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Difficultés pour 20 % des caves coopératives françaises : 50 % dans le Rhône, 40 % à Bordeaux, 37 % en Occitanie...
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Difficultés pour 20 % des caves coopératives françaises : 50 % dans le Rhône, 40 % à Bordeaux, 37 % en Occitanie...

100 caves voient leurs situations financières se dégrader et pourraient se casser la figure alors qu’elles représentent 20 % des coopératives vinicoles. Une demande de fonds de restructuration de 25 millions €/an est portée alors que les coûts économiques et sociaux de ces défaillances seraient massifs sur les territoires.
Par Alexandre Abellan Le 31 octobre 2024
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Difficultés pour 20 % des caves coopératives françaises : 50 % dans le Rhône, 40 % à Bordeaux, 37 % en Occitanie...
« Si jamais trop de coopératives s’écroulent, ça serait un château de carte : tout s’effondrerait » prévient Ludovic Roux. - crédit photo : Adobe Stock (citron34)
A

nnoncée depuis de lons mois, la fragilisation économique de la filière vin se confirme et se concrétise. D’après les estimations des Vignerons Coopérateurs, il y aurait plus d’une centaine de caves en grande difficulté, ce qui représenterait plus de 20 % des entreprises coopératives de la filière vin. Cette part des caves dans l’impasse financière bondit à 37 % en Occitanie, 40 % à Bordeaux et 50 % dans la vallée du Rhône. « C’est un premier état des lieux macro des caves coop pour chiffrer ce que pouvait représenter le besoin de restructuration que nous ressentions sans pouvoir l’évaluer » explique Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, notant que les caves languedociennes, bordelaises et rhodaniennes sont particulièrement fragiles à cause de leurs productions majoritairement de vins rouges.

Reconnaissant que le tableau n’est pas particulièrement reluisant, le viticulteur de Saint-Mont (Gers) prévient que ce portrait va encore se dégrader : « d’une façon évidente, la succession d’aléas et la faiblesse des rendements 2024 ne vont faire qu’empirer la situation. À la fin, des vignerons qui ne vendangent pas font que les cuves restent vides, que les charges de structure augmentent mécaniquement alors qu’en face se trouvent des difficultés de commercialisation, des vins en stock qui vieillissent plus ou moins bien… Et l’activité des caves coopératives va être conditionnée par la campagne d’arrachage qui se met en place. »

Financer l’arrêt des sites qui ferment

Demandant depuis le début de l’année, et le salon Wine Paris de février, un soutien des pouvoirs publics pour restructurer les outils coopératifs en sous-performance économique et en surcapacité volumique, la coopération viticole a été entendue par un député au moins : Jean-René Cazeneuve (Gers, Ensemble pour la République), qui portait ce lundi 28 octobre, lors de l’examen en commission du projet de loi de finances pour 2025, un amendement dégageant « une enveloppe de 75 millions d’euros sur 3 ans, dont 25 millions en 2025. Ces subventions sont indispensables pour augmenter les fonds propres afin de compenser le différentiel de charges et autres coûts d’absorption entre absorbé et absorbant ou encore pour financer l’arrêt des sites qui ferment. »

Mobilisé pour un vote dans l’hémicycle lors de l’examen en commission des finances, Jean-René Cazeneuve n’a pu défendre son amendement, qui est tombé, mais indique à Vitisphere compter le représenter en séance et le défendre directement auprès du gouvernement (en cas de recours à l’article 49.3 de la Constitution). « Il faut accompagner cette phase de transition » pointe le député gascon, pointant qu’« avec le recul consommation, les aléas climatiques nous avons un certain nombre de coopératives qui perdent des viticulteurs et ont un déficit d’adaptation de leur modèle économique ».

