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Gaulois (langue)

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Gaulois
Période vers 300 av. J.-C. jusqu'au VIe siècle
Région Gaule
Typologie supposée SVO, flexionnelle
Classification par famille
Codes de langue
IETF xcg, xtg, xga, xlp
ISO 639-3 xtg – gaulois transalpin
xcg – gaulois cisalpin
xga – galate
xlp – lépontique
Glottolog tran1289
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue éteinte (EX) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde

Le gaulois (autrefois appelé gallique[1]) est une langue celtique, du groupe celtique continental, utilisée par les Gaulois jusqu'au Ve siècle[2],[3]. En effet, contrairement au basque, autre langue parlée en Gaule et qui subsiste encore aujourd'hui, la langue gauloise a complètement disparu lors de la romanisation du territoire.

Les connaissances liées à cette langue sont lacunaires car les Celtes ont privilégié l’oralité et la mémoire pour la transmission des connaissances.

La langue gauloise est considérée comme éteinte depuis le VIe siècle, mais de nombreux mots subsistent dans certaines langues d'Europe[4] et surtout dans la toponymie[5].

Connaissances

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On ne connaît que peu de choses de la langue des Gaulois, dont les attestations sont très parcellaires et généralement recueillies sur des objets votifs, à l'exception de trois pièces majeures : les plombs du Larzac et de Chamalières et le plat de Lezoux. On a aussi retrouvé un grand calendrier à Coligny, dans l'Ain, comportant de nombreux mots gaulois[6]. Cependant la théorie ethnolinguistique (Stammbaumtheorie (de)) d'August Schleicher la reconstruit en tant que proto-langue.

Usage de l'écriture

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Les Gaulois, de tradition orale, n'utilisaient pas un alphabet propre mais ont emprunté celui des Grecs, des Étrusques ou des Latins auxquels ils ajoutaient des lettres, comme le tau gallicum, pour transcrire les sons absents de ces langues. La rareté des attestations écrites serait due à une particularité religieuse[7] : outre le fait que la « parole écrite est morte », Jules César note dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules que les vers appris auprès des druides ne doivent pas être écrits[8].

Variété régionale

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Selon les régions, les Gaulois parlaient vraisemblablement plusieurs dialectes d'une seule langue celtique bien que l'idée du gaulois régional ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle[9]. Les régiolectes ont certainement côtoyé des populations de langues préceltiques hétérogènes, du moins dans certaines régions, notamment dans le sud, qui occupaient des zones importantes et dont il ne reste de traces que dans de rares inscriptions et dans l'onomastique (pour le « ligure », par exemple, les noms en -asc/osc : Manosque, etc.). Il paraît impossible de connaître l'influence de ces substrats sur la régionalisation et l'évolution du gaulois (à ce sujet, on pourra consulter l'article sur la toponymie française).

Alors que la langue gauloise présente une grande homogénéité dans les inscriptions de l'Angleterre jusqu'à l'Italie du Nord[10], quelques traits régionaux sont décelables :

  • les formules de dédicace du type δεδε βρατουδεκαντεν (dede bratoudekanten) « a offert par reconnaissance, en paiement de la dîme » sont spécifiques à la Gaule narbonnaise[10] .
  • dans l'est de la Gaule, /-kʷ-/ semble s'être conservé entre voyelles dans certains noms au lieu de se transformer en /-p-/ : Sequana « Seine », equos (mois du calendrier de Coligny)[10]...
  • en Gaule belgique, /-nm-/ n'est pas devenu /-nw-/ comme c'est le cas au centre et au Sud de la Gaule, ainsi que dans les langues brittoniques : anman-be « avec le nom » chez les Sénons à côté d'anuana « noms » dans le Larzac, enuein « noms » en vieux gallois. De plus, le nom Menapii « Ménapiens » n'y a pas connu l'assimilation des voyelles en *Manapii, courante dans le sud de la Gaule, en territoire brittonique et en Irlande[9].

