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Anglicanisme

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Le roi Henri VIII se sépare de Rome au XVIe siècle et fonde sa propre Église d'Angleterre.
Charles III, roi du Royaume-Uni et gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre.

L’anglicanisme est une confession chrétienne présente au Royaume-Uni, dans les pays de culture anglophone, à la fois dans les anciennes colonies britanniques et sur les terres d'expatriation des Britanniques de par le monde. L'anglicanisme est également présent depuis plusieurs siècles dans des territoires francophones, ainsi des îles anglo-normandes (Jersey et Guernesey) qui ont bénéficié dès le XVIIe siècle d'un Livre de la Prière Commune en français, au Canada (Québec, Nouveau-Brunswick), en Haïti, au Burundi, en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Guinée. La Communion anglicane compte une communauté hispanophone en plein essor (Philippines, Amérique centrale, Etats-Unis). De petites Églises anglicanes lusophones sont également présentes au Portugal, au Brésil, en Angola et au Mozambique[1].

Le mot « anglicanisme » fut la première fois employé au XIXe siècle. En dehors de l'Angleterre, les anglicans sont parfois appelés « épiscopaliens »[2], c'est le cas notamment des Églises des États-Unis ou d’Écosse ; cela vient du fait que l’anglicanisme fonctionne selon un système épiscopal-synodal, à l'instar d'autres Églises protestantes (Églises luthériennes, certaines Églises méthodistes, Église réformée de Hongrie notamment), mais à la différence d'autres confessions protestantes plutôt presbytéro-synodales ou congrégationalistes. Le mode de gouvernement des Églises anglicanes repose sur le modèle épiscopal-synodal qui combine le ministère personnel d'unité de l'évêque avec la supervision collective des synodes diocésains et du synode national, parlement de l'Eglise qui réunit évêques et représentants élus des clercs et laïcs.

L'origine de cette confession remonte à la décision du roi d'Angleterre Henri VIII, au XVIe siècle, de rompre avec le pape pour causes surtout politiques plutôt que théologiques via l'acte de suprématie (1534).

La doctrine anglicane est énoncée dans les prières et liturgies du Livre de Prière Commune Book of Common Prayer et résumée dans les Trente-neuf articles de religion[3] (Bill of XXXIX articles) qui ont longtemps eu une valeur impérative et conservent une valeur d'autorité dans l'Eglise d'Angleterre dans le rite d'ordination des pasteurs [4]. Ces articles sont d'inspiration calviniste, mâtinée d'arminianisme (une dissidence au sein du calvinisme). L'éventail assumé entre les positions doctrinales est très large et donne lieu à de nombreuses classifications (Haute Église, Basse Église, broad church, anglo-catholicisme, anglicanisme évangélique…). A la suite du théologien élisabéthain Richard Hooker, l'Eglise d'Angleterre puis l'ensemble des Églises anglicanes/épiscopales ont établi une distinction entre les questions premières, au fondement de la foi, et les questions secondes qui ne menacent pas la communion de foi et qui peuvent bénéficier d'une appréciation différente suivant la sensibilité théologique de chacun.

Aujourd'hui, les Églises anglicanes sont très proches sur le plan théologique des Églises luthériennes avec lesquelles elles partagent le mode de gouvernement collégial épiscopal-synodal et, surtout, avec lesquelles elles entretiennent des relations bilatérales de pleine communion[5] ou d'intercommunion [6] dans de nombreux pays, notamment en Europe et en Amérique du Nord. [7] Certaines Églises anglicanes/épiscopales ont également signé des accords de pleine communion avec des Églises méthodistes et les Frères moraves [8]. Un riche dialogue se poursuit à l'échelle de la Communion anglicane avec l'Eglise catholique romaine (ARCIRC 1 et ARCIRC 2), toutefois sans avoir permis jusqu'à présent d'aboutir à la reconnaissance par Rome de la validité des ministères anglicans, en dépit de nombreux gestes réciproques d'ouverture depuis une soixantaine d'années. La Communion anglicane dialogue par ailleurs avec les Églises orthodoxes, en particulier avec le patriarcat œcuménique de Constantinople (le dialogue avec le patriarcat de Moscou est suspendu depuis 2022). Un dialogue se poursuit également avec les Églises réformées/presbytériennes, mais la pleine communion achoppe sur des questions de conception de l'Eglise et de gouvernance de celle-ci (absence de l'épiscopat historique chez les réformés/presbytériens). Il en va de même avec les baptistes et les diverses traditions congrégationalistes (quackers, pentecôtistes notamment) plus éloignées sur le plan théologique.

On appelle « Communion anglicane » un ensemble de plusieurs Églises autocéphales de théologie anglicane qui s'affirment en pleine communion (doctrinale, spirituelle, épiscopale, sacramentelle) avec l'archevêque de Cantorbéry, le primat de l'Eglise d'Angleterre. La Communion anglicane mondiale représente environ 85 millions de fidèles. Le gouvernement de ses Églises est confié à des synodes auxquels participent évêques, clercs et laïcs élus.

Parfois présentées comme une via media (voie médiane) entre le catholicisme et le protestantisme, les Églises de la Communion anglicane se considèrent en continuité avec la succession apostolique [9] et adhèrent aux principes théologiques issus de la Réforme protestante, notamment la centralité des Saintes Écritures, le double sola (sola fide, sola gratia), la centralité des deux sacrements institués par le Christ (baptême et sainte cène - plus souvent appelée sainte communion ou eucharistie dans l'anglicanisme), les célébrations liturgiques en langue vernaculaire et l'importance accordée à la participation de l'assemblée à la célébration liturgique.

L'anglicanisme dispose d'une riche tradition chorale pour asseoir sa liturgie.

