Michel-Louis Guérard des Lauriers
Évêque thuciste (d) |
---|
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Prêtre catholique, frère, prêtre sédévacantiste, théologien |
A travaillé pour | |
---|---|
Nom en religion |
Louis-Bertrand Guérard des Lauriers |
Ordre religieux | |
Consécrateur | |
Directeurs de thèse |
Élie Cartan (), Ernest Vessiot () |
Condamnation |
Michel Louis Guérard des Lauriers, né le à Suresnes et mort le à Cosne-sur-Loire, est un religieux catholique français, dominicain, théologien, et fondateur des principes de l'école théologique traditionaliste sédéprivationniste.
Il est sacré évêque en 1981 sans mandat romain par Pierre Martin Ngo Dinh Thuc (alors sédévacantiste).
Biographie
Enfance et formation
Raymond Michel Charles Guérard des Lauriers est issu d'une famille d'ancienne bourgeoisie de Normandie, établie ensuite en Bretagne[1]. Son père est employé de banque[2].
Il effectue sa scolarité à l’école primaire de Suresnes puis au lycée Chaptal à Paris. En , à l'âge de 17 ans, il entre dans le Tiers-Ordre des maristes[2].
Il passe son baccalauréat en 1916. Il est mobilisé en 1917 et sert comme aspirant dans le 113e régiment d’infanterie. Il perd son frère aîné Maurice, décédé sur le front des Ardennes en octobre de la même année. Admis en 1919 à l’École polytechnique. Il n'y reste qu'une année après laquelle il s'oriente vers la recherche en intégrant l’École normale supérieure en 1921[2]. Il est reçu troisième à l’agrégation de mathématiques en 1924[2],[3]. Il obtient une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à Rome auprès du professeur Tullio Levi-Civita durant l’année 1925. C’est à cette occasion qu'il rencontre Réginald Garrigou-Lagrange, ce qui suscite chez lui une vocation dominicaine[2].
Vie religieuse
Il entre au noviciat dominicain d'Amiens où il reçoit l’habit le et prend le nom en religion de Louis-Bertrand[2], puis il rejoint le Saulchoir de Kain en Belgique où il fait profession solennelle le [2]. Il est ordonné prêtre le [4].
Il devient en 1932 professeur de calcul différentiel et intégral aux Facultés catholiques de Lille jusqu'en 1939. Lecteur en théologie, il enseigne à partir de 1933 la métaphysique et la philosophie des sciences au Saulchoir[5],[6]. Après cette expérience d’enseignant en mathématiques, il est assigné en 1938 à Étiolles où a été transféré le couvent d’études du Saulchoir[3].
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il est affecté à la section technique de l’artillerie comme lieutenant de réserve, puis démobilisé le [2]. Il soutient la même année à Paris une thèse de doctorat en Sorbonne en mathématiques intitulée Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations[7]sous la direction du professeur Élie Cartan[2]. En 1949, il est bachelier en théologie[3]. Il aurait participé aux travaux préparatoires à la définition du dogme de l’Assomption promulgué en 1950[2],[3]. Il s'oppose à la Nouvelle Théologie[2].
Sa déposition de auprès du Saint-Office, sur la base du témoignage d'une jeune femme lui ayant rapporté des abus sexuels, relance l'enquête canonique contre Thomas Philippe, fondateur du centre de formation spirituelle L'Eau vive où enseigne alors Guérard des Lauriers depuis le début des années 1950[8].
En 1961, il est chargé d’enseignement à l’université pontificale du Latran sans pour autant y occuper une chaire. Il y publie plusieurs ouvrages théologiques comme La Preuve de Dieu et les 5 voies (1966), Le Mystère du salut (1968) et La Presenza di Cristo nel sacramento dell’Eucharistia (1969)[2].
Opposition au concile Vatican II et à la nouvelle messe
En 1969, il est le principal rédacteur du Bref examen critique du nouvel Ordo Missae, signé par les cardinaux Alfredo Ottaviani et Antonio Bacci, qui critique la nouvelle messe de Paul VI promulguée la même année[9],[3].
Son rejet catégorique du nouveau missel lui vaut de perdre sa charge d'enseignant à l'université pontificale du Latran en 1970. Il obtient de son provincial l'autorisation de vivre extra conventum, c’est-à-dire en dehors du couvent[2] et de continuer à célébrer selon l'ancien ordo[3]. Il demeure à proximité d’Étiolles où son ministère se déploie dans différentes chapelles qui se constituent à l’époque en opposition à la nouvelle messe[2]. En 1971, il devient professeur de théologie au séminaire d’Écône ouvert par l’évêque Marcel Lefebvre, principale figure de l'opposition au concile Vatican II.
Adoption de la position sédéprivationniste
Au printemps 1976, il expose en privé sa thèse sur la vacance formelle (formaliter) du siège apostolique. Marcel Lefebvre, hostile à cette thèse et à l'opinion de Guérard des Lauriers sur le caractère invalide de la nouvelle messe, rompt avec lui en [2],[3],[10].
Il théorise dans les Cahiers de Cassiciacum, publiés entre 1979 et 1981, la thèse sédéprivationniste selon laquelle le siège de Pierre est formellement vacant depuis la proclamation en de la déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae. Paul VI, bien que canoniquement élu (pape materialiter), ne l'est pas formellement (formaliter) car en propageant les « hérésies » de Vatican II, il ne peut pas promouvoir le bien commun de l’Église[3].
