Doctolib
Doctolib | |
Logo de Doctolib. | |
Création | 5 août 2013 |
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Fondateurs | Stanislas Niox-Chateau, Steve Abou Rjeily, Jessy Bernal, Ivan Schneider |
Forme juridique | Société par actions simplifiée |
Siège social | Levallois-Perret, Hauts-de-Seine France |
Directeurs | Stanislas Niox-Chateau[1] |
Actionnaires | Bpifrance, General Altantic, Eurazeo, Accel Partners, Pierre Kosciusko-Morizet, Nicolas Brusson, Antoine Freysz, Pierre Krings, Bertrand Jelensperger, Ludwig Klitzsch, Olivier Occelli, Maxime Forgeot |
Activité | Programmation informatique |
Produits | Service en ligne professionnel, prise de rendez-vous médical en ligne |
Filiales | Doctolib (d) |
Effectif | 2 500 |
SIREN | 794598813 |
TVA européenne | FR14794598813 |
Site web | www.doctolib.fr www.doctolib.it |
Chiffre d'affaires | 217 millions (2022)[2] |
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Doctolib est une entreprise française fondée en 2013 par Stanislas Niox-Chateau, Steeve Abou Rjeily, Ivan Schneider et Jessy Bernal.
Doctolib distribue en France, en Italie, en Allemagne et aux Pays Bas, un service de prise de rendez-vous en ligne destiné aux patients.
Le site web est principalement dédié aux services des professionnels de santé, exerçant dans un cadre réglementé (dotés d'un numéro RPPS ou inscrits à l'annuaire Adeli) une médecine conventionnelle ou non.
Histoire
Fondation
La société Doctolib est créée en août 2013 par Stanislas Niox-Chateau, Jessy Bernal, Ivan Schneider et Steve Abou-Rjeily, avec la participation de 50 praticiens partenaires (médecins, dentistes)[3].
En , le service Doctolib est utilisé par une première clinique[4].
Première levée de fonds en 2014
En , Doctolib lève 4 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques[5] et de nouveaux investisseurs, comme Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings, cofondateurs de PriceMinister[6].
Deuxième levée de fonds en 2017
En , Doctolib lève 26 millions d’euros pour recruter 200 personnes supplémentaires avant 2018. La banque publique d’investissement (Bpifrance) entre au capital[7],[8].
En , l’Assistance-Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) adopte la prise de rendez-vous en ligne par Doctolib[9]. Selon l’étude de la chaire Hospinnomics[10], la prise de rendez-vous en ligne engendre deux effets positifs pour l’hôpital. D'une part, concernant les professionnels de santé, un mois après l’installation de Doctolib, le nombre de rendez-vous honorés croît de 7,5 % dans les établissements de santé de l’AP-HP équipés[11]. Ainsi, en une année, la hausse s'élève à 11 % pour tous les patients et plus spécifiquement à 7 % pour les nouveaux patients[11]. D'autre part, si les délais de rendez-vous ne varient pas, les patients sont favorables à recommander ce service : un tiers des 5 000 patients interrogés par l’AP-HP en déclarent qu’ils auraient cherché un rendez-vous hors de l’AP-HP sans la prise de rendez-vous en ligne et 85 % d'entre eux recommanderaient spontanément le service à leurs proches[11].
En , Doctolib franchit le cap des 11 millions de visites par mois[12]. En , la maternité du CHU de Nancy expérimente le service pour les consultations de gynécologie, d'obstétrique et d'assistance médicale à la procréation (AMP)[13].[réf. à confirmer]
En , Doctolib compte 40 000 professionnels de santé partenaires[14]. En , Doctolib acquiert son concurrent direct MonDocteur et compte désormais à la suite de cette opération, près de 600 salariés[15]. Ces deux sites totalisent 20 millions de visites de patients par mois et 55 000 professionnels de santé utilisateurs[16].