Une spécificité de l'anglicanisme est d'avoir revendiqué très tôt, dès ses origines, la méthode érasmienne [10] : Bible (retour aux textes bibliques originaux), Tradition (épurée) et Raison (don de Dieu aux Hommes). Ce triptyque, conceptualisé dès la fin du XVIe siècle par le théologien Richard Hooker [11], était en avance sur son temps dans le monde de la théologie et de la philosophie. L'insistance anglicane sur la Raison a évolué ensuite pour prendre en pratique un sens plus proche de celui promu par la philosophie des Lumières. Lors d'une session de travail de réponse à l'appel des évêques lors de la dernière conférence de Lambeth (approfondissements demandés par la conférence de Lambeth 2022 sur un certain nombre de thématiques) consacrée au dialogue entre science et foi, à une question d'un participant du Guatemala qui demandait comment le fondamentalisme pouvait être combattu, l'évêque d'Oxford, le Dr Steven Croft, qui préside la commission de la Communion anglicane consacrée aux sciences, a apporté la réponse suivante : "Rappelez-vous que notre tradition anglicane repose sur l'autorité des Écritures, mais elle accorde aussi une valeur très importante à la raison et à l'utilisation de notre esprit critique et de notre intelligence."[12]

Alors qu'elle a longtemps maintenu une coexistence apaisée entre ses courants divergents, la Communion anglicane est depuis la fin du XXe siècle soumise à de fortes tensions sur certaines questions, notamment l'ordination des femmes, désormais adoptée par la plupart des Églises (y compris l'ordination de femmes évêques), et la position par rapport à l'homosexualité[13].

Étymologie

Le mot « anglican » provient de l'expression latine médiévale ecclesia anglicana, attestée en 1246, qui signifie « église anglaise »[14]. L'adjectif « anglicane » ainsi donné à l'Église d'Angleterre n'a donc pas été inventé par le roi Henri VIII. De plus, il n'est que peu utilisé au XVIe siècle pour désigner cette église : dans les textes législatifs se référant à l'église établie en Angleterre, on ne se préoccupe pas de la décrire ; Church of England est suffisant, bien que le terme « protestant » soit aussi utilisé dans les actes ayant trait à la succession des rois d'Angleterre et aux qualifications requises pour cette dignité. Dans l'Acte d'Union avec l'Irlande de 1800, qui crée une « Église unie d'Angleterre et d'Irlande », il est spécifié qu'il s'agit d'une « église protestante épiscopale », soulignant ainsi la différence avec la constitution presbytéro-synodale qui prévalait dans l’Église d'Écosse[15].

Le mot « anglicanisme » commence quant à lui à être utilisé au XIXe siècle[16].

Histoire

Fondation : le rôle de la monarchie britannique

Clément VII refuse d'accorder l'annulation demandée par Henri VIII.
Le Livre de la prière commune en 1760.

Bien que les îles britanniques n'aient pas été à l'écart du bouillonnement d'idées qui agitait l'Europe au XVIe siècle, que ce soit par l'intermédiaire de clercs britanniques ou au travers d'influences importées du continent[17], la séparation entre l'Église d'Angleterre et la papauté tient au départ moins à des querelles théologiques qu'à des considérations politiques.

Le roi d'Angleterre, Henri VIII, jusque-là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine d'Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d'annulation de son mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame l'année suivante alors « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome.

Le « divorce royal » peut alors être prononcé : dès que son union avec Catherine d'Aragon est invalidée par le nouvel archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, Henri VIII épouse sa favorite le . Si Henri VIII adopte des positions variables au fil des circonstances de son règne à l'endroit des réformateurs protestants du continent, il est un roi indéniablement érudit et féru de théologie. L'humaniste Érasme de Rotterdam, a ainsi beaucoup influencé sa sensibilité théologique.

La réforme protestante n'est promue que sous le règne de son fils et premier successeur, Édouard VI, avec le soutien de l'archevêque de Cantorbéry Thomas Cranmer, dont les positions initialement secrètement luthériennes sous Henri VIII vont se rapprocher à la fin de sa vie de la pensée du réformateur suisse Uldrych Zwingli, bien plus radicale. Le règne d'Edouard VI est marqué par une réforme radicale, à certains égards brutale, décidée par le sommet sans égard pour les sensibilités populaires. Ce n'est que sous le règne de sa demi-sœur, Élisabeth Ière, qu'un équilibre est trouvé dans une réforme assurément protestante mais plus respectueuse de la tradition de l'Eglise universelle.

C'est en effet à partir de 1559, avec le Règlement élisabéthain, que la situation religieuse commence à se stabiliser en Angleterre et que l'anglicanisme prend véritablement forme, avec notamment l'introduction totale du Livre de la prière commune, qui trouve un point d'équilibre entre d'une part les tendances protestantes radicales qui s'étaient développées sous Édouard VI et se trouvaient contenues dans la seconde version du Book of Common Prayer (1552) et d'autre part le premier Prayer Book « catholique » conservateur de 1549. Le porteur de ce compromis est le théologien Richard Hooker, auteur des Laws of Ecclesiastical Polity[18] et premier formulateur, dès le XVIe siècle, du tryptique constitutif de la spécificité anglicane : Bible, Tradition (épurée), Raison.

En 1662, sous le règne du roi Charles II, une nouvelle version révisée du Book of Common Prayer a été produite, acceptable pour les ecclésiastiques de la Haute Église comme pour au moins une partie des puritains ; il fait toujours autorité à ce jour[19].

Depuis Élisabeth Ière et jusqu'au début du XIXe siècle, le centre de gravite théologique de l'Eglise d'Angleterre et de ses Églises sœurs d'Ecosse et des Etats-Unis, est plus proche de la Genève calviniste que de la luthérienne Wittenberg. Pour qualifier l'anglicanisme jusqu'au XIXe siècle, il serait plus juste de parler de l'anglicanisme élisabéthain et des siècles suivants comme d'une via media (voie moyenne) entre plusieurs composantes du protestantisme (calviniste, arminien, luthérien), une voie moyenne entre Genève et Wittenberg plutôt qu'entre Genève la calviniste et Rome la catholique [20]. La notion de via media entre protestantisme et catholicisme romain n'a émergé que tardivement, à la suite du renouveau "catholique" du mouvement d'Oxford puis dans le cadre du dialogue œcuménique au XXe siècle.

