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Principe des nationalités

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Le principe des nationalités est la théorie politique selon laquelle État et nation doivent coïncider dans les groupements politiques. C'est-à-dire qu'un gouvernement ne peut pas imposer son autorité à des populations qui se considèrent étrangères à cet Etat. Chaque peuple est regroupé en un État qui lui est propre et une même nation ne peut vivre dans des États différents.

Origines

La notion de nationalité s'est peu à peu formée au cours des siècles. On peut noter, dès le Moyen Âge, des manifestations de sentiment national, mais celui-ci apparaissait plus comme une réaction contre une menace extérieure que comme une conviction raisonnée et permanente. les clivages religieux omnipresents (entre catholiques et protestants par exemple) et le cloisonnement lié aux communications difficiles expliquent lente naissante du sentiment national. Il est aussi à noter que certains clivages nationaux se sont nourris de différences religieuses (la Prusse protestante visant à l'unification de l'Allemagne contre l'Autriche catholique).

Le principe des nationalités aussi appelé cause des peuples émerge comme ferment polique et force de mobilisation à partir du XVIIIème siècle avec les penseurs des Lumières mais aussi Johann Gottfried von Herder dont Zeev Sternhell se demande où "réside sa signification historique..., sinon dans sa contribution à la poussée du nationalisme[1]? ». Enfin, d'autres penseurs et militants du XIXème siècle sont à citer: Giuseppe Mazzini, Robert von Mohl, Pasquale Stanislao Mancini et Johann Caspar Bluntschli.

Le corrolaire du principe des nationalités fut un intense débat sur la définition d'une nation (le sang, la langue, la volonté...) qui parcourt tout le XIXème siècle.

Apogée au XIX siècle

Napoléon III, soutien et victime du principe des nationalités

Napoléon III fait du principe des nationalités un des piliers de sa politique etrangère. Il s'appuie sur le principe des nationalités pour balayer la Sainte Alliance et les frontières issues du Congrès de Vienne. Au nom même du principe des nationalités, il ne s'oppose pas à l'ascension de la puissance prussienne jusqu'à la guerre franco-prussienne de 1870.

Le Traité de Versailles, triomphe du principe des nationalités

Le Traité de Versailles marque l'apogée du principe des nationalités avec le triomphe de l'État-Nation. On assiste donc au démembrement de deux empires pluri-nationaux, l'Autriche-Hongrie et l'Empire Ottoman. De plus, malgré des insistances française, l'intégrité de l'Empire allemande]] sera conservée.

Critiques du principe des nationalités

Critiques royalistes et des "Anti-Lumières"

Les historiens royalistes dont la figure proéminente de Jacques Bainville lient le principe de nationalités aux Lumières et au libéralisme politique pour mieux rejeter en bloc les trois notions et ainsi l'héritage de la Révolution française. Les Lumières voient pour lui avec grande naïveté la nation comme l'entité émancipatrice des peuples, l'émancipation et la liberté devant amener la démocratie, les peuples constitués en nations dans les limites fixées par la geographie apportant naturellement la paix. Ils reprochent vertement aux philosophes et aux héritiers de la Revolution française d'avoir fait le lit du nationalisme prussien. Ainsi, Jacques Bainville écrit-il: "C'est plus qu'une grande ironie, c'est le scandale de notre histoire que le militarisme et l'absolutisme prussiens aient été adulés en France pendant cent cinquante années comme l'organe et l'expression de la liberté et des « idées modernes » avant d'être proposés à l'horreur et à l'exécration du monde civilisé au nom des mêmes principes.[...]. Le fait que les écrivains émancipateurs du XVIIIème siècle, en dépit de leurs prétentions à représenter les « Lumières », n'ont pas vu, ont refusé de voir le péril prussien, est écrasant pour leur philosophie politique. Non seulement de pareils esprits devaient exposer la France à des catastrophes le jour où ils en auraient le gouvernement, mais leur erreur même prouvait leur inaptitude à comprendre la marche des choses et à servir le progrès dont ils s'étaient réclamés.".[2].

Critiques marxistes

Marx et Engels s'intéressent très tôt la question nationale. Le nationalisme est éminemment bourgeois pour Marx alors que le prolétariat est international. La nation est une invention capitaliste et même une étape du capitalisme qui cherche à structurer les moyens de production. Cette étape ne peut être dépassée que par un mouvement ouvrier structuré et organisé.

Voir aussi

Sources

  1. Zeev Sternhell, Les Anti-Lumières du XVIIIe siècle à la Guerre froide, Gallimard, Paris, 2010, p. 369.
  2. Jacques Bainville, Histoire de deux peuples, Flammarion, Paris, 1938, p. 75-76.