Service de téléconsultation en 2019
En , Doctolib annonce le déploiement d’un service de téléconsultation destiné aux praticiens français[17]. Élaboré avec 500 médecins partenaires, ce service s’inscrit dans le cadre de la convention médicale et est intégralement remboursé par l’assurance maladie[18].
Troisième levée de fonds en 2019
En , une nouvelle levée de fonds de 150 millions d'euros valorise la startup à un milliard d'euros, ce qui en fait une licorne[19]. En , Doctolib totalise parmi ses clients 100 000 professionnels et 2 000 établissements de santé utilisateurs[20]. En 2019, les hôpitaux marseillais de l'AP-HM optent pour Doctolib pour la gestion de leurs rendez-vous[21].
En , Doctolib annonce la commercialisation du service « Doctolib Médecin », une application de gestion de cabinet médical libéral, en complément de sa plateforme de prise de rendez-vous. Ce service est censé faciliter les tâches administratives des généralistes, telles que gestion d'agenda, historique des patients et édition d'ordonnances[22],[23]. En , Doctolib annonce l'acquisition de Dottori, un des principales entreprises de la prise de rendez-vous médicaux en ligne en Italie[24].
Le , Doctolib annonce l'acquisition de la jeune pousse Tanker, — fondée en 2015 par Guillaume Pontallier, Clément Ravouna et Cédric Gestes — dont les solutions de chiffrement sont utilisées par sa plateforme depuis [25],[26] En , l'entreprise effectue une nouvelle levée de fonds de 500 millions d'euros, ce qui la fait devenir licorne française la plus valorisée avec une capitalisation boursière de 5,8 milliards d'euros[27],[28].
En 2023, Doctolib est élue entreprise la plus utile au quotidien des Français pour la deuxième année consécutive dans un classement réalisé depuis 2019 par l'Ifop[29] et une des 15 entreprises les plus admirée en France[30].
Données financières
Doctolib a choisi de ne jamais publier ses données comptables. Cependant pour 2022, les données ont fuité : Doctolib a réalisé un chiffre d'affaires de 217 millions d'euros pour une perte comptable de 168 millions d'euros[31].
Objectifs affichés
L’objectif revendiqué par Doctolib consiste à participer à simplifier les formalités des professionnels de santé et faciliter l’accès aux soins des patients, avec une volonté affichée de s'étendre vers la télémédecine et les services aux hôpitaux.[réf. nécessaire]
En 2019, Doctolib estime que son service permettrait de réduire le pourcentage de rendez-vous non honorés par les patients de 10 % à 4 % avec la mise en place du rappel de rendez-vous par email et SMS[20].
Pour les patients, Doctolib aurait un impact positif lors de la prise de rendez-vous médical, en particulier le soir et le week-end : selon Doctolib, 54 % des rendez-vous pris sur le site et l’application s'effectueraient durant les heures de fermeture des cabinets[20].
Services proposés par Doctolib
Pour les professionnels de santé, Doctolib est un service de gestion en ligne des consultations[32]. L’objectif de son service est de permettre aux professionnels de santé d’améliorer l’efficacité de leur organisation, la communication avec leur patient et la coopération avec leurs confrères. En 2019, le service de gestion des consultations est facturé 129 € par mois aux professionnels de santé[32]. Depuis le , Doctolib propose également aux médecins un service de téléconsultation leur permettant de réaliser des consultations vidéos avec leurs patients, remboursées par l’Assurance maladie. Ce service est facturé 79 € par mois aux médecins, en plus de l’abonnement au service en ligne classique[14].
Côté patient, le site et l’application Doctolib permettent de trouver de l'information sur l'offre de soins, de prendre rendez-vous à tout moment avec un professionnel de santé et de consulter l'historique de ses consultations depuis un compte personnel[9]. Le service est gratuit pour les patients[32]. Le service de téléconsultation de Doctolib permet aux patients de prendre un rendez-vous pour une consultation vidéo avec leur médecin, de payer en ligne à la suite de cette consultation vidéo et d’accéder à leur ordonnance sur leur compte personnel. Ce service offre aux patients la possibilité de consulter depuis leur domicile et d’échanger plus rapidement avec un professionnel de santé. Le service de téléconsultation de Doctolib n’est accessible qu’aux patients déjà suivis par un médecin, afin de respecter le parcours de soins et de répondre aux conditions du remboursement par l’Assurance maladie[33].