Parenté et dérivés

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Le gaulois fait partie du groupe celtique continental appartenant à la famille indo-européenne et dont toutes les langues sont aujourd'hui éteintes, même si quelques mots subsistent dans certaines langues d'Europe et surtout dans la toponymie (noms de villes en -euil, -jouls, etc.). Toutefois, le gaulois semblait posséder plusieurs étymons pour désigner ou qualifier un même sujet ; quelques exemples : alauda et coredallus signifiaient « alouette », bo, bou ou oxso pouvait désigner « un bœuf » ou « une vache », volco et singi pouvait être « le faucon », baidos, eburo et turcos « le sanglier », dallo (cf. breton dall) et exsops mot à mot « sans yeux » pouvait signifier « aveugle », suadus, minio ou meno et blando représentaient le mot « doux », le mot « ami » était rendu par ama, amma, ammi ou amino et caru, caro ou caranto, pour bouche on retrouve bocca, gobbo, genu (breton : genoù, latin idem, utilisé pour désigner « genou » par la suite), et manto ou manti (signifiant aussi « mâchoire » ou « mandibule ») , et ainsi de suite.

À une époque, certains ont tenté, à la suite de François Falc'hun, d'expliquer les particularités du dialecte vannetais du breton par l'influence d'un substrat gaulois. Aujourd'hui, la plupart des linguistes ont rejeté cette hypothèse et expliquent, a contrario, certaines de ces particularités dialectales par l'existence d'un substrat gallo-romain plus important dans la région de Vannes.

D'autres chercheurs contemporains, comme le professeur Hervé Le Bihan, qui dirige le département de breton et celtique à l'Université Rennes-II, ont montré qu’il y a communauté linguistique entre le gaulois et les langues brittoniques. Le gaulois n’avait pas totalement disparu en Bretagne armoricaine, surtout dans l’ouest du territoire, zone isolée, alors que l’est était en voie de romanisation. Cette communauté linguistique entre le gaulois, langue antique dont des éléments résiduels sont indéniables dans le breton, et le breton, langue brittonique venue de l’île de Bretagne, est dénommée désormais groupe gallo-brittonique. Cependant, il n’y a pas véritablement de continuum entre le breton et le gaulois, et il y a bien là un hiatus chronologique. Au moment où naît l’un, l’autre est pratiquement éteint[11].

L'une des langues les plus proches du gaulois était le galate, dont il ne reste que peu de traces. Une remarque de saint Jérôme vers 387 dans un commentaire sur l'Épître aux Galates de saint Paul évoque le fait que les Trévires parlaient presque la même langue que les Galates[12]. Leur langue, morte également, est classée dans le même groupe celtique continental que le gaulois, le lépontique et le celtibère, ces derniers connus par quelques inscriptions[10].

Postérité

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Alors que le latin est la langue de l'élite romaine ou romanisée, et la langue littéraire, juridique et administrative de la Gaule, le gaulois, de tradition orale puisqu’il ne s’écrivait pas ou peu, continue d'avoir une fonction de langue d’échange jusqu'au IIIe siècle dans les centres urbains qui ont connu un essor rapide sous les Romains et encore postérieurement comme langue quotidienne dans les milieux ruraux, notamment ceux éloignés des grands centres de romanisation que sont les villes et la Méditerranée. Les Gaulois continuaient à adorer leurs dieux avec la bénédiction des Romains mais il ne reste presque rien de leur langue, de leur histoire et de leur théologie, sauf par les récits des Grecs ou des Latins et un peu du Voconce Trogue Pompée[13].

Lexique du français

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On ignore jusqu’à quel point la langue gauloise a pu influencer le français. Son apport lexical se réduirait à une centaine de mots courants[14], dont une partie proviendrait d’emprunts du latin au gaulois. Il se manifeste surtout par des mots attachés au terroir (tels que char/charrue, arpent, auvent, bâche, balai, béret, borne, alouette, bruyère, bouleau, chêne, if, druide, chemin, suie, caillou, galet, marne, mégot, soc, etc.), aux produits qui intéressaient peu le commerce romain (tels que ruche[15], mouton, crème, raie, tanche, vandoise, tonneau[16], jarret, etc.) ou aux toponymes [17].

Noms de personne

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Dans la culture

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Le groupe de folk metal suisse Eluveitie (fondé en 2002) chante certaines de ses chansons en gaulois, inspirées des rares écrits dans cette langue.

Le système phonologique du gaulois est assez bien connu dans son ensemble, à l'exception de l'accentuation[10].

