Héraldique médiévale

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 mai 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Coat of Arms of Joan of Arc (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Armoiries de Jeanne d'Arc
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

L'héraldique, c'est-à-dire l'utilisation d'armoiries héritées et d'autres symboles pour montrer l'identité personnelle et la lignée familiale, commença sur les champs de bataille du milieu du XIIe siècle EC, comme moyen facile d'identifier la royauté médiévale et les princes qui étaient autrement méconnaissables sous leur armure. Au XIIIe siècle, la pratique s'était répandue aux nobles et aux chevaliers qui commençaient à être fiers de porter les couleurs et les armoiries de leurs ancêtres. Les boucliers et les tuniques étaient particulièrement utiles pour afficher des symboles tels que les lions, les aigles, les croix et les formes géométriques. Comme de plus en plus de chevaliers employaient des armoiries, elles durent devenir plus sophistiquées afin de les différencier, et l'utilisation de l'héraldique s'est même répandue dans des institutions telles que les universités, les guildes et les villes. La pratique se poursuit encore aujourd'hui, avec de nombreux pays ayant des collèges officiels d'armes qui attribuent aux individus et aux institutions de nouvelles armes, et bien que le chevalier médiéval ait disparu depuis longtemps, le symbolisme de l'héraldique reste un spectacle courant, des logos d'entreprise aux badges des équipes sportives.

Hérauts

Au Moyen Age, l'héraldique était connue sous le nom d'armurerie (armoirie en vieux français) et elle se distingue des autres symboles plus anciens portés par les guerriers sur le champ de bataille parce que les armes héraldiques étaient à la fois personnelles et héréditaires. Le nom héraldique dérive des hérauts, les responsables de l'inscription et de la proclamation des emblèmes héraldiques, en particulier lors des tournois médiévaux. Dans les tournois, un grand nombre de chevaliers se battaient dans des simulacres de batailles de cavalerie ou joutaient les uns contre les autres, et c'était le travail des hérauts d'annoncer la venue d'un tournoi, d'indiquer les règles en vertu desquelles il se tiendrait et de transmettre les défis émis par un chevalier à un autre.

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C'était la tâche des hérauts de garder la trace de toutes les armoiries et de pouvoir identifier quelles armes appartenaient à quel nom.

C'était surtout la tâche des hérauts de garder une trace de toutes les armoiries et de pouvoir identifier quelles armes appartenaient à quel nom, peut-être les énumérer dans un «recueil d'armes». Au XIVe siècle EC, une fois que les seigneurs se rendirent compte que les hérauts et leur connaissance approfondie des personnes pouvaient être une source d'information très utile sur qui exactement ils combattaient lors des batailles, le statut des hérauts ne cessa de croître. Les hérauts portaient une tunique courte (tabard) brodée des armes de leur maître. Les hérauts servaient aussi de messagers et étaient libres de se déplacer en toute sécurité en temps de guerre. Finalement, les hérauts organisaient des événements aussi importants que des mariages et des funérailles pour la royauté et la noblesse. L'étude spécialisée des armes familiales, connue sous le nom d'héraldique, était maintenant pleinement établie, et elle était devenue une science sociale avec son propre vocabulaire, son histoire, ses règles et ses qualités sociales.

À partir du XVe siècle, les hérauts et apprentis hérauts (poursuivants d'armes) étaient employés dans des collèges d'armes, qui réglaient les différends relatifs aux armes incompatibles et examinaient les allégations de certains d'en posséder une. Il y avait toute une série de règles et de conventions spécifiques de l'héraldique, et ce sont ces collèges de hérauts qui remplaçaient le monarque en ce qui concernait le pouvoir d'accorder ou d'enlever des armes (en raison de lâcheté ou de crimes graves). En Angleterre, par exemple, la fonction était, et l'est encore, toujours exercée par le Royal College of Arms, situé on ne peut mieux à Queen Victoria Street, à Londres. De tels offices aidaient à dissiper la confusion qui se produisait par quiconque, même les paysans, créant leurs propres armoiries, et ils accumulaient des registres détaillés de toutes les armes qui avaient été créées dans leur juridiction. Le plus ancien recueil d'armes anglais connu date d'environ 1244 EC. Actuellement conservé à la British Library, il s'agit d'une seule feuille, peinte des deux côtés par Mathew Paris et montrant 75 armoiries en commençant par celles du roi.

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Herald of Arms
Héraut d'armes
Unknown Artist (Public Domain)

L'évolution de l'héraldique

L'héraldique médiévale est née au XIIe siècle EC, alors que les guerriers - d'abord les rois, puis aussi les chevaliers - cherchaient à montrer à leurs adversaires exactement qui se trouvait caché derrière l'armure. L'idée était que lorsque l'ennemi voyait le motif des trois lions de Richard Ier ou le bouclier noir du Prince Noir, ils tremblaient de peur en sachant qu'ils n'étaient pas sur le point de combattre n'importe quel vieux chevalier. Les serviteurs d'un chevalier et les chevaliers qui combattaient pour un baron ou un autre noble pouvaient aussi porter les armoiries et les couleurs de leur maître sur des livrées spécialement conçues.

