Aller au contenu

Quand la ville dort (film)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est la version actuelle de cette page, en date du 9 octobre 2024 à 23:33 et modifiée en dernier par Vincent Lefèvre (discuter | contributions). L'URL présente est un lien permanent vers cette version.
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Quand la ville dort
Description de l'image The Asphalt Jungle (1950 poster).jpg.
Titre original The Asphalt Jungle
Réalisation John Huston
Scénario Ben Maddow
John Huston
Acteurs principaux
Sociétés de production Metro-Goldwyn-Mayer
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film de casse
Durée 112 minutes
Sortie 1950

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Quand la ville dort (The Asphalt Jungle) est un film noir américain de John Huston, sorti en 1950. C'est l'adaptation d'un roman homonyme de William R. Burnett publié en 1949.

En 2008, le film est entré dans le National Film Registry pour conservation à la Bibliothèque du Congrès à Washington.

« Doc » Riedenschneider, un cerveau du crime récemment sorti de prison, projette le cambriolage de bijouterie, qui devrait rapporter un demi-million de dollars. Il recrute un perceur de coffre-fort (Louis), un chauffeur (Gus), et un homme de main (Dix Handley) et entre en contact avec un bailleur de fonds, l'avocat Emmerich, qui se propose comme receleur.

Au début tout se passe comme prévu mais en quittant la bijouterie, un gardien qui intervient tire sur Louis et le blesse gravement. C'est le premier incident grave. Le deuxième est la trahison d'Emmerich, qui a lui-même recruté un homme de main pour s'emparer du butin sans rien donner. Dix abat le tueur, mais est blessé, pas trop gravement semble-t-il.

Cependant, dans ces conditions, le travail de la police est grandement facilité et tout le monde finit arrêté ou mort, Dix au moment où il rejoint sa ferme natale du Kentucky et les chevaux de son enfance.

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Distribution

[modifier | modifier le code]
Marilyn Monroe dans Quand la ville dort.
Acteurs non crédités

Réalisation

[modifier | modifier le code]

John Huston, qui a déjà réalisé, entre autres, Le Faucon maltais (1941), Le Trésor de la Sierra Madre (1948) et Key Largo (1948), envisage de réaliser Quo Vadis avec Gregory Peck, mais ce projet est annulé en raison d'une maladie de l'acteur. Le producteur Arthur Hornblow Jr. lui propose alors le roman de W. R. Burnett.

Avec ce film se crée un genre, le « film de casse » ou « film de cambriolage », représenté en France par Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955).

Marilyn Monroe

[modifier | modifier le code]

Selon les biographes de la comédienne, c'est ce film qui attire l'attention du public sur Marilyn, encourageant l'industrie du cinéma à faire appel à ses services.

Marilyn tournera de nouveau avec John Huston dans Les Désaxés (1961), son dernier film achevé.

Colorisation et droit moral

[modifier | modifier le code]

La première fois qu'un tribunal français a confirmé le droit moral d'un cinéaste américain date de 1959, au profit de Charlie Chaplin s'opposant à l'ajout d'une bande sonore et de cartons à son film muet Le Kid[1],[2].

En ce qui concerne Quand la ville dort, les droits en sont acquis en 1986 par la société Turner Entertainment, à la suite du rachat du studio Metro-Goldwyn-Mayer et de son catalogue. Turner Entertainment décide de coloriser le film et conclut un accord avec La Cinq, chaine privée française appartenant à Berlusconi, afin de diffuser cette version colorisée, une première en France[3].

La chaîne programme une soirée « Double vision », avec diffusion de la version colorisée, un débat sur la colorisation des films[4],[5],[6], suivi de de la diffusion de la version originale en noir et blanc (sous-titrée).

Les héritiers de John Huston s'y opposent, intentant un procès contre l'exploitation de la version colorisée, mais ils sont déboutés aux États-Unis. Le , la Société des réalisateurs français proteste contre la diffusion du film[7], prévue le , mais finalement repoussée en raison de la procédure lancée en France par les héritiers en vertu de la loi française sur le droit d'auteur.

Le , un tribunal français leur donne raison[8], mais La Cinq gagne en appel le et diffuse la version colorisée, accompagnée d'un slogan « Quand la ville dort... et rêve en couleurs » le [9],[10] (le lendemain de l'anniversaire de la mort de Marilyn Monroe). Finalement, le , la cour de cassation annule l'arrêt rendu le 6 juillet 1989 et donne raison aux héritiers du cinéaste[11] qui obtiennent 600 000 francs de dommages-intérêts pour atteinte à l'intégrité du film[12], arguant que cette transformation de l'œuvre ne peut se faire, au nom du droit moral, sans l'accord de l'artiste ou de ses ayants droit[13],[14],[15].