Les voyelles gauloises sont les suivantes : /a/, /e/, /i/, /o/ et /u/ ; lesquelles ont également une forme longue : /aː/, /eː/, /iː/, /oː/ et /uː/. La graphie ne distingue pas les voyelles longues des brèves, sauf pour /iː/ qui est parfois noté « ει » ou « ί » dans des inscriptions en alphabet grec, en alternance avec ι (i)[18].

Il existe également des diphtongues : « au », « ou », « eu », dont la prononciation est interprétée comme étant : /au̯/, /ou̯/ et /eu̯/[18]. Cette dernière, considérée comme archaïque, est devenue /ou̯/ en gaulois classique.

De même, la diphtongue /ai̯/ du gaulois archaïque est devenue /iː/ en gaulois classique. On ne la trouve que dans désinences, par exemple le datif singulier en « -αι » (-ai), devenu « -i » dans les inscriptions en alphabet latin.

Les diphtongues /ei̯/ et /oi̯/ sont apparues tardivement. Par exemple, sous l'effet de la disparition de consonnes intervocaliques (-v-, -g-), boii « les Boïens » proviendrait ainsi de *Bogii.

Les consonnes gauloises sont les suivantes. Du fait des contraintes liées à l'alphabet italique, les consonnes occlusives sourdes et sonores ne sont pas distinguées dans les inscriptions gauloises l'utilisant[19].

bilabiales alvéolaires vélaires palatales
occlusives sourdes p t k
occlusives sonores b d g
fricatives s x/ʃ
affriquées t͡s
spirantes l w j
nasales m n
roulées r

Il existe certaines modifications, ainsi :

  • devant /g/ et /k/, /n/ se change en /ŋ/[20].
  • les consonnes occlusives et nasales, ainsi que /l/ et /r/, peuvent être géminées. Ce redoublement n'est pas toujours noté, par exemple le suffixe diminutif -illos est parfois écrit -ilos[20].
  • le /x/ apparait devant /s/ et /t/. C'est l'altération d'un ancien « *k », « *g » ou « *p » dans cette position. Le /ʃ/ est d'ordinaire noté « χ » en alphabet gallo-grec et « x » en alphabet gallo-latin[21]. On a ainsi par exemple : Uercingetorix (« Vercingétorix ») sur des pièces de monnaie gauloise, sextan (« sept ») issu de l'indo-européen *septṃ. Toutefois, dans les inscriptions en alphabet latin, « x » peut noter /xs/ et « xt » noter /xt/. Le son /g/ se transforme parfois en /x/ après /r/. Le « c » latin porte à confusion car il peut s'agir d'un « g » peu lisible. On trouve le nom de l'argent écrit arganto-, arcanto-, *arxant-.
  • le /t͡s/ ou /s⁀t/ évolue vers /s/. En alphabet gallo-grec, on le note θ. Dans l'alphabet gallo-latin, il a été adapté sous la forme « đ » et en Gaule belgique également l'usage de « ꞩ » et « ꞩꞩ »[9],[21].
  • le /w/ initial devant /l/ a pu prendre une prononciation sourde : */ɸ/, voire */f/. C'est ce que laisse supposer flatucia comme variante de ulatucia[22].

L'alphabet gallo-étrusque du gaulois cisalpin manque de précision pour noter la prononciation notamment en ne distinguant pas les consonnes occlusives sourdes et sonores (/t/ de /d/ et /k/ de /g/). L'alphabet gallo-grec, dont on trouve des traces datant du IIe au Ier siècle av. J.-C.[23] diffusé à partir de Marseille, a adapté l'alphabet grec, qui sera supplanté par une adaptation de l'alphabet latin[10].

Alphabet latin Alphabet grec Alphabet celto-étrusque Valeur
a α
ά
𐌅 /a/ ; /aː/
b β /b/
c
q[a]
ϰ 𐌊 /k/
d δ 𐌗 /d/

