mise en perspective avec d’autres objets similaires connus dans le monde romain permettra de proposer une approche réactualisée des moules à pâtisserie. Le but n’étant pas de bouleverser les connaissances, il s’agira ici de présenter un nouvel objet de ce domaine assez méconnu et d’attirer l’attention sur ces objets si particuliers.
Projet Collectif de Recherche, 2021-2024
Il est régulièrement fait mention dans la littérature a... more Projet Collectif de Recherche, 2021-2024
Il est régulièrement fait mention dans la littérature archéologique de chiens associés à des sépultures humaines, le plus souvent à des sépultures d’enfants (Blaizot 2009).
Plus localement, pour ce qui concerne le bassin clermontois, un rapide tour d’horizon permet de faire émerger des dépôts comparables de chiens, quoiqu’ils paraissent toujours différents dans leur forme et généralement isolés. C’est le cas de l’ensemble funéraire de Champ-Madame à Beaumont (Alfonso, Blaizot 2004 : 176-178) qui livre un crâne de chien et une mandibule, chacun apparaissant dans une sépulture de nourrisson (SP18 et SP15). À Gerzat, sur le site du Pâtural, c’est un chien complet qui a été soigneusement inhumé dans une fosse au sein de la nécropole du Ier siècle de notre ère, dans la proximité immédiate de deux sépultures d’enfants (Foucras 2014 : 262). Au tournant du Ier et IIe s. apr. J.-C., on retrouve le même phénomène sur le site de Riom ZA de Layat où ce sont deux sépultures de canidés qui côtoient une inhumation de nouveau-nés (Segard 2019, Thomson 2019). Enfin, comme on l’a déjà évoqué plus haut, le site de Rochefort à Gerzat livre des associations de chiens et de coq à proximité de restes de nourrissons ; ils se font jour dans un contexte daté de la fin de La Tène ou du début du Ier s. apr. J.-C. (Alfonso et al. 2001 ; Foucras 2011 : 205-206 ; Foucras 2013 : 213).
Mais ce sont les sites de Clermont-Ferrand place des Carmes Déchaux (Foucras, infra) et celui des Queyriaux à Cournon d’Auvergne (Goudemez, infra ; Gleize et al. 2017) qui offrent les exemples le plus spectaculaires d’une pratique utilisant le chien dans l’accomplissement du rite funéraire. Aux Carmes ce sont au moins 17 inhumations de canidés qui sont recensées à proximité d’enfants périnataux. Aux Queyriaux, ce sont 15 autres occurrences. Si ces différents individus ont tous été déposés sur le flanc, on ne connait pas les modalités de leur enfouissement. L’un des points de divergence entre les deux sites semble tenir à l’absence de nourrissons aux Queyriaux, mais cela doit tout de même être nuancé car l’un des canidés (une chienne gravide en SP1378) aurait été « déposée dans la même fosse qu’une jeune enfant » (ibid. : 160).
Bien que l’étude doive encore être poursuivie, on peut d’ores et déjà souligner la contemporanéité de ces deux espaces funéraires et la présence d’animaux entiers ou partiels, au sein même d’une nécropole.
Dans l’agglomération d’Augustonemetum on ne connait pas encore d’exemples comparables, mais une révision des éléments canins mis au jour dans les secteurs funéraires de plusieurs sites clermontois mériterait certainement d’être menée. On pense notamment au site de La Scène Nationale où des sépultures de périnataux ont été découvertes dans les niveaux du IIe s. apr. J.-C. Le mode d’inhumation de ces nourrissons y est strictement identique. Si les études archéozoologiques n’ont pas révélé d’inhumations de chiens à proximité, des restes canins dispersés (dont certains pourraient avoir été en connexions anatomiques) ont bien été mis au jour dans les mêmes contextes que les sépultures (Foucras 2016). Il serait donc utile de vérifier si des occurrences analogues existent sur les occupations voisines, rue de Rabanesse notamment comme dans d’autres secteurs de l’agglomération. Cela pourrait peut-être amener à considérer ces inhumations de chiens comme une pratique courante, accomplie à l’occasion des funérailles de nouveau nés, dans le bassin clermontois voire ailleurs en Gaule.
4. Synthèse : la fonction et la représentation du chien en contexte funéraire à l’époque romaine, quelques éléments de réflexion.
De façon générale, les inhumations de chiens sont rares. En contexte domestique, les carcasses de ces animaux sont évacuées dans les structures détritiques des occupations à l’instar des autres déchets. De fait, lorsque des inhumations de canidés apparaissent, elles relèvent fréquemment de contextes à forte connotation rituelle ou symbolique, dans le cadre de sites funéraires ou cultuels.
Dès la période laténienne, la présence du chien en contexte cultuel est manifeste sur le territoire des Arvernes, cette espèce étant fréquemment associée à l’exercice des rituels. Ainsi, sur les oppida de Corent et de Gergovie, cet animal apparait sous la forme de dépôts au sein même de structures cultuelles où il occupe une place centrale dans le déroulement du rite. Efficient durant la période laténienne, ce type de pratique semble devoir perdurer durant les décennies qui suivent la Conquête, comme on le voit sur le sanctuaire de Gergovie (Foucras 2011 : 185) et ce, en dépit de changements notoires liés au statut de cet animal dont la viande n’est alors plus consommée (ibid. : 136-137).
Concernant le fait funéraire, on retrouve aussi le canidé à Gergovie (fortifications, Lt D2b) où ont été découverts deux dépôts canins à proximité de sépultures humaines, des adultes : l’un prend la forme d’un amas d’ossements dispersés et l’autre consiste en un dépôt de patte postérieure (Foucras 2013 : 211-213).