L'étape suivante fut les enfants de guerriers célèbres réutilisant les armoiries de leur père et l'idée d'un symbole héréditaire se développa avec même les filles ayant le droit de porter les armoiries de leurs parents. Le premier exemple reconnu de transmission d'un blason d'une génération à une autre est celui de Geoffroy, comte d'Anjou (mort en 1151 EC) et de son petit-fils Guillaume de Longue-Epée (ou Longespée, décédé en 1226 EC), qui avaient tous deux six lions rampants sur le bouclier sculpté sur leurs tombes.

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Les premiers modèles

Les premiers symboles d'identification ne devaient pas être très compliqués, en effet, la simplicité et l'audace les rendaient d'autant plus visibles sur le champ de bataille. L'endroit le plus évident et le plus frappant pour porter l'identification était le bouclier, qui pouvait porter une seule couleur spécifique ou deux couleurs séparées par une ligne horizontale, verticale ou diagonale. Puis, à mesure que de plus en plus de chevaliers adoptaient cette nouvelle tendance, les armoiries durent devenir plus variées pour conserver leur but d'identification. En conséquence, non seulement les couleurs, mais aussi les symboles furent adoptés. Par exemple, les lions, les aigles, les outils, les fleurs, les croix et les étoiles étaient tous des choix populaires. Les symboles étaient parfois stylisés parce qu'ils devaient être reconnaissables à distance et s'intégrer dans la forme particulière d'un bouclier. De plus, certaines couleurs n'étaient pas mélangées, ce qui aurait rendu difficile l'identification du bouclier (p. ex. noir sur violet et vice-versa)

Coat of Arms of Anne of Brittany
Armoiries d'Anne de Bretagne
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

L'étape suivante consistait à créer une combinaison unique de ces motifs avec certaines couleurs. Une autre source de variété était le mariage de deux familles et leurs armoiries pouvaient être mélangées (composition) - d'un simple moitié-moitié à l'inclusion d'une version miniature dans un coin de l'autre. Des symboles étaient également ajoutés aux armoiries pour indiquer les descendants d'un détenteur d'armes, par exemple une ligne blanche à travers le bouclier pour indiquer un premier fils qui avait autrement les mêmes armoiries que son père. De même, un blason pouvait porter un symbole supplémentaire pour indiquer que le titulaire était un fils illégitime du porteur original des armes.

Les armoiries pouvaient être reproduites sur d'autres accessoires de guerre tel que sur l'avant et l'arrière des surmanteaux, des pennons et des couvre-chevaux.

Usages des armes

Les armoiries pouvaient être reproduites sur d'autres accessoires de guerre, comme sur le devant et à l'arrière des surmanteaux (une longue robe sans manches attachée à la taille et portée sur une armure), des pennons (drapeaux triangulaires de lance), des couvre-chevaux, des bannières et accrochés sous les trompettes des hérauts. Bien que rare parce qu'elle coûtait cher, certains chevaliers avaient leurs armoiries gravées sur leur armure. Cependant, les armoiries n'étaient pas seulement utiles en temps de guerre. Elles étaient un bon moyen d'identifier les concurrents dans les tournois médiévaux et les chevaliers devaient souvent accrocher leurs armoiries devant l'auberge où ils séjournaient pendant l'événement. De cette pratique, l'idée d'une enseigne permanente de l'auberge s'est concrétisée, ce qui explique pourquoi bon nombre des plus anciens pubs d'Angleterre ont des noms tels que The Red Lion (Lion Rouge), Rose et Crown (Rose et Couronne), Black Swan (Cygne Noir) et White Horse (Cheval Blanc), tous des symboles héraldiques classiques.

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Les armoiries pouvaient figurer dans les documents officiels, où elles étaient souvent utilisées comme sceaux au lieu de signatures, et elles étaient peintes sur les murs de la résidence, apparaissaient dans les vitraux des églises, étaient sculptées dans la pierre sur les extérieurs des bâtiments, peintes sur de la vaisselle et, bien sûr, étaient représentées sur la tombe de la personne qui avait eu le privilège de les porter quand elle était en vie. La forme en bouclier a toujours été conservée et même développée au fur et à mesure que les dessins de boucliers réels changèrent au fil des siècles. Lorsque le bouclier devint superflu au XVe siècle EC, grâce à une armure de plaques totale, les modèles d'armoiries devinrent de plus en plus fantaisistes et le bouclier plus élaboré. Cependant, le bouclier classique en forme de cerf-volant, bien qu'un peu plus écrasé, reste le favori des hérauts aujourd'hui encore. Les exceptions notables sont les armes des femmes qui, à partir du XIVe siècle EC, commencèrent à porter leurs propres armoiries, typiquement en forme de losange.