đ
ϑ
θ
𐌑 (en tant que variante des formes ᛗ et ᛞ) /t͡s/ ou /s⁀t/
e ε 𐌄 /e/ ; /eː/
f [b] [?]
g 𐌙
𐌊
/g/
i
í
ι
ί
𐌉 /i/ ; /iː/ ; /j/
l λ 𐌋 /l/
m μ 𐌌 (dont la variante 𐌑) /m/
n ν 𐌍 /n/
o ο 𐌏 /o/ ; /oː/
p π /p/
r ρ 𐌃 /r/
s σ[c]
ς[d]
𐌔 /s/
t τ 𐌕
𐌗
/t/
u υ
ου
ωυ
οου
ύ
𐌖 /u/ ; /uː/ ; /w/
x χ
ξ (en finale)
𐌙 /x/
  1. N'apparait que dans très peu d'inscriptions en concurrence avec le c et n'est pas utilisé en dehors de ces cas.
  2. « f » est très incertain. X. Delamarre le cite deux fois à « frogna » et « frut(u)a » comme variante du groupe « sr- » en initiale.
  3. Il s'utilise en début ou dans le mot.
  4. Il s'utilise en finale.

Morphologie

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Moulage d'une plaque écrite en gaulois (Rodez, Musée Fenaille. Époque gallo-romaine. Site de Flavin, dans l'Aveyron).

La rareté des documents écrits explique qu'il soit très difficile de reconstituer la morphologie de la langue gauloise.

Déclinaisons

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Le gaulois avait une déclinaison à six ou sept cas : nominatif, accusatif, génitif, datif, vocatif et instrumental/sociatif ; l'existence d'un locatif est supposée pour la déclinaison des thèmes en -o-[24].

La déclinaison, pour ce qu'on en connaît, rappelle fortement celles du grec et du latin.

Thème en -o/-e
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Le thème en -o est le mieux attesté et correspond à la seconde déclinaison du latin et du grec. Comme les langues romanes modernes, les langues celtiques modernes n'ont plus de neutre, d'où la difficulté de définir le genre de bon nombre de termes gaulois.

Ce thème se décline ainsi (exemples : uiros « homme » (masc.) et nemeton « sanctuaire » (neutre))[25],[26] :

uiros « homme » (masc.) nemeton « sanctuaire » (neutre)
singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1] singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif uiros L-14, etc. uiroi (archaïque)
uiri
archaïque : G-123, etc.
L-12, etc.
nemeton
nemetom
L-98, L-66, etc. nemeta L-50, L-51, etc.
accusatif uiron
uiro (tardif)
L-100, etc.
tardif : L-7
uirus L-32, etc. nemeton
nemeto (tardif)
L-100, etc.
tardif : L-7
nemetus L-32, etc.
génitif uiri L-13, etc. uiron
uirom
L-100, etc. nemeti E-5, L-13, etc. nemeton
nemetom
L-100, etc.
datif uirui (ancien)
uiru (tardif)
ancien : G-208, G-70, etc.
tardif : L-51, L-9, etc.
uirobo L-15, etc. nemetui (ancien)
nemetu (tardif)
ancien : G-208, G-70, etc.
tardif : L-51, L-9, etc.
nemetobo L-15, etc.
instrumental / sociatif uiru L-51, G-154, etc. uirus G-153, L-14, etc. nemetu L-51, G-154, etc. nemetus G-153, L-14, etc.
locatif uire L-79 [?] [?] nemete L-79 [?] [?]
  1. a b c et d Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.

Le génitif en -i paraît être une innovation commune aux langues indo-européennes occidentales (latin, celte), mais c'est aussi le génitif le plus commun en arménien.

Thème en -a
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Le thème en -a correspond à la première déclinaison latine et grecque. Il se double de thèmes en -i/-ia que l'on retrouve en sanskrit. En gaulois tardif, les deux thèmes tendent à fusionner. Ces thèmes se déclinent ainsi (touta « peuple »)[25],[26] :

Déclinaison des noms de thème en -a, exemple : touta « peuple »
cas singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif touta Glose du IXe toutas
toutias
La Graufesenque
vocatif touta L-119 *toutas Forme reconstruite (non-attestée).
accusatif toutan (archaïque)
toutin
toutim
touti
E-5
Bath
Larzac
L-93
toutas L-98
génitif toutas
toutias
E-1 (archaïque selon X. Delamarre)
Larzac
toutanon L-98
datif toutai (ancien)
toute
touti
G-163
G-153
toutabo G-203
instrumental / sociatif toutia L-100 toutiabi L-98
  1. a et b Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.
Thème en -u
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Le thème en -u est peu attesté[25],[26].