Des Églises sœurs sont fondées en Écosse et en Irlande sous Élisabeth Ire, mais elles ne s'y imposent pas contre d'une part le calvinisme écossais et d'autre part le catholicisme romain irlandais.

Émergence de courants spirituels variés

William Laud, archevêque de Cantorbéry de 1633 à 1640 essaiera en vain d'uniformiser l'anglicanisme.

De 1633 à 1640, l'archevêque de Cantorbéry William Laud va tenter de mettre en œuvre une politique d'uniformisation religieuse. Elle est rejetée par les non-conformistes, notamment par les puritains qui souhaitent parachever la Réforme en Angleterre. C'est une des causes de la première révolution anglaise. À partir de la restauration de la monarchie, deux groupes se font face dans l'anglicanisme : le mouvement Haute Église qui défend la reprise d'une politique d'uniformisation et le mouvement latitudinaire, dit Basse Église, qui souhaite une ouverture plus large, notamment en direction des non conformistes[21]. De 1643 à 1648, le parlement anglais organise une série de rencontres à l'abbaye de Westminster afin de clarifier les questions du culte, de la doctrine, du gouvernement et de la discipline dans l'Église d'Angleterre. Parmi les fruits de cette assemblée de Westminster, la confession de foi de Westminster, confession de foi réformée suivant la tradition théologique calviniste, est rédigée en 1646 et largement adoptée par l'Église d'Angleterre, comme par l'Église d'Écosse. Elle aura une influence prépondérante sur les églises presbytériennes à travers le monde. La confession de foi calviniste fut néanmoins déclarée invalide par le parlement après la Restauration, sous le règne de Charles II en 1660.

Au cours du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle, l'anglicanisme connaît une phase d'intense réveil religieux, qui voit l'émergence de l'évangélisme anglican mais aussi la fondation du méthodisme. À l'opposé, avec le mouvement d'Oxford une part des anglicans Haute Église se tourne vers une remise en valeur de la tradition apostolique et forme un nouveau mouvement, le mouvement d'Oxford (ou tractarianisme) qui devient ensuite l'anglo-catholicisme.

Enfin, dans la lignée du protestantisme libéral naissant, émerge un mouvement qui se dénomme Broad church[22].

Au XIXe siècle, non sans un paradoxe apparent, fidèle au principe protestant d'une Église qui se réforme en permanence (Ecclesia semper reformanda) mais sous l'influence de théologiens mal à l'aise avec la filiation protestante de leur Église et qui ont redécouvert la théologie des Pères de l'Eglise (mouvement d'Oxford), l'anglicanisme s'est réapproprié la notion de catholicité, valorisant la continuité de l'Eglise et la tradition de l'Eglise indivise des premiers siècles.

Lors de leur couronnement, les souverains britanniques, gouverneurs de l'Eglise d'Angleterre, dont Charles III en 2023, prêtent serment de respecter la foi protestante, l'anglicanisme étant de fait une forme de protestantisme, bien que certains anglicans aient quelque difficulté à l'admettre. Quant à l'Église épiscopale des États-Unis, elle porte toujours officiellement depuis sa fondation en 1789 le nom d'Eglise protestante épiscopale des Etats-Unis, même si depuis les années 1970 l'adjectif "protestante" est tombé en désuétude, le protestantisme étant parfois perçu en Amérique comme le propre de dénominations congrégationalistes ou évangéliques conservatrices, éloignées de la sensibilité théologique libérale des épiscopaliens/anglicans.

Formation de la Communion anglicane

Du XVIIe siècle au XIXe siècle, les églises anglicanes déploient une activité missionnaire de plus en plus importante. Les communautés érigées dans les colonies prennent progressivement leur indépendance et s'érigent en Églises autonomes. Le souverain britannique n'occupe de fonction officielle que dans l'Église d'Angleterre (il en a également, à un degré moindre, dans l'Église d'Écosse, qui est une Église presbytérienne et non anglicane)[23].

Les structures de concertation entre les différentes Églises anglicanes apparaissent progressivement : la première conférence de Lambeth[24] a lieu en 1867 à l'instigation de l'archevêque de Cantorbéry Charles Thomas Longley. Une vingtaine d'années plus tard, les églises s'accordent sur quatre points fondamentaux qui forment une sorte de définition de l'identité anglicane. Ces accords, qui resteront sous le nom de quadrilatère de Chicago-Lambeth, forment également le socle des doctrines anglicanes en matière d'œcuménisme.

La cathédrale de la Sainte-Trinité de Québec, la première cathédrale anglicane en dehors des îles britanniques.

La première cathédrale anglicane en dehors des îles britanniques

C'est au Canada, plus précisément dans la ville de Québec, que la première cathédrale anglicane en dehors des îles britanniques a été édifiée. Consacrée en 1804, il s'agit du premier édifice construit en dehors des îles britanniques afin d'être utilisé comme cathédrale anglicane. Deux officiers britanniques ont dessiné les plans de l'édifice[25],[26].

Organisation des Églises et de la communion anglicane

Selon la liste des dénominations chrétiennes par nombre de fidèles (en), la confession anglicane regrouperait, en 2001, 110 millions de croyants, toutes dénominations confondues.

Un fonctionnement synodal

Les différentes Églises qui constituent la Communion anglicane portent le nom de provinces ecclésiastiques[27] et ont chacune leurs règles de fonctionnement propres. Il y a cependant de nombreux traits communs.

L'unité de référence est le diocèse, dirigé par un évêque nommé et contrôlé par un synode général.

Il comprend différentes paroisses organisées en doyennés. Chaque paroisse est prise en charge par un prêtre (en anglais priest), sous la responsabilité de l'évêque.

Une différence importante avec l'Église catholique romaine est qu'à tous les niveaux à partir du doyenné, le gouvernement de l'Église est confié à des synodes auxquels participent clercs et laïcs élus : synode de doyenné, synode diocésain, et enfin, le synode général qui concerne l'ensemble de la province. Ce dernier est tricaméral, avec une chambre des évêques, une chambre des clercs et une chambre des laïcs (exception faite de l'Église épiscopalienne des États-Unis, possédant deux chambres : la chambre des évêques et la chambre des députés - diacres, prêtres, laïcs). Suivant la nature des questions traitées, différents types de majorité sont requis, voire l'accord de l'évêque dirigeant le diocèse[28].