Mais l’exemple le plus spectaculaire connu en Auvergne demeure certainement celui du site de Champ Roche à Cébazat où ce sont 23 sujets qui ont été découverts (Bidault, infra). Inhumés successivement dans des fosses, elles-mêmes creusées dans le comblement d’un fossé d’enclos, ces canidés ont tous été déposés sur le flanc gauche, les membres légèrement fléchis. Il s’agit d’adultes – certains proches de la sénescence – parmi lesquels aucune femelle n’a été reconnue . Il faut toutefois préciser que la fonction funéraire attribuée à l’enclos et au dépôt canin n’est que supposée par les archéologues en raison de leur proximité avec des sépultures humaines (Delhoofs et al. 2017 : 63-76). L’attribution chronologique demeure par ailleurs mal établie, hésitant entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C. D’ailleurs, pour cette même séquence chronologique, on retrouve un exemple assez comparable dans la plaine de Gondole (commune du Cendre), en contrebas du rempart ouest de l’oppidum gaulois. S’y côtoient sépultures humaines et animales, dont un chien situé à quelques mètres d’une sépulture humaine et à proximité d’enclos dont la fonction reste encore ambigüe (Cabezuelo et al. 2005 : 59).
Ces différents exemples témoignent de l’implication du chien dans les rituels arvernes, avant comme après la conquête romaine. En ce sens, la présence de cet animal au sein d’ensembles funéraires peut paraitre légitime. À ce propos, la fonction psychopompe assignée au canidé dans la culture romaine n’y est probablement pas pour rien : le chien, compagnon fidèle, guide ou protecteur, conserve ses fonctions dans la mort auprès du défunt (Lamarque, infra). On sait, par exemple, qu’il est représenté sur des stèles funéraires d’enfants à Heidelberg en Allemagne (Lepetz 1996 : 149).
En définitive, si ces inhumations de chiens procèdent d’un rite funéraire particulier, force est de constater qu’il est difficile d’en percevoir les modalités tant les variabilités sont grandes. C’est d’ailleurs cette absence de règles communes aux différents cas recensés qui incite à trouver dans cette pratique une croyance populaire à l’œuvre – motivée peut-être par des circonstances particulières – davantage qu’un rituel funéraire établi.
Conclusion
En dépit de leurs dissemblances, ces dépôts de canidés forment un groupe cohérent, inscrit au cœur d’un ensemble funéraire composé d’inhumations d’adultes et de nouveau-nés auxquelles sont associées des dépôts de différentes natures (infra, p.). La localisation de cet espace funéraire, en limite nord-ouest de l’emprise, suggère son développement hors des limites de la zone fouillée. Il convient donc de considérer l’assemblage disponible comme un échantillon d’un ensemble plus vaste. Il faut aussi tenir compte des nombreuses perturbations et destructions liées à des aménagements postérieurs, qui contrarient grandement notre lecture de cet espace funéraire et nous en donne une image qui n’est que partielle.
Cette pratique qui consiste à inhumer des chiens au sein d’un ensemble funéraire n’est pas unique. On la retrouve sur plusieurs sites du Haut-Empire, à l’échelle de la Gaule. En Auvergne, c’est un phénomène qui semble devoir se répéter, mais qui reste encore mal documenté.
Par ailleurs, la réflexion autour du chien et de sa symbolique devrait être élargie à d’autres espèces animales. Sur le site des Queyriaux à Cournon d’Auvergne, la présence du chien dans la nécropole s’accompagne aussi du cheval et du porc.
On le voit, ces inhumations de chiens révèlent un aspect méconnu des pratiques funéraires du Haut-Empire. La reprise d’études de sites de références comme celui des Carmes ou des Queyriaux devrait permettre de mieux comprendre ce dont il s’agit.
L’étude de la coroplastie en Gaule romaine s’intéresse aux objets figuratifs fabriqués en argile ... more L’étude de la coroplastie en Gaule romaine s’intéresse aux objets figuratifs fabriqués en argile par modelage et/ou moulage, dont les plus connues sont les figurines en terre cuite. Il s’agit d’une discipline ancienne qui a connu une histoire inégale, entre phases d’intenses productions scientifiques et phases de désintérêt généralisé. La synthèse sur ce thème, publiée en 1993, n’a pas eu le rôle escompté par ses auteurs, celui d’être une étape dans la recherche. Elle a plutôt constitué une « sorte » d’arrêt. Depuis, malgré des découvertes majeures et quelques travaux de recherche important, la discipline semble désertée, ce qui est, bien évidemment, loin d’être le cas !
Ce colloque a pour objectif de relancer l’étude de la coroplastie de la Gaule romaine et de rassembler tous les acteurs de l'archéologie, spécialistes ou non, et de les inviter à présenter des données peu connues ou oubliées. Il ne s’agira pas ici nécessairement de présentation d’études terminées et complètes, mais plutôt d’états des lieux de la recherche qui serviront de point de départ à une nouvelle dynamique de recherche.
Le colloque aura lieu les 13 et 14 septembre 2024 à Autun, dans la salle de l'Hexagone.
Les après-midi seront consacrés aux communications. Le samedi matin sera dédié d'une part, à la découverte du projet du Panoptique - Musée Rolin et d'autre part, à la présentation et à la manipulation d'objets de coroplastie issus des collections d'Autun.
La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’u... more La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’un espace de la ville d’Augustodunum où se côtoyaient tout au long de l’occupation antique habitat et artisanats. Parmi ces derniers, même si la métallurgie (fer et cuivre) est la plus représentée, deux ateliers de potiers ont été mis au jour. L’un d’eux se trouve être l’un des ateliers du coroplastes Pistillus (IIIe s. apr. J.-C.). Associé au mobilier de cette officine, deux objets, interprétés comme des moules à figurines, ont bénéficié d’un nouvel éclairage récent amenant à reconsidérer leur fonction. Le poster proposé ici vise à présenter ces deux objets en les replaçant à la fois dans leur contexte archéologique et dans le champ d’études des moules à pâtisserie. L’analyse succincte du contexte archéologique permettra d’apporter un nouvel éclairage à la datation de ce type d’objet. L’étude iconographique et technique de l’objet, ainsi que sa mise en perspective avec d’autres objets similaires connus dans le monde romain permettra de proposer une approche réactualisée des moules à pâtisserie. Le but n’étant pas de bouleverser les connaissances, il s’agira ici de présenter un nouvel objet de ce domaine assez méconnu et d’attirer l’attention sur ces objets si particuliers.
