Histoire de la Bolivie
L'époque précolombienne
On estime que c'est en 20 000 avant Jésus-Christ que la région des Andes accueille ses premiers habitants : il s'agirait de nomades, vivant de la chasse et de la cueillette, qui auraient traversé le détroit de Bering pour coloniser progressivement toute l'Amérique.
La civilisation Chavin qui s'est développée de 1400 av. J.-C. à 200 av. J.-C. est originaire des Andes péruviennes. Elle s'est étendue jusque dans l'Altiplano et a marqué la région pendant des siècles par son rayonnement culturel.
Ensuite, la civilisation des Tiahuanacos se développe à l'extrême sud du lac Titicaca durant le IIe siècle avant Jesus-Christ. Elle disparait vers 1200 après J.-C. probablement à cause d'une grande sécheresse. D'autres civilisations contemporaines aux Tiwanakus, les Moxos au sud-est du pays et les Mollos, au nord de l'actuelle La Paz, se développent en Bolivie et s'éteignent durant le XIIIe siècle.
Vers 1450, les Quechuas arrivent dans la région Nord du pays et rattachent le territoire qui correspond aujourd'hui à la Bolivie à leur propre empire Inca. Ils contrôlent ce territoire jusqu'à ce que les conquistadors espagnols arrivés en 1525 commencent sa conquete en 1539 .
Époque coloniale espagnole
Intéressés par tous les objets en or que possèdent les indigènes, les Espagnols se mettent à la recherche des différentes mines du pays. Beaucoup de colons arrivent alors pour profiter de cette richesse. À Potosí, ils ont appris l'existence de la Cerro Rico (montagne à richesse), la montagne qui domine la ville, grâce à un Indien du nom de Diego Huallpa. Cette montagne contient énormément d'argent d'où, entre 1545 et 1802, on extrait environ 40 000 tonnes de minerai. La richesse de l'empire espagnol provient principalement de cet argent. Certains historiens pensent qu'une partie de cet argent se trouve au fond de la mer sans pouvoir quantifier ces pertes. En effet, durant leur traversée, les bateaux pouvaient perdre leur cargaison à cause des tempêtes. Un certain nombre a également coulé.
La Bolivie, appelée Haut Pérou ou Charcas, fait partie de la vice-royauté de Lima jusqu'en 1779 après quoi elle relève de celle du Rio de la Plata.
Durant plusieurs années les Espagnols ont conquis et fondé les différentes villes qui composent la Bolivie (les départements ne seront créés que lors de l'indépendance). Francisco Pizarro envoie, en 1538, son frère Gonzalo à la conquête de Charcas et Collao.
En 1546, peu de temps après la découverte de la Cerro Rico, Juan de Villarroel et Diego Centeno fondent la ville de Potosí. Le 21 octobre 1548, c'est La Paz qui est fondée par Alonso de Mendoza sur ordre de Pedro de la Gasca. Vient ensuite la ville de Santa Cruz de la Sierra dans le sud-est de Charcas, fondée par Ñuflo Chávez en 1561.
Par la suite, en 1561, la ville de La Plata (Sucre de nos jours) accueille l'Audience de Charcas, l'autorité judiciaire suprême du Haut Pérou ; ils discutent notamment de la création d'un nouveau centre administratif depuis lequel ils pourront tout contrôler.
En 1566, Tristán de Tejada et Juan Salinas arrivent à Trinidad (beni).
La ville de Cochabamba est fondée par l'Espagnol Sebastián Barba de Padilla le 1er janvier 1574. Manuel Castro et Padilla arrivent à Oruro en 1606.
Durant leur conquête, les Espagnols prennent le contrôle du peuple indigène par la force. Ils imposent leurs propres lois, culture et religion. Aucun indigène ne peut occuper un poste au gouvernement, même celui qui naît de parents Espagnols ne peut accéder à un poste important. En raison de toutes les répressions qu'endure le peuple, à partir de 1780, une série de révoltes commencent à inquiéter la vice-royauté du Pérou et l'Audience de Charcas.