La Communion anglicane

La Communion anglicane dans le monde, instrument d'unité entre les anglicans.

La "Communion anglicane" désigne l'ensemble des Églises anglicanes et épiscopaliennes (on dit « provinces ») en communion avec l'archevêque de Cantorbéry, présente dans 165 pays et comptant environ 85 millions de membres[29]. La Communion anglicane, tout comme l'Église orthodoxe, est une communion d'Églises autocéphales, mais néanmoins interdépendantes. Bien que plusieurs églises anglicanes existent à travers le monde, comme c'est le cas pour l'Église catholique romaine (présente en France, en Espagne, etc.), ou encore pour l'Église orthodoxe (présente en Russie, en Serbie, etc.), il ne s'agit que d'une seule Église. Elles sont rassemblées dans la Communion anglicane[30], au sein de laquelle l'Église d'Angleterre[31] et son primat, l'archevêque de Cantorbéry[32], ne jouissent que d'une primauté d'honneur. Ces Églises sont en pleine communion (doctrinale, spirituelle, épiscopale, sacramentelle).

La Communion anglicane compte 40 provinces ecclésiastiques qui sont autant d'églises interdépendantes. On y trouve :

  • les églises historiques des îles britanniques (Angleterre, Pays de Galles, Écosse, et Irlande, cette dernière correspondant à toute l'île) ;
  • des églises coïncidant avec le territoire d'un État (comme au Canada, ou en Ouganda) ;
  • mais aussi des églises couvrant le territoire de plusieurs nations (comme l'Église de la Province de l'océan Indien ou celle de la Province d'Afrique centrale).

Il s'y ajoute cinq petites églises qualifiées d'extra-provinciales, qui sont directement rattachées au siège métropolitain de Cantorbéry.

Parmi toutes ces églises, seule l'Église d'Angleterre a encore un statut de religion d’État.

L’archevêque de Cantorbéry possède une forme de primauté d’honneur au sein de la Communion Anglicane.

L'archevêque de Cantorbéry est nommé par une commission royale, les résultats étant ensuite présentés au premier ministre du Royaume-Uni agissant au nom du monarque, qui est ex officio le gouverneur de l’Église d'Angleterre[28].

Pour des raisons historiques, l'archevêque de Cantorbéry possède une forme de primauté d'honneur sur les autres évêques anglicans (Primus inter pares). Il n'exerce pour autant aucun pouvoir sur les églises sœurs de la Communion anglicane. Il est considéré comme le chef spirituel de la Communion anglicane et le garant de son unité (en précisant néanmoins que dans les faits, tant pour les anglicans que pour les orthodoxes, aucun homme/femme ne peut assumer le rôle de « garant de l'unité » ; seul le Saint-Esprit est le garant de l'unité visible et spirituelle du Corps du Christ qu'est l'Église). Depuis le , c'est l'ancien évêque de Durham, Justin Welby, qui occupe cette fonction.

Jusqu'au XXe siècle, les archevêques de Cantorbéry occupaient leur fonction jusqu'à leur décès. Depuis, il est devenu habituel qu'ils se retirent, parfois en suivant la limite d'âge de 72 ans commune aux évêques anglicans, parfois même auparavant. Les interventions des anciens archevêques de Cantorbéry, comme George Carey depuis 2003, ont souvent un certain impact dans le monde anglican. Elles sont aussi parfois critiquées comme mettant le titulaire actuel de la fonction en porte-à-faux[33].

Les instruments d'unité

La Communion anglicane ne possède pas d'instance de gouvernement, puisque les églises qui la composent sont autonomes. Elle fonctionne avec plusieurs instances qui permettent la réunion de représentants des églises membres de la communion :

Ces instances assurent une forme de consultation et de collaboration, pour assurer le maintien d'une certaine unité en matière de doctrine et de discipline des sacrements. Avec l'archevêque de Cantorbéry, ces trois instances sont connues sous le nom d’instruments d'unité ou instruments de communion[34],[35],[36]. Elles peuvent voter des résolutions, mais celles-ci n'ont pas de pouvoir canonique pour les églises membres.

Les rapports de force entre les trois « instruments de communion » ont évolué depuis leur création : le conseil consultatif anglican, dont la forme est la plus proche du fonctionnement synodal, a pris de plus en plus d'importance. Cette évolution est critiquée par certains primats qui y voient un outil de promotion d'un agenda libéral[37].

La conférence de Lambeth

La conférence de Lambeth réunit tous les évêques de la Communion sous la présidence de l'archevêque de Cantorbéry, ce qui lui confère un poids symbolique important. Elle se tient de façon décennale depuis 1867. La conférence passe des résolutions, qui, sans avoir de caractère canonique, ont en général une forte influence sur l'évolution de la Communion. C'est ainsi que les conférences de 1978 et 1988 ont entériné la possibilité pour certaines églises de la communion d'ordonner des femmes comme prêtres puis évêques. En 1998 est affirmé que « la pratique homosexuelle est incompatible avec l'Écriture », tandis que la conférence de 2008 voit les églises de la communion très divisées, de nouveau sur la question de l'homosexualité.

Le conseil consultatif anglican

Ce conseil assure depuis 1968 des réunions à intervalles de deux ou trois ans entre représentants des évêques, du clergé et des laïcs de toute la Communion. Il tend à prendre un rôle de plus en plus important.

La conférence des primats anglicans

La conférence des primats se réunit tous les deux-trois ans environ depuis 1978.

En février et , deux primats anglicans ont fait savoir publiquement leur désaccord avec l'évolution des rapports de force entre les instruments de communion : ils accusent en effet le « Standing Committee » de la communion anglicane, émanation du conseil consultatif, de chercher à supplanter les autres instruments de communion pour promouvoir un agenda libéral au mépris des décisions de la conférence des primats[38].