Les techniques d’acquisition et de modélisation 3D se sont largement développées ces dernières an... more Les techniques d’acquisition et de modélisation 3D se sont largement développées ces dernières années et commencent à être de plus en plus utilisées dans le domaine de l’archéologie. Si l’utilisation de la photogrammétrie est très répandue, les technologies faisant appel à des scanners lasers ou à lumières structurées se démocratisent avec une utilisation orientée vers la médiation et le partage. Les figurines en terre cuite gallo-romaine résultent d’une production en série utilisant des moules bivalves. L’agglomération d’Augustodunum-Autun présente un corpus de coroplastie important avec la présence de trois espaces de productions. Ce travail, réalisé dans le cadre d’un stage, a consisté en la création de modèles numériques tridimensionnels à l’aide d’un scanner à lumière structurée. Les modèles 3D offrent une grande liberté de manipulation et d’analyse qui rendent possibles des comparaisons de surfaces entre des figurines ou des moules entre eux, ou entre des figurines et des moules. Les études réalisées mettent en évidence des liens entre au moins deux ateliers autunois et offrent l’opportunité de mieux caractériser les productions de ces ateliers. Elles permettent d’appréhender les diffusions des figurines au sein des espaces de consommation, à Autun, ou dans d’autres agglomérations. Les modèles tridimensionnels offrent un support de médiation intéressant pour pouvoir présenter les résultats des recherches, mais aussi pour faire découvrir la coroplastie gallo-romaine. L’emploi d’une imprimante 3D permet la manipulation de copies de véritables objets pour une meilleure compréhension.
Bien que les figurines en terre cuite gallo-romaines aient fait l’objet de nombreuses études au X... more Bien que les figurines en terre cuite gallo-romaines aient fait l’objet de nombreuses études au XIXème et dans la seconde moitié du XXème siècle, peu d’études ont été menées récemment. Contrairement aux études anciennes, les recherches récentes s’intéressent aux contextes archéologiques des figurines et non uniquement à leur iconographie. Les recherches menées depuis 2013 sur le secteur de la Genetoye à Autun (Saône-et-Loire, 71) ont permis la mise au jour d’un riche mobilier coroplastique, notamment en 2014 à l’emplacement d’un quartier artisanal. Ce corpus a constitué le point de départ d’une nouvelle étude de ces objets en liens avec leurs contextes archéologiques. Pour mener à bien cette recherche, un inventaire précis et complet des figurines de la Genetoye ainsi que de leurs contextes a été réalisé. La base de données obtenue a été complétée par l’inventaire des figurines servant de comparaison dans ce travail. Un autre aspect des recherches menées est la réalisation de modèles numériques tridimensionnels à l’aide d’un scanner 3D afin de mettre en place de nouvelles méthodologies d’étude des productions coroplastiques gallo-romaines. Ce travail a permis la mise en évidence d’un nouvel atelier de production de figurines à Autun. Ce dernier, à l’extérieur de la ville, est contemporain des deux autres déjà connus, le faubourg d’Arroux et la rue des Pierres. Ils ont fonctionnés entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle ap. J.-C. Autun apparait donc comme un grand centre de production de figurines, et des relations existent avec d’autres ateliers comme celui de Gueugnon et ceux de l’Allier. Ce travail de mémoire permet d’apporter un éclairage nouveau à la fois sur des aspects de production et des aspects de consommation, leur circulation entre les centres de productions et les lieux où elles ont été utilisées.
Majoritairement découvertes depuis le milieu du XIXe siècle, les figurines en terre cuite antique... more Majoritairement découvertes depuis le milieu du XIXe siècle, les figurines en terre cuite antiques des ateliers de la basse vallée de l’Allier sont aussi connues que méconnues. Les travaux de recherches et les publications sur ces objets demeurent aujourd’hui trop rares. De plus, ceux-ci souffrent de nombreux biais induits par l’ancienneté des découvertes, l’absence de documentation et la dispersion d’une partie du mobilier. Cependant, des travaux universitaires récents sur les figurines de Toulon-sur-Allier permettent d’éclairer d’un regard nouveau ces productions. En outre, cet intérêt pour les figurines s’est accru ces dernières années par la mise au jour de nouveaux corpus et d’ateliers inédits, dont ceux de l’agglomération antique d’Augustodunum/Autun. Ces dernières découvertes, ainsi qu’une étude conjointe des figurines toulonnaises et autunoises, mettent en lumière des liens entre ces deux centres de production et offrent aujourd’hui une compréhension sans précédent des dynamiques autour de ces territoires.
Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ... more Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ont révélé un vaste quartier artisanal jouxtant le sanctuaire. Son étude renouvelle la vision des productions artisanales (métallurgie, nombreux ateliers de production de céramiques) jusque-là essentiellement connues au travers des seuls ateliers intramuros. Le mobilier de coroplastie y est riche et abondant. Composé de plus de 800 objets, son étude bouleverse et enrichit nos connaissances dans le domaine, tant sur les productions autunoises qu’à l’échelle régionale (atelier de Gueugnon, ateliers de la vallée de l’Allier). Il permet aussi de mettre en évidence plusieurs espaces de productions et de mieux définir quels furent les thèmes iconographiques produits à Augustodunum-Autun. Son étude met en lumière des phénomènes de déplacement des moules, ce qui n’avait jamais été perçu auparavant. Ce poster aura donc pour vocation de présenter à la fois les premiers résultats de cette vaste étude, mais aussi le potentiel du corpus de figurines et les perspectives qui s’offrent à nous.
Les fouilles archéologiques menées en amont de la construction du tramway à Reims en 2007-2008 on... more Les fouilles archéologiques menées en amont de la construction du tramway à Reims en 2007-2008 ont permis la découverte d’un ensemble de figurines en terre cuite gallo‑romaines. Au sein de ces dernières, une Vénus sous édicule présente un décor inédit, attribuable au potier/coroplaste éduen Pistillus. La dorure apposée sur une partie de sa surface fait de cette figurine un exemplaire unique en Gaule romaine.
Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ... more Depuis 2013, les fouilles archéologiques conduites à la Genetoye, sur la périphérie nord d’Autun ont révélé un vaste quartier artisanal jouxtant le sanctuaire. Son étude renouvelle la vision des productions artisanales (métallurgie, nombreux ateliers de production de céramiques) jusque-là essentiellement connues au travers des seuls ateliers intramuros. Le mobilier de coroplastie y est riche et abondant. Composé de plus de 800 objets, son étude bouleverse et enrichit nos connaissances dans le domaine, tant sur les productions autunoises qu’à l’échelle régionale (atelier de Gueugnon, ateliers de la vallée de l’Allier). Il permet aussi de mettre en évidence plusieurs espaces de productions et de mieux définir quels furent les thèmes iconographiques produits à Augustodunum-Autun. Son étude met en lumière des phénomènes de déplacement des moules, ce qui n’avait jamais été perçu auparavant. Ce poster aura donc pour vocation de présenter à la fois les premiers résultats de cette vaste étude, mais aussi le potentiel du corpus de figurines et les perspectives qui s’offrent à nous.
La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’u... more La fouille du faubourg d’Arroux à Autun réalisée en 2010 par l’Inrap permit la reconnaissance d’un espace de la ville d’Augustodunum où se côtoyaient tout au long de l’occupation antique habitat et artisanats. Parmi ces derniers, même si la métallurgie (fer et cuivre) est la plus représentée, deux ateliers de potiers ont été mis au jour. L’un d’eux se trouve être l’un des ateliers du coroplastes Pistillus (IIIe s. apr. J.-C.). Associé au mobilier de cette officine, deux objets, interprétés comme des moules à figurines, ont bénéficié d’un nouvel éclairage récent amenant à reconsidérer leur fonction. Le poster proposé ici vise à présenter ces deux objets en les replaçant à la fois dans leur contexte archéologique et dans le champ d’études des moules à pâtisserie. L’analyse succincte du contexte archéologique permettra d’apporter un nouvel éclairage à la datation de ce type d’objet. L’étude iconographique et technique de l’objet, ainsi que sa mise en perspective avec d’autres objets similaires connus dans le monde romain permettra de proposer une approche réactualisée des moules à pâtisserie. Le but n’étant pas de bouleverser les connaissances, il s’agira ici de présenter un nouvel objet de ce domaine assez méconnu et d’attirer l’attention sur ces objets si particuliers.
Projet Collectif de Recherche, 2021-2024
Il est régulièrement fait mention dans la littérature a... more Projet Collectif de Recherche, 2021-2024
Il est régulièrement fait mention dans la littérature archéologique de chiens associés à des sépultures humaines, le plus souvent à des sépultures d’enfants (Blaizot 2009).
Plus localement, pour ce qui concerne le bassin clermontois, un rapide tour d’horizon permet de faire émerger des dépôts comparables de chiens, quoiqu’ils paraissent toujours différents dans leur forme et généralement isolés. C’est le cas de l’ensemble funéraire de Champ-Madame à Beaumont (Alfonso, Blaizot 2004 : 176-178) qui livre un crâne de chien et une mandibule, chacun apparaissant dans une sépulture de nourrisson (SP18 et SP15). À Gerzat, sur le site du Pâtural, c’est un chien complet qui a été soigneusement inhumé dans une fosse au sein de la nécropole du Ier siècle de notre ère, dans la proximité immédiate de deux sépultures d’enfants (Foucras 2014 : 262). Au tournant du Ier et IIe s. apr. J.-C., on retrouve le même phénomène sur le site de Riom ZA de Layat où ce sont deux sépultures de canidés qui côtoient une inhumation de nouveau-nés (Segard 2019, Thomson 2019). Enfin, comme on l’a déjà évoqué plus haut, le site de Rochefort à Gerzat livre des associations de chiens et de coq à proximité de restes de nourrissons ; ils se font jour dans un contexte daté de la fin de La Tène ou du début du Ier s. apr. J.-C. (Alfonso et al. 2001 ; Foucras 2011 : 205-206 ; Foucras 2013 : 213).
Mais ce sont les sites de Clermont-Ferrand place des Carmes Déchaux (Foucras, infra) et celui des Queyriaux à Cournon d’Auvergne (Goudemez, infra ; Gleize et al. 2017) qui offrent les exemples le plus spectaculaires d’une pratique utilisant le chien dans l’accomplissement du rite funéraire. Aux Carmes ce sont au moins 17 inhumations de canidés qui sont recensées à proximité d’enfants périnataux. Aux Queyriaux, ce sont 15 autres occurrences. Si ces différents individus ont tous été déposés sur le flanc, on ne connait pas les modalités de leur enfouissement. L’un des points de divergence entre les deux sites semble tenir à l’absence de nourrissons aux Queyriaux, mais cela doit tout de même être nuancé car l’un des canidés (une chienne gravide en SP1378) aurait été « déposée dans la même fosse qu’une jeune enfant » (ibid. : 160).
Bien que l’étude doive encore être poursuivie, on peut d’ores et déjà souligner la contemporanéité de ces deux espaces funéraires et la présence d’animaux entiers ou partiels, au sein même d’une nécropole.
Dans l’agglomération d’Augustonemetum on ne connait pas encore d’exemples comparables, mais une révision des éléments canins mis au jour dans les secteurs funéraires de plusieurs sites clermontois mériterait certainement d’être menée. On pense notamment au site de La Scène Nationale où des sépultures de périnataux ont été découvertes dans les niveaux du IIe s. apr. J.-C. Le mode d’inhumation de ces nourrissons y est strictement identique. Si les études archéozoologiques n’ont pas révélé d’inhumations de chiens à proximité, des restes canins dispersés (dont certains pourraient avoir été en connexions anatomiques) ont bien été mis au jour dans les mêmes contextes que les sépultures (Foucras 2016). Il serait donc utile de vérifier si des occurrences analogues existent sur les occupations voisines, rue de Rabanesse notamment comme dans d’autres secteurs de l’agglomération. Cela pourrait peut-être amener à considérer ces inhumations de chiens comme une pratique courante, accomplie à l’occasion des funérailles de nouveau nés, dans le bassin clermontois voire ailleurs en Gaule.
4. Synthèse : la fonction et la représentation du chien en contexte funéraire à l’époque romaine, quelques éléments de réflexion.
