Automobile Il y a 100 ans, Bugatti dévoile la Type 35 et écrase la concurrence

Nous sommes en 1924, Ettore Bugatti ne recule devant aucun défi. Lorsqu’il présente sa nouvelle voiture, la Bugatti Type 35, il surprend ses rivaux par la qualité de son design et de son ingénierie. Ce sont ensuite ses améliorations constantes qui les prennent au dépourvu. Mais ils n’ont encore rien vu, c’est en compétition que cette Type 35 va devenir une légende.

Nicolas LAPERRUQUE - 26 mai 2024 à 06:05 - Temps de lecture :
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La Type 35 

Équipée d'un moteur huit cylindres de 1 991 cm³, la première Type 35 possède une puissance de 90 ch en 1924. Début 1926, son moteur est porté à 2 262 cm³.

Appelée Type 35T pour « Targa », l'amélioration des performances qui en résulte permet au nouveau modèle de remporter la célèbre course Targa Florio en Italie, suivie de deux Type 35 équipées de moteurs plus petits. La victoire est retentissante, à une époque où cette course est suivie dans toute l’Europe.

Faire évoluer la machine

 Malgré cette victoire, Ettore Bugatti est persuadé qu’il faut être encore plus performant à l'avenir.

Et il sait également que ces performances ne peuvent être atteintes par la simple augmentation de la capacité du moteur huit cylindres à aspiration naturelle. Il doit continuer à développer sa Type 35 pour résister aux assauts de la concurrence.

 “Ce n'est un secret pour personne qu'Ettore Bugatti préférait les moteurs à aspiration naturelle et qu'il n'était, à l’origine, pas un adepte de la suralimentation, qui était relativement inefficace”, explique Luigi Galli, Spécialiste Héritage et Certification chez Bugatti.

“Mais ce que l'on sait peut-être moins, c'est que malgré sa préférence pour les moteurs à aspiration naturelle, Bugatti portait son regard vers l'avenir et vers l'induction forcée avec les compresseurs avant même que la Type 35 ne fasse ses débuts au Grand Prix de Lyon, en août 1924.”

La Type 35 donne lieu à de nombreuses innovations. Photo Bugati

La Type 35 donne lieu à de nombreuses innovations. Photo Bugati

Le compresseur, bien avant le turbo

 Le 22 janvier 1924, Bugatti dépose le brevet français numéro 576.182 pour un « Compresseur ou pompe à palettes » qui peut fournir, à la demande, une puissance supplémentaire en forçant de l'air sous pression dans le carburateur.

Un principe encore utilisé aujourd’hui dans l’industrie automobile, tout comme une autre innovation d’Ettore à cette époque, le collecteur d'admission des gaz d'échappement dorénavant chauffé par le liquide de refroidissement du moteur. Il se réchauffe ainsi beaucoup plus rapidement, ce qui lui procure une plus grande efficacité tout en contribuant à un meilleur refroidissement du moteur lui-même.

 Une légende

 Introduite fin 1926, la Type 35TC pour « Targa Compressor » devient Type 35B en 1927. Équipée d’un radiateur et d’un capot plus large pour un meilleur refroidissement, la Type 35B fait 130 ch et monte à 205 km/h, une sacré performance pour l’époque.

Le développement du véhicule se poursuit jusqu’à la fin des années 1930, lorsque la Type 35B devient ce que beaucoup considèrent comme sa version la plus optimale, avec son moteur à double arbre à cames et ses deux soupapes par cylindre.

Un siècle plus tard, la Bugatti Type 35 est toujours une des plus recherchées. Son prix, si vous en trouvez une, pourra dépasser les trois millions d’euros.