Il ne faut pas avoir peur de prononcer certains mots

Poussant ses demandes, la coopération appelle le législateur et l’exécutif à adopter ses fonds pour éviter que la situation n’empire et ne débouche sur des impasses. « On est encore dans bon timing par apport au grand boum qu’il risque d’y avoir » analyse Joël Boueilh, évoquant sans ambages « cette déflagration qui va inévitablement prendre des caves coopératives et mener à des fusions et des absorptions… Il ne faut pas avoir peur de prononcer certains mots. Ils ne sont pas tabous. Ce qui importe, c’est le maintien des vignerons en place. »

Restructuration nécessaire, mais pas suffisante

« Il faut retrouver de la rentabilité : restructurer les coops ne suffira pas, mais ce sera un outil » pose Ludovic Roux, le président de Vigneron Coopérateur d’Occitanie. Soulignant qu’« il y a des coopératives en nombre non négligeable qui sont en grande difficultés, voire en cessation de paiement, et beaucoup d’autres semblent être dans des situations inextricables », le viticulteur du Minervois (Aude) pointe qu’« avec quelques modifications comptables et moyennant une restructuration globale, on pourrait limiter grandement la casse. Il y a urgence à bouger. Si l’on attend trop, cela peut empêcher des fusions. Un actif négatif ne peut pas fusionner. »

Globalement, les fusions ne vont pas tout résoudre prévient Ludovic Roux, soulignant par exemple que le diviseur de coût des volumes ne diminue pas énormément après une fusion : « il ne faut pas rêver, mais une fusion donne de la capacité à investir, plus de personnel de qualité, de nouveaux accès à des marchés fermés faute de de volume… » Menant des discussions avec d’autres structures coopératives pour renforcer sa propre cave (Terroirs du Vertige, à Talairan), Ludovic Roux appelle les entreprises à s’armer d’outils performants pour affronter les défis actuels et futurs. De quoi en finir avec les lignes d’embouteillage en surcapacité ? « Notre capacité industrielle va au-delà de notre réel besoin. Il y a certainement eu des erreurs » esquisse-t-il, estimant que la seule réponse stratégique valable sera d’aboutir à un outil permettant d’optimiser le service aux viticulteurs adhérents d’investir pour l’avenir.

Je ne sais pas si les pouvoirs publics ont bien conscience de l’urgence

Des plans sociaux aux procédures collectives, les conséquences des difficultés économiques pour les coopératives sont menaçantes. « L’onde de choc peut être importante. C’est pour ça que nous avons souhaité prendre les devants » relève Joël Bouielh, qui appelle à la mobilisation des députés, des sénateurs et des ministres. « Il faut qu’ils aient conscience des conséquences massives que des caves coopératives qui se cassent la gueule pourraient avoir sur les bassins viticoles » pointe le vigneron gascon, qui appelle à des avancées sur l’aide à la restructuration, mais aussi sur l’année blanche d’amortissement, les Organisations de Producteurs les prêts garantis et les travaux du Groupe de Haut Niveau européen (notamment pour parler dans les interprofessions de prix rémunérateur, en dérogeant au droit de la concurrence). « Je ne sais pas si les pouvoirs publics ont bien conscience de l’urgence » soupire Joël Boueilh. « S’il n’y a pas de retour à la rentabilité dans les prochains mois, il va y avoir de la casse » confirme Ludovic Roux, qui appelle à la mobilisation : « nous sommes un service public qui amène de la valeur. Les coopératives sont non délocalisables et leurs fonds propres sont non distribuables. »

 

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Tous les commentaires (10)
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augustin Le 06 décembre 2024 à 11:07:01
tour de piste ce matin avec une cadre de biz France en charge de la promotion des vins français à l etranger : les marchés traditionnels ont tendance à se fermer et les nouveaux potentiels restent pour le moment hermétiques ,aussi bien pour les caves particulières que pour les coopératives ... Il va donc nous falloir bien du talent de l énergie du budget et tout simplement du temps pour vendre en lAmérique latine , au continent indien ou encore retourner au pays du soleil levant . Tout ceci s organise , se planifie... mais comment effectivement garder l initiative si ces entités sont au bord du dépôt de bilan ? Pouvoirs publics comme réseaux bancaires doivent concrétiser leurs promesses de début d annee 2024 et remettre une pièce dans le jugke box 2025 .Même le très radin m Musk à su le faire en réinjectant du cash dans sa filiale Space x.... au moment même où les prototypes de ses fusées explosaient les unes après les autres ... Resultat : aujourd hui ls satellites starlink tournent de plus en plus nombreux autour de nos tetes ...Notre filière doit reprendre l initiative et aller vers le grand export : nos concurrents le font , c est à nous de jouer et c est desormais très urgent !
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Vigneron Le 06 novembre 2024 à 20:56:30
La coopération viticole, c'est un peu comme l'administration publique, sauf qu'il n'y a pas l'Etat pour renflouer les caisses. A l'inverse, ds entrepreneurs talentueux ont pu developper leur marque et faire fortune grâce a un gros travail de commercialisation et d'adaptation de leur produit au marché.
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tchoo Le 05 novembre 2024 à 11:35:18
Vous savez que la coopération vinicole est le prolongement de l'exploitation avec mise en commune de moyens de productions viniques et de commercialisation. Ces outils au service des viticulteurs adhérents ont pris le virage de la qualité des produits, il y a longtemps, contrairement à ce que croit encore certain, resté dans une vision antérieure. Quand la commercialisation s 'arrête, tout comme le viticulteur indépendant, l'argent ne rentre plus, mais les charges a payer demeurent. Les caves coopératives ont longtemps amortis les chocs de sous commercialisation et de sous productions, mais arrive un moment où cet effet s'estompe. Nous y sommes, tout comme vont disparaitre pas mal de producteur, des caves coopératives vont aussi sombrer, reste que des restructurations/fusions vont devoir reprendre (il y en a eu déjà beaucoup) pour préserver ce et ceux qu'il sera possible de préserver
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Ali Le 04 novembre 2024 à 19:47:38
Je l'ai déjà dis à maintes reprises ici, le marché du vin n'est pas une exception, il dépend de l'offre et la demande, si la demande s'effondre il faut soit s'adapter ou se transformer soit mourir ,je n'ai pas de solutions toutes faites mais certaines régions( que je ne citerais pas) en France Italie ou Espagne y arrivent très bien, et dans chaque région certains producteurs et negoces s'en sortent très bien ;c'est peut-être un exemple à suivre.....
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Vigneron Le 01 novembre 2024 à 16:16:08
Le modèle coopératif fondé sur les gros volumes a prix bas a marché fut un temps. Maintenant le consommateur recherche de la qualité et une marque reconnue, ce a quoi le modèle coopératif n'a pas su s'adapter. Commercialiser un produit ne se limite pas à proposer un volume et un prix mais demande un effort de longue haleine, vu les volumes a commercialiser, et certains directeurs de cave coopérative n'ont pas été a la hauteur pour cela. Il faut assumer après les pots cassés en arrêtant de se cacher derrière l'excuse de "c'est la faute au marché". La coopération implique de partager les bénéfices comme les galères, et les directeurs doivent prendre leurs responsabilités en arrêtant de faire porter le chapeau aux vignerons.
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VignerondeRions Le 01 novembre 2024 à 11:05:22
Relire l'interview de Monsieur Roux il y a 24 mois dans Vitisphère. Quand les gens de la vigne n'ont pas de vision à 24 mois comment voulez vous que cela fonctionne, sachant qu'avant de récolter une grappe il faut 3 ans... Le système électoral des représentants de filière a vécu, ils niaient en bloc la réalité et les faits, ils nous ont fait perdre 4 ans minimum, en mettant sur le dos du Covid les avertissements du marché. Nous devons entamer une refonte globale, afin d'avoir de réel contre pouvoir permettant de dire stop avant d'être au fond du trou.