De façon générale, les inhumations de chiens sont rares. En contexte domestique, les carcasses de ces animaux sont évacuées dans les structures détritiques des occupations à l’instar des autres déchets. De fait, lorsque des inhumations de canidés apparaissent, elles relèvent fréquemment de contextes à forte connotation rituelle ou symbolique, dans le cadre de sites funéraires ou cultuels.
Dès la période laténienne, la présence du chien en contexte cultuel est manifeste sur le territoire des Arvernes, cette espèce étant fréquemment associée à l’exercice des rituels. Ainsi, sur les oppida de Corent et de Gergovie, cet animal apparait sous la forme de dépôts au sein même de structures cultuelles où il occupe une place centrale dans le déroulement du rite. Efficient durant la période laténienne, ce type de pratique semble devoir perdurer durant les décennies qui suivent la Conquête, comme on le voit sur le sanctuaire de Gergovie (Foucras 2011 : 185) et ce, en dépit de changements notoires liés au statut de cet animal dont la viande n’est alors plus consommée (ibid. : 136-137).
Concernant le fait funéraire, on retrouve aussi le canidé à Gergovie (fortifications, Lt D2b) où ont été découverts deux dépôts canins à proximité de sépultures humaines, des adultes : l’un prend la forme d’un amas d’ossements dispersés et l’autre consiste en un dépôt de patte postérieure (Foucras 2013 : 211-213).
Mais l’exemple le plus spectaculaire connu en Auvergne demeure certainement celui du site de Champ Roche à Cébazat où ce sont 23 sujets qui ont été découverts (Bidault, infra). Inhumés successivement dans des fosses, elles-mêmes creusées dans le comblement d’un fossé d’enclos, ces canidés ont tous été déposés sur le flanc gauche, les membres légèrement fléchis. Il s’agit d’adultes – certains proches de la sénescence – parmi lesquels aucune femelle n’a été reconnue . Il faut toutefois préciser que la fonction funéraire attribuée à l’enclos et au dépôt canin n’est que supposée par les archéologues en raison de leur proximité avec des sépultures humaines (Delhoofs et al. 2017 : 63-76). L’attribution chronologique demeure par ailleurs mal établie, hésitant entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C. D’ailleurs, pour cette même séquence chronologique, on retrouve un exemple assez comparable dans la plaine de Gondole (commune du Cendre), en contrebas du rempart ouest de l’oppidum gaulois. S’y côtoient sépultures humaines et animales, dont un chien situé à quelques mètres d’une sépulture humaine et à proximité d’enclos dont la fonction reste encore ambigüe (Cabezuelo et al. 2005 : 59).
Ces différents exemples témoignent de l’implication du chien dans les rituels arvernes, avant comme après la conquête romaine. En ce sens, la présence de cet animal au sein d’ensembles funéraires peut paraitre légitime. À ce propos, la fonction psychopompe assignée au canidé dans la culture romaine n’y est probablement pas pour rien : le chien, compagnon fidèle, guide ou protecteur, conserve ses fonctions dans la mort auprès du défunt (Lamarque, infra). On sait, par exemple, qu’il est représenté sur des stèles funéraires d’enfants à Heidelberg en Allemagne (Lepetz 1996 : 149).
En définitive, si ces inhumations de chiens procèdent d’un rite funéraire particulier, force est de constater qu’il est difficile d’en percevoir les modalités tant les variabilités sont grandes. C’est d’ailleurs cette absence de règles communes aux différents cas recensés qui incite à trouver dans cette pratique une croyance populaire à l’œuvre – motivée peut-être par des circonstances particulières – davantage qu’un rituel funéraire établi.
Conclusion
En dépit de leurs dissemblances, ces dépôts de canidés forment un groupe cohérent, inscrit au cœur d’un ensemble funéraire composé d’inhumations d’adultes et de nouveau-nés auxquelles sont associées des dépôts de différentes natures (infra, p.). La localisation de cet espace funéraire, en limite nord-ouest de l’emprise, suggère son développement hors des limites de la zone fouillée. Il convient donc de considérer l’assemblage disponible comme un échantillon d’un ensemble plus vaste. Il faut aussi tenir compte des nombreuses perturbations et destructions liées à des aménagements postérieurs, qui contrarient grandement notre lecture de cet espace funéraire et nous en donne une image qui n’est que partielle.
Cette pratique qui consiste à inhumer des chiens au sein d’un ensemble funéraire n’est pas unique. On la retrouve sur plusieurs sites du Haut-Empire, à l’échelle de la Gaule. En Auvergne, c’est un phénomène qui semble devoir se répéter, mais qui reste encore mal documenté.
Par ailleurs, la réflexion autour du chien et de sa symbolique devrait être élargie à d’autres espèces animales. Sur le site des Queyriaux à Cournon d’Auvergne, la présence du chien dans la nécropole s’accompagne aussi du cheval et du porc.
On le voit, ces inhumations de chiens révèlent un aspect méconnu des pratiques funéraires du Haut-Empire. La reprise d’études de sites de références comme celui des Carmes ou des Queyriaux devrait permettre de mieux comprendre ce dont il s’agit.
Uploads
Posters
Ce colloque a pour objectif de relancer l’étude de la coroplastie de la Gaule romaine et de rassembler tous les acteurs de l'archéologie, spécialistes ou non, et de les inviter à présenter des données peu connues ou oubliées. Il ne s’agira pas ici nécessairement de présentation d’études terminées et complètes, mais plutôt d’états des lieux de la recherche qui serviront de point de départ à une nouvelle dynamique de recherche.
Le colloque aura lieu les 13 et 14 septembre 2024 à Autun, dans la salle de l'Hexagone.
Les après-midi seront consacrés aux communications. Le samedi matin sera dédié d'une part, à la découverte du projet du Panoptique - Musée Rolin et d'autre part, à la présentation et à la manipulation d'objets de coroplastie issus des collections d'Autun.
Mémoires
Communications
Publications
Accès à l'article : https://gallia.cnrs.fr/publications/gallia/79-1/
Papers
Drafts
Il est régulièrement fait mention dans la littérature archéologique de chiens associés à des sépultures humaines, le plus souvent à des sépultures d’enfants (Blaizot 2009).