Prises de rendez-vous pour la vaccination contre la Covid-19
Il est possible de créer un compte sur Doctolib pour s'inscrire, soi ou ses proches à un ou des rendez-vous de vaccination contre la maladie à Covid-19, qui seront donnés via l'adresse courriel du titulaire du compte. Tous les messages envoyés par Doctolib ne comportant pas le nom du proche concerné, mieux vaut ouvrir un compte Doctolib à chaque personne.
Au , en France, Doctolib revendique 39 millions de rendez-vous pour une vaccination contre la Covid-19 représentant une part de marché de près de 90 %[34].
Les plates-formes de prise de rendez-vous en ligne sont les nouveaux acteurs du secteur de la santé gérant les informations sur le parcours de soins d'une grande partie de la population[21].
Gestion de la patientèle et de leurs données
L'entreprise affirme qu’elle s’assure de la fiabilité des informations publiées sur son site et son application, n’oriente pas les patients vers un praticien en particulier, respecte le parcours de soins coordonnés et ne permet pas aux patients de noter publiquement leurs praticiens[35].
Hébergement des données
En 2019 les données personnelles de santé conservées par Doctolib sont stockées en France et en Allemagne par des hébergeurs certifiés « données de santé » AZNetwork et de Coreye (Pictime Group), et aussi chez Amazon Web Services, le service d'hébergement d'Amazon[36] qui n'a pas cette certification. Doctolib indique alors qu'il n'est pas lui-même certifié HDS car la plateforme n'a pas vocation à héberger des données de santé[37]. Le , Doctolib annonce adopter le chiffrement de bout en bout pour la sécurisation des données de santé, affirmant « Cette technologie rend rigoureusement impossible à toute autre personne d’accéder à ces données, y compris dans les opérations d’assistance ou de maintenance »[38].
En 2022, Doctolib reconnaît que ses employés ont accès aux données de rendez-vous des patients et à d'autres informations, indiquant qu'il n'y a pas à proprement parler de chiffrement de bout en bout et que l'assistance et la maintenance permettent en fait d'accéder à ces données personnelles de santé, contrairement à ce qu'affirme Doctolib en 2020[39]. Questionnée sur un document interne de l'entreprise de 2019 (en anglais) datant de affirmant « Ce n’est pas à strictement parler du chiffrement de bout en bout mais cela peut l’être en termes de communication », Doctolib affirme avoir « toujours été clair et transparent en matière de chiffrement »[39].
Certifications
Fin 2021, Doctolib obtient la certification ISO 27001[40] sur la sécurité de l'information et celle d'hébergeur de données de santé (HDS)[41].
Informations disponibles
"Souvent perdus" les patients "comprennent rarement à quoi correspondent les sommes" à régler, en particulier "quand il y a des dépassements d'honoraires"et Doctolib peut les aider[42]. On y trouve le terme "médecin conventionné en secteur 1", qui veut dire qu'il "applique obligatoirement les tarifs fixés dans la convention médicale"[42]. Le médecin conventionné en secteur 2 pratique lui des honoraires libres, avec des "dépassements d'honoraires"[42], que l'Assurance Maladie ne rembourse pas, se limitant à rembourser sur la base du tarif de base[42].
Critiques
La journaliste Anne Bayle-Iniguez évoque en 2021 que les critiques envers l'entreprise « révèlent l'incapacité du monde de la santé à collaborer avec le secteur privé, pourtant essentiel pour faire tourner l’écosystème sanitaire »[43].
Référencement de professionnels de la santé non inscrits sur Doctolib
En , deux syndicat de médecins, Union française pour une médecine libre et CSMF[44] reprochent à Doctolib
- l'affichage de professionnels de santé ayant quitté le site, dont les patients sont redirigés vers d'autres, abonnés au site.