Déclinaison des noms de thème en -u, exemple : molatus « louange »
cas singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif molatus Lezoux molatoues Lugoues
vocatif [?] [?] [?] [?]
accusatif [?] [?] [?] [?]
génitif molatos
molatous[A 2]
La Graufesenque [?] [?]
datif molatou G-27, Lezoux [?] [?]
instrumental [?] [?] [?] [?]
  1. a et b Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.
  2. X. Delamarre donne cette notation pour le o long (-ōs).
Thème en -i
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autagis « bordereau » (masc. et fém.) condate « confluent » (neutre)
singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1] singulier attestation[A 1] pluriel attestation[A 1]
nominatif autagis La Graufesenque autagis
autageis
G-275 condate
condati
condatia
vocatif
accusatif autagin Chamalières, L-3 [?] [?] condatin Chamalières, L-3 [?] [?]
génitif [?] [?] autagion L-3 [?] [?] condation L-3
datif autage Chamalières, G-213 [?] [?] condate Chamalières, G-213 [?] [?]
instrumental / sociatif [?] [?] [?] [?] [?] [?] [?] [?]
Thèmes consonantiques
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magus (m.) : « garçon, valet » et medu (n.) « hydromel » :
magus (m.) « garçon, valet » medu (n.) « hydromel »
singulier pluriel singulier pluriel
nominatif mag-us mag-oues med-u med-ua*
accusatif mag-un mag-us* med-u med-ua*
génitif mag-os < ous mag-uon med-os med-uon
datif mag-ou mag-uebo med-ou med-uebo
instr./sociatif mag-u mag-uebi* med-u med-uebi*

Conjugaisons

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Inscription RIG G-172.
ϲεγομαροϲ ουιλλονεοϲ τοουτιουϲ ναμαυϲατιϲ ειωρου βηλη ϲαμι ϲοϲιν νεμητον
Segomaros Ouïlloneos tooutious namaüsatis eïōrou Bēlē sami sosin nemēton
Segomaros, fils de Uillo, toutious (chef de tribu) de Namausos, dédie ce sanctuaire à Belisama.
Tablette de l'Hospitalet-du-Larzac conservée au musée de Millau (Aveyron).

La conjugaison des verbes gaulois est encore mal connue. Le gaulois aurait possédé, comme le grec ancien, cinq modes (indicatif, subjonctif, optatif, impératif et infinitif, ce dernier sous la forme d'un nom verbal) et au moins trois temps (présent, futur, prétérit).

Le présent de l'indicatif est connu à au moins deux personnes, la première personne et la troisième personne du singulier.

Première personne du singulier

La première personne thématique du singulier se formerait en -u et est attestée dans plusieurs inscriptions dont « delgu », « regu » ou « iegumi »[4],[27]. Le pronom suffixé -mi est également attesté[4],[27].

La première personne du singulier des verbes athématiques se ferait en -mi, comme pour le verbe être imi ou *petami[28].

Troisième personne du singulier

La troisième personne du singulier se formerait en -t. Elle est attestée dans le mot adgariet[4],[27].

Forme relative

La forme relative en -onti- marquent la troisième personne du pluriel. Ainsi dugiiontiio signifie « qui façonnent »[29],[30].

Il existe différentes formations du prétérit :

Le futur se formerait à partir du suffixe du futur -si- suivit de la désinence -u. Celle-ci est parfois rendu -ou, ce que J.-P. Savignac considère comme étant une forme dialectale[41]. Le futur serait issu d'un désidératif en *-sie ou *-sio-[42].

Subjonctif : attestation au présent
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La désinence de la troisième personne du singulier du subjonctif présent est en -t[43],[44].

Les formes attestées sont :

Une forme d'optatif probable, déponente, avec un suffixe -si- et -or.

Ainsi, les mots uelor (ce dernier traduit par un verbe actif, « je veux ») et dedor (ce dernier étant traduit par un passif) en serait des exemples. Il pourrait s'agit du passif ou de l’actif de verbes déponents[4],[27].

