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Books (as author) by Nadja Cohen
Art machinique de l'image-mouvement, le cinéma intéresse des poètes novateurs comme Apollinaire e... more Art machinique de l'image-mouvement, le cinéma intéresse des poètes novateurs comme Apollinaire et les surréalistes et constitue une mutation anthropologique qui pèse sur le devenir de la poésie. Cet ouvrage, tiré d'une thèse de doctorat soutenue en 2010, analyse les liens entre poètes et cinéma en étudiant des textes méconnus aux frontières entre les arts
Fondane et le cinéma, Nov 2016
Paru en novembre 2016 chez Jean-Michel Place dans la collection "le cinéma des poètes", cet essai... more Paru en novembre 2016 chez Jean-Michel Place dans la collection "le cinéma des poètes", cet essai met en évidence les liens complexes unissant le poète au cinéma, dont il redoutait qu’il ne devienne un art, tout en se faisant l’ambassadeur des films les plus exigeants. L’accent y est mis sur les tensions à l’œuvre dans les textes théoriques et cinépoétiques de Fondane : entre poésie langagière et visuelle, rejet et redéfinition du lyrisme, imagination débridée et paradoxale quête du réel, reconnaissance et déni du medium cinématographique.
Books & Journal issues (as editor) by Nadja Cohen
Un cinéma en quête de poésie, Les Impressions nouvelles, 2021
Le référent poétique n’a cessé d’aiguillonner la pensée du cinéma, des origines du medium à nos j... more Le référent poétique n’a cessé d’aiguillonner la pensée du cinéma, des origines du medium à nos jours, sous la plume de cinéastes comme Epstein, Cocteau, Pasolini ou Maya Deren, mais aussi de théoriciens du cinéma, du volume Poetika Kino, réunissant en 1927 les textes de six membres de l’OPOIAZ, aux essais de Deleuze sur l’image-temps ou à ceux de Rancière sur la fable cinématographique, pour ne rien dire des discours journalistique et promotionnel qui y ont recourent massivement.
Cet ensemble hétérogène fait du cinéma "poétique" une construction discursive que se propose d'explorer ce volume, rassemblant chercheurs en études littéraires et filmiques, afin d'éclairer une notion aux allures nébuleuses, la poésie, dans ses rapports, y compris explicites, avec le cinéma.
Dossier coordonné pour la revue Captures, vol. 2, n°1, mai 2017, assorti d'une section "Contrepoi... more Dossier coordonné pour la revue Captures, vol. 2, n°1, mai 2017, assorti d'une section "Contrepoints" analysant des oeuvres littéraires et artistiques en lien avec le dossier.
De Griffith à Polanski, les films consacrés à des écrivains, réels ou fictifs, sont presque aussi vieux que le cinéma lui-même et leur fortune ne s’est jamais démentie, même si ces personnages ont entre-temps troqué la plume contre l’ordinateur. Ces figures circulent également dans l’ensemble de la production filmique, du film d’auteur au cinéma grand public, et évoluent dans tous les genres cinématographiques : mélodrames (Total eclipse, The Hours), comédies (Design for living, Le Magnifique, Deconstructing Harry), films policiers (The Ghost writer), thrillers (Basic instinct, Loft), giallos (Ténèbres), films d’horreur (The Shining, In the Mouth of Madness), films érotiques (Strange Circus), ou films d’aventures à caractère familial (Romancing the Stone), chaque genre exploitant certains traits spécifiques de ces personnages. Un tel choix a pourtant de quoi surprendre. Si le cinéma est bien, comme le laisse entendre l’étymologie, une « écriture du mouvement », comment comprendre cette prédilection tenace pour des héros dont l’essentiel de l’activité, toute cérébrale, est surtout statique et semble en bonne part infigurable?
Numéro de la revue Études françaises.
Abordant les effets du cinéma sur la littérature et les no... more Numéro de la revue Études françaises.
Abordant les effets du cinéma sur la littérature et les nouvelles manières de penser et d’écrire à l’ère de la culture cinématographique, ce dossier rassemble des contributions permettant d’analyser les réponses de l’écrit à l’écran, du début du XXe siècle à nos jours. Un premier ensemble d’articles analyse le rôle attribué au cinéma dans certaines évolutions du système des genres en littérature : si la référence filmique sert parfois au discrédit des genres existants, comme chez Henri Michaux par exemple, il en va toutefois plus souvent d’une reconfiguration que d’une destruction des genres littéraires dans de nombreux autres cas, étudiés par plusieurs contributeurs dans des romans français contemporains comme ceux de Pierric Bailly ou de Céline Coulon. Un deuxième ensemble d’articles se demande ensuite quels liens ces changements entretiennent avec d’autres formes d’interactions entre littérature et cinéma, comme les adaptations littéraires, l’imitation verbale de techniques cinématographiques, ou le recours à un imaginaire ou des thèmes typiques du monde du cinéma comme chez Jean-Philippe Toussaint ou Christine Montalbetti. Enfin, trois études, interrogeant, de manières différentes le lien de l’écrit à l’écran, émettent l’hypothèse que le cinéma pourrait aussi inviter à la création de nouveaux genres littéraires comme le ciné-roman-photo, les journaux de tournage ou les romans de la projection.
Numéro 18 de la revue Fabula LHT, avril 2017, assorti d'entretiens sur la question avec William M... more Numéro 18 de la revue Fabula LHT, avril 2017, assorti d'entretiens sur la question avec William Marx et Etienne Candel et de la republication d'extraits d'un livre de Jean Galard. Cette parution est en outre associée à un numéro d'Acta Fabula, "Poésie partout" (http://www.fabula.org/revue/sommaire10359.php), recensant des ouvrages en lien avec la question.
L’interrogation « où est la poésie ? » pose à la fois la question de la définition de la « poésie » et des usages du qualificatif « poétique ». Or l’adjectif est aujourd’hui employé pour qualifier les productions les plus diverses. Certes, la chose n’est pas nouvelle mais l’on assiste aujourd’hui à une forme de dé-ringardisation de la notion à grande échelle et jusque dans les usages triviaux. Que nous apprennent de l’idée de poésie ces usages concrets du terme ?
On ne peut qu’être interloqué aussi que ce phénomène se produise alors même qu’on n’en finit pas d’enterrer la « poésie » en tant que genre littéraire, comme objet produit, lu, vendu, commenté6. C’est là une preuve éclatante de la disjonction complète qui s’est opérée entre la poésie contemporaine dont une des tendances lourdes est sa dépoétisation ou sa prosaïsation, et l’idée de poésie, en tant que genre lyrique, liée à son histoire et à la culture scolaire, qui transparaît à travers les usages contemporains des termes « poésie », « poétique », « poète » et « poème ». Ce numéro entend se situer — c’est là son originalité — au niveau des usages concrets du terme lorsqu’ils sortent du strict champ littéraire : l'usage du terme y est analysé dans des articles portant sur le cinéma, la photographie, l'architecture et la danse.
