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Kayes (Mali)

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Kayes
Kayes (Mali)
Gouvernorat de Kayes.
Administration
Pays Drapeau du Mali Mali
Région Kayes
Cercle Kayes
Maire Adama Guindo (PRM)
Code 01010101
Démographie
Gentilé Kayésien, Kayésienne
Population 194 000 hab. (2023)
Densité 15 039 hab./km2
Population précédent recensement 126 319 hab. (2009)
Croissance annuelle moyenne 3.1 %
Géographie
Coordonnées 14° 27′ 00″ nord, 11° 26′ 00″ ouest
Altitude 51 m
Superficie 1 290 ha = 12,9 km2
Localisation
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Kayes
Géolocalisation sur la carte : Mali
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Kayes

Kayes (prononcé /kaj/[a] ; en bambara : Káyì[b] ou ߞߊ߬ߦߋ߬, en soninké : Xaayi[c] est une ville de l’ouest du Mali sur les rives du fleuve Sénégal. En 2023, la population municipale est estimée à près de 194 000 habitants. Elle est la capitale de la première région administrative et le chef-lieu du cercle qui portent tous deux son nom. La ville est un centre commercial qui s'est développé historiquement autour de sa gare du chemin de fer Dakar-Niger. Aujourd'hui, la route Bamako-Dakar y franchit le fleuve grâce à deux ponts routiers. Le climat semi-aride chaud, propice à la savane, permet le développement d'un maraîchage périurbain ainsi que la production céréalière et l'élevage dans l'arrière-pays.

Géographie

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Kayes se situe de part et d'autre du fleuve Sénégal immédiatement en aval de sa confluence avec les rivières de Papara au sud et de Kolimbiné au nord. La ville s'étend sur une plaine entre 40 et 50 m d'altitude, toutefois aux limites sud de la ville le relief devient plus marqué avec des collines atteignant 300 m d'altitude[1].

Kayes est distante par la route nationale 1 de 600 km de la capitale malienne Bamako et de 95 km de la frontière sénégalaise. Les communes limitrophes sont Khouloum au nord-est, Bangassi au nord-ouest et Liberté-Dembaya au sud[1],[2].

Carte
Carte de la ville de Kayes.

Kayes est surnommée « La cocotte-minute de l'Afrique » en raison de ses températures moyennes très élevées. En effet, elle est entourée de massifs montagneux très riches en fer qui contribuent à l'élévation de la température[Selon qui ?]. La température moyenne maximale du mois le plus torride de l'année (avril) y est de 44 °C[3]. La température moyenne annuelle est de 30 °C à Kayes. La durée moyenne annuelle d'ensoleillement y est de 3 049 h dans l'ensemble de la région[4].

Diagramme ombrothermique
de Kayes (1991-2020)

Le climat de Kayes est semi-aride chaud, classé BSh dans la classification de Köppen[5].

Statistiques météorologiques de Kayes (1991-2020) - altitude : 47 m - latitude : 14° 26′ N, 11° 26′ O
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 16,1 18,6 20,7 23,9 25,9 26,8 24 23,3 23,6 23,6 20,9 17,9 22,1
Température moyenne (°C) 26 28,9 32,2 35,2 36,2 34,1 30,3 28,9 29 30,4 29,2 26,8 30,6
Température maximale moyenne (°C) 31,5 32,9 38,7 39,3 39,6 36,7 30 31,8 32,5 35 34,8 33,8 34,7
Ensoleillement (h) 202,3 176 209,7 191,5 211,5 203,1 192,5 175,3 186,5 215,5 211,6 204,7 2 380,2
Précipitations (mm) 13,9 10,3 8 2,4 8,6 59,1 130,6 194,8 122,3 38,2 1,1 0,6 589,9
Nombre de jours avec précipitations 1 1 1,5 1 1,6 5,5 9,9 11,4 9,6 3,4 2 1 48
Source : Infoclimat.fr[6]


La ville conserve de l'époque de sa fondation durant la domination françaises de nombreux édifices :

  • l'hôtel de ville et les bâtiments coloniaux du Centre Commercial (quartier Liberté) ;
  • les édifices de la Corniche : résidence du gouverneur, gouvernorat, quarantaine (quartier du Plateau) ;
  • la gare et la cité des cheminots (quartier du Plateau).