L'incapacité des instances de la Communion à enrayer l'évolution libérale de l'Église épiscopalienne des États-Unis engendre des tensions importantes. Une ligne de fracture se dessine, qui voit les primats du Global South boycotter la conférence des primats de Dublin en 2011. Au total, plus du tiers des provinces de la Communion n'envoient pas de représentant[39].

L'Anglican Use Society

Le rôle de cette organisation catholique est de soutenir l'Ordinariat anglican, d'évangéliser et de promouvoir l'Usage anglican au sein de l'Église catholique[40].

Doctrine

Statut et rôle du clergé

Barbara Harris, première femme évêque anglican (1980).

Les Églises anglicanes ont conservé les trois ministères de l'Église primitive, à savoir : diaconat, prêtrise et épiscopat. Suivant en cela l'usage des autres églises protestantes et orthodoxe, l'anglicanisme ne connaît pas le célibat sacerdotal : à la différence de la règle en vigueur dans l'Église catholique romaine, tous les ecclésiastiques ont le droit de se marier et d'avoir des enfants, que ce soit avant ou après leur ordination. Certains, notamment parmi ceux de tendance anglo-catholique, choisissent cependant de vivre leur ministère en s'engageant au célibat[41].

Dans la plupart des églises anglicanes, il est aussi possible pour des femmes d'être ordonnées prêtres et même évêques dans quinze des Églises de la Communion anglicane - aux États-Unis, en Écosse, au Canada ou en Nouvelle-Zélande notamment[42]. Le Synode Général de York en a décidé par vote d'étendre cette capacité à l'Angleterre[43]. Mais cette proposition a finalement été rejetée lors du vote du [44]. Elle est finalement acceptée lors du synode général de l'Église d'Angleterre, le , ouvrant désormais le ministère épiscopal aux femmes. Cette mesure du synode a été ratifiée par le Parlement, signée par la Reine, et validée de nouveau par le synode général, réuni le . Ainsi, le est consacrée évêque Libby Lane, première femme (devenue depuis évêque de Derby).

Sacrements

Selon la doctrine fondatrice des Trente-neuf articles[3], les Églises anglicanes célèbrent deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination. Seuls les premiers sont en effet réputés avoir été établis par le Christ lui-même et témoigner de l'adhésion pleine à la religion. L'éventail des positions doctrinales en matière de sacrements s'est élargi par la suite. Depuis le XIXe siècle, certains anglo-catholiques considèrent qu'il y a bien sept véritables sacrements.

C'est pourquoi une grande variété de positions doctrinales coexistent concernant l'Eucharistie. Certains anglicans considèrent l'Eucharistie comme un simple mémorial, d'autres adhèrent à une forme plus ou moins forte de présence réelle du Christ dans le pain et le vin, sachant que les Trente-Neuf articles[3] repoussent explicitement la doctrine de la transsubstantiation, mais la plupart souscrivent à la présence spirituelle - présence en elle-même bien réelle comme le soulignent volontiers les théologiens calvinistes[45].

Le dimanche (et même en semaine), on célèbre l’eucharistie, selon la même structure que dans les autres Églises traditionnelles. Selon la tradition de l’Église primitive, les fidèles communient sous les deux espèces[réf. souhaitée].

Liturgie

The Book of Common Prayer (1549).

La Communion anglicane ne possède pas de liturgie uniforme, cependant le Livre de la prière commune sert de référence commune. Depuis sa première édition en 1549 (une première version de 1544 était moins marquée par la Réforme), sous la présidence de l'archevêque de Cantorbéry Thomas Cranmer, il a subi de nombreuses révisions (notamment en 1559 et 1662), traductions et adaptations locales par les églises-sœurs.

Fait intéressant pour les francophones membres du Commonwealth ou encore représentants d’anciennes colonies anglaises, le Livre de la prière commune a été traduit en français en 1662 par le Jersiais Jean Le Vavasseur.

Les révisions du Livre de la prière commune peuvent avoir un impact important en matière de liturgie, mais aussi de doctrine. C'est ainsi que la révision de 1976 fut une des causes du Mouvement anglican continué, schisme au sein de l'Église épiscopalienne des États-Unis.

Sous l'influence du mouvement liturgique, l'Église d'Angleterre a introduit en 1980 un concurrent au Livre de la prière commune, l’Alternative Service Book dont l'usage s'est rapidement répandu dans les paroisses, avant d'être lui-même remplacé à partir de 2000 par une série de livres intitulés Common Worship.

Des organisations anglicanes comme la Prayer Book Society[46] promeuvent au contraire le maintien des livres liturgiques traditionnels, et prônent également le maintien de la doctrine anglicane originelle. Ils déplorent la marginalisation du Book of Common Prayer de 1662 et tentent d'y donner accès au plus grand nombre.

Parallèlement, certaines paroisses anglo-catholiques utilisent des traductions du missel romain convenablement adaptées : ce sont le missel anglais et le missel anglican. Certaines liturgies anglo-catholiques sont très proches de la forme actuelle du rite romain, ou de sa forme tridentine), voire du rite de Sarum antérieur à la Réforme.

Enfin, l'anglicanisme peut revêtir une forme culturelle plus adaptée par rapport à la langue anglaise dans les pays membres du Commonwealth, ou même au Canada où celui-ci se teinte de français, entre autres dans le diocèse anglican de Québec[47], ou encore en Chine où la langue locale s'affiche sur le site internet des diocèses[48].