Un an plus tard, le 15 janvier 1781, les Chayantas se révoltent violemment. Parmi eux, trois frères, Tomás, Damaso et Nicolás, prennent le contrôle de l'armée et font un siège à la mine de Aullagas. Parmi les révoltes les plus dramatiques, celle menée par Túpac Katari laissera une trace importante dans l'histoire de la Bolivie. En effet, lui et ceux qui l'accompagnent encerclent La Paz pour en bloquer tout accès et cela durant 109 jours or les gens se trouvant à La Paz ne peuvent y survivre longtemps sans importation de produits frais. Les chefs de ces révoltes sont tués par les Espagnols le 13 novembre 1781. Les morceaux du corps de Túpac Katari seront ensuite pendus dans les places de chaque ville importante, cela pour supprimer toute envie aux autres de se révolter.
En 1809, un groupe de révolutionnaire de La Paz, dirigé par Pedro Domingo Murillo, proclame l'indépendance du Haut Pérou.
XIXe siècle, l'indépendance
De 1809 à 1825, 16 ans s'écoulent. Durant cette période, ce n'est pas seulement la Bolivie qui fait la guerre pour obtenir son indépendance mais toute l'Amérique du Sud. De nombreuses guerres se sont déroulées sur tout le continent. C'est Simón Bolívar et Antonio José de Sucre qui ont permis à presque toute l'Amérique du Sud d'obtenir son indépendance. Pour faire honneur à Simón Bolívar, on a utilisé son nom pour un un pays qui est donc la Bolivie.
XIXe siècle après l'indépendance
L'indépendance du pays ne rétablit cependant pas la stabilité politique. En effet, le second président de Bolivie, Antonio José de Sucre, élu le 29 décembre 1825, est expulsé du pays alors qu'il est au pouvoir depuis seulement deux ans et durant près de 60 ans les coups d'État et les changements de gouvernement se succèdent.
La faiblesse de la Bolivie se fait ressentir durant la guerre du Pacifique (1879 - 1884) lorsque elle perd son unique accès à la mer et une partie de ses mines de nitrate au profit du Chili. Cette guerre fut déclenchée à cause d'un conflit avec celui-ci sur le désert d'Atacama. Ce désert contient d'énormes ressources de nitrate. Le Chili s'empara alors du port bolivien d'Antofagasta, point de départ de cette guerre, et c'est en 1884 que la Bolivie perd officiellement la province d'Atacama. Par la suite, en 1903, la Bolivie perd la région d'Acre au profit du Brésil.
Une augmentation mondiale du prix de l'argent ramène, vers la fin du XIXe siècle, une stabilité économique et politique en Bolivie. Durant le début du XXe siècle, l'étain remplace l'argent et devient la ressource de richesse la plus importante du pays.
Le XXe siècle
Les conditions de vie des indigènes restent déplorables. Forcés de travailler dans les mines, ils n'ont pas accès à l'éducation, ont peu d'influence sur la politique et n'arrivent pas à faire des économies. La défaite de la Bolivie contre le Paraguay dans la Guerre du Chaco (1932-1935) marque un tournant important. Dans cette guerre, ils ont subi d'énormes pertes humaines et ont perdu une grande partie de leur territoire (plus de 200 000 km²)
Le mouvement révolutionnaire national (MNR, Movimiento Nacionalista Revolucionario) dirigé par Víctor Paz Estenssoro devient le plus important parti politique du pays. Malgré sa victoire aux élections de 1951, il n'accède pas au pouvoir car l'armée lui en interdit l'accès. Le MNR lance alors, en 1952, une révolution et demande de nouvelles élections ; ce qu'il obtient. Elles lui permettent d'accéder au pouvoir. Il instaure alors le suffrage universel, redistribue les terres du pays, améliore l'éducation de la population rurale, et nationalise les plus grandes compagnies minières du pays.
