Giovanni da Vigo
Naissance |
v. 1450 Rapallo (Italie) |
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Décès |
1525 Rome (États pontificaux) |
Domaines | chirurgie |
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Giovanni (ou Giannettino) da Vigo[1], né v. 1450 à Rapallo[2],[3], mort en 1525 à Rome, est un médecin et chirurgien italien. En français on l'appelait Jean de Vigo.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il n'est pas certain que son père ait été Battista, de Rappallo, chirurgien renommé[4],[5].
Vigo fait ses études à Gênes, puis, à l'invitation du marquis Ludovico Ier, à Saluces, qui abrite un certain nombre de médecins célèbres du temps. Parmi eux un concitoyen, Battista da Rapallo, au service du marquis de Saluces, qui sera son maître et qu'il assistera durant le siège de la ville en 1485–86[4].
De 1487 à 1495 on le trouve à Gênes, où il s'est établi médecin-chirurgien. Il entre ensuite, à Savone, au service du cardinal Giulio della Rovere, qui, en 1503, est élu pape sous le nom de Jules II. Vigo est archiatre pontifical[6] jusqu'à la mort de ce pape en 1513.
Vigo a comme disciple Mariano Santo (it). Il meurt à Rome en 1525.
Contributions
[modifier | modifier le code]Joseph-François Malgaigne, qui est loin d'être un panégyriste de Vigo même s'il reconnaît en lui « un esprit observateur, un praticien heureux et habile et un savant fort érudit[7] », explique son prodigieux succès d'édition en disant que les ouvrages publiés jusqu'alors « ne parlaient pas des deux choses dont les chirurgiens se souciaient le plus, les plaies d'armes à feu et la vérole[8] ».
Vigo a en effet laissé sa marque principalement en médecine militaire, dans le traitement des blessures d'armes à feu, que les Anciens ignoraient, et pour lesquelles il recommande la ligature des vaisseaux sanguins[9],[10]. Comme il croit que la poudre des « bâtons à feu » est un poison, il prescrit le même traitement (cautérisation) que pour les morsures d'animaux venimeux ou de chiens enragés[11].
Les Anciens ignoraient aussi la syphilis ; Vigo, premier médecin en Italie à l'étudier, la soigne avec des fumigations de cinabre et de dioxyde de mercure sur les ulcères[12],[13],[14]. Ce remède prend le nom de « poudre rouge de Vigo[15] ».
Œuvres (liste partielle)
[modifier | modifier le code]L'œuvre de Vigo s'appelle Practica : « La practique et cirurgie : division de ladicte practique ; La premiere partie est nommée la copieuse contenant neuf livres particuliers ; La seconde est dicte compendieuse qui contient cinq livres particuliers » (traduction de Nicolas Godin)[16].
- Practica in arte chirurgica copiosa, 1516
- Secunda pars practica…
- La practique et cirurgie de excellent docteur en medecine Maistre Jehan de Vigo nouvellement imprimee et recogneue diligentement sur le latin avec les aphorismes et canons de cirurgie, trad. Nicolas Godin, 1542
- Le mal français (1514), trad. et commentaires par Alfred Fournier, Paris, Masson, 1872 — Le « mal français » est la syphilis. Le texte de Vigo commence p. 29.
La Pratique a eu de nombreuses éditions et traductions. En latin à Pavie (1514); à Lyon (1516; 1518; 1519; 1528; 1532; 1534; 1538; 1561), en allemand à Nuremberg (Wund-Artznei[17], 1677), en français à Paris (1530) et Lyon (1515; 1537), en italien à Venise (1540; 1576; 1582; 1560; 1568; 1598; 1610; 1639), en espagnol[18] (1627), en portugais[19] (1713) et en anglais[20],[21] (1543).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Gioan. Alessandro Brambilla, « Storia di Giovanni da Vigo », dans Storia delle scoperte fisico-medico-anatomico-chirurgiche, t. 2, partie 1, 1781, p. 80–90
- Ernst Julius Gurlt, Geschichte der Chirurgie und ihrer Ausübung, vol. 3, 1898 — Nombreuses mentions de Vigo.
- Vincenzo Malacarne (it), Delle opere de' medici, e de' cerusici che nacquero, o fiorirono prima del secolo XVI negli stati della real casa di Savoia, 1786
- Joseph-François Malgaigne, « Introduction », dans Ambroise Paré, Œuvres complètes, vol. 1, 1840, p. XV — Sur Vigo, voir les p. CLXXV–CLXXXII
- Maria Muccillo, « Da Vigo, Giovanni », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 33, 1987
- Victor Nicaise, « À propos de Jean de Vigo (1460-1520) », dans Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, 1903, no 02, p. 313-347 — Nicaise souligne l'apport de Guy de Chauliac à l'œuvre de Vigo.
- J. Y. Simpson, « On the alleged anticipation of acupressure in the sixteenth century by John de Vigo », dans The Medical Times and Gazette, John Churchill and Sons, , p. 197–198
- Kurt Sprengel, Geschichte der wichtigsten chirurgischen Operationen, vol. 1, 1805, passim — Voir « Joh. de Vigo » dans l'index.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Récompenses et distinctions
[modifier | modifier le code]- Le liceo classico de Rapallo porte le nom de Vigo[22].
- Il y a à Rapallo une statue de Vigo, œuvre de Carlo Rubatto.
- L'« emplâtre de Vigo » a désigné au moins trois emplâtres[23].
Notes
[modifier | modifier le code]- Selon Malacarne, p. 187, qui se réfère à Bernardino Orsello, « Vigo » est un surnom, prononciation par l'enfant de « Ludovico », seigneur du lieu ; les sources modernes (Muccillo) voient dans cela une légende. Par ailleurs, Malacarne n'appelle pas Vigo « Giovanni », mais « Giannettino ».
- Il s'identifie comme « Johannetinus de Vigo de rapalo » : Secunda pars practica…, voir la page de dédicace suivant la page-titre].
- On lit dans Practica in arte chirurgica copiosa, Lyon, 1516, folio 145 : « Incipit liber Septimus Magistri Joannis de Vigo Genuen. Rapalligene De natura simplicium », « [Ici] commence le livre septième de maître Jean de Vigo Génois de Rapallo (Rapalligene) au sujet de la nature des simples ».
- Muccillo.
- Malgaigne, p. CLXXV, est plus catégorique : « c'est une hypothèse qui n'a pas le plus léger fondement ».
- Luigi Gaetano Marini, Degli Archiatri Pontifici, vol. 1, p. XXXI.
- Malgaigne, p. CLXXIX.
- Malgaigne, p. CLXXVIII.
- « [T]he first Italian Renaissance surgeon to write an account of gunshot injuries and their treatment » : Ira M. Rutkow, « Origins of modern surgery », dans Jeffrey Norton et al., Surgery : basic science and clinical evidence, Springer Science & Business Media, 2009, p. 7.
- Michel Rongières, Ambroise Paré et l’orthopédie pédiatrique, p. 4 : « La ligature des vaisseaux avait été surtout développée par des chirurgiens italiens comme Roland de Parme et Jean de Vigo ; elle était utilisée pour les plaies simples mais jamais dans les cas d'amputation. ».
- La practique et cirurgie…, Paris, Arnoul Langelier, 1542, p. 469.
- Voir Le mal français (1872), ou la traduction française de 1525.
- Samuel S. Kottek écrit que les chirurgiens « affirment que ceux qui ont les premiers propagé en France l'usage des frictions mercurielles ont été Thierry de Hery, Jean de Vigo et Chaumette » : « Jean Astruc et les chirurgiens : une polémique acerbe », dans Gad Freudenthal et Samuel S. Kottek, Mélanges d'histoire de la médecine hébraïque : études choisies de la Revue d'histoire de la médecine hébraïque, Brill, 2003, p. 209 (ISBN 9004125221 et 9789004125223).
- « [I]l reste douteux que les frictions mercurielles soient réellement de son invention » (de l'invention de Vigo) : Malgaigne, p. CLXXXI.
- Sur la « poudre rouge », on peut lire Conrad Gesner, Tresor des remedes secretz, 1559, p. 355.
- Tables des matières : page suivant la page titre, pour la partie copieuse, et page non paginée avant la p. 454 pour la partie compendieuse.
- Fiche de WorldCat.
- Teorica y practica en cirugía, trad. Miguel Juan Pasqual, Madrid, 1717. Voir la liste des éditions numérisées par la Biblioteca virtual Miguel de Cervantes (es) (huit éléments en février 2015).
- Jean-Eugène Dezeimeris, Charles-Prosper Ollivier et Jacques Raige-Delorme, « Vigo (Jean de) », dans Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, ou précis de l'histoire générale, vol. 4, 1839, p. 338.
- The moste Excellent Workes of Chirurgerye made and set forthe by maister John Vigon, heed chirurgien of our tyme in Italie, trad. Bartholomew Traheron (en), 1543. Voir : William Carew Hazlitt (en), « Vigo, Giovanni », dans : Third and final series of bibliographical collections and notes on early English literature : 1474-1700, 1887
- This lytell practyce of Joha[n]nes de Vigo in medycyne, is translated out of Laten in to Englysshe, for the helth of the body of man, 1555?. Source : WorldCat.
- Liceo Da Vigo — Nicoloso Da Recco.
- Louis Jacques Bégin, Dictionnaire des termes de médecine, chirurgie, art vétérinaire, pharmacie, 1823, p. 248.