À la 2e personne du singulier, plusieurs formations sont possibles :

L'infinitif fait défaut en celtique. À sa place, on trouve en celtique moderne :

Il serait possible que le gaulois ait eu une forme infinitive en -an, similaire au germanique. Toutefois, l'infinitif germanique provient du suffixe indo-européen de noms d'action *-ono-[55] alors que les infinitifs du breton moderne en -añ (-a /-an) dérivent du suffixe vieux breton -am, parallèlement au gallois -af et au cornique -a[56]. Le celtibère possédait un infinitif en -unei[57].

Un nom verbal a été trouvé sur les inscriptions de Châteaubleau : ueionna, ueiommi[9].

La syntaxe du gaulois est encore quasiment inconnue. On a reconnu quelques coordinations, peut-être quelques pronoms relatifs, anaphoriques et démonstratifs.

Ordre des mots

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L'ordre des mots dans la phrase paraît être de préférence sujet-verbe-compléments[10],[58]. L'ordre verbe-sujet se rencontre moins souvent : c'est le cas de phrases avec le verbe ieuru (« a offert »), dans lesquelles les mots au datif et à l'accusatif se placent librement avant ou après[58].

Lorsque le verbe est omis, le nom d'un dieu au datif se situe à la deuxième place entre le sujet et le complément d'objet, alors que sa place est libre dans le cas d'une phrase où le verbe est exprimé. Quand le sujet est un pronom, il est enclictique, c'est-à-dire suffixé au verbe.[réf. nécessaire]

Proposition subordonnée

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Les propositions subordonnées suivent la proposition principale et auraient une particule non-déclinée -io. Elle est attachée au premier verbe de la proposition subordonnée.

gobedbi dugiionti-io ucuetin in alisiia
NP.Dat/Inst.Pl. V.3rd.Pl.- Pcl. NP.Acc.Sg. PP
avec les forgerons qui honorent Ucuetis en Alise

La particule -io est aussi utilisée dans les propositions relatives pour construire l'équivalent d'une phrase en « que ».

scrisu-mi-io uelor
V.1st.Sg.-Pro.1st Sg.-Pcl. V.1st Sg.
Je souhaite que je crache

Les pronoms et les particules de phrases peuvent être suffixés ou infixés[10].

Le pronom objet peut être infixé dans le mot[59] :

𐌗𐌏- 𐌑𐌏 -𐌊𐌏 -𐌗𐌄
to śo ko te
Conn.- Pro.3rd Sg.Acc - PerfVZ - V.3rd Sg
il le donna

Les pronoms peuvent aussi être clitique : mi, tu, id.

dessu- mi -is
V.1st.Sg. Emph.-Pcl.1st Sg.Nom. Pro.3rd Pl.Acc.
Je les prépare
buet- id
V.3rd Sg.Pres.Subjunc.- Emph.Pcl.3rd Sg.Nom.Neut.
cela devrait être

Le redoublement des clitiques existe également quand un antécédent faisant référence à un objet inanimé est néanmoins grammaticalement animé.

Lecture et traduction

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Des objets familiers ont servi à écrire des messages brefs, parfois clairement traduisibles[10].

Ainsi, l'inscription de Banassac s'écrit ainsi :

« neddamon delgu linda »

— Inscription trouvée à Banassac gravée sur une coupe

« Des suivants je contiens la boisson. »

L'inscription peut se lire ainsi :

  • neddamon, reconstruit neððamon Il s'agit du superlatif au génitif pluriel de neddamos, signifiant « le prochain, le suivant » (avec suffixe -amo-). Il est à comparer au vieil irlandais nessam, au gallois nesaf, au breton nesañ, à partir d'un comparatif, voir le breton nes « proche ».
  • delgu : 1re personne du singulier d'un verbe reconstruit *delg-, issu de l'indo-européen *delgʰ-, et signifiant « tenir, contenir ». Il est à rapprocher du gallois dal « saisir, s'emparer » et du breton dalc'h « tenir ».
  • linda : neutre à l'accusatif pluriel. Il est identique au vieil irlandais lind « boisson ; étang », au gallois llynn « boisson ; lac », au breton lenn.

