Immigration portugaise en France
L'immigration portugaise en France a eu lieu principalement dans les années 1960/1970, pour fuir la dictature et permettre aux immigrés des conditions de vie meilleures. Les migrants portugais étaient parfois surnommés « Les gens des baraques ». La plupart ont commencé à travailler dans le bâtiment.
À partir de 1973, avec la crise économique mettant fin aux trente glorieuses et la révolution des Œillets mettant fin à la dictature au Portugal en 1974, le flux a commencé à se réduire progressivement. Aujourd'hui, il y a environ 1,5 million de personnes d'origine portugaise vivant en France, principalement dans les grandes villes et en banlieue (comme dans le Val-de-Marne[1] ou à Saint-Denis)[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]En 1918, une avenue des Portugais a été inaugurée à Paris. Ce nom rend hommage au corps expéditionnaire envoyé par Lisbonne (ce qui représente 56 000 hommes).
A partir du milieu des années 1950, souffrant de la dictature de Salazar qui sévit au Portugal depuis 1926, de nombreux Portugais décident de quitter leur pays et de tenter leur chance en France[3]. À partir des années 60, la stagnation économique du Brésil, destination traditionnelle, et des dispositions prises par la France pour attirer les travailleurs portugais donnèrent une ampleur exceptionnelle à l'immigration portugaise en France[4]. Selon l'ouvrage intitulé La dictature de Salazar face à l'émigration de l'historien Victor Pereira, environ 900 000 Portugais auraient émigré en France entre 1957 et 1974 (date de la révolution des Œillets), dont plus de la moitié de manière clandestine pour fuir la dictature. L'historien estime qu'en 1975, la communauté portugaise installée en France atteignait 750 000 personnes, constituant la première communauté étrangère en France[5].
Pour échapper aux conflits qui opposent le Portugal à ses colonies africaines pour leur indépendance, des dizaines de milliers de soldats insoumis ou déserteurs émigrent à l'étranger, particulièrement en France[6]. Ils sont aussi très bien accueillis dans les pays scandinaves[7].
Démographie
[modifier | modifier le code]En 2015, Michèle Tribalat, dans une estimation des populations d'origine étrangère en 2011[8], estime à au moins 1,5 million le nombre de personnes d'origine portugaise sur trois générations en 2011, selon la répartition suivante[9] :
Pays d'origine
(milliers) |
Immigrés
(tous âges confondus) |
1re génération née en France
(tous âges confondus) |
2e génération née en France
(moins de 60 ans uniquement) |
Total |
---|---|---|---|---|
Portugal | 592 | 613 | 317 | 1 522 |
Note : pour la 2e génération née en France, seules les personnes âgées de moins de 60 ans sont prises en compte.
Par ailleurs, selon cette même étude de Michèle Tribalat, les personnes d'origine portugaise sur trois générations représentent 2,7 % de la population française des moins de 60 ans en 2011[8].
Destinations
[modifier | modifier le code]Île-de-France
[modifier | modifier le code]Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta plus de 10 000 habitants[10].
Plusieurs autres bidonvilles de Portugais se sont constitués comme celui de Massy par exemple ou encore celui des Francs-Moisins à Saint-Denis. Les bidonvilles disparurent entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 et furent remplacés par des cités HLM.
Depuis 1988, l'église de Marie-Médiatrice-de-Toutes-les-Grâces est confiée à la communauté portugaise de Paris sous le nom de « Notre-Dame-de-Fatima-Marie-Médiatrice »[11].
Corse
[modifier | modifier le code]En 2004, la communauté portugaise en Corse est l'une des plus importantes communautés avec plus de 13 000 Portugais[12].
Médias
[modifier | modifier le code]- Radio Alfa, radio lusophone émettant en Île-de-France
Littérature
[modifier | modifier le code]- Portugais et population d'origine portugaise en France de Jorge Rodrigues Ruivo[13]
- La Valise en carton de Linda de Suza
- 100 ans d'histoire des Portugais en France de Marie-Christine Volovitch-Tavares[14]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cette page est adaptée ou copiée (en partie ou en totalité) de la page Vikidia « Immigration portugaise en France », mais a pu être modifiée depuis. Page consultée le .
- « Le département n'est plus l'eldorado portugais », Le Parisien, (consulté le )
- « Les Gens des Baraques de Robert Bozzi (1995) - Unifrance », sur Unifrance (consulté le )
- Immigration portugaise : une vieille histoire sur France 2
- Marie-Christine Volovitch-Tavares, « L’immigration des Portugais en France, une histoire de paradoxes et de contrastes », Exils et migrations ibériques au XXe siècle, vol. 3, no 2, , p. 57–102 (DOI 10.3406/emixx.2006.1082, lire en ligne, consulté le )
- La dictature de Salazar face à l'émigration, fiche de présentation des Presses de Sciences Po (éditeur).
- Catherine Humblot et Marie-Françoise Lévy, « Paris, troisième ville du Portugal », Le Monde,
- Collectif (trad. Ilda Nunes, préf. Victor Pereira), Exils : Témoignages d'exilés et de déserteurs portugais, Paris, Chandeigne, coll. « Bibliothèque lusitane », , 156 p. (ISBN 978-2-36732-214-8 et 2-36732-214-7, OCLC 1310473513, lire en ligne)
- Michèle Tribalat, « Une estimation des populations d’origine étrangère en France en 2011 », Espace populations sociétés, 2015/1-2, en ligne
- Tableau 2 pour les immigrés et la première génération née en France et tableau 5 pour la deuxième génération née en France.