- d'avoir importé l'ensemble des médecins de France sans leur consentement, un viol du Règlement général sur la protection des données[45].
Stanislas Niox-Chateau nie ces accusations[44]. Doctolib annonce toutefois le avoir modifié son outil afin de rediriger la recherche d'un médecin qui s'est désinscrit vers une page d'erreur et considére que le Conseil de l'ordre l'autorise à utiliser la liste des médecins. L'un des syndicats remercie néanmoins Doctolib pour avoir réagi rapidement[46].
En 2024, Doctolib continue de référencer des médecins non inscrits à ses services, précisant recenser « ces médecins afin de faciliter l’accès au soin en permettant aux patients de trouver tous les praticiens ayant le droit d’exercer, qu’ils soient clients de Doctolib ou non, et de les contacter via leur adresse et leur numéro de téléphone.» À ce sujet, la Cnil indique que « des éditeurs privés d’annuaires de professionnels, qui se limitent, par défaut (c’est-à-dire sans initiative des personnes concernées), à rediffuser les données « élémentaires » sur leur activité (données d’identité, spécialités / domaines d’expertise, coordonnées du lieu d’exercice de la profession, etc.) peuvent le faire sans l’accord préalable / le consentement des professionnels concernés.»[47]
Tri selon les motifs de consultation
La journaliste Johanna Habib a révélé en avril 2019 que Doctolib permet de rendre des plages horaires accessibles uniquement pour certains motifs de consultation[48], en violation du Serment d'Hippocrate.
Augmentation des frais pendant le confinement
Pendant la crise sanitaire du Covid-19, Doctolib applique un nouveau prélèvement de 1 % sur chaque téléconsultation, correspondant aux frais du prestataire de paiement en ligne (Stripe). Ces frais, cumulés avec le coût de l'abonnement, peuvent selon un médecin représenter jusqu'à 200 euros par mois par professionnel[49].
Doctolib se défend en en expliquant que ces frais ne constituent pas un bénéfice mais une refacturation de frais bancaires[50], que l'entreprise a offert la gratuité de ces frais qui étaient de 1,5 % à l’origine, et qu'elle a renégociés à 1 %[51]. L’entreprise rappelle qu’elle a offert la gratuité de ses abonnements de téléconsultation pendant toute la durée de l’épidémie « afin de participer à l’effort national » mais déclare ne pas pouvoir assumer ces frais bancaires[51].
Confidentialité des données de santé envoyées sur Amazon Web Services
En 2021, plusieurs syndicats de médecins ont déposé un recours devant le Conseil d'État en raison de l’utilisation par le site de prise de rendez-vous Doctolib des services d’hébergement d'Amazon Web Services (AWS). Philippe Vimard, directeur des opérations chez Doctolib, répond qu'AWS est la meilleure solution, bien que non européenne, et dispose de la certification HDS[52].
Ces syndicats et associations de patients dénoncent dans leur recours un niveau de sécurité insuffisant pour entreposer les données de santé de millions de personnes. Selon eux, le CLOUD Act permet aux agences de renseignement des États-Unis d’accéder aux informations sur les serveurs d’entreprises américaines et le droit américain a des effets extraterritoriaux importants qui ne garantissent pas un niveau de protection conforme au RGPD[53],[21]. À la suite de l’affirmation que le chiffrement proposé par Doctolib était incomplet[54], l'application Doctolib est accusée d'être « trop bavarde » sur les données de ses utilisateurs[55].
Un chercheur en informatique d'Inria montre aussi comment Doctolib héberge les images des praticiens chez Cloudinary (en). Ce prestataire peut en déduire la spécialité recherchée par la patientèle (cancérologie, oncologie, etc.). L'expert indique que Doctolib envoie aussi des informations à Google Analytics et Amazon, et montre que les données envoyées à AWS permettent de savoir ce qui est recherché sur le site Doctolib. Enfin, ce chercheur explique que le prestataire Cloudflare répond avec le certificat de Doctolib et pourrait donc lire les requêtes envoyées à Doctolib[56],[55].
