Grés-de-montpellier
Grés-de-montpellier | |
Le vignoble des grés-de-montpellier à Saint-Pons-de-Mauchiens. | |
Désignation(s) | Grés-de-montpellier |
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Appellation(s) principale(s) | languedoc[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Pays | France |
Région parente | Languedoc-Roussillon |
Sous-région(s) | plaine du Languedoc |
Localisation | Hérault |
Climat | tempéré méditerranéen |
Superficie totale | 1000 ha |
Nombre de domaines viticoles | 48 caves particulières 5 caves coopératives |
Cépages dominants | grenache N, syrah N et mourvèdre N[2] |
Vins produits | rouges |
Production | 5 000 hl/ha |
Pieds à l'hectare | minimum 4 000 pieds/ha |
Rendement moyen à l'hectare | maximum 45 à 54 hl[3] |
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Le languedoc grés-de-montpellier[Note 1] est un vin issu de l'appellation viticole dont l'aire s'étend sur 46 communes de l'Hérault, de la vallée de l'Hérault à l'ouest au Vidourle à l'est, bordé au nord par le territoire de production du pic-saint-loup. Il s'agit d'une dénomination géographique au sein de l'appellation Languedoc[4],[5].
Histoire
[modifier | modifier le code]L’histoire du vignoble des Grés-de-Montpellier commence avant l’ère romaine. Des scientifiques découvrent des traces d’acide tartrique dans un ancien pressoir à Lattara[6], ancien port méditerranéen, aujourd’hui connu sous le nom de Lattes.
Les étrusques, en 500 av. J.C., produisent du vin sur la future appellation Languedoc Grés-de-Montpellier. La Via Domitia, ou via domitienne est construite à partir de 118 av. J.C. et traverse la zone d'appellation. Elle contribue aux échanges, au commerce, et donc à la production du vin dans cette région.
En 782, Witiza, grand échanson de Louis le Pieux, conseiller de Charlemagne renouvelle la règle des Bénédictins[7]. Il introduit l’obligation de planter la vigne et leur donne l’autorisation de boire du vin aux repas. Connu dans l’histoire sous le nom de Saint Benoît, il est à l’origine de plus de mille abbayes en Europe, qui possèdent toutes un vignoble. Les cisterciens, à la suite des bénédictins, implantent, en 1138, l'Abbaye de Valmagne, sur la commune de Villeveyrac et l'abbaye de Vignogoul à Pignan. L’abbaye de Valmagne possède encore son vignoble[8].
En 1622, Louis XIII installe à Montpellier le siège de puissantes administrations souveraines et fait d’elle la capitale régionale, juridique et administrative[9]. Les premières Folies montpelliéraines apparaissent au XVIIIe siècle. Ces châteaux sont le témoignage incontestable de cette période viticole particulièrement riche. Le Château de Flaugergues, le Château de l'Engarran, le Château d’Assas ou encore le Château de Verchant sont toujours des domaines viticoles aujourd’hui au sein de l’AOP Languedoc Grés-de-Montpellier.
En 1704, l’administration du Languedoc crée la chambre de commerce à Montpellier qui investira l’Hôtel Saint Côme en 1801. En 1729, apparaît l’une des premières réglementations de la mise en marché des vins et eaux-de-vie[10], avec notamment la création du Service d’inspection des vins et des eaux-de-vie. Les consuls de la Paroisse effectuent des contrôles sur la qualité des vins, des alcools et des barriques et marquent les fûts par la croix du Languedoc. C’est une des premières étapes vers la qualité des vins du Languedoc.
Au XIXe siècle, le phylloxéra envahit le vignoble français[11]. En 1869, Napoléon III décide alors d’implanter l’Institut Agricole de La Saulsaie[Note 2] à Montpellier pour combattre le phylloxéra en France. Elle est implantée sur le site de la Gaillarde. C'est un succès, la recherche agronomique montpelliéraine découvre les moyens de lutte contre cet insecte grâce à Jules Émile Planchon[12].
La naissance de l'appellation des Grés a lieu en 1993, sous l’impulsion de Jean Clavel[13] et Michel Moreau : une poignée de vignerons crée le syndicat des Grés-de-Montpellier. Ils ont identifié le potentiel du terroir et le travail de certains vignerons sur un niveau qualitatif supérieur. En approuvant le nom « Grés-de-Montpellier », le maire de Montpellier Georges Frêche s'exclame : « Nous boirons du Montpellier partout dans le monde ». Dès 1997, les producteurs des Grés-de-Montpellier s’appliquent des règles de production au niveau des rendements, de l'encépagement, de l’âge des vignes, de la sélection parcellaire, de l’élevage au travers d’un cahier de charges stricte[5]. Le décret du 11 mars 2003, reconnait le terroir des Grés-de-Montpellier en AOC Languedoc Grés-de-Montpellier. En 2011, la bouteille Grés-de-Montpellier fait son apparition grâce à l’impulsion de la maire de Montpellier Hélène Mandroux.