Plus localement, pour ce qui concerne le bassin clermontois, un rapide tour d’horizon permet de faire émerger des dépôts comparables de chiens, quoiqu’ils paraissent toujours différents dans leur forme et généralement isolés. C’est le cas de l’ensemble funéraire de Champ-Madame à Beaumont (Alfonso, Blaizot 2004 : 176-178) qui livre un crâne de chien et une mandibule, chacun apparaissant dans une sépulture de nourrisson (SP18 et SP15). À Gerzat, sur le site du Pâtural, c’est un chien complet qui a été soigneusement inhumé dans une fosse au sein de la nécropole du Ier siècle de notre ère, dans la proximité immédiate de deux sépultures d’enfants (Foucras 2014 : 262). Au tournant du Ier et IIe s. apr. J.-C., on retrouve le même phénomène sur le site de Riom ZA de Layat où ce sont deux sépultures de canidés qui côtoient une inhumation de nouveau-nés (Segard 2019, Thomson 2019). Enfin, comme on l’a déjà évoqué plus haut, le site de Rochefort à Gerzat livre des associations de chiens et de coq à proximité de restes de nourrissons ; ils se font jour dans un contexte daté de la fin de La Tène ou du début du Ier s. apr. J.-C. (Alfonso et al. 2001 ; Foucras 2011 : 205-206 ; Foucras 2013 : 213).
Mais ce sont les sites de Clermont-Ferrand place des Carmes Déchaux (Foucras, infra) et celui des Queyriaux à Cournon d’Auvergne (Goudemez, infra ; Gleize et al. 2017) qui offrent les exemples le plus spectaculaires d’une pratique utilisant le chien dans l’accomplissement du rite funéraire. Aux Carmes ce sont au moins 17 inhumations de canidés qui sont recensées à proximité d’enfants périnataux. Aux Queyriaux, ce sont 15 autres occurrences. Si ces différents individus ont tous été déposés sur le flanc, on ne connait pas les modalités de leur enfouissement. L’un des points de divergence entre les deux sites semble tenir à l’absence de nourrissons aux Queyriaux, mais cela doit tout de même être nuancé car l’un des canidés (une chienne gravide en SP1378) aurait été « déposée dans la même fosse qu’une jeune enfant » (ibid. : 160).
Bien que l’étude doive encore être poursuivie, on peut d’ores et déjà souligner la contemporanéité de ces deux espaces funéraires et la présence d’animaux entiers ou partiels, au sein même d’une nécropole.
Dans l’agglomération d’Augustonemetum on ne connait pas encore d’exemples comparables, mais une révision des éléments canins mis au jour dans les secteurs funéraires de plusieurs sites clermontois mériterait certainement d’être menée. On pense notamment au site de La Scène Nationale où des sépultures de périnataux ont été découvertes dans les niveaux du IIe s. apr. J.-C. Le mode d’inhumation de ces nourrissons y est strictement identique. Si les études archéozoologiques n’ont pas révélé d’inhumations de chiens à proximité, des restes canins dispersés (dont certains pourraient avoir été en connexions anatomiques) ont bien été mis au jour dans les mêmes contextes que les sépultures (Foucras 2016). Il serait donc utile de vérifier si des occurrences analogues existent sur les occupations voisines, rue de Rabanesse notamment comme dans d’autres secteurs de l’agglomération. Cela pourrait peut-être amener à considérer ces inhumations de chiens comme une pratique courante, accomplie à l’occasion des funérailles de nouveau nés, dans le bassin clermontois voire ailleurs en Gaule.
4. Synthèse : la fonction et la représentation du chien en contexte funéraire à l’époque romaine, quelques éléments de réflexion.
De façon générale, les inhumations de chiens sont rares. En contexte domestique, les carcasses de ces animaux sont évacuées dans les structures détritiques des occupations à l’instar des autres déchets. De fait, lorsque des inhumations de canidés apparaissent, elles relèvent fréquemment de contextes à forte connotation rituelle ou symbolique, dans le cadre de sites funéraires ou cultuels.
Dès la période laténienne, la présence du chien en contexte cultuel est manifeste sur le territoire des Arvernes, cette espèce étant fréquemment associée à l’exercice des rituels. Ainsi, sur les oppida de Corent et de Gergovie, cet animal apparait sous la forme de dépôts au sein même de structures cultuelles où il occupe une place centrale dans le déroulement du rite. Efficient durant la période laténienne, ce type de pratique semble devoir perdurer durant les décennies qui suivent la Conquête, comme on le voit sur le sanctuaire de Gergovie (Foucras 2011 : 185) et ce, en dépit de changements notoires liés au statut de cet animal dont la viande n’est alors plus consommée (ibid. : 136-137).
Concernant le fait funéraire, on retrouve aussi le canidé à Gergovie (fortifications, Lt D2b) où ont été découverts deux dépôts canins à proximité de sépultures humaines, des adultes : l’un prend la forme d’un amas d’ossements dispersés et l’autre consiste en un dépôt de patte postérieure (Foucras 2013 : 211-213).
Mais l’exemple le plus spectaculaire connu en Auvergne demeure certainement celui du site de Champ Roche à Cébazat où ce sont 23 sujets qui ont été découverts (Bidault, infra). Inhumés successivement dans des fosses, elles-mêmes creusées dans le comblement d’un fossé d’enclos, ces canidés ont tous été déposés sur le flanc gauche, les membres légèrement fléchis. Il s’agit d’adultes – certains proches de la sénescence – parmi lesquels aucune femelle n’a été reconnue . Il faut toutefois préciser que la fonction funéraire attribuée à l’enclos et au dépôt canin n’est que supposée par les archéologues en raison de leur proximité avec des sépultures humaines (Delhoofs et al. 2017 : 63-76). L’attribution chronologique demeure par ailleurs mal établie, hésitant entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C. D’ailleurs, pour cette même séquence chronologique, on retrouve un exemple assez comparable dans la plaine de Gondole (commune du Cendre), en contrebas du rempart ouest de l’oppidum gaulois. S’y côtoient sépultures humaines et animales, dont un chien situé à quelques mètres d’une sépulture humaine et à proximité d’enclos dont la fonction reste encore ambigüe (Cabezuelo et al. 2005 : 59).
