Cadreum’s review published on Letterboxd:
Œuvre où l'horreur est prétexte à explorer les abîmes de la foi et du doute. Regan, figure innocente, se transforme en champ de bataille spirituel, où Karras, le prêtre ébranlé par ses propres doutes, incarne l’humanité vacillante face au mal. Le film ne montre pas un mal purement effrayant, mais un mal qui interroge la rédemption, le sacrifice et la foi comme forces de résistance. La lumière crue, presque religieuse, qui découpe les visages dans des jeux d’ombre et de lumière, reflète cette dualité fondamentale, renforcée par les maquillages et effets sur Regan, image d'une déshumanisation progressive.
Plongée dans l'Amérique des années 1970, L’Exorciste révèle la perte de repères religieux et sociaux dans un monde en quête de sens. La possession devient ici une métaphore des bouleversements culturels et spirituels d'une époque marquée par l'effondrement des certitudes. Les effets spéciaux, novateurs, soulignent cette peur de l'inconnu, où le corps même devient un terrain d’angoisse, échappant aux normes et aux lois de la science.
Friedkin utilise l'horreur non comme une finalité, mais comme un outil pour explorer l'intangible, l'invisible qui ronge les âmes et les esprits d’une société en pleine désillusion.