Ainsi est établie en 1991 une jurisprudence qui interdit la distribution ou la diffusion en France de toute version colorisée d'un film contre la volonté du créateur ou de ses héritiers[16].

Récompenses et distinctions

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Hector Felciano, « COLORIZED FILM BARRED BY FRENCH », sur washingtonpost.com, (consulté le ). La première fois qu'un tribunal a confirmé le droit moral d'un cinéaste américain en France remonte aux années 1950, lorsque l'acteur-réalisateur-producteur Charlie Chaplin s'opposait à la bande originale ajoutée à son film muet The Kid.
  2. Jean Mirat, « L'Affaire du Kid - Revue internationale du droit d'auteur », sur la-rida.com, (consulté le ). Dans un premier argument, RICHEBE et je relate ici ses conclusions vous dit : On me reproche d'avoir inséré dans cette copie du Kid des cartons sous-titrés français. C'est exact, mais, dit-il, ces cartons ne sont pas infidèles au texte de CHAPLIN. Je n'ai fait que traduire les cartons dont étaient munies les copies publiées par CHAPLIN lui-même. Pouvez-vous, Messieurs, retenir cet argument ? (...) CHAPLIN ne veut plus de ces cartons, et nous allons en arriver précisément à l'essence du droit moral de Charlie CHAPLIN que je viens défendre devant la Cour, c'est que CHAPLIN entend exploiter son œuvre comme il le veut aujourd'hui et non comme elle le fut naguère. De même, Messieurs, et là, sur ce point, je ne peux pas être contredit M. RICHEBE a pris cette copie lavande du Kid et y a ajouté une bande sonore de son choix. Il ne peut pas dire ici que cette bande sonore soit le reflet ou l'écho d'une musique autorisée par CHAPLIN. Le film était muet.
  3. Hector Felciano, « JUDGE BARS AIRING OF COLORIZED FILM », sur washingtonpost.com, (consulté le ). La diffusion du film de Huston aurait été la première fois qu'un film colorisé apparaissait à la télévision française.
  4. « La 5 26/06/1988 23:30:00 00:30:00 Cinéma: Double Vision », sur ina.fr. Depuis la récente invention du procédé de colorisation des films aux États-Unis, une polémique violente s'est engagé entre ceux qui sont pour et ceux qui s'y opposent au nom du respect des œuvres. Cette émission présente une série de documents, des extraits d'œuvres et des réactions de professionnels du cinéma.
  5. Hector Felciano, « JUDGE BARS AIRING OF COLORIZED FILM », sur washingtonpost.com, (consulté le ). La Cinq prévoyait de diffuser Quand la ville dort colorisée à une heure de grande écoute, suivie de la version en noir et blanc du film de 1950 plus tard dans la nuit. Un débat sur la colorisation était également prévu.
  6. « Au tribunal de Paris, la polémique sur la colorisation des films : Prothèse », sur lemonde.fr.
  7. « Une déclaration de la Société des réalisateurs français. Protestations contre la diffusion par la Cinq d'un film "colorisé" de John Huston », sur lemonde.fr.
  8. « French Court Rules Colorized Asphalt Jungle Cannot Be Broadcast », sur apnews.com.
  9. « Programme télé du 5 au 11 août 1989 », Télé 7 Jours, no 152,‎ , p. 32 (ISSN 0153-0747).
  10. « Le journal de 20 h », sur ina.fr, .
  11. Arrêt de la cour de cassation, chambre civile, 28 mai 1991.
  12. « Colourisation and the right to preserve the integrity of a film: a comparative study between Civil and Common Law », sur dandi.media, (consulté le ).
  13. Marguerite-Marie Ippolito, Image, droit d'auteur et respect de la vie privée, L'Harmattan, 2007, p. 144.
  14. Nima Taradji, « Colorization and 'Moral Rights' of the Artist », sur taradji.com, (consulté le ).
  15. « Turner Entertainment Co. v. Huston, CA Versailles, civ. ch., December 19, 1994, translated in Ent. L. Rep., Mar. 1995, at 3 », sur peteryu.com (consulté le ).
  16. Alan Riding, « Les réalisateurs de films sont les vainqueurs d'un procès sur la coloration », sur The New York Times, (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]