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Michel Eric Le 01 novembre 2024 à 09:11:31
A Bordeaux, les caves supposées en difficulté sont dirigées par des responsables historiques qui reportent leur incompétence sur le contexte économique. Si les adhérents ne se réveillent pas pour changer de direction, on ne pourra rien pour eux. Lèves toi et marches, lèves toi et prends des responsabilités ! C'est l'heure du dégagisme.
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Le Grand Le 31 octobre 2024 à 17:54:01
Je me positionnerai comme caviste, car je ne vis pas au sein d'une coopérative, donc je me garderai bien d'aller sur ce terrain interne. Perso, je porte un regard bienveillant sur le rôle des coopératives, mais sommes-nous de nombreux cavistes à le voir sous cet angle ? Là est la question. Elles sont la proie de nombreux préjugés, parfois à tort dans certains contextes où elles peuvent être préférées à des domaines dits plus réputés. Des vins corrects , à très corrects, sont de plus en plus proposés par les coopératives à des prix défiant toute concurrence. Oui, sans grande complexité , dira-t-on , car on y presse en masse, toutes parcelles mélangées. D'accord. Mais leur offre ouvre de belles perspectives aussi pour un caviste , en campagne, s'il prend la peine de les faire découvrir dans les festivités, les repas, les bars à vin populaires , s'il ne veut pas à tout prix rester confiné dans les vins élitistes et s'il ne se refuse pas à en faire la promotion dans un cadre bien mieux et plus adapté qu'on ne croit : les vins de coops sont souvent les seuls à pouvoir bien répondre à une demande de tarif démocratique tout en laissant aux organisateurs de festivités une marge bénéficitaire possible de 100 %, sans pour autant virer dans la "piquette". Et ce marché annuel peut s'avérer très intéressant, assez lucratif, d'autant que le plaisir de boire un bon vin à petit prix touche beaucoup plus de monde qu'on ne croit. En greffant ce marché dans mon activité de caviste, je ne peux qu'aider les coopératives : où tous ces viticulteurs mettront-ils leurs raisins si ces portes se ferment ? Si l' on pose sur les tables populaires, des vins bien faits issus des coops, on voit qu'au fil des années à l'occasion d'une même festivité, la consommation de vins augmente, concurrence la bière et se régénère. C'est ainsi que je conçois aussi mon métier, car tout un chacun a droit à un bon vin, quel qu'en soit le prix, Et qui plus est en un milieu qui pourrait boire n'importe quoi sous prétexte que ce n'est pas cher. Et ces vins agréables, peu chers, les coops les ont, il faut juste prendre le temps de les dénicher, certes, mais c'est notre boulot. Il n'y a pas de sots consommateurs de vins, il y a juste des gens qui ne peuvent les découvrir qu'en fonction de leur budget. A nous de les y aider. Cela dit, je m'étonne de voir le pourcentage des coops rhodaniennes en peine (50%), car l'offre est bonne et plusieurs ont totalement rénové , agrandi ou reconstruit leur caveau en 3 fois plus grand ? Peut-être sont-elles trop concentrées sur une même zone ? Certaines fusionnent d'ailleurs, mais sera-ce suffisant ? Je terminerai en lançant un "petit pavé dans la marre" : on ne sent pas toujours un personnel motivé à l'accueil des coops..., une grosse faille au regard des domaines voisins. Cela aussi, c'est important !
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Renaud Le 31 octobre 2024 à 14:05:06
À Bdx certains annoncent encore que le système coopératif ne peut tomber car il y aurait trop d'inertie ?.. ce à quoi j'ai répondu : Rome et Constantinople sont tombés. Déni ou incompétence ?
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bill et boule Le 31 octobre 2024 à 13:46:59
Les coopératives doivent arrêter de tourner autour du pot. Il est bien trop tard la plupart du temps pour un règlement amiable ou même une sauvegarde. Le droit des sociétés impose aux dirigeants de mettre la structure concernée en cessation de paiement pour obtenir un éventuel règlement judiciaire. Les termes "on va se casser la figure" ou bien "on est en faillite" sont inadéquats et il va falloir apprendre à appeler un chat un chat. Une lj peut suivre le rj et alors c est le licenciement immédiat de tous les salariés... et probablement la vente aux enchères de tous les actifs, sans oublier la mise en cause des associés si la structure juridique du débiteur le permets.Le reste c est un peu du blabla, dangereux qui plus est... Sommes effectivement au bord du gouffre, depuis le temps qu on le dit. Paris, Bruxelles on fait quoi hors arrachage ? .
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