Douze ans de politique agitée laisse le MNR divisé. En 1964, une junte militaire renverse le président Paz Estenssoro alors qu'il venait de commencer son troisième mandat. En 1969, la mort du président René Barrientos Ortuño, un des membre qui forma la junte, et qui avait été élu président en 1966, conduit à une succession de gouvernements faibles. Alarmé par un désordre public, les militaires, le MNR et quelques autres, placent Hugo Banzer Suárez à la présidence en 1971. Il resta à la présidence appuyé sur le MNR de 1971 à 1974.
Les élections de 1978, 1979 et 1980 sont marquées par la fraude. Durant ces trois années, plusieurs coups d'État ont lieu. En 1981, Luis García Meza est expulsé du gouvernement car il ne respecte pas les droits de l'homme, fait du trafic de drogue et gère très mal l'économie national. Plus tard, il est accusé de meurtre et, en 1995, il est extradé du Brésil vers la Bolivie où il doit purger une peine de 30 ans.
Après l'expulsion de Luis García Meza, l'agitation du pays force les militaires à prendre une décision. Ils convoquent le congrès élu en 1980 et lui demandent de choisir un président. Hernán Siles Zuazo devient de nouveau président, 22 ans après la fin de son premier mandat. Son deuxième mandat commence le 10 octobre 1982. En raison des nombreux problèmes dont une hyper-inflation, il décide de lancer les élections un an avant la fin de son mandat.
Aux élections de 1985, c'est le parti ADN avec à sa tête Hugo Banzer Suárez, qui reçoit le plus de voix. En seconde position était le MNR et en troisième position était le MIR avec à sa tête Jaime Paz Zamora. Mais il y eu un tournant au Congrès car le MIR et le MNR ont réunis leurs voix et Víctor Paz Estenssoro fut choisi pour la quatrième fois en temps que président. Lorsque celui-ci commence son mandat, il doit faire face à une grande crise économique. Le PIB et les exportations avaient diminués depuis plusieurs années.
Bien que le MNR, avec en tête de liste Gonzalo Sánchez de Lozada, soit vainqueur aux élections de 1989 aucun candidat ne recevra une majorité des voix. Et donc, comme indiqué dans la constitution, un vote du Congrès doit désigner le président. Le parti AP en coalition avec ADN et MIR, respectivement deuxième et troisième aux élections gagne. Paz Zamora assume donc la présidence.
Aux élections de 1993, le MNR remporte les élections face aux partis ADN et MIR réunis. Il remporte 34% des voix contre 20% pour leurs rivales. La coalition MNR, MBL et UCS élisent Sánchez de Lozada président.
Sánchez de Lozada poursuit sa réforme économique et sociale. Il s'aide notamment des entrepreneurs, qui se sont convertis en hommes politiques, et des anciens membres de l'administration de Víctor Paz Estenssoro. Le changement le plus important qu'a entrepris Sánchez de Lozada est son programme de privatisation des entreprises. Les investisseurs peuvent posséder jusqu'à 50 % de différentes entreprises publiques comme les compagnies pétrolières, les télécommunications, le système électrique et bien d'autres. Une partie du peuple Bolivien était opposé à ces réformes économiques, ce qui a donc, entre 1994 et 1996, provoqué des perturbations sociales, particulièrement à La Paz et dans la région de Chapare.
En 1997, Hugo Banzer Suárez, leader du parti ADN, remporte les élections avec 22% des voix contre 18% pour le MNR. Il forme une coalition des partis ADN, MIR, UCS et CONDEPA, ceux-ci possèdent la majorité des sièges au Congrès bolivien. Le Congrès le désigne président. Son mandat débute le 6 août 1997.
