Raymond Cassagnol
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Raymond Cassagnol, né le à Port-au-Prince (Haïti) et mort le , est un entrepreneur et un aviateur haïtien, auteur en 2003 d'une autobiographie (Mémoires d'un révolutionnaire) riche en informations sur le contexte historique (politique, économie et société) de la république d'Haïti dans la seconde moitié du XXe siècle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né en 1920 à Port-au-Prince dans une famille de la classe moyenne, Raymond Cassagnol bénéficie en 1938-1939 d'une bourse du Ministère de l'Instruction Publique d'Haïti, et séjourne à Bruxelles, où il étudie à l'Institut Saint-Georges à Woluwe-Saint-Pierre. Il s'engage en 1942 dans l'armée haïtienne, au sein de laquelle le gouvernement d'Élie Lescot vient de créer le Corps d'Aviation. En 1943, Cassagnol est sélectionné, avec le sous-lieutenant Philippe Celestin et Alix Pasquet, pour une formation de pilote à la base de Tuskegee en Alabama. Dans ses mémoires, Cassagnol décrit avec finesse le climat de ségrégation raciale du Sud des États-Unis à cette époque, tel que peut le ressentir un jeune Haïtien[1]. Après quelques mois de formation, il obtient son brevet de pilote et sert dans l'aviation de l'armée d'Haïti de 1944 à 1946. Il démissionne le et se lance dans les affaires. Il obtient son brevet de pilote commercial en 1947 et est engagé comme pilote par la plantation Dauphin, qui cultive du sisal dans la région de Fort-Liberté. Dans les années 1950, il met sur pied une entreprise de production de bois de construction, basée dans la région du Plateau central (département du Centre). Afin d'assurer des liaisons aisées entre Port-au-Prince et l'unité de production, il achète un Vultee BT-13 Valiant qui met la fabrique à une demi-heure de Port-au-Prince (au lieu de deux ou trois jours par les routes). Les autorisations de vol lui sont accordées par le poste militaire de Cerca-la-Source. Cependant, l'état-major de l'armée à Port-au-Prince est peu favorable à ces survols presque quotidiens et restreint les autorisations de vol. Face aux coûts de maintenance d'un avion cloué au sol, Raymond Cassagnol décide de s'en défaire et le revend au seul client sur place, le Corps d'aviation de l'armée d'Haïti.
Après l'élection de François Duvalier (1957) et jusqu'à la chute de Jean-Claude Duvalier (1986), Cassagnol est régulièrement en contact avec plusieurs groupements d'opposants à la dictature en Haïti.
Le , craignant pour sa vie et la sécurité de sa famille, Raymond Cassagnol, son épouse et leurs cinq enfants, quittent clandestinement Haïti et demandent l'asile politique en République dominicaine [2]. La famille Cassagnol s'installe ensuite aux États-Unis, à Washington.
En , Cassagnol prend part à une tentative de coup d'État contre François Duvalier. Le , deux avions partis des Bahamas débarquent au Cap-Haïtien 35 hommes, qui contrôlent le terrain d'aviation pendant deux jours. Le bateau qui devait amener des renforts coule avant d'arriver ; les putschistes sont pour la plupart arrêtés ou tués. Cassagnol fait partie des pilotes qui manœuvrent les trois avions utilisés lors de cette tentative[3].
En 1969, Cassagnol se réinstalle dans les Caraïbes, à San Juan (Porto Rico), puis à Sainte-Croix, où il ouvre une boulangerie. Par la suite, il fonde une boulangerie spécialisée dans les pains et pâtisseries caribéennes à Orlando (Floride), puis déplace son entreprise à Miami, où la clientèle d'origine haïtienne est plus importante.
Raymond Cassagnol a vécu en Floride où il est mort à Oviedo le 24 juin 2023, à l'âge de 102 ans[4],[5].
Hommages
[modifier | modifier le code]- 2010 : le , à Oviedo (Floride), Raymond Cassagnol reçoit la Médaille d'or du Congrès, en tant que Tuskegee Airmen[6].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Raymond Cassagnol, Mémoires d'un révolutionnaire, Coconut Creek, Educa Vision[7], 2003, 404 p.
Notes
[modifier | modifier le code]- "En ce temps-là, le préjugé de couleur battait son plein, et même l'église n'échappait pas à la ségrégation : Blancs à l'avant, noirs à l'arrière. Pourtant, la chorale était composée de noirs et la soprano était applaudie à la fin de la messe. C'est ainsi que je me suis toujours gardé de fréquenter les endroits où je pourrais subir une humiliation quelconque.", dans Raymond Cassagnol, Mémoires d'un révolutionnaire, Coconut Creek, Educa Vision, 2003, p. 28.
- Raymond Cassagnol, Mémoires d'un révolutionnaire, Coconut Creek, Educa Vision, 2003, p. 182-186.
- Raymond Cassagnol, Mémoires d'un révolutionnaire, Coconut Creek, Educa Vision, 2003, p. 244-254.
- (en) « Tuskegee Airman Raymond Cassagnol dies at 102 », sur thestar.com, (consulté le )
- (en) « Raymond Cassagnol - View Obituary & Service Information », sur Raymond Cassagnol Obituary (consulté le )
- « http://www.seminolechronicle.com/vnews/display.v/ART/4bcf5103517f1 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Gary Roberts, "Tuskegee Airman honored in Oviedo", in Seminole Chronicle, April 21, 2010
- (en) « Welcome to Educavision », sur educavision.com (consulté le ).