Marc Antoine
Marc Antoine (Marcus Antonius), né en -83[1] et mort en -30, était un homme politique et un général romain. Marc Antoine est le fils de Marcus Antonius Creticus et le petit-fils du consul Marcus Antonius Orator.
Ses débuts
Il se distingue dès sa jeunesse dans les guerres contre les Juifs. Il se lie d'abord avec les tribuns Curion et Clodius Pulcher, puis s'attache à Jules César. Il est élu tribun de la plèbe pour l'année -49 et avec le tribun C. Cassius, il met son veto à l’ordonnance du sénat à César de licencier ses légions [2]. et lui donne le conseil de marcher droit sur Rome après le passage du Rubicon. À cette époque, Marc Antoine commande l'aile droite de l'armée à la bataille de Pharsale.
César, devenu dictateur en -47, le choisit pour maître de cavalerie, et ils sont tous deux nommés consuls en -44. Antoine tente un jour de fête de présenter un diadème à César, mais cette démarche imprudente ne fait que hâter la mort du dictateur. Après le meurtre de César (-44), Marc Antoine prononce son oraison funèbre, ameute le peuple contre ses assassins, qui quittent la ville devant l'agitation populaire. Au lendemain des ides de mars, Marc Antoine est le maitre de la situation, le Consul jouit d'une très grande popularité parmi la troupe. Mais après le rappel des Césaricides par le Sénat, qu'Antoine ne peut tolérer, ce dernier va assiéger Décimus Brutus dans Mutina (Modène) en -43. Sous l'influence de Cicéron le Sénat le déclare ennemi de l'État, et les consuls Hirtius et Pansa marchent contre lui et le défont. Les deux consuls trouvent la mort à cette occasion; ils étaient accompagnés d'Octave qui bénéficiait d'un imperium grâce à Cicéron et dont la responsabilité dans ces deux décès est douteuse.
Le second triumvirat
Après cette défaite, Antoine rétablit en partie sa situation avec l'apport des renforts conduits par Publius Ventidius Bassus, un ancien lieutenant de César. Ventidius avait recruté trois légions dans les colonies militaires césariennes et dans sa région d'origine; il avait ensuite rejoint Marc Antoine à Vada Sabatia sur la côte Ligure. Le vaincu de Modène disposait alors de troupes supérieures à Décimus Brutus qui le poursuivait. Marc Antoine put dés lors rejoindre sans encombre Lépide alors gouverneur de la Narbonnaise. Grâce à ce dernier, Antoine put rencontrer le jeune Octave à Bologne. Cette rencontre aboutit à la formation du second triumvirat dont les premières actions sont les proscriptions de 43 av. J.-C., qui emplissent l'Italie d'exécutions sanglantes. Antoine exige la mort de Cicéron, qui l'avait violemment attaqué dans ses Philippiques. L'année suivante, Antoine, suivi d'Octave, défait Brutus et Cassius dans la plaine de Philippes (Macédoine), et anéantit ainsi le parti républicain. Les triumvirs se partagent ensuite l'empire romain : au cours de ce partage, Antoine obtient la Grèce et l'Asie.
Pour sceller son alliance avec Octave, il épouse la sœur de celui-ci, Octavie, aussitôt après la mort de sa première femme, Fulvie. Mais bientôt, épris des charmes de Cléopâtre, il répudie Octavie pour la reine d'Égypte, et livre même à la princesse une partie des conquêtes romaines — Phénicie, Cilicie, Syrie, Judée, Chypre.
En -36 il part assiéger la ville de Phraates qu'il ne parvient pas à prendre.
Octave, qui avait rompu avec Antoine, le bat de façon décisive lors de la bataille navale d'Actium. Antoine est vaincu et forcé de fuir avec Cléopâtre : il se réfugie à Alexandrie[3]. Se voyant près de tomber entre les mains du vainqueur, il se suicide, croyant que Cléopâtre s'était déjà suicidée, peu avant l'entrée d'Octave dans Alexandrie en -30. Cléopâtre le rejoindra peu de temps plus tard en se faisant mordre par un aspic.
Une ascendance mythique
Marc Antoine prétendait descendre d'Hercule, comme le rapporte Plutarque, dans la Vie qu'il lui a consacrée (§ 5) :
« Aussi était-ce une chose qui se disait de toute ancienneté, que la famille des Antoniens était descendue d’un Anton fils d’Hercule, de qui elle retenait et portait le nom ; laquelle opinion il tâchait à confirmer non seulement par la forme et figure naturelle de son corps [...], mais aussi par la façon de s’habiller et se vêtir. »
Descendance de Marc Antoine
Marc Antoine et Octavie eurent deux filles, toutes les deux appelées « Antonia ». La plus âgée, Antonia Major, fut mariée à Lucius Domitius Ahenobarbus (barbe rouge en latin), et l'empereur Néron était leur petit-fils. La plus jeune, Antonia Minor, se maria avec Drusus, et l'empereur Claude était leur fils.
Marc-Antoine et Cléopâtre eurent trois enfants : les jumeaux Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné, nés en -40, et Ptolémée Philadelphe, né en -36. Leur demi-frère Ptolémée XV (Césarion), fils de César, fut tué par Octave (futur empereur Auguste) à la mort de Marc Antoine et Cléopâtre en -30. Mais les trois enfants furent emmenés à Rome et élevés par Octavie, l'ex-épouse de Marc Antoine. Cléopâtre Séléné se maria en -19 avec Juba II de Numidie et devint reine de Numidie et de Maurétanie. Ses frères demeurèrent probablement quelque temps avec elle, puis leur trace se perd.
Notes
- En réalité, l'année de sa naissance n'est pas connue avec certitude. Les sources divergent sur le sujet et permettent d'envisager trois dates : -86, -83 ou -81. Cf le livre de François Chamoux, Marc Antoine, Arthaud, 1986, pp.13-14.
- Jules César, Bellum Civile' I, 2
« Antoine, recevant tous les jours quelques nouvelles marques d’ingratitude et d’infidélité de la part de ceux qu’il croyoit lui être attachés le plus sincèrement, quitta la ville, et alla absolument s’enfermer seul dans une petite isle, près du Pharos, où il avoit fait construire à la hâte une sorte de cellule, qu’il nomma Timoneion, du nom de Timon le Misantrope [sic], qu’il disoit vouloir imiter, puisqu’il étoit aussi maltraité des hommes que ce fameux Athénien, qui fut la victime de la perfidie de ses amis. »
— Memoires de la cour d’Auguste tirés de l'anglois du Dr Thoma Blackwell et de M. Jean Mills, La Haye et Paris, 1768, liv. XVIII, [éd. 1823], p. 133
Voir aussi
Postérité littéraire
- Sa relation avec Cléopâtre est devenue légendaire et a été le sujet d'une pièce de Shakespeare intitulée Antoine et Cléopâtre (Antony and Cleopatra).
- Le compositeur allemand Johann Adolph Hasse a également écrit un opéra intitulé Marc'Antonio e Cleopatra, donné à Naples en 1725.
- Marc Antoine est une tragédie de Robert Garnier.
- Dans un autre registre, la saison 2 de la série Rome (HBO) retrace la lutte de pouvoir entre Marc Antoine, Octave et Brutus. Dans l'esprit des textes historiques latins, elle est à prendre comme une lecture de l'Histoire teintée de fiction.
Bibliographie
- François Chamoux, Marc Antoine, Arthaud, 1986, 416 p..
- Paul-Marius Martin, Antoine et Cléopâtre, la fin d'un rêve, Albin Michel, 1990, 287 p.
Source partielle
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Marc Antoine » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)