Tradition musicale anglicane

Histoire de la musique d'église anglicane

  • Dans les années 1530, après la séparation d'avec l’Église catholique, la liturgie latine fut remplacée par des textes et des prières en anglais. Thomas Cranmer introduisit le Livre de la prière commune (Book of Common Prayer) en 1549[49],[50]. Ces changements se répercutèrent sur la musique religieuse, et les chants traditionnels latins furent d'abord chantés en anglais. Il s'ensuivit une période de grande créativité et la période Tudor produisit une abondance de musique destinée aux services religieux anglicans.
  • Pendant le règne d'Élisabeth Ire, les musiciens de la Chapel Royal furent sollicités pour démontrer que la nouvelle religion, le protestantisme, n'avait rien à envier à l'ancienne, le catholicisme, en termes de magnificence et de grandeur ; parmi eux, on a retenu les noms de Thomas Tallis, de Robert Parsons et de William Byrd[51],[52].
  • Lors de la guerre civile anglaise, l'influence des puritains devint prédominante dans l’Église d'Angleterre. La musique d'église adopta alors un style plus simple. Sous la Restauration Stuart (à partir de 1660), la musique baroque anglaise fut introduite dans les services religieux, avec des accompagnements par des instruments à cordes et à vent. Fin XVIIe siècle, le compositeur Henry Purcell, qui fut organiste à la fois de la Chapel Royal et de l'Abbaye de Westminster, écrivit de nombreux hymnes et musiques d'accompagnement des services religieux.
  • Pendant l'époque georgienne, Georg Friedrich Haendel fut un compositeur de première importance (et resté de confession luthérienne), à l'origine de tout un répertoire d'hymnes et de cantiques, bien qu'il n'ait jamais tenu de poste dans l'église[50].
  • Vers 1839, un renouveau de la musique chorale survint en Angleterre, en partie alimentée par le Mouvement d'Oxford, qui voulait que l'église anglicane revienne à des pratiques liturgiques issues du catholicisme (voir paragraphe ci-après). Parmi les compositeurs actifs à cette époque, on trouve Samuel Sebastian Wesley, Charles Villiers Stanford. Le répertoire anglican actuel a conservé bon nombre des œuvres grandioses pour chœur et orgue dues aux musiciens de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle tels que Thomas Attwood Walmisley, Charles Wood, Thomas Tertius Noble, Basil Harwood et George Dyson.

Chant traditionnel de type grégorien

  • Le premier livre de chant anglican The Book of Common Praier noted, publié en 1550, est dû à un compositeur important à l'époque, John Merbecke[53], qui mêle des chants issus du répertoire grégorien à ses propres œuvres. Le musicien adopte des chants syllabiques, tels ceux de Martin Luther, mais conserve la notation musicale en neumes. Les mélodies de chant grégorien y sont reconnaissables, mais dénaturées, par exemple ce Sursum corda (version anglicane, en anglais, 1550).
  • À la suite des révisions successives du Book of Common Prayer, le recueil de chants de Merbecke est abandonné. Puis, au XVIIe siècle, l'usage du plain-chant disparaît complètement sous l'influence des anglicans de tendance calviniste[54].
  • Dans les années 1840, l'ancienne tradition est redécouverte par le mouvement d'Oxford : c'est ainsi que le livre de Merbecke et ses chants issus du grégorien sont réintroduits dans la liturgie anglicane. Toutefois, la plupart des diocèses chantent ces hymnes avec un accompagnement à l'orgue ou une harmonisation à quatre voix, à la place du chant monodique — ce dernier étant trop simpliste pour être accepté par les fidèles[54].

Œcuménisme et accords d'intercommunion

La Communion anglicane est très engagée dans l'œcuménisme dont elle est un des acteurs importants depuis le début du XXe siècle. Ses positions doctrinales lui permettent en effet de prétendre au rôle de « pont » entre catholiques et protestants. Les églises anglicanes font notamment partie du Conseil œcuménique des Églises.

Relations avec l’Église catholique

Après les conversations de Malines des années 1920 qui sont restées sans lendemain, le dialogue a repris depuis 1967 avec l'Église catholique romaine dans le cadre de la Commission internationale anglicane-catholique romaine. Ce dialogue a été favorisé par les premiers contacts entre les papes et archevêques de Cantorbéry et la publication du décret sur l'œcuménisme Unitatis Redintegratio lors du concile œcuménique Vatican II. Il y est en effet affirmé que « Parmi celles qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques, la Communion anglicane occupe une place particulière »[55].

Les Églises anglicanes se disent à la fois catholiques et réformées, et l'anglicanisme a souvent été présenté comme une via media entre le catholicisme romain et le protestantisme. Elles se présentent comme des Églises catholiques non romaines, parce qu'elles se veulent en continuité avec la Tradition (ainsi la patristique est très développée dans le monde anglican) et affirment avoir conservé la succession apostolique. L'Église orthodoxe[56] du patriarcat œcuménique de Constantinople a reconnu la validité de la succession apostolique en 1922 ; cependant, d'autres patriarcats, comme celui de Russie, ne sauraient reconnaître une quelconque succession apostolique, en outre par le fait de l'ordination épiscopale de femme, depuis . L'Église catholique romaine ne leur reconnaît pas cette qualité : ainsi par la lettre apostolique apostolicae curae le pape Léon XIII déclare en 1896 « nulles et sans valeur » les ordinations anglicanes (doctrine confirmée par le motu proprio Ad tuendam fidem en 1998). Les archevêques de Cantorbéry et d'York ont donné leur réponse dans saepius officio. Pour autant, lors du concile Vatican II est affirmée la « place particulière » des Anglicans, « qui gardent en partie les traditions et les structures catholiques ».

Relations avec le luthéranisme

Plus récemment, en 1992, est formée la communion de Porvoo réunissant douze églises anglicanes et luthériennes (à structure épiscopale) d'Europe[57]. Malgré la profondeur du lien d'intercommunion, et la possibilité qui leur a été donnée d'assister et de voter lors des conférences de Lambeth, les églises concernées par ces accords restent des entités distinctes de la Communion anglicane[35].

Relations avec les autres églises

Avec certaines églises, les accords sont allés jusqu'au stade de la pleine communion doctrinale et sacramentelle. C'est le cas de l'Église d'Angleterre et l'Église vieille-catholique depuis l'Accord de Bonn de 1931, accords qui ont progressivement été étendus à toute la Communion anglicane. L'Église malankare Mar Thoma, de tradition syriaque, est elle aussi en pleine communion avec la Communion anglicane.