Ce volume collectif regroupe des communications du colloque Poésie et médias de 2008 : c’est le f... more Ce volume collectif regroupe des communications du colloque Poésie et médias de 2008 : c’est le fruit d’une rencontre interdisciplinaire entre études littéraires et sciences de la communication et de l’information. Avec une introduction panoramique et programmatique sont rassemblées des études portant sur la poésie de l’entre-deux-guerres (Reverdy, Apollinaire, Soupault, Damas), sur les interactions entre poètes et médias de l’après-guerre (Ponge, Char, Beckett ou poésie sonore française et américaine) et sur des phénomènes plus contemporains de médiatisations de la poésie.
Cet ouvrage collectif du groupe MDRN, dirigé en collaboration avec Anne Reverseau, propose une hi... more Cet ouvrage collectif du groupe MDRN, dirigé en collaboration avec Anne Reverseau, propose une histoire matérielle de la littérature européenne de 1900 à 1950 à travers cinquante objets du quotidien qui ont marqué les auteurs de leur temps et permettent donc d’aborder les principaux phénomènes culturels de cette époque.
Papers by Nadja Cohen
Quarto, 2023
Paru dans le n°52 de la revue Quarto (archives littéraires suisses), "Films non réalisés".
« I... more Paru dans le n°52 de la revue Quarto (archives littéraires suisses), "Films non réalisés".
« Il nous manque une histoire du cinéma invisible : une histoire des films désirés mais restés à l’état de simples projets », affirme Jean-Louis Jeannelle dans son stimulant ouvrage sur les scénarios non tournés de la Condition humaine. Dans cette histoire qu’il appelle de ses vœux et à laquelle l’anthologie de Christian Janicot a fourni un premier corpus, une place de choix reviendrait à La Fin du monde filmée par l’ange N.-D., trace d’un désir de cinéma de Cendrars, mais d’un « désir demeuré désir », pourrait- on dire en détournant la formule de René Char. Pourtant, si ce scénario témoigne d’un attrait certain pour le cinéma, il sera surtout pour l’auteur une manière paradoxale de revenir à l’écriture par l’entremise d’un autre medium, comme le montre cette étude.
Chiara Tognolotti (dir.), Cenerentola e Pigmalione. Raffigurare e narrare il divismo femminile nel cinema, Pisa, ETS, coll. FAScinA., 2021
La Vie des Idées, 2020
Jane Austen, Françoise Sagan, Violette Leduc, Sylvia Plath, Emily Dickinson, Mary Shelley, Beatri... more Jane Austen, Françoise Sagan, Violette Leduc, Sylvia Plath, Emily Dickinson, Mary Shelley, Beatrix Potter… Pas grand-chose de commun, à première vue, entre ces écrivaines, que ne relient ni leur origine ni leur époque ni les genres littéraires dans lesquels elles se sont illustrées (romans de formation, récits autobiographiques, poèmes lyriques ou métaphysiques, contes gothiques, livres pour enfants). Dans les vingt dernières années, chacune d’elles s’est pourtant vu consacrer un film – deux dans le cas de Jane Austen –, ou une partie conséquente d’un film dans le cas de The Hours (Stephen Daldry, 2002), triptyque dont un volet porte sur Virginia Woolf , mais auquel le célèbre roman de l’écrivaine, Mrs Dalloway, donne toute sa cohérence.
Comment comprendre l’attrait des cinéastes pour des figures qui, semblables en cela à leurs équivalents masculins, n’ont pourtant rien de cinégénique ? Si la représentation des écrivains – personnages éminemment statiques – pose, de façon générale, des problèmes de mise en scène dont les réalisateurs s’acquittent avec plus ou moins d’habileté , y a-t-il des spécificités notables dans le traitement réservé aux autrices ? Cet article analyse la manière dont la question du genre s’invite dans les films qui leur sont consacrés à partir d'une sélection d’exemples puisés dans les trente dernières années.
Texte intégral à lire en ligne sur le site de La Vie des Idées.
Ludovic Cortade & Guillaume Soulez (dir.), .Littérature et cinéma : la culture visuelle en partage, Peter Lang, 2021., 2021
De nombreux poètes des années 1910 et 1920 pensent leur pratique à l’aune des nouveaux media et e... more De nombreux poètes des années 1910 et 1920 pensent leur pratique à l’aune des nouveaux media et en particulier du cinéma, dont l’influence est décisive dans l’avènement d’une culture visuelle commune. Cette période est en effet marquée par la conscience aiguë d’un bouleversement d’ordre anthropologique dont le cinéma serait l’un des vecteurs, par l’expérience de la vitesse, de la stimulation visuelle et de la projection à laquelle il soumet les spectateurs, articulant ainsi certaines données fondamentales de la modernité urbaine.
Au sein de ce vaste champ, deux paradigmes revendiqués par les poètes retiendront plus particulièrement notre attention : d’une part celui de l’ « objectif », brandi contre une forme de lyrisme subjectif jugé dépassée, d’autre part celui de l’ « instantané », accompagnant la recherche d’une écriture dense, elliptique dont l’horizon serait celui de la simultanéité. La pensée d’Epstein nous servira de fil rouge pour aborder certains aspects de cette imprégnation culturelle du cinéma dans les discours et les pratiques poétiques des années 1910 et 1920.
Publié dans La séance de cinéma: espaces, pratiques, imaginaires, AFRHC, 2022.
Les références ... more Publié dans La séance de cinéma: espaces, pratiques, imaginaires, AFRHC, 2022.
Les références au cinéma abondent dans la production contemporaine mais, à l’ère du visionnage individuel, la place qu’occupe la séance de cinéma chez les romanciers contemporains est éminemment problématique, alors qu’elle constituait un élément à part entière des souvenirs littéraires de cinéma du début du siècle aux années 1980. À partir d’exemples puisés dans un corpus des années 2000 comprenant notamment des textes de Tanguy Viel, Olivia Rosenthal, Éric Rondepierre et Didier Blonde, cet article s’interroge sur les formes et les imaginaires de la séance de cinéma dans la littérature française contemporaine.
Actes du colloque "Portraits et autoportraits d’écrivains sur écrans (cinéma, audiovisuel, web)",... more Actes du colloque "Portraits et autoportraits d’écrivains sur écrans (cinéma, audiovisuel, web)", organisée le 20 juin 2019 par Marie-Clémence Régnier et Marion Brun à l'université d'Arras, mis en ligne le 10 avril 2020 dans la section Colloques en ligne de Fabula.
Études françaises, 2019
Introduction au numéro de la revue Études françaises, Vol 55, n°2, co-dirigé avec Jan Baetens, do... more Introduction au numéro de la revue Études françaises, Vol 55, n°2, co-dirigé avec Jan Baetens, dont l'intégralité est à paraître en août 2019.