Ces différents exemples témoignent de l’implication du chien dans les rituels arvernes, avant comme après la conquête romaine. En ce sens, la présence de cet animal au sein d’ensembles funéraires peut paraitre légitime. À ce propos, la fonction psychopompe assignée au canidé dans la culture romaine n’y est probablement pas pour rien : le chien, compagnon fidèle, guide ou protecteur, conserve ses fonctions dans la mort auprès du défunt (Lamarque, infra). On sait, par exemple, qu’il est représenté sur des stèles funéraires d’enfants à Heidelberg en Allemagne (Lepetz 1996 : 149).
En définitive, si ces inhumations de chiens procèdent d’un rite funéraire particulier, force est de constater qu’il est difficile d’en percevoir les modalités tant les variabilités sont grandes. C’est d’ailleurs cette absence de règles communes aux différents cas recensés qui incite à trouver dans cette pratique une croyance populaire à l’œuvre – motivée peut-être par des circonstances particulières – davantage qu’un rituel funéraire établi.
Conclusion
En dépit de leurs dissemblances, ces dépôts de canidés forment un groupe cohérent, inscrit au cœur d’un ensemble funéraire composé d’inhumations d’adultes et de nouveau-nés auxquelles sont associées des dépôts de différentes natures (infra, p.). La localisation de cet espace funéraire, en limite nord-ouest de l’emprise, suggère son développement hors des limites de la zone fouillée. Il convient donc de considérer l’assemblage disponible comme un échantillon d’un ensemble plus vaste. Il faut aussi tenir compte des nombreuses perturbations et destructions liées à des aménagements postérieurs, qui contrarient grandement notre lecture de cet espace funéraire et nous en donne une image qui n’est que partielle.
Cette pratique qui consiste à inhumer des chiens au sein d’un ensemble funéraire n’est pas unique. On la retrouve sur plusieurs sites du Haut-Empire, à l’échelle de la Gaule. En Auvergne, c’est un phénomène qui semble devoir se répéter, mais qui reste encore mal documenté.
Par ailleurs, la réflexion autour du chien et de sa symbolique devrait être élargie à d’autres espèces animales. Sur le site des Queyriaux à Cournon d’Auvergne, la présence du chien dans la nécropole s’accompagne aussi du cheval et du porc.
On le voit, ces inhumations de chiens révèlent un aspect méconnu des pratiques funéraires du Haut-Empire. La reprise d’études de sites de références comme celui des Carmes ou des Queyriaux devrait permettre de mieux comprendre ce dont il s’agit.
Ce colloque a pour objectif de relancer l’étude de la coroplastie de la Gaule romaine et de rassembler tous les acteurs de l'archéologie, spécialistes ou non, et de les inviter à présenter des données peu connues ou oubliées. Il ne s’agira pas ici nécessairement de présentation d’études terminées et complètes, mais plutôt d’états des lieux de la recherche qui serviront de point de départ à une nouvelle dynamique de recherche.
Le colloque aura lieu les 13 et 14 septembre 2024 à Autun, dans la salle de l'Hexagone.
Les après-midi seront consacrés aux communications. Le samedi matin sera dédié d'une part, à la découverte du projet du Panoptique - Musée Rolin et d'autre part, à la présentation et à la manipulation d'objets de coroplastie issus des collections d'Autun.
Accès à l'article : https://gallia.cnrs.fr/publications/gallia/79-1/
Il est régulièrement fait mention dans la littérature archéologique de chiens associés à des sépultures humaines, le plus souvent à des sépultures d’enfants (Blaizot 2009).
Plus localement, pour ce qui concerne le bassin clermontois, un rapide tour d’horizon permet de faire émerger des dépôts comparables de chiens, quoiqu’ils paraissent toujours différents dans leur forme et généralement isolés. C’est le cas de l’ensemble funéraire de Champ-Madame à Beaumont (Alfonso, Blaizot 2004 : 176-178) qui livre un crâne de chien et une mandibule, chacun apparaissant dans une sépulture de nourrisson (SP18 et SP15). À Gerzat, sur le site du Pâtural, c’est un chien complet qui a été soigneusement inhumé dans une fosse au sein de la nécropole du Ier siècle de notre ère, dans la proximité immédiate de deux sépultures d’enfants (Foucras 2014 : 262). Au tournant du Ier et IIe s. apr. J.-C., on retrouve le même phénomène sur le site de Riom ZA de Layat où ce sont deux sépultures de canidés qui côtoient une inhumation de nouveau-nés (Segard 2019, Thomson 2019). Enfin, comme on l’a déjà évoqué plus haut, le site de Rochefort à Gerzat livre des associations de chiens et de coq à proximité de restes de nourrissons ; ils se font jour dans un contexte daté de la fin de La Tène ou du début du Ier s. apr. J.-C. (Alfonso et al. 2001 ; Foucras 2011 : 205-206 ; Foucras 2013 : 213).
Mais ce sont les sites de Clermont-Ferrand place des Carmes Déchaux (Foucras, infra) et celui des Queyriaux à Cournon d’Auvergne (Goudemez, infra ; Gleize et al. 2017) qui offrent les exemples le plus spectaculaires d’une pratique utilisant le chien dans l’accomplissement du rite funéraire. Aux Carmes ce sont au moins 17 inhumations de canidés qui sont recensées à proximité d’enfants périnataux. Aux Queyriaux, ce sont 15 autres occurrences. Si ces différents individus ont tous été déposés sur le flanc, on ne connait pas les modalités de leur enfouissement. L’un des points de divergence entre les deux sites semble tenir à l’absence de nourrissons aux Queyriaux, mais cela doit tout de même être nuancé car l’un des canidés (une chienne gravide en SP1378) aurait été « déposée dans la même fosse qu’une jeune enfant » (ibid. : 160).
Bien que l’étude doive encore être poursuivie, on peut d’ores et déjà souligner la contemporanéité de ces deux espaces funéraires et la présence d’animaux entiers ou partiels, au sein même d’une nécropole.
Dans l’agglomération d’Augustonemetum on ne connait pas encore d’exemples comparables, mais une révision des éléments canins mis au jour dans les secteurs funéraires de plusieurs sites clermontois mériterait certainement d’être menée. On pense notamment au site de La Scène Nationale où des sépultures de périnataux ont été découvertes dans les niveaux du IIe s. apr. J.-C. Le mode d’inhumation de ces nourrissons y est strictement identique. Si les études archéozoologiques n’ont pas révélé d’inhumations de chiens à proximité, des restes canins dispersés (dont certains pourraient avoir été en connexions anatomiques) ont bien été mis au jour dans les mêmes contextes que les sépultures (Foucras 2016). Il serait donc utile de vérifier si des occurrences analogues existent sur les occupations voisines, rue de Rabanesse notamment comme dans d’autres secteurs de l’agglomération. Cela pourrait peut-être amener à considérer ces inhumations de chiens comme une pratique courante, accomplie à l’occasion des funérailles de nouveau nés, dans le bassin clermontois voire ailleurs en Gaule.
4. Synthèse : la fonction et la représentation du chien en contexte funéraire à l’époque romaine, quelques éléments de réflexion.
De façon générale, les inhumations de chiens sont rares. En contexte domestique, les carcasses de ces animaux sont évacuées dans les structures détritiques des occupations à l’instar des autres déchets. De fait, lorsque des inhumations de canidés apparaissent, elles relèvent fréquemment de contextes à forte connotation rituelle ou symbolique, dans le cadre de sites funéraires ou cultuels.
Dès la période laténienne, la présence du chien en contexte cultuel est manifeste sur le territoire des Arvernes, cette espèce étant fréquemment associée à l’exercice des rituels. Ainsi, sur les oppida de Corent et de Gergovie, cet animal apparait sous la forme de dépôts au sein même de structures cultuelles où il occupe une place centrale dans le déroulement du rite. Efficient durant la période laténienne, ce type de pratique semble devoir perdurer durant les décennies qui suivent la Conquête, comme on le voit sur le sanctuaire de Gergovie (Foucras 2011 : 185) et ce, en dépit de changements notoires liés au statut de cet animal dont la viande n’est alors plus consommée (ibid. : 136-137).
Concernant le fait funéraire, on retrouve aussi le canidé à Gergovie (fortifications, Lt D2b) où ont été découverts deux dépôts canins à proximité de sépultures humaines, des adultes : l’un prend la forme d’un amas d’ossements dispersés et l’autre consiste en un dépôt de patte postérieure (Foucras 2013 : 211-213).
Mais l’exemple le plus spectaculaire connu en Auvergne demeure certainement celui du site de Champ Roche à Cébazat où ce sont 23 sujets qui ont été découverts (Bidault, infra). Inhumés successivement dans des fosses, elles-mêmes creusées dans le comblement d’un fossé d’enclos, ces canidés ont tous été déposés sur le flanc gauche, les membres légèrement fléchis. Il s’agit d’adultes – certains proches de la sénescence – parmi lesquels aucune femelle n’a été reconnue . Il faut toutefois préciser que la fonction funéraire attribuée à l’enclos et au dépôt canin n’est que supposée par les archéologues en raison de leur proximité avec des sépultures humaines (Delhoofs et al. 2017 : 63-76). L’attribution chronologique demeure par ailleurs mal établie, hésitant entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C. D’ailleurs, pour cette même séquence chronologique, on retrouve un exemple assez comparable dans la plaine de Gondole (commune du Cendre), en contrebas du rempart ouest de l’oppidum gaulois. S’y côtoient sépultures humaines et animales, dont un chien situé à quelques mètres d’une sépulture humaine et à proximité d’enclos dont la fonction reste encore ambigüe (Cabezuelo et al. 2005 : 59).
Ces différents exemples témoignent de l’implication du chien dans les rituels arvernes, avant comme après la conquête romaine. En ce sens, la présence de cet animal au sein d’ensembles funéraires peut paraitre légitime. À ce propos, la fonction psychopompe assignée au canidé dans la culture romaine n’y est probablement pas pour rien : le chien, compagnon fidèle, guide ou protecteur, conserve ses fonctions dans la mort auprès du défunt (Lamarque, infra). On sait, par exemple, qu’il est représenté sur des stèles funéraires d’enfants à Heidelberg en Allemagne (Lepetz 1996 : 149).
En définitive, si ces inhumations de chiens procèdent d’un rite funéraire particulier, force est de constater qu’il est difficile d’en percevoir les modalités tant les variabilités sont grandes. C’est d’ailleurs cette absence de règles communes aux différents cas recensés qui incite à trouver dans cette pratique une croyance populaire à l’œuvre – motivée peut-être par des circonstances particulières – davantage qu’un rituel funéraire établi.
Conclusion
En dépit de leurs dissemblances, ces dépôts de canidés forment un groupe cohérent, inscrit au cœur d’un ensemble funéraire composé d’inhumations d’adultes et de nouveau-nés auxquelles sont associées des dépôts de différentes natures (infra, p.). La localisation de cet espace funéraire, en limite nord-ouest de l’emprise, suggère son développement hors des limites de la zone fouillée. Il convient donc de considérer l’assemblage disponible comme un échantillon d’un ensemble plus vaste. Il faut aussi tenir compte des nombreuses perturbations et destructions liées à des aménagements postérieurs, qui contrarient grandement notre lecture de cet espace funéraire et nous en donne une image qui n’est que partielle.
Cette pratique qui consiste à inhumer des chiens au sein d’un ensemble funéraire n’est pas unique. On la retrouve sur plusieurs sites du Haut-Empire, à l’échelle de la Gaule. En Auvergne, c’est un phénomène qui semble devoir se répéter, mais qui reste encore mal documenté.
Par ailleurs, la réflexion autour du chien et de sa symbolique devrait être élargie à d’autres espèces animales. Sur le site des Queyriaux à Cournon d’Auvergne, la présence du chien dans la nécropole s’accompagne aussi du cheval et du porc.
On le voit, ces inhumations de chiens révèlent un aspect méconnu des pratiques funéraires du Haut-Empire. La reprise d’études de sites de références comme celui des Carmes ou des Queyriaux devrait permettre de mieux comprendre ce dont il s’agit.