Le XXIe siècle
Le gouvernement change sa politique et souhaite privatiser plusieurs entreprises. Alors que, à Cochabamba, l'entreprise de distribution des eaux se privatise, entre janvier et avril 2000, une série de protestations surviennent à l'encontre du gouvernement. Celui-ci décrète alors la loi martiale, arrête les leaders de ces protestations et interdit à toutes les stations de radio d'émettre. Les troubles civils et la pression du peuple ne cessent que le 10 avril lorsque le gouvernement fait marche arrière sur sa décision de privatisation.
Gonzalo Sánchez de Lozada remporte les élections de 2002 face à Evo Morales, leader du parti socialiste (MAS pour Movimiento al Socialismo). Les élections ne se déroulent pas sans problème. En effet, plusieurs jours avant les élections, l'ambassadeur des États-Unis, Manuel Rocha, menace les Boliviens en proclamant que s'ils votent pour Evo Morales les différentes aides provenant des États-Unis seraient supprimées et que ceux-ci fermeraient leurs marchés avec eux. Malgré les menaces Evo Morales a reçu 21% des voix, ce qui le place très près de Sánchez de Lozada.
Quatre ans de récession économique, une mauvaise situation fiscale et des tensions ethnique de longue date font que en 2003, une révolution de la police et des travailleurs a presque renversé le gouvernement du président Gonzalo Sánchez de Lozada. Trente personnes sont mortes durant la révolution. Le gouvernement reste au pouvoir mais à perdu sa popularité.
Le conflit récent le plus important est celui de la guerre du gaz. Une réserve de gaz naturel a été découverte très récemment dans le sud du pays. Pour exporter ce gaz, certains proposaient de le faire passer par le Chili car, techniquement, c'est le chemin le plus facile mais était critiqué en raison des ressentiments remontant aux guerres du XIXe siècle. Cette guerre civile à provoqué plusieurs morts et de nombreux blessés. Face à la pression, le président Gonzalo Sánchez de Lozada démissionne et laisse sa place à son vice-président : Carlos Mesa Gisbert qui devient alors président le 17 octobre 2003.
Cela ne ramène le calme que temporairement. En effet, les amérindiens réclament toujours la nationalisation des entreprises d'hydrocarbure. Plusieurs manifestations réclament le retrait du président Carlos Mesa. Celui-ci présente alors sa démission le 7 mars 2005 mais le Sénat la refuse à l'unanimité ; il conserve donc sa place. Pour certains observateurs prochent de l'extrême gauche, cette agitation politique ne servait qu'à re-légitimiser la président Carlos Mesa.
En juin 2005, de nombreuses manifestations dans tout le pays poussent le président Carlos Mesa à démissionner. Celui-ci n'arrive plus à gérer la situation. Les manifestants réclament notamment la nationalisation des entreprises d'hydrocarbure et refuse la volonté de Santa Cruz de devenir indépendante de la Bolivie. Durant ces manifestations, les routes ont été bloquées dans tout le pays. Dû aux nombreux blocages des routes, la nourriture à La Paz s'est faite rare et le prix a augmenté. Carlos Mesa présente alors à nouveau sa démission qui cette fois-ci sera acceptée. Le 9 juin au soir, le congrès place Eduardo Rodríguez à la tête du pays en tant que président par intérim ; il succède ainsi à Carlos Mesa Gisbert qui a présidé la Bolivie durant 20 mois.
Eduardo Rodríguez convoque alors des élections pour le 4 décembre 2005 mais elles seront reportées à la date du 18 décembre 2005. Ces élections opposent principalement Evo Morales à Jorge Quiroga Ramírez. Avant même le dépouillement des votes, les sondages indiquent Evo Morales vainqueur. Et cela se confirme par la suite, il remporte en effet les élections avec près de 51% des voix alors que Jorge Quiroga Ramírez arrive en deuxième position avec 32% des voix.
Un référendum doit avoir lieu le 2 juin 2006 pour offrir une plus grande autonomie aux départements de Bolivie. La décentralisation était une des revendications essentielles des protestations de 2005.