Le fleuve Sénégal se franchit par trois ouvrages :

  • la chaussée submersible, le plus remarquable et le plus ancien date de 1923 ;
  • deux ponts modernes qui complètent le franchissement[7],[8].

Différents sites se trouvent dans les environs de Kayes :

Kayes en 1910

Le site de Kayes aurait d'abord fait partie du territoire du chef soninké Bathily. Le nom de Kayes dériverait alors du terme soninké kharé désignant une zone basse inondée lors de la saison des pluies ou encore du terme khayé désignant le rônier. Une autre tradition fait remonter le nom de la ville au surnom de Diguidian Diakité. Celui-ci, chassé par ses parents, aurait obtenu du roi khassonké du Logo de s'installer à Kayes. Le surnom kayé désigne alors une herbe tranchante en référence à la méchanceté de Diguidian. Vers 1857, Guessé Sidi Diallo est envoyé par son père, le roi khassonké de Médine Diouga Samballa, à Kayes pour surveiller sa frontière ouest. Il devient chef du village de Kayes Ba sur la rive gauche du fleuve tandis que Sega Diakité fils de Diguidian devient chef de Kayes Ndi, village occupant la rive droite[10],[11].

Enfants de l'école des otages créée à Kayes par Gallieni (1887-1888).

Depuis 1855, les Français ont installé un fort à Médine, à douze kilomètres en amont de Kayes, sur un terrain concédé par le roi Samballa. À partir de 1881, ils établissent un nouveau fort à Kayes, achevé en 1886. Le fleuve Sénégal est navigable durant la saison des pluies jusqu'à la ville mais pas amont jusqu'à Médine. Kayes devient ainsi le terminus de la navigation sur le fleuve et un important comptoir commercial où œuvrent à côté des commerçants locaux des maisons de Bordeaux ou de Saint-Louis. La France crée l'école des otages destinée aux fils des princes soudanais soumis. En 1886-87, Gallieni fonde à Kayes un village de liberté pour y implanter des captifs rachetés[12].

Dès 1881 débute la construction de la voie de chemin de fer à écartement métrique entre Kayes et le fleuve Niger. La première locomotive n'atteindra Bafoulabé qu'en 1890 et Bamako en 1904. Quant à la ligne de Thiès à Kayes, les travaux débutent en 1907, interrompus pendant la première guerre mondiale, ils s'achèvent en 1923. Avant cette date la ville est tributaire pour ses échanges de la navigation sur le fleuve Sénégal, possible uniquement pendant les hautes eaux de l'hivernage[13].

En 1892, Kayes devient la capitale du Soudan français constituant la colonie française du Haut-Sénégal et Niger, capitale transférée à Bamako le .

La commune-mixte de Kayes est instituée par un arrêté général du et est effective au . Par la loi du [14], Kayes devient une commune de plein exercice en 1956 avec un conseil municipal élu par un collège unique et un maire élu en son sein[15].

Durant la Seconde Guerre mondiale, la région abrite une partie des réserves d'or de la Banque de France, expédiées outre-mer dès le début de la guerre pour éviter qu'elles ne tombent aux mains de l'ennemi[réf. nécessaire]. Cet or, initialement expédié à Dakar, fut ensuite acheminé par le chemin de fer à Kayes, jugée plus sûre car éloignée de la côte (900 km) et du risque d'une attaque maritime anglaise[16].

Économie et transport

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Kayes est située sur la ligne du chemin de fer de Dakar au Niger construite lors de la colonisation française à la fin du XIXe siècle. La ligne de chemin de fer n'opère plus depuis 2017, laissant les cheminots dans l'expectative.

En 2003, le conflit ivoirien en bloquant les transports vers le sud a réactivé la voie ferrée et la ville de Kayes. Le désenclavement au niveau de l’accès routier est en cours : les routes menant vers le Sénégal et vers Bamako viennent d'être achevées[Quand ?]. La ville de Kayes est située de part et d’autre du fleuve Sénégal. En raison du trafic routier en augmentation, et notamment des poids lourds reliant Dakar à Bamako, le pont construit en 1998 a connu une usure précoce et a dû être réhabilité en 2009. Les travaux, d’un montant de près de deux milliards de francs CFA, ont perturbé fortement la circulation, le trafic sur le pont ayant été interrompu pendant trois mois[17].