Ainsi, l'inscription du fuseau de Sens s'écrit ainsi :

« geneta imi daga uimpi »

— Trouvé sur un peson de fuseau près de Sens

« Je suis une jeune fille bonne et belle »

Elle peut se décomposer ainsi :

  • geneta signifiant « jeune fille (ou fille) ». Il est comparable au gallois geneth « jeune fille », du vieil irlandais geined, geinit « créature ».
  • imi signifiant « je suis », aussi écrit en alphabet gallo-grec « ιμμι » (immi), de l'indo-européen *h₁es-mi.
  • daga signifiant « bon ». Il a pour correspondants le vieil irlandais deg-, dag- « bon / bonne » et le breton et gallois da « bon / bonne ».
  • uimpi signifiant « jolie femme ». Il est à rapprocher du gallois gwymp « joli(e) ».

Les nombres cardinaux de 1 à 10 et les ordinaux correspondants sont les suivants[60] :

Tableau des nombres ordinaux et cardinaux en gaulois
Nombre cardinal Traduction en français du cardinal Ordinal correspondant Traduction en français de l'ordinal
1 *oinos un *cintuxos, *cintuxmos premier
2 *duo deux allos deuxième
3 treis trois *tritos troisième
4 *petuares quatre petuarios quatrième
5 pempe, pimpe cinq *pempetos, pinpetos cinquième
6 *suexs six *suexos, *suexsos sixième
7 sextan sept sextametos septième
8 oxtu huit oxtumetos huitième
9 *nauan neuf nametos neuvième
10 decan dix decametos dixième
Note : Les termes précédés d'une astérisque sont des reconstructions.

Inscriptions

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Plusieurs inscriptions ont été retrouvées qui attestent l'existence de l'écriture chez les Gaulois. Elles sont en majorité rédigées à l'aide de l'alphabet grec ou, après la conquête, de l'alphabet latin, et se retrouvent notamment en céramologie, numismatique, sur des objets de la vie quotidienne[61]. Les spécialistes les rassemblent depuis 1985 dans un recueil des inscriptions gauloises.

Inscriptions gallo-étrusques ou gauloises de Cisalpine (VIe – IIe siècle av. J.-C.)

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Inscriptions gallo-grecques (IIIe siècle av. J.-C.Ier siècle apr. J.-C.)

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Pierre dite de Martialis.

Inscriptions gallo-latines (Ier siècle av. J.-C.IVe siècle apr. J.-C.)

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D'autres épigraphes ont été trouvés, tels les plombs de Chamalières et du Larzac, le plat de Lezoux, la tablette à defixio de Chartres, les tuiles de Châteaubleau[63], découvertes en 1997 et gravées en cursive latine[64] ou le graffite sur un vase trouvé à Argentomagus[65].

Notes et références

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  1. De même que certaines langues indo-européennes modernes dans d'autres groupes (bulgare, grec moderne, roumain).
  1. a b c et d Les attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.