Évolutions récentes

Les évolutions récentes au sein des églises de la Communion anglicane ont eu un impact négatif sur les relations œcuméniques. Ainsi, les travaux de la commission anglicane-catholique romaine ont subi un arrêt à la suite de l'introduction de l'ordination des femmes par l'Église d'Angleterre en 1993 puis de l'élection d'un évêque homosexuel à la tête du diocèse épiscopalien du New Hampshire en 2003[58]. En , l'Église orthodoxe de Russie, qui avait auparavant rompu le contact avec les églises anglicanes des États-Unis et de Suède, a menacé de mettre fin au dialogue avec la Communion anglicane, dénonçant le « libéralisme et le relativisme » prévalant dans certaines églises, et l'introduction de l'ordination de femmes[59].

Les symboles de l'anglicanisme

Le drapeau de la Communion anglicane.

Le drapeau de la Communion anglicane

Adopté en 1954, le drapeau de la Communion anglicane est un symbole de l'anglicanisme.

La croix de Cantorbéry est un symbole utilisé par l'anglicanisme.

La croix de Cantorbéry

La croix de Cantorbéry est le symbole de l'Anglican Use Society.

Diversité et risques de rupture

Katharine Jefferts Schori, évêque président de l'Église épiscopalienne des États-Unis, est la première femme primat de la Communion. Plusieurs initiatives de son église ont menacé l'unité de l'anglicanisme.

Les ruptures contemporaines, liées à la montée en puissance du courant libéral, ont éclaté une première fois au jour avec la question des ordinations de femmes : les premières ordinations ont eu lieu dès 1974 dans certaines provinces. Des groupes de fidèles ont alors fondé leurs propres églises dissidentes qui se sont retirées de la Communion anglicane. Ce phénomène, qualifié de mouvement anglican continué puisque ces églises se veulent les fidèles continuatrices de la tradition anglicane, a vu l'émiettement progressif des églises concernées, puis des tentatives de réunion, notamment avec la fédération de la plupart d'entre elles dans la Communion anglicane traditionnelle en 1991.

Dans l'Église d'Angleterre, une solution originale a été trouvée avec la possibilité pour les paroisses rejetant l'ordination des femmes de bénéficier de mesures de sauvegarde et de demander l'assistance pastorale ou sacramentelle d'un visiteur épiscopal provincial (souvent appelé flying bishop, évêque volant), évêque ne prenant pas part à de telles ordinations. Avec l'acceptation du principe de la nomination d'évêques femmes depuis la conférence de Lambeth en [43], l'extinction de ce régime d'exception est envisagée pour le synode général de 2010[60].

Une cause de division nouvelle est celle de l'acceptation de la bénédiction des couples homosexuels ou de l'ordination d'homosexuels. Sur ce point, la crise est ouverte depuis l'ordination d'un pasteur vivant ouvertement une relation homosexuelle stable, Gene Robinson, comme évêque du New Hampshire en 2003 par l'Église épiscopalienne des États-Unis. Elle a conduit à un certain nombre de changements d'obédience par des paroisses et des diocèses qui tout en voulant rester dans la Communion anglicane, se sont mis sous la juridiction de provinces plus conservatrices.

Ce mouvement de réalignement culmine à partir de 2008, où des structures semi-dissidentes émergent au sein de la Communion. En effet, en réponse à l'affaiblissement moral dénoncé par les Anglicans conservateurs (et leurs évêques venant le plus souvent d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Sud), environ 150 évêques sur 800 ont choisi de boycotter la conférence de Lambeth de 2008. Un contre-synode tenu à Jérusalem, la conférence GAFCON, réunit 300 évêques. Le mouvement s'est installé dans la durée avec la formation de la Fraternité des anglicans confessants (Fellowship of Confessing Anglicans) qui s'est dotée de son propre conseil de Primats. De la même façon, lors de la conférence des primats de Dublin en 2011, plus du tiers des provinces de la Communion n'envoient pas de représentant[39].

L'attraction du catholicisme

Au XIXe siècle, la proximité doctrinale entre une partie des anglicans adeptes du mouvement d'Oxford et l'Église catholique a provoqué un certain nombre de conversions, à l'image de John Henry Newman et de Henry Edward Manning.

Avec l'évolution doctrinale de l'anglicanisme à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de nouvelles conversions ont lieu. La spectaculaire conversion de l'ancien Premier ministre Tony Blair, ou des évêques anglicans de Londres, de Chichester et auxiliaire de Newcastle, ou encore, fin 2019, de Gavin Ashenden, évêque anglican et ancien aumônier de la reine Élisabeth[61] sont, de leur propre aveu, très majoritairement consécutives aux divisions sur le mariage homosexuel, l'ordination des femmes et des homosexuels en tant que prêtres au sein de l'Église d'Angleterre.

Le , le Vatican a publié une Constitution apostolique, signée par Benoît XVI le précédent, intitulée Anglicanorum Coetibus (« Des groupes d'anglicans »). Elle prévoit que les prêtres anglicans qui se rallieraient à Rome bénéficieront d'un ordinariat personnel leur permettant de conserver leurs traditions, notamment liturgiques, au sein de l'Église catholique.

Les fêtes, rites et autres éléments chrétiens conservés par l'anglicanisme

Les principaux éléments de la chrétienté conservés par l'anglicanisme sont[62],[63][réf. non conforme] :