L'aéroport international de Kayes Dag Dag a permis des liaisons régulières vers Bamako et vers Paris. La liaison Kayes-Bamako, assurée par Air Mali, a été interrompue en août 2012 et la liaison Kayes-Paris inaugurée en novembre 2011 par Aigle Azur[18], a cessé son activité courant 2012. Cependant, à partir de septembre 2020, des vols aller-retour de Sky Mali, société émiratie, desservent l'aéroport de Kayes Dag-Dag le dimanche et mercredi depuis Bamako, la capitale du Mali[19],[20].

La ville est alimentée par le maraîchage périurbain, les productions céréalières et animales régionales. Le riz importé complète l'approvisionnement de la ville[21].

Démographie

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La ville connaît un fort accroissement démographique puisqu'elle passe de 80 146 habitants en 2005[22] à 127 368 habitants en 2009.

Évolution démographique
1976 1987 1998 2009 2023
49 43150 99367 424126 319193 829
(Sources : citypopulation[23], Instat[24],[25], Direction Nationale de la Population[26])


La commune mixte de Kayes est créée le , elle est dirigée par des délégations jusqu'au , date à laquelle elle fut érigée en commune de plein exercice avec Mamadou Sidibé comme premier maire élu[27].

Année Maire élu Parti politique
1956 Mamadou Sidibé
Adama Guindo
2004 Hamidou Koné RPM
2009 Abdoulaye Camara[28] Adéma-Pasj
2016 Adama Guindo[29] RPM

Culture et patrimoine

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Le Conseil des ministres réuni le a adopté un projet de décret portant classement dans le patrimoine culturel national des bâtiments coloniaux de Kayes, comprenant la cité des cheminots et des anciens bâtiments sur la corniche compris entre la résidence du Gouverneur et la « Quarantaine »[30].

Comme pour l'ensemble du Mali, la principale religion est l'islam, avec néanmoins une présence animiste et des minorités chrétiennes.

Le Stade Abdoulaye Makoro Cissoko est situé à Kayes. L'Association sportive Sigui Kayes est un club de football basé à Kayes.

La ville de Kayes est jumelée depuis avec le Syndicat d'agglomération nouvelle devenu Communauté d'agglomération Évry Centre Essonne composée des communes d’Évry, Ris-Orangis, Courcouronnes, Bondoufle et Lisses)[31].
L'école Legal Segou A est jumelée avec le collège Jean-Lurçat de Ris-Orangis.

Personnalités liées à la commune

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Notes et références

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  1. Prononciation d'après le Guide du routard.com.
  2. Graphie latine en bambara : Káyì issue du dictionnaire Bamadaba (version de travail du 16 avril 2024).
  3. Graphie trouvée sur la version soninkée de site internet Soninkara sur l' article Maali: Koyen Xibaaru du 16 janvier 2016, portant sur le Festival International Soninké 2016.