Le Conseil d’État a écarté en la demande de suspension du partenariat entre le ministère de la Santé et Doctolib dans le cadre de la campagne de vaccination, affirmant que « Doctolib a également mis en place un dispositif de sécurisation des données hébergées par la société AWS SARL reposant sur un tiers de confiance situé en France afin d’empêcher la lecture des données par des tiers ». La plus haute juridiction administrative a, dans un arrêt du 12 mars 2021, validé la conformité du système d'hébergement mis en place par Doctolib[57]. Par ailleurs, Stanislas Niox-Chateau a communiqué à cette occasion les mesures mises en place par Doctolib pour assurer la confidentialité des données de ses utilisateurs[58]. Le dirigeant de l'entreprise a avancé: « Il est faux d’affirmer que l’hébergeur certifié hébergeur de données de santé utilisé par Doctolib (AWS) a accès aux données des utilisateurs de Doctolib :
- les données sont hébergées en France et en Allemagne ;
- l’ensemble des données des utilisateurs de Doctolib est chiffré ;
- les clefs de chiffrement sont hébergées en France chez ATOS, une société française.
Ces mesures rendent impossible l’accès aux données par AWS ».
Le Conseil d'État n'a pas sollicité l'avis de la CNIL, comme le demandaient les requérants. Ces derniers affirmaient que le chiffrement mis en place n'était pas sécurisé, et en particulier que si les données étaient transmises chiffrées sur les serveurs d'Amazon web services, « Au sein de l’App Server les données sont à un moment accessibles en clair (Data Access). Or dans le cas de Doctolib, cet App Server est hébergé chez Amazon »[59],[60].
Le risque évoqué que l’État américain puisse accéder aux données personnelles et de santé de dizaines de millions de Français est néanmoins préoccupant. Avec le développement de la télémédecine, au-delà des rendez-vous, les consultations et l’envoi des ordonnances transiteront sur les serveurs de Doctolib. L’État français devrait s'assurer de la protection des données de santé des français en encadrant ces entreprises de la santé les détenant[61].
En , la publication d'une nouvelle investigation de France Inter confirme qu'au moins les données de santé que sont les prises de rendez-vous (date, heure, et spécialiste, patient) ne sont pas entièrement chiffrées de bout-en-bout, puisqu'elles sont accessibles de manière lisible par Doctolib[39].
Vol de données personnelles, informations transmises à Facebook
Faits sur les vols de données
En 2020, Doctolib est victime d'un vol de données personnelles concernant 6 128 rendez-vous médicaux (nom, prénom, sexe, âge, numéro de téléphone, adresse électronique des patients ; date de rendez-vous, nom et spécialité du personnel de santé concernés par le rendez-vous) mais pas le motif du rendez-vous. Cette faille concerne les rendez-vous pris par des logiciels spécialisés interfacés avec Doctolib[62].
Données transmises à Facebook par Doctolib
En , Mobilsicher, média allemand spécialisé dans les questions de confidentialité et des données numériques, révèle que Doctolib a transmis pendant plusieurs mois des données de recherche de ses utilisateurs en Allemagne à Facebook et Outbrain. La plateforme reconnaît rapidement l'utilisation de deux cookies génériques Facebook et Outbrain collectant des informations personnelles (l'adresse IP, mots-clés du traitement recherché, spécialité médicale recherchée, secteur public ou privé) mais indique qu'aucune donnée de santé n'est collectée, considérant que les mots-clés recherchés ne seraient pas des données de santé[63],[64],[65],[66].
Sécurité insuffisante pour le stockage des données de santé
En , une investigation met au jour que les données de santé de la patientèle utilisant Doctolib sont transmises à des entreprises basées aux États-Unis, pays que l'Europe considère ne pas assurer des conditions de confidentialité suffisantes. Cette même enquête révèle que des employés de Doctolib ainsi que les professionnels de santé peuvent bien accéder aux dates et heures de rendez-vous, qui peuvent être considérées comme des « données de santé », confirmant les conclusions d'enquêtes menées en [55],[67]. Doctolib répond que « Les données de rendez-vous ne sont pas chiffrées de bout-en-bout. […] Cette technologie de pointe, encore peu répandue […] ne peut s’appliquer à l’ensemble des données traitées sans impact majeur pour les utilisateurs », contredisant son communiqué de 2020[39].
Stockage d'informations sur les pages consultées par les patients
Doctolib utilise aussi le prestataire Cloudinary basé aux États-Unis pour les photos des professionnels de santé et des établissements, ce qui permet à Cloudinary d'identifier la recherche effectuée par les patientes, mais aussi les services Analytics de Google et AWS, permettant à ces entreprises des États-Unis de connaître les pages visitées ou recherchées par les patients sur le site Doctolib. Enfin, les visites et recherches sur le site Doctolib transitent aussi par l'entreprise des États-Unis Cloudflare, qui peut prendre connaissance des recherches effectuées[55],[67].
Hébergement de données de santé sans l'accord de la patientèle
Le , Doctolib reçoit le Big Brother Award[68],[69],[70], palmarès dénonçant les structures qui portent les plus atteinte à la vie privée, pour plusieurs problèmes identifiés :
- lorsque des professionnels de santé demandent à utiliser Doctolib, ce service leur demande à accéder aux données de santé de toute leur patientèle, sans que celle-ci en soit informée, et ce même si cette patientèle ne dispose d'aucun compte Doctolib[71] ;
- le manque de transparence de la politique de confidentialité de Doctolib, multipliant les documents qui précisent les conditions d'exploitation des données collectées ;
- lorsque du personnel de santé utilisent Doctolib, ce service accède à la liste complète de leur patientèle alors que les créneaux libres suffiraient ;
- l'usage de cookies publicitaires permet à de nombreuses entreprises telles que Google, Twitter, Instagram, Facebook, LinkedIn, Medium et YouTube d'être informées quand un rendez-vous est pris par un patient ;
- la fusion de données de santé sur des patients et patientes transmises par plusieurs personnels de santé, sans aucune suppression une fois que les données ne sont plus utiles pour la prise de rendez-vous.
Monopole
Alors qu'il existe de nombreux concurrents, Doctolib bénéficie d'un quasi-monopole en France[29],[72].
Son cofondateur Stanislas Niox-Chateau réfute ce constat, au motif que Doctolib ne serait pas, selon lui, un logiciel de prise de rendez-vous en ligne comme les autres, mais surtout un logiciel médical, marché dont il ne contrôle que 25%. Il avance au passage que Doctolib n'est payant que pour les professionnels de santé[73].
Présence de pseudo-médecine
Le , Doctolib suspend 17 profils de naturopathes liés à Irène Grosjean, connue pour avoir recommandé de frictionner les organes génitaux, plongés dans l'eau glacée, des enfants fiévreux afin de les endormir[74]. Cette vague de suspension fait suite aux critiques de professionnels de santé et de patients quant à la présence sur la plateforme de pseudo-médecins, dont certains ont des pratiques proches du charlatanisme, et des dérives sectaires. Le groupe affirme entreprendre un « travail de fond » avec le comité médical du site et que de nouvelles mesures seront bientôt prises[75],[76]. Le , l'ordre des médecins réagit en publiant un communiqué demandant « de renforcer ses règles éthiques pour s’inscrire sur sa plate-forme » afin d'éviter la confusion entre professionnels de santé et disciplines sans fondement médical[77]. En réponse, Doctolib annonce le avoir mis à jour la page d'accueil de son site en y mentionnant de manière explicite que certains praticiens ne sont pas des professionnels de santé[78]. Le , après six semaines de consultations auprès de 40 acteurs dont l'ordre des médecins et la Miviludes, Doctolib annonce son choix de ne garder sur sa plateforme que des « professionnels référencés par les autorités de santé » et qu'en seront donc exclus, dans un délai de six mois, 5 700 « praticiens du bien-être » (magnétiseurs, iridologues, coachs en développement personnel, sophrologues, naturopathes, homéopathes etc.)[79],[80].
En est révélé que Doctolib laisse des personnes s'inscrire comme professionnelles de santé sans vérifier a priori leur qualification. Deux faux médecins ont ainsi pu exercer pendant plusieurs semaines sur la plateforme . Doctolib explique que sa procédure d’inscription « débute en premier lieu par une vérification d’identité. Puis un délai de 15 jours est octroyé aux professionnels de santé afin de réceptionner les pièces justificatives dans le cadre d’une vérification du droit d’exercer ». Les faux médecins ont pu utiliser la plateforme durant cette « période d'installation »[81].
Depuis , le délai de 15 jours précédemment octroyé a été supprimé. La vérification d'identité et le droit à exercer sont vérifiés avant même de pouvoir être mis en ligne[82].
Informations erronées à la patientèle
Des informations erronées ont été données à la patientèle par des médecins membres de Doctolib, en particulier sur le tarif des consultations. L’association de consommateurs UFC-Que choisir a dénoncé dans une étude du 22 février 2024, les dépassements d’honoraires exigés par de nombreux médecins spécialistes[83]. Même en secteur 1, certains médecins ont le droit de réclamer plus que le tarif agréé par la Sécu en raison d'un «droit à dépassement permanent»[83] qui est «lié à la reconnaissance de leur pratique et de leurs diplômes», selon l'Assurance maladie[83], qui ne donne cependant pas de détails sur ses critères d’attribution[83]. Une enquête du magazine économique Capital de février 2024 a cité le cas d'une patiente aux revenus modestes, une jeune coiffeuse dont le médecin « indiquait pourtant être en secteur 1 sur son profil Doctolib» mais qui lui a facturé 65 euros, plus de deux fois les 26,50 euros qu'elle prévoyait compte tenu du secteur 1 affiché[83].
Refus d'informations à la patientèle
En , France Info publie un enquête qui indique que la demande d'accès par la patientèle à son historique de parcours de soin est complexifiée car Doctolib se limite à communiquer que l'identité, la date de naissance, les coordonnées et la date de création du compte[71].
Stanislas Niox-Chateau justifie le refus d'envoi des autres informations, pourtant disponibles sur le site de l'entreprise, car son entreprise est sous-traitante des professionnels de santé et des établissements de soin. L'ancien directeur juridique de la CNIL Guillaume Desgens-Pasanau considère que cette complexification des démarches de la patientèle est contraire à l'esprit du RGPD, suggérant que Doctolib devrait distinguer son travail d'aide à la gestion et de prise de rendez-vous, distinguant ainsi l'activité de prestation et de responsable ou co-responsable du traitement des données de la patientèle[71].
Considérer l'entreprise comme simple sous-traitante lui permet d'éviter de demander le consentement de la patientèle dont elle héberge les données de santé ou d'envoyer des questionnaires de satisfaction à la demande des professionnels de santé. Le Conseil national de l'ordre des médecins reconnaît que seuls 10 % des médecins ont une connaissance du sujet, et que les autres s'en désintéressent, donc Stéphane Oustric, délégué général aux données de santé et au numérique de l'ordre, qui explique que « La plupart des médecins disposent d'une messagerie sécurisée, achètent un logiciel dont l'éditeur se dit certifié ou garanti conforme au RGPD et ne se pose pas de question tant que le programme est sympa et facile d'utilisation »[71].
Prise de position sur la "taxe lapin"
En mars 2024, le PDG de Doctolib, explique ne pas être opposé au projet de Taxe lapin (pénalité de 5 euros à payer par le patient ne se présente pas à un rendez-vous médical)[84], mais qu'il est impensable d'imposer l’empreinte de carte bancaire avant tout rendez-vous, car « il y a 15 % des patients qui sont en situation d’illectronisme » et « 5 % qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux », a justifié le PDG, pourtant favorable au principe d’une taxe pour rendez-vous médicaux non honorés[85]. Stanislas Niox-Chateau, PDG de Doctolib, a aussi averti sur France Inter le 10 avril 2024 qu'il "ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants" ni "entraver l’accès aux soins"[85].
Implantation
Doctolib a des bureaux dans 40 villes en France, en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas[86]. En , la société employait 400 salariés à Nantes[87][réf. non conforme].
Organisation
Direction
Doctolib est présidé par Stanislas Niox-Chateau. Jean Urbain-Hubau est Directeur Général de Doctolib France[88].
Actionnariat
Doctolib est une entreprise qui compte parmi ses actionnaires la Banque publique d’investissement (Bpifrance), les fonds d’investissements Eurazeo, Accel Partners, Kernel et General Atlantic (en)[89].
Notes et références
- « https://about.doctolib.fr/equipe/ »
- « Doctolib estime ses ventes annuelles à plus de 300 millions d'euros », sur Le Figaro, (consulté le )
- Marie-Pierre Gröndahl (photogr. Baptiste Giroudon / Paris Match), « Doctolib, le succès au rendez-vous », sur Paris Match, (consulté le ).
- « Prise de rendez-vous en ligne : un marché en plein boom », sur edp-audio.fr, .
- « Doctolib, le « Google de la santé », lève 4 millions d’euros », sur BFM Business (archivé sur Internet Archive).
- Claude Vincent, « Doctolib part à la conquête de l'Europe », sur Les Échos, (consulté le ).
- Bpifrance, « Doctolib réalise la plus grande levée de fonds de l’année dans la e-santé en Europe », sur Bpifrance, (consulté le )
- Thibault Franceschet, « Les 10 plus grosses levées de fonds en France au premier semestre » , Les Échos (Start), (consulté le )
- « Comment Doctolib dope les prises de rendez-vous de l'AP-HP », Les Échos, (lire en ligne).
- « Les hôpitaux de Paris tirent les premiers bénéfices du passage à Doctolib », sur Le Figaro, .
- « Une étude réalisée par Hospinnomics pour l’AP-HP évalue l’impact de la prise de rendez-vous en ligne dans ses hôpitaux : Comment la prise de rendez-vous en ligne transforme l’hôpital ? », sur APHP, .
- « Doctolib enregistre 11 millions de visites chaque mois », sur Les Échos, .
- « Prise de rendez-vous : le CHU de Nancy opte pour Doctolib », sur Tic Santé, .
- « Doctolib lance sa plateforme de consultation médicale en ligne », sur Le Journal du dimanche, .
- « Doctolib acquiert MonDocteur » [PDF], sur Cloudinary (en), .
- « Doctolib rachète son concurrent direct Mondocteur », sur Le Monde, .
- « Doctolib déploie son service de téléconsultation », sur L'ADN, .
- « Doctolib va se lancer dans la télémédecine », sur Le Parisien, .
- Anaïs Cherif, « Comment la startup française Doctolib est devenue une licorne », La Tribune, no 6650, , p. 42 (lire en ligne)
- « Comment Doctolib a amélioré l’accès aux soins », sur Le Figaro, .
- Justin Délépine, « Mais qui arrêtera Doctolib ? », Alternatives économiques, .
- « Doctolib propose une solution de gestion pour les cabinets des médecins libéraux », sur Les Échos, (consulté le ).
- Stéphane Barge, « Mais qu'est-ce qui arrêtera Doctolib ? », L'Express, no 3650, 17 au 23 juin 2021, p. 50-52.
- Adrien Lelièvre, « Doctolib part à la conquête de l'Italie en rachetant un concurrent », sur Les Échos, .
- Louis Adam, « Avec le rachat de Tanker.io, Doctolib veut « établir une nouvelle norme du secret médical » » , sur ZDNet France, (consulté le ).
- Célia Seramour, « En rachetant Tanker, Doctolib veut blinder les données de santé » , sur Le Monde informatique, (consulté le ).
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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