Références

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  1. Cf. « gallique » qui renvoie à « gallican ».
  2. Kershaw Chadwick et al. 2001, p. 420
  3. Lambert 2003, p. 10
  4. a b c d et e Delamarre 2003
  5. Jacques Lacroix, Le grand héritage des Gaulois, Yoran, 2023.
  6. Pierre Gastal. Nos racines celtiques. Du gaulois au français. Éditions DésIris. 2013.
  7. Voir l'article Druide.
  8. César 1950
  9. a b c et d Lambert 1998
  10. a b c d e f g h i et j Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Errance,
  11. Hervé Le Bihan, « La notion de gallo-brittonique », sur Bécédia, (consulté le )
  12. « Trévires », histoiredumonde.net.
  13. Pierre Coeur, Mémento, l'Histoire du Dauphiné, Europe, Brignais, éditions des Traboules, , 276 p. (ISBN 978-2-35916-023-9), p. 25
  14. 300 si on agrège tous les mots des dialectes français, 150 si on s'en tient au français courant.
  15. Alors que le mot « miel », produit qui se vend bien, est issu du latin.
  16. Les Romains privilégient l'amphore.
  17. « La langue française : toute une histoire ! », émission de Canal Académie du 31 octobre 2010 avec le linguiste Jean Pruvost
  18. a et b Savignac 2014, p. 15
  19. Delamarre 2008, p. 55
  20. a et b P.-Y. Lambert, La langue gauloise, , p. 43
  21. a et b Savignac 2014, p. 16
  22. P.-Y. Lambert, La langue gauloise, , p. 44
  23. Bats 2013.
  24. Éléments de morphologie (déclinaisons) in Dictionnaire de la langue gauloise de Xavier Delamarre (voir bibliographie).
  25. a b et c Delamarre 2003, p. 342-346
  26. a b et c Savignac 2014, p. 17
  27. a b c et d Savignac 2014
  28. Savignac 2014, p. 127
  29. Delamarre 2003, p. 153
  30. Savignac 2014, p. 157 et 158
  31. Delamarre 2003, p. 138
  32. Savignac 2014, p. 134
  33. Delamarre 2003, p. 187 et 188
  34. Savignac 2014, p. 126 et 127
  35. Delamarre 2003, p. 251
  36. Savignac 2014, p. 40
  37. Delamarre 2003, p. 254
  38. Savignac 2014, p. 228
  39. Delamarre 2003, p. 205 et 206
  40. Savignac 2014, p. 116
  41. Savignac 2014, p. 100
  42. Albin Jacques, « Morphologie verbale », 2011
  43. a et b Delamarre 2003, p. 201
  44. a et b Savignac 2014, p. 95
  45. Delamarre 2003, p. 93
  46. Savignac 2014, p. 97
  47. Delamarre 2003, p. 141 et 142
  48. Savignac 2014, p. 317
  49. a et b Delamarre 2003, p. 208 et 209
  50. a et b Savignac 2014, p. 43 et 44
  51. Delamarre 2003, p. 309
  52. Savignac 2014, p. 149
  53. Delamarre 2003, p. 186
  54. Savignac 2014, p. 68
  55. Haudry 1984
  56. Deshayes 2003, p. 39
  57. Blažek
  58. a et b Savignac 2014, p. 18
  59. Delamarre 2003, p. 298
  60. Savignac 2004
  61. Delamarre 2013
  62. Lejeune 1985
  63. F. Melmoth, « La tuile inscrite de Châteaubleau, in : Dossier "Parlez-vous Gaulois ? " », L'Archéologue, no 59,‎ , p. 18-20
  64. Transcription du texte de Châteaubleau (lecture de P.-Y. Lambert).
  65. Barry W Cunliffe (trad. Patrick Galliou), Les Celtes, Paris, Editions Errance, , 336 p. (ISBN 978-2-87772-203-2, OCLC 47989713), .204

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Jules César (trad. L.-A. Constans), Commentaires sur la Guerre des Gaules, t. Livre VI, (ISBN 978-2-07-037315-4), « 14 »
  • Michel Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises : Textes gallo-grecs, t. I, Paris, CNRS, , 459 p. (ISBN 2-222-03460-4)
  • Pierre-Yves Lambert, Nouveaux textes gaulois, coll. « Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », (lire en ligne), p. 657-675
  • Pierre Gastal, Nos racines celtiques, Désiris, 2013 (avec dictionnaire gaulois).
  • Xavier Delamarre, Noms de lieux celtiques de l’Europe ancienne, dictionnaire, Arles, Errance, 2012.
  • Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 440 p. (ISBN 2-87772-237-6)
  • Xavier Delamarre, « Que doit le français à la langue gauloise ? », Le Salon noir, France Culture,‎
  • Jacques Lacroix, les irréductibles mots gaulois dans la langue française, Lemme Edit, 2020.
  • Jean-Paul Savignac, Dictionnaire français-gaulois, Paris, Éditions de la Différence, (1re éd. 2004), 382 p. (ISBN 978-2-7291-2078-8, présentation en ligne)
  • Jean Haudry, L'Indo-européen, Paris, PUF,
  • Albert Deshayes, Dictionnaire étymologique du breton, Douarnenez, Le Chasse-Marée, , 765 p. (ISBN 2-914208-25-1)
  • (en) Václav Blažek, « Celtiberian », Département de Linguistique et Langues baltes, Université Masaryk, Brno,‎ (lire en ligne)
  • Abbé Jean Delaigue, « Toponymes gaulois en Haute-Loire », Almanach de Brioude, Brioude,‎ 1971 et 1972
  • Michel Bats, « Grec et gallo-grec : les graffites sur céramique aux sources de l’écriture en Gaule méridionale (IIe-Ier s. av. J.-C.)* », D’un monde à l’autre,‎ , p. 151-166 (DOI 10.4000/books.pcjb.5371, lire en ligne)
Source du lexique

Articles connexes

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Liens externes

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