Pontbriand Coat of Arms
Armoiries de Pontbriand
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

À mesure que l'héraldique évoluait et qu'il devenait plus important de montrer la lignée familiale que de s'identifier sur un champ de bataille, les armoiries devinrent de plus en plus impressionnantes et complexes. Ces dispositifs sont connus comme de vraies réussites en termes héraldiques. Non plus une simple forme de bouclier, ils ont des supports de chaque côté tenant le bouclier (lions, licornes, chevaliers, etc.), le bouclier peut être surmonté d'un casque à crête et même d'une couronne pour les familles royales. Des volutes telles que des arrangements de feuilles compliqués entourent le bouclier et une devise peut être ajoutée en-dessous qui encapsule un dicton familial ou commémore un événement mémorable de leur histoire.

Termes héraldiques et conventions de motifs

L'héraldique emploie une vaste gamme de vocabulaire spécifique afin que les armoiries puissent être décrites avec précision en mots (un blason). Le bouclier, connu sous le nom de champ, est divisé en zones spécifiques telles que le haut (chef), le milieu (flanc) et le fond (base). Le côté droit du bouclier est la dextre et le côté gauche la senestre, avec la droite et la gauche étant du point de vue de quelqu'un tenant le bouclier par derrière, comme dans la bataille. Les couleurs utilisées dans un bouclier sont connues sous le nom d'émaux et ont leurs propres noms héraldiques. Les couleurs utilisées à l'époque médiévale étaient généralement limitées à :

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  • Or (jaune) - or
  • Argent (blanc) - argent
  • Rouge - gueules
  • Noir - sable
  • Vert - sinople
  • Violet - pourpre

Le vert et le pourpre étaient moins couramment utilisés que les autres, tandis qu'au XVe siècle, la mûre et l'orange (orangé) furent ajoutés à la liste. Un arrière-plan alternatif à la couleur était les fourrures, c'est-à-dire des dessins qui ressemblent aux fourrures qui étaient couramment utilisées dans les vêtements aristocratiques médiévaux. Les deux plus populaires étaient l'hermine avec de nombreuses petites pointes de queue noires et le vair (de l'écureuil) qui était représenté par divers motifs blancs et bleus.

13th Century CE Roll of Arms
Armoiries du XIIIe siècle de notre ère
Mathew Paris (Public Domain)

Pour augmenter les combinaisons, le bouclier était divisé (séparé) en différentes zones de couleur par une seule ligne verticale (le parti), horizontale (le coupé) ou diagonale (le plié ou le tranché). Alternativement, le bouclier était divisé en quatre blocs (quartiers), avait un chevron, ou était divisé en quatre (sautoir) ou huit triangles (gironné). Ces huit variantes standard ont finalement évolué vers un nombre beaucoup plus important de divisions et de conceptions. La ligne de séparation entre les zones de couleur pouvait également être modifiée pour fournir encore plus de variété, devenant, par exemple, ondulée, crénelée ou en zigzag. Une autre variante était de donner au bouclier une bordure ou d'imposer des lignes épaisses de couleur telles que des rayures, des chevrons, des croix et des formes en Y.

Une autre forme d'identité populaire sur les boucliers était d'utiliser des motifs animés (oiseaux et animaux) ou inanimés (objets quotidiens comme des éperons, des marteaux, des haches, etc.). Les monstres de la mythologie ne sont généralement apparus sur les armoiries qu'après la période médiévale.

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La description des armoiries devait être précise afin que les artistes puissent les reproduire sans une source visuelle plus coûteuse. C'est pourquoi une convention de description se développa, où les éléments constituant les armoiries étaient toujours décrits dans l'ordre suivant et leur position exacte notée :

  1. le champ et ses divisions (historique)
  2. les pièces honorables (lignes)
  3. les meubles (objets)
  4. les meubles sur pièce honorable
  5. les pièces secondaires
  6. les meubles sur pièce secondaire

L'héraldique se développe encore aujourd'hui, bien sûr, et s'est étendue de l'individu au groupe avec des clubs, des équipes sportives et même des entreprises créant tous leurs propres badges d'identité. Les collèges d'armes continuent d'émettre de nouvelles armoiries pour les familles, bien que le processus puisse être long et coûteux de sorte que, même dans les sociétés socialement plus mobiles du monde moderne, il y a encore une certaine distinction et un cachet à pouvoir en posséder. Les armoiries sont encore visibles partout où elles envoient des messages visuels clairs tels que ceux qui proclament l'autorité de l'État sur les uniformes militaires et les billets de banque, ceux qui favorisent la qualité et l'histoire comme sur la porcelaine fine et les denrées alimentaires, et ceux qui favorisent la fierté civique tels que les fontaines et monuments commémoratifs de guerre.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, mai 22). Héraldique médiévale [Medieval Heraldry]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16983/heraldique-medievale/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Héraldique médiévale." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 22, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16983/heraldique-medievale/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Héraldique médiévale." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 mai 2018. Web. 03 nov. 2024.

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