Bonhomme Sept Heures
Le Bonhomme Sept Heures est un personnage fictif maléfique de la culture du Québec et du Canada francophone qu'on utilise notamment pour faire peur aux enfants.
Au Canada francophone et au Québec, on parle de ce vagabond sinistre aux jeunes enfants pour leur faire peur et ainsi les rendre plus sages. Il était censé ramasser les enfants qui étaient encore dehors après sept heures du soir ou qui ne dormaient pas. Aussi, prononcé avec un pince-sans-rire de la part du parent pour inciter l'enfant à aller au lit, plutôt que de le gronder, c'est une tactique éducative. La légende du Bonhomme Sept Heures est maintenant oubliée dans plusieurs régions, mais l'expression demeure répandue. Les termes croque-mitaine et père Fouettard sont assez méconnus au Canada, contrairement au « Bonhomme Sept Heures ».
On rencontre aussi les orthographes suivantes : « Bonhomme sept-heures », « Petit bonhomme sept heures », « Bonhomme setteur », « Bonhomme 7 heures »[1].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Trois hypothèses existent sur l'étymologie de cette expression.
La première hypothèse veut que ce terme vienne de l'anglais bone-setter (qui signifie rebouteux)[2],[3]. Un bone setter est en fait un ramancheur (régionalisme québécois pour rebouteux), une personne qui replace les articulations démises ou qui fait des manipulations pour guérir des douleurs comme les maux de dos. Lorsque dans une famille on faisait venir le bone setter, souvent la personne traitée gémissait, grinçait des dents ou criait de douleur ce qui faisait très peur aux enfants. Plus tard, lorsque ceux-ci ne voulaient pas obéir, on les menaçait du bone setter. Au Québec francophone, l'expression bone setter serait devenu le bonhomme sept heures. Il se peut très bien que ce soit là une erreur, car les spécialistes de la langue québécoise ont historiquement souvent eu tendance à voir des anglicismes dans les régionalismes. On peut penser à mouche à feu (luciole), par exemple, qu'on classe comme anglicisme dans le Dictionnaire des anglicismes de Gilles Colpron, tandis que ce mot se trouve dans le Littré, ce qui en fait au pire un anglicisme de maintien.
La deuxième hypothèse veut que ce terme soit un dérivé des bonhomme la nuit et couche huit-heures, qui sont présents dans certains parlers de France, et seraient arrivés en Amérique du Nord avec les premiers colons francophones[4]. Le Bonhomme Sept Heures serait alors l'homme responsable d'éteindre l'éclairage des rues le soir venu. Selon Lionel Boisvert du Trésor de la langue française informatisé, que l'on mentionne dans l'article Bonhomme Sept Heures du grand dictionnaire terminologique, on trouverait des formes voisines de ce nom en breton : bonhomme basse heure et bonhomme basse hour[réf. nécessaire].
Selon une troisième hypothèse, l'origine de ce personnage serait liée au bomb setter[5]. Cette personne devait allumer les bombes des lampadaires qui fonctionnaient au gaz ou à l'huile, autour des années 1890 dans les rues de Montréal. Cette personne devait le faire avant 7 heures. Le mot se serait déformé et serait devenu Bonhomme Sept Heures. Donc un personnage se promenant à la brunante, difficile à identifier et que les parents pouvaient mentionner pour faire peur aux enfants qui ne voulaient pas écouter ou entrer à la maison trop tôt. Une variante de cette hypothèse fait dériver le nom du personnage d'une autre expression anglaise, le boom setter, qui travaillait sur les estacades, des barrières flottantes sur les rivières qui servaient à acheminer le bois aux usines aux XIXe et XXe siècles[5].
La légende
[modifier | modifier le code]La légende du Bonhomme Sept Heures veut que ce personnage, à moitié humain et à moitié maléfique, enlève les enfants qui, s'amusant à l'extérieur, auraient trop tardé à retourner chez eux avant qu'il ne soit 7 heures du soir. Ces enfants ne seraient jamais retrouvés.
Le Bonhomme Sept Heures serait un vieil homme, portant un chapeau, une canne, une cape et un sac. Selon les régions, ce sac contiendrait du sable qu'il lancerait aux yeux des enfants, ou lui servirait à y placer ses victimes.
Dans certaines villes, le Bonhomme Sept Heures viendrait de nulle part. À d'autres endroits, sa résidence serait connue des parents.
Le nom Bonhomme Sept Heures se retrouve aussi sur la liste des noms vernaculaires des hominoïdes en Amérique du Nord[réf. nécessaire]. Les cas d'enlèvements et d'agressions ne sont pas étrangers aux hominoïdes.
Un enfant qui aurait désobéi à ses parents et serait rentré tard, aurait été emporté par le vent du nord. Il n'aurait jamais été retrouvé. Des personnes disent l'avoir aperçu durant leur enfance, il leur aurait dit de rentrer avant qu'il ne les attrape.
Apparition cinématographique
[modifier | modifier le code]Le Bonhomme Sept Heures apparaît en guise d'opposant à Jack Frost et ses amis dans le film d'animation Les Cinq Légendes (Le réveil des gardiens au Québec) (2012). Son but est de changer les rêves, l'espoir et les vœux des enfants en peur et en cauchemars, pour qu'ils croient en lui.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- La graphie bonhomme 7 heures semble incorrecte, mais est tout de même proposée comme synonyme. L'expression "Petit bonhomme sept heures" est également utilisée par les Canadiens
- W.H. New, A History of Canadian Literature p.260
- Caroline Montpetit, « Des livres pour les enfants - Le Bonhomme Sept-Heures n'existe pas », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le )
- Anne-Marie Beaudoin-Bégin, « Du Bonhomme sept-heures (déboulonnage de mythe)… », sur En Tous Cas…, (consulté le )
- David Magny, « Le Bonhomme Sept Heures », sur Dark Stories, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- eXterio, groupe de rock québécois qui a enregistré une chanson intitulée Bonhomme Sept Heures sur son album Vous êtes ici.