Moka Efti
Moka Efti est le nom de deux restaurants berlinois emblématiques des années 1920 dirigés par Giánnis « Giovanni » Eftimiades, un commerçant d'origine grecque et possédant un passeport italien.
Le nom est dérivé des mots « Moka » pour le café grec et des deux premières syllabes de son nom de famille, Eftimiades.
Moka Efti
[modifier | modifier le code]Originaire d'Italie, Eftimiades s'installe à Berlin et ouvre un premier Moka Efti en mars 1926 au coin de la Leipziger Strasse et de la Friedrichstrasse.
Le Moka Efti est à la fois un café, une salle de danse et un restaurant de poissons. Il abrite aussi d'autres commerces, comme un salon de coiffure, un billard, une salle de jeu d'échecs et même un service de sténographie. Afin d'améliorer l'accès aux étages supérieurs du bâtiment, Eftimiades fait installer un escalator moderne.
Moka Efti devient rapidement le café le plus prospère de Berlin, servant jusqu'à 25 000 personnes. La nuit, il devient l'une des salles de danse les plus populaires de la capitale allemande.
En 1933, Eftimiades vend ses parts dans l'entreprise à la Reform Kaffeehaus Gesellschaft, qui continue à la gérer comme salle de danse. En février 1934, le NSDAP le réserve pour un événement de propagande.
Dès 1938, la danse swing est interdite. Des panneaux indiquent dans le Moka Efti que des mesures fermes seront prises envers les contrevenants. En 1939, les organes de la Wehrmacht et du parti nazi lui emboîtent le pas en l'interdisant à leur tour[1].
Moka Efti au Tiergarten
[modifier | modifier le code]En 1933, Eftimiades reprend l'ancien Café Schottenhaml sur la Kemperplatz (1933-1945 : Skagerrakplatz ) dans ce qui était alors la Haus am Tiergarten à Viktoriastrasse.
Il fait construire un café de 1550 m2 avec une grande salle de danse au Tiergarten (qui signifie "zoo"). Le décor comprenait de nombreuses surfaces métalliques, des cascades et des oiseaux exotiques. Une publicité du Moka Efti montre notamment un sulky tiré par une autruche, passant devant la fontaine Roland [2]. Le tango et le swing font alors partie du programme musical habituel.
Fermeture et postérité
[modifier | modifier le code]Les deux restaurants sont détruits lors d'un raid aérien allié en 1943. Après 1945, Eftimiades déménage à Francfort-sur-le-Main, où il est décède dans la pauvreté après avoir vainement tenté de s'implanter dans sa nouvelle ville comme éditeur. Par la suite, la marque « Moka Efti » est relancée en tant que marque de café italienne[3] et comme groupe de musique (Orchestre Moka Efti).
Dans la série télévisée allemande Babylon Berlin, l'auditorium du cinéma Delphi à Berlin-Weißensee représente l'intérieur du Moka Efti[4]. Cependant, le Moka Efti de la série se distingue du véritable café et de la salle de danse par son architecture et son activité de prostitution[5]. La façade en verre du Moka Efti a été reconstituée par Uli Hanisch dans le studio de cinéma berlinois de Babelsberg[6].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Knud Wolffram, Tanzdielen und Vergnügungspaläste. 4. durchges. u. erg. Auflage. Edition Hentrich, Berlin 2001, (ISBN 978-3-89468-169-2).
- Philip Oltermann "Sex, seafood and 25,000 coffees a day: the wild 1920s superclub that inspired Babylon Berlin", The Guardian, 24 novembre 2017[7]
Notes
[modifier | modifier le code]- Michael H. Kater: Gewagtes Spiel. Jazz im Nationalsozialismus. Kiepenheuer und Witsch, Köln, 1995
- Werbung für das Moka Efti am Tiergarten mit einem exotisch bespannten Sulky. clasebcn.com, 12 juillet 2019
- « Notre Histoire » , sur mokaefti.ch (consulté le )
- Babylon Berlin. Drehort: Stummfilmkino Delphi. rbb24; 12 juillet 2019
- Filmort: Das Moka Efti. Mit der Rolltreppe zu Kaffee und Tanz. rbb24, 31 août 2018
- Babelsberg baut sich ein neues altes Berlin. In: Berliner Zeitung, 20 mai 2016.
- (en) Philip Oltermann, « Sex, seafood and 25,000 coffees a day: the wild 1920s superclub that inspired Babylon Berlin »,