Que fait le cinéma aux genres littéraires?", dossier coordonné par Jan Baetens & Nadja Cohen, 2019
Considérés par les chercheurs en cinéma comme de simples documents éclairant la genèse d’un film ... more Considérés par les chercheurs en cinéma comme de simples documents éclairant la genèse d’un film et largement ignorés par les littéraires, même dans le cadre des études sur les rapports entre l’écrit et l’écran, les journaux de tournage n’ont jusqu’à présent donné lieu qu’à quelques études ponctuelles. En raison de leur instabilité générique et de leur hétérogénéité, ils ont, en outre, rarement été envisagés comme un ensemble cohérent. Cet article entend explorer cette question générique en analysant trois d’entre eux : le vibrant Journal d’un film écrit par Cocteau pendant le tournage de La Belle et la Bête ; celui tenu par François Truffaut sur le plateau de Fahrenheit 451, ainsi que Pas à pas dans la brume électrique où Bertrand Tavernier raconte la fabrique de son film Dans la brume électrique. Après avoir étudié l’inscription parfois malaisée de ces textes dans un contexte éditorial, cette étude met en évidence leur parenté sur deux plans : tonal, d’une part, les tournages étant présentés comme des aventures collectives aux accents souvent épiques, pragmatique, ensuite, en montrant que l’écriture diariste offre aux auteurs un espace privilégié d’affirmation de leur ethos de créateur.
Cet article interroge la notion apparemment paradoxale de novellisation
poétique en étudiant deux... more Cet article interroge la notion apparemment paradoxale de novellisation
poétique en étudiant deux recueils francophones des années
2000 : Vivre sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc
Godard de Jan Baetens et Flip-Book de Jérôme Game, apparemment
proches dans leur parti-pris, puisqu’il s’agit dans les deux cas de raconter
un/des film(s), mais fort éloignés dans le rapport de la littérature
au cinéma qu’ils engagent : rapport de différenciation pour le premier,
d’émulation pour le second.
This article tackles the paradoxical notion of poetic novelization
by studying two poetry books written in French in the 2000’s: Vivre
sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard by
Jan Baetens and Flip-Book by Jérôme Game. Although both books
share the same principle –narrating films–, I will show that they are in
fact very different in the way they envision the relationship between
literature and film: by differentiation or by imitation.
[Article à paraître dans la revue en ligne Sens Public en avril 2018]
Introduction au numéro de Fabula LHT, n°18, Un je-ne-sais-quoi de «poétique » : l’idée de poésie ... more Introduction au numéro de Fabula LHT, n°18, Un je-ne-sais-quoi de «poétique » : l’idée de poésie hors du champ littéraire, avril 2017.
What does the adjective “poetic” mean when it comes to cinema, dance, photography, architecture or even advertisement? References to other arts applied in poetry have been widely studied so far, whereas references to poetry in the other arts still remain unstudied. Do we use the notion of “poetic” as an extension of the Greek concept of poiesis or as a consequence of the very large meaning the Romantics gave to « poetry »? Is this historical heritage a way to explain the success of the adjective “poetic” outside the literary field? Since poetry is made “without any poem if needed” as André Breton stated, in succession of Rimbaud myth, “poetic” seems more and more complex while entering other territories. The issue n°18 of Fabula LHT, called « Un je-ne-sais-quoi de "poétique" : l’idée de poésie hors du champ littéraire », is the first step of this reflection that is still left to be done. Directed by Nadja Cohen et Anne Reverseau, this online issue tackles many artistic and non artistic fields, from horror movies to humanist photography, and many periods, from architecture treatise of the 18th century to contemporary cartoons. Beyond academic essays, it contains a large introduction, 2 interviews about the history of “poetic” and advertisement, a reprint of a chapter about poetic gestures and several notes about specific cases.
Cet article analyse trois reportages français des années 1930 consacrés à Hollywood : "Aux cent m... more Cet article analyse trois reportages français des années 1930 consacrés à Hollywood : "Aux cent mille sourires" de Maurice Dekobra (1931), "Hollywood, la Mecque du cinéma", de Blaise Cendrars (1936) et "Hollywood, ville mirage" (1937) de Joseph Kessel. Si ces portraits de Hollywood participent de la volonté de réel qui caractérise les écrivains de l'époque, cette ville apparaît en même temps comme un espace entièrement dévolu à la fabrication d’univers fictifs (I). Elle produit non seulement des fictions cinématographiques, mais la façon dont elle les engendre et les mœurs de cette ville en font une usine à rêves. Ce motif de la fabrication en série affecte l’écriture même, telle qu’elle est pratiquée à Hollywood, ce qui permet aux auteurs de creuser l’écart entre le monde de l’art et celui de l’industrie (II). Enfin, cet article montre plus particulièrement comment le thème de la mort de l’individu amène chacun de ces trois auteurs à défendre son individualité par l’adoption d’une posture singulière (III).
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À voir en entier sur le site de la revue :
https://laviedesidees.fr/Entretien-Benoit-Peeters-bande-dessinee.html
Books (as author) by Nadja Cohen
Books & Journal issues (as editor) by Nadja Cohen
Cet ensemble hétérogène fait du cinéma "poétique" une construction discursive que se propose d'explorer ce volume, rassemblant chercheurs en études littéraires et filmiques, afin d'éclairer une notion aux allures nébuleuses, la poésie, dans ses rapports, y compris explicites, avec le cinéma.
De Griffith à Polanski, les films consacrés à des écrivains, réels ou fictifs, sont presque aussi vieux que le cinéma lui-même et leur fortune ne s’est jamais démentie, même si ces personnages ont entre-temps troqué la plume contre l’ordinateur. Ces figures circulent également dans l’ensemble de la production filmique, du film d’auteur au cinéma grand public, et évoluent dans tous les genres cinématographiques : mélodrames (Total eclipse, The Hours), comédies (Design for living, Le Magnifique, Deconstructing Harry), films policiers (The Ghost writer), thrillers (Basic instinct, Loft), giallos (Ténèbres), films d’horreur (The Shining, In the Mouth of Madness), films érotiques (Strange Circus), ou films d’aventures à caractère familial (Romancing the Stone), chaque genre exploitant certains traits spécifiques de ces personnages. Un tel choix a pourtant de quoi surprendre. Si le cinéma est bien, comme le laisse entendre l’étymologie, une « écriture du mouvement », comment comprendre cette prédilection tenace pour des héros dont l’essentiel de l’activité, toute cérébrale, est surtout statique et semble en bonne part infigurable?
Abordant les effets du cinéma sur la littérature et les nouvelles manières de penser et d’écrire à l’ère de la culture cinématographique, ce dossier rassemble des contributions permettant d’analyser les réponses de l’écrit à l’écran, du début du XXe siècle à nos jours. Un premier ensemble d’articles analyse le rôle attribué au cinéma dans certaines évolutions du système des genres en littérature : si la référence filmique sert parfois au discrédit des genres existants, comme chez Henri Michaux par exemple, il en va toutefois plus souvent d’une reconfiguration que d’une destruction des genres littéraires dans de nombreux autres cas, étudiés par plusieurs contributeurs dans des romans français contemporains comme ceux de Pierric Bailly ou de Céline Coulon. Un deuxième ensemble d’articles se demande ensuite quels liens ces changements entretiennent avec d’autres formes d’interactions entre littérature et cinéma, comme les adaptations littéraires, l’imitation verbale de techniques cinématographiques, ou le recours à un imaginaire ou des thèmes typiques du monde du cinéma comme chez Jean-Philippe Toussaint ou Christine Montalbetti. Enfin, trois études, interrogeant, de manières différentes le lien de l’écrit à l’écran, émettent l’hypothèse que le cinéma pourrait aussi inviter à la création de nouveaux genres littéraires comme le ciné-roman-photo, les journaux de tournage ou les romans de la projection.
