Dynamite, Canadian Tire et lululemon délocalisent leur production hors de la Chine
Le Groupe Dynamite a entrepris des démarches pour délocaliser davantage de production en dehors de la Chine, afin de se protéger des impacts négatifs que pourraient avoir les tarifs douaniers dont Donald Trump menace la Chine. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Les tarifs douaniers que le président américain Donald Trump menace d'imposer aux produits fabriqués en Chine incitent des détaillants canadiens tels que Dynamite, Canadian Tire et lululemon à réduire la quantité de biens manufacturés en sol chinois.
La menace de tarifs douaniers proférée par le président désigné, fin novembre, à l'encontre des produits venant du Canada et du Mexique a fait couler beaucoup d'encre et placé le fédéral et les provinces sur un pied d'alerte.
Le Canada, qui se dit prêt pour une guerre commerciale avec les États-Unis, a, dans ses cartons, une première riposte de 37 milliards de dollars si le président Trump va de l'avant avec ses menaces.
Mais la menace du président américain — qui a été assermenté ce lundi — cible aussi la Chine, ce qui pourrait pénaliser les détaillants canadiens qui y fabriquent des produits qu'ils vendent, ensuite, sur le marché américain.
C'est le cas du fabricant de vêtements montréalais Groupe Dynamite, basé à Montréal, mais aussi des compagnies vancouvéroises Aritzia et lululemon, et de la chaîne torontoise Canadian Tire.
Chacune de ces entreprises s'est récemment fait demander comment elle comptait se prémunir contre ces tarifs douaniers éventuels lors de la présentation de ses résultats financiers aux investisseurs.
Canadian Tire est l'un des détaillants du pays qui a dû répondre aux questions d'investisseurs quant à la menace de tarifs douaniers contre la Chine de la part des États-Unis. (photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
Dans un appel téléphonique récent avec des investisseurs, le président et directeur général de Groupe Dynamite, Andrew Lutfy, a déclaré avoir déjà entrepris des démarches pour délocaliser davantage de production en dehors de la Chine. M. Lutfy a toutefois refusé de dire dans quelle proportion cette délocalisation s'effectuait.
Groupe Dynamite a entrepris son expansion dans le marché américain en 2007; à ce jour, il possède 109 magasins Garage et cinq magasins Dynamite au sud de la frontière, d'après ce qui est écrit dans sa plus récente présentation aux investisseurs.
Pas une nouvelle tendance
La tendance voulant que des entreprises déplacent leur production hors de la Chine n'est pas nouvelle.
Les tensions entre les États-Unis et la Chine connaissent depuis des années une escalade, et les tarifs douaniers qu'avait imposés le président républicain durant son premier mandat ont été maintenus par son successeur, le démocrate Joe Biden.
Mais cette tendance à la délocalisation s'est récemment accélérée. Le fabricant new-yorkais de chaussures Steve Madden, par exemple, a pour plan de réduire de 40 % sa production en Chine, lui qui s'était auparavant fixé une cible de 10 % de réduction.
À l'instar de Washington, Ottawa avait aussi frappé les importations chinoises de tarifs punitifs, plus précisément les voitures électriques, l'acier et l'aluminium.
Et à la lumière des tensions géopolitiques croissantes, des entreprises canadiennes ont entrepris de revoir leurs relations commerciales avec la Chine.
La communauté d'affaires du Canada reçoit des signaux qui lui font comprendre qu'il y a un risque à avoir une part significative de sa chaîne d'approvisionnement en Chine
, a expliqué l'avocat spécialisé en droit du commerce John Boscariol, associé au sein de la firme McCarthy Tétrault.
Le travail forcé
Un autre facteur a pu inciter les entreprises à délocaliser leur production hors de la Chine, soit les allégations entourant le travail forcé imposé, notamment à la minorité ouïghoure dans la province du Xinjiang.
L'entrée en vigueur, aux États-Unis, de la Loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours (UFLPA) fait en sorte que les entreprises risquent de voir certaines de leurs exportations bloquées à la frontière, ce qui les obligerait par la suite à faire la preuve que ces produits ne sont pas le fruit du travail forcé.
En décembre dernier, la cheffe de la diplomatie canadienne, Mélanie Joly, a annoncé l'imposition de sanctions à des fonctionnaires chinois et à des ressortissants russes qui ont commis, selon Ottawa, des violations des droits de la personne
.
D'après un texte de Paula Duhatschek de CBC
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Avec les informations de CBC