Longtemps ridiculisée, la traditionnelle poutine québécoise a gagné ses lettres de noblesse au cours des dernières années, si bien qu'elle est aujourd'hui présentée comme un plat national... canadien. Une forme d'appropriation culturelle, estime un chercheur québécois.
Nicolas Fabien-Ouellet est étudiant à la maîtrise à l’Université du Vermont. Il vient de publier un article Poutine Dynamics à l'occasion du Congrès annuel des sciences humaines à l’Université Ryerson de Toronto. Son texte a fait grand bruit cette semaine au Canada anglais, mais ici aussi après la publication d'un article du National Post.(nouvelle fenêtre)
Le chercheur le spécifie d’emblée : l’appropriation culturelle de la poutine n’est en rien liée à sa consommation et sa popularité à l’extérieur du Québec. Son constat? Le Canada s'en approprie la paternité alors qu’elle a longtemps servi à ridiculiser les Québécois.
« La poutine a été élaborée à la fin des années 50. Pour le plus clair de son existence, elle a été utilisée pour se moquer et stigmatiser la société québécoise. Le mets a été ridiculisé, notamment par les Français, notamment au Canada. »
Par la suite, la poutine a été diabolisée au cours des années 2000, perçue comme symbole de la malbouffe au moment où la société opérait un virage santé.
Pour le chercheur, l’appartenance de la poutine est indissociable du contexte sociohistorique dans lequel elle a évolué. Sa « canadianisation » crée une « dilution de la culture québécoise au sein d’une culture dominante ».