Étymologie
[modifier | modifier le code]L’expression « Grés » vient de l’occitan « lou gres ». Elle désigne les sols pauvres et caillouteux fait de galets roulés et de calcaire, favorables à la culture de la vigne. Les vignes puisent dans ces cailloux la finesse et l’élégance des vins de l'appellation. Les vignerons des Grés-de-Montpellier sont fortement engagés dans une agronomie durable et de respect de leur terroir.
Situation géographique
[modifier | modifier le code]Orographie
[modifier | modifier le code]Géologie
[modifier | modifier le code]Le mot « Grés » caractérise une terre caillouteuse et pauvre. Il désigne une terre de production sur laquelle la vigne et l’olivier y trouvent les apports nécessaires à leur développement. Les sols des Grés de Montpellier sont caractérisés par une charge caillouteuse importante. On retrouve plusieurs types de roche : le calcaire dur sur Assas et Villeveyrac, le galet roulé vers Saint-Aunès et Saint Génies des Mourgues, le marne-calcaire que l’on retrouve sur la commune de Murviel-les Montpellier, les cailloutis calcaires du quaternaire au niveau de Saint-Christol et Villeneuve-lès-Maguelone. Ces sols permettent un enracinement profond de 6 à 8 mètres.
Climatologie
[modifier | modifier le code]Le climat de ce terroir viticole est typiquement méditerranéen. Il se caractérise par des hivers doux, des étés chauds et secs et des précipitations rares et concentrées notamment en automne de septembre à décembre (les précipitations annuelles sont proches de 800 mm). Au contraire, l'été est souvent très sec, voire aride dans l'arrière pays des garrigues, avec seulement quelques précipitations en août liées aux orages. Les vents dominants sont la tramontane, vent sec et froid qui chasse les nuages, et le marin, vent humide qui au contraire amène les nuages. Il peut parfois être très violent.
Le taux d'ensoleillement journalier moyen est de 7 h 22, largement supérieur à la moyenne française de 4 h 46[14]. En outre, relativement "protégée" du Mistral et de la Tramontane par l'avancée des reliefs cévenols, Montpellier est la ville la moins ventée du golfe du Lion. De plus, la proximité de la mer favorise l'installation de la brise marine qui tempère les excès thermiques en été.
La température annuelle moyenne est de 14,2 °C, supérieure à la moyenne nationale de 12,2 °C[14].
Le tableau ci-dessous indique les températures et les précipitations pour l'année 2007 :
Mois | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | Année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Températures moyennes maximales (°C) | 11 | 11 | 14 | 16 | 20 | 25 | 26 | 26 | 23 | 19 | 14 | 12 | 17,6 |
Températures moyennes minimales (°C) | 7 | 7 | 10 | 11 | 14 | 19 | 20 | 21 | 18 | 15 | 10 | 8 | 13,3 |
Températures moyennes (°C) | 9 | 9 | 12 | 13,5 | 17 | 22 | 23 | 23,5 | 21,5 | 17 | 12 | 10 | 15,6 |
Précipitations (hauteur moyenne en mm) | 60 | 105 | 10 | 15 | 90 | 0 | 3 | 10 | 29 | 144 | 21 | 72 | 659 |
Source: MSN météo[15] |
Vignoble
[modifier | modifier le code]Présentation
[modifier | modifier le code]Le vignoble s'étend sur les communes de Assas, Aumelas, Beaulieu, Boisseron, Campagne, Castelnau-le-Lez, Castries, Combaillaux, Cournonsec, Cournonterral, Garrigues, Gignac (pour partie), Guzargues, Juvignac, Lavérune, Lunel, Lunel-Viel, Mauguio, Montagnac, Montbazin, Montpellier, Murviel-lès-Montpellier, Pignan, Plaissan, Poussan, Prades-le-Lez, Restinclières, Saturargues, Saint-Aunès, Saint-Bauzille-de-la-Sylve, Saint-Bauzille-de-Montmel, Saint-Christol, Saint-Clément, Saint-Drézéry, Saint-Geniès-des-Mourgues, Saint-Georges-d'Orques, Saint-Pargoire, Saint-Pons-de-Mauchiens, Saint-Sériès, Saint-Vincent-de-Barbeyrargues, Sussargues, Vailhauquès, Vendémian, Vérargues, Villeneuve-lès-Maguelone, Villeveyrac.
Encépagement
[modifier | modifier le code]Les cépages principaux sont le grenache, le mourvèdre et la syrah. La syrah est un cépage méditerranéen qui aime les terres caillouteuses, chaudes avec des sols moyennement fertiles et bien drainés. Le grenache noir est originaire d’Espagne. Le mourvèdre participe à l’assemblage avec les deux premiers.
Le vin doit obligatoirement être composé d'un assemblage de deux cépages principaux pour pouvoir revendiquer l'appellation[16]. Les cépages principaux doivent représenter au minimum 70 % de la surface revendiquée en Grés de Montpellier ainsi qu'au moins 20 % de grenache[17].
On retrouve également des cépages secondaires tels que le carignan, le cinsault et le morrastel. Le carignan noir est le principal cépage complémentaire du grés-de-montpellier.