Il donne en 1979 l'habit dominicain à l'abbé Olivier de Blignières et soutient la naissante Fraternité Saint-Vincent-Ferrier qui adhère alors à sa thèse sédéprivationniste[3].
En 1981, il reçoit la consécration épiscopale de Pierre Martin Ngo Dinh Thuc, archevêque excommunié depuis 1976[11]. Guérard des Lauriers est lui-même excommunié en [10]. Il affirme publiquement en 1984 ne plus croire à la validité de l'élection de Jean-Paul II[3]. Entre 1984 et 1987, il consacre trois évêques[11].
Il meurt le à l'âge de 89 ans[11].
Succession apostolique
Michel-Louis Guérard des Lauriers a été consacré évêque le à Toulon par l'archevêque sédévacantiste et excommunié Ngo-Dinh-Thuc. Par la suite, des Lauriers a consacré trois évêques sédévacantistes[3] :
- l'Allemand Günther Storck (en) (1938-1993) le , qui a ouvert ensuite le séminaire du Très-Précieux-Sang en Allemagne[12],
- le dominicain américain Robert McKenna (1927-2015) le ,
- l'Italien Franco Munari, alors supérieur de l'Institut Mater Boni Consilii, le .
Jugement du Vatican sur sa consécration
Dans une notification du , confirmant une note du , la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a statué sur la consécration « sans mandat pontifical ni provision canonique » de Guérard des Lauriers et d'autres prêtres par Ngo Dinh Thuc : « quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant[13]. »
Notes et références
- Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-mobiliaire français, éd. Sedopols, (ISBN 978-2-904177-23-1), p. 379
- Chiron 2022, p. 495-498.
- Jean-Pierre Chantin (dir.) et Paul Airiau, Les marges du Christianisme. : « Sectes », dissidences, ésotérisme, Paris, Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », , 277 p. (ISBN 9782701014180), « Guérard des Lauriers Raymond Michel Charles », p. 120-122
- « GUÉRARD des LAURIERS Louis-Bertrand », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs, (lire en ligne, consulté le ).
- Cavalin 2023, p. 455
- Étienne Fouilloux, « Henri Bouillard et Saint Thomas d'Aquin (1941-1951) », Recherches de Science Religieuse, vol. 97, no 2, , p. 173 (ISSN 0034-1258 et 2104-3884, DOI 10.3917/rsr.092.0173, lire en ligne, consulté le )
- M. Guérard des Lauriers, « Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations », Annales scientifiques de l'École normale supérieure, 3e série, t. 57, , p. 201-315 (DOI 10.24033/asens.885, lire en ligne)
- Cavalin 2023, p. 455-458
- Chiron 2022, p. 206-207.
- Cavalin 2023, p. 668
- Frédéric Luz, Le soufre et l'encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, , 319 p. (ISBN 2-84193-021-1, OCLC 35551976), « Les Antipapes se ramassent à la pelle – Mgr Guérard des Lauriers », p. 182
- (de) Eric W. Steinhauer, « Storck, Günther », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 19, Nordhausen, (ISBN 3-88309-089-1, lire en ligne), colonnes 1343-1346 « STORCK, Günther », (archivé sur Internet Archive).
- Joseph Ratzinger, « Notification par laquelle sont de nouveau déclarées les peines canoniques encourues par Mgr. Pierre-Martin Ngô-dińh-Thuc et ses complices pour les ordinations illicites de prêtres et d'évêques », sur vatican.va, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, (consulté le )
Publications
- Le Saint-Esprit, âme de l'Église, Étiolles (Seine-et-Oise), Monastère de la Croix, .
- Garabandal, S.l., .
- La mathématique, les mathématiques, la mathématique moderne, Paris, Doin, .
- La charité de la vérité, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, .
- La présence réelle du Verbe incarné dans les espèces consacrées, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, .
- (it) Breve esame critico del Novus Ordo Missae : dei cardinali Ottaviani e Bacci, Verrua Savoia, Centro Librario Sodalitium, (ISBN 978-88-89596-19-7, lire en ligne)
Bibliographie complémentaire
- Louis-Marie de Blignières, Le mystère de l'être : l'approche thomiste de Guérard des Lauriers, Paris, J. Vrin, .
- Tangi Cavalin, L'affaire : les dominicains face au scandale des frères Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN 9782204153539).
- Jean-Pierre Chantin (dir.) et Paul Airiau, Les marges du Christianisme. : « Sectes », dissidences, ésotérisme, Paris, Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », , 277 p. (ISBN 9782701014180), « Guérard des Lauriers Raymond Michel Charles », p. 120-122.
- Yves Chiron, Histoire des traditionalistes, Paris, Tallandier, , 640 p. (ISBN 9791021039407).
- Jean de Massia (préf. Philippe-Marie Margelidon), Théologie du sacrifice : la doctrine de saint Thomas d'Aquin et ses prolongements dans l'œuvre du père Guérard des Lauriers, Paris, Téqui, coll. « Croire et Savoir », , 292 p. (ISBN 9782740324790).
Banques de données, dictionnaires et encyclopédies
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressource relative à la religion :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Dominicain français
- Théologien catholique français
- Prêtre catholique traditionaliste français
- Agrégé de mathématiques
- Évêque sédévacantiste
- Élève de l'École normale supérieure
- Étudiant de la faculté des sciences de Paris
- Professeur à l'université pontificale du Latran
- Professeur à l'université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin
- Naissance en octobre 1898
- Décès en février 1988
- Décès à 89 ans