Fêtes principales

Principaux jours saints

Notes et références

  1. (en) « Member Churches », sur anglicancommunion.org (consulté le ).
  2. « Épiscopalien », sur Musée protestant (consulté le )
  3. a b et c « TRENTE-NEUF ARTICLES », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  4. Modèle:Common Worship, Declaration of Assent, p.xi, Church House Publishing, 2000
  5. {{La pleine communion de foi permet l'échange de chaire et d'autel. Concrètement, un accord de pleine communion entre plusieurs Églises permet l'interchangeabilité des ministres ordonnés, un prêtre anglican pouvant servir dans une paroisse luthérienne, inversement un pasteur luthérien pouvant servir et célébrer les sacrements dans une paroisse anglicane/épiscopale. Comme don nom l'indique, il s'agit d'un degré de communion maximal, analogue à celui existant entre les Églises luthériennes, réformées et méthodistes membres de la Concorde de Leuenberg (1973). Cette approche typiquement protestante recherche l'unité de l'Eglise universelle dans le respect de sa diversité, les protestants ne considérant pas à l'inverse de l'Eglise catholique romaine qu'une forme d'union organique est un préalable nécessaire pour se trouver dans une relation de communion complète dans la foi. }}
  6. {{L'intercommunion constate la pleine communion de foi et reconnaît la pleine validité des ministères ordonnés. Elle permet l'échange de chaire mais ne permet en principe pas l'interchangeabilité des ministères en raison de l'absence d'une ordination épiscopale des pasteurs inscrite dans la tradition de la succession apostolique des évêques.}}
  7. {{Accord de Meissen, 1994 (Allemagne, intercommunion), Accord de Porvoo, 1997 (pays scandinaves et baltes, pleine communion), Called to Common Mission, 2000 (Etats-Unis, pleine communion), Déclaration de Waterloo, 2001 (Canada, pleine communion), Accord de Reuilly, 2001 (France, intercommunion incluant les Églises luthériennes et réformées -calvinistes), Accord de Paris, 2023 (Église épiscopale des Etats-Unis-Église de Suède, pleine communion), etc. }}
  8. {{Ainsi aux Etats-Unis, l'Eglise épiscopale est-elle entrée il y a une dizaine d'années dans une relation de pleine communion avec l'Eglise méthodiste épiscopale et l'Eglise des Frères moraves. L'Eglise d'Angleterre a conclu de son côté un accord d'intercommunion avec l'Eglise méthodiste.}}
  9. {{Les Églises anglicanes partagent cette position avec certaines Églises luthériennes qui revendiquent également la continuité de l'épiscopat historique -Églises de Suède et de Norvège- ou lorsque cette succession interrompue un temps a été rétablie - Église de Danemark, Églises luthériennes du Canada et des États -Unis par exemple. Cette question est réglée dans les accords de pleine communion luthéro-anglicans tels que l'Accord de Porvoo (1997) entre les Églises anglicanes des îles britanniques et les Églises luthériennes scandinaves et baltes, Called to Common Mission entre l'Eglise épiscopale et l'Eglise évangélique luthérienne aux Etats-Unis (2000), The Waterloo Declaration entre l'Eglise anglicane et l'Eglise luthérienne au Canada (2001) notamment - The Anglican Consultative Council / The Lutheran World Federation, Anglican-Lutheran Agreements 1972-2002, LWF Documentation 49/2004, 2004.}}
  10. {{Érasme s'est toute sa vie montré critique vis-à-vis de l'Eglise de Rome de son temps, appelant de ses vœux une réforme de l'intérieur, sans aller jusqu'à la rupture. Le père des humanistes a néanmoins eu une influence déterminante sur les réformateurs en Angleterre, à Strasbourg et à Bâle. L'archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, a ainsi accueilli Martin Bucer, le réformateur luthérien de Strasbourg, qui a terminé sa vie à Cambridge où il a eu le temps de rédiger les rites d'ordination des évêques, pasteurs et diacres contenus encore aujourd'hui dans les Livres de la prière commune anglicans/épiscopaliens à travers le monde - Marc Lienhard, Martin Bucer, hier et aujourd'hui, Travaux de la faculté de théologie protestante de Strasbourg, 2023 /21.}}
  11. Modèle:Nigel Atkinson, foreword by Alister McGrath, ''Richard Hooker and the authority of Scripture, Tradition and Reason'', Regent College Publishing, 2005
  12. {{Church Times No 8420-2 August 2024, p 8 and online, Poggo : Science is a gift, cité par Pat Ashworth : " The half-hour Q&A session gave insights into the most pressing questions. The first, from Guatemala, asked how fundamentalism could be combated. "Remember that our Anglican tradition rests on the authority of scripture, but also places a very high premium on reason and the use of our mind and intelligence." Dr Croft said."}}
  13. « Trois évêques anglicans rejoignent l’Église catholique », sur La Croix, (consulté le ).
  14. (en) James Moyes, "Anglicanism", article de la Catholic Encyclopedia, éditeur : Robert Appleton Company, New York, 1907, p. 499–500.
  15. Texte de l’Union with Ireland Act (1800), article 5.[1].
  16. The Oxford Dictionary of the Christian Church, sous la direction de F. L. Cross et E. A. Livingstone, Oxford University Press, USA; 3e édition, 1997, p. 65.
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  18. Modèle:Nigel Atkinson, foreword by Alister McGrath, ''Richard Hooker and the authority of Scripture, Tradition and Reason'', Regent College Publishing, 2005
  19. (en) Vicki K. Black, Welcome to the Book of Common Prayer, Harrisburg (Pennsylvanie), Morehouse Publishing, (ISBN 9780819221308), p. 11,129.
  20. Modèle:Collectif, dir. Alain Joblin et Jacques Sys, L'identité anglicane, Artois Presses Université, 2004, p 91
  21. (en) Kelvin Randall, Evangelicals Etcetera: Conflict And Conviction In The Church Of England's Parties, Ashgate Publishing (en), , p. 6-7.
  22. (en) Kelvin Randall, Evangelicals Etcetera: Conflict And Conviction In The Church Of England's Parties, Ashgate Publishing (en), , p. 10.
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  27. (en) « Member Churches », sur anglicancommunion.org (consulté le ).
  28. a et b (en) Voir par exemple la description de l'organisation de l'Église d'Angleterre.
  29. Passé de 47 millions en 1970 à 85 millions en 2010, les églises anglicanes pourraient compter 165 millions de fidèles vers 2050, dont 50 au Nigéria et 38 en Ouganda ; cf. (en) David Goodhew, Growth and Decline in the Anglican Communion : 1980 to the Present, Routledge, (ISBN 978-1-317-12441-2, lire en ligne), Pt64-78.
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  63. https://broom02.revolvy.com/topic/Commemoration%20(Anglicanism).

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes