Longtemps attribué à Jean-Baptiste van Loo ou à Pierre Gobert, ce tableau doit être rendu à un peintre moins célèbre, Stiémart. Dérivé du portrait de la duchesse de Bourgogne par Santerre (Versailles, MV 2117), l’artiste n’ayant changé que le visage du modèle qui ne lui accorda sans doute pas de séances de pose, ce tableau représente la princesse polonaise qu’épousa Louis XV en 1725, vêtue d’une robe en brocart d’or, portant manteau fleurdelysé. Il s’agit de l’un des premiers portraits officiels de la reine Marie, vraisemblablement vers 1726. Fille du roi de Pologne Stanislas Leszczinski (1677-1766) et de son épouse Catherine Opalinska (1680-1747), elle connut une enfance troublée du fait de l’éviction de son père du trône de Pologne. Le mariage fut arrangé de façon à faire entrer la Lorraine dans le royaume de France, car il avait été envisagé de créer Stanislas duc de Lorraine, ce qu’il devint en 1737. Douce et effacée, d’un visage assez ingrat, Marie était plus âgée de sept ans que son royal époux. Ayant eu le malheur de lui avoir donné un fils dès 1729, le dauphin Louis, père de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, elle fut vite éloignée de la cour. Louis XV l’installa à Trianon en 1741, sous prétexte de la rapprocher de son père qui y séjournait fréquemment, installé dans l’ancien appartement de Madame de Maintenon, fumant sa pipe enveloppé dans une grande robe de chambre. Le duc de Luynes relève dans ses Mémoires sur la cour de Louis XV : « On sut hier que le roi avait donné à la reine le château de Trianon, c’est-à-dire la permission d’en faire l’usage qu’elle voudra ». Elle avait eu à choisir entre Marly, Trianon, la Ménagerie de Versailles et Meudon. C’est semble-t-il le cardinal de Fleury qui lui avait conseillé Trianon. Marie s’installa dans l’appartement de l’aile gauche, deuxième appartement de Louis XIV puis du Grand Dauphin, et y fit placer en 1744 un taffetas chiné « fond blanc à fleurs aurore, vert et blanc ». Cependant, le roi ayant souhaité en 1749 utiliser Trianon pour ses propres besoins et ceux de Madame de Pompadour, la reine fut priée de repartir à Versailles. Cependant, en 1752, le duc de Luynes rapporte qu’on lui aménagea un appartement à Trianon-sous-Bois, auprès de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, et de son amie la duchesse de Luynes. Très cultivée, parlant plusieurs langues, portée sur les arts et la décoration, la reine Marie était aussi très pieuse, sans doute afin d’atténuer ses peines conjugales. Délaissée, elle s’entoura en effet d’un cercle restreint d’amis, au sein desquels figuraient Maurepas ainsi que le duc et la duchesse de Luynes.
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