Méthodes culturales
[modifier | modifier le code]Le rendement de base ne doit pas dépasser 45 hectolitres à l’hectare. La densité minimale pour l'appellation est de 4 400 pieds par hectare.
Une taille courte en gobelet ou en cordon de Royat sont effectuées.
Le palissage est obligatoire si les vignes sont conduites en cordon Royat, ainsi que pour les encépagement en syrah.
Le titre alcoométrique doit être supérieur à 12 % vol.
Production
[modifier | modifier le code]Vinification et élevage
[modifier | modifier le code]Terroir et vins
[modifier | modifier le code]Le terroir s'étend de la vallée du Vidourle à l’est jusqu'à la vallée de l’Hérault à l’Ouest, et de la région du Pic Saint Loup au Nord, jusqu'au littoral au Sud. Les vins peuvent être produits sur des sols argilo-calcaires, schisteux, à proximité de la mer ou en altitude, ce qui leur confère des propriétés organoleptiques différentes selon ces terroirs[5].
Structure des exploitations
[modifier | modifier le code]Les exploitations sont réparties entre 48 domaines et 5 caves coopératives.
- Abbaye de Valmagne
- Cellier du Val des Pins
- Chemin des Rêves
- Château Bas d'Aumelas
- Château Ellul-Ferrieres
- Château Haut-Blanville
- Château Roumanières
- Château Saint-Martin la Garrigue
- Château d'Exindre
- Château de Flaugergues
- Château de Fourques
- Château l'Engarran
- Clos Sorian
- Clos d'Elle
- Clos de l'Amandaie
- Clos des Nines
- Cours Saint Vincent
- Domaine Bort
- Domaine Campaucels
- Domaine Cante Vigne
- Domaine Coste Moynier
- Domaine Henry
- Domaine Puech
- Domaine Terre Megère
- Domaine de Roquemale
- Domaine de Saumurez
- Domaine de la Marfée
- Domaine de la Pansière
- Domaine de la Perriére
- Domaine de la Prose
- Domaine de la Triballe
- Domaine des 4 Pilas
- Domaine du Poujol
- Domaines Paul Mas
- Figure & Co
- Grés Saint Paul
- Hommes et Terres du Sud
- Le Chai d'Emilien
- Le clos d'Isidore
- Les anges de Bacchus
- Les vignerons du chevalier Georges
- Mas Trinquier
- Mas d'Arcay
- Mas de Bayle
- Mas de Janiny
- Mas de Lunès
- Mas de Martin
- Mas des Colibris
- Mas du Ministre
- Saint Jean de l'Arbousier
- Vignerons du Sommièrois
Type de vins et gastronomie
[modifier | modifier le code]Les vins rouges primeurs délivrent généralement des arômes de fruits rouges, et une structure souple et légère. Ceux de garde moyenne présentent le plus souvent des arômes de garrigue, de fruits cuits, d'épices, de cacao, et une structure tannique plus prononcée[5].
Commercialisation
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Cette école est SupAgro Montpellier aujourd’hui.
Références
[modifier | modifier le code]- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- « Cahier des charges de l'appellation »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], sur http://agriculture.gouv.fr/, homologué par le « décret no 2011-1508 du 10 novembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Languedoc » », JORF, no 0264, , p. 19156.
- Légifrance, « Décret du 11 mars 2003 modifiant le décret du 24 décembre 1985 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Coteaux du Languedoc » « Grès de Montpellier » », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- « Languedoc Grès de Montpellier », sur www.inao.gouv.fr, (consulté le ).
- (en) Patrick E. McGovern, Benjamin P. Luley, Nuria Rovira et Armen Mirzoian, « Beginning of viniculture in France », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 110, no 25, , p. 10147–10152 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 23733937, PMCID PMC3690885, DOI 10.1073/pnas.1216126110, lire en ligne, consulté le ).
- « Bénédictins : La règle de saint Benoît », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- « Vignoble - Abbaye de Valmagne » (consulté le ).
- Anne Blanchard, « De Pézenas à Montpellier : transfert d'une ville de souveraineté (XVIIe siècle) », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 12, no 1, , p. 35–49 (DOI 10.3406/rhmc.1965.3149, lire en ligne, consulté le ).
- Huet Myriam, Le vin pour tous : le comprendre, le choisir, l'apprécier, Dunod, (ISBN 978-2-10-075481-6 et 2-10-075481-5, OCLC 959971556, lire en ligne [PDF]).
- J.Paul Legros, Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, « L’invasion du vignoble par le phylloxéra », .
- La Découverte du phylloxéra, conférence en ligne de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier.
- « Jean Clavel », sur Editions Féret (consulté le ).
- « La population et la géographie de Montpellier », sur Ville de Montpellier.
- MSN météo Température mensuelle moyenne à Béziers (Languedoc).
- Grés de Montpellier, « Grés de Montpellier - Réglementation », sur www.gres-de-montpellier.com (consulté le ).
- CIVL, « AOC Languedoc Grés de Montpellier », sur Languedoc Wines.