- Laure Parny, « 50 ans après leur arrivée, les Portugais remercient Champigny », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Paris, Église Notre-Dame-de-Fatima-Marie-Médiatrice (19e arr.) », sur patrimoine-histoire.fr (consulté le ).
- Portugais en Corse
- (pt + fr) Jorge Rodrigues Ruivo, « Jorge Rodrigues Ruivo - PORTUGAIS ET POPULATION D'ORIGINE PORTUGAISE EN FRANCE », sur jorgeruivo.free.fr (consulté le )
- « 100 ans d'histoire des Portugais en France 1916-2016 - broché - Marie-Christine Volovitch-Tavares - Achat Livre - Achat & prix | fnac », sur livre.fnac.com (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- António Cravo, Les Portugais en France et leur mouvement associatif : 1901-1986, CIEMI, l'Harmattan, Paris, 1995, 207 p. (texte remanié d'une thèse de doctorat de Sciences sociales, EHESS)
- Maria do Céu Mendes Cunha, Tribulations de la « Saudade » : familles, associations, identités des Portugais en France, Université Paris 8, 1994, 366 p. (thèse de doctorat de Sciences de l'éducation)
- Elsa Lechner, Enfants de l'eau : la reconstruction de l'identité en situation d'immigration, le cas des Transmontanos en région parisienne, École des hautes études en sciences sociales, Paris, 2003, 325 p. (thèse de doctorat d'Anthropologie sociale et sciences sociales)
- Lettres et arts de l'exil - Émigration lusophone : prosema, expositions, livres, musique, Cahiers lusophones, Paris, 2006, 128 p.
- Victor Pereira, L'État portugais et les Portugais en France de 1957 à 1974, Institut d'études politiques de Paris, 2007, 892 p. (thèse de doctorat d'Histoire)
- Victor Pereira, La dictature de Salazar face à l'émigration. L'État portugais et ses migrants en France (1957-1974), Paris, Presses de Sciences Po, 2012.
- Victor Pereira, L'immigration portugaise en France au XXe siècle, Site de la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration : http://www.histoire-immigration.fr/histoire-de-l-immigration/dossiers-thematiques/caracteristiques-migratoires-selon-les-pays-d-origine/portugais
- Collectif (trad. Ilda Nunes, préf. Victor Pereira), Exils : Témoignages d'exilés et de déserteurs portugais, Paris, Chandeigne, coll. « Bibliothèque lusitane », , 156 p. (ISBN 978-2-36732-214-8 et 2-36732-214-7, OCLC 1310473513)
- Victor Pereira, Refuser la guerre coloniale : L’exil parisien des insoumis, réfractaires et déserteurs portugais de 1961 à 1975, Paris, Association Mémoire vive, , 100 p.Catalogue sous la direction d'Hugo Dos Santos d’une exposition présentée en 2019 à la Maison du Portugal à Paris
- Les Portugais en Aquitaine : des « soutiers de l'Europe » à l'esquisse d'un partenariat privilégié ?, Centre d'études Nord du Portugal-Aquitaine, Centre d'études des espaces urbains, Talence, 1990, 335 p. (ISBN 2-85892-145-8)
- Jocelyne Streiff-Fenart, Dossier : Portugais de France : Immigrés et citoyens d'Europe, Cahiers de l'URMIS, Nice, 2004, 87 p.
- Maria-Alice Tomé et Teresa Pires Carreira, Portugais et luso-français, tome I, Double culture et identité, 194 p. (ISBN 2-7384-2511-9) ; tome II, Enseignement et langue d'origine, CIEMI, L'Harmattan, 200 p. (ISBN 2-7384-2512-7) (textes remaniés de deux thèses de doctorat de Sciences de l'éducation)
- Béatrice de Varine (dir.), Lieux de vie et circulations des Portugais de France, Interaction France-Portugal, Paris, 2000, 236 p. (ISBN 2-9514908-0-1)
Filmographie
[modifier | modifier le code]- Les Gens des Baraques de Robert Bozzi
- La Valise en carton, adaptation de l'autobiographie de Linda de Suza
- Sans elle d'Anna de Palma, 2003.
- La Photo déchirée : chronique d'une émigration clandestine, film documentaire de José Vieira, Centre national de la cinématographie (CNC), Images de la Culture, Paris, 2004, 53 min (VHS)
- Un siècle d'intégration : 4 documentaires de 26 minutes, réalisés par Véronique Meriadec, Médiathèque des trois mondes, 2004 (DVD). Contient notamment : Je viens du Portugal.
- Le Pays où l'on ne revient jamais, suivi de La Double Vie des Rodrigues, film documentaire réalisé par José Vieira, La Huit distribution, Paris, 2007, 129 min (DVD + brochure). Contient : Week-end en Tosmanie, Fado-blues, Les Enfants de l'association.
- Gens du salto, film réalisé par José Vieira, la Huit production (éd., distrib.), Paris, 2007, 195 min (3 DVD + brochure). Contient : La photo déchirée, Les Chants du déserteur, Seixas, Paris, Londres, La Traversée pour Paris, Un aller simple, Complices d'évasion, Passagers clandestins.
- Moradores, film de Jeanne Dressen, L'Harmattan, Paris ; Les Films d'Ilje, 2008, 52 min (DVD)
- La Cage dorée, film de Ruben Alves, sorti en 2013
- MENINA, film de Cristina Pinheiro, sorti en 2017
- O Salto (Le Saut), Christian de Chalonge, 1968, Prix Jean-Vigo 1968, L'exil en France de réfractaires aux guerres coloniales portugaises