L’interrogation « où est la poésie ? » pose à la fois la question de la définition de la « poésie » et des usages du qualificatif « poétique ». Or l’adjectif est aujourd’hui employé pour qualifier les productions les plus diverses. Certes, la chose n’est pas nouvelle mais l’on assiste aujourd’hui à une forme de dé-ringardisation de la notion à grande échelle et jusque dans les usages triviaux. Que nous apprennent de l’idée de poésie ces usages concrets du terme ?
On ne peut qu’être interloqué aussi que ce phénomène se produise alors même qu’on n’en finit pas d’enterrer la « poésie » en tant que genre littéraire, comme objet produit, lu, vendu, commenté6. C’est là une preuve éclatante de la disjonction complète qui s’est opérée entre la poésie contemporaine dont une des tendances lourdes est sa dépoétisation ou sa prosaïsation, et l’idée de poésie, en tant que genre lyrique, liée à son histoire et à la culture scolaire, qui transparaît à travers les usages contemporains des termes « poésie », « poétique », « poète » et « poème ». Ce numéro entend se situer — c’est là son originalité — au niveau des usages concrets du terme lorsqu’ils sortent du strict champ littéraire : l'usage du terme y est analysé dans des articles portant sur le cinéma, la photographie, l'architecture et la danse.
Papers by Nadja Cohen
« Il nous manque une histoire du cinéma invisible : une histoire des films désirés mais restés à l’état de simples projets », affirme Jean-Louis Jeannelle dans son stimulant ouvrage sur les scénarios non tournés de la Condition humaine. Dans cette histoire qu’il appelle de ses vœux et à laquelle l’anthologie de Christian Janicot a fourni un premier corpus, une place de choix reviendrait à La Fin du monde filmée par l’ange N.-D., trace d’un désir de cinéma de Cendrars, mais d’un « désir demeuré désir », pourrait- on dire en détournant la formule de René Char. Pourtant, si ce scénario témoigne d’un attrait certain pour le cinéma, il sera surtout pour l’auteur une manière paradoxale de revenir à l’écriture par l’entremise d’un autre medium, comme le montre cette étude.
Comment comprendre l’attrait des cinéastes pour des figures qui, semblables en cela à leurs équivalents masculins, n’ont pourtant rien de cinégénique ? Si la représentation des écrivains – personnages éminemment statiques – pose, de façon générale, des problèmes de mise en scène dont les réalisateurs s’acquittent avec plus ou moins d’habileté , y a-t-il des spécificités notables dans le traitement réservé aux autrices ? Cet article analyse la manière dont la question du genre s’invite dans les films qui leur sont consacrés à partir d'une sélection d’exemples puisés dans les trente dernières années.
Texte intégral à lire en ligne sur le site de La Vie des Idées.
Au sein de ce vaste champ, deux paradigmes revendiqués par les poètes retiendront plus particulièrement notre attention : d’une part celui de l’ « objectif », brandi contre une forme de lyrisme subjectif jugé dépassée, d’autre part celui de l’ « instantané », accompagnant la recherche d’une écriture dense, elliptique dont l’horizon serait celui de la simultanéité. La pensée d’Epstein nous servira de fil rouge pour aborder certains aspects de cette imprégnation culturelle du cinéma dans les discours et les pratiques poétiques des années 1910 et 1920.
Les références au cinéma abondent dans la production contemporaine mais, à l’ère du visionnage individuel, la place qu’occupe la séance de cinéma chez les romanciers contemporains est éminemment problématique, alors qu’elle constituait un élément à part entière des souvenirs littéraires de cinéma du début du siècle aux années 1980. À partir d’exemples puisés dans un corpus des années 2000 comprenant notamment des textes de Tanguy Viel, Olivia Rosenthal, Éric Rondepierre et Didier Blonde, cet article s’interroge sur les formes et les imaginaires de la séance de cinéma dans la littérature française contemporaine.
poétique en étudiant deux recueils francophones des années
2000 : Vivre sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc
Godard de Jan Baetens et Flip-Book de Jérôme Game, apparemment
proches dans leur parti-pris, puisqu’il s’agit dans les deux cas de raconter
un/des film(s), mais fort éloignés dans le rapport de la littérature
au cinéma qu’ils engagent : rapport de différenciation pour le premier,
d’émulation pour le second.
This article tackles the paradoxical notion of poetic novelization
by studying two poetry books written in French in the 2000’s: Vivre
sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard by
Jan Baetens and Flip-Book by Jérôme Game. Although both books
share the same principle –narrating films–, I will show that they are in
fact very different in the way they envision the relationship between
literature and film: by differentiation or by imitation.
[Article à paraître dans la revue en ligne Sens Public en avril 2018]
What does the adjective “poetic” mean when it comes to cinema, dance, photography, architecture or even advertisement? References to other arts applied in poetry have been widely studied so far, whereas references to poetry in the other arts still remain unstudied. Do we use the notion of “poetic” as an extension of the Greek concept of poiesis or as a consequence of the very large meaning the Romantics gave to « poetry »? Is this historical heritage a way to explain the success of the adjective “poetic” outside the literary field? Since poetry is made “without any poem if needed” as André Breton stated, in succession of Rimbaud myth, “poetic” seems more and more complex while entering other territories. The issue n°18 of Fabula LHT, called « Un je-ne-sais-quoi de "poétique" : l’idée de poésie hors du champ littéraire », is the first step of this reflection that is still left to be done. Directed by Nadja Cohen et Anne Reverseau, this online issue tackles many artistic and non artistic fields, from horror movies to humanist photography, and many periods, from architecture treatise of the 18th century to contemporary cartoons. Beyond academic essays, it contains a large introduction, 2 interviews about the history of “poetic” and advertisement, a reprint of a chapter about poetic gestures and several notes about specific cases.
À voir en entier sur le site de la revue :
https://laviedesidees.fr/Entretien-Benoit-Peeters-bande-dessinee.html
Cet ensemble hétérogène fait du cinéma "poétique" une construction discursive que se propose d'explorer ce volume, rassemblant chercheurs en études littéraires et filmiques, afin d'éclairer une notion aux allures nébuleuses, la poésie, dans ses rapports, y compris explicites, avec le cinéma.
De Griffith à Polanski, les films consacrés à des écrivains, réels ou fictifs, sont presque aussi vieux que le cinéma lui-même et leur fortune ne s’est jamais démentie, même si ces personnages ont entre-temps troqué la plume contre l’ordinateur. Ces figures circulent également dans l’ensemble de la production filmique, du film d’auteur au cinéma grand public, et évoluent dans tous les genres cinématographiques : mélodrames (Total eclipse, The Hours), comédies (Design for living, Le Magnifique, Deconstructing Harry), films policiers (The Ghost writer), thrillers (Basic instinct, Loft), giallos (Ténèbres), films d’horreur (The Shining, In the Mouth of Madness), films érotiques (Strange Circus), ou films d’aventures à caractère familial (Romancing the Stone), chaque genre exploitant certains traits spécifiques de ces personnages. Un tel choix a pourtant de quoi surprendre. Si le cinéma est bien, comme le laisse entendre l’étymologie, une « écriture du mouvement », comment comprendre cette prédilection tenace pour des héros dont l’essentiel de l’activité, toute cérébrale, est surtout statique et semble en bonne part infigurable?
Abordant les effets du cinéma sur la littérature et les nouvelles manières de penser et d’écrire à l’ère de la culture cinématographique, ce dossier rassemble des contributions permettant d’analyser les réponses de l’écrit à l’écran, du début du XXe siècle à nos jours. Un premier ensemble d’articles analyse le rôle attribué au cinéma dans certaines évolutions du système des genres en littérature : si la référence filmique sert parfois au discrédit des genres existants, comme chez Henri Michaux par exemple, il en va toutefois plus souvent d’une reconfiguration que d’une destruction des genres littéraires dans de nombreux autres cas, étudiés par plusieurs contributeurs dans des romans français contemporains comme ceux de Pierric Bailly ou de Céline Coulon. Un deuxième ensemble d’articles se demande ensuite quels liens ces changements entretiennent avec d’autres formes d’interactions entre littérature et cinéma, comme les adaptations littéraires, l’imitation verbale de techniques cinématographiques, ou le recours à un imaginaire ou des thèmes typiques du monde du cinéma comme chez Jean-Philippe Toussaint ou Christine Montalbetti. Enfin, trois études, interrogeant, de manières différentes le lien de l’écrit à l’écran, émettent l’hypothèse que le cinéma pourrait aussi inviter à la création de nouveaux genres littéraires comme le ciné-roman-photo, les journaux de tournage ou les romans de la projection.
L’interrogation « où est la poésie ? » pose à la fois la question de la définition de la « poésie » et des usages du qualificatif « poétique ». Or l’adjectif est aujourd’hui employé pour qualifier les productions les plus diverses. Certes, la chose n’est pas nouvelle mais l’on assiste aujourd’hui à une forme de dé-ringardisation de la notion à grande échelle et jusque dans les usages triviaux. Que nous apprennent de l’idée de poésie ces usages concrets du terme ?
On ne peut qu’être interloqué aussi que ce phénomène se produise alors même qu’on n’en finit pas d’enterrer la « poésie » en tant que genre littéraire, comme objet produit, lu, vendu, commenté6. C’est là une preuve éclatante de la disjonction complète qui s’est opérée entre la poésie contemporaine dont une des tendances lourdes est sa dépoétisation ou sa prosaïsation, et l’idée de poésie, en tant que genre lyrique, liée à son histoire et à la culture scolaire, qui transparaît à travers les usages contemporains des termes « poésie », « poétique », « poète » et « poème ». Ce numéro entend se situer — c’est là son originalité — au niveau des usages concrets du terme lorsqu’ils sortent du strict champ littéraire : l'usage du terme y est analysé dans des articles portant sur le cinéma, la photographie, l'architecture et la danse.
« Il nous manque une histoire du cinéma invisible : une histoire des films désirés mais restés à l’état de simples projets », affirme Jean-Louis Jeannelle dans son stimulant ouvrage sur les scénarios non tournés de la Condition humaine. Dans cette histoire qu’il appelle de ses vœux et à laquelle l’anthologie de Christian Janicot a fourni un premier corpus, une place de choix reviendrait à La Fin du monde filmée par l’ange N.-D., trace d’un désir de cinéma de Cendrars, mais d’un « désir demeuré désir », pourrait- on dire en détournant la formule de René Char. Pourtant, si ce scénario témoigne d’un attrait certain pour le cinéma, il sera surtout pour l’auteur une manière paradoxale de revenir à l’écriture par l’entremise d’un autre medium, comme le montre cette étude.
Comment comprendre l’attrait des cinéastes pour des figures qui, semblables en cela à leurs équivalents masculins, n’ont pourtant rien de cinégénique ? Si la représentation des écrivains – personnages éminemment statiques – pose, de façon générale, des problèmes de mise en scène dont les réalisateurs s’acquittent avec plus ou moins d’habileté , y a-t-il des spécificités notables dans le traitement réservé aux autrices ? Cet article analyse la manière dont la question du genre s’invite dans les films qui leur sont consacrés à partir d'une sélection d’exemples puisés dans les trente dernières années.
Texte intégral à lire en ligne sur le site de La Vie des Idées.
Au sein de ce vaste champ, deux paradigmes revendiqués par les poètes retiendront plus particulièrement notre attention : d’une part celui de l’ « objectif », brandi contre une forme de lyrisme subjectif jugé dépassée, d’autre part celui de l’ « instantané », accompagnant la recherche d’une écriture dense, elliptique dont l’horizon serait celui de la simultanéité. La pensée d’Epstein nous servira de fil rouge pour aborder certains aspects de cette imprégnation culturelle du cinéma dans les discours et les pratiques poétiques des années 1910 et 1920.
Les références au cinéma abondent dans la production contemporaine mais, à l’ère du visionnage individuel, la place qu’occupe la séance de cinéma chez les romanciers contemporains est éminemment problématique, alors qu’elle constituait un élément à part entière des souvenirs littéraires de cinéma du début du siècle aux années 1980. À partir d’exemples puisés dans un corpus des années 2000 comprenant notamment des textes de Tanguy Viel, Olivia Rosenthal, Éric Rondepierre et Didier Blonde, cet article s’interroge sur les formes et les imaginaires de la séance de cinéma dans la littérature française contemporaine.
poétique en étudiant deux recueils francophones des années
2000 : Vivre sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc
Godard de Jan Baetens et Flip-Book de Jérôme Game, apparemment
proches dans leur parti-pris, puisqu’il s’agit dans les deux cas de raconter
un/des film(s), mais fort éloignés dans le rapport de la littérature
au cinéma qu’ils engagent : rapport de différenciation pour le premier,
d’émulation pour le second.
This article tackles the paradoxical notion of poetic novelization
by studying two poetry books written in French in the 2000’s: Vivre
sa vie : une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard by
Jan Baetens and Flip-Book by Jérôme Game. Although both books
share the same principle –narrating films–, I will show that they are in
fact very different in the way they envision the relationship between
literature and film: by differentiation or by imitation.
[Article à paraître dans la revue en ligne Sens Public en avril 2018]
What does the adjective “poetic” mean when it comes to cinema, dance, photography, architecture or even advertisement? References to other arts applied in poetry have been widely studied so far, whereas references to poetry in the other arts still remain unstudied. Do we use the notion of “poetic” as an extension of the Greek concept of poiesis or as a consequence of the very large meaning the Romantics gave to « poetry »? Is this historical heritage a way to explain the success of the adjective “poetic” outside the literary field? Since poetry is made “without any poem if needed” as André Breton stated, in succession of Rimbaud myth, “poetic” seems more and more complex while entering other territories. The issue n°18 of Fabula LHT, called « Un je-ne-sais-quoi de "poétique" : l’idée de poésie hors du champ littéraire », is the first step of this reflection that is still left to be done. Directed by Nadja Cohen et Anne Reverseau, this online issue tackles many artistic and non artistic fields, from horror movies to humanist photography, and many periods, from architecture treatise of the 18th century to contemporary cartoons. Beyond academic essays, it contains a large introduction, 2 interviews about the history of “poetic” and advertisement, a reprint of a chapter about poetic gestures and several notes about specific cases.
Partant du constat que, malgré son caractère apparemment peu cinégénique, la figure de l’écrivain est souvent présente à l’écran, l’introduction de ce numéro avance quelques hypothèses pour comprendre la fortune d’un tel personnage et analyser les enjeux de sa représentation. Elle justifie également les partis pris et pointe l’intérêt de ce dossier, tant pour les études cinématographiques que littéraires.
Cet article étudie les deux premières saisons de la série américaine The Affair (Showtime, 2014-) qui a su exploiter le temps long du format sériel pour articuler, dans sa forme même, l’anatomie d’une passion amoureuse à la représentation d’un auteur en devenir. Celle-ci passe par la peinture acerbe du milieu éditorial (les écrivains eux-mêmes, dont plusieurs modèles sont ici proposés, mais aussi le monde de l’édition dans sa dimension la plus mondaine et ses liens avec Hollywood). Toutefois, le fait de mettre en scène un écrivain justifie aussi un travail particulier sur le langage et, plus encore, un questionnement sur la validité des récits et les liens inextricables unissant la fiction et la réalité. De fait, le dispositif narratif singulier de la série montre que la mise en récit ne s’exerce pas dans le seul cadre de la fiction mais, plus largement, qu’elle est constitutive de notre expérience du réel. Telles sont les pistes qu'explore cet article.
English version
Chaplin’s character, Charlie (or Charlot as the French call him) is highly valued by poets from the 1920s and 1930s, who regard him as a one of their own. Against the backdrop of modernist poetry, waging war against both the logos and an elitist conception of literature, it is a meaningful gesture to choose a comic hero as the epitome of the modern poet. What does the word “poet” mean when it applies to Charlie ? Using examples drawn from Soupault, Cendrars and Aragon, this article will try to answer this question. Is it because of Charlie’s na- tive melancholy, of his pungent humour that threatens the established order, or because, as an “image-man”, he embodies the essence of silent cinema ?
Le cinéma, en vertu de sa nature, oscille lui-même entre réel (par son caractère indiciel) et irréel (par les scénarios fictionnels qu’il met en scène), ce qui le rend particulièrement apte à rendre cette atmosphère équivoque. Toutefois, Mac Orlan, contrairement à certains de ses contemporains enthousiasmés par la modernité et les potentialités du medium filmique, fait de ce dernier un éloge mesuré, voire ambigu, tout en affirmant que, si c’était à refaire, il l’aurait fait sien.
A partir des articles sur le fantastique social et de certaines chroniques parues dans Pour vous, nous montrerons comment, chez Mac Orlan, l’imaginaire du cinéma est constamment travaillé par celui de la mort, que celle-ci soit mise en scène à l’écran ou qu’elle menace le medium lui-même. Le poète insiste en effet sur la fragilité des bandes cinématographiques : si « la matière d’un film sent déjà le cadavre au moment même où elle crée la vie », comment le cinéma pourrait-il garder la trace de cette époque troublée dont il sait mieux que tout autre révéler le « fantastique social » ? A moins que la précarité du medium ne soit précisément ce qui le rattache à ces temps incertains ? Cette question de la mort qui rôde ne permet-elle pas aussi de comprendre la complémentarité des rôles de l’écrivain et du cinéaste ? Telles sont les questions que nous aborderons dans cet article.
Si le western peut apparaître comme le genre du mouvement par excellence, les déplacements, visant à explorer, à conquérir et à mettre en valeur de nouveaux espaces, y sont le plus souvent le fait des personnages masculins. Cette dichotomie homme-femme, qui oppose tout à la fois mouvement et immobilité, nomadisme et sédentarité, aventure et domesticité mérite toutefois d’être nuancée. Nous nous appuierons pour cela essentiellement sur le méconnu Westward the women (William A. Wellman, 1951) qui relate le voyage épique d’un convoi de cent cinquante femmes rejoignant les travailleurs d’un ranch californien isolé afin d’y fonder des foyers avec eux. Nous analyserons la manière dont, par l’expérience concrète de cette rude traversée qui les amènera à endosser certaines fonctions jusqu’alors réservés aux hommes mais aussi à tracer les contours d'un héroïsme au féminin pluriel, les femmes du film vont œuvrer à une complexification des rapports entre les sexes tout en gagnant leurs galons de pionnières dans le cadre d’un projet profondément américain.
Monday, January 27, 2020. Inter-format Symposium.
This talk will tackle the relationships between poetry and cinema in the 1920 in the context of the Parisian avant-gardes, from an intercultural point of view. It will mostly rely on the case of the Romanian poet Benjamin Fondane, deeply influenced by Dada and surrealism, who came to Paris in the 1920s. Along with other poets of the time, like Cendrars or Desnos, he was fascinated by cinema and wrote about the new medium but also under its influence, as shown by an enigmatic series of texts he called "cine-poems" or « unfilmable scripts » in which, as I will show, he aimed at capturing the very essence of modernity.
Des années 1920 à nos jours, le cinéma a régulièrement été qualifié de « poétique » ou de « lyrique » par les critiques et, quoique dans une moindre mesure, par certains réalisateurs eux-mêmes comme Jean Epstein, Jean Cocteau, Pier Paolo Pasolini, Maya Deren ou Andreï Tarkovski, pour ne citer que quelques références incontournables. Outre ces discours autorisés, les occurrences triviales foisonnent aussi dans le champ critique, journalistique et promotionnel pour désigner tel ou tel film comme un « poème », voire comme un « haïku », ou pour louer les qualités « lyriques » de telle ou telle séquence, en particulier pour des œuvres faiblement narratives. Cette communication se propose de poser les questions suivantes pour comprendre la persistance du paradigme poétique dans ce contexte. S’expliquerait-il par certaines spécificités médiologiques du cinéma ou répondrait-il avant tout à un besoin persistant de légitimation du medium ? Quelles sont, dans le contexte filmique, les valeurs associées au poétique ? Par sa labilité, la notion de poésie servirait-elle avant tout à mobiliser un système de valeurs, plus qu’un corpus cohérent de principes esthétiques ? En termes pragmatiques, quels effets l’étiquette « poétique » cherche-t-elle aussi à produire sur la réception des films ?
La hantise de la stagnation imprègne l’œuvre et la pensée de Benjamin Fondane, dont l’existence a été marquée, à l’opposé, par la traversée de nombreuses frontières. Cette hantise s’exerce chez lui dans différents domaines, suscitant une indéfectible méfiance envers les chefs-d’œuvres – dont l’aspiration à l’éternel lui semble mortifère – mais aussi la crainte que les livres ne soient que les « cendriers » d’une pensée incandescente et que le langage lui-même ne devienne un « dépotoir du vital ». Il n’y a dès lors pas lieu de s’étonner que Fondane se soit d’emblée passionné pour le cinéma qui lui semblait échapper à tous les écueils de la « fixation ».
Tout d’abord, bien sûr, au niveau phénoménal, le cinéma est un art du mouvement, le défilement rapide des photogrammes donnant au spectateur l’illusion d’un flux en lieu et place des images fixes dont il est constitué, et cette mobilité, parfois frénétique, ravit le poète.
En vertu de son caractère muet, ensuite, – du moins jusqu’à la fin des années 1920 – , le cinéma serait l’art du « merveilleux malentendu », celui qui maintiendrait le sens ouvert, malgré l’usage des intertitres explicatifs par lesquels le logos se manifestait alors occasionnellement.
Au niveau de sa réception, enfin, le cinéma, art jeune et encore peu reconnu, serait étranger à la notion de chef d’œuvre. Pour Fondane, la nature éminemment périssable du film serait à ce titre à mettre au crédit du cinéma et attesterait le caractère moderne d’un nouveau medium chevillé à son temps.
L’identification de ces différentes formes de mobilité, mais aussi d’une certaine intranquillité, nous permettra de montrer le rôle central du cinéma dans la pensée fondanienne mais aussi dans sa poésie, la frontière entre les arts faisant chez lui l’objet de transgressions. Il en va ainsi exemplairement dans l’écriture des cinépoèmes, forme instable par excellence, « structure tendant vers une autre structure » comme tout scénario, selon la célèbre formule de Pasolini, mais plus précaire encore, dans la mesure où Fondane destine ces textes à être « consumés » par l’acte de lecture qui assurera leur actualisation.
Résumé : Étiquettes de parfumeurs érigées en modèles par Apollinaire, affiches publicitaires célébrées par Cendrars, cartes postales fantasmatiques de l’actrice Musidora évoquées par Aragon : les éphémères jouent un rôle essentiel dans la culture visuelle d’une génération. Observateur pénétrant de son époque, ce même Aragon nous fournira de nombreuses pistes pour étudier le rôle de ces documents précaires dans la constitution d’une sensibilité d’époque et les nombreuses formes de leur intégration dans la littérature des années 1910 et 1920 : de la simple allusion au collage, du motif thématique à des réflexions sociologiques voire anthropologiques sur la formation de l’homme moderne.
Inspired by Benjamin Fondane’s Trois Scenarii: cinépoèmes, Belly Buster plays out the unspeakable as a way out of silence and out of the rationality of language. Each of the three scenarios was scheduled as a one-time event over three weekends as part of an encoded mixed media installation.
Focussing on the study of poetry that lies outside the boundaries of literature, Nadja Cohen presented her research on Benjamin Fondane giving us historical insight into hybrid forms of writing and cinema as an art-machine of the moving image.
« Dans le domaine de la novellisation, choisir la poésie plutôt que le roman, ce n’est pas choisir la poésie contre le roman, c’est choisir une forme de poésie contre une autre forme de poésie », affirme Jan Baetens dans l’ouvrage de 2008 qu’il consacre à la novellisation. Cet universitaire et poète semble alors commenter sa propre pratique puisqu’en 2003, il faisait paraître un recueil au sous-titre intrigant, sinon provocateur : Vivre sa vie, « une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard ». De fait, il peut sembler curieux, sinon antinomique, d’associer la novellisation, forme de littérature industrielle décriée, à la poésie, traditionnellemement placée au sommet de la hiérarchie des genres, a fortiori « en vers », c’est-à-dire qui s’exhibe comme poétique à une époque où la poésie ne se signale plus nécessairement par un tel choix formel. À partir de cet exemple, nous nous proposons de réfléchir aux effets du cinéma sur la poésie contemporaine en confrontant le recueil de Jan Baetens à celui de Jérome Game intitulé Flip-Book (2007), que l’on pourrait également considérer comme une novellisation poétique, en un sens élargi, puisqu’il raconte et remonte à sa façon seize films, qui sont explicitement énumérés à la fin du recueil « par ordre d’apparition à l’écran ». Au-delà de l’apparente proximité des deux projets, cette communication montrera que la référence au cinéma sert en fait des visées très différentes, tout en constituant des formes de mise à l’épreuve de la poésie.
This paper tackles the problem of « scripts to be read in an armchair » (closet drama) in reference to Musset’s « théâtre dans un fauteuil » . That kind of writing is a paradox in itself as it presents as a finished product a type of text, the script, whose very essence is to be transitory. These texts are often surrounded by an important paratext, including the invention of generic labels and prefaces aiming at justifying the very existence of these texts and their purpose. Actually, not only does the paratext justify the publication of the scripts, but one might argue that it belongs to the work itself.
More specifically, I will study the case of Jean Ferry’s Fidélité, labelled as a « scénario pour une réalisation imaginaire ». How should we understand Ferry’s project ? Despite the apparent similarity between Ferry’s and Fondane’s "scenarii intourmables", I will try to show that, in my view, they actually serve radically different purposes. To conduct this inquiry, I will try to figure out whether the paratext enhances the intermediality of the book, as it seems to be the case, or if it works as a decoy, in which case the title chosen by the author, « fidelity », would take on a meta textual value ?
Abstract de la communication :
Rapt est une œuvre puissante et âpre […] traité[e] un peu à la manière des films muets de la bonne époque ; dans ce film, les paroles servent à l’image et jamais ne l’asservent. Il y a longtemps que les véritables amis du cinéma n’auront eu pareil régal. Une véritable cure de dépagnolisation.
En lisant cet éloge de Rapt (1934), adaptation d’un roman de Ramuz par Benjamin Fondane, la tentation est grande d’appliquer au scénario que tire Giono du Chant du monde (1942) les caractéristiques mises en avant ici à propos de film de Dimitri Kirsanoff. Le néologisme polémique « dépagnolisation » nous semble en effet tout particulièrement éclairant pour comprendre le sens du projet gionien et l’inscrire dans les débats d’époque.
De quoi Pagnol est-il alors le nom ? Rappelons que, depuis le début des années 30, Pagnol s’est illustré par ses prises de position en faveur du cinéma parlant puis par sa pratique de scénariste-dialoguiste et de réalisateur. Il a justement tiré plusieurs films des romans de Giono, qui auraient, aux dires de ce dernier, dénaturé son oeuvre. Pagnol essuie des reproches essentiellement formels (son cinéma serait du théâtre filmé) mais sans doute aussi thématiques (Giono, comme Ramuz, résistant par leur œuvre « puissante et âpre » au caractère réducteur et mièvre de l’étiquette régionaliste). Ce n’est donc sans doute pas un hasard si c’est précisément en 1942, alors qu’un procès l’oppose à Pagnol, qu’en dépit de ses réticences affichées envers le cinéma, Giono s’attelle au scénario du Chant du monde et projette même de le mettre lui-même en scène (« Je réussirai ou j’échouerai, mais au moins, je n’aurai à m’en prendre qu’à moi-même » ).
Au-delà de la volonté de réappropriation de son œuvre, que va chercher Giono dans l’écriture scénaristique ? Quelle idée du cinéma transparaît dans l’écriture de ce découpage technique ? Quels choix formels lui inspire un tel exercice ? Si le scénario de Giono n’a finalement pas été porté à l’écran, la minutie, la richesse et les qualités d’écriture de son découpage technique, publié par les soins de Jacques Mény, témoignent de sa volonté de renouer lui aussi avec un âge d’or du cinéma muet ou du moins d’exploiter pleinement les qualités propres au medium filmique tel qu’il se le représente, en mettant l’accent sur l’expressivité des cadrages et les ressources du montage.
C’est dans cette optique que nous nous proposons d’étudier la poétique de cette « oeuvre inadvenue » qu’est Le Chant du monde, en la confrontant à la fois au roman de 1934 dont elle est tirée mais aussi, ponctuellement, à l’adaptation théâtrale qu’en livrera Giono en 1965 sous le titre Le Cheval fou, afin de mettre au jour l’imaginaire du cinéma mobilisé par le romancier.
Actrice emblématique des années 1960-1970, par les réalisateurs dont elle a croisé la route (Truffaut, Resnais, Demy, Losey, Akerman…) comme par les combats féministes qu’elle a menés avec passion (notamment pour la légalisation de l’avortement), Delphine Seyrig semble, depuis quelques années, être entrée en collision avec notre actualité. Elle revient en effet de façon frappante sur le devant de la scène, à la faveur de certaines rééditions et de publications qui témoignent de l’écho rencontré par ses engagements et de l’aura particulière de cette comédienne/réalisatrice.
Ce compte rendu s'interroge sur cette actualité de Seyrig en rendant compte de l'essai que lui a consacré Jean-Marc Lalanne chez Capricci.
[Article mis en ligne le 11 octobre 2024.]
Telles sont les pistes principales explorées dans ce compte rendu paru en novembre 2017 dans la revue Europe.
Si la question de la poésie « cinématographique » a fait l'objet de quelques études récentes, celle du cinéma « poétique » n'a encore été traitée que de manière indirecte et partielle. Les littéraires s'y intéressent généralement comme à une modalité de la poésie hors du livre, tandis que les historiens du cinéma l'abordent dans une perspective souvent monographique, en se concentrant sur certains cinéastes ou certaines écoles. Le questionnement sur le cinéma poétique se fixe alors sur certaines figures centrales comme Cocteau et sa « poésie de cinéma » aux contours imprécis, Epstein et ses essais intuitifs sur la photogénie, les formalistes russes, Pasolini et son « cinema di poesia », ainsi que sur les cinéastes américains réunis autour de Maya Deren lors du colloque Poetry and the Film en 1953, puis de la Film-Makers' Cooperative créée par Jonas Mekas en 1962. Certaines études panoramiques embrassent ce vaste corpus mais sans envisager les usages triviaux du terme « poétique », malgré l'intérêt que peuvent revêtir ces derniers pour une approche totalisante du phénomène. La question de la poésie de cinéma ne se résume pas, pourtant, aux cas d'école ni au cinéma expérimental qui en radicalise les formes. Ce colloque se donne pour ambition d'apporter un éclairage sur ce volet encore relativement méconnu, en tenant ensemble trois types de discours s'inscrivant dans des traditions diverses et répondant à des finalités différentes : 1) les écrits des cinéastes ayant tenté de définir la poésie inhérente à leur art 2) les écrits de théoriciens/critiques qualifiant tel ou tel film de « poétique » 3) les textes de communication émanant des professionnels du cinéma dans le cadre de la promotion, de l'édition ou de la programmation de certains films.
Si la question de la poésie « cinématographique » a fait l'objet de quelques études récentes, celle du cinéma « poétique » n'a encore été traitée que de manière indirecte et partielle. Les littéraires s'y intéressent généralement comme à une modalité de la poésie hors du livre, tandis que les historiens du cinéma l'abordent dans une perspective souvent monographique, en se concentrant sur certains cinéastes ou certaines écoles. Le questionnement sur le cinéma poétique se fixe alors sur certaines figures centrales comme Cocteau et sa « poésie de cinéma » aux contours imprécis, Epstein et ses essais intuitifs sur la photogénie, les formalistes russes, Pasolini et son « cinema di poesia », ainsi que sur les cinéastes américains réunis autour de Maya Deren lors du colloque Poetry and the Film en 1953, puis de la Film-Makers' Cooperative créée par Jonas Mekas en 1962. Certaines études panoramiques embrassent ce vaste corpus mais sans envisager les usages triviaux du terme « poétique », malgré l'intérêt que peuvent revêtir ces derniers pour une approche totalisante du phénomène. La question de la poésie de cinéma ne se résume pas, pourtant, aux cas d'école ni au cinéma expérimental qui en radicalise les formes. Ce colloque se donne pour ambition d'apporter un éclairage sur ce volet encore relativement méconnu, en tenant ensemble trois types de discours s'inscrivant dans des traditions diverses et répondant à des finalités différentes : 1) les écrits des cinéastes ayant tenté de définir la poésie inhérente à leur art 2) les écrits de théoriciens/critiques qualifiant tel ou tel film de « poétique » 3) les textes de communication émanant des professionnels du cinéma dans le cadre de la promotion, de l'édition ou de la programmation de certains films.
Une publication dans le n°3 de la revue Captures, réunissant ces contributions ainsi que des articles inédits, lui fera suite au printemps 2017. On y lira des articles de Jan Baetens (sur L'esprit de la ruche), de Gilles Menegaldo (sur Providence et In the mouth of madness), d'Alain Boillat (sur Kafka), de Baptiste Villenave (sur Hammett), de Trudy Bolter (sur The dark half et Adaptation), de Matthias de Jonghe (sur Houellebecq), de Mathilde Labbé (sur Baudelaire), de Sarah Sepulchre (sur la série Californication) et de Nadja Cohen (introduction et article sur la série The affair).
The discussion will continue current research undertaken on intermediality but will also offer useful insights to write the history of the ideas of literature. However, the idea of poetry will not be studied from the narrow viewpoint of literature but from another domain outside the boundaries of literature : cinema, and will offer a useful path for redefining the notion of poetry from the 1920s to the 2010s.
My research project will be based on an inductive and pragmatic approach since I will use tangible uses of the term “poetic” applied to films. In order to conduct this research, I will use a varied corpus including the writings of film directors and artists trying the define the inherent poetry of their films (such as Jean Epstein, Jean Cocteau, Pier Paolo Pasolini, Maya Daren, Jonas Mekas, Raoul Ruiz and Eugène Green), theoretical texts and articles written by essayists and film critics, but also communications and promotional texts.
The project aims at bringing to light how referring to cinema enabled literature to redefine its role and prerogatives, in opposition to the cinematographic model (autonomisation) or in rapprochement with it. It will also explore narrative and lyrical forms inspired by cinema (cine-novels, cinematographic poems), as well as the way writers became involved in cinema (from various forms of collaborations to film directing itself).
The project’s originality lies in its globalizing perspective. It will attempt to establish a system entailing various forms of positioning for literature vis-a-vis cinema. The whole range of narrative and poetical genres will be considered and their mutations taken into account. Moreover, the project will include all the writers belonging to the avant-gardes, notably modernist and surrealist writers, as well as authors deemed minor.