Mars Express apparaît comme un ovni dans les dernières sorties du cinéma français : une intrigue de film noir sur fond d'esthétique cyberpunk qui se déroule en l'an 2200 sur la planète mars... Comment ce film de SF d'un nouveau genre nous invite-t-il à repenser notre rapport à la terre ?
Un film de science-fiction sélectionné au festival de Cannes
Je suis allée voir le film “Mars Express” sorti ce mercredi, un film d’animation français - sélectionné au festival de Cannes - qui résonne particulièrement avec le thème de cette émission, car l'intrigue se déroule en 2 200 sur la planète mars.
Dans ce long métrage survolté qui est un mélange entre film policier et science-fiction, le spectateur est invité à suivre les aventures de deux détectives privés, Aline Ruby (avec la voix de Léa Drucker) et son partenaire, un être robotique du nom de Carlos Rivera, un duo attachant lancé à la poursuite d’une étudiante disparue dans de mystérieuses conditions.
En plantant le décor sur une cité martienne en 2200, le réalisateur nous plonge dans un univers cyberpunk particulièrement angoissant : la capitale martienne, Noctis, est une cité-buildings régie par des entrepreneurs corrompus dans laquelle le vivant est recréé de manière artificielle - le ciel est projeté sur des écrans-toits – et où les inégalités sont criantes : les plus pauvres sont reléguées dans des espaces non-habités, au cœur des falaises rocheuses et désertiques de la planète mars. Pour compléter ce décor dystopique, les humains cohabitent avec des robots, pour la plupart des personnes décédées dont la conscience a été sauvegardée et replacée dans une enveloppe humanoïde, et cette cohabitation génère des interactions particulièrement violentes.
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Une œuvre qui questionne l'habitabilité de notre planète
Comme dans les œuvres de space opera, les humains se retrouvent dans cette cité martienne, car notre terre est devenue inhabitable. Et cette question de l’habitabilité réapparaît tout au long du film : la terre est vivement critiquée par les habitants de Mars qui n’y retournent qu’en cas d’extrême nécessité, et des extraits de journaux télévisés rappellent que les hommes sont encore en quête de planètes habitables pour les accueillir dans les années à venir, révélant les velléités d’expansion sans limites de l’homme dans l’univers.
Et c’est cette question de l’habitabilité qui fait de cette œuvre de SF une œuvre particulièrement en lien avec son temps. Si le réalisateur met en scène le principe de mobilité spatiale – comme tant d’œuvres de science-fiction avant lui – il adresse une charge critique contre cette mobilité. Sans vous spoiler la fin du film, les humains ont beau changé de planète, ils continuent à reproduire les comportements qui rendent leurs environnements inhabitables : la recherche de profit et surtout, le refus de l'altérité. Une charge critique que l’on aimerait voir se généraliser dans les œuvres de SF futures, pour pourquoi pas, mettre un terme à l’utopie techno-solutionniste qui se cache encore dans l’imaginaire de la conquête spatiale.
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