Références

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  1. a et b Les Contributeurs d'OpenStreetMap, « Grande ville Kayes, Cercle de Kayès, Kayes, Mali », sur OpenStreetMap (consulté le ).
  2. (en) Thomas Brinkhoff, « Mali : Administration Division : Cercles and Communes », sur City Population (consulté le ).
  3. Pierre Cornet, Sahara : terre de demain, Nouvelles éditions latines, (lire en ligne), p. 58
  4. Georges Girard et Marcel Roche, Étude métholodologique pour l’utilisation des données climatologiques de l’Afrique tropicale, t. III : Livre de l’évapotranspiration et des déficits hydriques, Paris, Comité interafricain d’études hydrauliques, ORSTOM (présentation en ligne, lire en ligne).
  5. Laura Zepner, Pierre Karrasch, Felix Wiemann et Lars Bernard, « Kayes_Dag_Dag, Mali », sur ClimateCharts.net (DOI 10.1080/17538947.2020.1829112, consulté le ).
  6. « Normales et records pour la période 1991-2020 à Kayes », sur Infoclimat.fr (consulté le ).
  7. Kerstin Sommer, Joseph Guiébo, Raphaëlle Vignol, Nicolas Maréchal, Matthieu Sublet et Florence Kuria, Mali : profil urbain de Kayes (rapport), Nairobi, ONU Habitat, , 30 p. (ISBN 978-92-1-132023-7 et 978-92-1-132472-3, lire en ligne), p. 25
  8. Abdou Gueye dit Jean Hélène, Kayes info, « La cité du rail, un trésor culturel inexploité », sur maliweb, (consulté le )
  9. « Découvrir Kayes », sur Mali Tourisme (consulté le )
  10. « Petite histoire de Kayes : Du petit village perdu au bord du fleuve à la grande commune urbaine dominant le bassin du fleuve Sénégal », sur carenews, (consulté le ).
  11. Adama Issa Sacko, « Historique de la ville de Kayes », sur maliweb.net, (consulté le ).
  12. Thierno Mouctar Bah, « Les forts français et le contrôle de l'espace dans le Haut-Sénégal-Niger (1855-1898) », 2000 ans d'histoire africaine. Le sol, la parole et l'écrit. Mélanges en hommage à Raymond Mauny, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, vol. II,‎ , p. 979-980, 988-989 (lire en ligne).
  13. « Chemin de fer Thiès-Niger » [PDF], sur Les entreprises coloniales françaises, 14 mars 2021 / 3 juin 2024 (consulté le )
  14. « Loi N° 55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale en Afrique Occidentale Française, en Afrique Équatoriale Française, au Togo, au Cameroun et à Madagascar », sur www.legifrance.gouv.fr.
  15. « Kô Samaké, Modibo Keïta, Recherche sur l’Historique de la Décentralisation au Mali : De la Période Coloniale à la 3e République, », sur Penser pour agir.org, 7 février 2006.
  16. Dominique Moiselet, « Dakar 1940-45, un enjeu stratégique mondial (Berlin, Paris, Londres, Washington) », sur Senegal Online, (consulté le ).
  17. « Kayes : Le pont fluvial réparé à près de 2 milliards de F Cfa », sur Le Républicain, .
  18. « Aigle Azur inaugure sa seconde route vers le Mali : Paris - Kayes », Business Travel.fr,
  19. « Vols directs au départ de Bamako à destination de Kayes », sur FightConnections, (consulté le )
  20. Romuald Ngueyap, « Sky Mali débute ses opérations commerciales avec l'ouverture de la ligne Bamako-Kayes », sur agence ecofin, (consulté le )
  21. GRDR, « Le système alimentaire de la ville de Kayès » [PDF], sur grdr, (consulté le ), p. 49
  22. Communiqué du Conseil des ministres du
  23. « Mali », sur City Population (consulté le )
  24. « Recensement général de la population et de l'habitat - Population Urbaine (Résultats Provisoires) - 1987 » [PDF], (consulté le ), p. 3
  25. « Recensement général de la population et de l'habitat - 1987 » [PDF], (consulté le ), p. 12
  26. « 2023_Répartition-POPULATION-SEXE_REGIONS_CERCLES_COMMUNES_MaliVF_DNP », lien de téléchargement Accès limité [PDF], sur Direction Nationale de la Population, (consulté le )
  27. Carenews, Petite histoire de Kayes, 4 mars 2015
  28. O. Niane Kayes : Abdoulaye Camara élu maire, L’Essor, 29 mai 2008
  29. Boubacar Babo, « Interview du nouveau maire de Kayes : "Nous avons des ressources très limitées. Il faut chercher des moyens ailleurs et la coopération décentralisée est la voie la plus louable ", dixit M. Guindo » (d'après le quotidien Zénith Balé), sur mali Jet, (consulté le )
  30. « JournalDuMali.com: Conseil des Ministres du 26 janvier 2011 », journaldumali.com
  31. « Site internet de la Communauté d'agglomération Évry Centre Essonne » (consulté le )
  32. « Iba One : Biographie et parcours », sur aba|allbuzzafrica.com, (consulté le )

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