Nosferatu

Nosferatu

Œuvre pionnière du cinéma expressionniste allemand et adaptation non autorisée du roman Dracula. Le film revisite le mythe du vampire, initié par la littérature, pour interroger sur les préoccupations d'après-guerre.

Sur le plan technique, Murnau utilise des jeux d’ombres et de lumières pour renforcer la présence spectrale et menaçante du comte Orlok. Chaque ombre projetée et l'architecture crée un environnement où la réalité semble distordue. L'ombre de Nosferatu qui grimpe lentement sur les murs évoque cela, une terreur silencieuse qui envahit la psyché des personnages. Murnau exploite aussi des techniques novatrices pour l'époque, comme la surimpression et le négatif inversé, pour insister sur l'irréalité du monde de Nosferatu et renforcer le sentiment de cauchemar éveillé. Ce choix visuel accentue l’idée d’un être hors des conventions spatio-temporelles.

Sur le plan symbolique, Nosferatu lui-même représente une figure de la peste et de la mort, faisant écho aux peurs collectives d'antan. La ville envahie par Orlok symbolise ainsi l’intrusion d’un mal inarrêtable, allégorie du désespoir de la société post-guerre, mais symbolise aussi l’inexorabilité du mal et de la mort, incarnant l’idée de la fatalité et de l’horreur qui s’infiltre dans l’espace domestique. En même temps, le film peut être lu comme une critique de la peur de l'« autre », Orlok incarnant un étranger venu de l’Est qui introduit désordre et terreur, un thème récurrent dans l’Europe des années 1920.

Enfin, Nosferatu questionne aussi les dynamiques de pouvoir et de séduction, alors que le vampire exerce une fascination presque érotique et destructrice sur ses victimes. La structure narrative du film, opposant Hutter et Orlok dans une lutte qui les dépasse, explore les thèmes de la pureté sacrificielle, du désir incontrôlable, et de l’amour comme ultime rempart contre la mort.

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